Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree, Libellule

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 8 capitoli

Pubblicato: 30-01-05

Ultimo aggiornamento: 02-10-05

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Cette fic est inspirée d'un poème anglais. Un homme, une femme qui s'aiment d'un amour inavoué, un pressentiment, une légende et tout se jouera la veille de la Saint-Agnès

 

Disclaimer: Les personnages de "On the Eve of Saint-Agnes" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: On the Eve of Saint-Agnes

 

Capitolo 7 :: Sur la rive du Styx

Pubblicato: 27-07-05 - Ultimo aggiornamento: 27-07-05

Commenti: (Un grand merci à Life ^_^. Petits clins d’œil à Angel Heart, à Hiroshima mon Amour, film que j'adore, et à J.P. Sartre. Voici donc l’avant dernier chapitre. C’est une interprétation personnelle du couple, surtout de Kaori. Je me suis appuyée sur le non-dit, et je me suis rappelée d’un épisode du DA. Hojo insiste sur l’expression du visage, et de la position du corps comme dans certains films japonais, et il y a encore peu de paroles dans ce chap (j’essaierai de me rattraper dans la prochaine ^_^). Je suis persuadée que le vocabulaire de Ryô est plus étendu qu’on ne le pense même s’il est d’un cynisme à claquer. Enfin bref, j'étais dans un piteux état après l'avoir écrit . Ca va toujours? je ne vous ai pas découragé? Bonne lecture :) En espérant ne pas être tombée dans la mièvrerie. J’ai envie de vous dire « savourez le chapitre » parce que la prochaine maje – dernier chapitre - n’aura pas lieu avant longtemps, cause déménagement, en cours d'écriture, d'ailleurs, et plus de pc. ToT)

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8


 

Un homme vêtu d’une blouse blanche approcha la glacière, prête à accueillir le greffon cardiaque qui serait immergé dans une solution de sérum froid. Il devrait être transporté le plus rapidement possible vers l'hôpital du receveur. Le chirurgien avait ouvert le thorax en découpant le sternum, selon la section longitudinale, puis avait examiné le cœur de Kaori. Celui-ci se contractait normalement et ne comportait aucun signe de contusion. Un cœur parfait dans un corps parfait. Elle avait, en outre, bien réagi à l’anesthésie.  

 

« Clamp »  

 

« Clamp » confirma l’infirmier alors qu’il la plaçait dans la main droite du chirurgien d’un geste vif.  

 

Ce dernier prit l’instrument de la main gauche, ramena sa main vers le cœur. Ryô assistait à cette opération, impuissant, de l’autre côté du miroir sans tain, blindé, d’où les pontes décidaient du droit de vie ou de mort sur le réfugié. Faire sauter la porte ? Il avait laissé les explosifs là où Kaori les avait déposés. Eclater ce miroir ? Ne pas confondre vitesse et précipitation. Il chercha désespérément la porte des yeux. Il ne trouva pas l’interrupteur, d’ailleurs il ne le chercha même pas. Ryô s’énervait. Il toqua sur chacun des murs à divers endroits. Même résonance. Il perdait le contrôle. Dernier mur, dernier espoir. Dissimulée derrière une fausse-cloison, la porte se révéla. Blindée. Aucun gond. La transpercer de balles ? Il saurait en maîtriser la trajectoire ainsi que la puissance. Alors, pourquoi hésiter ! Kaori était ouverte, il ne voulait pas risquer une infection, un geste brusque du chirurgien qui pourrait lui être fatal.  

 

Impuissant, l’esprit fixé sur cette porte, il y déchaîna sa colère. La porte lui résistait.  

 

Concentré sur la patiente, le chirurgien n’entendait pas les coups assénés à la porte. Il ne remarqua pas non plus le visage apeuré de l’infirmier. Il dirigea les pointes de cette pince chirurgicale qui allait obturer l’aorte. Il leva les yeux et s’adressa à l’infirmier.  

