Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 60 capitoli

Pubblicato: 02-03-20

Ultimo aggiornamento: 30-04-20

 

Commenti: 75 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: NC17 - Que seriez-vous prêt(e)s à accepter par amour?

 

Disclaimer: Les personnages de "Pour toi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Pour toi

 

Capitolo 42 :: Chapitre 42

Pubblicato: 12-04-20 - Ultimo aggiornamento: 12-04-20

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Kaori avance dans son cheminement et affronte ses démons. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 42  

 

- Bonjour aniki., murmura Kaori, la gorge serrée.  

 

C’était la première fois qu’elle venait sur la tombe de son frère depuis son retour quelques semaines plus tôt. Bien que l’envie était présente, elle n’avait pas trouvé la force jusqu’à ce jour, repoussant toujours cette visite à plus tard. Doucement, elle s’agenouilla devant la stèle en granit et déposa le bouquet de fleurs qu’elle avait acheté. Elle resta un long moment à observer la tombe sans savoir quoi dire ni quoi faire.  

 

- Je suis désolée, Hide., lâcha-t-elle enfin, la gorge serrée.  

- Je suis désolée car j’ai dû te décevoir et, en même temps, je suis en colère contre toi. Je ne peux m’empêcher de penser que, sans cette foutue promesse, Ryo et moi aurions avancé plus vite dans notre relation et que tout cela ne serait pas arrivé. Je sais que j’ai tort car tu ne voulais que mon bien mais il y a des choses en ce moment que je ne contrôle pas et ma colère en est une., avoua-t-elle.  

 

Elle regarda aux alentours, anxieuse. Elle avait voulu venir seule parce qu’elle en avait besoin mais elle se sentait vulnérable. Néanmoins, elle se refusait à partir de là avant d’avoir vidé son cœur. Hide était le seul à pouvoir recueillir ses pensées cachées. Elle ne pouvait pas en parler à Ryo parce qu’elle avait besoin de les vocaliser mais ne voulait pas le blesser.  

 

- Je la sens au fond de moi, Hide, et elle me fait peur parce que je ne sais pas ce qu’il adviendra si elle explose et que je n’arrive pas à la contrôler. Je suis tellement furieuse contre David et ce qu’il m’a fait. Parfois, j’en viens à regretter que Ryo m’ait écouté, qu’il ne lui ait pas collé une balle dans la tête pour que tout cela n’arrive jamais. Parfois, je voudrais avoir eu l’idée de lui couper les veines cette première nuit ou avoir eu un couteau sous la main pour lui couper les…  

 

Les mots s’étranglèrent dans sa gorge sous le coup de l’émotion. Elle appuya les deux mains par terre et prit une profonde inspiration.  

 

- Parfois, la nuit, je rêve que je ne me suis pas arrêtée de l’étrangler, que son corps s’affaisse sur moi inanimé et qu’on nous retrouve comme ça au petit matin. J’ai aussi prié pour que son avion s’écrase, qu’il tue sa mère et se suicide ensuite… Je lui ai souhaité tant de mal, Hide… Je sais que ce qu’il a fait était méprisable et mérite d’être puni. J’espère qu’il aura la sanction correspondante à son crime mais je déteste la personne qu’il m’a fait devenir…, admit-elle.  

- J’en ai voulu à Ryo aussi, tu sais. Je me suis battue pour nous au départ, mais après, je ne sais pas, j’ai oublié ce qu’on avait été, j’ai été fâchée que ses sens nous aient trahis, j’ai été fâchée de le voir si impuissant face à la situation. J’ai même oublié que je l’aimais. Je n’y arrivais plus. Kei était devenu ma seule bouée de sauvetage, mon rayon de lumière. Je l’aime tellement. Je ne pensais pas que c’était possible., murmura-t-elle, posant une main sur son cœur.  

- Mais même lui, je lui en ai voulu par moments. C’est moche, je me sens moche et indigne de vous tous. Comment peut-on en vouloir à un bébé désiré, le fruit d’un amour aussi intense et fusionnel ? Pourtant, j’ai été en colère contre lui aussi parce que, pendant de longs mois, je n’ai pas pu avancer et peut-être que j’aurais pu trouver le dossier avant et ne pas subir tout cela…  

 

Elle essuya les larmes qui coulaient sur son visage du revers de la main et serra sa veste autour d’elle.  

