Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 15-11-09

Mise à jour: 19-12-10

 

Commentaires: 227 reviews

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DrameGeneral

 

Résumé: Le piège n'est pas toujours là où l'on croit...

 

Disclaimer: Les personnages de "Mission G" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

Que veut dire HFC?

 

C'est le nom du site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Mission G

 

Chapitre 6 :: Une séparation fracassante

Publiée: 15-02-10 - Mise à jour: 15-02-10

Commentaires: Coucou! Après un week-end qui j'espère vous a été agréable, voici la suite de l'histoire qui l'est peut-être moins lol. Bonne semaine à vous, Bisouss!!

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

 

Ryô n’était rentré qu’au petit jour. Ni l’anonymat de la nuit ni la moiteur des cabarets n’avaient réussi à l’apaiser un peu. Il avait tenté de noyer sa colère et sa frustration dans l’alcool et les murmures des bunnies à son oreille mais en vain, le choix de sa partenaire le perturbait. Passablement enivré, il referma la porte de l’appartement pour filer directement sous la douche sans un mot pour Kaori qui s’était déjà levée et installée à la table du salon.  

Alors que Ryô redescendait avec une meilleure apparence, Kaori, elle, était fin prête à se rendre au Cat’s.  

 

- Tu comptais y aller sans moi ? Fit Ryô en lui prenant les clefs de la voiture des mains.  

 

- Tu n’es pas le seul à pouvoir faire les choses de ton côté. Affirma posément la jeune femme.  

 

- Pas la peine de discuter, je viens un point c’est tout. Trancha le nettoyeur qui ne voulait pas commencer sa journée en se heurtant à la jeune femme.  

 

Kaori ne répondit pas et descendit directement au garage alors que Ryô s’octroyait d’infimes minutes pour reprendre le pas sur ce trouble qui l’habitait depuis qu’elle avait prononcé cette sentence qui bouleversait sa vision des choses. De toute évidence la jeune femme n’avait pas décoléré et à ce rythme, la journée lui promettait d’être longue.  

 

Tout en descendant vers le garage, Ryô fit le vide en lui. Le long du trajet, il pourrait toujours tenter de ramener Kaori à la raison. Cela n’avait jamais été clairement défini mais dans leur duo c’était lui qui prenait les décisions lorsqu’il estimait la situation dangereuse, Kaori n’ayant son mot à dire que sur ce qu’il jugeait secondaire. Il fallait juste qu’elle le comprenne, il avait plus d’expérience qu’elle dans ce domaine.  

Quelle ne fut donc pas la surprise du nettoyeur en constatant que seule la Mini trônait dans le garage. Un rugissement de moteur à l’extérieur du bâtiment lui fit comprendre que Kaori avait pris son véhicule pour se rendre au Cat’s.  

Tout en jurant et pestant contre sa partenaire et lui-même, Ryô fit vrombir la Mini qui à son tour s’immisça dans la circulation.  

 

Ryô fit crisser les pneus de la voiture en se garant précipitamment devant le Cat’s. Le regard impatient et les nerfs passablement à vifs, le nettoyeur entra sèchement dans le café pour y trouver Kaori en grande discussion avec Miki comme si de rien n’était.  

 

La barmaid eu un hoquet de surprise à l’arrivée subite de Ryô et ressentit une aura de colère autour de lui. Kaori, elle, ne se retourna même pas et continua à tourner sa cuillère dans son café.  

 

- Je peux savoir ce que tu m’as fait là ? Aboya Ryô en s’approchant du comptoir.  

 

- Tu m’as dit que tu venais mais je n’ai pas dit que j’acceptais de venir avec toi. Lâcha Kaori sans même porter une quelconque importance à la personne qui lui parlait.  

 

- Ne joues pas au plus fin avec moi Kaori, sinon…  

 

- Sinon quoi Ryô ? Défia la jeune femme en accrochant le regard sombre du nettoyeur.  

