Capitolo 13 :: 13. Confrontation et rédemption

Pubblicato: 04-08-03 - Ultimo aggiornamento: 04-08-03

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Le retour à l'appartement se fit dans le silence. Une atmosphère tendue régnait entre Ryô et Kaori. Depuis son réveil, ils ne s'étaient jamais trouvés tous les deux seuls. Chacun avait réussi à ne voir l'autre qu'en compagnie d'une troisième personne. Mais, ce soir ils étaient vraiment tout seuls.  

Tous leurs amis avaient, d'un commun accord, décidé de les laisser ensemble pour leur première soirée à l'appartement.  

Kaori monta ces affaires dans sa chambre et prétexta un mal de tête. Ryô se sentait gêné, mais la situation l'arrangeait quelque part. Encore une fuite, il le savait. Lui, le grand City Hunter avait toujours peur d'avouer ses sentiments à la femme qu'il aimait. Kaori, qu'il avait été si près de perdre.  

Il avait besoin de se détendre. Il monta sur le toit. Le vent était frais. Le soleil se couchait. Extraordinairement, la soirée était lumineuse. Il laissa son regard errer sur la ville. Il était un tueur professionnel, son monde était celui des bas fonds et des coupes gorge. Il nettoyait ce que les gens ne voulaient pas voir. Il respira profondément l'air du soir, sachant pertinemment que ce qui lui donnait l'envie de continuer et de vivre, se trouvait dans la chambre du dessous…et qu'il ne lui dirait peut-être jamais. Il sentit la porte qui s'ouvrait et se fermait. Il entendit ses pas qui se rapprochait de lui et s'arrêtait à quelques mètres de son dos. Un silence.  

"Bienvenue à la maison Kaori", il se retourna.  

Il vit qu'elle le regardait, pour la première fois depuis longtemps directement dans les yeux. Et il y vit une résolution indestructible. Il prit peur. Pour la première fois de sa vie d'adulte City Hunter eu peur. Le vent qui commençait à se lever fit voler leurs cheveux. Mais aucun ne sembla s'en rendre compte.  

Kaori respira profondément. "J'ai à te parler."  

Il aurait pu s'en sortir par une boutade, mais il ne le fit pas. Elle était là résolue, et elle le mettait inconsciemment au pied du mur. C'était ce qu'il souhaitait et redoutait en même temps. Il ne dit rien.  

"- Les derniers événements m'ont appris beaucoup de choses…ou du moins m'ont fait prendre conscience de nouveaux éléments. Des éléments que je gardais au plus profond de moi et qui sont remontés à la surface. De sentiments que je garde enfouis depuis longtemps…depuis près de 10 ans. 10 ans, c'est long dans la vie d'un être humain.  

"C'est trop long", soupira-t-elle en détournant les yeux et on regardant les cimes des toits.  

"Vraiment trop long… Je mettais jurer de ne rien te dire, d'attendre que tu fasses le premier pas, pour être sur que c'était ce que tu voulais, mais cette situation m'épuise et me tue peu à peu. Ce jeu du chat et de la souris…on a passé ce cap, Ryô. Les rares moments de bonheur de suffisent plus. Peut-être que je deviens trop gourmande, il m'en faut toujours plus "lui décrocha-t-elle avec un sourire ironique.  

"Mais le fait d'être en danger réel et de me retrouver dans le coma a changé pas mal de choses…" Elle vit que le regard de Ryô s'était fermé comme si on remuait le couteau dans une plaie douloureuse, aussi enchaîna-t-elle rapidement…"Ces événements devaient se produire tôt au tard et j'en suis sortie vivante…là est l'important. Ainsi que ce qu'ils ont eu comme conséquences…Je t'ai entendu pendant mon coma. Je n'étais pas sur de vouloir rester parmi vous. J'aurais pu revoir mon frère si le paradis existe et puis, je t'enlevais un poids à traîner…"  

Il aurait voulu l'arrêter de dire ça, mais il ne put pas.  

