Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 15-11-09

Mise à jour: 19-12-10

 

Commentaires: 227 reviews

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DrameGeneral

 

Résumé: Le piège n'est pas toujours là où l'on croit...

 

Disclaimer: Les personnages de "Mission G" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Mission G

 

Chapitre 12 :: … et des lendemains qui pleurent

Publiée: 09-05-10 - Mise à jour: 09-05-10

Commentaires: Coucou! Vos réactions pour le chapitre précédent m'ont beaucoup plue. Non pas que je sois sadique (du tout du tout lol) mais notre duo aussi a besoin de soutien... alors Merci. Je vous souhaite un bon dimanche (chez moi le soleil est enfin revenu) et bonne lecture aussi, bisouss!!

 


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Ryô avait redouté et attendu ce moment depuis que Saeko l’en avait informé. Kaori avait été aussi conviée à cette soirée ce qui ne l’avait même pas surpris. Leur cible était vraiment tombée sous son charme. Depuis son arrivée avec Reika dans cette propriété luxuriante, le nettoyeur avait bien ressenti cette impatience chez Makito qui ne cessait de regarder sa montre et de demander à ses hommes si la jeune femme était arrivée, ne prêtant déjà plus d’attention à ses premiers invités.  

Ryô aussi était nerveux mais il le dissimulait. Il n’avait pas revu la jeune femme depuis ce qu’il espérait être un cauchemar… il ne pouvait même plus la surveiller lui-même sans craindre de s’enfoncer encore plus dans cette situation avec elle. Il était en manque d’elle, bien plus maintenant qu’il avait goûté à son âme. Cette nouvelle séparation lui était encore plus difficile à supporter, une blessure physique lui aurait semblée plus douce en comparaison. Son indic faisait son rapport religieusement et Ryô était au courant de tout mais de nombreuses questions le taraudaient. Bien entendu il s’était réjoui d’apprendre que Kaori n’avait pas revu Makito depuis la dernière fois mais ce qui l’intriguait le plus était la visite que la jeune femme avait eue à la boutique.  

 

Apparemment, Mick était resté un long moment avec elle et selon son indic, l’Américain était ressorti avec un franc sourire qui ne présageait rien de bon pour lui. Pour preuve, Mick qui, en entrant dans la boutique avait repéré la présence de l’observateur, lui avait adressé un message clair et sans équivoque à transmettre à son « boss » dans un sourire fier et soutenu d’un regard déterminé. Ryô en mettrait sa main à couper, cela voulait dire qu’il allait souffrir et que Mick savait comment.  

Pourquoi était-il passé la voir ? Que lui avait-elle dit ? Mettrait-il sa menace à exécution ? Ryô avait essayé d’en apprendre plus auprès de l’intéressé lors d’une soirée bien arrosée mais Mick avait senti le piège et était resté très énigmatique concernant la jeune femme et l’avait planté là, malgré l’alcool coulant à flots et les bunnies, avec cette dernière phrase : « Je ne t’ai laissé qu’une chance Ryô, je ne peux plus rien pour toi… ».  

Depuis Ryô ne savait plus quoi penser ni comment agir mais ce soir il allait être fixé.  

 

Il vit Makito disparaître dans la demeure après qu’un de ses hommes soit venu lui parler. Kaori devait être arrivée. Peu de temps après, il guetta l’homme revenir affichant avec fierté un sourire insolent d’avoir Kaori à son bras.  

Revêtant son masque d’impassibilité, Ryô attendit patiemment que les yeux noisette de la jeune femme se posent sur lui. Il y vit un éclat de tristesse et beaucoup de lassitude. Il devinait sa peine refoulée qui lui nouait l’estomac et la fatigue accumulée qui marquait son visage malgré le maquillage. Il la connaissait trop bien pour que ce simple tour de magie lui cache quoi que ce soit, lui-même étant dans le même état.  

De là où il se trouvait, Ryô ne voyait que le visage de Kaori qui était en partie cachée par la balustrade et il crut avoir une attaque lorsque avec Makito, elle descendit les marches et que ses yeux ténébreux la détaillèrent.  