 

La tension qui émanait du couple était à couper au couteau. Miki, qui jusque là était restée à l’écart, cherchait à comprendre ce qui se passait. Elle ne les avait jamais vus autant remonté l’un contre l’autre et le plus surprenant était que Kaori ne semblait nullement inquiète de la colère du nettoyeur à son égard. Elle qui d’ordinaire était toujours soucieuse de l’approbation de Ryô.  

 

Les deux partenaires se toisaient sans que l’un ou l’autre ne daigne détourner le regard en premier. Ryô fulminait de voir Kaori si indifférente envers lui.  

 

La jeune femme semblait déterminée même si au fond d’elle, elle souffrait de la situation dans laquelle le nettoyeur l’avait mise. Se rendre compte après des années et plusieurs obstacles franchis que tout cela ne signifiait rien aux yeux de l’homme qu’elle aimait et que celui-ci préférait faire confiance à une autre dans le domaine professionnel, donnaient à Kaori l’envie de crier et de hurler cette blessure innommable qui meurtrissait son cœur. Kaori avait eu toute la nuit pour laisser libre court à ce chagrin dévastateur et au petit matin elle avait décidé que cela ne pouvait plus durer. Il devait comprendre ce qu’il lui infligeait jour après jour et que cette trahison ne resterait pas sans conséquences. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir de céder avant lui.  

 

Miki les observait tour à tour sans comprendre ce qui avait pu les mener à une telle extrémité entre eux. Elle savait déjà que tout n’était plus pareil depuis un moment mais de là à presque se haïr… elle allait poser la question lorsque la sonnette retentit dans le café.  

 

Ryô et Kaori se tournèrent en même temps pour capter le mouvement de tête de Saeko qui leur faisait signe de la suivre au fond de la salle.  

Saeko s’installa sur une banquette et déposa la mallette qu’elle avait sur la table. Kaori prit place à côté d’elle alors que Ryô s’asseyait en face des jeunes femmes.  

 

- Quatre cafés s’il te plait. Commanda Saeko à Miki sans même s’attarder sur le comportement trop calme de Ryô.  

 

- Qui attendons-nous ? Demanda Kaori.  

 

Elle n’eut pas à attendre la réponse que Reika franchissait à son tour la porte du commerce. Elle se dirigea directement à la table et le sourire aux lèvres demanda :  

 

- Tu me fais une petite place, partenaire.  

 

Sans même regarder la nouvelle venue, Ryô se décala alors que Kaori reportait son attention sur Saeko, une étincelle de colère au fond des yeux. Sans perdre de temps, l’inspectrice exposa les faits alors que Reika soupirait lascivement auprès de Ryô sans se détacher de son sourire :  

 

- On ne change rien à votre objectif, fit l’inspectrice à l’intention de Ryô et Reika. Par contre Kaori, pour garantir ta sécurité et pouvoir vérifier les infos que tu pourras obtenir, voici quelques petits gadgets qui te seront bien utiles.  

 

Saeko ouvrit la mallette pour en sortir plusieurs accessoires.  

 

- Une oreillette et un micro incrusté dans ce collier par lesquels nous pourrons garder contact avec toi en toute circonstance tout en restant à l’écart. Un émetteur dans ce bâton de rouge à lèvres pour pouvoir toujours déterminer ta position. Tu dois toujours les avoirs en ta possession et sous aucun prétexte les déconnecter.  

 

Kaori opina de la tête réalisant soudain le sérieux de cette mission.  

 

- L’émetteur et le récepteur ont une portée de cinq cents mètres, interrompit Ryô en se lançant sur les détails techniques de la mission. Nous serons à l’écoute de vos moindres faits et gestes mais ne fais rien d’irréfléchi, lâcha-t-il en scrutant la réaction de la jeune femme.  

 

Kaori le fusilla du regard mais ne tiqua mot sur cette remarque. Un nouveau duel visuel s’engagea entre eux. Saeko détourna leur attention en reprenant le fil de leur histoire.  

