Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: nodino

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 10 capitoli

Pubblicato: 17-09-09

Ultimo aggiornamento: 03-02-10

 

Commenti: 88 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Douleur..... pour qui? Pourquoi? Je vais vous laisser lire pour comprendre que parfois, il faut aller au-delà de tout pour renaître, plus fort encore.

 

Disclaimer: Les personnages de "Au-delà de la douleur... il y a toi." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

I'm almost 18. Can I get access to the NC-17 section?

 

No. Legally, you are not major, before you are 18 years old. I don't care if it's in a day or a week. Make your request when you are actually 18.

 

 

   Fanfiction :: Au-delà de la douleur... il y a toi.

 

Capitolo 7 :: Un pont entre deux rives.

Pubblicato: 13-11-09 - Ultimo aggiornamento: 23-12-09

Commenti: Coucou! Voici la suite de ma petite fic toute noire (qui approche doucement de la fin d'ailleurs). J'avoue que j'ai beaucoup aimé écrire ce 7e chapitre et je me dépâche de la majer, sinon je ne le ferai jamais ^^ et j'en connais une qui se vengerait d'une certaine signature sur un calepin noir (oui oui, c'est de toi que je parle, beta adorée^^). D'ailleurs un grand merci encore, d'être ma beta, cris (innnndispensable!!!!)! Un grand merci aussi pour toutes vos gentilles reviews qui me font vraiment plaisir! J'espère que ce chap vous plaira, alors bonne lecture!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10


 

Comment allait-elle bien pouvoir se sortir de là ?  

 

 

Cette question ..... Combien de temps depuis qu'elle se l'était posée? A bien y réfléchir elle aurait été incapable de répondre car elle ne savait déjà pas à quelle heure elle avait émergé de son doux rêve, sous les cerisiers. Elle n'en avait aucune idée et le temps avait filé ensuite sans qu'elle ne puisse définir une quelconque unité de mesure autre que les battements de son cœur ...  

 

 

Combien de temps cela avait-il effectivement pris au destin pour tout faire basculer? Serrer son manteau contre elle au moment de rentrer, commencer son ascension des marches dans la nuit, puis cette chute, l'espoir -anéanti dans un cri de rage- et l'attente d'une quelconque aide, perdue dans ses larmes... Combien de temps? Combien de temps à attendre allongée sur le sol? Combien de temps à attendre depuis qu'elle était ici? Elle n'en savait rien, elle avait perdu toute notion de temps depuis, et elle s'en fichait après tout! Ne comptait plus que cette douleur qui lui vrillait le corps, qui l'enfonçait chaque seconde un peu plus dans une sorte de torpeur et voilait ce qui l'entourait d'un épais rideau noir.  

 

 

 

 

La Mini rouge suivit un dernier virage en dérapage contrôlé avant de s'arrêter en buttant sur le trottoir... Tandis qu'elle retrouvait un certain aplomb et s'immobilisait sur la chaussée, la portière s'ouvrit à la volée et un éclair éclaira l'habitacle, laissant paraître un Ryo à la mine et au regard sombres. Il ne prit même pas la peine de récupérer ses clés de contact avant de bondir hors de l'habitacle et de claquer rapidement la portière. Laissant derrière lui la voiture, il se dirigea en courant vers la grande bâtisse grise qui se dressait devant lui. Il suivit le plus rapidement possible le chemin éclairé par les quelques réverbères qui illuminaient le parking, la mâchoire serrée et le regard porté loin devant lui, vers la porte qui s'ouvrait et se fermait au rythme des personnes qui entraient et sortaient du bâtiment. Il y était presque, encore un effort... Il rallongea encore sa foulée, les pans de sa veste battant l'air au rythme effréné de sa course.  

 

 

 

 

Emerger lui devenait de plus en plus difficile et ses rares moments de conscience prenaient la couleur et le bruit des éclairs qui arrivaient malgré tout à déchirer ce voile pour laisser transparaître la grisaille de ce qui l'entourait. Ces éclairs... Ils l'avaient tant effrayée au début de son attente solitaire puis lui avaient ensuite tenu compagnie, accompagnant chacune des vagues qui l'avaient menée de plus en plus haut dans la douleur. Au fur et à mesure que le temps passait, elle avait réussi à apprivoiser sa peur et maintenant, elle leur était reconnaissante d'être toujours là. Ils étaient la dernière chose qui la rattachait à la réalité et la réalité, c'était cet orage sec au dehors, ces éclairs et ce tonnerre, ces gens qui attendaient la pluie. Le reste, elle n'y attachait plus vraiment d'importance... Ces formes grises, ces petits bruits aigus et brefs qu'elle percevait parfois et ces ombres qui allaient et venaient autour d'elles... Tout ça ne l'intéressait pas et elle se réfugiait encore et toujours dans ses souvenirs, dans son petit cocon de protection, qui prenait la douceur des bras de Ryo autour d'elle... Ryo... Ryo... Elle se reposait dans cette petite bulle où se mêlaient l'amour qu'elle portait à cet homme et les souvenirs de ce qu'elle avait vécu au cours de cette soirée. Tout ceci la préservait de ce présent qui n'était plus que douleur, ombres et mouvements furtifs, chuchotements et bruits lointains, voile et semi-conscience.  