 

La jeune femme portait une robe outrageusement courte. Les fines bretelles sur ses épaules délicates menaient tout droit à un décolleté plongeant où même son collier se perdait telle une rivière entre deux montagnes. Le tissu apparemment soyeux s’arrêtait à la limite de la décence laissant ses belles jambes fuselées complètement nues. La couleur argentée de la robe se mariait délicatement avec le nacre de sa peau. Kaori attirait tous les regards, de convoitise pour les hommes et de jalousie pour les femmes. Son sourire tendre et sa démarche sensuelle, ajoutés à cette robe plus que sexy, la rendaient irrésistible. Plus d’un déjà s’était empressé d’aller à la rencontre du couple pour avoir l’opportunité de l’approcher.  

 

Ryô bouillonnait intérieurement et tentait de refouler cette envie soudaine de massacrer ces moucherons à coup de magnum et de couvrir la jeune femme de sa veste pour que les hommes ici présents cessent de fantasmer sur elle. Il connaissait maintenant sa sentence pour l’avoir repoussée, cette souffrance d’avoir à portée de main son bien le plus précieux sans pour autant pouvoir y accéder. Mais ce qui attira le plus l’attention du nettoyeur et intensifia sa jalousie et sa frustration fut cette large main baladeuse que Makito promenait impunément sur le corps de Kaori qui réprimait un frisson à chaque contact. Déjà en descendant les escaliers, il la tenait par la taille tout contre lui et là, à déambuler parmi les invités, il lui tenait la main ne la lâchant pas un seul instant comme si elle était à lui, en sa possession. Ryô avait toujours les yeux rivés sur ces deux mains enlacés lorsque le couple arriva à sa hauteur.  

 

- Kaori, je voudrai te présenter de nouveaux clients : Mademoiselle Reika Gonkuro et Monsieur Ryô Sanada avec qui j’espère les affaires seront concluantes, sourit Makito en faisant les présentations.  

 

- Enchantée…, prononça sommairement Kaori comme elle l’avait fait avec les autres convives en regardant ces « nouvelles personnes » comme si elle ne les connaissait pas.  

 

Ryô fut surpris par ce semblant d’indifférence qu’affichait Kaori. Il ne s’était pas attendu à un tel comportement à son égard.  

 

Celle-ci devinait le regard de Ryô glisser sur elle. Elle n’arrivait pas à savoir ce qu’il pensait en la regardant ainsi. Et ses derniers mots lui revinrent en plein cœur réanimant sa tristesse.  

Ryô perçut le changement d’aura chez Kaori. Il se maudissait d’en être la cause alors qu’ils ne s’étaient encore rien dits depuis leur violente dispute. Il releva son regard pour croiser celui de la jeune femme. Il aurait voulu tout effacer, ses mots cruels qu’il ne pensait pas sérieusement et la prendre dans ses bras pour ne plus jamais la lâcher mais il ne pouvait pas.  

Leurs regards s’accrochèrent avec force pour partager ce manque dont l’autre souffrait, ce besoin vital de se retrouver que chacun espérait. Ses yeux infiniment noirs se perdirent dans cette candeur noisette pendant un court instant, instant magique les isolants du reste du monde. Créant ainsi l’espace de quelques secondes une bulle éphémère et invisible à l’épreuve de leur douleur où ils se parlaient sans dire un mot, où ils pouvaient presque se toucher pour se fondre à nouveau l’un dans l’autre. Chacun cherchant le pardon et le réconfort chez l’autre, silencieusement. Il n’y avait plus qu’eux, deux regards, un souffle, chacun existant à nouveau pour l’autre. Loin de ce qui les éloignait l’un de l’autre.  

Un regard bref et intense qui les rapprocha, les rassura et les encouragea mutuellement. L’évidence de leurs sentiments les enchaîna de son lien indéfectible. Leurs cœurs se parlaient même si leurs raisons ne le comprenaient pas encore.  

 

Ryô aurait voulu lui dire tellement de choses même s’il n’en avait ni le temps ni les mots. Rien qu’un regard pour tout reconstruire. Rien qu’un instant à eux. Rien d’autre.  