 

- Par contre vu qu’il connaît ton identité, je ne peux rien modifier à ça… il a déjà du faire sa propre enquête à ton sujet. Qu’est-ce qu’il croit que tu fais dans la vie ?  

 

- Il pense que je suis mannequin pour Eriko…, je ne lui ai rien dit d’autre. Comment ça une enquête sur moi ? Demanda naïvement Kaori en détaillant les bijoux dans sa main.  

 

- Pour savoir qui tu es et si tu es bien ce que tu dis être…, intervint Reika en affichant un air scandalisé que la moitié de City Hunter ne s’attende même pas à ce genre de recherches. En ce qui nous concerne, je suis une femme d’affaire et Ryô mon bras droit et garde du corps, insista lourdement Reika en déposant sa main sur l’avant bras du nettoyeur. Je pense que ce ne devrait pas être trop compliqué pour toi de jouer ton propre rôle, non ?  

 

Reika narguait ouvertement Kaori attendant que celle-ci s’emporte et prouve son inefficacité à rester maître de ses émotions. Kaori, devinant le but de Reika, se redressa fièrement en affichant un sourire narquois :  

 

- Le rôle de la garce est déjà pris, non ? Il te va si bien, ce serait difficile de faire mieux !  

 

Des éclairs jaillirent des yeux de la détective qui était prête à en découdre avec sa pseudo-rivale. Ce fut ce moment que choisit Miki pour arriver avec les boissons et prendre part à la conversation :  

 

- Alors sur quoi vous enquêtez ?  

 

- C’est confidentiel, lâcha Reika sans détourner son regard de Kaori.  

 

Voyant que Miki n’accepterait pas cette réponse de la part de sa sœur et jugeant que la situation était suffisamment tendue, Saeko éprouva le besoin d’avoir le soutien d’une tierce personne. Elle lui fit donc un bref résumé de l’état des choses. Au fur et à mesure des dires de Saeko, Miki foudroyait des yeux Ryô et était de tout cœur avec Kaori.  

 

- Bien alors reprenons, fit Saeko. Kaori, on s’en tiendra à cette version… ne lui donnes pas trop d’infos sur toi et on avisera au mieux. Maintenant reste à régler le problème du logement.  

 

- Comment ça ? Demanda Kaori.  

 

- Si tu parviens à le séduire, arrivera bien un moment où il te raccompagnera et là tu feras quoi ? Tu ne crois quand même pas qu’il ne va pas se poser la question de où tu vis ? Tu l’emmèneras chez Ryô ? Ce sera une première ! Railla-t-elle. Il faut penser au moindre détail qui pourrait te compromettre ! A croire que t’es novice dans le métier… on coure droit à la catastrophe avec elle ! Ria Reika en prenant Ryô à partie et fière de reprendre le dessus sur son ennemie.  

 

- Elle peut venir ici, intervint Miki qui n’apprécia pas la façon qu’avait Reika de rabaisser Kaori.  

 

- Vous êtes connus dans le milieu Miki, c’est pas possible…, réfléchissait Saeko.  

 

- S’il n’y a que ça je peux très bien emprunter l’appartement d’Eriko, elle doit s’absenter plusieurs semaines à l’étranger. Percuta Kaori qui ne voulait pas paraître incompétente aux yeux de Saeko, tout en gardant son calme pour ne pas sauter à la gorge de Reika car jusqu’à preuve du contraire « chez Ryô » c’était aussi chez elle.  

 

- OK. Quand dois-tu le revoir ?  

 

- Dès que tu veux. Il m’a invitée à le revoir quand je le voudrai… car comme tu l’as souligné Saeko, il a une nette préférence pour moi. Proclama clairement Kaori en devinant la colère s’accentuer chez Ryô ainsi que chez la détective qui pâlit de rage.  

 

Le nettoyeur n’avait pas dit grand chose depuis le début de cette conversation. Il se tenait à l’écart, enfoncé contre le dossier de la banquette, les bras croisés sur son torse pour limiter le contact avec Reika et les yeux noir de rage. Le comportement désinvolte de Kaori le mettait hors de lui et le fait qu’elle appuie son discours avec l’attirance que ce Makito semblait éprouver à son égard lui donnait des envies de meurtre.  

