Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteurs: Lifetree , Tamia62

Beta-reader(s): Mopsime, Tamia62, Lifetree

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 22 chapitres

Publiée: 13-10-06

Mise à jour: 16-03-07

 

Commentaires: 279 reviews

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RomanceHumour

 

Résumé: Un nouveau contrat pour le moins surprenant amène Ryô au Baiser du Dragon, le club de striptease le plus en vogue de la ville...

 

Disclaimer: Les personnages de "Séduis-moi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Les quelques chansons qui apparaitront appartiennent également à leurs auteurs

 

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   Fanfiction :: Séduis-moi

 

Chapitre 12 :: Le vrai visage de Saeko

Publiée: 05-01-07 - Mise à jour: 05-01-07

Commentaires: Nous voilà de retour après notre petite interruption de fin d'année. Surtout n'hésitez pas à vous rafraîchir la mémoire en lisant le chapitre précédent qui vous réchauffera très certainement les neuronnes ! Et maintenant place à la suite de cette aventure et plus particulièrement de cette nuit plus qu'inattendue pour nos deux intéressés ! Bonne lecture et encore merci à toutes nos revieweuses pour leurs encouragements ! Kiss, Life.

 


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Chapitre 12 – Le vrai visage de Saeko  

Auteur : Life  

 

Le visage de Ryô se contracta légèrement. Avait-il bien entendu ? Elle avait bien dit « Hideyuki » ?… D’accord, il entrevoyait un peu le problème. Elle venait de ressentir quelque chose de très fort avec Bagheera et cela avait fait sans aucun doute remonter des sentiments longtemps oubliés. Ou refoulés. Elle avait tellement bien caché son jeu pendant toutes ses années, qu’il ne s’était jamais rendu compte à quel point elle souffrait. Très certainement encore à cause de la mort d’Hideyuki. Car maintenant qu’il y réfléchissait, il n’y avait que ça qui pouvait la faire pleurer. Mais il se rendait également compte qu’il ne pouvait pas lui parler et la consoler en tant que Ryo. Il n’y avait que Bagheera qui pouvait l’aider cette fois-ci.  

 

Mais il ne pouvait pas agir comme s’il savait. Il fallait qu’il trouve la bonne manière pour Bagheera de réagir.  

 

Lentement il se releva, se déployant avec toute la sensualité et la grâce d’un félin, chose qu’il avait appris à exprimer facilement depuis qu’il avait adopté le rôle de Bagheera, et chercha des yeux le visage de la femme qui se trouvait à présent à la même hauteur que lui. Il remarqua de suite qu’elle était perdue dans ses pensées au point de ne s’apercevoir de rien. Doucement, il lui caressa la joue du revers de la main, un geste qui la fit sursauter. Son regard était celui de quelqu’un qui venait d’être pris en faute. Mais ce sentiment disparut presque tout aussi vite qu’il était apparu et laissa la place au masque de froideur et d’indifférence que Ryo ne connaissait que trop bien. Saeko essaya de se lever pour partir, mais le nettoyeur posa sa main sur son genou. Saeko s’immobilisa.  

 

[i]Bon sang, mais qu’est-ce qui t’a pris Ryo ! Pourquoi as-tu fait ça ?! Tu vas t’attirer des ennuis, tu le sais, alors laisse-la partir ![/i]  

 

Mais Ryo n’écouta pas sa raison. Il avait eu mal au cœur de voir Saeko aussi fragile et à la merci de ses propres sentiments. Et malgré le fait qu’il se faisait toujours avoir lorsqu’elle lui proposait des affaires foireuses, un peu délibérément devait-il tout de même admettre, il l’aimait beaucoup. Il n’aimait pas la savoir triste ou blessée, et il se maudissait à présent de ne pas s’être aperçu de son état mental avant cette nuit. Il DEVAIT se rattraper.  

 

« Et bien, quelle était donc ce ton rempli de tristesse ? C’est bien la première fois qu’une de mes clientes, après quelques minutes passées avec moi, appelle son mari » murmura t-il. « Serait-ce de la culpabilité d’être là avec moi ? Il ne faut pas. Vous n’avez rien fait de mal. Il n’y a pas de raison de pleurer pour si peu.»  

 

Une fine larme, à peine visible coula sur la joue délicate de l’inspectrice. Elle détourna le visage, voulut partir mais Ryô la retint.  

 

« Je ne peux pas vous laisser partir, belle dame, sans savoir pourquoi vous pleurez » murmura-t-il d’une voix suave qui ressemblait presque à un ronronnement.  

 

« Ce… Ce n’est rien » répondit Saeko en chassant une larme « Ce n’est pas votre faute. Vous êtes un excellent danseur. Merci pour votre spectacle. »  

 

Saeko se leva, ignorant la main de Bagheera sur son genou, et se précipita vers la porte, chancelante sous le coup de l’émotion. Mais elle avait oublié que le strip-teaseur l’avait fermée à clé et elle se débattit avec alors que son corps était secoué par des sanglots. Bagheera la rattrapa en deux enjambées. Il la saisit par les épaules, la retourna, évitant au passage les poings de la femme qui volaient dans tous les sens, et la prit dans ses bras. Utilisant sa force physique, il la garda tout contre lui, la tête cachée dans son cou. De sa main libre, il se mit à caresser lentement le dos de la femme qui se débattait comme une lionne.  

 

Peu à peu Saeko se calma, et la colère laissa la place aux larmes. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s’autorisait à être aussi faible devant ce parfait étranger qui se tenait de plus presque complètement nu contre elle, mais elle n’était pas en état d’y penser plus que ça. Les bras de Bagheera se refermèrent un peu plus, et bizarrement ça lui fit du bien. Elle était dans les bras d’un inconnu, mais sa simple gentillesse et sa compassion étaient un baume pour son cœur. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent comme ça, mais elle réussit finalement à contrôler ses larmes qui se tarirent.  

