Chapter 3 :: CHAPITRE 3 : UN HERITAGE EN JEU

Published: 25-01-05 - Last update: 09-02-05

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Une douce odeur de nourriture commença à chatouiller les narines averties du nettoyeur qui ouvra doucement les yeux. Il fit un tour d’horizon et aperçut contre sa poitrine la petit Sakura qui dormait encore profondément. C’est donc avec une extrême délicatesse qui souleva le corp de la petite fille et la reposa sur le canapé, la tête contre un coussin entre ses deux frères. Ryô ne put s’empêcher malgré lui d’admirer ce joli spectacle. Il avait beau dire, il adorait les enfants. Son esprit partit très vite et son imagination le projeta un court instant dans un éventuel avenir où il se voyait père. « Arrête Ryô ! Tu dérapes ! » Essaya t-il de se convaincre, mais depuis quelques temps ce genre d’image venait régulièrement lui hanter ses rêves. Il se posait de sérieuses questions. « Un jour, peut-être… » Il se leva et alla à la cuisine.  

-« Je vois que tu t’es défoulée ! »  

-« Ryô ! T’es réveillé ? »  

-« Oui. »  

-« Et les enfants ? »  

-« Ils dorment toujours. » Ryô et Kaori jetèrent un dernier coup d’œil sur les trois petits anges encore assoupis.  

-« Ils sont mignons… » Remarqua Kaori  

-« Quand devrait rentrer leur mère ? » Demanda Ryô.  

-« Je ne sais pas, elle ne m’a pas précisé. On verra bien.»  

C’est un peu plus tard dans la soirée que Mitsuko rentra.  

-« Bonsoir tout le monde ! » Lança t-elle. Trois bambins se précipitèrent sur elle comme des fusées.  

-« Maman !! » Crièrent-ils encore.  

-« J’espère qu’ils ont été sages. »  

-« Adorables ! Hein Ryô ? »  

-« Oh oui, de vrais petits anges. » Cette fois-ci, sa réponse n’avait rien de sarcastique.  

-« J’ai préparé le dîner, j’espère que vous avez faim. » Lança Kaori  

-« Oui, je meurs de faim même. Etre debout en permanence vous creuse l’estomac très vite. »  

Tous les six se mirent alors à tables et Kaori aida à servir le magnifique repas qu’elle avait préparé avec amour. Elle aida Mitsuko à s’occuper des enfants et le dîner se passa dans la bonne humeur.  

Puis, il fut l’heure pour les triplets d’aller se coucher. Quand leur mère fut certaine qu’ils dormaient enfin à poing fermé, elle retourna au salon où Kaori et Ryô l’attendaient pour une dernière tasse de thé. Ryô fut le premier à entrer enfin dans le vif du sujet.  

-« Si on reparlait un peu de votre ex-mari… »  

-« Hein ? Mais pourquoi ?! » Demanda Mitsuko surprise par le ton un peu glacial de son protecteur.  

-« Si vous voulez que je vous protége vous et vos enfants correctement, j’ai besoin de connaître mon ennemi, et pour ça j’ai besoin de TOUT savoir sur cette affaire, sans exception. »  

-« Mais… mais… »  

-« Ecoutez, je ne suis pas là pour vous juger, mais pour vos protéger, rien d’autre… à vous de voir…mais n’oubliez pas que c’est avec le futur de vos enfants que vous jouez. »  

Mitsuko baissa les yeux. Elle savait que Ryô avait parfaitement raison, que cacher la vérité plus longtemps n’arrangerait en rien la vie qu’elle était obligée de mener avec ses enfants.  

-« Très bien… je vais tout vous raconter. Tout a commencé au début de mon mariage avec Shiro. Mon beau père qui gérait toute la fortune des entreprises de jeux vidéo Takana est tombé malade, il avait un cancer. Mon beau père voulait que son fils reprenne la succession mais la façon de voir de mon mari ainsi que son manque d’intérêt pour le genre humain, l’ont fait très vite changer d’avis. Quand j’ai rencontré Shiro, il était doux, attentionné et qui plus est, bel homme. Mais comme on dit souvent, l’amour rend aveugle et je n’ai pas voulu voir sa vraie personnalité au début, fourbe, menteur, toujours à courir après l’argent, et surtout d’un extrême égoïsme. »  

-« C’est pour ça que vous avez finit par divorcer ? » demanda Kaori.  

-« Non, c’est bien plus compliqué. Moi, je m’en moquais, j’étais forte, et puis je pensais aux enfants. Je ne voulais pas non plus les séparer brutalement de leur père sans raison. Shiro s’en occupait plutôt bien malgré ses défauts. »  

-« Alors, c’est quoi la véritable raison ? »  

-« Et bien, c’est à cause de mon bon père… »  

-« Hein ? Mais comment ça ? » Demanda Ryô un peu intrigué.  

-« Matano Takana m’a proposé un poste dans son entreprise quand j’ai épousé son fils. J’ai très vite gravi les échelons et mon beau père appréciait mon travail énormément… »  

-« Ah oui, je commence à comprendre, votre mari est devenu jaloux de votre relation c’est ça ? » continua Ryô.  

