Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree, Libellule

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 8 capitoli

Pubblicato: 30-01-05

Ultimo aggiornamento: 02-10-05

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Cette fic est inspirée d'un poème anglais. Un homme, une femme qui s'aiment d'un amour inavoué, un pressentiment, une légende et tout se jouera la veille de la Saint-Agnès

 

Disclaimer: Les personnages de "On the Eve of Saint-Agnes" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: On the Eve of Saint-Agnes

 

Capitolo 5 :: La légende de Saint-Agnes

Pubblicato: 16-06-05 - Ultimo aggiornamento: 16-06-05

Commenti: Et bien, me voici de retour. La formation est terminée, les exams aussi. oufffffff Petit conseil: relisez le chapitre 4 parce que les actions de celui-ci se déroulent en parallèle. Il a fallu que je prenne des notes pour ne pas m’embrouiller question timing ^_^ PTDR Quelle aventure ! Pour info, les chapitres 4, 5 et 6 sont en parallèle. J’espère que vous prendrez autant plaisir à lire ce chapitre que les précédents. Il a été difficile à écrire et je remercie mes betas. Merci aux reviewers de choc : Tamia, Sabi, Lou, Myriam, Ally Ashes, Nanou, Kaiko, Cat, Thalia, Angel Heart, Ramal et mes deux lectrices en AP, Libe et Life. Merci à tous pour vos encouragements.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8


 

Aveuglée par cet assaut de lumière, elle porta sa main devant ses yeux. Elle l’éloigna au fur et à mesure que sa vue s’habituait à cette lumière pour découvrir une grande pièce semblable à un hall où des orangers en fleurs, au feuillage verdoyant enchâssaient les issues. Tout lui parut factice. Les ruelles carrelées, les fenêtres étincelantes de propreté, le mur de verdure bruissant alors que son feuillage n’ondulait pas sous le vent, les chatoyants reflets des rayons solaires qui ne filtraient pas à travers les ouvertures inexistantes.  

 

Une myriade de voix assaillit Kaori. Cet afflux de sons après ces heures de silence lui fit l’effet d’un bourdonnement, comparable à celui d’un essaim d’abeilles, apeurées, dans leur vol incessant au cœur de cette ruche. Elle ne percevait qu’une vague humaine qui montait, gonflait, emplissant l’espace entier puis repartait, calme. Son malaise la menaçait toujours et elle dut respirer profondément pour ne pas vomir. Heureusement, l’air frais et purifié de cet endroit la revigora rapidement.  

 

Tout à coup, il y eut un mouvement de foule et les têtes se tournèrent instantanément vers le guide. Quand les réfugiés constatèrent son retour, leur expression vira de l’optimisme au découragement. Il signait leur échec. L’homme, qui s’était porté volontaire pour endosser le rôle d’éclaireur, avait échoué. Il n’avait pu trouver leur chemin vers la liberté. Un regain d’espoir illumina leurs visages lorsqu’en s’écartant, le guide céda la place à Kaori. Ils aperçurent alors cette jeune femme hébétée, souriante de timidité et de témérité. Une onde de chuchotements, à la fois plaintifs et heureux, se propagea à travers l’espace.  

 

Elle fut soulagée de constater à quel point sa confiance en cet homme était justifiée. Il l’avait conduite à la source. Elle se trouvait dans la gueule du loup. En dépit des paroles de Ryô, elle camperait sur sa position, coûte que coûte.  

 

Kaori, comme Ryô, avait consulté et refermé le dossier de façon tout à fait stoïque. Ce détail aurait dû alarmer Ryô. Elle le connaissait par cœur ce dossier. Pas une ligne, pas un détail ne lui avait échappé. Mais son calme n’était qu’apparence. Une rage meurtrière bouillait dans ses veines. Comment pouvait-on traiter des êtres humains comme de la simple marchandise, au rabais ? Ces personnes avaient dû payer un prix d’or pour cette place vers la liberté. Pourquoi l’herbe paraît-elle plus verte dans le pré voisin ? Ils avaient dû épargner le moindre sou, se priver de nourriture terrestre, apeurer leur famille quand leur décision fut prise. Partir, fuir même leur terre natale sans espoir de retour. Kaori était loin d’imaginer leur déchirement. Elle connaissait le mode d’opération des clandestins et des passeurs ainsi que leurs motifs pour avoir vu des reportages. Cependant, la réalité lui échappait, le vécu de ceux-là bien plus encore.  