 

« Je ne voudrais pas être présomptueux et me mêler de ce qui ne me regarde pas » commença Bagheera en relâchant un peu la pression de ses bras « mais vous devriez parler de ce que vous avez sur le cœur. A force de tout garder en vous, vous allez exploser, comme une cocotte-minute qui a atteint la pression limite. Ce n’est pas bien de garder une peine aussi lourde en soi sans en parler à quelqu’un, même si c’est un étranger. Ca vous soulagera, vous verrez. D’ailleurs, il est parfois plus facile de parler à un étranger qu’à un proche. Ils ont moins de préjugés et ne vous jugent pas par conséquent. »  

 

Surprise, Saeko le dévisagea avec attention. Avec son masque il était difficile de voir ce qu’il pensait, mais elle n’avait pas de doute sur sa sincérité. Et il était vrai que c’était un lourd poids à porter en elle. Elle aimerait bien se confier à quelqu’un, mais à qui ? Ses amis ? Certainement pas ! Sa sœur ? C’était exclu aussi ! Et elle se voyait difficilement aller dans un bar et aborder la première personne qu’elle rencontrerait pour lui parler de l’amour de sa vie qu’elle avait perdu dix ans auparavant. Conclusion, mission impossible !  

 

« Il est tard » annonça Bagheera, la tirant de ses pensées. « Il est dangereux d’être seul dans les rues à cette heure-ci, surtout quand on est une femme. Permettez-moi de vous raccompagner, mademoiselle. Je n’aurais pas la conscience tranquille autrement. »  

 

Surprise, Saeko hocha la tête sans même s’en rendre compte. Bagheera lui demanda cinq minutes pour se changer. Il l’attendrait à la sortie principale. Saeko se demanda une fois qu’il fut parti, pourquoi elle avait accepté sa proposition, elle était une grande fille après tout, elle pouvait se débrouiller et se défendre toute seule. Ah, suis-je bête. Il ne me connaît pas. Je suis une cliente comme les autres pour lui. Il ignore que je suis lieutenant de police et que je n’ai pas besoin de protection. Mais bon, c’est très gentil de sa part de s’inquiéter pour moi et de se proposer pour me raccompagner, il doit tout de même avoir quelqu’un qui l’attend chez lui. A cette pensée le cœur de Saeko se serra à nouveau. Elle n’avait personne qui l’attendait chez elle. Même pas un chat, ni chien, ni même un poisson rouge ! Elle était vraiment seule, et ce soir plus que les autres elle ressentait profondément le poids de cette solitude.  

 

Elle retrouva sans aucune difficulté son chemin vers la porte principale. Les quelques employés de surface qui étaient présents semblèrent surpris de trouver une cliente dans les lieux, mais à la vue de son visage ils n’émirent mot et continuèrent leur travail. Après tout, elle se dirigeait d’elle-même vers la sortie, pas besoin de lui demander de partir. A l’entrée elle trouva Bagheera qui l’attendait, un sac à dos à ses pieds, tout en discutant avec le videur. Quand il l’aperçut il prit congés de celui-ci et vint à sa rencontre. Saeko remarqua qu’il avait gardé son masque de panthère, et une nouvelle fois elle se demanda à quoi pouvait bien ressembler cet homme. Elle se demanda également comment il allait faire pour passer inaperçu dans les rues de la capitale. Même à cette heure il y avait assez de monde pour qu’il soit reconnu et qu’on le suive jusque chez lui.  

 

« Puis-je vous demander comment vous êtes venue, s’il vous plaît ? Le videur m’a proposé de me prêter sa voiture jusque demain pour que je puisse vous déposer chez vous » demanda Ryo tout en notant que le regard de Saeko le dévisageait encore une fois, cherchant à percer le mystère de Bagheera. Une chance qu’il s’entendait bien avec Sato, le videur, car il n’aurait pas pu prendre sa voiture à lui, Saeko la reconnaîtrait immédiatement.  

 

« C’est gentil de sa part » répondit-elle « mais j’ai ma propre voiture. Elle est garée une ou deux rues plus loin. Mais êtes-vous sûr de vouloir me raccompagner ? Vous devez être fatigué et je ne doute pas que votre compagne sera en colère de ne pas vous voir revenir. » Elle était sûre à ce moment-là que Bagheera la laisserait partir seule, peut-être en ne l’accompagnant que jusqu’à sa voiture, mais l’homme était trop galant et insista pour s’assurer qu’elle rentrerait bien chez elle.  

 

Est-ce qu’il est en train de me faire du charme celui-là ? La chanson qu’il a choisi pour son show était déjà assez douteuse, et voilà qu’il insiste pour me raccompagner. Mais qu’est-ce qu’il me veut enfin ? S’il veut se taper une femme, il y en a qui ne demande pas mieux ! Mais j’ai rien demandé à ce gigolo moi !  

 

Ryo ne lui laissa pas le temps de trouver d’autres excuses pour s’esquiver. Il se tourna vers le videur qui lui tendit un pardessus et un chapeau qu’il mit immédiatement. Une fois le chapeau sur la tête et le col relevé, il y avait assez d’ombre autour de son visage pour que son masque ne soit pas immédiatement évident. La lumière de la rue allait devoir être très puissante pour qu’on remarque qu’il portait un masque au lieu qu’il soit simplement sombre de peau. Attrapant son sac à dos d’une main, il tendit l’autre pour inviter Saeko à le précéder dans la rue et à lui montrer le chemin de sa Porsche rouge. Il vit que Saeko faisait tout ceci à contrecoeur, mais il priait de toutes ses forces pour que l’idée du confident germe dans sa tête, et qu’elle ait suffisamment confiance en Bagheera, pour se confier à lui. Ryo savait qu’il la jouait gros en ce moment. A n’importe quel moment il pouvait dire ou faire quelque chose qui pouvait le trahir et dévoiler à son amie l’identité de Bagheera, mais d’un autre côté il était sûr que la santé de Saeko en valait la peine. Aider une amie n’avait pas de prix !  

