Capitolo 5 :: L'acte désepéré de la dernière chance

Pubblicato: 15-01-08 - Ultimo aggiornamento: 07-10-13

Commenti: Bonjour tout le monde. Me revoici avec la suite. On arrive presque à la fin de l'histoire. J'espère que ce châpitre vous plaira autant que les autres. Merci beaucoup pour vos encouragements qui m'ont fait super plaisir et m'ont poussé à rajouter un chapitre. Donc voilà vous avez gagné un châpitre supplémentaire. Je vous dis à bientôt et vous souhaite une bonne lecture. Bisous

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Kaori était décidée, rien ne la ferait revenir en arrière, non rien. Elle mit alors son pied sur la première des 4 barres de la rambarde et enjamba la suivante puis la suivante jusqu'à se retrouver derrière celle-ci. Tous avaient le regard porté sur Ryo qui s'éloignait d'elle, tous sauf Mick qui ne pouvait ôter son regard des épaules affaissées de Kaori. C'est alors qu'il la vit passer de l'autre côté de la rambarde. Il fit alors un pas en avant réalisant ce qui se passait et leva un bras en avant vers elle comme pour la rattraper, comme si de là où il était il avait pu intervenir.  

_Kaori, fais pas ça se dit-il presque à voix basse, Kaori NOOOOOOOOOOOONNNNNNNNN hurla-t-il en se jetant en direction du bord de mer. Il ne cessait d'hurler alertant les autres qui se tournèrent alors vers elle.  

Ryo vit alors Mick courir droit sur lui, à cet instant il ressentit comme une décharge électrique le traverser de part en part. Il se tourna alors comme au ralenti avec la peur au ventre de voir ce qu'il allait découvrir. Il vit Kaori derrière la rambarde, tenant fermement la barre qui la maintenait à terre. Elle releva alors la tête, et croisa son regard quelques secondes. Elle ne semblait pas avoir peur bien au contraire, elle semblait rassurée et confiante alors qu'elle s'apprêtait à faire ce qu'elle allait faire, avant de lâcher prise et de faire un pas en arrière. Tout se passa très vite, trop vite pour Ryo qui n'eut même pas le temps de faire le moindre geste, ni d'analyser la situation. Il la vit juste lui sourire avec confiance avant qu'elle ne disparaisse dans les profondeurs glaciales de l'océan. Mick passa à ses côtés sans prendre la peine de s'arrêter à sa hauteur. Il agrippa à son tour la rambarde et passa une partie de son corps au dessus afin de voir Kaori, mais rien l'obscurité englobait tout. Il ôta alors son manteau et ses chaussures puis se jeta à son tour à l'eau. Ce n'est qu'aux cris stridents de Kazue et de Miki que Ryo sortit de sa torpeur pour se jeter à son tour au bord de la rive.  

_Mon dieu qu'est ce que j'ai fait pensa-t-il en croisant le regard doux et rassurant de son ange. Non hurla-t-il à son tour. C'était un cri déchirant et plein de violence. Pourquoi Kaori ? Pourquoi? se dit-il à lui même alors qu'il en connaissait déjà la réponse  

Kaori s'était laissée tomber avec résignation me direz-vous, non,elle s'était laissée tomber avec confiance. Elle avait d'abord senti le froid glacial l'envelopper de ses longs bras, mais au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans ses profondeurs, elle sentit comme une douce chaleur diffuse se propager dans tout son corps. Elle se sentait à la fois lourde de part son manteau mais en même temps très légère par ce que libérée. C'était comme-ci elle avait été droguée, elle se sentait étrangement bien, ne semblant presque pas réaliser dans quelle situation critique elle venait de se jeter. Malgré cela, elle ne paniqua pas, elle se laissa glisser vers le bas sans tenter le moindre geste pour revenir à la surface. Non, cette fois-ci c'était à lui d'agir et pour qu'il comprenne une bonne fois pour toute qu'il ne se débarrasserait d'elle que par ce moyen, elle se laissa bercer par la mer qui l'accueillait avec envie dans ses profondeurs. Oui, voilà jusqu'où allait sa confiance en son partenaire, car à cet instant et plus que jamais elle avait confiance en lui. Il l'avait sauvée à de nombreuses reprises et ce soir encore il la sauverait. Elle avait agi de façon impulsive certes, mais sur le moment cela lui avait paru être la meilleure solution, le mettre face à ses peurs pour qu'il les affronte au lieux de les fuir, de la fuir elle et leur vie. Oui elle n'avait vu que ce moyen pour lui faire ouvrir les yeux, et si cela ne fonctionnait pas alors rien ni personne ne pourrait le convaincre et le faire revenir sur sa décision.  

