Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree, Libellule

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 8 capitoli

Pubblicato: 30-01-05

Ultimo aggiornamento: 02-10-05

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Cette fic est inspirée d'un poème anglais. Un homme, une femme qui s'aiment d'un amour inavoué, un pressentiment, une légende et tout se jouera la veille de la Saint-Agnès

 

Disclaimer: Les personnages de "On the Eve of Saint-Agnes" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: On the Eve of Saint-Agnes

 

Capitolo 3 :: Wakkanai, quand la Roue se met en marche

Pubblicato: 11-04-05 - Ultimo aggiornamento: 13-07-05

Commenti: ah ben ça alors O_O mon comment a disparu. Ce serait-il envolé de lui-même à mon insue? sans me prévenir ?, le méchant ! [Chanlyr qui fait les gros yeux] La prochaine fois, j'en fait une copie et hop, je colle. Après ça on va dire encore que je râle tout le temps. Ca y est, j'm'en rappelle. Je parlais famille, remerciement pour les reviews, encouragements des nouveaux auteurs. ^_^ Just enjoy.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8


 

« Monsieur et Madame Saeba ? Soyez les bienvenus à bord de l’Enterprise », s’exclama le steward, un sourire carnassier aux lèvres.  

 

A ces mots, Kaori baissa les yeux, prise d’une timidité déplacée.  

 

Le serai-je jamais ?  

Accepteras-tu de le devenir un jour ?  

 

Le steward fit un clin d’œil entendu à Ryô.  

 

« L’équipage et moi-même vous souhaitons une bonne traversée et un excellent voyage de noces. » conclut-il le regard en coin.  

 

Kaori s’empourpra davantage. Pour toute réponse, il obtint un regard glacial de Ryô qui trouvait la curiosité de ce steward déplacée et n’appréciait pas le regard lourd de sens posé sur sa femme. Il empoigna Kaori par la taille, l’éloigna de ce jeune loup affamé et se dirigea vers leur cabine. Malgré la courte durée de la traversée, Saeko avait pris soin de réserver une cabine qui s’avéra être une suite luxueuse. Kaori ne put réprimer un cri de surprise et de joie mêlées. En partance pour la Russie, le navire ferait une première escale à Hakodate.  

 

 

La traversée fut beaucoup plus calme que Kaori ne l’avait craint. Le salon, spacieux, aux couleurs de la terre, leur offrait un espace de vie agréable pour vagabonder. Assise au côté de Ryô sur le canapé, Kaori éprouvait quelques difficultés à garder les yeux ouverts. Le tangage du bateau la berçait doucement et elle se laissa emporter au pays des songes. Au bout de quelques minutes, sa tête vint se poser délicatement sur l’épaule de Ryô qui sursauta à ce contact. Il la prit avec tendresse dans ses bras en faisant attention de ne pas la réveiller, traversa le salon pour enfin atteindre la chambre. La porte franchie, Ryô se retrouva face à une alcôve voûtée, azurée, où le scintillement lointain des astres peints sur le plafond semblait vouloir abriter leur amour. Il se dirigea vers la couche nuageuse qui figurait le lit et l’y déposa tel un joyau. Il resta à la contempler jusqu’au moment où des images coquines se dessinèrent, puis défilèrent devant ses yeux jusqu’à envahir ses pensées. Il la couvrit aussitôt de la blanche couverture et regretta amèrement le motif de leur présence en ce lieu. Elle ne bougea pas.  

 