 

Ils arrivèrent après quelques minutes devant la voiture de Saeko. Elle vit que Bagheera lui jeta un coup d’œil discret pour ensuite en jeter un vers sa Porsche. Il fait une estimation du pognon qu’il espère me soutirer. Ha ! Qu’il aille chercher ailleurs ! Mais elle fut surprise quand l’homme lui adressa la parole et suggéra d’une manière très diplomate qu’il prenne le volant et qu’elle le guide jusque chez elle. Elle protesta qu’elle était encore capable de conduire quand, soudainement, Bagheera la bouscula légèrement. Saeko en perdit malgré tout l’équilibre. Elle déglutit difficilement. Elle ressentit finalement toute la fatigue physique et émotionnelle qu’elle avait ignorée jusque-là. Elle dut reconnaître qu’elle était en effet incapable de prendre le volant, si elle le faisait il n’y avait aucun doute qu’elle risquait un accident. Piquée dans sa fierté de femme indépendante, elle lui remit néanmoins les clés, et prit place du côté passager, boudeuse. Ryô eut un sourire discret face à cette réaction. Une fois assise elle eut de mal à ne pas bailler et à donner les instructions à son « chauffeur ». Courage, Saeko ! Tiens bon ma fille ! Dans dix minutes tu es dans ton appart, et dans vingt dans ton lit ! Alors ne t’endors pas ! Surtout avec ce type étrange à côté de toi. Qui sait ce qu’il pourrait te faire si tu t’endormais, hein ! Allez ! Garde les yeux ouverts encore dix petites minutes ! Malgré ses efforts elle s’endormit comme une masse à peine cent mètres plus loin.  

 

Comme il n’entendit plus aucune directive de la part de Saeko, Ryo lui jeta un coup d’œil alors qu’il patientait à un feu rouge. Il vit tout de suite que la femme s’était endormie et soupira. D’une part il soupirait car, au moins, il ne devait plus faire attention à ce que « Bagheera » lui disait, mais d’un autre côté il était inquiet de constater qu’elle s’était endormie en compagnie d’un parfait inconnu. Elle devait vraiment être à bout de force ! Elle avait de la chance que la Panthère Noire était également son meilleur ami, même si elle l’ignorait, et que vu les circonstances il ne lui ferait rien. Quand le feu passa au vert, Ryo s’engagea sur le chemin de la maison de Saeko, n’ayant plus besoin de faire semblant d’ignorer où elle habitait. Arrivés devant la porte du garage de l’immeuble, il se pencha un peu et attrapa le sac à main de la femme à côté de lui. Il en extirpa la commande de la porte ainsi que le trousseau de clé. Il savait qu’il ferait mieux de la laisser dormir dans la voiture avec un mot d’explication, mais il ne le pouvait pas. Si elle était effectivement aussi fatiguée qu’elle semblait l’être, il ne voulait pas qu’elle tombe malade en dormant dans la voiture glaciale garée en pleine rue. Même si le quartier était respectable, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer. Il ouvrit donc la porte de garage et s’engagea dans l’allée. Il faillit garer la voiture à sa place, mais se reprit au dernier instant et se mit sur une place au hasard du parking. Il n’était après tout pas censé savoir quelle place était réservée à l’inspectrice. Doucement il sortit Saeko de la voiture et après l’avoir confortablement installée dans ses bras et avoir fermé la voiture, il se dirigea vers l’ascenseur et monta jusqu’à l’étage de Saeko. Heureusement que les noms et les numéros d’appartements se trouvaient sur les boîtes aux lettres, sinon il ne savait pas comment il pourrait expliquer qu’il avait deviné où elle habitait au moment de faire son mot explicatif. Il jongla un peu avec les clés avant de finalement réussir à ouvrir la porte sans laisser tomber la Belle au bois dormant, et entra dans l’appartement de Saeko. Sans hésiter, il prit le chemin de sa chambre à coucher et déposa la femme sur le lit. Il la recouvrit des couvertures après avoir enlevé ses chaussures. Il déposa également son sac à main sur la table de nuit là où il était sûr qu’elle le remarquerait immédiatement. Il referma ensuite doucement la porte, et se mit en quête d’un bloc de papier et d’un stylo. Il griffonna une explication plausible mais il hésita sur la fin.  

 

Est-ce que je lui laisse mon numéro de téléphone ? J’aimerais bien savoir comment elle va demain matin, mais je ne peux pas lui donner le numéro de portable de Ryo ! Elle le connaît par cœur. A moins que je ne lui donne le numéro du Baiser ? Si je laisse un mot à l’accueil, ils me transféreront l’appel ou demanderont le numéro de téléphone si je suis en scène. Bien sûr, il est tout à fait possible qu’elle n’appelle même pas ! Quoique… Une fois qu’elle se rendra compte que je ne lui ai rien volée et que mon comportement était tout à fait honorable, elle se sentira obligée de me remercier. Elle a été bien élevée, et même si elle côtoie les malfrats de la pire espèce au boulot, elle n’oublie pas son rang social dans la vie privée. Donc, il y a de fortes chances qu’elle me rappelle. Si elle le fait c’est que je suis sur la bonne route pour devenir son confident…  

 