 

Il la sentait anxieuse elle aussi, malgré l’assurance qu’elle voulait se donner. Alors qu’il voulut entamer la conversation pour apaiser un peu la jeune femme et faire en quelque sorte le premier pas, Reika, envieuse de tant d’attentions pour Kaori, le prit de cours :  

 

- Est-ce votre fiancée ? Demanda-t-elle en devinant la gêne chez Kaori.  

 

- Une amie proche…, souffla Kan avec un clin d’œil amusé à l’égard de Kaori.  

 

- Pourrons-nous parler de ce qui nous amène en toute liberté, Kan ? Reprit Reika en minaudant alors que Ryô fulminait secrètement.  

 

- Vous êtes ici pour ça et après les vérifications d’usage à votre égard, je pense être en mesure de satisfaire vos exigences Mademoiselle Gonkuro. Répondit Makito en ne relevant pas la familiarité de la jeune femme, il n’était pas intéressé et le faisait savoir. Je vous parlerai des modalités ultérieurement, en attendant excusez-moi j’ai d’autres personnes à voir. Ajouta-t-il en entraînant Kaori avec lui et en rompant ainsi le contact visuel de sa compagne et de Ryô.  

 

Ryô regarda le couple s’éloigner et se fondre parmi la petite foule sans que la jeune femme ne daigne un autre regard vers lui. « Kaori… fiancée », ces mots résonnaient dans son cœur. Jamais il ne pourrait laisser cela arriver. Ignorant Reika qui commençait déjà à râler, il alluma son oreillette et se concentra sur la conversation à laquelle participait Kaori, en attrapant un verre sur un des plateaux que les serveurs présentaient :  

 

- … Kaori… avant que tu ne dises quoi que ce soit… je suis le seul à pouvoir t’entendre et te parler…, dit-il bêtement en se raclant la gorge.  

 

- Oui avec plaisir, merci. Répondit-elle à Kan qui lui proposait une coupe de champagne alors que Ryô se refusait à faire tout commentaire sur les rapports de la jeune femme avec l’alcool.  

 

- Je sais que tu ne peux pas me répondre mais montres au moins que tu m’entends… en levant ton verre…, en retour Kaori bu une gorgée, ok alors…  

 

Ryô ne savait comment revenir sur ce qu’il avait dit à tort alors il se borna à faire l’inventaire de certaines personnes déjà présentes pour qu’elle se rende compte que si les invités étaient loin d’être blanc comme neige leur hôte devait l’être également. Il continuait son monologue en se déplaçant pour garder Kaori à portée de vue, cherchant à nouveau à croiser son regard.  

 

De son côté, Kaori avait cru défaillir en apercevant Ryô, majestueux et sûr de lui, aux côtés de Reika mais elle s’était très vite reprise et suivait les conseils avisés de son confident.  

 

Mick était venu la voir à la boutique quelques jours plus tôt et juste en posant ses yeux bleus sur elle, il avait su. Il avait deviné un changement important chez elle puis cette souffrance insupportable. Il ne lui avait posée aucune question à ce sujet, sachant pertinemment qui était responsable, et il avait tout simplement pris sa peine pour la consoler comme son propre frère l’aurait fait. Puis quand les larmes s’étaient taries, d’une voix chaude et entraînante, Mick l’avait encouragée à se ressaisir avec une idée bien précise en tête : rendre raide dingue cet « abruti fini » selon ses propres mots. Connaissant le nettoyeur comme son jumeau, il savait comment frapper pour le faire réagir et surtout regretter son comportement, d’où cette robe des plus subjectives. Devant les yeux ahuris de Kaori, il l’avait très vite rassurée en disant qu’elle devait avoir confiance en elle et que le reste viendrait tout seul. Il était temps de montrer à Ryô qu’elle n’était pas une femme fragile et que si lui se refusait à la voir telle qu’elle était, belle et merveilleuse, d’autres le feraient.  

