Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree, Libellule

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 8 capitoli

Pubblicato: 30-01-05

Ultimo aggiornamento: 02-10-05

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Cette fic est inspirée d'un poème anglais. Un homme, une femme qui s'aiment d'un amour inavoué, un pressentiment, une légende et tout se jouera la veille de la Saint-Agnès

 

Disclaimer: Les personnages de "On the Eve of Saint-Agnes" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: On the Eve of Saint-Agnes

 

Capitolo 8 :: Résurrection

Pubblicato: 02-10-05 - Ultimo aggiornamento: 02-10-05

Commenti: Voilà le dernier chapitre. C'est fini. Ca me fait tout drôle. Merci d'avoir participé à cette aventure et suivi cette création. J'espère qu'elle vous a plu. Merci à mes betas pour leur encouragement, vous avez fait un super travail. Merci aux lecteurs inconnus, merci aux revieweurs / revieweuses de choc qui m'ont encouragé par leur commentaire. L'aventure est terminée et j'y ai glissé une touche de Lelouche, une note du Repos du Guerrier, sis une inconditionnelle ^_^. Pour ceux qui connaissent le poème, j'espère avoir respecté les grandes lignes, son mystère et le ton. Bye et kisou à tous

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8


 

 

Un dernier coup de pied d’une puissance phénoménale qu’il ne soupçonnait pas. A toi pour toujours, mon amour et la porte explosa en mille éclats. Ryô entra en trombe dans la salle, et en moins de deux enjambées, se posta à la gauche du chirurgien.  

 

« Un mot, vous êtes mort. » Le bras tendu, Ryo plaqua son arme contre la tempe du chirurgien. Le contact glacial fit prendre conscience à ce dernier du sérieux de cet intrus. Il esquissa un mouvement de la tête pour lui signaler son accord.  

 

« Que votre main tremble et touche une parcelle de son cœur, vous êtes mort ! »  

 

Le chirurgien cligna des paupières. Lentement, il releva la pince. Ryô balança la glacière d’un violent coup de pied à travers la salle. L’infirmier, paralysé de stupeur, assistait à la scène comme un spectateur, incapable de la moindre réaction.  

 

« Vous abîmez davantage son corps, vous êtes mort. » Sa voix n’exprimait aucune émotion. Ses yeux étincelaient de rage. Jamais il n’avait ressenti une telle fureur. Ryô accentua la pression de l’arme sur le front du chirurgien qui, sous la poussée, pencha la tête en arrière. Ce dernier sentit la froideur du métal l’envahir progressivement.  

 

« Je veux un travail d’orfèvre. Jamais elle n’aurait dû se trouver ici, sur cette table. Un seul geste gauche et vous ne faites plus partie de ce monde. »  

 

Sous l’œil de Ryô, le chirurgien pratiqua une opération de chirurgie réparatrice. La cicatrice sera discrète. Ryô reconnut son professionnalisme, et consentit à lui laisser la vie sauve, entre les mains de Saeko cependant.  

 

* - * - *  

 

Sans perdre de temps, Saeko avait prévenu la préfecture de Tohoku qu’un convoi de clandestins était attendu à Wakkanai et qu’elle se rendait sur place ; il leur fallait envoyer une unité d’intervention spécialisée. La présence d’enfants nécessitait un minimum de tact. Elle n’oublia pas d’omettre qu’elle bravait ainsi sa hiérarchie, risquait le blâme et un tête à tête mémorable avec un père au bord de l’hystérie. Elle avait ajouté qu’une intervention rapide permettrait la capture des bras du réseau, à défaut de la tête pensante dont son équipe se chargerait.  

 

Lorsqu’elle débarqua sur les lieux le lendemain, le convoi avait été arrêté, les passeurs, pris en flagrant délit, appréhendés, jetés dans une prison d’état sans sommation et les clandestins, quant à eux, acheminés dans un camp de réfugiés au sud de Wakkanai où ils séjourneraient, en toute légalité, dans l’attente de leur extradition. Certains demanderaient sans aucun doute l’asile politique. Saeko se rendit directement à l’entrée principale du hangar.  