-« Oui, Shiro ne supportait pas que son père me trouve plus à la hauteur que lui. On a eut de terrible dispute. Notre mariage est parti en miette petit à petit. Jusqu’au jour où, à bout, j’ai demandé le divorce, qu’il a très vite accepté pensant que cela lui permettrait de me tenir enfin à l’écart de son père. Seulement, voilà, trois mois après, mon beau père annonçait qu’il allait mourir. »  

-« Quelque chose me dit qu’il y a une énorme histoire d’héritage.. » Remarqua Ryô.  

-« Oui, vous comprenez vite Monsieur Saeba… Mon beau père qui en avait voulu à son fils de m’avoir rejeté et surtout qu’il ne voulait plus voir diriger son entreprise par un homme comme lui, décida de léguer directement son héritage à ses petits enfants en me désignant comme mandataire. »  

-« Ah oui ! Je comprends mieux maintenant. Votre ex mari a dû être fou de rage quand il a appris la nouvelle. Mais ce n’est pas en enlevant ses propres enfants qu’il va récupérer son héritage. Pourquoi il vous poursuit alors ?» Remarqua Kaori.  

-« C’est simple, il veut la faire chanter. En enlevant ses propres enfants, il veut la convaincre de laisser l’héritage qu’elle doit gérer et ainsi il récupère ses billes en échange de la possibilité de voir vos enfants. Mais ce n’est pas tout. Il veut aussi prouver auprès du juge que c’est une mère incapable de s’occuper de ses enfants et qui ne peut même pas garder un boulot. C’est ça ? »  

-« Mais attendez là, y’a un truc qui me chiffonne. Vous avez dit que vous avez un petit boulot à mi temps alors qu’il y quelques minutes, vous disiez travailler dans les entreprises Takana ? » Demanda Kaori.  

-« Oui, je sais. J’ai dû quitter mon poste provisoirement car mes enfants étaient menacés, j’ai dû m’enfuir. Ça fait presque deux ans que je vis comme ça, déménageant de ville en ville avec mes petits anges, mais leur père me retrouvait toujours. » Expliqua la jeune mère.  

-« Oui, tout s’explique. Cependant, je pense que cette histoire pourrait très vite tourner au drame s’il n’arrive pas à récupérer vos enfants. Il pourrait même finir par s’en prendre à vous directement… »  

-« A moi ? Mais comment ça ? »  

-« Pour une seule raison, si vous êtes morte, il sera nommé pour s’occuper de l’héritage par défaut parce qu’il n’y a aucun autre parent et par la même occasion, il peut récupérer vos enfants sans problème. » La déduction de Ryô lança un grand froid dans le dos de Mitsuko. Il avait vu juste. La personne qui était en fait le plus en danger était elle, et non pas ses enfants.  

-« Mais… mais… qu’est-ce qu’on va faire ?... » La jeune mère était complètement paniquée.  

-« Ne vous inquiétez pas. Je veillerai sur vous et vos enfants le temps que je trouve une solution pour que tout cela s’arrête. Vous avez ma parole. » Fit Ryô en lui posa une main réconfortante sur son épaule.  

-« Oui, vous pouvez nous faire confiance. On a déjà résolu des cas bien plus difficiles. » Ajouta sa femme.  

-« Oh… j’ai si peur… » Elle pleurait presque.  

-« Ça va aller. On n’est là. Bon, ce qu’il vous faut c’est une bonne nuit de sommeil. Vos enfants ont besoin de voir leur mère en pleine forme. » Suggéra le nettoyeur.  

-« Oui… vous avez raison. » Mitsuko se leva lentement et remercia pour la énième fois ses deux anges gardiens puis partit se coucher. Quand Kaori s’assura qu’elle était enfin bien installée dans sa chambre, elle rejoignit son homme.  

Ryô s’était adossé à la fenêtre et contempler le quart de lune qui se dessinait dans le ciel de Tokyo en finissant sa tasse de thé. Kaori s’approcha de lui en le prenant par la taille pour l’enlacer. Il posa ses mains sur les bras de sa femme.  

-« Que comptes-tu faire ? » Demanda t-elle. Un silence traversa la pièce immobile. Seules les douces caresses de Ryô donnait un peu de vie au salon.  

-« Trouver un plan et m’occuper très sérieusement de ce Shiro… » Répondit-il. Kaori savait parfaitement qu’elle n’avait pas besoin d’en savoir plus, elle savait ce que cela signifiait. Ryô allait agir à sa manière. Certes, pas la plus délicate, mais elle savait qu’il serait efficace. Il fallait juste attendre que le bon moment vienne. Elle serra alors son époux encore un peu plus ce qui ne laissa pas le beau Ryô indifférent. Il posa la tasse sur le rebord de la fenêtre, puis entoura alors sa femme de ses bras pour l’embrassa tendrement. Kaori se laissa ainsi bercer dans ses bras devant le spectacle de la nuit qui s’offrait à eux depuis leur appartement pendant un petit moment avant de l’inviter une fois de plus à partager ses draps.  

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