Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: nodino

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 10 capitoli

Pubblicato: 17-09-09

Ultimo aggiornamento: 03-02-10

 

Commenti: 88 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Douleur..... pour qui? Pourquoi? Je vais vous laisser lire pour comprendre que parfois, il faut aller au-delà de tout pour renaître, plus fort encore.

 

Disclaimer: Les personnages de "Au-delà de la douleur... il y a toi." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Au-delà de la douleur... il y a toi.

 

Capitolo 10 :: Au matin d'une nouvelle vie.

Pubblicato: 03-02-10 - Ultimo aggiornamento: 07-01-11

Commenti: Bonjour à tous ! Voilà, je vous dépose ce soir le dernier chapitre de ma première fic et j'avoue que j'ai du mal à définir ce que je ressens. C'est très étrange, je suis à la fois contente et un peu émue, mais surtout libérée (imaginez le marathonnien terminant sa course et ça vous donnera peut être une idée de ce à quoi je ressemble lol). En tout cas, je tire mon chapeau à toutes celles qui font des fics bien plus longues et ce, régulièrment... Moi, ça m'a crevée lol. En tout cas, je remercie tous ceux qui m'ont encouragée à un moment ou à un autre (mille et mille merci), voire pas du tout mais qui ont lu ma fic. Et, surtout, je vais remercier deux personnes plus particulièrement, Ouititi sans qui le chap 4 aurait disparu hihi et surtout, oui surtout Cris, une beta topissime à qui je dédie une scène qu'elle m'a réclamée et qui nous a valu un super qui proquo, digne de Hojo ^^ . Ma Cris, Tes "mon dieu mon dieu" et tes taloches vont me manquer... Bises à toi et à vous aussi. Je vous souhaite une bonne lecture ^^ et je vous laisse. A bientôt !

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10


 

« - Tu sais bien que tu as pris la bonne décision, mon amour. »  

 

Cette voix, cette mélodie si douce à son oreille... Ryo sourit. Pour se laisser le temps de réaliser ce qu'il venait d'entendre, il ferma les yeux et emplit ses poumons d'oxygène en un geste instinctif. Lorsqu'il expira en les rouvrant , ce fut comme une libération, le souffle d'air emportant dans ses molécules une partie des craintes, de la peur et de la rage qui avaient noué ses muscles des heures durant, depuis sa course folle en voiture et dans les couloirs de l'hôpital jusqu'à cette interminable attente au chevet de sa douce. Puis, quittant des yeux le rayon lumineux qui venait de percer enfin le ciel nuageux, il entama une lente rotation sur lui même.  

 

Il n'avait pas rêvé, il savait qu'il l'avait entendue, et quand bien même il aurait mis en doute ses capacités auditives, son corps avait réagi avant même qu'elle n'ouvre la bouche. Cet étau qui s'était desserré dans sa poitrine, cette plénitude qui avait alors pris la place de son angoisse douloureuse, cette émotion qui l'avait soudainement amené à voir la vie différemment... C'était elle. Il n'y avait qu'elle pour avoir cet effet-là sur lui. Elle était là, et il l'avait su bien avant de l'entendre... Son aura avait de nouveau empli la pièce, douce et apaisante, et s'était diffusée jusqu'à lui, pour lui faire sentir qu'elle était en train de se réveiller. Enfin, elle était là...  

 

Lorsqu'il se retourna et posa les yeux sur elle, ce fut pour être immédiatement capturé par son regard noisette. Elle était encore très pâle, livide même, et sa voix n'avait été qu'un murmure, mais ses yeux, encore voilés, ne pouvaient mentir. Au même titre que son aura, la petite lumière qui les animait était son essence même, et cette petite étincelle, même faible, lui certifiait qu'elle était bien vivante !  

 

Il lui sourit et s'approcha d'elle. Lorsqu'il s'assit sur le lit, le besoin de la toucher devint impérieux. Il lui avait tenu la main une partie de la nuit, pour qu'elle sente qu'il était là, pour accrocher sa volonté de vivre à la sienne, mais là, ce besoin tactile était différent... Il voulait sentir la vie frémir sous sa peau, son pouls s'accélérer sous ses doigts, s'assurer qu'il ne rêvait pas... Les yeux toujours perdus dans les siens, il posa d'abord sa main sur sa joue et la caressa du pouce, hésitant, comme s'il avait peur que ce geste ne la pousse à refermer les paupières. Mais elle n'en fit rien et, à la place, sa bouche s'étira en un léger sourire fatigué qui, du coin de ses yeux plissés aux commissures de ses lèvres, redonna vie à son visage. Alors Ryo se pencha sur elle, glissa les doigts dans ses cheveux et lui baisa le front avant de venir poser ses lèvres sur les siennes. Ce fut plus une caresse qu'un baiser, mais il sentit que les lèvres de Kaori frémissaient à ce léger contact et cela lui suffit. Il posa son front contre le sien, puis glissa la tête au creux de son cou, là où palpitaient sa vie et sa chaleur.  

 

« _Tu es là, lâcha-t-il dans un souffle, tu es revenue, enfin... »  

 

Il avait pleinement conscience que les mots qui sortaient de sa bouche pouvaient paraître incohérents mais il s'en foutait. Il avait failli vivre son pire cauchemar, la perdre, et il lui fallait évacuer ça. Lui, qui avait cette faculté de garder son self-control en toutes circonstances, qui savait demeurer hermétique à toute émotion et en avait même fait un véritable mode de vie, voyait cette carapace se fissurer de part en part... et l'acceptait.  

 

Pendant qu'il la veillait, il avait fait abstraction de ce plâtre qui emprisonnait la quasi totalité de sa jambe, abstraction de ces nombreuses ecchymoses qui zébraient la peau de ses bras et de sa jambe valide, abstraction de ce moment où tout avait failli basculer dans le bloc... Il l'avait juste regardé respirer, toutes ces heures, calquant sa respiration sur la sienne, pour l'accompagner et lui souffler le rythme à suivre, ne pensant qu'à ce moment où elle ouvrirait enfin les yeux. Mais, maintenant qu'elle était là, tout ce qu'il avait refoulé revenait en vagues successives, non douloureuses certes, mais il n'avait pas l'habitude d'être submergé ainsi.  

 

Puis, sa main dans la chevelure de Kaori et la douceur chaude de son cou contre son front le rassérénèrent, et il retrouva doucement la pleine possession de ses moyens. Les secondes s'égrenèrent, les laissant reprendre contact, l'un avec le retour de l'être aimé, l'autre avec la réalité et, tout simplement, l'un avec l'autre, sans geste ni parole, leurs deux cœurs se remettant simplement à battre à l'unisson, jusqu'à ce que Kaori vienne doucement poser sa main sur la nuque de Ryo et la caresser du pouce.  