 

« Tenez-vous prêt. Je vais procéder au clampage aortique. »  

 

Ryô ne pouvait plus faire autrement, il devait entrer, interrompre cet homme et ce maintenant. Après le clampage, l’excision et le prélèvement. Il risquait de la perdre, définitivement, à tout instant. Il ne le voulait pas, il ne le permettrait pas. Kaori. Un soupir s’échappa. Son oxygène, son refuge. Elle était son sourire, sa colère, sa chaleur, sa fureur de vivre, sa lumière. Il vit le mouvement de tête du chirurgien, sa main plonger sous le drap qui recouvrait le corps de sa partenaire. Et cette porte qui ne voulait pas céder. Lui extraire le cœur la condamnait à une mort certaine, prématurée, implacable. Ses paroles avant leur départ explosèrent soudain dans son esprit. Ses colères sismiques contre lui, sa jalousie possessive et furieuse, ses interrogatoires et même, de temps à autre, son manque d’intérêt, jusqu’à cet après-midi encore, son comportement étrange. Le puzzle se reconstituait.  

 

* - * Memories *-*  

 

Ryô avait inlassablement hésité sur sa relation avec Kaori. La question récurrente lui martelait le cerveau, pourquoi Hideyuki la lui avait-il confiée ? Pour quel dessein ? Connaissait-il l’aspiration de sa sœur ? Avait-il déjà décelé en elle cette chaleur qu’elle allait lui apporter ? Cet amour naissant qui allait éclore des années plus tard ?  

 

Il avait bien essayé à maintes reprises de l’éloigner de ce monde, de son monde, de lui, tout comme il avait désespérément décidé de la garder. D’ailleurs, c’était en toute connaissance de cause qu’il avait accepté l’emménagement de Kaori dans l’immeuble dans un premier temps, puis dans l’appartement même dans un second temps. Ce rapprochement l’arrangeait bien puisqu’il l’avait sous les yeux, pour lui. A cette époque, elle se raccrochait à lui comme un oisillon tombé du nid piaillant pour que son parent l’y remette. L’oisillon avait déjà bien grandi. Il voulait inverser les rôles, être le gardien du nid. Quel étrange coup du destin ! Ryô un oisillon qu’il lui faut porter à la vie et elle protectrice jusqu’à son envol.  

 

Ce même après-midi, Kaori avait patiemment attendu le réveil de son partenaire. Quand ce dernier ouvrit les yeux, elle s’était approchée de lui, rougissante de témérité. Son cœur battait à tout rompre. Elle s’était agenouillée près de lui, ses deux mains fines reposant paisiblement sur les genoux. Puis, d’un mouvement gracieux, elle lui avait pris le visage dans le creux de ses mains comme une obole. La douceur et la délicatesse de ce geste surprirent Ryô au plus haut point. Et c’étaient les yeux dans les yeux qu’elle lui avait déclaré :  

 

« Ryô, je n’habite pas avec toi, faute de mieux. Je ne vis pas avec toi, faute de mieux. Je ne reste pas là, faute de mieux. Si j’ai choisi de continuer ce travail, c’est en mémoire de mon frère et de mon père. Tu n’y es pour rien. … Tu m’as laissé entrer dans ton monde, tu me laisses vivre auprès de toi, je ne te remercierai jamais assez pour ça. »  

 

Parler ainsi à Ryô avait demandé à Kaori une énergie qu’elle sentait lui échapper.  

 

Jamais Kaori n’avait vécu seule. Il y avait eu comme une passation de cocon, accidentelle et tragique certes mais protectrice. Des bras de son frère à la présence de Ryô. L’un l’avait entourée de ses bras chaleureux, de son amour fraternel, l’autre la contenait par ses paroles désobligeantes, par sa réserve amoureuse. Son monde se résumait à ce noyau, à cette cellule. Elle ne vivait à présent que par, pour et à travers cette lumière aveuglante qu’était son amour de Ryô.  

 

Ryô se demanda soudain où voulait en venir Kaori. Etait-ce un message d’adieu ? Après tout, n’avait-il pas pensé la voir vivre dans un monde épuré de toute violence ? Devait-il s’en réjouir ? Il retrouverait sa vie d’antan, n’aurait plus à se préoccuper que de lui ; elle ne risquerait plus de jouer sa vie au détour d’une mission ou d’un envieux. A lui la dolce vita ! Oui mais la promesse faite à Makimura ! Un Parjure ?! Il tenait toujours ses promesses. Il dut s’avouer qu’une telle réalité avait un goût amer. Un soupir intérieur le gagna, Maki ! Puis, un vent de panique s’empara de lui. Non, il n’en est pas question.  