 

Leurs expéditions terrestres et maritimes s’étaient révélées un calvaire pour beaucoup. D’autres, au contraire, se réjouissaient de l’aventure qu’ils vivaient, heureux des péripéties qu’ils raconteraient à leurs enfants et petits-enfants. Partis des îles Sakhaline, ils avaient voyagé dans des wagons de marchandises bondés. Outre le rationnement de la nourriture et de l’eau, leurs vêtements suffisant à peine à les protéger du froid quasi-polaire, certains présentaient également des symptômes maladifs. Les vêtements trempés de sueurs fiévreuses séchaient à même leur peau tremblante, les saisissant de froid dès qu’un souffle de vent se levait. Parmi eux un jeune homme à la fleur de l’âge, chancelant, secoué par des quintes de toux sèches d’abord mais qui devenaient peu à peu grasses. Sa gorge s’irritait. Bientôt il eut l’impression que des gravas agrippaient l’air qu’il inhalait, que cet air échauffait sa trachée au point de la lui brûler. Il n’en pouvait plus de tousser, ses côtes lui faisaient mal, il avait le souffle court, il s’enroulait de plus en plus sur lui-même. Encore une quinte de toux et il aurait l’impression que ses poumons allaient se déchirer. De l’eau, une goutte d’eau pour apaiser la douleur, pour épancher cette soif surnaturelle.  

 

« Mords-toi le bout de la langue très fort ! » fit une voix.  

 

Il le fit. Il se mordit la langue si fort que des larmes de douleur s’écoulèrent, pour terminer leur course aux commissures des lèvres. Le peu de salive qu’il obtint eut un goût salé, attisant un peu plus sa soif. Une quinte plus profonde que les précédentes l’assaillit et de minuscules filets de sang tachèrent sa main qu’il s’empressa d’essuyer sur son pantalon. Il jeta un regard furtif, inquiet même apeuré autour de lui, ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Il ne rencontra que sourires compatissants et désabusés. Aucun ne pouvait lui donner ce qu’il espérait tant. C’était un détail auquel personne n’avait pensé. Apporter des provisions d’eau et de nourriture. De l’argent oui, mais pas de vivres ni d’eau. Et dans ce wagon, aucune arrivée d’eau, aucun garde, aucun signal d’alarme. Le train traçait sa route, inexorablement. Le jeune homme, quant à lui, termina cette partie du voyage, hagard, perclus de douleurs, au bord de l’évanouissement, happant l’air qui ne faisait qu’assécher davantage sa gorge, la fièvre continuant de le consumer.  

 

Cette première étape n’avait duré qu’une journée pourtant elle leur était devenue éternité. Ne disposant d’aucune commodité pour satisfaire leurs besoins naturels, certains se soulagèrent sur eux. Redoublant de honte, ils tentèrent de s’isoler, de s’éloigner du groupe mais en vain. L’odeur se répandait rapidement dans cet espace restreint. Au fil des heures, le manque de nourriture entamait leur humeur. Certains cherchaient querelles. L’animosité se réveillait pour ne s’apaiser qu’aux pleurs des enfants. D’autres entonnaient des airs de leur pays, propageant la joie puis la nostalgie parmi les réfugiés. Une d’entre elles mastiquait, inlassablement et bruyamment, un chewing-gum. On eut dit une vache humaine tant les mouvements continuels de sa mâchoire inférieure rappelèrent la mastication de cet animal.  