 

- Bien, laisse-le mijoter quelques jours avant de reprendre contact pour ne pas lui montrer que tu lui coures après. Fit Saeko en refermant la mallette. Entraines-le dans un lieu public, Ryô et Reika assurerons tes arrières et resterons discrètement à proximité. Tout le monde est d’accord ? Demanda-t-elle au duo qui affichait une mine des plus contrariée. Je prends ce silence pour un oui. Quand reprends-tu contact Reika ?  

 

- A la fin de la semaine et cette fois-ci nous devrions conclure.  

 

- Bien, en attendant faites-vous discrets. Lâcha Saeko à l’attention du petit groupe.  

 

Saeko prit congé de City Hunter et de Reika avec une boule à l’estomac. Elle ne savait pas où tout cela allait les mener mais pour le moment c’était très mal engagé. Le lieutenant espérait sincèrement que chacun des protagonistes serait capable de faire abstraction de toutes ces émotions négatives qui les habitaient pour se focaliser sur la réussite de cette mission.  

De son côté la détective fulminait intérieurement de s’être faite prise la vedette par Kaori. A cause d’elle, elle était reléguée au second plan et cela lui restait en travers de la gorge. Mais elle avait encore pour elle la participation de Ryô, il était son partenaire et elle comptait bien en profiter :  

 

- Si tu permets, nous avons nous aussi des choses à mettre au point…, annonça la jeune femme à l’encontre de Kaori, l’invitant ainsi à les laisser seuls.  

 

Kaori récupéra les accessoires, quitta la table tout en foudroyant Ryô du regard et rejoignit Miki au comptoir. Elle attacha le collier à son cou et mit le bâton de rouge à lèvres et l’oreillette dans son sac. La barmaid sentait son amie soucieuse et quelque chose la perturbait elle aussi :  

 

- Pourquoi fais-tu cela ? Demanda-t-elle doucement. Tu n’as pas besoin de prouver quoique ce soit à qui que ce soit, dit-elle en désignant le duo au fond de la salle. Je suis de ton côté mais… ce Makito semble dangereux…  

 

- Tu es bien placée Miki pour savoir que les gens ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent être, répondit-elle gentiment en faisant référence à Falcon. Il y a quelque chose chez lui de différent de ce que l’on voit…  

 

Cette réponse sembla suffire à Miki. Kaori rassura son amie d’un regard franc et déterminé avant de la remercier chaleureusement pour son soutien et de quitter le commerce.  

 

- Où comptes-tu aller ? Demanda Ryô en rejoignant Kaori qui avait déjà ouvert la porte.  

 

- J’ai certaines choses à faire qui ne te regardent pas. Si tu me cherches, tu sauras où me trouver, fit-elle en désignant son sac.  

 

Un dernier geste en direction de Miki et Kaori disparut dans la rue.  

 

Reika aussi s’en alla, un sourire mielleux aux lèvres. Elle ne pouvait espérer mieux pour se rapprocher du nettoyeur que le fait qu’il soit en froid avec Kaori.  

Restés seuls dans l’établissement, Miki observait Ryô qui fixait un point imaginaire au-dehors.  

 

- Elle n’y arrivera jamais si tu ne te montres pas plus conciliant. Elle ne le sait pas encore mais elle va avoir besoin de toi Ryô… ce genre d’infiltration peut avoir des conséquences, ne restes pas à distance sur ce coup, tu pourrais t’en mordre les doigts. Fit Miki en débarrassant la table et reprenant ses activités.  

 

- Elle veut jouer dans la coure des grands, à elle d’assumer ses choix, claqua mécaniquement la voix de Ryô avant de disparaître à son tour.  

