Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 13 chapitres

Publiée: 18-09-20

Mise à jour: 30-09-20

 

Commentaires: 19 reviews

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Romance

 

Résumé: Quand une nouvelle chamboule toute une vie

 

Disclaimer: Les personnages de "Immaculée conception" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Immaculée conception

 

Chapitre 5 :: Chapitre 5

Publiée: 22-09-20 - Mise à jour: 22-09-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 5  

 

Kaori cligna des yeux, surprise. Elle sentit la tension monter face à son regard sérieux.  

 

- Non… Pourquoi je devrais ?, lui retourna-t-elle, intriguée.  

 

Pourquoi réagissait-il ainsi ? Ce n’était qu’une blague, certainement de mauvais goût, un énième mauvais choix de sa part sous le coup de la colère mais ça n’expliquait pas sa réaction. Il avait l’air si sérieux, presque troublé, ce qui était rare de sa part. Elle se secoua mentalement. Elle devait manquer de jugement à cause de la fatigue. Elle releva le regard une nouvelle fois et, surprise, le vit en train de réfléchir, vite, très vite.  

 

- Ryo… Tu as quelque chose à me dire ?, lui demanda-t-elle, sentant le doute grandir en elle.  

- Non… Non non. Que voudrais-tu que je te dise ? Miki t’a déjà tout dit sur cette soirée. Même qu’on s’était engueulés alors…, fit-il, haussant les épaules.  

- Je ne sais pas. Tu m’as peut-être vue partir avec quelqu’un ou quelqu’un me suivre. Tu a peut-être remarqué quelqu’un qui avait l’air de me tourner autour. Je ne sais pas ! Réfléchis Ryo !, s’énerva-t-elle, les larmes aux yeux.  

 

Elle sentit son environnement commencer à tourner et leva la main pour se stabiliser.  

 

- Kaori ?, s’inquiéta-t-il, la voyant pâlir.  

- J’ai… J’ai la tête qui tourne., murmura-t-elle.  

- Viens t’asseoir., lui dit-elle, la prenant par la taille et l’emmenant aux sièges un peu plus loin.  

- Tu me le dirais si tu savais quelque chose ? Ryo, tu ne me cacherais rien d’important ?, lui demanda-t-elle d’une voix faible.  

- Arrête de penser à cela. Concentre-toi. On a une mission., lui répondit-il posément.  

- Ryo…  

- Tu me connais, Kaori., répliqua-t-il.  

 

Elle l’observa un instant tout en s’asseyant et ne sut quoi penser. Une partie d’elle-même s’accrochait à la confiance qu’elle avait en lui, la même confiance qui lui faisait penser qu’il lui aurait dit s’il s’était passé quelque chose entre eux ou s’il savait quelque chose mais, d’un autre côté, elle avait sept longues années d’expérience avec lui, sept années jalonnées de moments où il lui avait menti, avait tu certaines choses dont certaines importantes. Elle ne savait dire s’il était sincère ou non. Pour l’une des rares fois de sa vie, elle doutait de lui, d’autant plus que son comportement était étrange depuis la veille.  

 

- Ryo, pourquoi tu es si gentil avec moi ?, lui demanda-t-elle à brûle-pourpoint.  

- Moi, gentil ?, lui retourna-t-il, un sourcil levé.  

 

Il paraissait calme mais, intérieurement, il trépignait d’en finir avec cette conversation. Il fallait dire qu’il s’était juste tiré une balle dans le pied en surréagissant mais, depuis la veille, il ne contrôlait plus grand-chose.  

 

- Oui, gentil. Prévenant si tu préfères. Tu fais attention à moi quand j’ai des vertiges, tu me raccompagnes quand j’ai été malade, tu ne me lances pas autant de vacheries que d’habitude…, expliqua-t-elle.  

- Oh ça… C’est juste que, lorsque tu t’énerves, tu tombes dans les pommes. Et moi, j’ai mieux à faire que de te ramasser alors qu’il y a une miss mokkori dans les parages…, répliqua-t-il, se frottant les mains, prenant son air pervers.  

 

Kaori encaissa. Ca faisait mal mais elle était habituée après tout. Elle fit taire la douleur, ravala sa fierté et hocha la tête d’un air compréhensif. Elle se cala au fond du fauteuil et ne dit plus un mot, affichant un air neutre. C’était ça ou la massue et elle avait décidé d’être raisonnable depuis cinq minutes.  