 

Cela faisait déjà un long moment qu'elle avait commencé à émerger de sa torpeur, depuis que des éclats de voix l'avait tirée du sommeil de plomb qui l'emprisonnait... Elle avait immédiatement reconnu la voix de Ryo, s'adressant à une autre, inconnue, puis celle de Saeko s'était rajoutée. Elle n'avait pas compris ce qui se disait d'abord, seuls lui parvenaient les sons étouffés d'une conversation, mais elle en avait compris les intonations : colère, détermination, fermeté, ténacité... Et puis, doucement, son esprit embrumé s'était ouvert à la conscience, alors même que son corps restait prisonnier d'une sorte de carcan qui l'empêchait de se mouvoir de quelque manière que ce fut... Son esprit, une fois encore, lui jouait des tours et elle avait eu l'impression d'être dépossédée de ses sens, comme dans le bloc. La conversation emplissait toute sa tête, impossible d'y échapper, et elle en avait saisi tous les enjeux : cet homme demandait son pardon et Ryo... Ryo, son aura était tellement troublée ! Elle, qui le connaissait si bien, pouvait sentir sa colère et son inquiétude se propager dans la pièce. Elle aurait tant voulu le soulager, lui dire qu'elle était là, mais il lui avait été impossible de faire le moindre mouvement. Alors elle avait cessé de lutter et s'était contentée d'assister à la fin de la conversation, jusqu'à ce moment où le silence était revenu dans la chambre et où elle l'avait senti, perdu et seul, si seul, comme des années auparavant, comme la première fois qu'elle l'avait rencontré, avant qu'elle ne rentre définitivement dans sa vie. Cette sensation lui avait été insupportable et elle avait puisé dans sa volonté, dans son envie de l'apaiser, pour briser ce carcan qui l'enchainait au sommeil et avait ouvert les yeux. Que lui avait-elle dit à ce moment-là ? Elle ne s'en souvenait déjà plus, comme si cet état au-delà de la conscience ne pouvait être gardé en mémoire et, de fait, toutes ces sensations étranges qu'elle avait ressenties commençaient effectivement à s'estomper dans sa tête. Par contre, elle savait très bien ce qu'elle avait envie de lui dire, à cet instant précis :  

 

_Tu sais bien que je ne ferai jamais rien qui puisse te causer de la peine, souffla-t-elle dans un demi-sourire, en reprenant une phrase prononcée, il y avait si longtemps déjà, au travers d'une vitre blindée.  

 

Ryo se redressa en souriant, conscient de la référence, et, rattrapant la main qui glissait sans force de son cou, y apposa un baiser. Même si son corps la trahissait encore un peu, les couleurs revenaient doucement sur ses joues, signe qu'elle continuait à émerger.  

 

_ Oui, je sais bien, lui répondit-il, mais j'avoue que tu m'as fait un peu peur ce soir... Tu m'as manqué, tu sais ? lui confia-t-il lorsqu'il croisa ses prunelles noisette.  

 

Le regard de Kaori fut alors attiré par un rayon lumineux qui se diffusait dans la chambre et elle tourna la tête en direction de la fenêtre. Un éclair de surprise traversa son visage... C'était le matin ! L'aube finissait de se révéler en imposant un léger camaïeu de rose, colorant ainsi la légère brume que la douceur printanière avait formée sur le sol, tandis que les derniers cumulus s'étiolaient dans le lointain. Elle prit conscience, à cet instant, que la nuit avait terminé sa course et, elle qui n'avait d'autres souvenirs que d'une nuit profonde, parfois déchirée d'un éclair, en fut déconcertée. Depuis combien de temps se trouvait-elle dans cette chambre ? Que s'était-il passé depuis ses derniers souvenirs conscients et, surtout, où était... Sous l'effet de l'angoisse qui soudain la saisit, les derniers vestiges de somnolence se dissipèrent totalement et elle retrouva ses esprits.  

 

Tournant vivement la tête vers Ryo, elle lui posa la question qui lui brûlait maintenant les lèvres :  

 

_Où est Sa...  

 

_ Elle est là aussi, ne t'inquiète pas, la rassura Ryo.  

 

S'appuyant sur ses coudes, Kaori essaya de se redresser pour s'asseoir entièrement, ce qui lui arracha une grimace. Ryo ne put définir si cette moue et ce pli qui barra subitement son front étaient dus à sa volonté de s'asseoir, à sa faiblesse ou à une des nombreuses douleurs que ce mouvement aurait réveillée, mais il l'arrêta d'une main posée sur son bras et attrapa la télécommande qui commandait la tête de lit pour lui permettre de s'installer en position semi-assise.  

 

_Ne bouge pas et reste tranquille, tu veux bien ? Ta jambe est cassée, tu as quatre côtes fêlées, sans compter le reste de ton corps qui est en petits morceaux ! Alors tu as interdiction de bouger tant qu'on ne t'en n'aura pas donné l'autorisation, c'est compris ?  

 

Il lui parlait fermement, pour la convaincre de ne pas trop bouger, mais devant l'éclair d'obstination qu'il perçut dans ses yeux, il devina qu'il n'aurait pas gain de cause tant qu'elle n'aurait pas obtenu ce qu'elle voulait, alors il continua.  

 

_ Si tu veux, je vais aller la chercher et prévenir une infirmière de ton réveil, ça te va ?  

 

_D'accord, souffla Kaori, en laissant retomber sa tête sur l'oreiller avec un certain soulagement, avant de reposer sur Ryo un regard suspicieux, et surtout ne t'avise pas d'embêter ces pauvres infirmières, je le saurai !  

 

Ryo éclata de rire, heureux de voir que le tempérament et les réflexes de Kaori reprenaient le dessus.  

 

_Ok, ok, je serai sage. Et toi, ne bouge pas, je reviens !  

 

Ryo se leva du lit, un peu brusquement, ce qui fit de nouveau grimacer Kaori et lui tira un « Ryooo » exaspéré, tandis qu'elle fermait les yeux sous le coup de la douleur.  

 

_OooOh pardon ! s'écria-t-il, penaud et contrit d'avoir oublié l'espace d'une seconde l'état dans lequel elle se trouvait, est-ce que ça va ? Tu te sens bien ?? Kaori ?!?  

 

_Ca va, ça va, ne crie pas dans mes oreilles et ne t'inquiète pas, je vais bien, répondit-elle avec un petit sourire crispé et les yeux toujours fermés, tu n'étais pas censé partir faire quelque chose ?  