 

Elle avait anticipé ses arguments. Cet après-midi là, il ne voulait rien lui opposer. L’écouter. Et cependant sa peau recevait la chaleur de Kaori qui se diffusait en lui. Elle fit une pause et ses joues brûlaient de plus en plus.  

 

Le regard de Ryô accrochait toujours le sien, étincelant de larmes contenues. Il l’encourageait à poursuivre, lui communiquait un élan du cœur. Surprise, Kaori s’attendait à n’y lire que de l’indifférence, feinte assurément mais de l’indifférence agrémentée d’un rictus complaisant voire railleur. Or, ce qu’elle y lisait raviva ses espérances. Ses nerfs l’abandonnèrent tout à coup. Elle lâcha prise et ce fut au tour de Ryô de prendre délicatement son visage fin entre ses mains. Emue par un tel geste de la part de Ryô, elle rassembla son courage et se lança. Sa voix jusqu’alors mélodieuse aux oreilles de Ryô devint un murmure enchanteur.  

 

« Ryô, je ne t’aime pas, faute de mieux. … Ryô… » Elle plongea ses magnifiques prunelles dans celles de son partenaire. « … Je t’aime, toi, c’est tout. »  

 

Elle s’empourpra violemment à ces mots et baissa les yeux. Elle se sentait épuisée et légère d’un bien-être incommensurable.  

 

Ryô l’avait considérée un temps qui lui avait paru une éternité. Hideyuki, savais-tu ce à quoi je m’engageais lorsque tu m’as confié Kaori ? Comme il aimait cette femme. Il la désirait avec une telle ardeur qu’il en avait mal. Il eut envie de l’enflammer de baisers, de la prendre en cet instant, envie de l’accueillir, de se donner à elle. Ils allaient enfin pouvoir s’entr’aimer, s’enivrer de leur amour. Ce feu le rongeait, l’emportait dans ses tourments, la sublimait parce qu’inaccessible jusqu’alors. Cet amour irait au-delà de l’instinct animal et de la possession charnelle.  

 

Puis Kaori continua. Ce qu’elle avait décidé de lui révéler la bouleversait dans les profondeurs de son âme. Ce moment était-il opportun ? Ne mettait-elle pas leur mission en danger ? Son pressentiment la pressait, seul protéger Ryô lui importait.  

 

« Ryô, s’il m’arrivait quelque chose au cours de cette mission, je voudrais … je voudrais … que … » Ryô redouta ce qui allait suivre. « … au nom de moi, au nom de cet amour que je te porte, qui m’étreint le cœur, je voudrais que tu me promettes de ne pas intervenir. »  

 

Sa voix douce tentait en vain de cacher la déchirure qu’elle vivait.  

 

Le regard flamboyant de Ryô se troubla. Il l’observait intensément. Ce discours le perturbait. Il s’agissait bien d’un message d’adieu. Elle demandait purement et simplement à City Hunter de se scinder, pire elle lui demandait de la laisser mourir. Tout son être se révolta. Il prit peur, peur de perdre sa vie. Il eut froid tout à coup. Et la décision venait de Kaori elle-même. Il savait ce que cela lui coûtait. Pourtant, elle redoutait, elle détestait la séparation. Elle préférait savoir Ryô vivant loin d’elle que mort près d’elle, à cause d’elle. Ainsi jouerait-elle un tour au destin. Elle périrait de le savoir loin d’elle. Pourquoi irait-elle sur l’autel du sacrifice ? Ne vivait-il pas avant sa rencontre ? Avant qu’elle ne lui impose sa présence ? D’ailleurs, certaines conquêtes seraient enchantées de rivaliser pour devenir l’assistante de Ryô. Il serait ravi de voir autant de femmes papillonner autour de lui, attirées tel un aimant par cette lumière incandescente, magnétique, insaisissable qu’il était. La séparation devait être définitive. Ne plus le voir, ne plus entendre sa voix qui la faisait craquer, ne plus sentir son parfum enivrant. Le sauver. Elle lui rendrait sa liberté. Cela lui faisait mal de le reconnaître. Mais elle ? Lui était-elle indispensable ? Sa timidité maladive la rendait si gauche qu’elle lui faisait interpréter les mots et les gestes de Ryô autrement. Ne pouvaient-ils donc communiquer que sur des niveaux différents ? Allaient-ils jamais se rencontrer ? La pensée d’être celle par qui le malheur arriverait à son partenaire supportée par son impression d’inutilité écourta son hésitation à poursuivre. La douleur ne lui sera pas vive. Alors Kaori reprit sa respiration.  