Ryô en profita pour prendre une douche avant de plonger dans une eau claire et limpide qui lui détendit le corps et l’esprit. Quant aux images coquines, elles restèrent sagement cachées, se tenant prêtes à ressurgir au moment propice. Il changea son jeans pour un pantalon de laine noir, son tee-shirt par un pull de laine noir qui intensifiait l’éclat de ses yeux. Ensuite, assis en tailleur dans le fauteuil, les bras croisés derrière la tête, il récapitula mentalement leur plan d’action. Dans un premier temps, ils iraient récupérer la voiture que Saeko avait louée à leur nom, une voiture mieux équipée selon ses propos. Ils devaient encore traverser toute l’île pour atteindre leur cible. Il se dit finalement que le voyage en train aurait été préférable. C’eut été tout aussi agréable, reposant et plaisant de taquiner à souhait sa partenaire tout le trajet durant. Parce que dormir à tour de rôle tuait la conversation et le plongeait dans un état de réflexion à ne pas avoir lors d’une telle mission. « Quelle tête de mule quand je m’y mets ! » marmonna-t-il, grimaçant et s’ébouriffant les cheveux. Comme le tangage agissait également sur lui, la révision du plan d’action s’acheva sur le mot ‘cible’ et il décida de s’étendre auprès de Kaori.  

 

Quand il rouvrit les yeux, Kaori avait disparu dans la salle de bain où elle se prélassait dans un bain chaud. Des petites bulles lui massaient la peau tout en laissant derrière elles une agréable sensation de fraîcheur. Elle enfila un pantalon assorti au pull de laine marron qu’elle venait de revêtir. Ce somme avait eu l’effet d’une nuit de sommeil.  

 

Ils rangeaient leur sac quand une douce musique leur parvint aux oreilles. Curieuse, Kaori ouvrit le hublot. La musique semblait se diffuser dans cet air comme un agréable réveil matin. Ils sortirent ensemble de ce nid et se dirigèrent vers l’avant du navire d’où venait la musique. Ils s’arrêtèrent devant les portes d’un piano-bar dans lequel ils entrèrent d’un pas assuré. Les lumières tamisées adoucissaient les peintures murales tandis que les fauteuils invitaient à une paresse insouciante. Ils s’installèrent dans un coin reculé de la scène. Le serveur leur proposa la carte. Leur choix se porta sur une boisson locale.  

 

Ils dégustèrent leur thé au son d’une reprise des Pretenders. « Only you ». Il y a des jours où le hasard prend un malin plaisir à déjouer les bonnes intentions. L’aube était au romantisme. Puis, ce fut au tour de Frank Sinatra d’être interprété. Une voix profonde et langoureuse entonna un « Strangers in the Night » auquel Ryô ne put résister. Il se leva, s’inclina devant Kaori.  

 

« Kaori, m’accordes-tu cette danse ? » demanda-t-il, le cœur suspendu aux lèvres de Kaori.  

 

Kaori savait Ryô bon danseur. Ils avaient déjà évolué ensemble sur une piste de danse. Mais les circonstances étaient différentes alors. Elle, grimée en Cendrillon des villes et lui en chevalier servant. Or à l’aube de cette journée, ils étaient eux, Ryô Saeba et Kaori Makimura, deux solitudes, deux êtres éperdus l’un de l’autre d’un amour inavoué.  

 

Son visage s’éclaira lorsqu’il vit Kaori répondre à son invitation. Il ne quitta pas ses yeux de braise nimbés de timidité. Il lui tendait la main qu’elle saisit. Elle ne pouvait détacher ses yeux de cette main. Il fit glisser sa main libre d’une lenteur douloureuse autour de la taille de Kaori, l’enveloppant de son bras, l’attirant doucement mais sûrement à lui tandis que Kaori enlaçait amoureusement celle de Ryô pour mieux l’éprouver. Un frisson électrique se propagea dans leur corps. Captive et soumise, la main de Kaori s’ouvrait pour laisser les doigts de Ryô glisser entre les siens. Ryô se rapprocha un peu plus, sa joue pouvait enfin toucher celle de Kaori. Ton corps… à nouveau… contre mon corps… retrouvé. Joues tendrement caressées, cœurs enlacés. Rare instant d’intimité partagé. Ils entamèrent cette danse, Kaori en harmonie avec le rythme de Ryô. Leurs pas semblaient survoler le sol. De leur mouvement se dégageait une sensualité à fleur de peau. Ils formaient sur cette piste un couple d’amoureux vrais, d’une beauté naturelle et sauvage. Rien de clinquant de part et d’autre. D’ailleurs, Kaori avait toujours refusé de se maquiller en dehors des missions, et ce ne serait pas au cours de celle-ci qu’elle dérogerait à cette règle. Ils savouraient ce fugitif instant d’éternité. Kaori resserra son étreinte imperceptiblement. Les yeux clos, ils savouraient leur partenaire. Leurs lèvres effleurées. Leur trouble vivement maîtrisé. Prémisse d’un délice. La chanson prit fin comme prit fin cette rencontre, sur un adagio plaintif qui leur déchira le cœur. Emue, Kaori ne pouvait prononcer un mot. Quant à Ryô, il ne désirait pas rompre le charme. Comme au ralenti, Kaori se tourna, amorça un pas bientôt imitée par Ryô. Lentement, ils regagnèrent leur place. Il était temps de régler leurs consommations et de rassembler leurs affaires. Le bateau ralentissait pour accoster à Hakodate, le serveur les remercia avant de leur souhaiter bon voyage, heureux d’avoir été le témoin silencieux d’une si belle émotion.  