 

D’un claquement de doigts, elle fit ouvrir la porte. Un grincement strident de tôles troubla le calme étrange qui régnait à l’extérieur. Un silence lugubre l’accueillit à l’intérieur. Faiblement éclairés par une lumière jaunâtre, les jets projetaient des ombres difformes et menaçantes. Les vitres du cockpit prenaient des allures de cyclope qui semblait épier chacun des gestes de Saeko. Un frisson de mal aise lui parcourut l’échine. D’un pas hésitant, elle avança au centre du hangar. D’un mouvement de tête énergique, elle rabattit sur le côté une mèche qui lui barrait le front, comme pour se donner de l’assurance. Dans sa précipitation, le guide avait oublié de lui indiquer l’accès au niveau inférieur. L’expérience la fit se diriger droit vers l’atelier où elle trouva un pan de mur entrouvert. Elle s’y faufila et trouva deux corps gisants sur le sol. Tournant la tête, elle vit un curieux occupant, bouche bée, le visage appuyé sur les boutons de commande, dormant d’un sommeil profond. Immobile d’abord, à l’écoute du moindre indice sonore, elle perçut un faible chuintement à gauche du tableau de bord. Elle écarta le panneau puis se glissa à l’intérieur.  

 

Saeko entendit des chuchotements provenir de la direction opposée. Ils semblaient s’éloigner. Alors, elle accéléra le pas. Les réfugiés marchaient en file indienne le plus silencieusement possible afin de ne pas attirer l’attention d’une sentinelle, ignorant que Ryô les avait toutes décimées. Un cliquetis atténué les fit s’immobiliser de stupeur. Ils se tournèrent mais le guide leur fit signe de la main de continuer. Il se plaqua contre la paroi du couloir, attendant l’arrivée de l’intrus, prêt à l’assommer. Le cliquetis se rapprochait de plus en plus rapidement. Ce bruit étrange lui fit pencher la tête et Saeko se retrouva nez à nez avec lui. Cette doudoune lui était familière. Elle dégaina vivement son arme qu’elle pointa entre les yeux de cet homme. Blanc de peur, le guide osa prendre la parole.  

 

« Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! »  

 

Saeko reconnut la voix de l’appel téléphonique et baissa son arme, au grand soulagement de son interlocuteur.  

 

« Je peux vous aider à démanteler le réseau de l’autre côté de votre frontière. L’homme que vous cherchez essaie de sauver sa jeune femme. »  

 

Saeko écarquilla les yeux. Cet homme maîtrisait mal la langue japonaise ou avait-il décemment dit « sa jeune femme » ? Quel sens fallait-il donner à cette phrase ?! Si Ryô avait demandé à cet homme de la contacter, c’est qu’il avait déjà maîtrisé les fauteurs de trouble, et qu’actuellement, il devait s’occuper de sauver Kaori.  

 

« Je vous suis. » conclut-elle.  

 

* - * - *  

 

Les journées passèrent avant que Kaori ne sorte des soins intensifs, et ce en dépit de son état stable. Elle n’avait toujours pas ouvert les yeux. Ils avaient cessé de l’alimenter artificiellement, et attendaient le retour naturel des gaz pour la nourrir. Ryô tournait comme un lion en cage malgré son intervention lors de l’évacuation des clandestins.  

