Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 13 chapitres

Publiée: 18-09-20

Mise à jour: 30-09-20

 

Commentaires: 19 reviews

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Romance

 

Résumé: Quand une nouvelle chamboule toute une vie

 

Disclaimer: Les personnages de "Immaculée conception" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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Comment faire un jeu dont vous êtes le héros?

 

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   Fanfiction :: Immaculée conception

 

Chapitre 12 :: Chapitre 12

Publiée: 29-09-20 - Mise à jour: 29-09-20

Commentaires: Bonjour, voici l'avant-dernier chapitre de cette histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


 

Chapitre 12  

 

- Tu vas bien ?, lui demanda Ryo, la serrant dans ses bras.  

 

Kaori hocha la tête, se collant à lui encore tremblante de sa dernière expérience. Elle venait d’avoir la peur de sa vie. Elle avait déjà vécu bien des expériences mais celle-là était peut-être la pire. Cette fois, elle avait bien cru que c’était la fin.  

 

- C’est fini, Kaori. Viens, on rentre., lui murmura-t-il, l’entraînant vers la voiture alors qu’il entendait au loin la sirène des voitures de police.  

 

Elle le suivit, toujours lovée contre lui, et ne s’écarta qu’arrivée à la mini pour grimper dedans. Le trajet du retour se fit en silence, l’air saturé d’émotions tues, de peurs à évacuer, de questions qui ne pouvaient être vocalisées pour le moment. Le tout était trop frais, trop sensible. Lorsqu’ils rentrèrent dans l’appartement, ils retirèrent de suite tous leurs vêtements trempés et montèrent à l’étage. Lorsqu’il ne vit pas Kaori sortir de la buanderie tout de suite, Ryo y pénétra et la trouva, jetant les affaires dans la machine après un examen minutieux pour enlever les tâches.  

 

- Laisse ça, Kaori., lui enjoignit-il.  

- Non, je dois les mettre au lavage. Cette odeur… C’est insoutenable., répondit-elle fermement, frottant énergiquement.  

 

Il l’observa un instant et vit qu’il n’aurait pas gain de cause, alors, même s’il comprenait, il y mit son grain de sel parce qu’il avait beaucoup plus besoin d’être rassuré que de savoir sa veste propre et fleurant bon le produit de lessive. Il prit le tout autoritairement, le jeta dans la machine avec le produit qu’elle avait déjà préparé, ajouta l’assouplissant et mit la machine en route.  

 

- C’est fait. A la douche., lui dit-il, la prenant par la main.  

- Il y avait des tâches qui ne partiront peut-être pas., protesta-t-elle, fâchée.  

- On s’en fout. Ce ne sont que des vêtements., répliqua-t-il.  

 

Il ne lui laissa pas l’occasion de répondre. Ils étaient dans la salle de bains, il mit le jet d’eau en route et se tourna vers elle. Il n’aimait pas son air fermé mais il savait qu’elle était dans le même état que lui. Il approcha d’elle, glissa la main dans ses cheveux, basculant sa tête en arrière, et l’embrassa passionnément. Dans le même temps, il dégrafa son soutien-gorge et le lui retira avant de s’écarter d’elle et d’achever de les déshabiller.  

 

- Tu viens ?  

 

Kaori leva les yeux et le regarda. Elle se sentait anesthésiée et prit la main qu’il lui tendait machinalement. Elle avait froid et le jet d’eau chaude la ramena à la réalité. Dans le même temps, elle eut l’impression de suffoquer et eut un mouvement de recul.  

 

- Calme-toi. C’est fini., lui murmura-t-il à l’oreille, l’enlaçant.  