"Et puis, parmi toutes ces pensées qui me détachait peu à peu de cette vie, j'ai entendu ta voix, elle m'appelait. Je n'entendais pas tout, mais une douce litanie venait échouer contre les murs de ma conscience. Progressivement, elle les a fissurés. Tu me racontais nos enquêtes…mais au-delà de cette réalité tu nous racontais, nous. Quoique nous fussions, tu le racontais. Tu te souvenais de tous mes faits et gestes, mes colères et mes faiblesses et je sentais que derrières ces mots il y avait un appel que je n'avais jamais entendu. Et ce dernier m'a donné un espoir fou auquel je me suis raccroché. Quelque chose qui m'empêchait de partir. Quelque chose que je devais vérifier et quelque chose que je devais faire, sinon tout ça aurait été vain. Alors, je suis revenue. Et je suis aujourd'hui devant toi pour ça."  

Elle rougit comme jamais. Faisant un effort sur elle même que peu de gens arrivent vraiment à faire, elle le regarda dans les yeux.  

"Je t'aime Ryô. Même si ce n'est pas réciproque, je t'aime de toute mon âme et de tout mon cœur."  

"Et avant que tu ne puisses dire autre chose, je vais te dire que le seul endroit où je veux être c'est entre tes bras ou à tes cotés, mais jamais loin de ton souffle. Cette vie, je l'ai choisie. Ce n'est pas une vie "normale" mais c'est celle que j'ai choisie. J'ai failli mourir, je sais et ça peut recommencer demain. Mais ni toi, ni personne ne pourra l'empêcher. Je peux me faire renverser par une voiture en allant faire les courses….Et ce ne sera pas parce que je serai la partenaire de City Hunter, ce sera du seulement du à la malchance….Et tu sais ce que regretterais, l'unique chose c'est de ne pas savoir exactement ce que tu ressens pour moi et de ne pas avoir connu ton étreinte." Dit-elle alors qu'elle luttait pour ne pas pleurer.  

"Je suis peut-être trop romantique et j'attends peut-être trop de mes rêveries...mais les faits sont là. Je suis amoureuse de toi, j'aime la vie que j'ai mais je te veux toi…et quel que soit le prix à payer, je l'accepte parce qu'il sera toujours beaucoup moins élevé que la récompense qui va avec."  

Elle était rouge de confusion. C'était sa Kaori, mais c'était aussi quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui avait décidé d'affronter sa plus grande peur…celle de se découvrir devant quelqu'un à qui elle tenait et de ne pas pouvoir savoir ce que l'autre dirait. Ce qu'elle faisait, il n'avait pas le courage de le faire, lui, le grand City Hunter.  

Il aurait voulu se défiler, mais il sentait que ce serait la fin. Elle en avait trop dit pour supporter un nouveau refus ou une nouvelle rebuffade.  

Il se détourna de son regard de sa partenaire et se retourna pour contempler la ville.  

"Tu veux vraiment ça ? Cette vie? Remplie de tristesse, de peine et de mort ? Où chaque minute te rapproche de ton trépas ! Où chaque fois que je survie en réussissant une nouvelle affaire, les risques que tu meures sont augmentés ?"  

"Ce que je veux c'est être avec l'homme que j'aime".  

"L'amour…", finalement il avait opté pour la colère…normalement, cela ne lui arrivait jamais…mais l'occasion était trop particulière, elle lui tenait trop à cœur.  

"Que sais-tu de l'amour ? Tu vis dans un monde barbare…pour toi l'amour ne serait-il pas qu'un moyen d'éviter de voir la réalité ? Que tu ne m'aimes que parce que je suis là, comme un frère…que de peur de tomber tu te sois raccrochée à moi et te persuaderais de m'aimer ? Que sais-tu de l'amour ?"  

"Je sais."  

Il s'attendait à tout sauf à ça. Il s'attendait à ce qu'elle se détourne et parte sans rien lui dire, qu'elle lui donne une gifle magistrale, qu'elle se mette en colère, n'importe quoi, mais pas cette affirmation confiante et sereine.: Je sais...Et lui que savait-il ? Il savait qu'il aurait aimé se retourner et la prendre dans ses bras, il savait qu'il désirait l'embrasser et lui montrer que son amour était réciproque, qui chaque jour il lui consumait le cœur. Il savait tout cela, mais avait-il le droit de le lui dire ? Pourrait-il supporter ce nouvel état des choses, le voulait-il vraiment ? Oui et non, éternel dilemme. Le silence s'était fait entre eux. Kaori interpréta mal les pensées de son partenaire.  