Ryo ne sortit de sa torpeur qu'en entendant les cris de Kazue et de Miki. Lorsqu'il atteignit les bords du quai et qu'il ne la vit pas, son coeur rata un battement. Kaori venait de sombrer dans l'océan glacial, emportant avec elle ses espoirs et son amour pour lui. Sans perdre une seconde de plus, il se jeta à son tout tout habillé dans l'eau, il prit une profonde respiration puis commença à battre des mains et des pieds afin de descendre dans ces profondeurs qui avaient englouti son ange. L'eau était sombre et glaciale, si bien que tout comme Mick il dut très vite remonter à la surface.  

_Tu l'as vue cria Ryo à l'attention de Mick affolé en regardant tout autour de lui afin de voir un indice.  

_Non, on y voit rien.  

_Faut la trouver et vite.  

Les deux hommes replongèrent alors mais très vite ils remontèrent à la surface, le froid commençait à avoir raison d'eux. Si le froid avait un tel effet sur eux alors qu'en était-il de Kaori? Ils ne cessaient de plonger et de remonter bredouilles encore et encore, mais aucun des deux hommes ne céda à la panique. Non, Ryo se l'interdit malgré la gravité du moment et la peur irraisonnée de son coeur. Il ne devait surtout pas penser, juste la retrouver et la ramener à la surface. Ne pas penser, ne surtout pas culpabiliser pas maintenant, plus tard oui mais pas tant qu'elle serait sous l'eau. Il se devait de rester lucide afin de garder le contrôle de ses sentiments et surtout de lui pour ne pas céder à la pression que le froid exerçait sur son corps. Mick était dans le même était, il restait de moins en moins longtemps sous l'eau et sa respiration était bruyante presque suffocante. Leurs membres à tous deux commençaient à s'engourdirent signe que le froid triomphait de leur résistance et de leur volonté. Pour Ryo il était hors de question de sortir de l'eau sans sa partenaire quitte à y laisser à son tour la vie et de mourir de froid.  

Jamais il n'avait été confronté à une telle situation, une situation où Kaori s'était volontairement mise en danger. Enfin si elle l'avait fait à de nombreuses reprises mais toujours avec pour but de protéger et sauver leur cliente ou bien lui. Là, ce n'était pas le cas, elle venait de mettre sa vie en péril pour rien, pour rien, enfin si juste pour des mots, pour avoir le dernier mot quant à leur confrontation. Il état habitué à en sortir toujours vainqueur, Kaori cédait la plupart du temps mais pas cette fois-ci. Elle voulait lui montrer qu'il avait tord et même si pour cela elle se devait de passer par sa propre mort. Elle abandonnait une fois pour toute la bataille. La résignation l'avait gagnée. Où lui ne voyait que résignation et tentative désespérée, elle ne voyait que confiance et amour. Elle savait que ce qui allait la sauver était l'amour qu'il lui portait malgré toutes ses paroles contraire, elle en était persuadée.  

Kaori laissa derrière elle une traînée de petites boules d'oxygène dernier signe de sa vie qui s'éloignait peu à peu des rivages du commun des mortels. Elle n'avait plus d'oxygène, elle était au bord de l'asphyxie, elle n'avait pas d'air dans ses poumons. Peut-être s'était-elle trompée, peut-être que Ryo avait raison et qu'elle l'idéalisait, elle voyait en lui un surhomme là où il n'y avait qu'un homme? Peut-être que ce soir elle allait mourir rendant les paroles de son partenaire véridiques. Ils ne pouvaient pas se quitter ainsi, non pas comme cela, par sur cette fin. Elle ressentit comme des picotements dans tout son corps, elle tenta bien un geste mais ses membres gelés ne purent rien contre l'intensité de ce froid qui l'avait entièrement recouverte. A bout de force, elle se laissa aller dans une ultime tentative afin de remonter à la surface, mais il était déjà trop tard, de violentes convulsions se saisirent d'elle l'emportant dans un ultime souffle. Il ne la sauverait pas, pas cette fois, ........elle avait échoué. Elle avait perdu alors à quoi bon lutter, elle flottait à présent, la noyade avait eu raison d'elle et de sa confiance en l'être aimé.  