 

Même si Miki avait raison, Ryô ne voulait pas l’admettre. Il avait eu tort de cacher ses activités à Kaori, il le savait, mais il n’était pas prêt à faire le premier pas envers elle pour autant. Il serait là le moment venu mais il voulait qu’elle se rende compte que c’était elle toute seule qui s’était mise dans cette position. A aucun moment il ne lui avait demandée de se jeter dans la gueule du loup. Kaori l’avait décidé de son propre chef et cela malgré ses objections.  

Ryô prit sa voiture avec la seule envie de rouler et de se vider la tête.  

 

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Kaori était passé voir Eriko pour s’assurer de son départ en voyage et la styliste lui avait dit attendre le taxi qui l’emmènerait à l’aéroport. Elle avait bien tenté d’en savoir plus sur le mystérieux donateur qui avait offert la robe mais Kaori ne donna pas le moindre indice. Eriko lui donna les dernières consignes concernant la boutique, lui demandant d’y passer de temps en temps pour voir si tout s’y passait bien. Eriko en laissait la gestion aux vendeuses avec lesquelles elle travaillait depuis longtemps mais elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter.  

 

- Tu sais que tu peux encore m’accompagner… ça te ferait des vacances et je suis sûre que l’on s’amuserait bien, tenta une dernière fois Eriko.  

 

- C’est gentil mais ce n’est pas possible…  

 

Kaori ne pouvait accepter l’invitation de son amie ni même lui dire ce qu’elle comptait faire en son absence.  

 

- Ryô est assez grand pour se passer de toi quelques temps, tu es trop gentille avec lui.  

 

A ces mots, un voile de tristesse s’abattit devant les yeux de Kaori. En effet Ryô n’avait pas autant besoin d’elle qu’elle le croyait. Il vivait et faisait sa vie sans même l’en avertir. Lui faisant comprendre que ses faits et gestes ne la concernaient pas.  

L’inquiétude dans la voix d’Eriko, fit revenir Kaori à la réalité.  

 

- Oui je vais bien, tu vas me manquer…, murmura Kaori en prenant son amie dans ses bras.  

 

- Je ne pars que quelques semaines, ça passera vite.  

 

Les deux jeunes femmes prirent les valises et descendirent au pied de l’immeuble attendre le taxi. Eriko donna toutes les clefs et promit de vite donner de ses nouvelles en grimpant dans le véhicule.  

 

Kaori regarda son amie s’en aller et serrant les clefs dans sa main, elle soupira. Il lui restait le plus dur à faire : faire ses propres valises. Elle croyait en ce qu’elle faisait mais le fait de se sentir en désaccord avec tout le monde la blessait. Cette confrontation constante avec Ryô puis avec Reika l’avait éprouvée. Peut-être avait-elle fait le mauvais choix pour de mauvaises raisons. A force, son esprit s’embrouillait. Quoiqu’il en soit, elle ne pouvait plus reculer.  

 

 

Kaori rentra le cœur lourd à l’appartement. L’heure du déjeuner était largement dépassée mais elle n’avait pas faim alors elle se plongea directement dans son armoire pour en sortir les tenues dont elle aurait besoin. Les grosses valises posées sur son lit se remplissaient au fur et à mesure que son armoire se vidait. Kaori était tellement concentrée à ce qu’elle faisait, qu’elle n’entendit pas la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer sur le deuxième occupant de cet appartement.  

 

Ryô trouva l’habitation bien calme alors qu’il savait la jeune femme en ces lieux. Sa promenade en voiture ne l’avait pas beaucoup aidé à mettre les choses en place dans sa tête mais il devait se faire violence pour tenter de calmer les choses entre Kaori et lui. Il en allait de la réussite de la mission et de la survie de City Hunter. L’un comme l’autre devait mettre de côté ses sentiments pour que tout se déroule au mieux. Il grimpa donc à l’étage avec la ferme intention de mettre cartes sur table, du moins en partie.  