Kaori lui avait été reconnaissante, malgré les sentiments qu’il nourrissait à son égard, qu’il se soit montré aussi galant et respectueux envers elle. Mick ne voulait que son bonheur même auprès d’un autre.  

 

Alors en entendant la voix quelque peu vacillante de Ryô à son oreille, Kaori sourit intérieurement de la justesse de Mick dans certains domaines. Ce regard intense, quelque peut indéchiffrable, que lui avait adressée Ryô la motivait au-delà de ses espérances d’oser encore y croire.  

 

Elle écoutait ce qu’il lui disait et même si elle avait bien reconnu quelques têtes, ce n’était pas pour autant qu’elle pensait Kan perdu dans cet étalage de mauvais genre. D’ailleurs ce dernier était de toute évidence soucieux de son approbation. Il la tenait toujours par la main qu’il caressait du pouce tout en parlant avec les gens alentours. Comme s’il voulait se rassurer. Elle découvrait qu’en effet il avait conscience de certaines choses car nul ne pouvait ignorer les activités de certaines personnes présentes mais il semblait redouter qu’en découvrant une autre facette de lui par ses relations peu fréquentables, cela ne la fasse fuir. Quel homme, sensé être à la tête d’un trafic aussi important qu’illégal, s’alarmerait de ce qu’une jeune femme rencontrée il y a un peu plus de quinze jours pourrait en déduire ? Il ne lui paraissait pas totalement à sa place dans ce contexte. Sans pouvoir se l’expliquer, Kaori le sentait en danger dans cet environnement.  

 

Ryô, qui l’air de rien guettait Kaori, serrait de rage son verre déjà vide pour se retenir de fracasser cette main qui continuait à la caresser. Personne n’avait le droit de poser ses yeux ou ses mains sur elle. Personne n’avait le droit d’en apprécier le grain doux et soyeux. Il était fou de jalousie et se demandait encore pourquoi il ne l’attrapait pas pour partir loin de tout ce cirque. Il ne le pouvait pas. Jamais sa partenaire ne lui pardonnerait. Ce serait faire capoter cette maudite mission, se convainquait-il.  

La surprenant couvant Makito d’un regard compatissant et doux, Ryô avala d’une seule traite un autre verre qu’un serveur lui avait apporté. Il ne pouvait laisser la jeune femme se laisser aller aux sentiments. Il fallait détourner cette attention démesurée.  

 

- Je vois que tu t’amuses bien alors il n’y a pas de raison pour que je n’en profite pas aussi…, lança-t-il provocateur. Après tout je suis libre en ce moment…  

 

Assuré que Kaori ait bien compris ses intentions, Ryô se rapprocha d’une femme aux formes pulpeuses qui semblait s’ennuyer et commença à jouer de son charisme.  

 

Kaori avait brusquement tourné la tête en direction de Ryô. Elle le voyait distinctement presque se coller à une femme qu’elle ne voyait que de dos. Mick l’avait prévenu que Ryô se la jouerait macho et acerbe pour ne pas perdre la face, elle ne s’en offusqua donc pas même si les paroles qu’elle entendait montraient que Ryô prenait plaisir à l’énerver et à la peiner. Il voulait la faire réagir mais elle ne se ferait pas avoir aussi simplement. Le regard qu’ils avaient échangé en se revoyant lui donnait raison de persévérer, elle devait attendre que Ryô vienne à elle de lui-même.  

 

Le beau brun sentit brièvement le regard courroucé de Kaori mais ne put s’en amuser que déjà elle reportait son attention ailleurs. Jouer avec d’autres femmes ne semblait pas inquiéter Kaori outre mesure et il se rendit compte que ce n’était pas non plus ce qu’il voulait.  

Il voulait approfondir ce contact visuel qui avait déclenché cette vague de désir qui le consumait et contre laquelle il se savait démuni. Voilà pourquoi il n’avait pas revu la jeune femme, il savait qu’il ne pouvait ni ne voulait lui résister. Il devait lui faire savoir qu’il acceptait tout d’elle, pour elle il se damnerait sans hésiter si c’était pour se perdre avec elle.  