 

Ryô la veillait du mieux qu’il pouvait entre la capture du gang et la recherche des hauts responsables. La rapatrier ? Ce serait la meilleure solution mais était-elle seulement transportable ? Il était prêt à surpasser sa phobie des avions pour elle. Les soins que l’équipe médicale lui prodiguait la maintenaient cependant dans un état comateux alors il se décida à appeler Doc pour avoir son avis. Ce dernier affréta un appareil privé dès l’appel. Kazue l’accompagna et ensemble, ils s’envolèrent pour Wakkanai. Après un diagnostic approfondi, Doc décida de rester sur place. L’état de Kaori s’améliorait doucement. Aucun signe d’infection. A sa grande surprise, la cicatrice s’estompait rapidement. Rassuré, Ryô en profita pour lui parler des clandestins. Doc leur donna les soins nécessaires. Les jours s’égrenèrent sans qu’ils voient la lumière naturelle. Le soleil éclairait de ses timides rayons cette journée qui marquait la veille de la Saint-Agnes. Bientôt, l’obscurité serait à nouveau maîtresse des lieux. La veille de la Saint-Agnes touchait à sa fin.  

 

* - * - *  

 

Kaori regarda autour d’elle. Un voile blanchâtre, cotonneux, enveloppait l’espace et étouffait les bruits environnants. Une lumière. Son regard fut attiré par ce halo de lumière, lointain, qui essayait de percer cette couche épaisse. Elle porta sa main devant ses yeux pour atténuer la vive douleur que cette pale lumière diffusait. Une silhouette se profilait à l’horizon, elle approchait. Elle cligna des yeux pour en tracer plus finement les traits, sans résultat. Elle avait envie de souffler sur ce brouillard pour qu’il se dissipe enfin. Elle allongea les bras comme pour écarter cette masse blanchâtre, pour s’en défaire, elle aurait voulu le déchirer tant son impatience grandissait. Elle alla pour se redresser mais quelque chose l’en empêcha. Une vive douleur lui transperça la poitrine. Perdue dans les limbes de l’inconscience, Kaori se débattait. Un visage. Ce visage ne lui était pas inconnu. Marron. De magnifiques iris, exprimant tour à tour amour et inquiétude, animaient ce visage d’une profondeur secrète. Elle sourit. Oui. Elle l’avait déjà vu. Où ? Des flashs. Un appartement, une salle de tirs, une armurerie. Une silhouette masculine. Qui était-ce ? Elle fronça les yeux pour mieux le distinguer. En vain. Elle s’énervait. Etait-ce possible de perdre la mémoire à ce point ! Le nez aquilin se profila puis les lèvres, rosées, douces ; des lèvres pleine de vie ; des lèvres qu’elle avait envie de mordre ; des lèvres qu’elle devinait fruitées, goûteuses, lèvres interdites mais ô combien tentatrices. Lèvres sensuelles qui composaient l’harmonie du visage. La silhouette se découpait, de plus en plus précise, contre ce voile. Le battement de son cœur s’accéléra. Elle y était presque. Ce port altier, ce corps élancé, ce torse athlétique dont la beauté la captivait, ce visage enfantin quand il n’était pas impitoyable. Une chaleur se réveilla en elle pour l’envelopper petit à petit. Le voile se déchira enfin. « Ryô »  

 

Un souffle et il accourut. Il se pencha au-dessus d’elle. Elle lui souriait de ce sourire où tout son amour transparaissait. D’un geste gracile qui lui dénuda le bras, elle avança sa main pour atteindre sa joue, et la lui caresser. Elle voulait toucher cet être de lumière, son ange. « Mon amour » Cet aveu involontaire de Kaori le transporta dans un au-delà jusqu’alors rejeté. Jamais Kaori n’avait prononcé ces deux mots, à l’inverse de Ryô qui, à force de les clamer à tort et à cri, les avaient dénaturés. Profanés. Dans la bouche de Kaori, ils prenaient une toute autre valeur à ses yeux. Amour sincère, profond, inconditionnel, absolu. Il lui prit tendrement la main, rapprocha son visage du sien. Il scrutait la moindre réaction de cette peau diaphane qui gardait prisonnière l’âme de Kaori. Absorbé par la respiration de sa partenaire, il voyait sa poitrine se soulever puis s’affaisser, encore et encore jusqu’au point d’arrêt et, pris par l’angoisse, il guettait la nouvelle inspiration par peur qu’elle ne se produise pas. Alors, soulagé, il pouvait inspirer à son tour. Une force plus puissante que sa volonté s’empara de Ryô.  