 

 

 

 

Ryo grimpa quatre à quatre les marches du perron qui menait à la porte vitrée tandis que devant lui des silhouettes s'écartaient pour lui céder le passage. Arrivé sous le porche, il regarda avec insistance le boitier noir au-dessus de la porte, ponctuant d'un froncement de sourcils son agacement devant la lenteur avec laquelle le capteur daignait repérer sa présence. Lorsque la cellule photoélectrique déclencha le mécanisme et fit enfin coulisser les deux panneaux, il s'élança de nouveau, se faufilant dans l'interstice dès qu'il le put pour pénétrer dans le hall. S'avançant rapidement au centre de cette immense salle, il balaya rapidement du regard l'espace jusqu'à cette pancarte « accueil » qui surplombait un guichet vers lequel il se rua, bousculant au passage quelques personnes qui attendaient leur tour. Il lança quelques excuses pour répondre aux cris indignés qui accompagnèrent ses gestes brusques mais son regard ôta immédiatement toute envie à qui que ce soit de pousser plus loin les récriminations. Il émanait de lui une telle urgence que tous ceux qui se trouvaient dans la file d'attente sentirent qu'il se jouait là quelque chose d'important et, écoutant ce que leur soufflait leur instinct, ils se contentèrent de s'effacer pour lui laisser la place. Ryo les remercia d'un hochement de tête et rejoignit rapidement le comptoir d'information.  

 

 

 

 

Une quinte de toux la ramena brusquement à l'instant présent, redonnant une forme et un semblant de visage à ces ombres qui se rapprochèrent d'elle. Ses lèvres étaient gercées et elle passa la langue dessus pour les humidifier. Mais cela ne lui fit aucun bien et lui rappela seulement qu'elle avait soif. Sa gorge était sèche... Elle était fatiguée, si fatiguée, maintenant... Elle en avait marre de souffrir, elle voulait que tout s'arrête, mais plus que tout, elle voulait Ryo... Juste lui... Pourquoi n'était il pas là? ...Saeko... L'esprit de Kaori se remit à divaguer, se nourrissant du grondement du tonnerre pour faire grossir cette vieille rancœur contre celle qui était maintenant son amie. Oui, c'était Saeko... C'était encore et toujours à cause d'elle qu'il ne se trouvait pas à ses côtés, cette femme l'avait une fois encore éloigné d'elle alors qu'elle avait tant besoin de lui... Comme elle la détestait!!!  

 

Cette rage lui faisait du bien, lui permettait de détourner ses émotions pour les transformer en un sentiment plus rassurant pour elle, un sentiment qu'elle maîtrisait bien mieux que la peur! Oui, la colère qu'elle sentait gronder en elle lui faisait un bien fou et cette colère, elle la dirigea vers tous ceux qui étaient responsables de son état.... Cet inconnu, cette Saeko et même Ryo! Oui... Ryo aussi était fautif! Il aurait dû rester auprès d'elle! Après tout, c'était lui le spécialiste du sixième sens et il aurait dû écouter le sien lorsqu'il lui avait soufflé ce mauvais pressentiment! Il avait hésité et il avait fait le mauvais choix... A cause de lui, elle se retrouvait maintenant seule dans cet endroit! Oui, c'était de sa faute et il avait finalement bien de la chance de ne pas être là car sinon il en découdrait avec elle!!! Kaori serrait les poings de rage et oublia complètement sa douleur le temps de se laisser envahir par cette émotion qu'elle n'avait pas ressentie depuis bien longtemps!  