 

_Oui, oui, j'y vais, mais toi, n'en profite pas pour t'évanouir, ok ? ordonna le nettoyeur, plutôt rassuré de l'entendre le houspiller ainsi.  

 

_T'inquiète, je crois que j'ai dormi plus que nécessaire, au moins pour les dix prochaines années à venir !  

 

_Tu es sûre ? Tu ne te sens pas somnolente ? insista-t-il. Il savait qu'elle avait hâte qu'il s'acquitte de sa tâche, mais sentir son caractère bouillonner lui faisait du bien et il était très tentant de se laisser aller à ses propres réflexes, qui consistaient à la taquiner jusqu'à faire briller ses yeux de colère. Lorsqu'elle se mettait en colère, c'est que tout allait bien !  

 

_Mais oui, promis, je ne vais pas m'endormir...  

 

Le ton était à peine voilé et révélait l'impatience et l'agacement qui gagnaient la jeune femme.  

 

_Promis ? Cochon qui s'en dédit ?  

 

Interloquée, Kaori ouvrit brusquement les yeux et se tourna vers lui.  

 

_Pardon ?!?  

 

_T'inquiète, c'est une longue histoire, dit-il en déposant un baiser au goût de rire sur les lèvres de la jeune femme. D'ailleurs, en parlant d'histoire, il faudra que tu m'expliques quelque chose, toi aussi...  

 

Puis, devant le regard interrogateur de la jeune femme :  

 

_J'aimerais bien savoir ce que signifie la présence de ceci, dit-il en pointant du menton un coin de la pièce, où trônait la massue vermoulue et brisée qui était apparue dans les mains de Kaori lorsqu'elle était au bloc.  

 

Et, malgré la douleur qui plissait encore son front, c'est une Kaori mortifiée qui balbutia, le rouge aux joues, en reprenant la phrase de Ryo :  

 

_On va dire... que c'est une longue histoire aussi...Voila... Et... Heu...  

 

Puis elle s'arrêta net, en plein milieu de sa phrase, car elle avait reconnu dans le regard de Ryo cette petite étincelle hilare et narquoise... Non mais ce n'était pas possible ! Il prenait un malin plaisir à la voir se décomposer ! Il avait dû deviner que cette massue était le résultat d'une colère, forcément dirigée contre lui, et il riait intérieurement qu'elle en ait été capable alors même qu'elle se trouvait dans une situation des plus critiques. Son visage se voulait impassible mais ses yeux riaient de la voir ainsi mal à l'aise de devoir l'avouer... Il se moquait d'elle, le chameau ! Retrouvant, presque avec surprise, cette petite étincelle de colère au creux de son ventre, elle la sentit vaciller puis se transformer en flamme vengeresse. Elle récupéra alors instantanément tout son aplomb et lui lança :  

 

_Et maintenant disparais, parce qu'une de ses sœurs jumelles ne demande qu'à apparaître et crois-moi, c'en sera une de la nouvelle collection « automne - hiver » celle-là...  

 

Ryo jubilait : on y était !!! Les sourcils qui se fronçaient, le léger rouge qui teintaient ses joues, la flamme qui dansait au fond de ses prunelles, l'aura qui gagnait en puissance... La colère était là, pas vraiment encore à son apogée, car il ne faisait que la taquiner, mais il sentait bien qu'elle ne demandait qu'à se réveiller... Tout irait bien désormais, puisqu'elle se sentait l'envie de lui balancer une massue !  

 

_… Parce que franchem...  

 

Il la regarda. Les yeux brillants et les joues rougies, elle était magnifique.  

N'y tenant plus, il se pencha vers elle et, posant les mains de chaque côté de son visage, l'attira vers lui pour la faire taire d'un baiser. Il était heureux, simplement heureux de retrouver son âme sœur telle qu'il l'avait toujours connue et ce baiser était comme un besoin, un réflexe physique. Il n'avait pu résister à cette pulsion en voyant resurgir ce tempérament impétueux qui pouvait la faire passer d'une humeur égale à celle d'un volcan explosif en quelques secondes. C'était comme cela qu'il l'aimait, même s'il en subissait parfois douloureusement les conséquences. Pressant doucement ses lèvres contre les siennes, il souriait de la sentir encore plus déstabilisée qu'elle ne l'avait été en découvrant la massue.  

 

D'abord stupéfaite de ce retournement de situation, Kaori se laissa vite aller au bonheur de retrouver la douceur ferme des lèvres de Ryo. Elle sentait son sourire contre ses lèvres et la petite flamme de colère s'éteignit instantanément pour se rallumer aussitôt, dirigée par un autre sentiment... Là, dans les bras de Ryo, elle était chez elle.... Elle ferma alors les yeux et, dans un soupir de bien-être, passa les bras autour de sa nuque pour l'attirer un peu plus près d'elle, et lui rendit son baiser. Ryo, tout en faisant attention à ne pas faire de gestes brusques, se laissa aller à ce doux appel et se pencha jusqu'à se retrouver presque allongé sur elle, les mains posées à plat de chaque côté de sa douce, pour ne pas risquer de lui faire mal. Il savourait ses lèvres comme s'ils avaient été séparés depuis des jours. Lorsqu'elle les entrouvrit pour lui permettre d'approfondir son baiser, il retrouva avec délice le plaisir de conquérir la douceur de sa bouche. La soif qu'il éprouvait de l'embrasser encore et encore ne pouvait s'expliquer que par ce sentiment de manque que l'on éprouve lorsque l'on est séparé depuis trop longtemps de l'être aimé. Il y avait surement un peu de ça : il l'avait sentie si loin de lui à un moment, lorsque son aura s'était pratiquement éteinte, qu'il s'était projeté une seconde dans ce que serait la vie sans elle, pour toujours. La douleur de cette éternelle séparation n'en rendait ces retrouvailles que plus intenses.  

 

Il l'aimait, oui Dieu qu'il l'aimait, il n'était pas homme à le dire souvent, mais il savait le lui faire sentir à chacun de ses baisers et là, aujourd'hui, il avait envie, besoin, de le lui signifier à sa manière. Il l'exprimait avec une passion tendre et délicate, revenant sans cesse sur ses lèvres, et Kaori ressentait le message au plus profond de son âme.  