 

- Je sais que je me leurre. Sans ma grossesse, sans Kei, je serais encore plus perdue. Il m’aurait violée avant, frapper avant, j’aurais porté son bébé avant et je n’aurais probablement pas pu le faire adopter. Je ne serais peut-être même pas ici., soupira-t-elle.  

- J’avais le sentiment que tu me protégeais, aniki, que tu étais là et que tu veillais sur moi. Que s’est-il passé ? Où étais-tu cette semaine-là quand tout est parti en vrille ?, lui demanda-t-elle, la colère vibrant dans sa voix avant de se briser.  

- Est-ce que tu es revenu ? Veilles-tu de nouveau sur moi, sur nous ? J’ai besoin de toi, Hide. J’ai besoin de te sentir à mes côtés. Ryo est là, bien présent, mais il ne peut pas me guider sur les sentiments que je ressens vis-à-vis de lui. Il se plie déjà en quatre pour moi, il s’occupe de Kei à merveille et ça me rassure tellement de savoir qu’ils ont trouvé leur place. Kei avait besoin de son père comme Ryo avait besoin de son fils. Tu dois le voir de là où tu es.  

 

Sentant le vent monter, elle enfonça les mains dans ses poches, sentant un long frisson parcourir son corps. Octobre était bien avancé, les feuilles jonchaient le sol quand elles ne volaient plus dans le vent.  

 

- Ryo est optimiste. Il pense que je guéris, que je remonte la pente doucement. Je fais face, Hide. J’essaie de retrouver la personne que j’étais, celle qui souriait et riait à la vie, celle qui gardait espoir, qui se réjouissait des petits riens, celle qui savait se lever et se battre. La vérité, c’est que je mets le masque qu’on s’attend à me voir porter. Au fond, je ne suis plus la même. Comment expliquer sinon cette colère que j’éprouve vis-à-vis de vous, cette envie de meurtre ? Comment expliquer que je suis incapable de retourner à l’orphelinat malgré les appels des enfants, de la directrice et les demandes de Ryo ? Si j’étais seule, je me terrerai au fond de ma chambre et je m’isolerai du monde entier. Je ne veux plus de tout cela.  

- Tu n’es pas seule, Kaori., eut-elle l’impression d’entendre.  

 

Les yeux écarquillés, elle tourna la tête dans tous les sens puis fixa de nouveau la pierre d’un regard intense. Cette voix… c’était celle d’Hide.  

 

- Je ne suis pas seule…, répéta-t-elle.  

 

Elle sentit les larmes couler le long de ses joues.  

 

- Je sais que je ne suis pas seule !, ragea-t-elle, tapant du poing sur la stèle.  

- Je le sais puisque j’attends un bébé de ce taré ! Je ne suis même pas seule dans mon propre corps ! Je ne suis pas seule…  mais je ne peux pas avorter, je ne peux pas tuer cet enfant que je n’arrive pas non plus à aimer. Je ne peux pas l’aimer, je ne le hais pas non plus. Je n’ai jamais voulu le garder et pourtant, il s’est accroché. J’ai encore quatre mois pour me décider et j’ai l’impression que plus le temps avance, plus mes idées sont confuses. Il bouge et vit en moi, Hide. Il a besoin de moi pour vivre et je ne sais pas s’il est en train de me tuer ou de me libérer d’un poids. Ce bébé n’a rien fait, il est innocent, Hide., affirma-t-elle.  

- Pourtant, j’ai bien vu le regard de nos amis sur mon ventre, la colère qui anime leurs yeux, le rictus de mépris. Je ne peux plus voir ce regard-là. Je dois le protéger même si je ne peux pas le garder, même si je n’arrive pas à l’aimer. Je ne peux pas le protéger de mes propres sentiments mais je peux lui épargner ceux des autres. Qu’est-ce que ça veut dire d’après toi ? Tu penses que je guéris aussi ? Tu crois que je retrouverai un jour celle que j’étais ou une personne suffisamment approchant ?  

 

Le bébé se retourna et lui donna un coup dans le ventre.  