 

La contemplant au delà de ses paupières closes, il se mit à murmurer « Mon amour, réveille-toi. » Etait-ce lui, Ryô, qui parlait ainsi ? Il s’entendait clairement prononcer ces mots. Délivré de ses peurs secrètes, libéré par cette seconde de sincérité, face à lui-même, il était prêt à prendre son envol. La promesse faite à Hideyuki ne lui servirait plus de bouclier. Bien des fois il s’était réfugié dans cette pensée qu’un homme comme lui n’avait pas droit au bonheur. Traumatisme du survivant comme certains appelaient ce mal. Bien qu’entouré d’une poignée d’amis qui l’avait accepté, lui, l’entité humaine, avec ses qualités et ses défauts, il vivait dans une jungle humaine voire animale où régnait la loi du plus fort. Le bonheur, il ne le méritait pas. Ce n’était pas pour lui. Certains de ses amis dont la vie avait été écourtée, eux, méritaient le bonheur. Lui n’était que glace. Un cœur semblable à l’iceberg, né des turpitudes vécues. Qui s’intéresserait vraiment à lui ? Cette faille silencieuse agissait comme un bouclier, augmentant sa froideur. Ce bonheur, il le refusait au nom du passé, au nom du futur, au nom de son imagination, de la vie qu’il croyait connaître. Beaucoup prenait son attitude pour de la lâcheté. Pour lui, c’était préserver l’autre, ne pas la faire souffrir d’une absence qui sera. Son passé, il le gardait secret. D’autres se chargeaient de le déterrer, pour lui faire mal, pour éloigner Kaori de lui. Mais elle s’accrochait. Battue par les éléments, la flamme qui l’animait vacillait sans jamais s’éteindre. Au contraire, luminescente, elle irradiait, catalyseur de la vie. Kaori, dans son entêtement à vouloir son bien, brisait l’épaisse paroi de glace, réchauffant le cœur de l’iceberg, elle lui avait apporté une paix intérieure. Oui, il y avait droit. L’avenir, il le défiait. Pourquoi elle et nulle autre qu’elle ? Sa spontanéité ? Sa générosité ? Sa sincérité ? Sa plastique même s’il s’était menti à maintes reprises ? Sa douceur ? Ses colères ? Son allant ? Makimura ? Parce qu’elle était orpheline comme lui ? Ses doutes ? Son mystère, son secret ? Il ne saurait le dire. Kaori. Elle lui avait donné une soif de vivre qu’il ne voulait plus épancher sans elle.  

 

Il la contempla dans la plénitude de son amour enfin reconnu. C’est alors qu’il remarqua la carnation de son visage. La pâleur de Kaori l’effrayait. Le violacé de ses lèvres le troubla. Son regard descendit le long de son buste. Sa blancheur translucide l’ébranla. Il lui semblait qu’elle se laissait emporter. Alors, de son corps il la couvrit, sa chaleur se répandit. Avec précaution, il reposa la main de Kaori le long de son corps. Ses mains puissantes lui soulevèrent délicatement la tête, ses doigts se fondaient dans sa chevelure rebelle, dont les ondulations, aux reflets chatoyants et mordorés, avaient, pour qui la connaissait, la même nature sauvageonne et docile que Kaori. La chaleur qu’il ressentait à ce contact apaisait son inquiétude. Le visage de Kaori, pâle et serein, reposait maintenant entre les mains aimantes de Ryô. Il ramena instinctivement ces pouces sur les tempes de sa partenaire, d’un geste doux en caressa une puis l’autre. Tout doucement, il approcha à nouveau son visage de ce visage à la quiétude intrigante. Joue contre joue. L’air frais qu’exhalait Kaori contrastait avec la chaleur de sa chevelure. Cette chaleur l’encourageait. De ses lèvres lui insuffler son souffle d’amour, souffle de vie. De sa voix l’appeler encore et encore, l’encourager à rejoindre la vie, à le rejoindre.  