 

Un frisson qu'il connaissait bien parcourut son échine lorsque les mains de sa compagne quittèrent sa nuque pour entourer son visage et rendre le contact de leur visage plus intime, comme si, ce faisant, elle les cachait tous deux du reste du monde. Lorsqu'elle faisait ce geste, il n'y avait plus qu'elle et lui, ils étaient seuls au monde ; les émotions qui les parcouraient s'échappaient et les enveloppaient d'une bulle de douceur. Leurs cœurs se mirent à battre au même rythme et la volupté prit doucement possession de leurs corps. Ryo sentait bien qu'il était plus que temps de reprendre contact avec le présent, mais il lui était bien difficile de s'arracher aux lèvres et aux bras de cette femme qui réussissait à lui faire perdre la tête aussi facilement. Poussant un soupir d'insatisfaction, il prit cependant appui sur ses mains pour se redresser et regarder son ange. Les joues toujours rougies et les yeux brillants, pour d'autres raisons que la colère cette fois, elle était encore plus belle. Il lui sourit.  

 

_ Tu m'as vraiment manqué tu sais !  

 

Kaori répondit d'abord d'un sourire terriblement attirant, puis, posant sur lui des yeux suppliants, insista :  

 

_Ryo, s'il te plaît...  

 

_Oui, je sais. Attends-moi, je reviens.  

 

Et il disparut de la chambre dans un dernier baiser.  

 

Demeurée seule, Kaori poussa un soupir dont elle-même ne put définir l'origine. Etait-ce un soupir de bien-être, un soupir d'épuisement, ou encore de soulagement ? Peu lui importait après tout. Cette situation lui avait semblé par moments si critique, si désespérée qu'elle voulait juste apprécier qu'elle se termine ainsi, en douceur...  

S'enfonçant dans l'oreiller, elle reporta les yeux sur le paysage urbain que baignait la lumière maintenant dorée de l'aube. Le ciel jouait de sa palette de couleurs pour offrir à ses yeux un dégradé de rose et d'or, indiquant que l'aurore finissait de lever le voile de la nuit pour ouvrir le chemin d'une nouvelle journée.  

 

La nuit, oui, cette nuit avait été longue, si longue, si douloureuse et si intense à la fois ! Elle avait eu peur, elle avait eu mal, elle avait même cru mourir et, malgré tout, elle avait surmonté tout ça... Elle était là, Elle était là, enfin, et Elle allait bien ! D'ici quelques minutes, Ryo allait revenir et elle pourrait …  

 

_Coucou, je te dérange ?  

 

_Sa... eko ?  

 

Kaori avait été tirée de sa rêverie par la voix qui avait jailli de la porte entrebâillée, d'où avaient ensuite émergé la tête et les épaules du lieutenant.  

D'abord surprise, la jeune femme lui sourit et Saeko pénétra dans la chambre, en prenant soin de laisser la porte ouverte.  

 

_ Ryo m'a dit que tu étais réveillée. Si tu l'avais vu, dit-elle en souriant, il marchait 5 centimètres au-dessus du sol ! Comment te sens-tu ?  

 

_Disons que j'ai l'impression d'avoir joué dans un mixer et d'être passée sous un rouleau compresseur, tout ça en même temps ! Mais ça va, j'ai conscience d'avoir eu de la chance !  

 

_J'en suis heureuse, répondit Saeko en souriant de cette tirade, il m'a chargée de te dire qu'il allait voir les infirmières et de ne pas t'inquiéter car elles étaient toutes trop vieilles de dix ans, poursuivit-elle, amusée de voir son amie froncer les sourcils devant le message. Sinon, euh... Je sais bien que le moment n'est pas le plus propice, mais il y a quelqu'un qui voudrait te voir, et vu ce qui s'est passé avec Ryo tout à l'heure, il vaudrait mieux que ça se fasse pendant qu'il n'est pas là... Rien ne t'y oblige... Si tu refuses, ce qui serait tout à fait normal, il n'aura qu'à s'y faire et je n'aurais aucun scrupule à l'emmener loin d'ici. Voilà, il s'agit de...  

 

_Je sais de qui il s'agit, la coupa tranquillement Kaori, j'étais encore très loin, mais j'ai entendu des bribes de la fin de votre conversation... Il est là n'est-ce pas ?  

 

_Oui... Tu sais donc qu'il s'agit de...  

 

_Oui, je sais. Enfin non, je ne sais pas tout. Dois-je avoir peur de lui ?  

 

_Non non, je ne pense pas, la rassura immédiatement Saeko, et de toute façon, je reste là. Si jamais il bougeait ne serait-ce que le petit doigt, je te jure qu'il lui ferait défaut pour le reste de sa vie, termina-t-elle en haussant un peu la voix en direction de la porte de la chambre.  

 

Kaori eut un moment d'hésitation, mais, très vite, elle sut ce qu'elle avait à faire. Alors, lançant un regard décidé à Saeko, elle lui lança :  

 

_Aide-moi d'abord à m'asseoir !  

 

Saeko se rapprocha d'elle et attrapa la télécommande qui manœuvrait le lit pour la redresser encore un peu. Puis, en associant ses efforts à ceux de la nettoyeuse, elle réussit, sans lui arracher trop de grimaces, à l'installer confortablement en position assise. Kaori lui fit alors un petit signe de tête pour lui indiquer qu'elle était prête, et Saeko se dirigea vers la porte entrouverte pour l'ouvrir et laisser le passage à un Shohei menotté et presque aussi livide que la jeune femme alitée. Il se figea en croisant son regard et la regarda, immobile et muet. Kaori lui retourna son regard et fut surprise de voir à quel point il paraissait jeune. L'image que sa mémoire lui renvoyait était déformée par la peur, la pénombre et la pâleur effrayante des éclairs, mais là, face à elle, elle avait un visage que marquaient encore les rondeurs de l'adolescence ! Son regard était à la fois fuyant comme celui d'un animal aux abois et empli d'une volonté qui forçait le respect. Comme au bord du lac, il sembla à Kaori que la dualité de ce jeune homme était à son apogée et qu'il avait un choix à faire.  

 

Elle se contenta donc de lui offrir un demi-sourire, mais comme, malgré tout, elle n'était pas très à l'aise, elle se demanda si cela se lisait aussi bien sur son visage que sur celui de l'homme qui lui faisait face. Soudain, il tourna la tête, rompant ainsi le lien visuel, et fixa un point imaginaire par la fenêtre. La jeune femme se dit alors que tout était terminé, qu'il allait repartir sans lui avoir adressé la parole, et elle ne put définir si elle en était soulagée ou déçue. C'est pourquoi elle sursauta quand il lâcha d'une voix sourde :  

 

_Pardon...  

 

La jeune femme gardant le silence, il prit une profonde inspiration avant de continuer sur sa lancée.  