Il la vit porter son regard troublé sur l’assemblée comme si elle cherchait quelqu’un.  

 

- Quelque chose ne va pas ? Fit-il intrigué en regardant à son tour autour de lui.  

 

- Tout va beaucoup mieux maintenant que vous êtes là…, susurra la femme toujours collée à l’oreille de Ryô en croyant que c’était à elle qu’il s’adressait.  

 

Il sourit machinalement en la repoussant légèrement et reporta son attention sur la foule. Reika était toujours là, apparemment en bonne compagnie et rien ne semblait dénoter parmi les invités alors qu’est-ce qui troublait Kaori ? La regardant à nouveau, il ne put que constater que seul Makito se trouvait encore en grande conversation avec ses invités. Il allait l’interpeller par son oreillette lorsqu’il la devina, à l’écart de la réception adossée à un arbre qui la dissimulait presque. Il allait vers elle quand il entendit une voix d’homme à son oreille :  

 

- Qu’attendez-vous de lui ?! Questionna sévèrement l’homme à la balafre : Luang Ly.  

 

- Rien… que sous-entendez-vous ? Répondit Kaori en le toisant à son tour pour ne pas se laisser impressionnée.  

 

- Je vous observe et je n’aime pas ce que je vois !  

 

- Ca a le mérite d’être clair…  

 

- Je n’ai pas fini ! La coupa-t-il. Ne vous faites pas d’illusions, vous ne valez pas mieux que les autres ! Un bon conseil, évitez de venir vous brûler les ailes… vous pourriez le regretter, ajouta-t-il d’un sourire obscène en mimant le geste de remettre une bretelle de la robe en place.  

 

- Kan est-il au courant de votre manège ? Demanda-t-elle en réprimant son dégoût de sentir la main froide de l’homme sur son épaule.  

 

- Ne jouez pas à ça avec moi… vous n’êtes pas la première à vouloir se mettre entre nous et je vous laisse deviner qui gagne à ce jeu…, railla-t-il en s’éloignant.  

 

De nouveau seule, Kaori se permit enfin de respirer calmement. Regardant vers Kan, ce dernier lui sourit, certainement convaincu qu’elle venait de faire bonne impression sur son associé. Elle répondit à son sourire et avala une gorgée de champagne pour rafraîchir sa gorge nouée par cette « altercation ».  

 

« Tu t’en es très bien sortie…», entendit-elle en écho à la fois dans son oreille et tout près d’elle.  

 

Ryô avait contourné la foule et s’était rapproché silencieusement en camouflant sa présence auprès de Kaori et de son interlocuteur. Il avait suivi l’échange qui montrait que Kaori avait eu raison de demander à Saeko de se renseigner sur cet homme. De toute évidence, ce dernier avait Kaori dans son collimateur. A l’intonation de la voix grave, Ryô avait reposé son verre vide d’un geste sérieux. Il n’était plus là pour s’amuser. Il s’était tendu, son côté pro reprenant le dessus à l’affût de ce que cet homme osait dire à sa femme. Quoiqu’il y ait entre eux, jamais il ne laisserait quiconque la menacer ou lui manquer de respect. Ressentir autant d’animosité envers la jeune femme, lui fit s’envoler la discorde qui les animait depuis quelques jours. Ryô surveillerait ce Luang Ly de près mais pour le moment il voulait seulement rassurer et encourager sa partenaire pour aussi garder un œil sur elle. Ils ne devaient plus s’éloigner, il était temps qu’elle puisse compter sur lui de manière infaillible comme avant. Il en avait besoin autant qu’elle en ce moment.  

 

S’assurant que personne ne portait attention à la jeune femme adossée contre cet arbre, Ryô attrapa doucement l’une de ses mains posée sur l’écorce et l’attira avec lui loin des regards indiscrets.  

