Capitolo 5 :: Séjour en enfer

Pubblicato: 25-04-15 - Ultimo aggiornamento: 25-04-15

Commenti: Bonjour ! Que ceux qui pourraient me reprocher une certaine cruauté à l'égard de Kaori se rassurent : je compte bien lui donner de bons moments. Et puis ce n'est pas par pure cruauté, il faut le voir comme une expérience scientifique... Une nettoyeuse qui s'est sortie jusqu'ici sans une égratignure de toutes ses aventures, c'est vraiment pas normal ! Bonne lecture !

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Le crissement des pneus sur l’asphalte fit se retourner plusieurs passants qui pensèrent tous assister à un accident imminent, mais la Mini Cooper s’arrêta à quelques centimètres du camion de déménagement qui bloquait la voie.  

Ryô frappa des deux mains sur le volant : qu’est-ce qu’il foutait là ce camion ? Il n’y avait jamais personne dans cette rue à cette heure, d’habitude ! D’un geste brusque il passa la marche arrière, recula puis avant enfonça le klaxon en prenant le trottoir, faisant s’écarter en catastrophe les piétons.  

Il redescendit sur la voie à peine le camion dépassé et sortit un majeur bien tendu par la fenêtre avant de reprendre sa course folle. C’était puéril et totalement inutile mais bon pour ses nerfs.  

Il allait falloir qu’il se calme, il n’y avait aucune raison d’être autant stressé. Il s’était écoulé à peine une heure et quart depuis l’enlèvement de la gamine, le point lumineux qu’il contrôlait régulièrement sur l’écran de contrôle n’avait pas bougé d’un iota et il était à peine à 10 minutes si aucun autre camion ne se mettait sur sa route. Kaori avait l’habitude et saurait protéger la petite en l’attendant. En outre il n’avait pas dit à Saeko où il allait ce qui éviterait les bagnoles de flics déboulant sirènes hurlantes au risque de mettre les preneurs d’otage sur les dents…  

Mais d’un autre côté, pensa-t-il en serrant les dents, toutes les radios locales avaient fait l’annonce de l’enlèvement de la petite Yoko Tachika en plein centre-ville, à deux pas du bureau de son célèbre financier de père, et avaient même diffusé à de multiples reprises le témoignage d’un homme décrivant en détail la scène.  

Ryô avait souri en entendant la première émission où il était fait référence à « une furie qui avait sauté sur un des trois bandits ». Puis il avait croisé les doigts pour que ces hommes n’aient pas eu la présence d’esprit d’écouter la radio. Rien de pire qu’une bête sauvage qui se sait traquée. Surtout si cette bête sait qu’elle n’a plus besoin du gibier qu’elle retient.  

« Mauvaise métaphore : si Kaori apprenait que je la compare à du gibier, elle me décollerait la tête. Elle peut être dangereuse quand elle veut, et ils vont le découvrir à leurs dépens ».  

Ryô fronça les sourcils. Elle pouvait être dangereuse mais elle avait aussi une fâcheuse tendance à s’attaquer à plus fort qu’elle, à plus forte raison lorsqu’elle devait protéger quelqu’un. Dans le cas présent il n’avait aucune idée de la valeur de leurs adversaires, ce qui lui déplaisait fortement et lui faisait craindre le pire. Un élément certain était qu’elle était aux mains d’au moins trois hommes qui étaient de la pire espèce qui soit : ceux qui osent s’attaquer aux enfants.  

L’autre élément certain était la boule qui lui prenait les entrailles et qui se manifestait chaque fois qu’un danger était proche.  

Il ne pouvait pas accélérer d’avantage. Il ne pouvait qu’espérer se tromper, et surtout arriver à temps.  

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Il fallait qu’elles sortent d’ici tout de suite. Kaori posa Yoko à côté d’elle sans ménagement et s’agrippa à la porte des deux mains, essayant une nouvelle fois de l’ouvrir. En vain.  

« Stop, réfléchis, arrête de paniquer bêtement ».  

Elle s’appuya sur ses genoux pour reprendre son souffle. L’air commençait à devenir irrespirable, chaque goulée arrachant sa gorge. Elle déchira un morceau de son chemisier et en fit un masque pour Yoko puis pour elle. La petite fille était silencieuse à présent, tétanisée, tremblante, et la regardait comme si elle ne comprenait plus rien. A la vue de ces grands yeux fixés sur elle, Kaori puisa dans ses dernières réserves pour se ressaisir : elle allait y arriver, il fallait qu’elle y arrive.  

A voix haute, elle se morigéna :  

- Il est hors de question que je finisse grillée comme un yakitori. Réfléchis ma fille !  

Mais bien sûr, il suffisait de défoncer la porte en faisant une marche arrière ! Kaori se précipita vers la voiture dont les portières étaient restées grandes ouvertes, claquant la porte arrière pour s’éloigner au maximum des caisses qui brûlaient. Le mouvement d’air fit s’échapper les vapeurs de l’essence versée sur les sièges et l’intérieur de la voiture s’embrasa à son tour, une boule de feu envahissant l’habitacle. Elle recula, les bras croisés devant le visage pour se protéger de la fournaise. Les flammes léchèrent ses mains et les avant-bras, lui arrachant un cri de douleur.  

Quelque chose pour briser le système de fermeture. Il lui fallait un objet, n’importe quoi, avant que la voiture n’explose.  

Tirant Yoko sans ménagement derrière elle, Kaori chercha du regard ce qui pourrait lui servir de levier ou de bélier. Rien ne semblait échapper à la voracité de l’incendie qui ondulait à présent, rampant sur les caisses, grimpant le long des murs pour former des arabesques hypnotiques au plafond.  

Sa gorge brûlait, sa peau brûlait, la fumée l’empêchait de respirer, tout commençait à tourner. La fournaise se nourrissait de l’oxygène pour devenir plus forte. Kaori sentit ses jambes plier sous elle. Son corps renonçait. Elle se traîna jusqu’au corps de l’homme toujours inconscient et attira la petite fille contre elle.  

Entourant Yoko de ses bras, elle lui caressa les cheveux et la berça en lui demandant de lui pardonner, le visage enfoui dans le cou de la petite fille pour masquer ses larmes. En l’entendant réclamer sa mère, Kaori se redressa et l’embrassa sur le front.  

Un amas de bois s’effondra, les faisant sursauter. Et Kaori sentit son cœur s’arrêter en voyant un éclat métallique qui reflétait la lueur orange des flammes.  

Là, à quelques mètres, l’arme qu’elle avait braquée contre Kino reposait sur le sol entre deux caisses.  

Elle se força à se relever, criant à Yoko de rester là, et avança à quatre pattes vers le pistolet. L’acier lui brûla les mains mais elle n’en avait pas conscience. Seule comptait cette dernière chance.  

La distance qui l’éloignait de la porte lui sembla être infranchissable et elle puisa dans ses dernières forces pour l’atteindre. Chaque coup de feu résonna dans l’espace, couvrant les craquements sinistres et le souffle du brasier. Elle vida le chargeur sur la serrure, lâcha l’arme et agrippa la poignée.  

La force qu’elle mit à tirer la porte faillit l’entraîner en arrière lorsqu’elle céda. L’air de l’extérieur s’engouffra dans le hangar, donnant un regain de force aux flammes qui dansaient au plafond.  

Elle hurla à Yoko de venir et vint à sa rencontre, la saisissant par la taille avant de se jeter dehors.  

Elle s’éloigna de quelques mètres, déposa l’enfant à terre et lui cria de s’éloigner le plus vite possible.  

Puis elle fit demi-tour et retourna en enfer.  

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