 

_Je... suis... désolé de ce qui s'est passé... Je n'aurais pas dû abandonner quelqu'un dans votre état. Je ne sais pas ce qui m'a pris... Enfin si, je sais, je ne voulais pas me faire prendre pour ce vol de sac, avoua-t-il avant de froncer les sourcils de colère et de se renfrogner... Foutaises ! marmonna-t-il alors, en fait, j'ai déconné, vraiment, et c'est tout ! Je n'avais rien bouffé depuis deux jours - je sais, ce n'est pas une excuse - et j'ai fait n'importe quoi, sur toute la ligne ! Mais je voulais être sûr que vous alliez bien, histoire de pouvoir espérer me regarder dans la glace, un jour peut être ! Je ne vous demande pas de me pardonner, je me doute bien que c'est impossible, moi-même je n'y arrive pas, mais je voulais juste que vous sachiez que je regrette, lança-t-il d'une seule traite en posant enfin son regard sur Kaori, qui ne put qu'entrevoir son regard bleu sombre avant qu'il ne baisse la tête et ne s'adresse à Saeko. Allons-y, vous pouvez me ramener maintenant !  

 

_Et ensuite ? le coupa doucement Kaori avant de poursuivre, devant le regard interloqué du jeune homme, que s'est-il passé ensuite ? Je n'ai qu'un très vague souvenir de ce qui s'est passé après, après que vous soyez... parti ; je crois que je ne me suis pas sentie très bien... Et puis, tout à coup, il y a eu tous ces secouristes autour de moi, et je sais que personne ne pouvait savoir où j'étais...  

 

_...  

 

Shohei restait silencieux, se demandant ce que signifiait cette question. Il s'attendait à beaucoup de choses lors de cette entrevue, à des cris, de la colère, de la haine, du mépris, il s'attendait même presque à revivre ce que lui avait fait cet homme, un peu plus tôt, bien que l'état physique de cette femme – Kaori, avait dit la femme policier - rendit la chose impossible... Impossible certes, mais en tout cas bien plus probable que cette question qu'elle venait de lui poser d'une voix calme. Il hésita, se demandant si elle se moquait de lui, mais la douceur de son regard noisette l'incitait à répondre, ce qu'il fit.  

 

_C'est moi... Je leur ai dit où vous trouver.  

 

_Pour être plus exact, compléta Saeko, vous vous êtes rendu pour pouvoir lui venir en aide, rien ne vous empêchait de le faire par téléphone. C'est vrai d'ailleurs, qu'est-ce qui vous a poussé à venir directement au poste, quitte à vous faire arrêter ? lui demanda-t-elle, en se replaçant une mèche d'un air perplexe.  

 

_Sais pas, répondit-il avec un haussement d'épaules, j'avais peur qu'ils ne prennent pas mon appel au sérieux, et vous aviez... besoin d'aide... vite... Alors je m'en foutais d'être arrêté !  

 

Il n'avait pas quitté Kaori des yeux depuis qu'elle lui avait adressé la parole et il était troublé par ce qu'il y lisait. Pour lui qui avait grandit dans les bas-fonds de la ville et côtoyait la misère, la colère et la violence au quotidien, ce regard était une bouffée d'oxygène. Il n'y lisait aucun jugement, aucune rancœur, mais plutôt, au contraire... Non, il ne pouvait s'agir de ça, il devait rêver, il ne pouvait s'agir de... reconnaissance ! Mais il dut se rendre à l'évidence lorsque la jeune femme lui sourit avant de s'adresser à lui.  

 

_C'est bien ce qu'il m'avait semblé... Alors merci...  

 

Comment ? Ce n'était pas possible... Il rêvait, il devait être en plein rêve, il n'y avait pas d'autre possibilité ! Il se trouvait face à celle qui aurait eu toutes les raisons du monde de vouloir sa mort et elle le remerciait !!! Complètement abasourdi, il en perdit l'usage de la parole et se contenta de la fixer bêtement, se demandant d'où pouvait bien sortir cette libellule qui pointillait tranquillement en traversant la pièce.  

 

_Ne me regardez pas comme ça, lui lança-t-elle, je ne suis pas folle et je n'ai pas oublié ce qui s'est passé... J'y étais, rappelez-vous ! J'aurais très envie de vous en mettre une, mais je vous suis reconnaissante de ce que vous avez fait ensuite. Sans vous, j'y serais encore peut-être et je serais sûrement morte, alors je vous dois aussi des remerciements !  

 

Puis, elle reprit après quelques instants de réflexion :  

 

_Et maintenant, que va-t-il se passer pour vous?  

 

_Heu, je crois que mon chemin est tout tracé, lui répondit-il en montrant ses poignets menottés, je pense que je vais devoir rendre des comptes, et puis après... Eh bien, j'essaierai de reprendre où j'en étais, les erreurs de jugement en moins bien sûr ! termina-t-il avec un rire timide, se demandant s'il était de bon ton pour lui de faire de l'humour à ce sujet.  

 

Kaori était vraiment troublée par l'aura qui se dégageait de cet homme, pourtant si jeune. Il lui faisait vraiment penser à un chien errant, perdu et sans collier, mais il y avait du bon en lui, elle en était maintenant sûre et certaine. Elle avait l'impression de retrouver une infime parcelle du côté sombre de Ryo, celle qui s'était nourrie de toutes les difficultés rencontrées pour se construire une carapace, et elle sentait qu'il lui suffirait de quelques attaches et de se sentir utile pour donner une nouvelle direction à sa vie. Alors, faisant fi de l'impression que cela ne plairait pas à Ryo, elle prit la décision de lui tendre la main.  

 

_Ecoutez, lorsque vous en aurez terminé avec tout ça, revenez me voir... Je travaille comme bénévole dans un orphelinat et je sais qu'ils ont toujours besoin d'éducateurs. Je suis en contact régulier avec le directeur et je pourrais lui en toucher un mot. Euhh, enfin... dit-elle en rougissant de s'emballer aussi vite, si le cœur vous en dit, bien entendu !  

 

_Vous plaisantez ? Mais bien sûr que je viendrai !!! Mais... Pourquoi ? demanda le jeune homme qui comprenait de moins en moins la tournure que prenaient les événements.  

 

Devant l'enthousiasme du jeune homme et ses yeux ronds d'étonnement, Kaori se mit à rire, ce qui la rappela violemment à l'ordre. Ryo avait raison, il fallait vraiment qu'elle reste tranquille si elle ne voulait pas hurler de douleur toutes les cinq secondes !  