 

Il sentit ses mains s’agripper à son bras et son corps trembler de nouveau contre le sien. Il comprenait sa réaction. Il ne pouvait que se souvenir de la trouille qu’il avait eue en la voyant suspendue dans les airs par ses poignets liés. Il connaissait la douleur de la position, cette sensation que les articulations céderaient bientôt, le fait de ne plus toucher terre et d’être à la totale merci de l’ennemi. Il aurait pu tirer une balle dans la corde pour la faire tomber mais à cinq mètres de hauteur et surtout avec la fosse remplie de pièces métalliques saillantes juste en dessous, il n’avait pas pris le risque. Leurs ennemis avaient fait fort cette fois-ci et, s’il n’avait pas été sûr de signer leurs deux arrêts de mort en se rendant et non pas seulement le sien, il l’aurait fait pour la sauver. Il se souvenait cependant des informations que lui avaient remontées ses indics : ils étaient visés tous les deux et c’était un arrêt de mort qui était placardé sur leurs deux têtes.  

 

Quand ils avaient compris qu’il ne céderait pas, la sentence ne s’était pas faite attendre et ils avaient actionné une vanne, enclenchant l’écoulement de centaines de litre d’eau à la minute juste au dessus de Kaori, la noyant. Il la voyait s’agiter, paniquée, cherchant probablement son souffle sous ces trombes. La colère s’était emparée de lui, une colère qu’il n’avait plus expérimentée depuis très longtemps, et les deux hommes devant lui n’avaient pas eu le temps de le voir dégainer qu’ils gisaient morts au sol. Il lui fallut encore un moment pour neutraliser les autres hommes et enfin pouvoir s’occuper de sa partenaire. Il se souvint du froid qui l’avait envahi quand il avait jeté un regard dans sa direction et l’avait vue immobile, la tête penchée en avant. Il avait couru jusqu’à la vanne, l’avait arrêtée puis avait réussi à faire descendre Kaori. Allongée sur le sol, complètement trempée, les yeux fermés, elle ne respirait plus et il ne sentait plus son pouls.  

 

Il la sentit s’écarter et elle se retourna pour lui faire face. Il laissa son regard descendre sur son thorax et posa les doigts sur la zone rougie, là où il avait posé les mains pour pratiquer un massage cardiaque. Kaori passa les bras autour de son cou et ferma la distance entre leurs corps et leurs lèvres. Il ne se fit pas prier et répondit à son baiser avec urgence, comprenant qu’elle voulait plus, qu’elle avait besoin de plus comme lui. Les mains glissèrent sur les corps, suivies des lèvres et bientôt la salle de bains résonna des gémissements de ses occupants. Prenant à peine le temps de se sécher mais pas celui de s’habiller, le couple regagna sa chambre et s’aima de nouveau une bonne partie de la nuit pour chasser le froid qui l’avait envahi. Kaori finissant par s’endormir avant lui, Ryo l’observa un moment, caressant la peau nue de son dos doucement.  

 

Cela ferait bientôt cinq ans qu’ils étaient ensemble, cinq ans d’une vie commune avec ses hauts et ses bas, ses ajustements nécessaires, ses moments de rébellion et de velléités de retour en arrière, au bon vieux temps, de joies douces-amères. Malgré tout, cela faisait cinq ans qu’il se réveillait le matin avec le sourire, sans aucun regret pour le choix qu’il avait fait. Il se sentait bien mieux ainsi et, à son air épanoui la plupart du temps, Kaori aussi. Ils s’aimaient comme deux adolescents, fous et passionnés, et, comme les adultes qu’ils étaient, se serraient les coudes quand il le fallait, mûrs de toute l’expérience qu’ils avaient ensemble et surtout, ils avaient appris à se parler à coeur ouvert, ce qui leur avait épargné bien des problèmes lorsque le doute ou l’amertume pointaient le bout de leurs nez comme à la naissance des enfants de leurs amis.  

 

Ca avait été un moment compliqué pour eux qui tentaient déjà leur chance depuis deux ans sans résultat lorsque Miki leur avait annoncé sa grossesse et qu’ils avaient appris qu’elle y était arrivée dès le premier mois. Ils étaient heureux pour le couple mais la culpabilité était revenue chez le nettoyeur, chassée en quelques jours par sa compagne.  

 

- Deux ans, ça paraît beaucoup mais c’est peu en fait., lui avait-elle dit.  

- On a le temps, Ryo.  