Ryo ajouta finalement une ligne supplémentaire à son mot d’explication ainsi que le numéro de téléphone du Baiser du Dragon. Il déposa sa lettre sur la table de la cuisine où il prit également soin de préparer du café et de programmer la cafetière. Ainsi, demain matin, l’odeur du café fraîchement passé réveillerait l’inspectrice à temps pour qu’elle soit à l’heure à son poste. Il quitta ensuite l’appartement, prenant soin d’enlever son masque pendant qu’il était dans l’ascenseur, et se dirigea ensuite vers son appartement. Même s’il rentrait très tard, voire très tôt, il faisait toujours un effort pour dormir chez lui pour ensuite passer quelques heures en compagnie de Kaori. Rien n’était plus comment avant bien sûr, mais peu à peu ils apprenaient à vivre avec cette nouvelle situation et essayaient de s’en accommoder. Et, quelque part, il devait admettre que cette vie aurait été très agréable si seulement il n’y avait pas ce mensonge de « la fiancée » qui gâchait tout. Aussi il n’était pas seulement prit de remord vis-à-vis de Kaori, mais également de regrets, car s’il lui avait avoué ses sentiments ils auraient pu avoir une vie aussi paisible et confortable que celle qu’ils menaient à présent. Il aurait pu prendre sa retraite, se retirer du milieu, trouver un boulot bien rémunéré et vivre le restant de sa vie avec Kaori comme compagne… Ouais, autant rêvé que dix millions de yen tombent du ciel juste à mes pieds… Aucune chance qu’une telle chose se produise et je n’ai aucun moyen magique pour changer le cours du Temps… Comme pour tout dans la vie, il faut vivre avec ses erreurs. Ryo était arrivé devant son immeuble. Doucement il entra et gravit les marches sans bruit avant d’entrer dans l’appartement et de monter dans sa chambre. Il fit un léger détour pour s’assurer que tout allait bien avec Kaori ce qui, heureusement, était le cas. Quand il ferma sa porte derrière lui et alluma la lumière il vit que sa partenaire lui avait fait des sandwichs ainsi qu’un thermos de tisane. La remerciant du fond du cœur, il attaqua sa collation avec un grand sourire avant de se coucher et de mettre son réveil pour dix heures du matin.  

 

 

Sans même qu’il ne s’en aperçoive les semaines s’écoulèrent les unes après les autres et ils se trouvaient à présent à seulement quelques jours de Noël et de la fin de l’année. Assis dans le canapé, il sirotait un café tout en observant Kaori qui installait leur sapin. Il lui avait proposé de l’aider, mais elle avait refusé en disant qu’il devait se reposer, qu’il n’avait pas l’air très en forme ces derniers temps. Ben tiens ! Il avait prétexté qu’il avait donné des coups de mains supplémentaires à Cherry dans son magasin, mais en réalité il était épuisé par toutes les séances supplémentaires qu’il avait donné au Baiser. Il n’arrivait pas à y croire, mais ça faisait presque une semaine qu’il avait fini de repayer ses dettes à Sung. Il était un homme libre ! Enfin presque car il avait promis qu’il honorerait tous ces rendez-vous privés. Par conscience professionnelle, il avait choisi de les terminer. Et Sung avait proposé de le payer donc, les fêtes approchant, il avait accepté cet argent bienvenu. Et puis, au bout du compte et contrairement à ce qu’il avait décidé tout au début de cette grotesque affaire, il avait choisi de continuer son travail en tant que « Bagheera ». Ryo ferma les yeux et repensa à la raison qui l’avait poussé à faillir à sa propre parole.  

 

Il ne devait pas chercher loin pour se rappeler comment tout s’était passé. Ca avait commencé le jour après qu’il ait ramené Saeko chez elle. Il avait attendu son coup de téléphone pendant toute la matinée, mais en vain. Ce n’est que tard dans l’après-midi, alors qu’il était sous la douche après les répétitions, qu’on lui transféra l’appel. Il eut du mal à ne pas immédiatement saluer l’inspectrice par son prénom comme il avait l’habitude de le faire quand il l’avait en ligne, mais se fit force d’attendre qu’elle lui annonce que c’était elle. Il avait pris un air soulagé et lui avait demandé si elle allait bien. Gênée, elle lui avait répondu que tout allait bien, et qu’elle le remerciait de tout ce qu’il avait fait pour elle. Elle lui avait alors demandé d’une voix incertaine si elle pouvait lui offrir un verre pour se faire pardonner des problèmes qu’elle lui avait causé. Il avait été surpris en entendant ça, ne s’y attendant pas du tout. Malheureusement, il avait une représentation ce soir-là et il ne pouvait pas se libérer. Il fit part de ses regrets à l’inspectrice mais, au lieu de laisser tomber, elle lui proposa un rendez-vous le jour suivant. Il avait accepté, la joie au cœur, mais lui demanda toutefois s’il était possible de faire cette rencontre au Baiser. Saeko avait immédiatement compris que c’était le seul endroit où ils ne seraient pas dérangés par une foule féminine et elle avait accepté. De plus, elle se doutait qu’il garderait son masque, alors s’installer ailleurs qu’au Baiser relevait de l’impossible. Après lui avoir fixé une heure où il était certain d’être libre, il avait pris congé et avait raccroché.  

 

Le jour suivant, à l’heure dite, Saeko s’était présentée à l’entrée des artistes. Il avait pris soin de prévenir le videur qui y montait la garde qu’il aurait de la visite ce jour-là. Le videur avait très aimablement accueilli l’inspectrice et l’avait personnellement conduite à la salle de spectacle où il l’avait fait s’asseoir à une table un peu à l’écart de la scène. A peine avait-elle pris place qu’une théière avait fait son apparition à côté d’une assiette remplie de biscuits. Un sourire se dessina sur ses lèvres quand il repensa à la stupéfaction de son amie à ce moment-là. Malgré le mystère qui l’entourait, tout le monde aimait bien Bagheera, et comme il avait indiqué que cette femme était une amie, ils faisaient leur possible pour rendre sa visite agréable. Certains murmuraient même qu’il s’agissait de sa femme, mais personne n’était capable d’affirmer ou réfuter cette théorie. Il était entré dans la salle à peine deux minutes plus tard et s’en était excusé profondément. Il s’était installé en face d’elle et l’avait dévisagée avec attention. Il n’avait pas du tout aimé ce qu’il voyait. Elle avait alors relevé son regard et d’une voix fatiguée et ironique elle avait dit :  

 

« Ne vous inquiétez pas, je suis en repos forcé. Le Préfet m’a jetée un coup d’œil ce matin avant de contacter notre service du personnel et de m’ordonner de prendre deux semaines de repos. Si je mets ne serait-ce qu’un pied au commissariat il m’envoie en clinique de désintoxication. »  

 

« Préfet de police ? Désintoxication ? » avait-il répondu complètement effaré, jouant du mieux qu’il pouvait la comédie du gars qui ne comprenait absolument pas.  