 

« … Vois-tu, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. … Je suis source de malheur. … Je ne suis qu’une succession d’identités, un pion ballotté qui essaie en vain de s’enraciner, même si je suis ce que j’ai fait, de ce que vous autres avez fait de moi. » Ryô tiqua. Kaori s’exprimait d’une façon si étrange. « J’ai échappé de peu à la mort et je me demande pourquoi je fais encore partie de ce monde. Faut-il remplir une fonction dans cette vie ? La mienne est alors de ne t’apporter que des ennuis. » Elle baissa son visage.  

 

Ryô était effrayé par les paroles de Kaori. Il l’avait toujours vu discrète quant à la perte de son frère. Pudique, elle n’étalait pas ses sentiments. Elle souriait. Seule, il suffisait d’un regard sur la photo de son frère ou du jour commémoratif pour que l’armure se fissure, les émotions risquant alors une sortie. Il était fier d’elle. Il aimait et respectait cette retenue. Il en avait même fait les louanges auprès des jeunes clientes qui se morfondaient dans leur état de dépendance moribonde à un passé déjà révolu. Malgré ses colères, Kaori était l’optimisme incarné. Son visage se ferma. Une colère froide s’empara de lui. Avait-il été aveugle à ce point ? Le contrôle qu’il s’infligeait depuis tant d’années avait-il biaisé sa vision à ce point ? Son égoïsme n’avait-il eu d’égal que sa cécité ? Ainsi tu as choisi pour nous ! Devait-il se conduire égoïstement une nouvelle fois ou répondre à sa demande ? Il en sera autrement.  

 

Il lui saisit les mains qu’il serra fort, de plus en plus fort, entre les siennes mais elle ne réagit pas à cette pression. Il ne la quittait pas des yeux. Il l’appelait du regard mais Kaori ne le vit pas. Le regard sans lumière, sans expression, elle semblait dresser le bilan de sa vie, convaincue de ce qu’elle avançait. Quelque chose se brisait en lui, il en sentait la douleur. Ma vie, ma douleur. Il voulait, il devait la retenir. Mais les mots lui échappèrent. Ils voyaient ses bras l’entourer, la ramener contre lui mais la paralysie soudaine l’en empêcha. Il voyait Kaori s’éloigner sur les rives du Styx mais son corps ne répondait pas, lourd et rivé, il n’arrivait pas à l’atteindre. Il sentait sa pulsion de vie s’éteindre, il lui hurlait de vivre mais aucun son ne franchissait la barrière. Son cœur rugissait de désespoir. NE ME LÂCHE PAS MAINTENANT !  

 

« La vie est tourments, pertes, espoirs déchus. Toute naissance est synonyme de mort. Je suis née, mon père est mort. City Hunter c’est toi et moi mais mon frère est mort. Ryô, si tu restes avec moi, … toi aussi … tu … », elle n’avait pas réussi à lâcher le mot. Etait-ce sa Kaori qui parlait ?! Ryô ne la reconnaissait pas. « Tu comprends ? Je ne le veux pas, je ne l’accepte pas. » Elle semblait déjà vivre la situation tant elle tremblait. « S’il est vrai que nous sommes maîtres de notre destinée, si notre volonté fait que nous pouvons dévier le gouvernail pour éviter les écueils, alors j’en détourne le cours. Bien des fois tu as risqué ta vie pour moi, à cause de mon imprudence, parce que je ne suis pas et ne serais jamais à ta hauteur quoi que je fasse. Ce pneu a déjà failli te faire passer de vie à trépas, je conduisais et, encore une fois, je n’ai rien entendu. » Sa voix n’était plus qu’un faible filet qui se tut par ce flot d’émotions.  