 

- C’est ta façon de me dire que oui ? J’ai besoin d’espérer de nouveau, aniki. J’ai besoin de revoir la lumière, de redevenir une femme à part entière. J’ai peur qu’un jour, Ryo en ait assez et qu’il s’en aille. Je ne veux pas me retrouver seule.  

 

Soudain, elle réalisa ce qu’elle disait et se mit à rire nerveusement, pleurant en même temps…  

 

- Je deviens folle., hoqueta-t-elle.  

- Tout à l’heure, je voulais me terrer au fond d’un trou et, maintenant, je ne veux plus être seule. Je ne sais même plus ce que je veux… C’est pitoyable. Je suis pitoyable.  

 

Enervée, elle se leva et se mit à arpenter le terrain devant elle.  

 

- Je suis folle ! Complètement folle ! Il m’a rendue dingue ! Je devrais peut-être être internée ou mise sous traitement. Je devrais peut-être éloigner Kei de moi. Si je lui faisais du mal ? Je ne peux pas lui faire de mal. Ce n’est qu’un bébé. Je ne peux pas. Est-ce lui ? Est-ce qu’il m’a rendue folle comme lui, prête à frapper un bébé ? Non, non, ce n’est pas possible et si ça l’était ? Si je frappais Kei parce qu’il fait une bêtise ? Je suis devenue un monstre ? Bon sang, Hide, parle-moi ! Dis-moi quelque chose ! Aide-moi ! J’ai besoin de toi ! J’ai besoin de toi !, scanda-t-elle, en hurlant.  

 

Un groupe d’oiseaux s’envola en piaillant, effrayé. Cela la sortit de sa crise et elle se rendit compte qu’elle se tenait droite comme un i, les poings serrés, face à la tombe de son frère. Elle faisait un scandale à une pierre tombale… Elle sentit quelque chose en elle se dénouer et elle se retrouva à terre, pleurant une nouvelle fois. Cela dura un long moment, un très long moment avant que les larmes ne se tarirent et qu’elle arriva à reprendre le contrôle. Elle observa ensuite pendant encore un bon moment, l’esprit vide, la stèle de son frère puis finit par poser une main tremblante dessus.  

 

- Merci, Hide. Merci de m’avoir écoutée. Je reviendrai bientôt et j’espère que tu me pardonneras d’avoir été en colère contre toi., murmura-t-elle.  

 

Elle se leva, légèrement chancelante, et retourna à la voiture garée à l’entrée du cimetière. Se sentant fébrile, elle attendit quelques instants avant de démarrer le moteur et de s’insérer dans la circulation.  

 

Quelques minutes plus tard, elle se gara et observa un moment les lieux avant de sortir. La clochette qui tinta lui rappela de bons souvenirs mais elle en fit fi.  

 

- Kaori ? Si tu savais comme je suis contente de te voir ici., s’exclama Miki, faisant le tour du comptoir pour venir l’étreindre avant d’être arrêtée par son mari.  

 

La nettoyeuse ne répondit pas mais regarda ses quatre amis réunis autour du comptoir. Le regard déterminé, elle releva le menton.  

 

- Je ne reste pas. Je suis venue vous dire que je n’aimais pas la façon dont vous regardiez l’enfant qui grandit en moi. Il n’est pas amené à rester avec nous mais il mérite votre considération à défaut de votre affection. Il n’est pas coupable des faits de son géniteur. Il en sera une troisième victime parce qu’il vivra loin de ses racines. Si vous ne pouvez pas le faire, alors nous nous reverrons quand tout sera fini. Au revoir., dit-elle, s’en allant sans attendre qu’ils aient pu réagir.  

 

Elle remonta en voiture et s’en alla, se dirigeant vers l’appartement. Elle avait libéré un peu de sa colère et ça allait mieux. Elle n’avait pas voulu attendre leur réponse pour ne pas les forcer à accepter quelque chose qu’ils ne pouvaient pas. Ca avait été peut-être, certainement, se corrigea-t-elle, brutal mais c’était nécessaire. Si elle gardait tout cela en elle, cela pourrirait leurs relations actuelle et à venir.  