 

Kaori sentait la froideur fuir son corps. Elle pouvait sentir la chaleur d’un corps contre le sien. Elle se trouvait dans une clairière verdoyante. Ryô lui tenait la main, il se tenait devant elle. Elle percevait le souffle de vie que des lèvres fascinantes laissaient échapper. Elle se concentra sur ces lèvres mouvantes, ces lèvres qui articulaient  

« Ta froideur, ma chaleur  

Mon amour, ton amour  

A jamais réunis »  

alors que son cerveau commençait à reconnaître les sons. Cette voix chaude, masculine à l’accent si familier atteignait son être. Son corps se dirigeait vers cette voix qui lui faisait abattre les remparts autour d’elle. Mon amour, reviens à la vie, réveille-toi … viens à moi. Il avait craint de la perdre à jamais, elle, Kaori qui sacrifiait sa vie pour lui. Il assistait impuissant au combat qu’elle se livrait. A force d’attention, il pouvait distinguer le masque de la mort battre en retraite pour laisser la rosée vitale reconquérir la place et remporter la victoire. La vie avait gagné son combat. ELLE avait combattu et en était sortie vainqueur. Kaori capitulait. Elle se rendait à la vie. Elle sentait la puissance de ce regard percer le cocon, elle percevait la souffrance de son cœur. Elle entendait son âme hurler Ne me lâche pas maintenant ! Ramasse-moi, je suis à terre. Je rends les armes. Prends-moi comme ça comme je te prends. Je veux faire partie de l’humanité. Je veux faire partie de toi. Aime-moi. Aime-moi. AIME-MOI ! … Sois ma femme.  

 

« Doux rêve, deviens réalité ou fige-toi à jamais … » Kaori entr’ouvrit les yeux. Toute encore à son rêve, Kaori fut troublée par la puissance de cette vision. « Ton visage … si pâle ! »  

 

A ces mots, le cœur de Ryô bondit dans sa poitrine, emporté de la savoir à nouveau vivante, avec lui, pour lui. Ryo ne cessait de regarder intensément Kaori. Le manque de sommeil ne l’empêcha pas de lui offrir ce sourire ravageur, diaboliquement angélique, cadeau personnel de bienvenue dans le monde des vivants.  

 

« Est-ce bien toi mon amour ? Tes traits sont si lunaires ! Où est mon Ryô resplendissant de vie ? Ryô, reviens-moi. Ton sourire, ton regard, ta voix. Ne me laisse pas seule errer dans ces limbes inconnues. Si la mort te prenait, mon amour, esseulée, je ne te survivrai. »  

 

Aucune défiance. Aucun regret. Il se fond dans le rêve de Kaori.  

 

Tels deux aimants, ils s’attirent, encore plus près l’un de l’autre.  

 

Son regard, des flammes ardentes. Kaori est absorbée, impressionnée, emprisonnée, libérée par cette ardeur.  

 

Une chaleur se diffuse dans leur corps. Des frissons leur parcourent l’échine. Ryô s’approche. Son regard de braise la captive. Ses mains enchaînent d’une tendre et délicate douceur le corps de son amante. Comme agissant par elles-mêmes, elles lui caressent ses tempes, ses joues, ses lèvres. Un effleurement, du bout de ses doigts, de ses lèvres. Lentement, ses mains trouvent le chemin, jusqu’à la nuque. Sensuelle. Cette nuque éveille en lui un désir érotique. Il hume cette senteur délicate, touche enfin ce grain de peau tant convoité. Ambroisie et nectar. Ses doigts glissent le long de la nuque pour terminer leur paisible et jouissante découverte au creux de sa poitrine. Ses lèvres s’arrondissent pour ne laisser passer qu’un mince souffle d’air, chaud, qui sillonne la nuque de Kaori. Cette dernière incline instinctivement son visage sur le côté avec volupté. Elle rit. Ce chatouillis avive une drôle de sensation. Observant sa réaction plus que positive, il reprend ce doux supplice. A son tour, tentée par le cou de son amant, elle s’y aventure avec délice. Elle goûte sa peau mielleuse, s’y attarde jusqu’à lui arracher un gémissement rauque, absorbe son parfum, elle sent son rythme sanguin s’accélérer. Une exquise douleur naît. Ils craquent.  