"Je ne serais une partenaire à ton égal...pour ça, il aurait fallu que je meure et ressuscite et ce ne sera jamais le cas. Mais, pendant que Kaliru me tenait en otage, il m'a dit quelque chose. Et je tiens à ce que tu le saches. Il m'a dit que si je n'avais pas été une femme et la partenaire de City Hunter, il m'aurait imploré de rejoindre leur groupe. Ce que je réussissais à faire avec mes pièges et mes techniques d'attaque le laissait pantois. Il m'a donné ce que je voulais depuis longtemps : la reconnaissance que je pouvais survivre seule dans ce monde…que je ne serais pas éternellement un boulet pour toi."  

Ryô était scié. C'était un bandit qui avait tenu entre ses mains la vie de Kaori qui lui avait donné la reconnaissance. Ce n'était pas lui. Il serra les poings. Que pouvait-il faire d'autre ? Quelque chose l'empêchait de se laisser aller. La peur de revoir Kaori à terre, sans vie, par sa faute. Cette image l'obsédait et il savait que ça risquait de le perdre. Pourquoi ne pas l'éloigner une fois pour toute ? Revenir à sa vie d'avant : courir les filles, n'accepter que des travaux de la part de belles femmes, se soûler tous les soirs, essayer de tirer des coups de temps en temps, redevenir l'ange de la mort ? Il savait que tout cela ne lui faisait plus autant plaisir en soi. Le plaisir venait de la réaction disproportionnée de Kaori. Le fait de la savoir à l'attendre avec un marteau, d'entendre son souffle régulier quand elle dormait, apaisant toutes les visions d'horreurs qu'il avait connues. Depuis qu'il vivait avec elle, les cauchemars avaient diminué. La renvoyer le ferrait redevenir un zombie, un tueur sans cœur, mais elle serait en vie. Malgré la déclaration de la jeune femme, il ne pouvait s'empêcher d'y penser. Une phrase de lui et il la repousserait à jamais. City Hunter disparaîtrait et il disparaîtrait avec lui.  

Kaori avait suivi le raisonnement de son partenaire. S'il ne voulait pas qu'elle meure par sa faute, elle ne voulait pas qu'il meure par la sienne. Mais tout ca n'était que des excuses pour éviter de souffrir véritablement. Elle le savait maintenant.  

" La vie se termine un jour ou l'autre Ryô, tu le sais mieux que quiconque, mais l'important c'est la façon dont tu la remplies et avec qui…" Elle commençait à se sentir bête de lui parler comme une gamine de 19 ans. Elle avait été persuadée que c'était ce qu'elle devait faire mais maintenant elle ne savait plus. Il s'était mis en colère, il serrait les poings et s'apprêtait à la blesser, elle le savait. Devait-elle rompre le combat, encore une douloureuse fois? Le silence devenait pesant. Un silence qui n'avait jamais exister entre eux. Un silence qui se remplissait de leurs peurs d'avancer, de changer.  

Il s'avança lentement vers elle. Il s'arrêta à un cm. Leur nez se touchait presque.  

L'homme la regarda dans les yeux. Elle ne pouvait rien y lire. Son cœur battait si fort, qu'elle pensait qu'il allait bientôt éclater. Elle était devenue encore plus rouge. Elle sentait le souffle de Ryô sur son visage. Elle ne pensait à rien, elle s'était perdue dans le regard de son partenaire.  

"- Il n'y aura pas de retour possible, Kaori. C'est vraiment ce que tu veux ?" lui souffla-t-il lentement.  

Sans détacher ses yeux de ceux de son partenaire, la jeune femme acquiesça lentement.  

"- Et toi, c'est vraiment ce que tu veux ?" Lui répondit-elle sur le même ton.  