 

L’aube pointait à l’horizon et l’entêtement de Ryô leur avait fait perdre une demi-journée.  

 

Ils débarquèrent à Hakodate où ils se rendirent au guichet de location de voitures. Un quatre-quatre tout-terrain, 4 roues motrices, vitres blindées, équipé pour la neige et la glace, à la demande spéciale de Saeko, les attendait. Ils ne visitèrent pas son ravissant parc, ni ce fameux couvent fondé par une dizaine de nonnes missionnaires venues prêchées la bonne parole loin de leur terre de France, ni sa célèbre source chaude. Non. Ils filèrent droit en direction de Wakkanai.  

 

A mi-chemin, alors qu’ils approchaient d’Asahikawa, ils durent arrêter le véhicule. Un arbre avait chuté sur la route, sous la pression du manteau neigeux. Kaori sortit aussitôt la carte routière qu’elle déploya sur ses genoux. Elle l’examinait attentivement, à la recherche d’un autre trajet alors que Ryô sortit pour observer les dégâts et trouver des voies de dégagement. Il observa le bas côté de la route, estima le gabarit du quatre-quatre et sourit intérieurement. Ils ne pouvaient dégager l’arbre à eux seuls, en revanche, rouler sur le dénivellement de la route était possible. Les mains dans les poches, décontracté, il revint s’asseoir. A peine fut-il assis que Kaori, fière d’avoir trouvé une déviation, lui proposa de rebrousser chemin jusqu’au village précédent d’où une route secondaire, sinueuse d’après la carte, peu fréquentée d’après l’occupation du sol, route réservée aux riverains sans doute, s’enfonçait dans la montagne avant de rejoindre la route principale quelques kilomètres plus loin. Ryô objecta qu’un tel détour occasionnerait un retard conséquent qu’ils ne pouvaient se permettre.  

 

« Ca te va bien de dire ça ! Tu m’aurais écouté, on aurait pris le train et on n’en serait pas là ! » lança Kaori de sa voix menaçante. Elle sentait un bouillonnement intérieur prêt à exploser. Ses yeux s’animèrent d’une colère contenue.  

 

« Oui mais tu me connais, les jolies filles, je n’aurais pas résisté. » Son regard lubrique dégénéra pour laisser place à son faciès de pervers « Avec toi, il n’y a aucun risque ! » lança-t-il, jetant un coup d’œil à Kaori, prêt à subir la colère divine. Déjà ses épaules rentraient dans son cou. Puis, tout en guettant la réaction de sa partenaire du coin de l’œil, il mit le moteur en marche, enclencha la marche arrière, au grand étonnement de cette dernière qui commençait à penser que Ryô prenait un malin plaisir à jouer avec ses nerfs. Une massue s’était matérialisée et augmentait de tonnage au fur et à mesure du déplacement. Il recula une cinquantaine de mètre avant de revenir en marche avant et de rouler au pas. Kaori, qui voyait l’arbre se rapprocher de plus en plus, jeta un regard inquiet et interrogateur à Ryô.  

 

« Accroche-toi Kaori. » furent les seuls mots que prononça Ryô.  