_Combien de temps Mick demanda Ryo d'une voix tremblante?  

_Trois ou quatre minutes lui répondit celui-ci d'une voix saccadée. On y retourne.  

Ils replongèrent en même temps mais, cette fois ci ils restèrent bien plus longtemps sous l'eau comme s'ils avaient su que c'était leur dernière chance, de la retrouver, leur dernière chance pour la sauver. Mick tout comme Ryo s'enfoncèrent encore et encore dans les profondeurs de cet océan auquel Kaori venait de s'offrir. Ryo malgré le manque d'oxygène continua de descendre avec Mick. C'est là qu'ils l'aperçurent flotter. Le fait de la voir ainsi, le corps inerte et sans vie, décupla leur force. Ils se jetèrent sur elle, Mick fut le premier arriver sur Kaori, il passa son bras autour de sa taille et commença à remonter à la surface avec son précieux fardeau tout contre lui. Ryo sentit une rage terrible fondre en lui à la vue du corps inanimé de son ange. Mick arriva enfin à la surface. Il prit une profonde inspiration afin de remplir ses poumons d'oxygène et attira Kaori tout contre lui. Elle avait son dos tout contre son torse puis ramena sa tête en arrière. Il posa alors sa main sur son cou afin de sentir son pouls mais rien. Ryo remonta à son tour à la surface et face au geste de Mick, son sang se glaça.  

_Elle respire osa-t-il alors demander?  

_Non.  

Ryo nagea jusqu'à lui et lui prit Kaori des bras.Il devait absolument la sortir de l'eau. Il l'entraîna jusqu'au rivage suivit de prés par Mick. Falcon se tenait debout sur le quai avec les deux femmes qui ne cessaient de se triturer les doigts d'angoisse. L'obscurité de la nuit les empêchaient de voir quoi que ce soit, seul les clapotis de l'eau émis par Ryo et Mick leur donnait plus où moins une idée de la situation. Ryo arriva à sa hauteur et lui tendit Kaori qu'il prit avec des gestes pleins de délicatesse. Il posa un genou à terre afin de mieux la maintenir tout contre lui puis lui ôta son manteau qui pesait une tonne.  

_Miki fit-il à l'attention de sa femme.  

Celle-ci se précipita sur la voiture et en revint avec une couverture. Falcon tenait toujours Kaori tout contre lui, il s'était refusé à la poser à même le sol. Miki étendit alors la couverture et falcon la posa doucement dessus. Pendant ce temps Mick et Ryo étaient parvenus à sortir de l'eau et avaient retrouvé le groupe autour de Kaori. Le visage de Kaori terrifia Ryo. Elle avait les lèvres violettes et était d'une extrême pâleur, tout son visage était presque violet bien que ses cheveux le lui cachaient. Peut-être l'était-il avec l'obscurité, il était difficile de cerner réellement les choses et encore moins les couleurs.  

Kazue prit alors la relève. Elle tenta de prendre son pouls mais rien. Son organisme avait été privé d'oxygène durant de longues minutes mais dans son malheur elle avait eu la chance d'être dans l'eau glacée. Elle était en hypothermie.  

_Elle ne respire plus.  

En entendant cela Ryo crut mourir. Il se laissa tomber à genoux devant elle et lui déchira la robe dévoilant ainsi sa poitrine. Voyant où il voulait en venir Kazue se mit en position. Elle lui ferait le massage cardiaque pendant que lui s'occuperait du bouche à bouche. A chaque fois qu'il emplissait ses poumons d'air pour poser ses lèvres, sur les douces lèvres glacées de son ange Ryo la fixait du regard espérant apercevoir un signe de vie de sa part, mais rien du tout. Tous deux s'activaient à la tâche pendant que Falcon était allé récupérer le 4X4. Il avait abaissé les sièges à l'arrière et gara le véhicule juste à côté du corps sans vie de Kaori.  

_Allez Kaori reviens, je t'en prie la supplia Ryo d'une voix déchirée par la peur.  

Non, ça ne pouvait pas se terminer de la sorte, pas aussi bêtement pas sans qu'il lui ait avoué de vive voix qu'il l'aimait. Non Kaori, pas comme cela, elle n'avait pas le droit. Il n'avait pas fait tout cela pour ce résultat là.  