 

La porte de la chambre de Kaori était entre-ouverte. De toute évidence, la jeune femme n’avait pas remarqué sa présence. De sa position, Ryô observa la scène. Kaori s’affairait à remplir au maximum ses valises. « Pour combien de temps pense-t-elle partir ? » Cette question le chamboula, apparemment elle prévoyait large. Devant lui se dressait son pire cauchemar. Elle était là sans se soucier de ce qu’il pouvait ressentir à préparer son départ avec autant de minutie. Elle veillait à ne manquer de rien. Mais ce qui brisa le nettoyeur c’était le fait de voir Kaori emporter avec elle la photo et la bague de son frère ainsi que son disque préféré. Il n’allait rien rester d’elle dans cette pièce… comme si elle n’avait jamais été là, comme si elle n’avait jamais fait partie de sa vie.  

 

Sans faire de bruit, Ryô recula dans le couloir. Toutes ses résolutions s’étaient envolées et il sentit le froid l’envahir face à cette scène qui se jouait et se rejouait devant lui. Mécaniquement Ryô quitta l’appartement pour se réfugier dans la salle de tir.  

 

Le barillet se vidait frénétiquement pour se remplir aussi vite et se vider à nouveau. Les balles fusaient sur les cibles en carton. Ryô ne se concentrait même pas sur ce qu’il faisait, par réflexe sa main agissait et ne manquait jamais sa cible que le nettoyeur s’imaginait être Makito. C’était lui le responsable de ce désastre. Lui le coupable déguisé en agneau pour attirer l’attention de Kaori.  

 

Ryô savait qu’il avait sa part de responsabilité mais si Makito ne s’était pas approcher d’elle, jamais elle n’aurait pris part à tout cela. Kaori lui en aurait voulu de lui avoir caché cette mission mais elle serait restée à l’abri du moindre danger. Alors que là, elle préparait ses bagages, prête à le laisser seul sans même un regard ou un geste pour lui, dans l’indifférence la plus totale.  

 

Depuis qu’elle vivait avec lui, sa seule hantise était qu’un jour elle ne le quitte de sa propre volonté. Qu’elle lui tourne le dos pour ne jamais se retourner et l’oublier. Ryô devrait se sentir soulagé car ce départ, cette séparation n’était qu’une façade pour les besoins de cette mission mais cela avait le goût acide de la réalité. Même si tout au long de ces années vécues auprès d’elle, Ryô avait toujours hésité à l’éloigner de lui, pour leur bien à tous les deux, il n’avait jamais pu s’y résoudre. Comment se séparer de la seule personne qui lui donne envie de vivre jour après jour ? Elle lui avait donné tout ce qu’il recherchait sans même le savoir : un foyer, une existence, de l’importance… il comptait pour elle, il le savait mais aujourd’hui il en doutait. Aujourd’hui tout était remis en cause, ce qu’il croyait acquis partait en éclats alors que quelques étages au-dessus la jeune femme ne se doutait même pas des tourments qui envahissaient le nettoyeur. Aujourd’hui il vivait ce départ comme une répétition avant le grand saut, une terrible sensation lui nouant la gorge.  

 

Elle ne pouvait pas le quitter ainsi, pas comme ça. Ryô vivait un des pires moments de sa vie, partagé entre son cœur et sa raison. Son cœur lui soufflait de s’ouvrir à Kaori pour endiguer ce flot de remords et de culpabilité et sa tête le martelait d’images incohérentes tout en lui commandant de rester objectif et professionnel. D’ordinaire Ryô aurait suivi son instinct mais même celui-ci se brouillait lorsque Kaori était concernée. Il n’y avait pas de solution à son dilemme.  

 

Deux heures de tir intensifs ne réussirent pas à calmer Ryô. Il ne pouvait pas laisser ce gâchis se faire mais il ne pouvait pas l’en empêcher non plus. Comment renouer ce lien fragilisé sans rien lâcher de ce qu’il croyait juste ? Comment lui dire ce qu’il présentait sans lui avouer ses tourments ? Comment rester objectif lorsque la seule raison de ne pas sombrer dans la folie s’éloignait peu à peu ?  