 

Mais six mois plus tard, c’était Mick qui était arrivé chez eux telle une tornade, paniqué parce que Kazue venait de lui apprendre qu’elle était enceinte, que ce n’était pas prévu, qu’il ne voulait pas lâcher sa vie actuelle… Ryo l’avait pris entre quatre yeux dans le hall, lui avait remis les idées en place et renvoyé chez lui. Il était rentré furieux et, cette fois, c’était lui qui avait réconforté sa compagne en larmes face au test négatif qu’elle tenait dans les mains. Ils y avaient cru tous les deux, le moment avait été douloureux mais ils avaient fait front.  

 

Depuis, il n’y avait pas eu d’autre signe et, même s’ils les aimaient, c’était parfois dur de voir leurs neveu et nièce grandir en se demandant si et quand le leur entrerait dans la boucle. La journée venait d’agir comme un électrochoc et il savait que les choses devaient évoluer.  

 

Quand elle se réveilla au petit matin, Kaori ne bougea pas pendant un long moment. Lovée contre le torse nu de Ryo, bercée par le mouvement régulier, elle trouva l’apaisement que la nuit ne lui avait pas totalement procuré. Elle avait longuement revécu en rêves le moment où elle avait repris conscience, prenant une profonde inspiration, et où, simultanément, une détonation avait éclaté. Frissonnant, elle avait vu Ryo tomber en arrière dans la fosse au dessus de laquelle elle avait été peu avant et un peu plus loin l’homme qui venait de lui tirer dessus la viser. Elle avait ramassé le magnum et, sans réfléchir, avait tiré. La puissance de l’arme l’avait projetée en arrière, déviant le tir vers le haut, ce qui fit rire l’homme jusqu’au moment où une caisse lui était tombée dessus. Elle s’était ensuite précipitée vers la fosse et avait vu le corps de son compagnon flottant à la surface, l’eau ayant rempli presque totalement l’espace. Elle l’avait attrapé et tiré de toutes ses forces, parvenant à le remonter sur le bord.  

 

- Ryo, réveille-toi., avait-elle hurlé, terrifiée à l’idée de le perdre.  

 

Elle l’avait examiné et avait blêmi en voyant l’impact de balle au niveau du cœur. Les mains tremblantes, elle avait écarté sa veste, prête à comprimer la blessure éventuelle, mais n’avait vu aucune trace de sang. Elle avait alors fouillé sa poche intérieure et trouvé son briquet dans lequel s’était encastrée la balle, déjà ralentie pour avoir perforé son paquet de cigarettes. Elle s’était mise à rire, soulagée, se laissant tomber sur son torse.  

 

- Tu ris sur les morts, maintenant ?, l’avait-elle soudain entendu grogner.  

 

Elle n’avait rien su dire et l’avait juste délicatement embrassé avant de l’aider à se relever et de se retrouver enlacée, réalisant ce qui aurait pu arriver.  

 

- A quoi tu penses ?, entendit-elle soudain.  

- Aux mystères de la vie., répondit-elle, levant les yeux vers lui.  

- J’ai bien cru que c’était la fin hier., ajouta-t-elle, l’angoisse refaisant surface dans son regard.  

- Mais ça ne l’était pas., lui opposa-t-il.  

- On a encore trop de choses à faire pour que ça s’arrête là., lui dit-il, la faisant basculer sur le dos.  

- Du genre ?, l’interrogea-t-elle, malicieuse, sûre d’au moins une partie de ses pensées.  

- Je n’ai pas fini d’explorer le Kama Sutra avec toi… et un bébé., répondit-il, une lueur chaude dansant dans ses yeux.  

- Je ne veux plus attendre, Kaori. Je veux qu’on passe à la vitesse supérieure.  

 

Elle l’observa et acquiesça, acceptant le baiser qu’il vint lui donner.  

 

- Tu veux bien qu’on aille voir le Professeur pour connaître nos options dans la journée ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. Tout ce que tu voudras., lui assura-t-elle.  

- Tout ce que je voudrai ? Intéressant. Alors commençons par une petite séance d’exercice physique., lui souffla-t-il.  