 

 

 

 

Pendant que la réceptionniste cherchait sur son écran d'ordinateur comment le renseigner, il jeta un coup d'œil à la pendule. Cela prenait trop de temps... et ce temps lui était précieux! Lorsqu'elle attrapa le combiné de son téléphone avec un sourire désolé, il lui en fut reconnaissant car il savait qu'elle tenait là le moyen le plus rapide pour savoir où il devait se rendre. Il sentait qu'il lui faudrait faire vite, il en était maintenant plus que convaincu et lorsque la femme reporta les yeux sur lui, il lut dans son regard qu'il avait vu juste. Il l'écouta, puis prit congé rapidement pour traverser le hall et rejoindre les ascenseurs avant d'appuyer sur les boutons d'appel. Il fixait l'écran lumineux qui indiquait les étage auxquels se trouvaient les cabines ; il ne pouvait en détacher son regard, comme s'il pouvait par la simple force de sa pensée le forcer à commencer son décompte, comme s'il était hypnotisé par ces chiffres qui représentaient un nouvel obstacle entre lui et Elle... Un obstacle de plus, un obstacle de trop.  

 

 

 

Cela lui faisait du bien de retrouver cette colère, de sentir son âme rugir ainsi contre l'absent et sans même qu'elle s'en rende compte, une massue se matérialisa entre ses mains. Elle la regarda, étonnée et, clignant des yeux, se dit que sa dernière colère contre Ryo devait remonter à loin car cette massue était gravée du sceau « Archives de Kaori » et une petite araignée râlait devant sa toile déchirée. Elle poussa ensuite un léger cri de surprise lorsque le manche, complètement vermoulu, se brisa en deux sous le poids de la tête de la massue et que celle-ci tomba lourdement au sol! A bien y réfléchir, cela faisait effectivement bien longtemps qu'elle n'avait pas utilisé de massue contre lui! Et pourtant, elle avait continué à en distribuer même après que leur relation ait pris ce nouveau tournant mais, ces derniers mois, leurs chamailleries avaient laissé place à la tendresse et la prévenance. Oh bien sur, il s'amusait encore à la taquiner mais, dernièrement, il faisait en sorte de s'arrêter dès la première étincelle d'agacement... Ce bout de bois vermoulu dans sa main était le symbole de bien des changements et elle souriait de ne s'en apercevoir qu'aujourd'hui. Retrouvant son calme, elle reconnut qu'elle n'avait aucune raison de lui en vouloir : il voulait rester, elle l'en avait dissuadé. Ce n'était certainement pas sa faute! Mais cette petite poussée de colère avait quand même été la bienvenue!  

 

 

 

 

Perdant son calme, Ryo appuya frénétiquement sur tous les boutons avant de frapper du plat de la main sur cette foutue porte en métal qui refusait de lui livrer passage. Levant de nouveau les yeux vers l'écran indicateur, il laissa échapper un grognement quand il vit qu'aucune cabine n'avait encore amorcé de descente. N'y tenant plus, il donna un dernier coup de rage impuissante sur la porte métallique avant de reporter son attention sur le panneau indiquant l'emplacement des escaliers, au fond du couloir qui se trouvait sur le coté du hall.  

 

 

 

Cette légère accalmie ne dura qu'un instant avant que le petit rire qui la secouait ne se transforme en quinte de toux et que les couleurs qui lui étaient revenues sur les joues ne s'effacent de nouveau. Son visage reprit cette pâleur qui faisait ressortir ses yeux creusés par la fatigue, pâleur encore rehaussée par la couleur fauve des mèches humides de sueur qu'elle avait repoussées de chaque côté de ses tempes. Lorsque la quinte de toux réveilla une nouvelle fois la bête qui se terrait dans son corps, une goutte de sueur perla sur son front puis glissa le long d'une mèche pour finir sa course sur sa joue avant que la main de Kaori ne vienne l'essuyer.... Encore une vague...une salve… forte, bien plus forte que toutes cellesqu'elle avait subies jusqu'à présent... Il était trop tard pour se réfugier dans sa bulle, trop tard pour se laisser envahir par la torpeur et s'en protéger, ne restait plus qu'à la subir... La vague gonflait, grossissait, grondant sa violence contenue dans cette masse imposante qui gagna encore en envergure avant de déferler sur elle en un hurlement d'écume, la submergeant totalement et l'emportant corps et âme avec elle... Kaori se débattait contre toutes ces sensations terribles, contre toutes ses émotions. Elle se noyait dans cette souffrance, dans sa peur, cherchant son souffle comme une noyée et tentant de détendre ses muscles pour atténuer la crispation de son corps. Mais il lui était impossible de définir d'où venait le mal... Il l'attaquait de toutes parts, torturant son ventre, sa jambe, ses reins, ses côtes.  