 

Kaori étouffa un petit cri de surprise en se retrouvant coincée entre Ryô et l’arbre. Ce dernier vérifiait que personne n’avait rien vu avant de reporter son attention sur elle. Il pouvait sentir le cœur de la jeune femme retentir contre son torse. Son souffle doux et chaud contre sa peau et son corps tremblant d’émotions à ce contact soudain. C’était un réel plaisir sans nom pour lui de pouvoir à nouveau la tenir dans ses bras. Ryô se sentait à nouveau complet. Il aurait voulu rester ainsi indéfiniment.  

 

- Qu’est-ce que tu fais ? Finit-elle par demander en s’inquiétant du silence de l’homme qui ne cessait de la regarder avec insistance. Quelqu’un pourrait nous voir, s’inquiéta-t-elle en guettant les alentours.  

 

- … je…, pourquoi n’arrivait-il pas à lui dire ragea-t-il devant son hésitation. Saeko s’est renseignée sur l’associé de Makito et il semble être souvent aux prises avec la justice entre bagarres et divers délits que ses avocats s’empressent d’effacer… il me semble plus dangereux que l’autre…, finit-il par dire pour cacher son embarras.  

 

- Ca je l’ai deviné toute seule… autre chose ? Demanda Kaori en devinant que Ryô semblait perdu dans ses réflexions.  

 

Il était plongé dans ses yeux et il voyait bien ce qu’elle attendait : des excuses, une voix à suivre pour ne pas rester en attente de ce qui ne viendrait peut-être plus. Il devait le lui dire, ravaler son orgueil et sa fierté et se faire violence. Les mots étaient au bord des lèvres, il lui suffisait de les laisser sortir.  

 

- T’aurais pas pu trouver autre chose à mettre car tu ne fais pas dans la discrétion vêtue de la sorte. Lâcha-t-il frustré de ne pouvoir dire mieux.  

 

- Non, je trouve que cette robe me va très bien et pendant que j’attire l’attention, ta coéquipière et toi pouvez vaquer plus librement à la recherche d’indices, non ? Sourit Kaori, plus forte face aux attaques de Ryô.  

 

- Et c’est pour ça que tu t’es éloignée peut-être ! S’énerva-t-il devant l’audace de la jeune femme et sa propre lâcheté.  

 

- Pas du tout… j’avais besoin de prendre du recul pour avoir une vue d’ensemble…, précisa-t-elle en se retournant pour observer la scène où s’animait la réception.  

 

- Comment ça…, fit Ryô en se collant à elle pour passer sa tête par-dessus celle de la jeune femme et tenter de voir ce qu’elle cherchait.  

 

Faisant cela, Ryô ne put réprimer un nouveau frisson de satisfaction au contact du corps de Kaori contre le sien. Son parfum l’enivrait, délaissant la foule, son regard erra sur l’épaule de la jeune femme pour dévier sur ce cou qui l’appelait et finir sur ce décolleté généreux qui s’offrait à sa vue. Elle ne s’en apercevait même pas mais elle lui faisait un effet fou. Il n’avait plus aucune raison de cacher ses tourments, plus maintenant qu’elle lui avait offert son bien le plus précieux et qu’en retour il lui avait donné son cœur.  

Tout son corps en devenait douloureux tellement il la réclamait, l’appelait sans qu’elle n’entende rien.  

 

- Tu n’as pas cette impression que quelque chose cloche ? Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus mais il y a un élément qui ne colle pas avec le reste… je ne sais pas comment l’expliquer, je le ressens c’est tout. Souffla Kaori ramenant Ryô à la réalité.  

 

Ryô sourit. La jeune femme se comportait en véritable professionnelle, elle était observatrice et son intuition était toujours fondée. Lui, il était tellement concentré sur elle, qu’il avait occulté tout ce qui l’entourait. Se concentrant à son tour, lui aussi ressenti comme un malaise mais avec toutes ses personnes qui ne cessaient de déambuler, il lui était difficile de fixer son attention sur quelqu’un en particulier. De plus, une tentation plus grande le captivait : son besoin vital de goûter à nouveau à cette peau, ces lèvres, à elle tout simplement.  

 

- … je suis désolé…, Ryô lâcha ces mots dans un murmure en enfouissant son visage dans la chevelure de la jeune femme qui se figea à cet aveu soudain.  