 

La séance se prolongea quelque peu sur la matinée et les laissa délicieusement rompus. Ils prirent leur douche ensemble en toute tendresse, flottant encore sur les restes de la bulle passionnelle du matin et n’arrivèrent à la clinique qu’en début d’après-midi.  

 

- Salle d’examen., leur indiqua le Professeur avec un regard sévère quand ils arrivèrent.  

- Quoi ? Mais pourquoi ?, s’étonna Ryo.  

- Parce que tu crois que les informations n’arrivent pas jusqu’ici, Babyface ? Figure-toi que je suis au courant de vos petits exploits d’hier soir et que je suis extrêmement fâché que vous n’ayez pas pris la peine de venir me voir avant., les sermonna-t-il.  

- Mais on va bien…, chouina Ryo.  

- Assis, tout de suite., lui intima-t-il.  

 

Face au regard noir du vieil homme, ils s’exécutèrent et il commença à les examiner. Quelques minutes plus tard, Kazue arriva, arborant à nouveau un joli ventre rond. Le couple se regarda et se donna la main en soutien mutuel avant de saluer leur amie, forçant un sourire sur leurs lèvres. La future maman ne s’en rendit pas compte mais le médecin si.  

 

- Vous allez bien tous les deux., finit-il par leur annoncer après examen.  

- Vous voyez, on vous l’avait dit., le nargua Ryo.  

- Si vous êtes ici, c’est pour un autre sujet alors., supposa le vieil homme.  

- En effet… On voudrait améliorer nos chances d’avoir un bébé., lui apprit Kaori d’une voix tendue.  

- Quelles sont nos possibilités, Professeur ?, ajouta son compagnon.  

- Ca fait combien de temps que vous essayez maintenant ?, leur retourna-t-il.  

- Cinq ans… On sait que ce n’est peut-être pas beaucoup dans notre situation mais notre vie…, finit la jeune femme, la voix étranglée, revoyant l’image de son compagnon inerte dans l’eau.  

- Notre vie ne nous donne pas le loisir d’en attendre cinq de plus., acheva Ryo sombrement.  

- Pour tout vous avouer, je pensais vous voir avant., répondit le Professeur.  

 

Il se dirigea vers la sortie, leur faisant signe de le suivre. Ils libérèrent la chambre et se rendirent dans le bureau dont il ferma la porte derrière eux.  

 

- J’ai deux solutions à vous proposer. La troisième est la GPA, grossesse pour autrui, mais le problème venant de toi et non de Kaori, il n’y a pas de raison d’y avoir recours… sauf si c’est votre souhait., leur précisa-t-il.  

- Non. Je veux porter notre bébé., affirma la rouquine.  

- Quelles sont les deux solutions ?, demanda Ryo.  

- La première, la moins invasive, c’est l’insémination artificielle. On va récolter ton sperme et le placer directement dans ton utérus., leur expliqua-t-il.  

- Ca, c’est contre le problème de mobilité mais pas celui de la quantité., lâcha le nettoyeur sombrement.  

- C’est vrai mais il ne faut qu’un spermatozoïde pour féconder l’oeuf. Ca peut être suffisant., objecta le médecin.  

- Pour maximiser vos chances, je compléterai cela avec une stimulation ovarienne. Il y aura un suivi assez strict et en milieu de cycle, on te fera une injection d’HCG pour déclencher l’ovulation. L’insémination aura lieu un jour et demi après.  

- J’ai l’impression d’être dans une mauvaise pièce où c’est moi qui pose le problème et elle qui se prend tous les désagréments…, pipa Ryo, amer.  

 

Kaori l’observa et se sentit touchée par ses remords. Elle se pencha et attrapa sa main, la pressant doucement.  

 

- Ce n’est pas un problème, Ryo. Tout cela sera vite oublié quand on aura notre bébé., l’encouragea-t-elle.  

- Je m’en fiche. Je suis prête à tout pour qu’on puisse être heureux à trois., lui assura-t-elle.  

- A trois… ou plus. La stimulation augmente la probabilité d’une grossesse multiple., les informa le Professeur.  

- Je prends le risque., affirma-t-elle, plongeant son regard dans celui de son homme.  