 

Kaori, comment peux-tu à ce point dénigrer ton existence !  

 

De longues minutes déchirèrent leur désarroi. Un silence lourd, pesant, saturé d’incompréhension prit possession de la pièce.  

 

Pourquoi maintenant ? Avant la mission ? Ce n’est pas la première fois que tu m’accompagnes dans ce genre de mission. Tu as déjà bravé bien des dangers. Pourquoi ? Tu es si étrange depuis notre départ. Que me caches-tu Kaori ? Crains-tu pour ma vie ? La mort est mon chemin, tu le sais. Craindrais-tu pour la tienne ? Tu n’as aucune raison de douter. Pour toi, je donnerais ma vie.  

 

« Ryô ? Tu me le promets ? »  

 

Sa voix se voulait posée mais les pleurs inondaient son visage. Ses paupières humides se levèrent lentement. Kaori osa affronter le regard de Ryô.  

 

« Ryô ? »  

 

« Ryô ? »  

 

Sa voix résonnait encore dans son corps. Il l’avait étreint avec une telle violence qu’ils s’étaient retrouvés tous les deux à même le sol. La chaise et le fauteuil s’étaient renversés dans un fracas sous l’impulsion de Ryô. Ne me lâche pas maintenant. se répétait-il comme une litanie. Les minutes s’égrenaient dans une sérénité et pourtant, chacun bouillonnait d’impatience. Obtenir une réaction de l’autre devenait une épreuve, le temps semblait se ralentir et s’étendre à mesure que grandissait leur impatience, jusqu'au moment de la rencontre, flottement étrange où ils se retrouvèrent suspendus au pouvoir des mots qui allaient ou n’allaient pas formuler LA réponse.  

 

« Les mots masquent la pensée et détruisent la sincérité de nos gestes. » avait-elle ajouté, pour briser le poids de ce silence qu’elle ne supportait plus.  

 

Ryô, livide, fut ébranlé. Le flot de paroles venait de se tarir. Elle exprimait en une phrase son comportement qu’elle s’appropriait. Le temps semblait maintenant figer son cours alors que Ryô maintenait fermement Kaori contre lui. Il respira profondément, calmement, avant de rapprocher son visage du sien. Cette partie de lui qui refusait tout engagement s’était anéantie à mesure qu’il sortait de sa torpeur. Sa pensée enfin libérée, les mots, porteur d’espoir, dansèrent dans l’air de la pièce.  

 

« Si tu meurs, c’est une partie de moi qui meurt Kaori. » Il cherchait les mots justes, les mots qui, cette fois-là, traduiraient fidèlement ses sentiments, les mots qu’il devait lui dire maintenant ou se taire à jamais, ces mots qu’elle seule avait le droit d’entendre. Kaori se réfugia dans ce silence trompeur. C’était une véritable tempête dans leur crâne. Elle entendit la voix de Ryô s’élever dans le silence, calme, vindicatrice, douce, colorée d’un sentiment qu’elle ne lui connaissait pas. Cette voix qui articulait : « Tu es une partie de moi comme j’espère être une partie de toi. … Je ne te laisserai pas te détruire, je ne te laisserai pas me détruire. »  

 

« Ta destruction ? Ne comprends-tu donc pas qu’au nom de ta survie je veux t’offrir la mienne ! » avait-elle répondu avec véhémence avant de poursuivre dans un murmure, « La mort est mon chemin. »  

 

« N O N. City Hunter, sans toi, n’est plus City Hunter. »  

 

« Je ne te parle pas de City Hunter… », reprit-elle d’une voix plus douce. Pourquoi ne comprends-tu pas Ryô ? Pourquoi refuses-tu de répondre simplement oui ou non.  