 

Elle rentra la voiture au garage et monta les escaliers prudemment. A vrai dire, elle sentait son cœur s’emballer à chaque marche face à la confrontation qui l’attendait. Elle appréhendait la réaction de Ryo. Avoir tout déballé à son frère lui avait fait voir la nécessité d’être franche même sur les sujets fâcheux. Elle se sentait prête à le faire et surtout elle se sentait prête, et espérait recevoir les sentiments profonds de Ryo. Si elle avait des ressentiments sur certains sujets même si elle ne le voulait pas, il devait en être de même pour lui.  

 

Doucement, elle ouvrit la porte et trouva son vrai mari assis dans le canapé, feuilletant un livre de Kei.  

 

- Tu as passé l’âge, non ?, pipa-t-elle pour ne pas le surprendre.  

- C’est vrai mais c’est déjà plus intelligent que ce que je lisais avant. Là au moins, il y a du texte… autre part que sur le string de la demoiselle., fit-il, malicieux.  

 

Elle sourit et referma la porte, prenant son temps pour rassembler ses pensées. Fébrile, elle s’appuya sur le panneau et leva le regard vers Ryo qui attendait patiemment le mouvement suivant. Il avait reçu un coup de téléphone d’Umibozu suite au passage de Kaori et voulait lui laisser l’opportunité de se lancer. Il avait senti ce moment venir depuis un mois, depuis qu’elle avait été confrontée à son mari légal. Ce moment avait libéré beaucoup de choses en elle, certaines qu’elle avait tout de suite acceptées, d’autres qu’elle avait enfermées au plus profond d’elle-même. Il avait senti l’orage gronder de plus en plus fort depuis quelques jours. Il était temps qu’il éclate mais c’était à elle de choisir son moment.  

 

- Je suis en colère, Ryo., murmura-t-elle.  

- Je sais., répondit-il calmement.  

 

Il aurait pu se lever et l’approcher mais ne le fit pas. Quand elle le sentirait, c’était elle qui viendrait. Elle avait besoin d’espace pour laisser éclater tout cela. S’il était trop près, il l’apaiserait, ce qui reviendrait en quelque sorte à la brimer, à museler sa colère.  

 

- Tu ne me demandes pas pourquoi ni contre qui ?, s’étonna-t-elle.  

- Je pense que tu es prête à me le dire toi-même et, quoique tu aies à dire, je suis là pour t’écouter., lui assura-t-il.  

- Tu seras prêt à me parler aussi ?, lui demanda-t-elle.  

 

Ryo fixa un regard surpris sur elle. Il ne comprenait pas où elle voulait en venir.  

 

- Te parler de quoi ?, s’enquit-il.  

- De tes colères, de ce que tu as ressenti. Si je me confie à toi en toute franchise, le feras-tu aussi ?, l’interrogea-t-elle.  

- D’accord., dit-il après un instant d’hésitation.  

- Où est Kei ?, s’inquiéta-t-elle en approchant enfin.  

- Au lit, il fait sa sieste. Tu as été absente un long moment., lui apprit-il.  

- C’est vrai., soupira-t-elle.  

 

Elle prit place à ses côtés et posa les mains sur ses genoux, ne sachant quoi en faire. Elle aurait aimé lui prendre la main mais elle avait encore besoin de garder ses distances.  

 

- Donc tu disais que tu étais en colère., reprit-il.  

- Oui.  

- Je suppose que si tu en parles, c’est que tu n’es pas seulement en colère contre lui., déclara-t-il.  

- Non, c’est vrai., admit-elle.  

 

Soudain, elle sentit tout courage la quitter et la culpabilité l’envahir. Elle n’avait pas le droit de faire du mal à Ryo. Il était plus qu’à la hauteur avec elle, l’aidant à remonter la pente, et elle allait lui exposer des griefs injustifiés comme s’il était fautif de quoique ce soit. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle était ignoble. Encore une preuve qu’elle n’allait pas mieux. La Kaori d’avant n’aurait jamais fait preuve de rancune, surtout pas envers Ryo.  

 

- Parle-moi, Kaori. Ne te renferme pas. Apparemment, tu es en colère contre nos amis., la poussa-t-il un peu.  

- Oui, c’est vrai. Je ne supporte plus la façon dont ils regardent mon ventre comme si un monstre allait en sortir., lui expliqua-t-elle.  

- Je ne leur demande pas de l’aimer, juste d’accepter sa présence temporaire, de le respecter comme un être vivant innocent. Il ne va pas naître avec les péchés de son géniteur. Ce serait trop injuste.  