 

Il ne va tout de même pas… Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le véhicule arrivait à hauteur des branches. Le véhicule s’inclina sans brutalité sur le côté droit, Ryô manœuvrant pour que les roues motrices restent en contact avec le sol. Elle eut soudain l’impression que le sang abandonnait son visage, que ses nerfs se dérobaient quand elle aperçut le ravin à sa droite. La massue disparut instantanément. Cramponnée aux rebords de son siège, le dos enfoncé dans le dossier, Kaori serra les dents. Son rythme cardiaque s’accélérait au rythme des secousses. Elle s’efforça de garder les yeux ouverts, de les fixer sur la route pour ne pas se perdre dans les profondeurs du torrent en contrebas. Elle avait une pleine confiance en la conduite de Ryô. Elle le soupçonnait même d’avoir suivi des stages de conduite réservés aux cascadeurs. Mais le silence de Ryô redoubla sa nervosité. Pourquoi ne sort-il pas une de ses plaisanteries vaseuses ?!  

 

Quand ils eurent regagné la route, Kaori poussa un soupir de soulagement. Elle avait l’impression d’être épuisée. Elle eut juste le temps de se décontracter avant que la route ne lui réserve une autre surprise.  

 

Ils longeaient la rivière par la route que des camions fréquentaient quand ils se trouvèrent face à une difficulté imprévue. Le pont devant eux, brisé par le gel et le passage excessif des-dits camions, reposait tranquillement au fond de la rivière. La seule idée qui leur traversa l’esprit simultanément fut de franchir la rivière. Ils se regardèrent au même instant. Mais, alors que Kaori faisait non de la tête, Ryô, lui, embrayait déjà la marche arrière.  

 

« Le quatre-quatre n’est pas le bon modèle Ryô. Regarde, le pot d’échappement. Il n’est pas à la bonne place. Si tu passes, tu noies le moteur ! » dit-elle prise entre la panique et la conviction de ses paroles.  

 

Ryô avait décidé de rebrousser chemin pour mieux repérer une piste praticable, quitter la route et rejoindre la rive où la profondeur de la rivière leur permettrait de la franchir sans trop les retarder ou endommager le véhicule. Il fit marche arrière sur cinq cent mètres. La route sinueuse n’offrait pas une excellente visibilité et malgré la conduite sûre de Ryô, Kaori commençait à perdre son sang-froid. Ce voyage ne finira donc jamais !  

 

Lorsque Ryô jugea le moment opportun, il donna un coup de volant, braqua les roues et s’enfonça dans le sous-bois. Par endroit, la neige s’était transformée en glace, elle miroitait sous les rayons lunaires. Ryô dévalait ce versant de montagne, faisant fi des plaques verglacées. Il arriva en vue de la rivière, arrêta la voiture pour regarder Kaori dont le silence l’inquiéta. Kaori était en proie à une peur déraisonnée. Il aurait pu s’en vexer. Après tout, elle pourrait lui faire confiance, il avait toujours fait en sorte d’assurer sa protection. De quoi avait-elle peur ? Il l’observa un court instant. Elle ne disait rien. Il sentait son corps tendu à l’extrême et, paradoxalement, fut submergé par ce sentiment qu’elle s’en remettrait entièrement à lui. Il n’y aurait pas eu cette mission, il aurait déployé des trésors de tendresse, puisé dans ses ressources pour la détendre. Les images coquines réapparurent soudainement avant d’être à nouveau chassées dans la même seconde. Il posa simplement la main sur sa cuisse. Elle tressaillit à ce contact. Une massue « Ôte ta main de là, Pervers ! » apparut dans ses mains. Bien vite, elle s’en débarrassa, gênée par ces réflexes conditionnés.  

 

« Kaori, fais-moi confiance. Tu n’as pas à avoir peur avec moi, tu le sais ça ! » conclut-il de sa voix chaleureuse. Elle adorait quand il endossait son costume de protecteur. Elle le dévora des yeux en cet instant. Alors elle eut, elle aussi, envie d’envoyer au diable leur mission.  