 

« Je ne te laisserai pas faire, tu m’entends Kaori ! Aucun de nous ne tombera. Je suis là, tu es là. »  

 

L’oisillon refusait de prendre son envol. Le pressentiment de Kaori, qui la tailladait depuis la veille, revint plus fort que jamais. Elle couvrirait le corps de Ryô de ses ailes protectrices, au péril de sa vie. Il devait accepter.  

 

Pourquoi ne m’entends-tu pas Kaori ?  

 

« Je resterai en vie par tous les moyens pour celle que j’aime. Je trouverai tous les moyens pour que celle que j’aime reste en vie. » avait-il lâché.  

 

A ces mots, la tension de Kaori diminua d’intensité mais Ryô sentait néanmoins qu’il n’avait pas gagné. Kaori flottait toujours sur la rive.  

 

Ils restèrent là, dans les bras l’un de l’autre, plus épris que jamais, plus décidés que jamais de se sacrifier pour leur amour, plus seuls que jamais, prisonniers de leur décision jusqu’à la minute du départ. Leur cœur battait à l’unisson, leur respiration s’accordait sur un même rythme étrangement doux et apaisant.  

 

* - *  

 

« Ryô ? » douce incantation qui le soutenait, ravivait sa colère.  

 

Non, il ne permettrait pas qu’on lui arrache ce cœur qui battait pour lui. NE MEURS PAS ! TU DOIS VIVRE. TU M’ENTENDS KAORI ? TU DOIS VIVRE POUR NOUS DEUX ! Des gouttes de sueur perlaient le long de son visage déformé par la haine, haine contre cet homme qui tenait la vie de sa femme au bout de ses doigts, haine contre ce guide qui avait détourné Kaori de son chemin, haine contre ce destin qui s’acharnait à détruire tout ce qu’il touchait. Ses sourcils froncés lui barraient le front, ses yeux d’une froideur métallique flambaient de rage, son menton relevé trahissait la tension qu’exerçait sa volonté de maîtriser son émotion. Haine et angoisse se livraient bataille.  

 

Il assenait des coups de poings si puissants que des hématomes apparurent sur sa peau aguerrie. Bientôt, des écorchures, brûlures insidieuses, la lui lacéraient. La puissance de ses coups n’avait d’égal que la violence de son angoisse. Il se heurtait à un mur et son impatience grandissait à mesure que la porte lui résistait. Il vit le mouvement de tête du chirurgien, sa main se rapprocher du drap qui couvrait le corps de Kaori. Son être de lumière allait s’éteindre, cet être qu’il avait essayé de dompter. Son eau vive, tour à tour rafraîchissante, vivifiante, cinglante, mais apaisante. Il ne la laissera pas glisser entre ses doigts. Non, cela n’est pas possible Il secoua la tête, il refusait, il rejetait cette fatalité. Il avait survécu au crash d’un avion, à la guérilla, à cette jungle humaine. Elle l’avait sauvé des ténèbres. Elle l’aimait lui. Il l’aimait elle. Sa vie.  

 

« TU DOIS VIVRE POUR NOUS DEUX ! TU M’ENTENDS KAORI ! »  

 

Pris dans la tourmente de son angoisse, son visage n’était plus que hargne. Il cogna encore et encore, toujours plus fort tandis que la porte daignait montrer des signes de faiblesse. Il perdait son sang froid mais peu lui importait. Son cœur saignait. Son corps brûlait d’un feu ardent, destructeur. La torche humaine qu’il était devenu allait tout emporter. Ce n’était plus qu’une montagne de scories ardentes qui iraient endeuiller le soleil, pâle reflet de son amour, pour couvrir la surface de la Terre, étouffant, asphyxiant toute âme qui vivrait, avant de répandre la froideur glaciale de son cœur, de son âme, de son être si malheur arrivait à Kaori. Ce n’était plus qu’un magma en fusion qui exploserait les murs de ce bâtiment pour se déverser, telle une coulée de lave incandescente, impitoyablement, lentement mais sûrement, anéantissant tout atome de vie sur son passage. Le corps tendu à l’extrême, il pencha la tête en arrière. Un hurlement bestial venu des profondeurs de son âme à l’agonie déchira alors le bâtiment.  

 

« K A O R I !!!!!!!!!!! »  

 

Dans un dernier élan, il recula.  

 

 

 


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