Ryô sut que c'était l'unique question qui importait. Celle que personne, pas même lui ne s'était posé et qui, enfin, le libérait. Il la voulait et elle le voulait. C'en était devenu douloureux physiquement et intellectuellement de ne pas répondre à leur propre sentiment.  

Délicatement il déposa un baiser sur sa bouche.  

Kaori en fut surprise. Elle l'espérait depuis si longtemps. Un vrai baiser, sans rien pour les séparer, les deux totalement conscients. En même temps, elle fut surprise. Elle s'attendait à ce qu'il biaise et l'embrasse sur le front, comme à son habitude. Mais le baiser se fut plus insistant, plus charnel.  

Elle goûtait les lèvres de Ryô. Elle sentait sa langue qui cherchait la sienne. Son goût était unique et pourtant il lui semblait toujours l'avoir connu. Et n'avoir vécu que pour cet instant. Laissant son cœur et ses émotions prendre complètement possession d'elle, elle se laissa aller et répondit à son baiser, tout en fermant les yeux.  

Ryô embrassait enfin Kaori.  

C'était unique. Il avait déjà embrassé bien des femmes, mais avec Kaori c'était indescriptible. C'était comme si le monde s'ouvrait devant lui. Un monde rempli de tendresse et de promesses. Ce n'était pas son instinct qui parlait, c'était son cœur et c'était son être profond. Il comprenait qu'enfin il s'était réconcilié avec la vie.  

Mais il ne voulait pas la brusquer. Kaori n'avait aucune expérience. Même si son corps le poussait à continuer, il ne voulait pas la forcer, il voulait aller à son rythme à elle. Il se détacha donc d'elle.  

Kaori tressaillit. L'arrêt du baiser semblait être une blessure, une amputation, comme si on lui avait retiré l'oxygène de ses poumons. Elle ouvrit les yeux et le regarda.  

Ryô avait senti le tremblement de la jeune femme et dans son regard il y découvrit de la peine.  

"- Qu'y a-t-il, Kaori ?"  

"- Serait-ce l'unique baiser que j'aurai de ta part ? Etait-ce un baiser d'adieu ?"  

Il lui sourit tendrement. Il avait voulu la protéger et, en fait, elle avait mal interprété son geste. Cela ne se reproduirait plus.  

"- Non, je te promets que c'est le premier d'une longue série…Et tu sais que je tiens toujours mes promesses."  

Il se rapprocha de nouveau et l'embrassa avec plus de passion. Cette fois-ci tout leur corps réagit à l'unisson. Leurs caresses se firent plus insistances, plus demandeuses d'intimité.  

Ce fut Kaori qui rompit le contact.  

"- Ryô, j'ai chaud et j'ai froid en même temps" lui décocha-t-elle avec un sourire resplendissant. Le soleil était maintenant couché.  

"- Tu as raison, nous serons mieux à l'intérieur."  

Il lui prit la main et l'entraîna vers la porte.  

La dernière chose qu'elle dit, ce soir là, sur le toit de leur appartement fut :  

" Nous avons tant de temps à rattraper."  

Il l'entendit et acquiesça avec passion. Ils allaient déjà en rattraper une infime partie ce soir.  

EPILOGUE  

Ryô n'arrêta pas pour autant ces pitreries. Il essayait toujours de séduire les jeunes femmes dans la rue et traitait Kaori de garçon manqué. Elle lui envoyait des coups de massue impressionnants. Mais dans leur regard se glissait une petite flamme que seul l'autre pouvait voir. Une flamme qui montrait leur amour et la promesse d'intimité.  

Vous voulez savoir, s'ils se sont mariés et ont eu des enfants, comme dans tous les contes de fée ? Est-ce vraiment important ? Rappelez-vous seulement que Ryô était arrivé à se sortir de la guerre et était devenu nettoyeur professionnel, que la présence de Kaori avait transformé un animal prêt à mourir en un homme qui voulait vivre…Maintenant, ils étaient deux...on dit que c'est la plus grande force du monde…alors est ce que ca ne suffit pas ?  

FIN 

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