 

La traversée fut chaotique. Les roues du quatre-quatre accrochèrent les rochers à plusieurs reprises, au risque de le basculer d’un côté puis d’un autre. Kaori se voyait déjà prisonnière de la carcasse de ce véhicule, envahie par cette eau glaciale, agrippant une poignée qui refuserait de s’ouvrir pour la laisser regagner la surface et respirer. La traversée prit fin et Ryô regagna la route principale quelques mètres plus loin, sous le regard fatigué de Kaori.  

 

La route, qui leur restait à parcourir, fut périlleuse, semée d’embûches naturelles que Ryô continua de déjouer avec une facilité déconcertante. Ils avançaient dans un monde inconnu qu’ils apprenaient à maîtriser, leur instinct de survie fonctionnant au maximum.  

 

 

Enfin à destination, ils posèrent armes et bagages à l’hôtel qui, aussi modeste fut-il, offrait un confort moderne. Après avoir déposé les bagages dans la chambre, Ryô apposa l’écriteau « ne pas déranger » sur la poignée de la porte d’entrée. Kaori se laissa tomber sur le lit, bras déployés. Quant à Ryô, il choisit le fauteuil où il s’affala avant de basculer la tête en arrière dans un soupir de fatigue.  

 

« Ryô ? » chuchota Kaori.  

 

« Hum ! »  

 

« Tu crois qu’on a le temps de dormir un peu avant l’heure H ? »  

 

« J’ai comme une fringale. Pas toi Kaori ? » Et sans attendre de réponse, il se leva d’un bond, décrocha le téléphone et commanda un somptueux repas pour eux deux.  

 

La façon qu’il avait d’ignorer ses paroles enrageait Kaori. Elle lui lança un regard noir. Comme son corps vibrait et résonnait encore des chaos de la route, et trop lasse pour rétorquer et refusant de déclarer la guerre, seule une minuscule massue à l’effigie de « Ryô, tu n’es qu’un mufle ! » voltigea péniblement à travers la chambre pour atterrir aux pieds de Ryô. Ce dernier en fut surpris, Kaori ne manquait jamais sa cible.  

 

« Du sommeil, j’ai simplement besoin de sommeil ! » murmura-t-elle pour elle-même.  

 

Bientôt, ils entendirent quelqu’un frapper discrètement à la porte. Ryô alla ouvrir.  

 

« Monsieur et Madame Saeba ? Votre déjeuner est servi. »  

 

Kaori ne put prévenir une flamme d’animer ses joues. Le serveur avança le chariot. A pas feutré il entra dans la chambre, posa le plateau sur la table avant de saluer les invités d’une profonde inclinaison puis s’en retourna aux cuisines. Ils dévorèrent le repas dans un silence complice. Ils en oublièrent d’appeler le garçon pour desservir.  

 

Ryô s’approcha subrepticement derrière Kaori, plongée dans un sac, à la recherche de son nécessaire de toilette, et inclinant légèrement le visage lui souffla dans l’oreille :  

 

« Kaori, que dirais-tu d’un câlin post-déjeuner ? »  

 

Kaori sursauta au son de sa voix, manquant de heurter Ryô qui esquiva le coup d’un mouvement rapide vers l’arrière. Réalisant soudain le contenu de sa proposition, elle fit volte face.  

 

« N O N ! » dit-elle en raidissant les muscles de son corps.  

 

Ryô fut surpris de la véhémence avec laquelle Kaori avait exprimé son refus. Ce cri paraissait sortir de ses entrailles.  

 

Kaori ?! Quel est ce mystère qui t’enveloppe ?  

 

« Laisse-moi dormir ! » enchaîna-t-elle d’une voix qu’elle voulait légère. Elle lui tourna le dos, se dirigea vers le lit et s’y endormit sans d’autres formalités. En réponse à Kaori, Ryô porta une chaise pour la poser devant le fauteuil où il prit place. Il déplia ses jambes, posa ses pieds sur le siège, croisa les bras et chercha le sommeil, la mine déconfite.  