 

Quand le moment fut venu de traverser la mer pour rejoindre l’île d’Hokkaido, de gigantesques pinces accrochèrent le wagon par le haut puis le souleva rudement. Suspendu sans ménagement, le wagon balançait dans le vide. Les enfants se mirent à pleurer. Certains se sentaient flottés dans les airs, avant d’atterrir brutalement sur un sol flottant. Ils voyageaient maintenant à fond de cale. La faim, pernicieuse, tenaillait leur pensée et rongeait à présent leur estomac. Elle tempêtait si fort que ses grognements surpassaient le ronronnement du moteur, devenu inaudible. Des maux de tête les torturaient, le froid engourdissait leurs mains, leurs yeux, leur cerveau, pénétrant au cœur de leur chair avant de remonter à la surface, plus vive encore, laissant ainsi échapper un vif frisson qui hérissait leurs poils. Comme parade, quelques personnes fermaient les yeux. Doucement une chaleur envahissait leur corps, serrés les uns contre les autres ; doucement, leur âme semblait quitter leur enveloppe, ils s’endormaient. Et au petit matin, peu d’entre eux se réveillaient. Ce sommeil emporta une première vague de rescapés.  

 

Arrivés au Japon, ils avaient été transférés dans un vieux camion qui menaçait à tout moment de tomber en panne. Aucun des passagers n’osait questionner qui que ce soit. Après tout, ils étaient des clandestins à qui le recruteur et passeur avait promis monts et merveilles, un endroit retiré, loin du regard des autorités, dont les propriétaires acceptaient de les héberger, les nourrir et les blanchir en attendant la délivrance que représentait le permis de séjour. Aussi quand un des leurs disparaissait, ils comprenaient l’envol vers la liberté, la fin des souffrances. La filière avait trouvé le filon à exploiter. De temps à autre, un homme en blouse blanche venait et demandait aux malades de le suivre. Le jeune homme disparut dès la première rafle. Le sommeil éternel leur était injecté, leur corps détruit par la chaux, leurs espoirs se terminant au fond d’un trou creusé dans la terre, ce jour-là recouvert d’une couche de neige immaculée. La disparition des malades avait éveillé la curiosité de certains dont le guide qui avait dès lors décidé d’explorer le site afin d’échapper à ce futur mystérieux.  

 

Kaori jeta un regard circulaire. Plantés au milieu de ce décor artificiel, des visages, des silhouettes d’hommes, de femmes et d’enfants émergeaient un à un. Kaori s’arrêta brusquement. D’enfants ? Pourquoi ? Pourquoi sacrifier les enfants, ces hommes de demain ? Kaori, ne sais-tu donc pas que bon nombre d’enfants attendent des greffons cœur-poumon, que le réseau spécialisé en greffes oculaires enfantines se situe en Amérique Latine ? Son attention se porta sur la pâleur de ces pauvres gens. Les joues creusées, les cernes sous les yeux, le teint blafard de certains trahissaient le manque de sommeil, le manque de nourriture, l’absence de soins. Un sentiment d’injustice l’accapara, commençant à œuvrer. Sa gorge se serra, un obstacle invisible l’empêcha de déglutir, ses yeux commençaient à s’humidifier. Je ne fermerai pas les yeux ! se répétait-elle pour ne pas avoir à sentir les larmes couler. Kaori continua de balayer la pièce quand elle fut troublée par une jeune mère dont elle croisa le regard souriant, empli de chaleur.  

 

Cette jeune maman souriait alors qu’elle donnait la tétée à son enfant. Kaori ne le quitta pas des yeux, elle semblait parler à son enfant, en silence, un langage connu d’elle seule, un langage que lui seul pouvait entendre. Les joues de son nourrisson commençaient à se colorer d’une jolie teinte rosée. Repu, son regard profond, concentré, accroché à celui de sa mère, il était bercé au rythme de la mélodie qu’elle lui chantonnait. Kaori s’attendrit devant une telle scène. La maternité. Y aurais-je droit un jour ? … Son regard s’adoucit, affectueux, doucement ses lèvres formaient d’elles-mêmes un sourire chaleureux. Ryô… Ce bébé sacrifié. Une tristesse insondable prit brusquement possession d’elle. Les larmes surgirent à nouveau, se bousculant avec la violence d’un torrent que seules les paupières, dernier barrage naturel, retenaient avant l’inondation de son visage. Elle se dit que jamais elle n’aurait dû entrer seule dans ce sanctuaire.  