 

Le nettoyeur regarda vers les bureaux comme s’il veillait le retour d’Hitomi. Dans son esprit, toute une volée de noms d’oiseaux virevoltait du plus neutre au plus violent. Il aurait pu être un peu plus honnête, un peu moins con, un peu moins lui en fait, un peu plus l’autre Ryo qui vivait en lui et se terrait comme un peureux depuis sa dernière apparition quatre semaines auparavant. Celui-là aurait su être là à peu près comme il fallait pour elle sans la blesser mais voilà, le Ryo fort protégeait le plus faible contre toute raison… non en fait contre tout sentiment.  

 

Le reste de la matinée se passa dans le plus grand et lourd silence entre les deux partenaires, coupé à l’heure du midi lorsqu’ils sortirent déjeuner avec Hitomi. La jeune femme leur raconta de manière enjouée la réunion matinale, leur expliquant comment son chef l’avait félicitée pour son excellent travail. Tous deux sentaient la présence de l’homme non loin, une présence qui donnait froid dans le dos à Kaori malgré la chaleur ambiante. Elle pouvait comprendre le malaise de leur cliente lorsqu’elle était seule. Apparemment, leur présence, enfin surtout celle de Ryo, se dit-elle, semblait l’apaiser…  

 

- Oh non, j’ai oublié mon sac à main au restaurant., se rendit soudain compte Hitomi sur le chemin du retour.  

- Je vais le rechercher. Continuez sans moi., proposa Kaori qui en profita pour avoir quelques minutes de solitude.  

 

Elle eut l’impression de respirer un peu mieux quand elle fut éloignée de Ryo. Elle n’aimait pas cette tension qui s’était créée entre eux mais elle n’arrivait pas à chasser ce doute insidieux : lui mentait-il ? Elle voulait absolument croire que non, qu’il ne savait rien de plus qu’elle. L’autre réponse soulèverait beaucoup trop de questions : que lui cachait-il ? Savait-il si elle était partie avec quelqu’un ? Avait-il vu l’homme qui aurait pu la suivre ? Peut-être l’avait-il surprise au lit avec lui… Elle se sentit rougir rien qu’à cette pensée et réprima une vague de nausées. Elle n’arrivait même pas à s’imaginer dans un lit avec un autre homme, alors ça… Elle voulut étouffer la dernière interrogation qui naîtrait mais n’y parvint pas : et si c’était lui ? Pouvait-il avoir couché avec elle malgré toutes ses récriminations et ne pas vouloir lui dire pour ne pas avoir à s’engager ? Etait-il égoïste à ce point qu’il préférerait la laisser avec ses doutes que de se dévoiler ?  

 

Arrivée au restaurant, elle se précipita aux toilettes. Cette seule supposition la rendait malade au propre comme au figuré. Pouvait-elle s’être trompée à ce point sur son compte ? Pouvait-il être naïf au point de croire qu’elle ne s’en apercevrait pas à la naissance ? Comment imaginait-il se sortir de là ? Elle sentit les larmes rouler sur ses joues et se força à se relever. Elle sortit de là et s’aspergea le visage d’eau fraîche avant de retourner à leur table et de ramasser le sac d’Hitomi.  

 

- Quelle coïncidence…, entendit-elle derrière elle.  

 

Elle se retourna et croisa l’homme qui l’avait bousculée le matin même. Elle força un faible sourire sur son visage et acquiesça.  

 

- Oui, en effet. Je dois y aller., lui répondit-elle, indiquant la direction derrière elle.  

- Je pourrais vous offrir un café ? Un thé peut-être ?, lui proposa-t-il en voyant sa grimace.  

- Je… J’aurais beaucoup apprécié mais je dois ramener son sac à une amie. Elle en a besoin pour pouvoir rentrer à son travail., lui expliqua-t-elle.  

- Désolée, au revoir., dit-elle en s’esquivant.  

 

Elle hâta le pas et se dirigea vers l’immeuble. Elle se sentit suivie et, passant devant une vitrine, vit que l’homme était juste derrière elle. Brusquement, elle se retourna et lui fit face.  

 

- Arrêtez de me suivre !, lui ordonna-t-elle.  

- Mais je ne vous suis pas. Je vais à mon travail., se défendit-il, levant les mains avec un sourire innocent.  