- On prend le risque., la corrigea-t-il.  

- Très bien. Si jamais l’insémination ne fonctionnait pas, on pourrait encore avoir recours à une fécondation in vitro. Je vous explique ?, leur proposa-t-il.  

 

Bien qu’un peu dépassé par tout ce charabia médical, le couple acquiesça.  

 

- On va ponctionner plusieurs ovocytes de Kaori, faire un prélèvement de ton sperme et féconder les œufs en laboratoire avant d’en sélectionner plusieurs et de les implanter dans ton utérus. Je pense même que, dans votre cas, il faudrait directement procéder à l’injection du spermatozoïde dans l’ovocyte pour éviter de multiplier les tentatives et donc les échecs et le stress qui va avec., leur apprit-il.  

- Et si, malgré tout, ça ne marche pas ?, demanda Ryo sombrement.  

- Il reste la possibilité d’avoir recours à un donneur., répondit le médecin.  

- Non !, s’insurgea Kaori.  

 

Nerveuse, elle se leva et se mit à arpenter la pièce. Elle ne voulait pas penser qu’après tant d’années d’attente et les mois qui s’annonçaient apparemment difficiles, ils devraient se résoudre à faire appel à un donneur. C’était inenvisageable pour elle après tout l’espoir qu’elle avait patiemment entretenu et maintenu de porter leur enfant.  

 

- Kaori, ça resterait notre enfant., murmura Ryo, se levant et allant l’enlacer.  

- Je ne peux pas croire qu’après tout ce qu’on a vécu, on ne pourrait pas avoir notre propre enfant., bredouilla-t-elle.  

- On n’en est pas là, Kaori., lui assura le Professeur.  

- Ecoutez, je vais vous laisser un moment pour réfléchir et je reviens après. Si vous êtes décidés, on lance les premiers examens et analyses pour ne pas perdre de temps., leur proposa-t-il, les quittant quelques minutes.  

- On le fait ?, lui demanda Ryo.  

- Oui… au moins pour la partie où tu es le donneur., consentit-elle.  

- Alors commençons par là. On aura encore le temps de discuter du reste si c’est nécessaire. Mais, tu sais, si j’étais prêt à accepter l’enfant d’un autre il y a cinq ans, je le suis toujours aujourd’hui., lui rappela-t-il.  

 

Elle ferma les yeux un court instant, se rappelant ce moment assez pénible qui leur avait cependant permis d’avancer.  

 

- Laisse-moi un peu de temps. J’ai encore besoin de croire qu’on peut le faire à deux… comme tout le reste., murmura-t-elle.  

- D’accord., admit-il.  

 

Ils restèrent enlacés en silence jusqu’au retour du Professeur.  

 

- Alors ?, leur demanda-t-il.  

 

Ils reprirent place tous deux face à lui, un peu plus sereins, un peu plus confiants.  

 

- On va commencer par le moins invasif… sauf si vous nous dites que ça ne vaut pas la peine, qu’il faut tout de suite passer à l’étape suivante., répondit Ryo.  

- Je ne peux pas vous donner de pronostic de réussite car beaucoup de facteurs rentrent en compte mais, pour moi, ça vaut la peine d’essayer. Vous voulez encore un peu de temps pour réfléchir ou on lance les premiers examens pour annoncer à notre étalon à quel moment il devra se passer d’exercice pendant quelques jours., annonça le Professeur.  

- Que ? Quoi ? Pas de mokkori pendant un jour ?, s’étouffa Ryo.  

- Compte plutôt trois à cinq. En ce qui te concerne, je mettrai le paquet pour envoyer un maximum de soldats au front., le corrigea le vieil homme.  

- Et oui, mon cher Ryo, parfois il faut savoir s’étendre sans se répandre. Tu apprendras les plaisirs de l’abstinence., ironisa-t-il.  

 

La répartie arracha un sourire à Kaori. C’était vrai que ça leur ferait bizarre autant à elle qu’à lui de ne pas partager un moment intime pendant cinq jours mais s’il le fallait… Quand elle releva les yeux et croisa son regard, elle n’y vit pas de la déception mais de la tendresse et son sourire s’accentua.  