 

Refusant obstinément de bouger les paupières, refusant même de cligner des yeux, Kaori continua toutefois son inspection. Elle aperçut, au travers de ses larmes, au milieu du groupe une Italienne, seule, isolée au centre du groupe. Une aura semblait l’entourer. Son visage légèrement incliné sur le côté, absorbée dans une rêverie, elle regardait au-delà de Kaori. Cette dernière la remarqua parce qu’elle était la seule européenne du groupe et qu’au moment où l’Italienne découvrit l’attention de Kaori centrée sur elle, elle se leva d’un bond. Comme si elle connaissait Kaori, elle s’avança vers elle d’un pas assuré, prit sa main gauche dans les siennes et se mit à lui parler. Surprise, Kaori eut un mouvement de recul. Le visage de la femme rayonnait. Coiffée d’un bandeau floral, sa chevelure blonde, ondoyant sur ses épaules, magnifiait la finesse de ses traits. Elle avait un côté indolent, avec son déhanché. La Beauté vénusienne vénitienne incarnée. Les pieds élégamment chaussés de sandalettes à fines lanières, elle portait une robe astrale, qui lui cachait les chevilles, brodée à l’encolure de fil d’or. Sur son épaule, un châle rouge négligemment posé, couvrant son bras, était retenu par un fin lacet qui venait souligner sa poitrine ornée d’un pendentif. Que fait-elle ici ? Kaori fut subjuguée par cette apparition. Elle ne comprenait pas. Kaori ne comprenait pas cette femme, elle ne comprenait pas cette langue inconnue. Et cependant, elle ne pouvait pas détacher son regard du sien, elle entendait son histoire. Agnès. Ses paroles lui parvenaient tel un écho.  

 

Jeune fille vierge,  

Aimant et aimée en retour,  

La veille de la Saint-Agnès,  

À jeun tu te coucheras.  

Au royaume des songes tu te réveilleras.  

Apparaîtra le visage de ton futur époux.  

Le secret tu emporteras  

Ou de grands tourments tu connaîtras. [oui je sais ça fait Star Wars ^_^]  

 

Interloquée, Kaori n’aimait pas cela du tout. Cela sonnait comme une injonction. Ryô connaissait sa peur des légendes, il savait que les histoires de fantômes et autres contes l’effrayaient. Aurait-il rencontré cette femme auparavant dans l’espoir de pimenter leur mission ? Une colère soudaine fit éruption. GRRR, Ryô, si je t’attrape, tu vas la voir de près ma massue ! Elle aurait dû savoir que son partenaire n’aurait jamais risqué de faire dire cette légende, car c’était courir le risque de penser qu’un visage autre que le sien pouvait hanter les pensées de son ange. Indéniablement impossible. Elle se ravisa. Après réflexion, elle s’était convaincue qu’une telle initiative de la part de Ryo était peu probable. Il tenait à elle plus que comme une partenaire ; il le lui avait indirectement avoué. Elle voulait l’interpréter comme tel. Peut être est-ce encore Reika dans une de ces dernières tentatives désespérées pour récupérer Ryô ?! Elle sourit à cette pensée aussi fugace fut-elle mais le doute s’immisça. Il se peut que… ? Elle ne voulut pas terminer sa phrase. Ryô avait choisi. Toute joyeuse, elle finit par se traiter d’idiote. Comment Ryô et Reika auraient-ils fait pour contacter cette femme alors qu’eux-mêmes ignoraient l’existence de ce lieu et l’identité de ces personnes ? L’Italienne vit la crainte, la colère, le sourire tournoyer dans le regard de Kaori. Alors, elle lui lâcha la main puis s’éloigna, d’un pas vaporeux, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres, laissant Kaori en proie à un spleen fatal.  