 

Ryô remonta de la salle de tir la tête dans un étau. Il constata que Kaori avait déjà fini de préparer ses bagages qui étaient disposés dans l’entrée. A croire qu’elle était pressée de fuir. La vue de ses valises lui fit réaliser l’ampleur des dégâts et accentua considérablement son mal être. Ryô tentait de se persuader que ce n’était que pour le temps de la mission mais cela ne le rassurait pas comme si ce contexte n’était qu’une excuse pour cacher la réalité. La réalité était qu’il était trop fier pour la retenir et que Kaori n’arrivait plus à lui pardonner. La réalité était que l’un et l’autre se détruisait ensemble. Cette enquête laissait présager le pire. Ryô ne pourrait pas être constamment à ses côtés, il ne pouvait que rester à distance. Il ne serait qu’une voix dans l’oreillette, lointaine et insignifiante. Lui qui se croyait prévoyant en toute circonstance, il n’avait pas vu la situation se retourner à ses dépens.  

Une étincelle au fond des yeux, Ryô décida de ne pas laisser les choses se passer ainsi, dans l’indifférence et le mépris. Les paroles de Miki lui revinrent et l’encouragèrent à suivre son conseil : ne pas se laisser évincer par cette situation.  

 

Kaori sortit de la cuisine et trouva Ryô perdu dans ses pensées fixant les valises à ses pieds. C’était là une des rares fois où Ryô lui laissait entrevoir un semblant d’émotions. Il semblait soucieux. Avait-il peur pour elle ? Pensait-il qu’elle n’était pas apte pour ce jeu de rôle ? Elle eut soudain la sensation qu’elle n’y arriverait pas. A chaque mission, Kaori avait eu une confiance aveugle car elle savait que Ryô n’était jamais loin mais là, elle allait se lancer en solo, sans filet et en total désaccord avec lui. Elle avait peur, peur de tout faire échouer, peur de se tromper, peur de réaliser qu’elle n’était pas celle qu’elle croyait : une partenaire à la hauteur.  

Chacun à l’opposé de l’autre dans le salon, ressentait une appréhension qui les faisait se trouver au bord du gouffre.  

 

Ryô fut le premier à reprendre contenance et se rendant compte de la présence de Kaori dans le salon, il osa un regard dans sa direction. Il vit et ressentit le besoin de la jeune femme d’être soutenue, rassurée et comprise dans son choix mais c’était au dessus de ses forces. Ce regard noisette le déstabilisait. Devant elle, il perdait toute contenance. Les derniers événements revenaient par vagues en sa mémoire amenuisant d’un simple battement de cils sa détermination à faire le premier pas. Alors comme à l’accoutumée, il donna le change à sa manière :  

 

- Le diner n’est pas prêt ? J’ai l’estomac dans les talons, je dévorerai n’importe quoi !  

 

- Etant donné que tu n’as jamais apprécié ce que je prépare, ça ne te manquera pas… tu n’as qu’à le faire toi-même. Répondit froidement Kaori, vexée qu’il ne pense qu’à manger alors qu’elle attendait autre chose de lui.  

 

Ryô ne s’attendait pas à une telle répartie même si depuis ce matin Kaori lui avait montré à maintes reprises qu’elle aussi savait répondre en faisant mouche à chaque fois.  

 

La voix claire de Kaori rompit ce silence :  

 

- Je pense n’avoir rien oublié, fit-elle en jetant un dernier regard sur la pièce.  

 

- Tu pars maintenant ? Demanda le nettoyeur en tentant de cacher sa surprise.  

 

- Oui, c’est mieux ainsi. Cela me laissera le temps de m’installer et de prendre du recul par rapport à tout ça. Argumenta Kaori en commençant à prendre ses bagages.  

 

Ryô resta sans voix, ce n’était pas ce qu’il avait prévu. Il pensait avoir encore le temps de la rallier à sa cause, de profiter de sa présence et de s’assurer du retour de sa confiance en lui. Mais de toute évidence la jeune femme en avait décidé autrement sans prendre la peine de le consulter.  