 

- On a plutôt bien rattrapé notre retard. Je m’y ferai., affirma Ryo.  

- Bon, alors on commence ?, leur proposa le Professeur.  

- Oui., soufflèrent-ils en choeur.  

 

Ils passèrent dans la salle d’examen à côté du bureau.  

 

- Au programme, examen gynéco, prise de sang et échographie., leur annonça-t-il.  

- Je vais chercher le nécessaire pour le prélèvement. Si tu peux te déshabiller du bas en attendant., lui demanda-t-il.  

- Vous ne demandez pas à Kazue ?, s’étonna la rouquine.  

- J’ai vu votre regard tout à l’heure. Je ne vous juge pas., leur annonça-t-il, voyant leur gêne.  

- Mais je peux vous ménager un peu alors je ne m’en priverai pas. J’ai encore la main suffisamment sûre pour le faire., les rassura-t-il.  

 

Il revint rapidement, effectua le prélèvement et l’apporta à sa laborantine.  

 

- Je vais commencer par le plus désagréable, l’examen gynécologique., lui annonça-t-il.  

 

Il l’examina aussi doucement que possible, prenant son temps pour ne rien manquer. Il ne voulait pas les embarquer dans une procédure qui serait vouée à l’échec parce qu’il aurait raté un point important et ce qu’il sentait n’était pas négligeable.  

 

- T’attarde pas dans la place plus que nécessaire, le vieux., gronda Ryo, voyant le malaise naissant de sa compagne.  

 

Kaori ne craignait pas un geste déplacé du Professeur. Malgré ses airs pervers, il n’en avait jamais eu lors d’un examen et elle savait qu’il en aurait encore moins lors de celui-ci. Elle se rendait toutefois compte que l’examen prenait plus de temps que d’habitude et ça l’inquiétait.  

 

- Il y a un problème ?, finit-elle par demander, anxieuse.  

- Il ne sera probablement pas utile d’aller plus loin dans la procédure., leur apprit-il posément, retirant ses gants et les jetant.  

 

Le couple partagea un regard surpris qui vira à la résignation. Quand il se retourna et approcha d’eux, il posa une main paternelle sur celle de la nettoyeuse, avant de remonter le drap sur son intimité.  

 

- Ne panique pas. Le col est fermé, Kaori. Tu en es où de ton cycle ?, lui demanda-t-il.  

- Je devrai être réglée d’ici deux jours., répondit-elle, d’une voix sourde.  

- Le col fermé, ça veut dire…, souffla-t-elle, la gorge serrée.  

- Qu’il y a de grandes chances que tu sois enceinte., acheva-t-il.  

 

Il sentit le soulagement envahir la pièce mais une certaine tempérance resta de mise.  

 

- On va confirmer tout cela par la prise de sang. On ne verra rien à l’écho pour le moment. Vous pouvez patienter ici ou rentrer chez vous en attendant. Ca prendra quelques heures., leur annonça-t-il.  

- On va rentrer, non ?, dit-elle, ne sachant quelle était la meilleure option.  

- Oui, on va rentrer., confirma Ryo.  

- Je vous appellerai dès que j’aurai le résultat. Je pense que même tard, je pourrai me permettre., les taquina-t-il, cachant son émotion à la probable bonne nouvelle.  

- Oui, bien sûr que oui., affirma le nettoyeur.  

- Alors, à tout à l’heure.  

 

Le couple sortit de la clinique et reprit la route. Sans un mot pour sa compagne, Ryo bifurqua et les emmena au cimetière visiter la tombe de leurs ami et frère. Kaori ne fut même pas surprise. Depuis qu’ils étaient ensemble, ils avaient souvent simultanément éprouvé le besoin de venir là comme pour se confier à lui ou retrouver le calme lors des passages plus douloureux. C’était presque logique de partager avec lui ce moment d’espoir et de joie qui ne demandait qu’à être confirmé. Ils y restèrent un long moment puis rentrèrent chez eux.  

 

- Je suis nerveuse., avoua-t-elle en rentrant.  