 

Saeko avait alors réalisé qu’il ne savait pas du tout le métier qu’elle exerçait et s’était empressée de lui éclaircir la lanterne sur son compte.  

 

« Oui, je suis lieutenant de police et mon chef a dit que si je n’arrêtais pas d’être une accro du boulot, il me forcerait à me désintoxiquer pour que je reprenne une vie normale. Comme si j’en avais une… »  

 

Il avait fait l’étonné en apprenant son métier et avait alors profité de cette ouverture pour habillement la questionner et l’obliger à se confier. Il avait utilisé l’ignorance de Bagheera pour discuter d’un nombre ahurissant de sujets, alternant savamment ses questions, ses remarques humoristiques et les exemples de la vie de « Bagheera ». Tout au début de leur conversation il avait eu très peur de ne pas réussir à séparer ses deux personnalités et de commettre l’erreur de dire quelque chose que seul Ryo pouvait savoir, mais en fin de compte, tout s’était bien passé. Avant que l’un d’eux ne s’en rende compte, les serveuses et les barmans étaient entrés dans la salle, annonçant que le Baiser allait ouvrir ses portes sous peu. Ils avaient discuté pendant plus de trois heures sans même le remarquer ! Saeko s’était levée pour partir, mais il lui avait proposé de rester et d’assister au spectacle du soir.  

 

« Vous avez vous-même admis que vous aviez besoin de vous changer les idées » lui avait-il fait remarquée. « Et à ma connaissance, il n’y a rien de mieux qu’une soirée de variété pour oublier ces soucis qui nous empoisonnent la vie à l’extérieur. »  

 

Elle avait hésité quelques instants pendant lesquels Sung était entré dans la salle et s’était dirigé vers eux. Bagheera lui avait alors présenté Saeko et avant même qu’il ne puisse faire une suggestion, le patron du Baiser l’invita de lui-même à partager sa table. Saeko avait été interloquée mais avait finalement accepté l’invitation du propriétaire qui commanda une bouteille de champagne et escorta la femme vers une table isolée située en retrait mais bien en face de la scène. Il aurait bien aimé savoir de quoi Sung et Saeko avaient discuté, mais il avait dû aller se changer dans sa loge pour ne pas rater l’ouverture du rideau. Après sa représentation durant laquelle il s’était malgré tout senti étrange en songeant au regard de Saeko posé sur lui, il avait été surpris de trouver l’inspectrice dans sa loge. Elle lui expliqua, un peu gênée, que Sung l’avait menée jusque-là en disant qu’ils avaient probablement encore beaucoup à se raconter. Il s’était alors sincèrement excusé pour son employeur, disant qu’il était désolé que celui-ci se soit fait de fausses idées. Saeko lui avait dit que ce n’était rien et qu’elle n’avait de toute façon pas voulu partir sans prendre congés de lui. Bagheera l’avait alors remerciée pour la conversation et le thé, et avait ajouté qu’il espérait qu’elle prendrait bien soin d’elle, et que si elle voulait revenir au Baiser qu’elle y serait toujours la bienvenue.  

 

Il n’avait pas vraiment cru qu’elle prendrait son invitation au sérieux, aussi quelle n’avait pas été sa surprise quand le lendemain le videur toqua à sa porte pour l’informer que la femme du jour précédant attendait dans un des salons privés. Après avoir mis des vêtements un peu plus décents que sa tenue d’entraînement, il s’était dépêché vers le salon, craignant qu’il ne soit arrivé quelque chose à l’inspectrice, mais Saeko l’avait immédiatement rassuré en le voyant débouler dans la pièce. Se tordant les mains de nervosité, elle lui avait alors avoué qu’il avait eu raison, qu’elle avait besoin de parler à quelqu’un, et qu’elle s’était sentie tellement mieux après leur conversation… Il l’avait alors arrêtée d’un geste de la main. Elle lui faisait tellement pitié en se tordant les mains, en se balançant d’un pied à l’autre et n’osant pas croiser son regard, qu’il ne ressentit pas le besoin de la laisser dans la misère. Il l’avait alors invitée à prendre place, et à nouveau une théière et des biscuits avaient fait leur apparition comme par miracle. Ils s’étaient quittés quand le compte à rebours s’était enclenché dans toutes les pièces, annonçant l’ouverture imminente du cabaret. Contrairement à la nuit d’avant, Saeko avait refusé de rester, mais elle lui avait demandé d’une petite voix hésitante si elle pouvait revenir le jour suivant.  