- Vous vous souvenez, je suis parti par là ce matin., lui indiqua-t-il.  

 

Kaori se remémora la scène et s’en voulut de s’être emportée.  

 

- Je suis désolée. Je suis un peu à cran., s’excusa-t-elle.  

- Nous pouvons peut-être faire un bout de chemin ensemble ?, lui proposa-t-il.  

- Hiromishi, mais mes amis m’appellent Hiro. C’est plus court., se présenta-t-il.  

- Kaori., répondit-elle.  

- Kaori… J’adore ce prénom. C’était celui de mon arrière-grand-mère., fit-il, rêveur.  

- Euh pardon, je ne veux pas dire que votre prénom est vieux… ni que vous êtes vieille… Ce que… je… enfin… Elle était adorable et vous le semblez tout autant., bafouilla-t-il maladroitement, ce qui la fit rire.  

- Et j’adorais son rire comme le vôtre., ajouta-t-il, charmeur.  

 

La rouquine se sentit rougir, mal à l’aise face au compliment. Heureusement pour elle, le building où travaillait Hitomi était à quelques mètres de là, juste le temps de le saluer et de s’en aller sous le regard intéressé de l’homme. Elle monta au trentième étage et alla rendre le sac à main de la jeune femme, ignorant au passage son partenaire qui draguait la secrétaire une nouvelle fois.  

 

Elle prit place dans le même fauteuil que le matin et attrapa une revue dans laquelle elle fit semblant de s’absorber bien incapable de se concentrer sur la moindre ligne.  

 

- Tu t’intéresses déjà à ces petits soucis-là ? Tu as encore du temps., lui dit soudain Ryo, venant s’asseoir à ses côtés.  

 

Kaori sursauta et leva les yeux vers le titre de l’article : « La meilleure école pour mon enfant. ». Idiote, se morigéna-t-elle avant de pousser un soupir. De toute façon, peu importait l’article, il aurait certainement trouvé quelque chose de désobligeant à lui dire.  

 

- L’hôtesse n’était pas à ton goût ?, lui répondit-elle, acerbe.  

- Novice. Je n’ai pas le temps d’initier., répliqua-t-il.  

- Je préfère les femmes avec de l’expérience., ajouta-t-il, regardant une jeune femme un peu plus âgée passer dans le hall.  

- Pourtant, ça n’a rien de bien différent, non ? Tu entres, tu bouges un peu et tu ressors ? Je ne pensais pas qu’un bout de peau changerait grand-chose pour toi., rétorqua-t-elle, sentant les larmes lui monter aux yeux.  

 

Elle chercha à les réprimer, trouvant la situation grotesque. Elle ne savait même pas pourquoi elle s’énervait : parce qu’elle se demandait si c’était ce qui l’avait empêché de l’approcher toutes ces années, parce qu’elle était jalouse des autres femmes, parce que, malgré son changement de statut évident, il n’avait pas eu le moindre geste équivoque envers elle ?  

 

- C’est l’impression que tu as eue de ta première fois ? Je te plains, Kaori. Je n’ai pas beaucoup de scrupules en ce qui concerne les femmes mais c’est au moins une chose que je ne veux pas leur gâcher. Je n’ai franchement pas la patience ni la retenue nécessaire pour m’adonner à cet exercice., répondit-il.  

- Ma première fois a eu lieu il y a quatre semaines et je n’en ai aucun souvenir. Peut-être que j’ai pris mon pied ou peut-être pas. Peut-être que j’étais consentante ou pas. Je ne sais même pas si j’ai eu mal. Pourquoi tu m’as laissée partir, Ryo ?, lui demanda-t-elle, des sanglots dans la voix.  

 

Il la regarda, le sentiment de culpabilité revenant à plein régime. Il était responsable de ce qui lui arrivait. Il était responsable. Il aurait pu tout arrêter et rien ne serait arrivé. Il n’eut même pas à trouver une réponse. Kaori se leva le plus dignement possible et alla se réfugier dans les toilettes. Elle y resta un long moment et en ressortit en ayant retrouvé le contrôle de ses émotions.  

 

- Je ne veux plus en parler., dit-elle simplement en reprenant place.  

- Il le faudra pourtant., répondit-il à voix basse.  

- Je sais mais seulement quand on aura fini ce travail., répliqua-t-elle.  