- Je suis d’accord mais laisse-leur le temps de s’habituer à la situation., lui demanda-t-il.  

- Ils m’ont dit qu’ils feraient un effort pour cesser cela. Tu veux bien leur laisser une autre chance ?  

- Oui.  

- Ne te force pas., lui recommanda-t-il.  

- Non. Je veux les retrouver mais je veux aussi protéger ce bébé même si je ne le garde pas., lui répondit-elle.  

 

Il la contempla sérieusement mais ne répondit pas. Kaori s’évertuait à dire qu’elle ne garderait pas le bébé mais il n’était pas encore sûr que sa décision était ferme et définitive ni qu’elle le fasse pour des raisons qui la concernaient elle et pas eux. Ce sujet n’était cependant pas, encore, à l’ordre du jour et il préféra ne pas l’aborder.  

 

- C’est ton choix et, si leur réaction te déplaît, tu as eu raison de le leur dire., confirma-t-il.  

 

Elle l’observa en coin un instant, se sentant soulagée par son assentiment. Sentant le mal de dos arriver, certainement dû à la tension de la matinée et de la conversation, elle tenta de s’en défaire, cherchant une position plus agréable.  

 

- Allonge-toi. Tu as été debout assez longtemps ce matin. N’oublie pas que le Professeur t’a dit de te ménager même si ça allait mieux.  

- Je… J’ai encore des choses à te dire., avoua-t-elle.  

- Alors allonge-toi et pose ta tête sur mes cuisses. Je ne ferai rien., lui promit-il.  

 

Elle le jaugea puis s’allongea doucement, appréciant de pouvoir caler son dos sur les coussins. Elle posa la tête sur lui comme il l’y avait invitée et le regarda. Elle se sentit apaisée par ce contact et ça lui facilita les choses. Maintenant qu’elle avait ouvert les portes, qu’il était là prêt à l’écouter, un regard chaud et rassurant posé sur elle, elle se sentait prête à s’exposer, ses craintes au sujet de ses réactions amoindries.  

 

- J’étais furieuse contre Hide, Ryo., poursuivit-elle.  

- Je lui en voulais de ne pas avoir empêché tout cela d’arriver. C’est idiot parce qu’il n’est plus là, qu’il n’y est pour rien, mais j’ai toujours pensé depuis qu’il est parti qu’il veillait sur nous, que rien de mal ne pouvait nous arriver parce qu’il nous protégeait. C’était ce qu’il avait toujours fait avec moi. C’est nul, n’est-ce pas ?  

 

Il esquissa un léger sourire, réfrénant l’envie de glisser les doigts dans ses cheveux.  

 

- Moi aussi, je lui en ai voulu, Kaori., admit Ryo, la surprenant.  

- Moi aussi, je pensais qu’il nous protégeait et j’ai été fâché contre lui. Tu ne peux même pas imaginer combien d’engueulades il s’est pris… enfin sa tombe plutôt…, lui apprit-il, le regard pétillant où luisait une petite lueur de culpabilité.  

- C’est irrationnel mais c’est comme ça. J’ai été fâché contre toi aussi., ajouta-t-il, gardant le contact visuel.  

- Contre moi ?, répéta-t-elle, blessée.  

 

Elle le regarda, luttant pour ne pas bondir sur ses pieds, furieuse. Il lui avait offert de l’écouter et elle lui avait demandé d’être franc. Elle se devait de lui rendre la pareille et être prête à écouter ce qu’il avait à lui dire. Ryo lut le combat intérieur dans son regard et attendit de le voir se calmer pour poursuivre.  

 

- Oui, contre toi et surtout la force et l’absolutisme de ton amour pour moi qui t’ont poussée à te sacrifier comme tu l’as fait et à te blesser comme tu n’aurais jamais dû l’être. J’ai l’impression d’avoir été celui qui t’a amenée à l’autel sacrificiel et je déteste cela. Je t’en ai voulu d’avoir déclenché en moi ce sentiment d’impuissance, de m’avoir obligé à subir les évènements plutôt que d’en être un acteur. Je suis en colère contre moi pour ne pas avoir mieux su te protéger., avoua-t-il.  

- Je t’en ai voulu, Ryo., murmura-t-elle.  