 

Ryo soupira d’amusement. C’est ainsi qu’il était devenu le confident de Saeko. Enfin, que Bagheera était devenu le confident de Saeko. Jour après jour, elle était venue lui rendre visite au Baiser du Dragon et ils avaient discuté ensemble des heures durant. Après presque une semaine il lui avait proposé d’assister à un entraînement, lui proposant par la même occasion de faire connaissance de toute l’équipe. Elle avait accepté et il lui avait présenté toute sa « famille » qui était très curieuse de la relation qui semblait grandir entre eux, mais qui heureusement n’avait pas posé de questions sur ce sujet-là. Saeko avait semblé au début un peu perdue parmi toutes ces personnes. Elles se foutaient complètement de ses antécédents familiaux : elle était l’amie de Bagheera et c’était la seule chose importante à leurs yeux, et ça avait perturbé Saeko pendant un instant. Mais seulement un instant. Elle n’allait pas passer sur l’opportunité d’enfin être appréciée pour elle-même, aussi se relâcha-t-elle peu à peu tout au long de la soirée. C’était après tout la première fois qu’elle était en contact avec des artistes autrement que lors de réceptions ou d’enquêtes policières, et elle débordait de questions qu’elle n’avait jamais osé poser auparavant. Il s’était alors fait la promesse de l’inviter aussi souvent que possible à venir aux répétitions pour qu’elle puisse leur parler et aussi, éventuellement, s’en faire des amis.  

 

Au fil des discussions Saeko lui avait raconté comment elle avait fait la connaissance de Hideyuki Makimura, et à travers lui de sa sœur Kaori et plus tard de son meilleur ami Ryo. Elle lui raconta comment peu à peu ils s’étaient rapprochés mais n’osant jamais, en tant que collègues, dépasser les limites invisibles qui existent entre un officier et un subordonné. Elle lui expliqua ensuite que tout ça avait changé quand Hideyuki avait abandonné son métier et s’était installé comme détective privé et comment il avait ensuite pris Ryo comme partenaire. Elle lui raconta cette histoire morceau par morceau et il eut parfois des difficultés à rester impassible en entendant des détails que Maki ne lui avait jamais racontés. Il s’était alors rendu compte à quel point leur amour avait été profond et réciproque. Maki n’avait jamais été du genre à s’exprimer ouvertement sur sa vie privée, et en découvrant leurs vies amoureuses il sentit son cœur se serrer très douloureusement. Finalement, après trois semaines, Saeko avait trouvé son courage et lui avait raconté comment l’amour de sa vie s’était fait tuer par un cartel de drogue le jour de l’anniversaire de sa sœur. Elle était en mission à l’étranger à ce moment là, et elle n’apprit la nouvelle qu’à son retour un mois plus tard. Elle n’avait même pas eu l’opportunité de se venger des assassins de son amant, son partenaire s’en était occupé et avait détruit tout le réseau. Elle n’avait eu personne vers qui se tourner et avec qui elle aurait pu partager sa peine. Sa famille désapprouvait fortement l’ex-inspecteur et elle ignorait tout de leur relation. Quant à Kaori, la sœur d’Hide, elle ne la connaissait que vaguement vu que son frère ne voulait pas la mêler aux affaires du milieu. Elles avaient seulement fait vraiment connaissance beaucoup plus tard, quand elle découvrit que l’ancien partenaire de son amour l’avait recueillie et s’en occupait. Quand au partenaire lui-même… Ce n’était pas quelqu’un à qui on pouvait parler de ses sentiments. Une émotion s’était emparé de Ryô à l’entente de ces mots parce qu’il devait admettre qu’ils étaient vrais. Elle avait alors tout enfermé en elle, supportant seule toute la douleur qui lui rongeait le cœur jour après jour, ne se confiant jamais à personne, et espérant que la douleur s’atténuerait d’elle-même. A ce moment-là de son récit, il l’avait prise dans ses bras et l’avait confortée de son mieux, ignorant pour la première fois de sa carrière le signal lumineux qui indiquait qu’il était l’heure de se préparer. Evidemment quelqu’un vint le chercher, mais à la vue de la femme en pleurs dans ses bras et du regard menaçant de Bagheera, il avait détallé et annoncé à Sung que la Panthère Noire était malade et ne pourrait pas se produire ce soir-là. Sung, étant au courant de la visite de Saeko, se douta de la raison réel du malaise de sa star et avait simplement hoché la tête et arrangé le spectacle pour remplir le temps normalement consacré à Bagheera. Ca n’avait bien entendu pas du tout plu à son public qu’il était absent ce soir-là, mais tant pis, pour une fois il avait autre chose à faire de bien plus important. Bien plus tard, Saeko s’était reprise et s’était profusément excusée de l’avoir détenu et de lui avoir fait rater son show, mais il l’avait faite taire d’un doigt sur les lèvres et lui avait dit qu’elle n’avait rien à se faire pardonner.  

 

Maintenant qu’elle s’était soulagée du poids qu’elle avait sur le cœur, il avait cru qu’elle ne viendrait plus le voir, mais encore une fois il avait été surpris. Le lendemain de sa « confession » elle était à nouveau venue lui rendre visite, bien qu’un peu plus tard que d’habitude étant donné qu’elle avait repris son travail. Exceptionnellement ce jour-là il n’y avait pas de spectacle, le Baiser avait eu une fuite d’eau dans le toit et devait réparer en urgence, aussi il n’avait fait que répéter et s’entraîner. Le videur était venu lui annoncer l’arrivée de Saeko juste au moment où il s’apprêtait à quitter sa loge, et il avait été embarrassé de devoir lui annoncer qu’ils leurs étaient impossible de discuter. A son grand étonnement, elle l’avait alors invité à venir manger chez elle, lui promettant, en riant, de ne rien lui faire. Il avait été touché par cette marque d’amitié car il savait que Saeko n’invitait que très rarement les gens chez elle, et avait donc accepté. Elle lui avait préparé un excellent repas et ils avaient longuement discuté jusque très tard dans la nuit, et elle lui avait finalement posé la question qu’il attendait depuis qu’ils se connaissaient.  