_Allez bats-toi Kaori, reviens-moi je t'en prie lui dit-il en collant son front tout contre le sien. Il lui avait chuchoté cela mais tous avaient pu l'entendre et l'intonation de sa voix n'avait leurré personne. Il souffrait réellement.  

La voix de Ryo reflétait une immense souffrance, souffrance d'assister impuissant à la mort de son ange. Il éprouva une peur terrible, la peur de la perdre. Son pire cauchemar venait de se réaliser. Il assistait à sa mort, il venait de lui donner la mort, pas de façon directe. Il était celui qui l'avait poussée à bout, oui il l'avait poussée à l'eau. Les secondes puis les minutes s'égrenèrent sans aucun changement. Plus le temps passait et plus les chances de la voir se réveiller et revenir vers lui s'amenuisaient.  

_Faut l'emmener à l'hôpital dit alors Falcon qui s'interposa entre Kaori et les soins prodigués par Ryo et Kazue.  

Il la prit dans ses bras, prenant soin que celle-ci reste bien couverte et la posa à l'arrière du véhicule. Kazue et Ryo reprirent leur place auprès de Kaori sans relâcher leurs efforts alors que Miki et Mick prirent position à l'avant du véhicule. La pression fut-elle que les gestes de Ryo devinrent peu à peu moins contrôlés si bien que Mick voyant cela passa à l'arrière et prit sa place afin de reprendre le bouche à bouche. La voiture arriva enfin devant la clinique du doc. Ryo et Mick étaient complètement gelés et malgré les frictions que Miki exerçaient sur leurs corps ils ne semblaient pas se réchauffer. Ce fut Falcon qui une nouvelle fois prit Kaori dans ses bras pour la poser sur un brancard que Kazue conduisit en salle d'intervention.  

Ryo avait refusé que doc l'examine tout comme Mick. Ils s'étaient juste contentés de se changer et de s'enrouler dans une couverture chauffante. Miki leur apporta une tasse de café à chacun. La tension qui régnait dans la salle d'attente était vraiment palpable. N'y tenant plus Mick se rapprocha de Ryo.  

_Qu'est ce que tu lui as dit Ryo? La voix de Mick avait un timbre méchant et sec, dur et intransigeant. Ryo ne lui répondit pas, comme s'il n'avait pas entendu sa question trop absorbé par ce qui se passait dans la salle à côté.  

_Qu'est ce que tu lui as dit Ryo pour qu'elle en arrive à de telles extrémités, pour qu'elle en arrive à vouloir se suicider ? Fou de rage devant le mutisme de son ami, Mick lui sauta au cou et lui enserra le col de son t-shirt.. Son regard montra à Ryo qu'il ne plaisantait pas. Il était en colère contre lui et cette colère était justifiée.  

_Mick, lâche -le tonna alors la voix de Falcon.  

Face au regard absent de son ami, Mick relâcha prise sans ôter ses mains du col de Ryo. C'est cet instant que choisirent Doc et Kazue pour faire leur entrée brisant cette atmosphère si lourde et si pesante presque haineuse.  

_Comment va-t-elle demanda Miki en leur sautant presque dessus?  

_Ca a été dure de la ramener. Elle est sous respirateur artificiel, elle est restée trop longtemps privée d'oxygène.  

En entendant cela, Ryo qui se tenait tout contre le mur, sentit ses jambes chanceler. Il se laissa glisser au sol à bout de force tout contre le mur.  

_Non , elle ne peut pas me laisser, pas ma Kaori se dit-il à lui même.  

Il aurait voulu cirer sa rage mais rien ne voulut sortir de sa bouche, c'était comme si en laissant exprimer sa peine il acceptait le sort de Kaori et cela il s'y refusait. Il n'avait pas fait cela pour rien, il n'avait pas tué son amour pour elle en lui disant tout cela pour qu'elle meurt ainsi, de cette façon. Non, cela ne devait pas se passer ainsi. Il l'avait menée exactement là où il avait voulu, il avait bien mené sa barque. Il lui avait fait prendre conscience que malgré toute sa patience et tous ses efforts la vie avec lui ne serait jamais comme elle l'espérait, jamais celle d'une femme normale de son âge avec tout ce que cela comportait, maison, mari et enfants mais plutôt une lutte permanente, une lutte pour rester en vie, une lutte sans espoir d'y voir triompher l'amour, car l'amour n'était qu'un leurre, la carotte qui faisait avancer les gens.  