 

Elle sentit ses doigts se glisser entre les siens et les presser, l’encourageant à continuer.  

 

- Tu n’y pouvais rien, mais je t’en ai voulu. De n’avoir pas senti le détective…  

- Je m’en veux aussi pour cela. Je n’aurais pas dû négliger ton ressenti., admit-il.  

- J’aurais peut-être dû insister ou peut-être que ça n’aurait rien changé, juste retarder l’échéance… On ne pourra jamais savoir. Ryo, cette discussion, je ne veux pas l’avoir pour te jeter la pierre. J’ai besoin… Je ne sais pas, peut-être juste de vider mon sac, de mettre des mots sur ce qui me ronge de l’intérieur, juste d’être honnête avec toi et que tu m’aides à avancer et peut-être qu’en retour, je t’aiderai à avancer. Je veux mettre cela derrière moi. Je veux sortir de ce cercle infernal., lui expliqua-t-elle.  

- Je sais. Je t’ai vue t’enfoncer depuis la confrontation avec David. J’attendais que tu sois prête à en parler. Je suis là mais il y a des choses qui doivent mûrir avant d’être affrontées., répondit-il.  

 

Elle l’observa un moment en silence, admirative et fière de cet homme. Elle sentit son cœur battre un peu plus vite pour lui.  

 

- Tu es si sage… Je ne m’attendais pas à cela., avoua-t-elle.  

- T’avoir laissée m’approcher après toutes ces années, le temps que tu m’as accordé pour me sentir à l’aise dans notre relation et cette épreuve m’ont fait grandir.  

- Moi, elle m’a mise à terre et j’ai du mal à me relever. Par moments, j’aurais aimé que tu ne m’aies pas écoutée et que tu l’aies tué, j’aurais aimé que tu ne m’aimes pas à un point où tu me respecterais suffisamment pour accepter cette stupide idée que j’avais que sa mort nous salirait.  

 

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et se tourna pour nicher son visage contre son ventre. Touché, Ryo glissa la main dans son dos et tenta de l’apaiser.  

 

- Ce n’était pas stupide, Kaori. Si je l’avais tué pour toi, ça t’aurait tuée., lui affirma-t-il.  

- Tu es amour et espoir. Tu mets la vie au dessus de tout même pour les personnes malfaisantes. Tu n’aurais jamais pu supporter sa mort. Elle se serait mise entre nous comme tu le pressentais., ajouta-t-il.  

- Est-ce que ça aurait été pire que ce qu’on vit maintenant ? Je n’arrive pas à voir le bout du tunnel, Ryo. J’ai eu et j’ai toujours des envies de meurtre contre lui et ce n’est pas moi. Je ne vois pas comment en sortir. Je ne vois pas comment tu pourras accepter de vivre avec moi si je ne peux pas être entièrement à toi., argumenta-t-elle.  

- Ca aurait été définitif. Je sais que ce qui se passe actuellement est temporaire. Tu n’en as peut-être pas l’impression mais tu chemines, Kaori. Tu avances et progresses vers la sortie même si c’est long et âpre. Il y aura encore des moments de doute, des larmes et de la douleur mais j’ai confiance en toi. Tu réussiras à trouver ta nouvelle voie, ton nouvel équilibre., lui assura-t-il  

- Kaori, tu n’es pas à moi, tu ne m’appartiens pas. Trouve-toi et, si tu le veux, vis avec moi, aime-moi et laisse-moi t’aimer comme tu l’auras décidé, même si ce n’est que platonique. Je ne me sentirai jamais aussi bien, aussi humain avec quelqu’un d’autre même si je peux coucher avec elle., lui affirma-t-il.  

 

Elle se calma, le regardant intensément, réconfortée par ses paroles et son calme.  

 

- Est-ce que tu peux aimer une femme qui a été en colère contre son propre enfant et qui est en colère contre l’enfant qu’elle porte ?, lui demanda-t-elle, se remettant sur le dos.  

- Tu as été fâchée contre Kei ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. Parce que j’ai dû rester allongée pendant des mois sans pouvoir chercher le dossier, que je me suis par moments dite que j’aurais pu rentrer plus vite et éviter tout cela, que David n’aurait pas pu faire pression sur moi grâce à lui… Je l’aime, Ryo, je l’aime plus que tout mais je lui en ai voulu pour tout cela., admit-elle.  