 

 

 

 

Ryo se dirigeait dans la direction des escaliers quand il sentit soudain que quelque chose n'allait pas... Un frisson faisant vibrer l'air, un murmure vrillant son âme, une douleur à la place du cœur ... L'angoisse se saisit brusquement de lui, prenant toute la place qu'occupaient une seconde auparavant l'impatience et la colère. Sa démarche s'accéléra jusqu'à devenir une course éperdue vers cette porte blanche qu'il ouvrit à la volée.  

 

 

 

Elle avait l'impression de se trouver dans un tourbillon qui l'étouffait et l'assaillait de tous côtés... Respirer... Elle voulait respirer mais n'y arrivait plus. Sa bouche s'ouvrait et se fermait dans un appel désespéré à cet afflux d'air qui ne venait pas. Elle sentit qu'elle perdait la sensation de son corps, qu'elle perdait la notion de ce qui l'entourait et, avant que le voile noir ne se pose encore une fois devant ses yeux, dans un ultime sursaut de clairvoyance, Kaori sut... Elle sut enfin vers qui diriger sa colère, elle sut qui la martyrisait avec ses envolées lyriques et ses métaphores à deux balles!!! ... C'était elle, l'auteur, cette femme qui s'acharnait sur elle, qui prenait plaisir à la torturer ainsi... Mais ne pouvait-elle donc lui foutre la paix, l'oublier deux minutes, aller voir ailleurs si elle y était, bordel?!? (A ces mots, l'auteur se redressa, perplexe, et cligna des yeux se demandant si elle avait bien lu... Puis, non sans avoir auparavant jeté un coup d'œil derrière son épaule pour vérifier qu'aucun danger né du courroux de Kaori ne la menaçait, elle se dit que maintenant qu'elle était découverte, autant finir ce qu'elle avait commencé).  

 

 

 

 

Le cœur battant maintenant à tout rompre, Ryo commença sa course vers les hauteurs du bâtiment. Sa main courait sur la rampe grise, la serrant à intervalles réguliers pour prendre appui dessus et sauter plus loin, voler plus haut, gagner en vitesse et suivre la cadence imposée par les battements de son cœur. Sa respiration devenait difficile. Sa condition physique n'était pourtant pas à mettre en cause. Certes, l'air était saturé d'humidité et presque irrespirable dans cette cage d'escalier qui suintait de condensation mais ça, il connaissait ; il avait vécu dans la jungle amazonienne et il pouvait supporter sans problème une telle moiteur. Par contre, cette sensation... Cette angoisse qui oppressait sa poitrine, il n'arrivait plus à la gérer et il respirait de plus en plus vite, de plus en plus mal ; son souffle devenait désordonné. Il sentait pourtant qu'il devait faire vite car si chaque enjambée le rapprochait d'elle, il sentait aussi à chaque marche franchie s'amenuiser le contact qui le reliait à la femme de sa vie... Alors non, il ne pouvait ni ne voulait ralentir! Dût-il en mourir, il grimperait ces marches jusqu'à cette porte qu'il apercevait enfin, jusqu'à cette porte qu'il atteignit dans un dernier râle d'effort!  

 

 

 

 

Kaori se laissa retomber en arrière et émit un léger rire ironique... Elle devenait folle et la douleur la faisait complètement divaguer, voilà maintenant qu'elle s'imaginait être l'héroïne d'une quelconque fiction dramatique!!! Il fallait qu'elle se reprenne un peu... Les yeux fermés, elle profita du ressac de la contraction qui avait torturé son corps pour emplir ses poumons d'air... encore... encore... respirer... c'était bon!!! Simple, si simple maintenant que la vague était passée et qu'il ne restait plus que cette fatigue, cette fatigue qui l'envahissait doucement. Elle n'en pouvait plus... A bien y réfléchir, elle se demandait pourquoi elle ne se laisserait pas aller et dormir, se couler dans cette torpeur qui l'appelait? Se laisser aller... Oui, se laisser aller... Ce serait bon et si simple, tellement simple, n'en déplaise à toutes ces ombres qui l'entouraient, lui parlaient, qui voulaient capter son attention. Non, elle ne voulait plus qu'elles lui murmurent ces mots, ces mots qu'elle n'entendait plus. Elle ne voulait plus qu'elles s'affairent autour d'elle. Elle voulait juste qu'elles la laissent enfin tranquille pendant quelques instants, qu'elles la laissent enfin dormir et ne plus avoir mal. Pourquoi ne voulaient-elles pas comprendre qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle en avait marre!?! Son corps luttait, mais elle, elle n'était plus vraiment là et elle ne savait pas si elle aurait la force de lutter contre cette envie de sombrer.  