 

Ryô se sentait comme suspendu dans le vide. Il avait osé malgré lui, reconnaître son erreur et elle ne réagissait toujours pas. Pourtant elle l’avait entendu car il avait senti son corps frémir sous ses mots. Pour la première fois il pria que son vœu le plus cher soit exaucé : qu’elle lui rende sa chaleur, sa tendresse dont il s’était privé ces derniers temps. Il donnerait tout pour retrouver ce sentiment de plénitude qui n’existait que dans ses bras.  

 

Kaori savourait ces mots. Elle se doutait qu’il avait du faire un effort surhumain pour admettre en premier ses torts. C’était un premier pas vers elle qu’elle ne voulait pas ignorer. Un sourire naquit sur ses lèvres face à cette petite victoire pour eux. Elle se retourna doucement pour croiser le regard voilé de l’homme qui la tenait toujours entre ses bras :  

 

- Moi aussi…, ajouta-t-elle pour le rassurer car tous les deux étaient fautifs d’un seul crime : s’aimer si fort et vouloir juste vivre cet amour.  

 

Elle vit les yeux sombres se rallumer de la flamme qu’elle avait découverte lors de leur première nuit. Le désir de l’homme se propagea en elle alors que celui-ci reprenait ce qui lui appartenait de droit dans un baiser passionné, ses mains resserrant ce corps fébrile contre le sien.  

Leurs lèvres s’unirent avec l’urgence du manque de l’absence de l’autre. Envoûtant, fiévreux, avide, leur étreinte était une explosion des sens. Le goût de l’autre, son odeur, ses gestes, ni l’un ni l’autre ne semblait pouvoir sans rassasier. Chacun y ajoutant tout son amour si fort et dévastateur pour mieux se ressourcer l’un de l’autre.  

 

Ryô renaissait dans cet échange aux saveurs d’absolution comme un assoiffé qui après une longue traversée du désert retrouve son oasis. Elle lui pardonnait son retard de ne pas avoir compris qu’elle l’aimait malgré tout.  

Le souffle court et les yeux brillants de désir, ils haletaient par la passion qui les consumait.  

Perdus dans l’obscurité du feuillage et couverts par la nuit d’été qui commençait, Ryô savourait cette peau sucrée qui lui avait tant manquée. Faisant glisser les bretelles de la robe pour avoir un meilleur accès à la naissance de cette poitrine abondante, il parcourait de sa langue un chemin imaginaire qu’il l’y mènerait.  

Kaori avait lâché son verre, tombé en silence dans l’herbe, pour plonger ses mains dans la chevelure de son amant en soufflant son nom avec délice. Elle remonta une de ses jambes sur les hanches de son amant pour sentir contre elle la force de son amour qui ne demandait qu’à s’exprimer d’avantage. Mué par une pulsion dévorante, Ryô fit glisser ses mains sur ces cuisses frémissantes à ce contact pour la soulever et qu’elle l’encercle totalement. Il était fasciné par ses gémissements qu’elle tentait d’étouffer dans ses baisers. Il était au supplice et il aimait cette folie à laquelle Kaori l’enchaînait.  

 

Elle fut, malgré tout, la première à revenir à la réalité. Ramenant le visage de Ryô face au sien, elle sourit devant son regard carnassier qui fut accompagné d’un grognement d’insatisfaction d’être ainsi freiné dans leur envie mutuelle.  

 

- Crois-moi, j’aimerai approfondir notre réconciliation… mais pas ici…, expliqua-t-elle les joues en feu et le regard hagard, ses sens encore enivrés par cet échange impétueux, alors que le bruit de la musique et les éclats de voix revenaient soudainement à leurs oreilles.  

 

- … juste un aperçu… un petit bout… pour se mettre en appétit…, quémanda-t-il en ponctuant chaque mot d’un baiser ici et là sur sa peau.  

 

- Si le cœur t’en dit tu pourrais me rejoindre à l’appartement, fit-elle rieuse et malicieuse.  