D'un geste de la main, elle rassura ses deux interlocuteurs, leur signifiant que tout allait bien. Mais, tandis qu'elle luttait contre la lancinante douleur qui remontait de sa jambe, elle sentit, dans le silence de la pièce, une nouvelle aura se mêler à celles déjà présentes, une aura plus puissante, qu'elle reconnaîtrait entre toutes. C'est pourquoi, lorsqu'elle reprit la parole après avoir retrouvé son souffle, ce fut en direction de la porte restée entrouverte.  

 

_Ce serait trop long à expliquer, mais... Disons que vous me rappelez vaguement quelqu'un... J'ai pu voir ce que cela lui avait apporté de s'ouvrir à ceux qui avaient besoin de lui. Et, disons que... Je pense qu'on a tous droit à une deuxième chance !  

 

 

Dans le couloir, les bras croisés et nonchalamment adossé au mur qui jouxtait la porte entrouverte, Ryo ne put s'empêcher de sourire en entendant cette phrase qui lui était clairement destinée. Il n'en revenait pas... Non seulement elle avait accepté, comme il s'y attendait d'ailleurs, de parler à cet homme qui avait failli la tuer et le faisait sans aucune animosité, mais, en plus, elle lui offrait la rédemption ! Elle lui proposait, avec toute la candeur de son âme, de reconstruire sa vie, de repartir de zéro sur de nouvelles bases... Ce petit bout de femme était vraiment hors du commun ! Et, étrangement, il arrivait encore à être surpris de ressentir autant de fierté qu'elle soit la sienne ! Il la connaissait depuis longtemps maintenant, et toutes ces qualités qui la lui rendaient indispensable n'étaient plus une découverte pour lui, mais il arrivait quand même à se laisser surprendre par ce qu'elle était capable d'accomplir !  

 

Lorsqu'il entendit les voix dans la chambre se rapprocher, il comprit que Saeko et son prisonnier étaient en train de prendre congé. Effectivement, quelques secondes plus tard, il les vit sortir, le lieutenant d'abord, puis Shohei, la tête basse. Saeko se tourna vers lui.  

 

_Tu étais là ?  

 

_Oui, mais j'ai préféré garder mes distances. C'était mieux ainsi, dit-il, le regard en coin vers shohei à qui il s'adressa ensuite, vous avez de la chance, vous savez ? Ce qu'elle vous a offert, il y a peu de personnes sur cette terre qui en auraient fait autant. Mais laissez -moi vous dire ceci : cette femme est un ange, la pureté même, et je la connais... Je suis sûr, persuadé même, qu'elle doit penser qu'il y a quelque chose de bon en vous ! Alors, si jamais vous venait l'idée saugrenue de vous jouer d'elle ou de sa foi, je vous déconseille fortement de vous retrouver de nouveau sur mon chemin... Je ne vous raterai pas cette fois !  

 

 

Ces derniers mots furent accompagnés d'un léger mouvement de l'épaule gauche qui porta au regard du jeune homme le holster caché sous le pan de la veste. Shohei n'eut que le temps de l'apercevoir avant que le tissu ne le recouvre à nouveau, mais il avait compris la menace non voilée de cet homme. Sa rage dans la chambre, cette arme, le regard implacable qu'il posait sur lui, le fait qu'il connaisse le lieutenant Nogami sans pour autant appartenir à la Police, tout cela laissait supposer qu'il devait arpenter les mêmes trottoirs que lui et qu'il n'était pas le genre d'homme à faire de fausses promesses. Mais Shohei n'avait pas l'intention de se laisser impressionner, du moins pas aujourd'hui. Cela n'était pas nécessaire. Ce qu'il venait de vivre dans la chambre de cette femme l'avait beaucoup plus remué que ne pouvait le faire cette tentative d'intimidation. Alors, relevant le menton, il planta son regard dans celui de Ryo et répondit, avec le maximum d'assurance dont il se sentait capable :  

 

_Ce n'est pas la peine de me menacer ! Votre femme vient de me donner une seconde chance et c'est plus que je n'en espérais. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais, croyez-moi, je ne suis pas prêt de l'oublier !  

 

_Bien... Je voulais juste être sûr que vous aviez bien compris les tenants et aboutissants de vos futurs choix de vie.  

 

Ryo regardait ce jeune homme avec une sorte d'impassibilité apparente, mais il sondait son regard. Il ne voulait pas se tromper, ni reproduire l'erreur de croire qu'il était infaillible, il voulait redoubler de prudence, quitte à terroriser celui qui s'avérerait être un danger potentiel. Mais l'aura de cet homme était vraiment tranquille, aucune colère ou rancœur ne l'agitait. Elle était calme et … apaisée. L'œuvre de Kaori...  

 

_Prenez soin d'elle... termina le jeune homme en jetant un dernier regard vers Ryo. Au revoir...  

 

_Shohei ? s'interrogea le nettoyeur, ça veut dire « justice », si je ne me trompe... Continuez à être à la hauteur de votre prénom, ça lui fera plaisir,lui lança-t-il alors en guise d'adieu et en lui offrant, pour la première fois, un visage détendu.  

 

Sous le compliment, le jeune homme se redressa et sourit, puis il se tourna vers Saeko, qui adressa un signe de la main à Ryo et, ensemble, ils se dirigèrent vers les ascenseurs.  

 

Ryo les regarda s'éloigner et se dit, qu'après tout, City Hunter avait peut-être encore sa place dans cette ville. Fuir le danger ne le rendait pas moins présent au quotidien et il ne se dissimulait pas toujours au bout d'un canon de révolver ! Où qu'ils aillent, il y aurait toujours des Shohei, des camions fous, ou tout autre danger ne relevant pas de son métier... Ici, au moins, il maîtrisait le terrain et pouvait faire au mieux pour sa famille, au mieux pour ceux qu'il aimait, et au mieux pour ceux qui, comme Shohei, auraient un jour ou l'autre un choix à faire. Oui, ils allaient rester ici, chez eux, tant que le cœur et le bras de City Hunter y auraient un rôle à jouer !  

 

Maintenant que le choix était arrêté, il se sentait enfin soulagé et libéré. L'avenir ne serait pas forcément rose, il le savait depuis toujours, mais, au moins, il savait dans quelle direction il marchait ! Quelque part, il devait, lui aussi, des remerciements à Shohei se dit-il avec une petite pointe d'auto-dérision narquoise. Sans le savoir, il lui avait ôté une sacrée épine du pied en l'aidant à résoudre ce problème qui l'avait tracassé ces derniers mois.  

 

Se détachant du mur pour retourner dans la chambre de Kaori, il aperçut l'infirmière qu'il avait prévenue, précédée du médecin qui s'occupait de sa moitié. Il s'effaça pour les laisser passer et les suivit dans la chambre. Le médecin prit son dossier et regarda les dernières constantes de Kaori, puis il commença à l'examiner tout en parlant.  