 

Ce sourire qu’elle lui adresse, ce regard qui le magnifie, le captive. Il se penche, capture ses lèvres. Il les butine, les caresse, les goûte tendrement avant de s’y fixer avec plus de ferveur. Offrande partagée. Elle se détend. Ils se répondent, instinctifs. Leur baiser s’approfondit, chacun respirant au rythme de l’autre, aspirant le souffle de l’autre. Un frisson de volupté s’empare de leur corps. Ils s’enivrent de leurs baisers. Chacun se montre de plus en plus gourmand, avide de ce fruit défendu, s’abreuvant de ce nectar interdit qui s’offrait à eux. Leurs deux corps se rapprochent inexorablement. Partir à la conquête de ce paysage, explorer ces lèvres, cueillir ces boutons de roses, goûter et savourer le velouté de ce grain. Subtil éveil des sens. Ryô joue de son doigté, tour à tour sensuel, doux puis ferme selon les zones du corps de Kaori qu’il découvre, dont il s’imprègne. Partage des sens. Au fur et à mesure de son voyage initiatique, Kaori découvre, émue et heureuse, les points érogènes de Ryô, le transportant de caresses. Chacun est à l’écoute de la respiration de l’autre pour s’aventurer, savourer et prodiguer davantage de plaisir. « Ryo ! », expiration suave. Il se redresse, admiratif, découvrant Kaori, vivante, dans la plénitude de leur amour. L’Amour les habite. Magnifiés par le regard de l’autre, ils poursuivent leur exploration, souriants et confiants. Aucune parole n’est nécessaire à ce majestueux ballet nocturne. Leur chevelure s’entremêle, leurs doigts s’entrecroisent, leur corps, souples, suivent leurs courbes harmonieuses, s’épousent à merveille, évoluent au rythme d’une chorégraphie connue d’eux seuls. Guidés par un appel impérieux, ensemble, ils basculent. En cette nuit polaire de la Saint-Agnes, le loup solitaire a trouvé sa louve.  

 

Ryô s’éveilla le premier, apaisé. Une délicieuse chaleur l’enveloppait, envahi d’un bien-être dont seule Kaori était l’origine. Il la dévorait des yeux. Son désir d’elle augmentait à mesure que son regard sculptait amoureusement ses paysages tandis que ses doigts traçaient un sillon brûlant sur sa peau. Après s’être maîtrisé et assuré que Kaori dormait d’un sommeil réparateur, Ryô s’éclipsa.  

 

Il retrouva Doc en compagnie de Kazue et de Saeko.  

 

« Je vais voir ce que je peux faire. Il m’est possible d’appuyer une demande d’asile politique. En revanche, je vais être obligée de les envoyer dans un centre d’accueil pour réfugiés en attendant. »  

 

« Kazue, tu t’occupes de soigner les derniers maux des plus faibles. Quant à toi, fit Doc en se tournant vers Ryô, tout en lui tapotant l’épaule, ne t’inquiète pas. Saeko a trouvé une solution. Occupe-toi de Kaori. Son état nous préoccupe », acheva-t-il, à voix basse, la mine défaite.  

 

« Rassurez-vous. Kaori va bien. »  

 

Doc releva la tête en un éclair et planta son regard interrogateur dans celui de Ryô.  

 

« Elle s’est réveillée cette nuit. »  

 

Un changement s’était opéré. Doc en était certain, il connaissait assez Ryô pour affirmer cette observation. Il surprit une lumière dans le regard de Ryô, un sourire à la fois discret et resplendissant et il comprit.  