- Moi aussi, admit-il.  

 

Il lui tendit la main et l’emmena au canapé. Il s’installa, proche du téléphone, et l’attira contre lui.  

 

- Je ne sais pas à quoi m’occuper pour tromper le temps., lâcha-t-elle, se sentant un peu stupide d’attendre comme cela un appel qui n’arriverait peut-être que tard.  

- Pourquoi tromper le temps ? Ca fait cinq ans qu’on attend ce moment. Nous ne sommes plus à quelques heures près, non ? Ces heures, je veux les passer avec toi., lui dit-il, entrelaçant leurs doigts.  

- Oui, moi aussi., murmura-t-elle, se laissant aller contre lui.  

 

Au bout d’un moment, elle s’allongea et posa la tête sur ses genoux, appréciant la caresse de ses doigts dans ses cheveux. Le silence n’était pas malaisé, un peu anxieux certes mais pas inconfortable.  

 

- Mais qu’est-ce que tu fais ?, s’offusqua-t-elle lorsqu’il souleva son débardeur et passa un doigt dans le bonnet de son soutien-gorge.  

- Je me disais que tu prendrais de la poitrine lorsque tu serais enceinte. J’aurais dû me rendre compte que quelque chose avait changé., lui répondit-il, malicieux.  

- Comme on est souvent à la bourre, je n’ai pas fait attention., admit-elle, se souvenant de cette impression fugace qu’elle avait eue dernièrement.  

- On va avoir un bébé, Kaori, sans procédure, juste par nous deux., soupira-t-il, heureux.  

- Ne mets pas la charrue avant les bœufs, lui rappela-t-elle, prudente.  

 

Elle n’était pas sûre de pouvoir supporter une nouvelle désillusion et réprimait cette joie qui tapait impatiemment à la porte pour éviter de tomber de trop haut juste au cas où.  

 

- Tu m’as l’air tendue, Sugar., susurra-t-il.  

- On le serait à moins, non ?, répliqua-t-elle.  

 

Elle se retrouva subitement hissée sur ses genoux, sa bouche collée à la sienne, ses mains glissant dans son dos. Elle entoura sa nuque de ses bras et répondit avec tout l’amour qu’elle lui portait. Ils se séparèrent quelques instants plus tard, essoufflés.  

 

- Quitte à attendre comme ces cinq dernières années, autant occuper cette attente comme ces cinq dernières années, non ? Il n’y a pas de mal à se faire du bien après tout., lui dit-il avant d’attraper le lobe de son oreille pour le mordiller et de la faire basculer.  

 

Ils reposaient sur le divan, nus et alanguis, simplement couverts d’un plaid, lorsque le téléphone sonna, brisant le silence contemplatif dans lequel ils s’observaient depuis un moment, heureux de s’être trouvés et de pouvoir être pleinement là l’un pour l’autre. La nuit étant tombée depuis longtemps, ça ne laissait qu’une personne sauf si c’était un des indics de Ryo. Il tendit le bras et attrapa le combiné, le calant entre eux deux.  

 

- Babyface ?, entendirent-ils, le soulagement les gagnant ainsi que l’impatience.  

- Professeur…, acquiesça-t-il, incapable d’en dire plus, tant il était nerveux.  

- Félicitations. Vous allez avoir un bébé dans huit mois et demi., leur annonça-t-il.  

 

Il n’entendit aucun cri ni aucun bruit particulier mais il ne s’était pas vraiment attendu à cela de leur part. Ils mettraient probablement un petit moment à prendre pleinement conscience de ce qui leur arrivait. Il raccrocha donc.  

 

Dans l’immeuble aux briques rouges, au cinquième étage, dans le séjour à peine éclairé par une lumière d’appoint, un couple était enlacé sur le canapé, sortant de plusieurs années d’attente, comme s’ils sortaient d’un mauvais rêve qui avait entaché leurs jours. C’était le début d’une nouvelle ère pour eux. Leur vie allait prendre une nouvelle dimension, une dimension à laquelle ils aspiraient depuis longtemps, peut-être même bien avant qu’ils ne le réalisent. 

 


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