Mais quelque part, peu importe le sens qu'ils lui donnaient du moment qu'ils avançaient, comme elle l'avait fait avancer lui. Il l'avait poussée dans ses derniers retranchements, c'était comme s'il lui avait murmuré à l'oreille de sauter, comme s'il l'avait poussée de ses mains quelque part. La culpabilité le gagna alors se mêlant à cette terrible douleur qui lui étreignait la poitrine. En la quittant, il avait cru avoir gagné la partie, mais il était loin du compte et loin des pensées de Kaori. Elle était allée au bout d'elle même pour lui, juste pour lui ouvrir les yeux, juste pour lui prouver qu'il avait tord, juste pour lui prouver la force de son amour. Oui ,elle était prête à tout pour lui, elle venait de lui en donner la preuve. Prête à se sacrifier pour qu'enfin il voit la vérité en face. C'était en même temps terriblement beau et romantique mais aussi effrayant et irréel. Elle ne pouvait pas vivre sans lui tout comme lui ne pouvait pas vivre sans elle. Ce constat lui fit alors prendre conscience qu'elle avait failli mourir pour lui juste pour lui faire ressentir ce sentiment si particulier que c'est d'être en vie.  

La douleur lourde et lancinante de ce dernier regard lui revint alors à l'esprit l'instant exact où tout s'était joué. Elle s'était battue avec force, elle s'était battue pour eux, pour elle mais surtout pour lui. Lui qui ne le méritait pas, lui qui ne la méritait pas. Sur l'instant, il avait ressenti comme une nouvelle liberté de lui rendre la sienne, mais très vite elle s'effaça pour faire place au manque. Elle avait lutté jusqu'au bout, elle n'avait pas renoncé à aucun instant contrairement à lui qui comme toujours avait choisi la solution de facilité à savoir la fuite, préférant la laisser mener le combat, elle avait lutté dans le seul but de vaincre et qu'avait -elle gagné à la fin? C'était de sa faute à lui et rien qu'à lui. Il lui avait volontairement ôté tout ce à quoi elle tenait, sa vie, son amour pour lui, ses espoirs, il lui avait tout pris, jusqu'à cette confiance aveugle qu'elle mettait en lui. Oui, il venait de la rompre en ne la sauvant pas. Plus il réfléchissait, plus il repensait à sa discussion houleuse avec Kaori et plus la culpabilité s'insinuer dans ses veines comme un poison.  

Il avait paré chacune de ces attaques tout comme elle afin de la faire partir, de lui faire prendre conscience que rien de bon ne sortirait de leur histoire alors que s'il lui avait ouvert son coeur tout aurait été si différent. Il n'avait pu assumer ses choix face à elle, ni ses sentiments à son égard, il avait juste pu se trouver des excuses et des justifications afin de s'éloigner d'elle. Alors que lui avait parlé avec sa tête, Kaori elle avait parlé avec son coeur espérant le toucher et elle y était parvenue alors il avait préféré laisser la place au professionnel plutôt qu'à l'homme. Ces dernières paroles ne cessaient de raisonner dans sa tête: " tu ne me laisses pas le choix, mais je ne t'en veux pas" . Elle l'avait fait pour lui, à cause de lui. Cet acte innommable c'était de sa faute à lui. Il se releva alors, s'en préter plus d'attention aux paroles de doc, il quitta la salle d'attente sous les regards de tous et se rendit dans la chambre de Kaori d'un pas presque chancelant. Elle était si pâle que c'en était terrifiant. Il fit quelques pas afin d'arriver à sa hauteur et lui caressa d'une main tremblante sa joue. Elle était gelée malgré la couverture chauffante et le chauffage de la chambre. Il se pencha alors sur elle, déposa un baiser sur son front puis colla son front tout contre le sien.  

_Je t'en prie Kaori n'abandonne pas, ne me laisse pas seul....  

Il lui dit cela d'une voix étranglée par l'émotion ressentie mais surtout par la douleur. Il prit la chaise à côté d'elle et la veilla durant deux jours où aucun changement ne se fit. Il laissa un message sur le répondeur de Sayuri lui annonçant la gravité de l'état de Kaori. Il avait été soulagé d'être face à cette machine et non à Sayuri. Il n'aurait pas su, pas supporté ses cris, ses reproches, ses remontrances et surtout ses pleurs. Il ne mangea rien durant ces deux jours, il se contenta de boire café sur café, cela le maintenait envie.  