 

- … une visite nocturne… prend des forces car j’ai beaucoup à me faire pardonner…, prononça-t-il de sa voix rendue rauque par le désir en mordillant les lèvres de la jeune femme et la reposant à terre.  

 

Ramassant son verre et remettant de l’ordre dans sa tenue, Kaori allait retourner parmi les convives, à moins de dix mètres d’eux, quand sa main fut agrippée une dernière fois par Ryô qui dans un baiser lui souffla : « sois prudente… ».  

 

Il se ressourça à ses lèvres autant que possible, sans laisser de trace qui pourrait trahir leur échange avant de déposer un dernier baiser au creux de sa main.  

Lui adressant son plus doux sourire, Kaori respira un grand coup avant de repartir. Au moment où elle allait sortir de l’ombre, elle sentit un mouvement dans son dos suivi d’une petite claque sur ses fesses. Elle se retourna pour croiser le sourire mutin et les yeux joueurs de Ryô. Elle s’en amusa et passa sensuellement sa langue sur ses lèvres en signe de provocation coquine avant de s’éloigner définitivement.  

 

Déposant son verre vide sur la première table venue, Kaori chercha Kan du regard. Elle l’aperçut derrière d’autres personnes, toujours pris par ses invités. Apparemment il ne s’était pas aperçu de sa brève absence. Luang Ly se trouvait à ses côtés.  

 

Ryô, le cœur serré mais nettement plus léger qu’à son arrivée, regarda Kaori s’éloigner pour reprendre sa place auprès de Makito. Il était impatient et déjà rêveur de se retrouver seul avec elle pour assouvir sa faim qu’elle prenait plaisir à attiser. Allumant une cigarette, il vit Reika s’avancer vers lui :  

 

- Où étais-tu ? Je te cherche depuis tout à l’heure, il est temps que l’on s’occupe de ce qui nous amène et j’aimerai bien aller jeter un œil à l’intérieur, informa-t-elle un peu énervée d’être laissée pour compte.  

 

Ryô ne l’écoutait que distraitement, il suivait la progression de Kaori parmi les invités pour rejoindre Makito. Son sang se figea lorsqu’il la vit s’arrêter brusquement. Le visage serein et souriant de la jeune femme s’était effacé pour faire place à l’incompréhension. Ryô avait ressenti comme une décharge électrique face à cette menace qui s’élevait et cette aura néfaste qu’il cherchait maintenant du regard en devinant un danger se rapprocher. Il reporta son attention sur Kaori et jetant sa cigarette au loin pour s’emparer de son arme en tentant de rejoindre la jeune femme, un murmure s’échappa de ses lèvres : « Kaori… », avant d’être englouti par un cri.  

 

Kaori s’avançait doucement vers Kan qui lui sourit en la voyant réapparaître. Il était subjugué par ses yeux noisette qui étincelaient de douceur.  

Elle stoppa ses gestes pour identifier d’où venait le danger qu’elle percevait. Elle devinait une colère triste et amère, une vengeance qui réclamait son du. Et elle le vit. S’approchant, invisible parmi les invités et les employés, cet homme habillé en serveur qui portait un plateau vide. Voilà ce qui clochait. Kaori l’avait déjà vu, déambulant sans rien avoir à servir. Ses yeux s’écarquillèrent d’effroi quand elle le vit se débarrasser du plateau pour découvrir l’arme qu’il cachait. Cet inconnu avait attendu patiemment que sa cible soit insouciante pour agir.  

Sans réfléchir, Kaori s’élança vers Kan en criant : « A terre !!! ».  

 

Ce cri en parti couvert par les bruits ambiants de la soirée lui parvint en écho à l’alarme qui s’était déclenchée dans son esprit. Trop loin pour intervenir à temps, Ryô ne put que suivre la scène, son magnum en main : Kaori faisant de son propre corps, bouclier pour protéger Makito alors qu’un tir distinctif faisait taire le brouhaha alentour.  

 

Seul le bruit sourd de deux corps qui chutaient résonnait à présent alors que des murmures s’élevaient et qu’en tout sens chacun des convives se tenait en joug prêt à faire feu.  

 

 


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