 

Il lui jeta un coup d’oeil et acquiesça. Ils ne s’adressèrent que peu la parole après cela et virent arriver Hitomi avec soulagement. Pendant la soirée qui suivit, les deux partenaires se tinrent à l’écart l’un de l’autre, ce qui laissa la place à Hitomi pour approcher Ryo. Kaori les observa un moment mais, écoeurée de voir son partenaire faire du charme à leur cliente sans jouer les pervers, chose qu’elle ne pouvait lui reprocher ouvertement, elle préféra s’éclipser et aller se coucher. Elle se terra au fond de son lit, en position foetale, et laissa son cerveau turbiner. Elle voulait retrouver les évènements de la soirée, se souvenir de ce qui avait pu se passer.  

 

Ils étaient arrivés au club où Eriko les avait tous conviés vers vingt-deux heures pour fêter un succès professionnel. Bien évidemment, Ryo avait fait des siennes sur la route et elle l’avait écrabouillé à deux ou trois reprises, ce qui lui avait valu une remarque désobligeante de la styliste. Elle se souvint en souriant de la grimace que lui avait faite Ryo. Malgré les années, cela restait un grand mystère pour elle la façon dont il pouvait passer de l’homme le plus sérieux au monde à l’adolescent attardé en moins de deux secondes. Ils avaient retrouvé toute la bande déjà présente car, bien évidemment, entre les coups de massue et les engueulades, ils étaient arrivés en retard.  

 

Les filles l’avaient complimentée sur sa tenue. Mick lui avait même demandé pourquoi elle cachait toujours son corps de rêve alors qu’une simple robe le dévoilait à merveille. Le terme « simple robe » lui avait valu une massue d’Eriko vexée de ne pas voir sa création valorisée à sa juste valeur. Pendant ce temps, elle n’avait pu s’empêcher de couler un regard vers son partenaire pour jauger sa réaction aux paroles de ses amis mais celui-ci regardait d’un air ennuyé la foule. Elle baissa les yeux et poussa un léger soupir face à cette énième déconvenue. Il ne ferait donc même pas l’effort de lui mentir et de la complimenter sur sa tenue pour une fois. Finalement, devait-elle se réjouir de ne recevoir que des remarques méprisantes ? Etait-ce mieux que le fait qu’il l’ignorât ? Elle chassa ces pensées. Elle voulait se souvenir de ce qu’elle avait oublié, pas de ce qu’elle savait déjà…  

 

Entre filles, elles avaient été danser pendant qu’Umibozu, Mick et Ryo étaient restés à leur table à discuter. Le plaisir prenant le pas sur sa morosité, Kaori s’était laissée aller un peu plus que d’habitude, riant avec ses amies, suivant le rythme de la musique sans retenue. Ca lui faisait un bien fou. Au bout d’un moment, elle avait commencé à sentir des regards se poser sur elle. La gêne avait alors pris le pas et elle rejoignit les trois hommes. Peu après, Miki était venue la trouver en lui disant que l’un des hommes sur la piste était sous son charme et voulait danser avec elle. Elle avait décliné et là, tout avait dérapé : Miki l’avait provoquée avec son défi stupide, son verre de jus d’orange cul sec ou elle devrait danser avec dix hommes pendant le reste de la soirée. Elle ne risquait rien avec un jus d’orange. Elle avait pris le verre devant elle, avait enlevé le petit parasol et l’avait bu d’un trait. Elle s’était aperçue de suite qu’il y avait un problème mais elle n’avait pas voulu perdre la face et elle avait fini le verre, pensant qu’elle saurait gérer.  

 

- Kaori, tu as bu mon verre…, s’était inquiété Mick.  

- Tu as peur que je lise dans tes pensées les plus profondes ?, l’avait-elle taquiné, sentant la chaleur monter dans son corps.  

- Ne sois pas choquée alors., lui avait-il susurré à l’oreille.  

 

Ca l’avait fait rire et elle s’était bien rendue compte qu’elle dérivait doucement loin des rives de la parfaite conscience.  

 

- J’aurais peut-être dû boire dans le verre de Ryo alors. Je connaîtrais peut-être enfin les siennes., avait-elle fait remarquer, plongeant son regard dans celui de son partenaire.  

- Elles n’ont de profondeur que dans les endroits intimes que je fréquente., lui avait-il répondu sans ciller.  