 

Kaori resta immobile quelques instants, seule, pensive. Puis, reprenant ses esprits, elle navigua un temps parmi ce flot humain avant de repérer un endroit stratégique à ses yeux. Elle s’y adossa, la plus discrète possible, et se mit à chercher des solutions. Faire appel à ce guide ? Il avait réussi à sortir de ce sanctuaire. Il a fallu qu’il le trouve ce chemin. Comme elle regrettait de ne pas être auprès de Ryô ! Quelle imprudente ! Comment réussirait-il à découvrir ce bunker ? Me lamenter ne résoudra pas le problème. Pourquoi devrait-elle toujours s’en remettre à Ryô ? Il lui fallait tirer avantage de son avance. Pourquoi ne trouvait-elle aucune solution ? La peur annihile la pensée. Quant à son imaginaire, il la distrayait. Elle devait réagir car il était fort probable que Ryo n’ait pas encore localisé l’endroit. Arrête de compter sur Ryô. Tu dois te débrouiller seule. Pas d’explosifs, pas de grenades, pas d’armes à feu, il ne lui restait que la massue. Elle fonctionnait très bien sur Ryô mais fonctionnera-t-elle sur ces gardes armés ? Il y en aurait obligatoirement. Devait-elle laisser Ryô s’en charger ? Si Ryô est la tête pensante, l’exécuteur, quelle est ma raison d’être ? Inutile, futile, … Pourquoi fallait-il qu’elle se questionne ainsi ? De fil en aiguille, Kaori repensa aux paroles qu’elle avait échangées avec Ryô peu de temps avant le départ. Elle ne ploierait pas. Elle étendrait ses ailes; elle le libérerait pour son salut.  

 

Le guide, apercevant son trouble, vint la rejoindre.  

 

* - * - *  

 

Pendant ce temps-là, Ryô arrivait dans la salle de maintenance. Il jeta un regard circulaire. Des murs d’une blancheur anormale pour un hangar à avions se succédèrent, étayant des étagères à outils sans que Ryô n’y constate la moindre anomalie jusqu’à ce que son regard descende pour examiner le sol. Il entr’aperçut alors un rai de poussière noirâtre si mince qu’il douta d’un effet optique.  

 

« Ts, ts ! » fit-il dans un plissement d’œil.  

 

Il s’approcha, les sens en alerte. Posant un genou au sol, il passa la main au ras du mur et sentit un mince courant d’air. Une porte dérobée ? Elle était bien dissimulée. Il en chercha l’ouverture mais ne la trouva pas. Il avait à faire à des professionnels. Quel système d’ouverture avaient-ils installé ? Pas de poignée. Ses mains glissaient le long du chambranle à la recherche d’une empreinte, d’une cavité, ou d’un boîtier mais il n’en trouva pas. Approchant son oreille de la porte, il entendit un faible grésillement étouffé. Non seulement avaient-ils dissimulé leur laboratoire mais ils avaient insonorisé les murs. Un rictus de satisfaction se peignit sur son visage. Il venait de trouver le point faible de cette muraille. Allait-il intervenir avec discrétion ou avec heurts et fracas ? Il penchait de plus en plus vers la seconde solution quand un crissement de chaise sur le sol résonna faiblement de l’autre côté du mur. La personne avait dû se mettre debout en sautant de sa chaise, la balançant d’un bond en arrière lorsqu’il s’était étendu pour se détendre. Etre assis en permanence, le postérieur rivé à une chaise rudimentaire, l’œil fixé sur les écrans de contrôle, les oreilles obstruées par des écouteurs diffusant un silence soporifique, demandait un certain contrôle de soi. Un bref échange verbal se fit entendre. Deux autres gardes ! Ryô réfléchissait déjà à une stratégie offensive quand, devant ses yeux ébahis tant la chance lui souriait, une chance insolente à croire que ses mouvements étaient prévus par l’adversaire, la porte s’ouvrit d’elle-même pour laisser sortir une jambe, un buste incliné et deux mains affairées sur une fermeture éclair. Ryô avança son pied pour bloquer la porte. Le gardien, le nez perdu dans son pantalon, buta contre cet obstacle inopiné, perdit l’équilibre, surpris, avant de terminer sa chute dans les bras de Ryô qui profita de l’achever d’un coup de poing précis dans le ventre. Le second garde, que le départ de son coéquipier avait soulagé, s’adonnait ainsi à son passe-temps favori, la sieste des paupières, quand il sentit un courant d’air froid derrière lui.  

 

« La porte bordel ! »  

 

La porte se referma. Des pas et un bruit de quelque chose que l’on traîne.  