 

 

 

 

La sensation du métal froid de la poignée sur la paume de sa main lui procura un regain d'énergie et il se rua dans le couloir avant de filer dans la direction indiquée par le panneau devant lui... un couloir aux murs grisâtres... un virage... une enfilade de couloirs... des panneaux indicateurs, toujours... Brusquement, il s'arrêta et leva la tête vers l'intitulé du service devant lequel il se trouvait... Ce n'était pas le bon! Lâchant une bordée de jurons, il fit demi-tour afin de revenir sur ses pas. Tous ces couloirs se ressemblaient... Bordel, il perdait un temps précieux, là! A quel moment s'était-il trompé? Il avait l'impression de tourner en rond. Tout en tournant la tête de tous côtés, il enrageait intérieurement : contre l'impossibilité de retenir ces grains de quartz qui glissaient imperturbablement le long du sablier contre lequel il se battait mais surtout contre son impuissance à empêcher ce fil qui le reliait à Kaori de s'effilocher entre ses doigts! Perdu dans ce dédale de gris, il finit par s'arrêter pour demander la bonne direction puis il fila de nouveau de couloirs en couloirs, passant des portes battantes et évitant parfois de justesse ceux qui se trouvaient sur son passage et qui lui lançaient des regards réprobateurs. On ne courait pas dans un tel lieu! La sueur perlait maintenant sur ses tempes, lui qui ne transpirait presque jamais, mais il touchait enfin au but!  

 

 

 

Elle était tellement fatiguée... Et rien n'était terminé. De nouveau ses reins annonçaient la venue d'une nouvelle attaque, la prévenant que la bête quittait une nouvelle fois son antre pour traverser son être. Mais elle ne pouvait plus, elle ne voulait plus... Elle était juste fatiguée, elle ne pouvait plus lutter, ni même ouvrir les yeux. Elle allait juste se laisser aller... Faire comme le roseau et plier sous la douleur pour ne pas rompre... Se laisser aller... Pour ne pas sentir... Ne plus sentir... Se laisser couler... Tout au fond de cette torpeur qui allait la protéger... Elle sentit la bête prendre possession de son corps mais elle fut étonnée de ne rien sentir, comme si elle s'était soudain désolidarisée de son enveloppe corporelle.  

 

 

Devant lui, une dernière porte grise... Il y était enfin! Mais soudain.... un dernier sursaut vrilla son âme, le stoppant net dans sa course. Son regard se voila d'une sourde angoisse, il eut l'impression que le sang quittait son corps et un seul mot trouva résonance dans son esprit... Non... non... pas elle, pas elles...  

 

 

C'était étrange mais reposant à la fois... Elle sentait, elle voyait Kaori... Non, elle SE voyait se redresser sur les coudes et se pencher vers l'avant, bloquer son menton dans sa poitrine comme dans une vaine tentative pour échapper à cette souffrance qui la ravageait... Mais elle ne sentait rien... Elle pouvait voir tout ce qui se passait dans cette salle grise, toutes ces blouses blanches qui tout à coup s'affairaient autour d'elle, ces machines qui l'entouraient et dont les lignes dansaient au rythme de ses constantes, ces lignes qui s'affolaient maintenant... Quelle sensation étrange que celle-ci! se dit-elle alors.  

 

 

 

Ce n'était pas possible! Pourtant, il arrivait encore à sentir son aura, elle était toujours là, si faible, presque inexistante, mais elle était toujours là! Kaori était là et elle avait besoin de lui... Il devait avoir confiance en elle, en eux...  

 

 

 

Elle voyait son corps souffrir et elle était impuissante... Il n'y avait rien d'autre à faire qu'accepter ce qui se passait. Lorsqu'elle se vit pousser un ultime cri de souffrance, elle eut un léger sourire... Elle avait réussi, son corps meurtri avait accompli sa mission, c'était fini...  

 

 

La porte... Devant lui...  

D'une poussée, Ryo ouvrit la porte battante ; il se tendit alors vers celle qu'il était venu chercher...  

 

 

Oui, c'était fini... Il n'y avait rien à regretter... Elle allait enfin pouvoir se reposer maintenant...  

 

 

… Et sa main agrippa celle de Kaori tandis qu'un cri venu du fond des âges emplissait l'espace.  