Kaori avait déjà chargé le plus gros de ses valises sans que Ryô ne bouge. Lorsqu’elle revint chercher son sac et ses derniers effets, ce fût à ce moment que le nettoyeur sortit de sa torpeur.  

 

- Ce n’est pas professionnel ce que tu fais, commença-t-il sèchement. Tu ne sais rien de cet homme, tu n’as sûrement rien préparé comme plan de secours au cas où cela tournerait mal ! Tu fonces droit dans le mur si tu ne prends pas en compte les personnes impliquées avec toi ! Tu dois me prévenir de tes décisions et non me mettre devant le fait accompli et espérer que je répare tes erreurs !  

 

- Tu me crois donc si incapable et imprudente que ça ? C’est que tu me connais bien mal Ryô…, fit Kaori avec une pointe de déception dans la voix contrastant avec le regard exaspéré qu’elle lui lança.  

 

Ses affaires à la main, Kaori se détourna de Ryô avec la ferme intention de s’éloigner au plus vite. Elle avait hâte de se retrouver seule et de pouvoir enfin souffler sans sentir ce regard noir et indéchiffrable que son partenaire posait sur elle et qui la remettait sans cesse en question.  

Kaori se sentie soudain freinée dans son élan. Une pression sur son bras libre la tirait en arrière :  

 

- Tu ne peux pas partir comme ça Kaori ! Réfléchis ! Que l’on soit en désaccord c’est une chose mais on a une mission à accomplir et je ne te laisserai pas faire n’importe quoi !! Cria Ryô en maintenant son emprise sur Kaori.  

 

- Lâches-moi Ryô ! Tu n’as rien à redire sur ce que je fais ! Saches pour ta gouverne que j’ai déjà prévenu Saeko de mon « déménagement » et c’est à elle que je rendrai compte de mes faits et gestes !  

 

Kaori se débattait mais Ryô persistait à bloquer ses mouvements pour garder sa mainmise sur elle. La colère de Ryô s’accentuait malgré lui dans ses membres sans s’apercevoir de la douleur physique qu’il infligeait. Kaori devait le faire lâcher prise et pour cela elle devait focaliser sa concentration sur autre chose :  

 

- Concernant « mes erreurs », je connais par cœur le numéro de Mick et je sais vers qui me tourner en cas de danger ! Ayant été sa partenaire, je sais qu’il sera là au besoin sans me juger ni me rabaisser ! Attesta-t-elle sans le moindre doute.  

 

Cette dernière remarque eu l’effet escompté, Ryô desserra son emprise alors que ces dernières affirmations lui martelaient la tête et déchiraient son cœur. Ce qu’il avait craint sans se l’avouer, se réalisait : Kaori se détournait de lui. Elle ne lui prêtait même plus sa confiance, il ne lui était plus indispensable.  

 

Kaori profita de ce laps de temps pour retirer son bras endolori et sans remarquer le regard vide de Ryô, ajouta avec un léger tremblement dans la voix, entre colère et amertume :  

 

- Le temps où tu prenais toutes les décisions à ma place et que je te laissais faire pensant à tort que c’était mieux ainsi est révolu ! Dorénavant je déciderais seule, même si cela n’est pas ce que tu attends de moi, même si je risque de me planter… tu n’as plus cette lourde responsabilité de me chaperonner… je te délie de cette promesse que tu n’étais pas prêt à honorer.  

 

Repoussant avec rage les larmes qui perlaient à ses yeux, Kaori claqua violement la porte en se précipitant dans les escaliers.  

 

Le nettoyeur entendit le bruit sourd de la porte et resta immobile comme cloué au sol. Il n’avait ni l’envie ni la force de poursuivre la jeune femme. Elle l’avait touché en plein cœur, il n’était plus l’unique gardien de sa vie et panser cette blessure, qu’il s’était en quelque sorte lui-même infligé à trop se cacher derrière des faux-semblants, lui prendrait du temps.  

 

 


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