 

« Tu les lèves tes pieds ? J’m’entends plus respirer ! »  

 

Ryô se posta derrière lui, la lumière projetant une ombre menaçante et démesurée sur le tableau de contrôle. Les mains prenant appui sur les accoudoirs du fauteuil, le garde se propulsa en arrière, espérant surprendre son assaillant alors qu’il lui balançait le fauteuil en travers des jambes. Mais Ryô l’esquiva et, d’un coup asséné sur la nuque, neutralisa le second garde. Il examina ensuite le système d’ouverture ainsi que le panneau de contrôle. Ainsi la porte ne s’ouvrait que de l’intérieur. Il devrait obligatoirement y avoir une seconde sortie. Les caméras filmaient des couloirs identiques ; sur un écran, une salle d’opération, vide. Un second lui montra ce qu’il cherchait. Vivants. Il observa avec attention l’écran où s’animaient des visages d’hommes, de femmes, d’enfants. Ses yeux clignèrent imperceptiblement. Il désactiva de façon permanente les caméras avant que tous ces visages ne se tournent d’un même élan spontané dans la direction de cette jeune femme qui avait surgi des profondeurs de la terre, puis il prit les cassettes d’enregistrement. Il bloqua l’ouverture de la porte et sortit rejoindre Kaori, comme convenu.  

 

* -*  

 

Du haut de sa tour de garde, la sentinelle se rendit compte d’une anomalie alors qu’il comptait ses prisonniers. Un de plus. Il avait beau compté, recompté et décompté, il y avait bel et bien un prisonnier de trop. Alors, il suivit la procédure et donna l’alerte. Une sonnerie stridente retentit au-dessus de leur tête. D’un même élan, ils se collèrent les mains aux oreilles pour essayer de protéger leurs tympans. Tous se demandèrent ce que pouvait bien être cette sirène et la raison ? Signifiait-elle une alerte ? Un tremblement de terre ? Une tempête ? Tous s’accroupirent, recroquevillés sur eux-mêmes, la tête entre les genoux, tous sauf Kaori qui aperçut un reflet métallique venir anormalement obscurcir le pan de mur face à elle. Elle s’accroupit à son tour et baissa la tête pour imiter les autres. Une fraction de seconde trop tard. Elle grimaça et se mordit les lèvres, le visage soudain décomposé. Quelle gourde ! Quelle négligence ! Elle s’en voulait d’être si étourdie. Ce bref tête à tête avait trahi sa présence. Elle comprit instantanément qu’elle avait été repérée, aussi discrète fut-elle, par le gardien à l’affût du moindre signe de rébellion. Dans la cabine, un sourire démoniaque déforma les traits de l’homme resté en retrait, présent ce jour-là pour vérifier la liste des « appelés ». Toujours accroupie, elle recula du mieux qu’elle put, petit pas par petit pas, lentement, le plus discrètement jusqu’à atteindre une paroi quand elle sentit son corps perdre soudainement l’équilibre et basculer en arrière. Elle allait pour se rattraper quand des bras l’agrippèrent pour s’enrouler autour d’elle, avec force, la maintenant captive d’un étau tandis que des doigts puissants lui écartaient les mâchoires et qu’une paire de mains lui pincèrent le nez. A bout de souffle, Kaori ouvrit la bouche pour prendre une bouffée d’air. Ce fut alors qu’une main lui enfonça une boule dans la bouche. Fermement maintenue par deux lanières sur le côté, elle l’empêchait d’émettre le moindre appel. Kaori redoubla d’énergie pour échapper à leur emprise. En vain. Le guide ne s’aperçut de rien.  

 

* -*  

 

Ryô suivit son instinct et revint au poste de sécurité. Il repéra une ouverture sur le côté du panneau, s’y faufila. Un passage étroit, faiblement éclairé, le mena rapidement vers une autre porte. Ryô venait à peine de s’engouffrer dans ce couloir que l’alerte fut donnée. Il n’entendit pas grésiller les écouteurs restés sur le tableau de contrôle, la sentinelle hurler qu’un intrus se trouvait dans la salle au niveau -1. Le visage soudain décomposé, il n’entendit que cette sirène qui lui fit comprendre instantanément que Kaori avait été repérée.  

 

 


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