 

 

 

 

L'esprit de Kaori flottait dans la pièce et se laissait porter par une douceur éthérée. Son âme semblait se détacher de plus en plus des sensations terrestres et elle se sentait enfin bien, aérienne. Plus de mal, plus de peur, juste un bien être immatériel, indéfinissable... Comme une caresse, les souvenirs de ceux qu'elle avait aimés la traversaient avant de s'éloigner, l'entrainant dans leur sillage : Ryo l'embrassant sous les cerisiers, Hide qui souriait en replaçant correctement ses lunettes, Miki au Cat's... Ryo, Hideyuki, Miki, Sayuri, Mick, Falcon, Saeko ... Leurs visages souriants étaient comme une tendre promesse, une exhortation à les suivre, à continuer son voyage un peu plus loin en leur compagnie... Elle devinait que si elle se laissait aller, que si elle lâchait prise, elle ne reviendrait pas, mais après tout, pourquoi pas? Elle n'était plus vraiment là déjà ...  

 

Une chaleur au creux de son corps attira alors son attention. Elle aurait pu ne pas s'y arrêter mais cette douce sensation semblait presque lumineuse au milieu de ce vide, de ce « rien » qui l'entourait. D'où cela provenait-il? Elle sentait monter une vibration chaude et douce depuis sa main et cela se répandait ensuite dans tout son être... C'était bon... Elle reporta alors de nouveau son regard vers la salle qui lui semblait être en contrebas, cette salle dans laquelle les instruments de contrôle s'affolaient maintenant complètement ; la ligne qui la rattachait à la vie dansait comme une folle sur l'écran ; elle sautait, s'arrêtait, repartait en dents de scie. Mais Kaori n'y porta pas vraiment attention, elle venait de voir ce qui la retenait encore...  

 

C'était Ryo... C'était Ryo qui lui parlait... C'était Ryo qui repoussait les médecins qui voulaient s'occuper d'elle... C'était Ryo qui la ramenait contre lui... C'était Ryo qui lui souriait et lui criait dessus en même temps... C'était aussi la main de Ryo serrant la sienne, si fort... C'était donc ça cette sensation! C'était le contact de sa main...Sa main, douce, chaude, puissante... Sa main qui faisait comme un pont entre ce qu'elle laissait et l'endroit où elle se trouvait... Sa main, la dernière chose qui l'amarrait encore... Et cette chaleur qu'elle ressentait... C'était des mots... C'était ses mots... Qui semblaient vouloir franchir ce pont pour parvenir jusqu'à elle... Elle les sentait vibrer contre sa paume, frémir le long de son bras pour venir enfin s'insinuer et se répandre en elle... Que disaient-ils? Que disait Ryo? Elle ferma les yeux pour se recentrer, pour entendre et ressentir cette phrase qui atteignit alors son cœur : « N'abandonne pas... Vis... vis... ».  

 

 

Ces mots résonnèrent en elle et lui firent l'effet d'un électrochoc. Elle comprit subitement qu'elle était en train de mourir et son esprit se débattit alors contre cette idée, la rejetant en bloc...  

 

Non, non, elle ne voulait pas mourir! Mais que se passait-il? Qu'était-elle en train de faire là? Sa vie, ses rêves se trouvaient juste là, à portée de main et elle... Elle allait... Non, il n'était pas possible qu'elle laisse tout ce pour quoi elle s'était battue si longtemps! Après tant d'années, elle ne vivait plus aujourd'hui dans ses rêves, ses espoirs étaient devenus sa réalité, leur quotidien, alors non elle ne voulait pas abandonner! Pas maintenant! C'était hors de question!  

 

Sous la violence de cette prise de conscience, Kaori ouvrit enfin les yeux.  

 

Elle s'accrocha au regard de Ryo au-dessus d'elle comme une naufragée à une bouée, se laissant ramener doucement à la rive par ce regard brillant d'une lueur qu'elle ne lui avait encore jamais vue. Il la regardait, figé dans la posture qu'il avait prise pour la prendre contre lui, un bras passé derrière son dos et l'autre lui tenant encore la main. De nouveau, une intense sensation de fatigue l'envahit, mais elle serra elle aussi la main de Ryo, voulant sceller par ce geste la force du lien qui l'avait rappelée à lui. Elle eut un faible sourire et, plongeant son regard dans le sien, elle lui murmura dans un souffle avant de sombrer : « Je ne veux pas mourir ».  

 

Dehors, dans un dernier éclair qui déchira le ciel, les nuages libérèrent enfin la pluie.  

 

 


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