- Tout se rapporte toujours à cela, n’est-ce pas Ryo ? Le sexe, toujours le sexe. Un jour, tu comprendras peut-être qu’il y a plus profond et intense que quinze centimètres de chair et quelques mots crus criés., avait-elle répliqué sèchement.  

 

Elle n’avait pas rougi, l’alcool annihilant une partie de sa timidité pour alimenter sa colère. Elle avait en revanche bien entendu le silence qui s’était fait autour de la table. Elle se souvenait encore être partie vers la piste de danse en l’entendant crier que quinze centimètres étaient bien en deçà de la réalité puis le reste s’était brouillé au fur et à mesure. Le souvenir suivant datait du lendemain matin où elle s’était réveillée avec sa robe de la veille en vrac et une belle gueule de bois. De Ryo, elle n’avait eu qu’une vision éclair. Il avait profité de son passage après lui sous la douche pour déjeuner et quitter l’appartement sans même l’avertir. Les choses s’étaient ensuite tassées d’elles-mêmes au fil des jours jusqu’à la veille…  

 

Elle se creusa la tête encore un bout de temps, tentant de se raccrocher à quelques bribes pour recouvrer la mémoire mais rien ne revenait. Elle ragea. Elle se leva et sortit de la chambre pour aller se rafraîchir. Elle avait besoin de redescendre en température pour pouvoir dormir. Dans le couloir, elle entendit le bruit d’une conversation et tourna la tête. Ryo et Hitomi discutaient encore, la jeune femme s’étant rapprochée de son partenaire. Il n’avait pas un geste déplacé envers elle, il la regardait, souriait légèrement comme s’il… la considérait. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et chercha nerveusement la poignée de la porte, cognant dessus. Elle s’engouffra dans la pièce sans voir le regard que Ryo avait levé vers elle.  

 

Cela faisait deux heures qu’il était seul avec leur cliente, deux heures qu’elle lui parlait de tout et de rien, qu’elle essayait d’en apprendre plus sur lui, sur sa relation avec sa partenaire, semblant soulagée quand il lui répondait qu’ils n’étaient que partenaires professionnels, qu’elle vendait ses qualités et soi-disant défauts, en bref, deux heures qu’elle le draguait discrètement. Il était presque sûr qu’en jouant de son charme, il aurait pu se retrouver dans son lit mais il n’en avait pas envie. Déjà, parce que Kaori était dans la chambre juste à côté et qu’il ne voulait pas lui faire cet affront-là et encore moins qu’elle découvre certains des inavouables secrets de ses moments intimes comme le fait qu’il grognait parfois son prénom à elle dans les bras d’une autre… Par dessus tout, il n’en avait juste pas envie. Hitomi était belle et désirable mais il n’avait pas envie d’elle.  

 

Depuis deux heures, il rêvait qu’elle aille se coucher et qu’elle le laisse en paix. Il voulait réfléchir et mettre de l’ordre dans ses idées. Les choses allaient changer. Même si Kaori décidait de ne pas garder le bébé, plus rien ne serait comme avant et, franchement, il doutait qu’elle avorterait sauf à découvrir que les circonstances de la conception étaient insupportables. Il soupira. Que ferait-il avec un bébé sous son toit ? Quel rôle était-il prêt à endosser auprès de cet enfant ? Il ne se demandait même pas si sa partenaire devait rester. C’était un fait pour lui. Elle faisait partie de sa vie et elle pourrait rester autant qu’elle le voudrait.  

 

- Ryo ? Ryo, ouhou, vous êtes là ?, l’interpela Hitomi.  

- Pardon, j’étais perdu dans mes pensées., s’excusa-t-il.  

- Ryo, il y a quelqu’un dans le jardin., l’appela soudain Kaori, la voix tendue.  

- Ne bougez pas d’ici., leur ordonna-t-il alors que sa partenaire les rejoignait.  

- Venez, Hitomi., lui demanda la rouquine, s’agenouillant derrière le divan.  

 

Elle pouvait ainsi couvrir la porte d’entrée ainsi que la porte de la cuisine, seule autre pièce à avoir une ouverture qui donnait sur l’extérieur. Elles patientèrent anxieusement pendant dix minutes avant que Ryo revint, l’air sombre. Hitomi se leva et alla se jeter dans ses bras pendant que Kaori s’asseyait sur le divan, les jambes tremblantes.  