 

« Oui, occupe-toi bien de Kaori. » reprit Doc en lui lançant une œillade complice.  

 

« Je la rapatrie aujourd’hui. »  

 

Ils échangeaient encore quelques mots pour s’accorder sur le rapatriement de Kaori.  

 

Le matin même, le guide s’entretenait avec Saeko lorsqu’il aperçut furtivement ses sauveurs accompagnés d’un vieux monsieur portant une blouse blanche et une sacoche volumineuse disparaître dans un avion. Refusant d’ingurgiter toute drogue par n’importe quelle voie que ce soit, faisant fi de son aversion pour l’avion, Ryô veillait Kaori lors du vol retour. Les rideaux occultant des hublots étaient tirés, aucune lumière ne filtrait. Un bruit assourdissant emplissait la cabine. Il ne cesserait qu’à l’atterrissage avec l’arrêt des moteurs. Enfermé dans cette caisse volante, cerné par l’absence de repères, Ryô sentait la crise de claustrophobie le guetter. Il crut que ses organes allaient exploser lors du décollage, plaqué comme il était contre le dossier de son siège. L’ascension fut rapide et brutale. Les secousses que les perturbations atmosphériques provoquaient lui soulevaient le cœur. Il détourna vivement les yeux de la sortie de secours, résista péniblement à l’envie de sauter et finit par déboucler sa ceinture pour venir immédiatement auprès de Kaori. La vision qui s’offrait à ses yeux lui parut surnaturelle. Un sourire angélique, des pommettes joliment rosées, Kaori souriait, les lèvres délicieusement entrouvertes semblaient l’appeler. Protégée dans ce coffrage médical, sanglée et transpercée d’aiguilles reliées aux moniteurs, elle affichait une sérénité captivante. Il eut envie d’embrasser ces pétales de rose, d’éveiller ce délicat être de chair et de sang, de lui faire l’amour envers et contre tout. Il fut happé par l’éclat de son regard. Ce chant d’amour entendu de lui seul aiguisait son irrépressible envie d’un corps à corps. Réfrénant son désir animal, il enserra ses mains dans les siennes qu’il porta à son cœur. Un sourire extatique illumina le visage de Kaori.  

 

Le charme de Saeko opéra une nouvelle fois. Elle fit réquisitionner le matériel informatique. Grâce aux numéros de série, aux adresses IP et autres subtilités informatiques connues de leur génie, elle remonta la piste des dignitaires. Les journaux titrèrent l’arrestation spectaculaire des responsables du réseau de trafic d’organes humains implanté à la pointe nord de Hokkaido. Le témoignage d’un guide émut les lecteurs au point qu’il parcourut le Japon, allant de conférence de presse en conférence de presse. Il cita la participation de deux êtres exceptionnels, dont il ignorait l’identité, exceptionnels par leur dévouement.  

 

De ce jour, dans les plaines lointaines, le vent rapportait une légende qui traversa les âges. Cette légende racontait l’histoire d’un couple. Une femme déterminée dont la timidité magnifiait la beauté candide, apparue par une sombre nuit d’hiver. Dans la pénombre, confiante, elle suivit un guide. Pour avoir secouru cet homme, elle fut capturée, torturée et condamnée à mort. La même nuit, surgissant des ténèbres, un homme venu du Sud, un homme appelé le Sauveur, aussi magnétique que la femme, esthète athlétique, au regard aussi glacial que le vent, nettoya le sanctuaire de la Mort. Un appel intérieur, mystérieux, que lui seul entendit, le guida jusqu’à sa femme, alors aux portes de la Mort. On raconte que la nuit de la Saint-Agnes, le hurlement d’un loup solitaire perça la quiétude de la nuit auquel répondit en écho celui d’une louve. Au petit matin, le couple avait disparu, emportant avec lui le mystère de son identité.  

 

 


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