 

Il se tut un moment, posant la tête sur le dossier du fauteuil en fixant le plafond. Il réfléchit un long moment à ce qu’elle venait de lui avouer. Il avait été blessé qu’elle soit en colère contre lui mais ça lui était passé mais savoir qu’elle en avait voulu à leur propre enfant, c’était un peu plus dur à encaisser. Néanmoins…  

 

- Je suis surpris mais je pense que je comprends. Moi, j’ai été en colère d’avoir réussi à te mettre enceinte et d’apprendre que ça pouvait te tuer. Jusqu’à la naissance de Kei, jusqu’à savoir que tu n’aurai pas de séquelles, j’ai été rongé par la culpabilité. J’ai même failli plusieurs fois te rejoindre pour ne pas te laisser seule.  

- Tu m’avais déjà dit que tu avais plusieurs fois voulu venir., se rappela-t-elle.  

- Oui, c’est vrai. Et tu veux parler de ta colère contre l’autre bébé ?, lui proposa-t-il.  

 

Il vit son regard se voiler et se baisser vers l’arrondi de son ventre.  

 

- Je suis fâchée du choix qu’il m’oblige à faire, fâchée qu’il se soit accroché malgré les coups. Je ne sais plus où j’en suis avec lui et, plus le temps avance, plus ça me semble brouillé., répondit-elle à voix basse.  

- Si ça se brouille, c’est que tu n’es pas que fâchée., pointa-t-il.  

- C’est vrai., soupira-t-elle.  

- Je ne sais pas si je l’aime ou si j’en serai capable un jour mais je ne veux pas qu’on lui fasse du mal, ce qui est contradictoire avec le fait que je pensais vouloir le voir mort., admit-elle.  

- Kaori, tu aurais aimé qu’il n’existe pas. Te connaissant, je suis persuadé que sa disparition t’aurait fait du mal. Ca t’aurait soulagée du poids d’une décision mais je ne sais pas comment tu aurais réagi tout comme je n’ai aucune idée de la façon dont tu pourrais réagir si tu le fais adopter ou si tu veux le garder. Ca brouille les cartes pour le moment. Certaines choses se mettront en place d’elles-mêmes après la naissance.  

- Certainement., murmura-t-elle.  

 

Elle plongea dans son regard et s’apaisa de nouveau après cette conversation chargée en émotions.  

 

- Ne m’en veux pas pour ce que je t’ai dit, Ryo. J’avais besoin de te l’expliquer. C’est comme si je venais de les mettre derrière moi. Ca m’a fait du bien de pouvoir me confier à toi., lui expliqua-t-elle.  

 

Il esquissa un sourire et, ne pouvant toujours glisser les doigts dans ses cheveux comme il l’aurait aimé, se mit à tapoter machinalement sa cuisse.  

 

- Ca veut dire qu’on est au clair ? On range le passé comme immuable et on se tourne vers l’avenir ?, lui demanda-t-il.  

- Oui., souffla-t-elle.  

 

Légèrement anxieuse, elle passa une main derrière sa tête et attrapa ses doigts qui faisaient vibrer légèrement son repose-tête humain avant de les poser sur le haut de sa tête. Elle vit les yeux de son homme s’écarquiller de surprise avant qu’un sourire étire ses lèvres. Lentement, guettant ses moindres réactions, Ryo glissa les doigts dans ses cheveux, jouant doucement avec eux.  

 

- Ca va ?, s’enquit-il doucement.  

- Oui, je crois. Mais ne lève pas encore le bras vers mon visage. Je ne suis pas encore prête., murmura-t-elle, légèrement tendue.  

- Tu le vois encore beaucoup dans tes cauchemars ?  

 

Elle acquiesça, le regard douloureux. Elle ferma les yeux, se concentrant sur les doigts de Ryo enlaçant toujours les siens et sur les ondes de chaleur qui naissaient au passage de sa main dans ses cheveux. Elle se laissa doucement bercer par ce sentiment de sérénité montante et finit par s’endormir dans cette position sous le regard protecteur de son partenaire et mari d’un sommeil sans rêve et surtout sans cauchemar. 

 


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