Au bout de ces deux jours Kazue parvient à le persuader de rentrer chez lui, juste pour prendre une douche, se raser, se changer et dormir quelques heures.Face à l'insistance de la belle et infirmière et surtout pour se retrouver seul et ne plus subir leur regard, il avait cédé. A l'instant où il franchit la porte de sa chambre, la culpabilité l'assaillit de nouveau. Il se devait de faire vite, il ne voulait pas la laisser seule. En rentrant chez lui, il fut confronter à la réalité de sa vie et de l'instant. Il fut confronter à la réalité des paroles de Kaori et à la seule évidence qui lui incombait sur l'instant.  

Le vide de cet appartement, appartement qui lui parut subitement immense. Le désespoir la gagna alors ainsi qu'une immense solitude, la solitude d'avoir voulu se retrouver seul ici même.Il aurait du être heureux. N'était ce pas ce qu'il voulait, ce à quoi il avait aspiré en la poussant dans ses limites. Il avait peur, peur de ne plus jamais la revoir ouvrir les yeux, peur de ne plus jamais entendre son rire cristallin, peur de lui survivre. Lui qui n'avait jamais peur, avait peur là sur le palier de son appartement. Avec Kaori c'était toute sa vie qui disparaissait, il le réalisa enfin. Elle avait raison sur tout, il n'avait réellement commencé à vivre qu'à son contact, il avait su ce que signifiait ce tout petit mot vivre auprès d'elle. Il voulait entendre de nouveau ses cris, ses pas lourds après une dispute, il avait besoin de ses coups de massues, et de ses claquements de porte à elle, oui il avait besoin de tout ce qu'elle lui apportait jour après jour. Tout cela lui était nécessaire et vitale, c'est ce qui constituait sa vie à présent . Il voulait l'entendre de nouveau lui crier dessus par ce qu'il laissait traîner ses magasines de charme dans tout l'appartement et plus que tout il avait besoin de revoir son sourire pour continuer d'avancer. Lui qui ne croyait pas en l'espoir réalisa que son espoir à lui c'était elle, peu importe la forme qu'on lui donnait du moment qu'il vous fait avancer, elle était sa carotte. Il était bien semblable au reste de la population. Pour elle, il avait abandonné l'incertitude d'une vie au jour le jour pour la sécurité d'un couple et d'une vie de famille car elle était sa seule famille, les plaisirs de la chair pour un amour pur et sincère, l'emprisonnement du fait de son passé pour une liberté nouvelle chaque jour. Oui, elle avait raison sur toute la ligne, ils étaient bel et bien un couple à la seule différence que comme l'avait dit son ange, ils ne partageaient pas le même lit.  

Non, cela ne pouvait pas et ne devait pas se terminer ainsi, pas sans qu'elle sache réellement les sentiments qu'elle lui inspirait, pas en s'étant quittés de la sorte sur une dispute. Elle lui avait sauvé la vie et lui venait de lui donner la mort par ses mots et son comportement. De rage, il frappa de son poing le mur. Le sang se mit alors à couler mais il n'en ressentit aucune douleur. S'il lui avait menti sur ses sentiments c'était certes pour la protéger elle, mais surtout pour se protéger lui, ne pas subir de nouveau une perte, la plus cher à son coeur qui lui aurait été, qui lui serait fatale.  

Il monta à l'étage, prit une rapide douche et sortit de la salle de bain avec une serviette nouée autour de la taille. Il alla s'habiller et quitta sa chambre pour regagner le premier. En passant devant la chambre de sa partenaire, il s'y arrêta et en poussa la porte du bout de ses doigts. Il y jeta un rapide coup d'oeil sans y entrer . Elle était encore pleine de son odeur et de son essence, pleine de vie, tout ne pouvait pas s'arrêter ainsi, non, pas ainsi. Il regagna le premier et alla dans la cuisine. Il se fit du café seul breuvage qu'il s'autorisait depuis deux jours et un mangea un morceau avant de quitter et la cuisine et l'appartement pour l'hôpital.  