 

« Dis-moi, Baghee » avait-elle commencé « est-ce que je peux te poser une question un peu plus personnelle ? » Il avait hoché la tête, mais en précisant qu’il n’allait peut-être pas répondre. Elle avait rigolé et ajouté que si on ne demande rien on n’est jamais au courant de rien non plus. Il avait également rigolé et lui avait demandé quelle été sa question. « Pourquoi portes-tu un masque ? Pourquoi te caches-tu ? C’est vrai, nous nous connaissons plutôt bien maintenant. Tu peux me faire confiance. Je tiendrais le secret. Serais-tu recherché par la police ? » demanda-t-elle, ajoutant une touche d’humour à la fin.  

 

« Je m’attendais à cette question » avait-il répondu « et je te répondrais ceci : c’est parce que j’ai honte. » Elle avait évidemment ouvert de grands yeux à cette réponse aussi continua-t-il son explication. « Je vais t’avouer que même si je me débrouille très bien sur scène, il n’y a pas longtemps que je danse. Et je ne fais pas ce métier de mon plein gré. J’ai une dette envers Sung. Une très grosse dette même. Je n’aurais pas eu de problème à la payer si j’en avais parlé à ma famille, mais il aurait fallu que je leur explique également comment et où j’avais perdu cet argent. Et ça, je ne pouvais pas me résigner à leur dire. Ca leur aurait fait de la peine… J’ai donc accepté de travailler pour Sung le temps de tout lui repayer, mais j’ai ajouté une clause dans mon contrat stipulant que mon identité devrait rester secrète. Seul Sung la connaît. Si ma famille apprenait où je travaille, et surtout ce que je fais comme métier… Disons que je ne figurerais probablement plus sur le testament de mes parents si tu vois ce que je veux dire… Ma réputation ne s’en remettrait jamais et je briserais celle de mes proches ce qui est inconcevables. Alors tu vois, j’ai confiance en toi mais j’ai trop honte… »  

 

Le regard de Saeko s’était un peu voilé à cet instant-là et elle avait répondu d’une voix un peu rauque qu’elle comprenait très bien la situation dans laquelle il se trouvait, qu’elle comprenait très bien l’influence que la famille pouvait avoir sur un individu. Elle l’avait alors observé longuement, le dévisageant avec attention, et il savait très bien qu’elle essayait de le placer parmi les familles de la haute société tokyoïte, ce qu’il avait après tout laissé entendre à demi-mot, mais il savait également qu’elle n’y réussirait pas.  

 

« Qu’est-ce qu’il y a entre Vlad et toi ? » lui avait-elle soudainement demandé, le faisant chanceler de surprise.  

 

« Comment ça, qu’est-ce qu’il y a entre Vlad et moi ?! » s’était-il exclamé choqué et effaré. « Mais, il n’y a rien du tout entre ce pot de colle et moi ! C’est mon professeur et c’est tout ! Même s’il essaye de convaincre tout le monde du contraire » avait-il ajouté avec rancœur car il se souvenait de tous les coups que Vlad lui avait fait. « Je suis hétéro et fier de l’être ! Vlad est une calamité pour ma réputation ! Il essaie de faire croire à tout le monde que je suis gay ! Grrrr ! Il m’énerve ! »  

 

« Oui, évidemment, excuse-moi » avait-elle répondu honteuse. « J’aurais dû me rendre compte que cette fille ne tournait pas rond. » Il l’avait regardée, son visage lui demandant clairement et silencieusement de s’expliquer. « J’ai fais la rencontre d’une fille du nom de Kimiko, Zaza est son nom de scène je crois. C’est elle qui m’a dit que tu fréquentais Vlad et que ce dernier était homo. Elle m’a également dit de ne pas m’enticher de toi, que je te briserais le cœur, et ainsi de suite. Elle semblait si sérieuse. »  

 

Il avait poussé un long soupir à cet instant là. « Ne t’inquiète pas, Saeko. Zaza a quelque chose contre Vlad et moi. Ca ne s’est pas bien passé la première fois qu’ils se sont rencontrés. Et puis il faut dire que vu comment Vlad me court après, elle aura cru que je ne m’intéressais pas aux femmes. D’autant que j’ai refusé ses avances. Elle a voulu se venger en racontant n’importe quoi ! Je n’accepte pas les avances que les femmes me font dans le cadre de mon travail. Que ce soit les clientes ou les collègues ! »  

 

« Oh ? Aurais-tu fait vœux de chasteté ? J’ai du mal à le croire ! » avait-elle ajouté en riant pour le taquiner.  

 

Son regard s’était alors voilé. Saeko s’était immédiatement excusée, lui affirmant qu’elle était désolée et que ce n’était pas digne d’une amie de faire une remarque pareille. Elle aurait sans doute continué pendant des minutes s’il n’avait pas levé une main pour l’arrêter et lui dire que ce n’était rien, qu’il allait bien. Il lui avait répondu qu’il était très intéressé par les femmes, mais qu’aucune ne pouvait le capturer car son cœur était déjà pris. Saeko avait été curieuse à ce moment et l’avait questionné, mais il avait habillement détourné la conversation vers un sujet moins épineux.  

 