 

_ Bien, je vois que vous êtes plutôt alerte et bien éveillée ! Vous... Vous pouvez vous vanter de nous avoir causé de sacrées frayeurs, vous savez, Mademoiselle Makimura ! Tout avait l'air d'aller le mieux possible, malgré vos contusions, vos fractures et cet état de choc... Et puis, tout à coup, vous nous avez fait je ne sais quoi, dans le bloc... Une hémorragie suivie d'une bradycardie et votre rythme cardiaque a subitement tellement chuté qu'on a cru qu'il allait s'arrêter... D'ailleurs, il me semble même, quand je regarde le tracé de votre ECG, dit-il en prenant une fiche du dossier, qu'il s'est effectivement arrêté pendant quelques secondes, avant de repartir pour je ne sais quelle raison... Mais bon, en ce qui concerne votre état actuel, à priori, tout va bien sur le plan physique. Il prit un petit stylet lumineux et le lui passa devant les pupilles. J'ai vu avec Monsieur Saeba pour vous transférer dans la clinique d'un de vos amis médecin. Par précaution, nous vous referons un ECG avant le transfert, mais, à première vue, il n'y a aucune raison médicale de refuser. Donc, je vous fais les papiers de sortie dès que j'ai confirmation que tout va bien. Mon collègue passera tout à l'heu.....  

 

Pendant que le médecin parlait, Ryo, resté légèrement en retrait pour ne pas le déranger, regardait Kaori et il ne put s'empêcher de sourire. Elle n'écoutait absolument rien de ce qu'il lui disait et ne semblait même pas avoir remarqué qu'il l'examinait. Le nettoyeur la connaissait suffisamment pour savoir que son esprit était tendu vers autre chose. Son corps aussi d'ailleurs. Elle s'était figée dès qu'ils étaient entrés dans la chambre et elle était restée immobile depuis. Visiblement, elle arrivait difficilement à contenir son impatience...Elle semblait s'être arrêtée de respirer et ses joues se teintaient de rose sous l'effet de l'excitation qui la gagnait de seconde en seconde. Quant à ses yeux, ils n'étaient plus que deux petites étoiles lumineuses ! Il n'avait pas besoin de suivre son regard pour deviner qu'il était posé sur l'infirmière qui se tenait derrière le médecin, ou plutôt sur ce qu'elle portait dans ses bras... Mais l'infirmière attendait patiemment que son supérieur ait fini de parler pour s'approcher à son tour de la jeune femme, qui subissait une vraie torture à la voir si proche et si loin d'elle en même temps.  

 

Le médecin continuant à monologuer sur les conditions un peu particulières de la prise en charge de sa patiente, Ryo décida alors d'abréger les souffrances de sa compagne. Il s'avança vers la nurse et, dans un sourire, lui prit précautionneusement ce qu'elle tenait dans les mains. Puis il contourna le médecin, qui s'aperçut alors enfin qu'il leur fallait un peu d'intimité, et s'approcha du lit. Alors qu'il s'asseyait sur le rebord de celui-ci et s'apprêtait à déposer dans les bras de Kaori son précieux fardeau, le médecin prit congé et se dirigea vers la porte. Mais, au moment où il voulut quitter la chambre, les quelques mots qu'il formula pour saluer sa patiente se transformèrent en un gargouillis terrifié. Levant la tête, Ryo reconnut l'impressionnante masse musculaire, couronnée d'une tête chauve, qui surplombait le corps du médecin et prenait tout l'espace de la porte, et il se mit à rire.  

 

_N'ayez pas peur, c'est une montagne, mais c'est rembourré au coton là-dessous ! Laisse donc sortir le Monsieur, Falcon, et entrez tous !  

 

Lâchant son célèbre leitmotiv « Humpfff », Umibozu se recula pour laisser sortir le médecin et l'infirmière, qui se dépêchèrent de filer dans le couloir. Il fit ensuite un pas dans la chambre, suivi de Miki, Kazue et Mick, au moment même où Ryo déposait dans les bras d'une Kaori rouge d'émotion contenue et les larmes aux yeux, la couverture rose qu'il avait prise des bras de la nurse. Les nouveaux venus, gênés d'arriver à ce moment crucial, s'arrêtèrent net, ne sachant s'ils devaient rester ou partir et ne voulant surtout pas faire ou dire quoi que ce soit qui risquerait de briser la magie de l'instant. Tous les quatre demeurèrent donc là où ils se trouvaient, sur le pas de la porte, Miki, Kazue et Mick plus ou moins écrasés entre Umibozu et le mur de la chambre, et même s'ils se sentaient un peu stupides, ils se seraient arraché la langue plutôt que de se dire mutuellement de se pousser ou d'arrêter de s'écraser les pieds. Ils se contentèrent donc de se faire les plus discrets possible et de retenir leur souffle pour tenter d'être invisibles. Quatre personnes, dont une de la carrure d'Umibozu, dans une pièce de 8 m², ne pouvaient décidément pas passer inaperçues, mais les principaux occupants de la chambre n'en n'avaient cure. Ryo contemplait sa douce et vivait l'intensité de l'instant à travers elle, à travers l'émotion qui se lisait sur son visage. Il revivait avec bonheur ce moment qu'il avait vécu lui-même quelques heures auparavant, celui de la première rencontre.  

 

Kaori, elle, avait le coeur qui battait à tout rompre et elle avait le sentiment que son souffle se trouvait coincé dans sa poitrine. Elle regardait le petit paquet de langes que Ryo venait de déposer dans ses bras... Elle avait tellement désespéré de vivre ce moment que maintenant qu'il se présentait enfin, elle se disait qu'il ne pouvait être réel, que tout allait s'estomper et disparaître ! Pourtant, ces coups redoublés dans sa poitrine, ces picotements au coin des yeux, ces larmes qui roulaient sur ses joues, ce sentiment de joie qui faisait affluer le sang vers ses pommettes, tout cela était pourtant bien réel. Elle approcha sa main de la couverture en tremblant et suspendit son geste. Elle n'en n'avait pas conscience, mais tous ceux qui étaient présents dans la pièce avaient le cœur qui battait à l'unisson avec le sien et l'incitaient silencieusement à aller au bout de ce chemin qu'elle avait encore à parcourir pour que son histoire prenne un nouveau tournant.  