Comme il maudissait cette soirée et surtout comme il se maudissait lui même. Depuis cette nuit sur le port et l'acte désespéré de son ange, il ne faisait que repenser encore et encore à cette scène se persuadant que les choses auraient pu être différentes si seulement il avait agi autrement et parlé avec son coeur plutôt qu'avec sa raison. Tout était de sa faute à lui, et elle n'avait fait qu'agir en conséquences de l'absence de choix qu'il lui avait imposé. Il descendit de sa voiture et se grilla une cigarette avant de regagner l'établissement. Il ne la fuma d'ailleurs pas entièrement juste deux ou trois bouffées avant de l'écraser sur le sol. Kaori détestait lorsqu'il fumait. Pourquoi cela le préoccupait-il à présent alors qu'en temps normal il ne s'en était jamais soucié même s'il ne fumait plus dans l'appartement juste pour éviter ses massues? Décidément elle avait plus d'emprise sur lui qu'il ne lui avait laissé croire. Il poussa la porte de la clinique et vit doc dans le couloir qui parlait à une infirmière.  

_Alors du nouveau!  

_Oui, elle a repris connaissance.  

Le soulagement que refléta tout le visage ainsi que le regard de Ryo n'échappa pas à doc. En entendant cette nouvelle il fit un pas en avant et s'arrêta subitement. De nouveau son esprit recommençait à cogiter mais doc stoppa net ses réflexions, ce n'était surtout pas le moment qu'il replonge dans les afflictions tortueuses de son esprit.  

_Tu tiens plus à elle que tu ne veux bien le dire.  

_C'est plus compliqué que cela.  

_Tu as raison pour qu'elle en arrive à de telles extrémités pour attirer ton attention ça ne peut être que compliqué, et en plus avec toi, doublement compliqué.  

_Qu'est ce que je dois comprendre?  

_Tu as très bien compris Ryo. Et de toi à moi si tu ne veux pas d'elle je veux bien me sacrifier pour la cause.  

_Si tu la touches vieux fossile lui dit-il en prenant le vieux praticien par le col.  

_Qui est ce que tu traites de vieux fossile espèce de gringalet irrespectueux? C'est bien ce que je disais. Tu as failli la perdre Ryo, la vie et courte alors ne la gâche pas ainsi bêtement. Soit franc et clair avec elle mais ne te cache pas derrière des excuses ou encore une promesse. Si tu ne peux pas, si tu ne veux pas être sincère avec elle alors mieux vaut pour elle que tu la laisses partir une bonne fois pour toute avant que cette situation ne vous détruise tous les deux, elle comme toi.  

_Je peux la voir.  

_Oui elle dort, mais oui tu peux y aller. Et à son réveil évite de lui sauter dessus et de l'accabler.  

Ryo gagna alors la chambre de Kaori. Elle dormait, sa respiration était lente et régulière ce qui fit sourire notre nettoyeur. Lui qui avait eu si peur, sentit son coeur de nouveau se gonfler, d'espoir et d'amour. Il la regarda durant de longues minutes, sa poitrine se soulevait et s'abaissait, cela avait le don de le rassurer. Il prit place sur un siège et prit sa main dans la sienne. Elle était encore gelée. Il se mit alors à les frictionner de son pousse. Comme il aimait pourvoir la caresser ainsi, cela était si rare il ne se permettait cela que lorsqu'elle dormait. Il resta à la veiller ainsi durant deux jours où elle ne fit que dormir ce qui l'inquiéta. Doc le rassura lui disant que son corps devait récupérer.  

Au bout du troisième jours, il décida de rentrer à l'appartement lui chercher des vêtements. Doc lui avait dit que comme son état s'était stabilisé et qu'elle était hors de danger il pourrait la laisser sortir trés prochainement. Il devait juste lui faire passer quelques examens pour s'en assurer. Lorsqu'il regagna la chambre de Kaori il ouvrit lentement la porte et passa sa tête croyant qu'elle dormait mais celle-ci était en pleine conversation avec Miki. Lorsqu'elle vit la porte s'ouvrir elle se tourna vers la porte et croisa le regard de son partenaire. Elle avait retrouvé toutes ses couleurs mais son regard était différent.  

_Bonjour Kaori lui dit-il en poussant la porte.  

Les deux femmes levèrent la tête dans sa direction. Se sentant ainsi dévisagé, il osa un pas en avant et franchit le seuil de la porte de sa chambre.  

_Je vous dérange!  

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