C’était à peine quelques jours plus tard que Sung était venu lui annoncer la bonne nouvelle : il avait finalement remboursé toutes ses dettes ! Il avait jubilé et exprimé sa joie avec effusion en sautillant dans tous les sens. Sung parvint tout de même à le calmer un peu, et il lui indiqua qu’il avait encore quelques rendez-vous privés et qu’il se devait de les honorer. Mais qu’il le paierait. Il n’y avait pas de raison qu’il termine son travail gratuitement alors qu’il avait remboursé ce qu’il lui devait. Il avait accepté. Et puis, plus tard, Sung lui avait proposé de continuer à travailler. Il avait d’abord refusé cette suggestion mais Sung avait obtenu qu’il y réfléchisse au moins un peu. Il avait alors annoncé à Saeko qu’ils ne se verraient probablement plus d’ici peu et l’inspectrice lui avait demandé pourquoi, visiblement peinée à l’idée de ne plus pouvoir discuter avec lui. Il lui avait alors expliqué la situation et qu’il devait encore réfléchir à la proposition de Sung. Saeko était à ce moment là revenue à la charge au sujet de la femme qui avait volé son cœur, et elle lui avait demandé comment il allait lui expliquer son absence pendant tous ces mois. Elle avait ajouté qu’il avait sans doute beaucoup à se faire pardonner et qu’il devait s’attendre à une bataille difficile. Il avait alors bêtement ricané, car il n’avait effectivement encore aucune idée de comment il allait annoncé à Kaori que tout ce qui s’était passé les mois précédents n’avait été qu’un énorme mensonge. Il avait alors avoué d’une petite voix qu’il ne savait pas encore ce qu’il dirait à « sa petite amie », qu’il n’avait aucune idée de comment se faire pardonner son absence. Saeko lui avait alors conseillé d’accepter la proposition de Sung, de continuer à être Bagheera pendant quelques mois, et d’ensuite prendre sa retraite et d’emmener son amie faire un grand voyage vers les tropiques. Elle avait expliqué que comme ces voyages étaient coûteux, il pourrait prétexté qu’il avait travaillé d’arrache-pied pendant des mois pour lui payer ça, même si en réalité il avait passé la moitié de ce temps à rembourser une dette. Il avait alors pris congé de Saeko en la remerciant chaleureusement du conseil, et s’était installé sur un banc dans un parc pour réfléchir à ce que l’inspectrice lui avait raconté. Et il devait admettre que l’idée avait du mérite. Il avait alors sorti son portable pour appeler Sung et accepter son offre et qu’il passerait le lendemain pour signer un nouveau contrat…  

 

Il avait fait ça hier et savourait à présent la première des deux semaines de congés qu’il avait exigé. Après tout, Noël était là et il voulait absolument passer cette période avec Kaori. De plus, comme il l’avait fait remarquer à Sung, il avait besoin de repos de temps en temps, surtout qu’avec les séances privées supplémentaires qu’il faisait depuis presque trois mois il avait moins d’heures de repos qu’auparavant. Sung avait accepté, un peu à contre cœur étant donné que les festivités de fins d’années étaient une excellente période pour le Baiser, mais il n’osait pas en demander trop à sa star maintenant qu’il n’y avait plus d’obligation entre eux. Il avait quitté le cabaret le cœur léger et gai comme un gamin de cinq ans. Il s’était dépêché de retirer son masque et avait pris le chemin des centres commerciaux du centre ville pour trouver LE cadeau idéal pour Kaori. Il n’avait aucune envie qu’elle pense qu’il l’avait oubliée à une période de l’année aussi importante pour elle.  

 

 

Il devait à présent se creuser la tête pour trouver une excuse de rester auprès d’elle. Il se doutait bien qu’elle allait bientôt lui demander pourquoi il n’était pas avec Cherry vu qu’ils étaient fiancés, et il ne savait toujours pas ce qu’il lui répondrait. Il ne pouvait pas lui dire que c’était fini entre eux, il allait encore avoir besoin de sa pseudo fiancée pour avoir une excuse de s’absenter pendant les jours où il travaillait, cette fois, pour un salaire et pour elle. Et si… Et s’il lui disait simplement qu’elle était retournée dans sa famille pour les fêtes ? Ca avait après tout marché quand il avait dû expliquer pourquoi elle n’avait pas pris soin de lui quand il avait été malade.  

 

« Ryo ? »  

 

La voix de sa partenaire le tira de sa contemplation et il posa son regard sur elle. Il eut du mal à retenir sa mâchoire et à contrôler son érection. Kaori était penchée sur l’échelle, le torse en avant, une jambe en arrière pour garder l’équilibre, et tentait aussi bien que mal de mettre l’étoile sur la cime du sapin. Malheureusement pour lui, elle était tournée vers lui et lui donnait une vue imprenable sur sa poitrine que son pull ne protégeait plus.  

 

« Ryo ! » répéta-t-elle pour attirer son attention. « Tu veux bien me donner un coup de main ? Je n’y arrive pas ! »  

 

Ryo se leva, toussotant un peu afin de pouvoir détourner les yeux, et prit la place de Kaori. Il remplit sans aucun problème sa tâche et admira pendant quelques instants le travail de sa partenaire.  

 

« Euh… Ryo ? Je me demandais… euh, comment dire… » Ryo lui jeta un regard interrogateur mais doux qui la rassura et elle lui posa la question qui la tracassait depuis plusieurs jours. « Hum, est-ce que tu seras là pour les fêtes ? » demanda-t-elle d’une toute petite voix qui trahissait néanmoins son désir de l’avoir à ses côtés.  

 

« Bien sur » répondit-il en lui caressant la joue. « Je ne peux pas m’imaginer passer un Noël sans toi… » Pris d’une envie irrésistible il l’embrassa sur le front avant de s’enfuir en prétextant qu’il avait besoin d’un bain bien chaud. Malgré l’excuse qu’il avait trouvée la minute précédente, il n’avait pas réussi à lui mentir et avait préféré ne rien dire du tout.  

 

Kaori le regarda monter les escaliers et soupira en voyant le dos musclé de son partenaire. Même si ça paraissait impossible, elle trouvait que Ryo était encore plus beau et craquant qu’auparavant, et que son corps avait des formes encore plus appétissantes qu’elle pensait possible. Et tout ça à cause de l’amour d’une femme. Non, pas une femme, un homme… Elle pria le Ciel, comme à son habitude depuis quelques mois, pour que cette « Chéri » laisse Ryo tranquille, et ajouta une seconde prière pour qu’il, enfin elle, ou il, bref que cette personne s’absente également pour les fêtes ! Elle voulait avoir Ryo pour elle toute seule. Juste eux deux. Comme auparavant…  

 

 


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