 

- Il y avait quelqu’un ?, demanda leur cliente.  

- Oui, il était là. Il attendait près de la fenêtre de la salle de bains., leur apprit-il.  

- Ne me laissez pas dormir seule., murmura-t-elle.  

 

Ryo la regarda puis sa partenaire qui se levait au même moment, visiblement prise de vertiges.  

 

- Nous allons tous dormir ensemble., fit-il.  

- Vous aurez ainsi deux gardes du corps pour veiller vos rêves. Allez vite chercher votre oreiller., ajouta-t-il, la poussant vers sa chambre.  

- Je retourne dans ma chambre. Tu n’as pas besoin de moi., murmura Kaori, se tenant face à lui.  

- Moi non mais toi oui. Ne me fais pas la guerre alors que tu n’es pas bien, Kaori. Laisse-moi prendre soin de toi., lui demanda-t-il.  

- Mais pourquoi, Ryo ?, lui répondit-elle.  

- Parce que c’est mon rôle et, si ça ne te suffit pas, dis-toi que je tiens celui de ton frère., répliqua-t-il.  

- Hide t’aurait laissée seule dans ton état ?, l’interrogea-t-il.  

 

Elle secoua négativement la tête. Hide l’aurait entourée et chouchoutée. Il l’aurait ménagée et aidée à comprendre ce qui s’était passé. Il l’aurait tout simplement soutenue et aimée comme il l’avait toujours fait. Ryo n’était peut-être pas prêt à l’aimer comme elle le voulait mais il lui proposait d’être là.  

 

- Tu m’aideras à comprendre ce qui s’est passé ?, le questionna-t-elle à voix basse.  

- Je ferai ce que je pourrai mais…, commença-t-il, s’interrompant alors qu’Hitomi revenait.  

- Restez là. Hitomi, vous prenez le canapé. Kaori et moi dormirons par terre. Je vais chercher un matelas., leur dit-il.  

 

Il revint peu après de la chambre qu’occupait Kaori, traînant le matelas qu’il posa juste à côté du canapé. Il fit signe à sa partenaire de prendre place et la vit faire avec une légère rougeur aux joues. Elle avait compris qu’ils allaient dormir ensemble sur ce matelas une personne. Elle ne comprenait pas pourquoi il n’allait pas chercher un deuxième matelas mais elle ne lui demanderait pas. Très égoïstement, elle voulait cette nuit à ses côtés. Elle s’allongea sur le côté, plus proche du canapé, et sentit Ryo se glisser derrière elle.  

 

- Au moins, tu seras sûre que je ne rends pas une visite nocturne à notre cliente., lui chuchota-t-il à l’oreille.  

 

Il la sentit tressaillir contre lui et eut un léger sourire. Il avait envie de glisser un bras autour d’elle et de l’approcher un peu plus de lui, de sentir son corps contre le sien comme la nuit précédente mais il ne le fit pas. Il devait la ménager et, tout comme il devait cesser de l’énerver, il ne devait pas lui donner de faux espoirs. Ils avaient tous les deux besoin d’un peu de temps.  

 

- C’est vrai et, moi, je ne risque rien., murmura-t-elle, légèrement amère.  

- Arrête de ressasser, Kaori. Ferme les yeux et dors maintenant. Chaque chose en son temps., lui répondit-il.  

 

Elle avait envie de se tourner vers lui et de le regarder pour reprendre confiance. Il avait ce pouvoir-là sur elle. Elle avait toutefois peur de ne pas pouvoir se réfréner de lui poser des questions ou de poser la tête contre son torse comme le matin même. Elle devait se contenter de la chaleur qu’elle ressentait, de sa présence non loin d’elle. Elle ferma les yeux, se laissa enveloppée dans cette bulle et, après quelques minutes, un petit soupir lui échappa : elle s’était endormie.  

 

Ryo la regarda dormir un moment et en profita d’autant plus lorsqu’elle se tourna vers lui. Elle était belle et sereine. Il observa son visage puis descendit le long de son corps. Il leva la main et la posa sur son ventre doucement, craignant de la réveiller mais, en même temps, il ne pouvait s’en empêcher. L’annonce de sa grossesse avait chamboulé pas mal de choses mais c’était peut-être un bon déclencheur pour changer les choses entre eux. Encore fallait-il qu’il trouve en lui la force d’affronter ses peurs. 

 


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