 

Ce fut un petit bruit, très léger et bref, à peine plus perceptible qu'un cri de souris, qui la décida. Doucement, elle écarta délicatement les pans de la couverture et son cœur manqua une pulsation quand son regard plongea dans les plus beaux yeux qu'elle n'ait jamais vus. Les prunelles, magnifiques, avaient oublié d'être bleues pour prendre directement une couleur onyx, reconnaissable entre mille. Elle avait les yeux de son père...  

 

Du bout des doigts, Kaori caressa la joue de l'enfant, de son enfant, suivant les contours du visage, effleurant ces traits qu'elle connaissait bien pour les avoir déjà caressés sur le visage de Ryo ou pour les avoir aperçus dans le reflet d'un miroir. S'imprégnant de l'odeur si particulière de ce petit être, elle termina d'ôter la couverture pour découvrir, presque avec surprise, à quel point elle était petite... Petite mais belle, si belle ! Oui, cette enfant était parfaite... Et Elle était sa fille ! Elle se sentit alors emplie d'une sensation indescriptible, hors du temps, un sentiment d'amour inconditionnel pour cette petite personne qu'elle tenait dans ses bras. Elle se sentait prête à donner sa vie pour elle, si ce n'était pas déjà fait... Cette pensée trouva écho en elle et la nuit repassa alors en accéléré dans sa tête lui remémorant la peur, puis la douleur... Et elle fut fière de ce qu'elle avait accompli : elle avait réussi à dépasser tout ça pour elle, pour qu'elle vive, peu importait qu'elle ait failli mourir elle-même. Mourir, oui, il lui semblait bien, même si cela restait flou dans sa tête, qu'elle avait goûté à cette sensation aussi, qu'elle avait été au-delà d'elle-même et que c'était Ryo qui lui avait donné la force d'aller plus loin encore, pour revenir.  

 

 

Sa respiration s'affola et son inspiration se fit plus profonde que nécessaire, chargée d'émotion.  

 

_On a réussi... souffla-t-elle en posant sa main sur celle de Ryo.  

 

Oui, ils avaient réussi, ensemble, chacun d'eux ayant été au-delà de lui-même pour revenir de cette nuit qui aurait pu s'avérer tragique, mais qui, finalement, leur offrait le plus doux des matins et la plus belle des rencontres.  

 

Ryo se déplaça pour venir se positionner à ses côtés et les enlacer toutes deux. Il comprenait tout ce qu'elle évoquait dans ces trois petits mots.  

 

_Oui, on a réussi.  

 

_Elle est si petite... s'étonna Kaori dans un souffle.  

 

_C'est normal, elle aurait dû naître dans un mois seulement, mais ne t'inquiète pas, elle va très bien. Elle a eu droit, elle aussi, à sa batterie d'examens et tout va bien !  

 

_Oh...  

 

Et elle se tut. Elle n'avait plus envie de parler. Tout allait bien, alors il n'était pas nécessaire d'en dire plus. Elle voulait maintenant savourer ce moment. Elle sentait le bras de Ryo autour d'elle et la chaleur de son enfant contre sa poitrine, comme un soleil qui aurait inondé son cœur. Elle qui avait pensé plus d'une fois que le bonheur ne pouvait faire partie de son existence, voilà qu'il se matérialisait en une étreinte symbolique de ce à quoi elle avait toujours aspiré : une famille.  

 

Ryo se taisait aussi ; les mots n'avaient jamais été son fort et là, ils n'avaient pas leur place, voilà qui lui allait très bien ! Il sentait sa compagne vibrer contre lui et il pouvait presque voir son aura diffuser son émotion dans toute la chambre. Cette sensation était presque hypnotique, et il serait resté ainsi des heures si des reniflements ne lui avaient fait lever la tête. Lorsqu'il vit le groupe de ses amis, ou plutôt la tête de ses amis sortir de derrière la masse de Umibozu, il eut un instant de stupeur, ponctué par la chute d'une libellule sur son crâne, avant de pouffer de rire. Les deux filles pleuraient en essayant de retenir leurs sanglots pour ne pas faire de bruit, la figure de Mick était décomposée et sa bouche formait une ligne tremblotante tandis qu'il reniflait pour garder une certaine contenance et Umi... Eh bien Umi restait aussi stoïque qu'une montagne puisse l'être... enfin... une montagne d'ocre rouge peut-être, car si rien ne bougeait chez lui, il avait viré au pivoine, signe de grande émotion. Bref, ses quatre amis lui offraient un tableau des plus cocasse et des plus touchant, figés dans la position qu'ils avaient prise quand ils s'étaient cognés contre Umibozu, au moment de leur entrée dans la chambre ! Il leur fit alors signe de s'approcher et tous les quatre purent enfin se libérer de cette posture, des plus instable, pour s'avancer silencieusement et se positionner de chaque côté du lit.  

 

 

Kaori les regarda et leur sourit. Sa famille élargie était réunie autour d'elle et de sa fille. Rien ne manquait...  

 

 

***  

 

L'auteur, en finissant d'écrire ces derniers mots, ne put s'empêcher d'embrasser la scène du regard et, à les voir ainsi baigner dans la douce lumière de cette journée qui leur offrait ses premiers rayons, elle eut un sourire ému. Profitant de son statut d'invisible, elle ne put s'empêcher de se rapprocher pour faire comme tous ceux qui étaient dans la pièce, se pencher sur cette enfant qui avait fait tourner le monde au ralenti le temps d'une nuit.  

 

Mais l'innocence des enfants leur permettant parfois d'accéder à des univers que les adultes ne peuvent soupçonner, lorsque la petite fille planta son regard dans le sien, la femme fut instantanément envoutée par les reflets que les prunelles grises lui renvoyaient. Ce tout petit être comprenait le Monde qui l'entourait et l'observait avec bienveillance...  

 

Emue plus qu'elle ne le devrait, l'auteur eut alors le sentiment que cette enfant, aux yeux aussi grands que l'amour que lui portaient ses parents, aurait assurément un destin hors du commun, digne d'eux ! Il lui sembla aussi que le prénom qu'ils lui avaient choisi magnifiait son petit visage aux joues aussi douces et roses qu'un pétale de cerisier... Un prénom au doux parfum de souvenir, réminiscence d'un après-midi inoubliable dans un parc, un jour de printemps.  

Ce prénom lui brûla les lèvres et elle se dit qu'il serait doux de le murmurer... Mais il était plus raisonnable de laisser l'histoire reprendre son cours. Alors, avant de disparaître, elle se fondit dans le rayon de soleil qui vint caresser la joue de l'enfant, à l'instant même où Kaori prononçait, pour la première fois et dans un souffle, le nom de cette toute petite fille, leur fille... Sakura-Saeba Makimura. 

 


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