 

Quand Kaori se réveilla, elle avait la tête lourde. La pièce baignait dans l’obscurité la plus totale. Les rideaux étaient tirés, aucune lampe n’avait été allumée. Elle questionna sa présence en ces lieux et chercha un son familier auquel elle pouvait se rattacher. Elle fut apaisée quand elle entendit la respiration posée de son partenaire. Cette sieste n’avait pas eu l’effet bénéfique tant espéré. Elle se mit à repenser aux propos de Saeko. Il lui semblait maintenant que cette dernière la mettait au défi, défi qu’elle avait relevé puisqu’elle se trouvait à présent aux côtés de Ryô.  

 

 

*** Flashback ***  

 

« Kaori, ce que tu vas voir risque de te soulever le cœur. Notre enquête a révélé l’existence d’un réseau international. Un de nos agents a réussi à s’y infiltrer. Il y a de fortes probabilités pour que la compagnie Aero-Dynamic agisse sous le couvert de politiciens véreux.  

 

« Cette société, ajouta Ryô, a pour fonction le transfert de marchandises. Cette marchandise est ensuite répertoriée et dispatchée en fonction de son état. »  

 

« Ce que nous ignorons, c’est leur façon de procéder et leur lieu d’opération. Seule est visible la partie supérieure de l’iceberg qu’est un hangar. Vous n’y trouverez que des avions et dans l’arrière-salle, le service de maintenance. Or, nous savons qu’il existe comme une sorte de laboratoire expérimental. »  

 

Kaori était dubitative. Les clichés et ces détails ne justifiaient aucunement leur intervention. Les autorités locales pouvaient s’en occuper. Elle se tourna vers Ryô pour obtenir confirmation de sa pensée, Ryô dont l’expression sérieuse et les coudes posés sur les genoux l’interpellèrent. Elle l’avait déjà vu arborer cette expression, c’était peu de temps avant l’affrontement avec son père. Kaori sut alors que cette mission était bien plus sérieuse qu’elle ne paraissait de prime abord.  

 

« Ce réseau prend racine à la pointe nord de Hokkaido, à Wakkanai, reprit Saeko. La police a les pieds et mains liés. Nous ne pouvons pas intervenir. Notre liberté d’action a été suspendue. Nous avons besoin d’une équipe sûre, au travail net et sans bavures. »  

 

« Et tu as pensé à nous », enchaîna Kaori fière de ce compliment.  

 

« Oui. » répondit Saeko en regardant Kaori droit dans les yeux. Sa voix était fermeté et douceur mêlées. Elle hésita longuement avant de poursuivre. Constatant l’énervement latent de Kaori, elle se décida à parler. « Kaori, ce sont des trafiquants d’organes … humains. »  

 

A ces mots, Kaori resta figée, comme statufiée. Le temps semblait avoir arrêté son cours. Elle ne vit pas Ryô se lever et poser sa main sur son épaule. En revanche, elle sentit la pression de cette main, sa chaleur. Ryô Ryô lui transmettait sa force, son énergie, sa quiétude mais Kaori semblait être déjà partie à des lieues. Comme pour la ramener, il invita, d’un léger mouvement de tête, Saeko à poursuivre.  

 

« Alors votre mission, si vous l’acceptez, consiste à découvrir leur procédé et leurs locaux et d’éradiquer cette vermine … Bien entendu, si vous êtes capturés, le gouvernement niera toute participation. Vous avez carte blanche. Attention, je ne vais pas me détruire au bout de cinq secondes ! » termina Saeko en leur adressant un clin d’œil pour détendre la tension de Kaori.  

 

Ryô continua d’observer Kaori, attentif à la moindre réaction.  

 

*** Fin du flashback ***  

 

 

Son regard sillonna le plafond, se perdit dans les étoiles factices avant de se détourner sur Ryô et de s’y attarder. Elle aurait aimé se lover contre ce corps, capter sa chaleur, absorber sa force, se noyer dans cet océan de sérénité. Elle éprouva soudain le besoin de lui confier ce qui l’oppressait à ce point. Elle savait qu’il se questionnait. Alors elle attendit son réveil.  

 

 


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