Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 111 capitoli

Pubblicato: 21-01-21

Ultimo aggiornamento: 01-06-21

 

Commenti: 44 reviews

» Ecrire une review

 

Romance

 

Riassunto: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

My activation link doesn't work.

 

Please forward me the activation email you received. Then, contact me using the email address you put in your profile or one that you want to use instead, and give me your pseudo and password.

 

 

   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Capitolo 47 :: Chapitre 47

Pubblicato: 10-03-21 - Ultimo aggiornamento: 10-03-21

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 47  

 

Quand il entra dans le hall du cinquante-quatrième étage ce trente mars, Mick fronça les sourcils. La jeune femme qui l’accueillit, d’habitude enjouée et souriante, forçait un sourire sur ses lèvres et son regard était sombre et cerné.  

 

- Bonsoir, ma belle., comment ça va ?, l’interrogea-t-il.  

- Ca va bien, merci, et toi ?, lui retourna-t-elle d’une voix manquant de cette petite note légère.  

- Kaori, si…, commença-t-il.  

- Si tu veux voir Ryo, il est dans son bureau., dit-elle, se levant et allant frapper.  

 

Elle ouvrit, passa la tête avant de se tourner vers lui :  

 

- Tu peux y aller., l’invita-t-elle, retournant à son bureau.  

 

Il resta un instant immobile, se demandant s’il devait essayer de la faire parler, avant de rentrer dans le bureau et d’aller voir son ami. Ryo était concentré sur un rapport, les sourcils froncés, tapotant nerveusement son stylo argenté sur le plateau du bureau.  

 

- Ca n’a pas l’air d’aller comme tu veux., fit Mick.  

- Non. J’ai ce foutu rapport qui ne répond pas à la moitié de mes questions., lâcha-t-il d’un ton aigre, balançant la pochette dans les airs.  

 

Elle atterrit au loin, éparpillant son contenu au sol. A prendre avec des pincettes aujourd’hui, pensa l’américain. Il ramassa les feuillets patiemment, vit que c’était un rapport précédant une réunion rédigé par Kaori et le reposa sur le bureau de son ami.  

 

- Pour un rapport pré-réunion, c’est normal, non ? Tu ne peux pas lui demander de faire le travail d’un autre., pipa-t-il.  

- Je te dis comment gérer ton assistante ?, lui demanda-t-il d’un ton colérique.  

 

Mick ne s’offusqua pas de la mauvaise humeur de son ami et prit place dans le siège face à lui.  

 

- J’ai l’impression que l’ambiance est plutôt glaciale entre vous deux. Pourtant, ça avait l’air d’être le grand bonheur samedi. Alors que s’est-il passé ?, lui demanda-t-il.  

- Tu peux me lancer un regard noir, je n’ai pas peur., répondit-il à ses yeux revolver.  

- Elle te dicte ce que tu dois faire ?, l’interrogea-t-il.  

- Elle te refuse ses faveurs ?, insista Mick face au silence de son ami.  

- Tu as une panne ?  

 

Ryo se redressa, prêt à riposter, jusqu’à ce qu’il aperçoive le sourire en coin de l’américain. Il se détendit quelque peu et poussa un long soupir de frustration.  

 

- Ce n’est pas elle, c’est moi…, admit-il, se levant et allant à la fenêtre pour observer la ville, chose qui l’apaisait normalement mais ne marcha pas cette fois.  

- Que se passe-t-il ?, lui demanda Mick, restant assis.  

- Je crois que j’ai fait une connerie monumentale en m’engageant dans cette histoire., murmura Ryo sombrement.  

 

L’américain l’observa un moment, n’en croyant pas ses oreilles, avant de bondir sur ses pieds et d’approcher de son ami d’un pas vif, le retournant en le prenant par l’épaule.  

 

- Redis-moi ça en face., gronda-t-il, furieux.  

- Je me suis trompé. Je n’aurais pas dû me lancer avec elle. Elle est trop jeune, trop naïve pour mesurer tout ce que ça implique., s’expliqua Ryo, détournant le regard.  

- Trop jeune ? Trop naïve ? Tu te fous de qui, Ryo ? Cette femme t’a tout donné. Elle a accepté beaucoup de choses pour rester avec toi. Et toi… mais regarde-toi, tu as changé, Ryo. Tu es vraiment heureux depuis qu’elle est là ! Alors pourquoi ?, lui demanda-t-il.  

 

Ryo détourna de nouveau  

le regard et retourna à son bureau, rangeant des choses qui n’en avaient pas besoin.  

 

- T’as fini de déplacer et redéplacer tes stylos ? T’as un TOC ?, lui reprocha Mick.  

- Que s’est-il passé depuis samedi soir pour que tu reviennes sur ton couple ainsi ? Ryo, vous avez passé près de cinq mois à vivre ensemble. Vous vous connaissez si bien que je n’arrive pas à croire que j’ai bien entendu.  

- Il… Rien, oublie. Ca ne te regarde pas de toute façon., maugréa le dirigeant.  

- C’est ce qu’elle a fait sur ta famille ?, l’interrogea l’américain après avoir cogité un moment.  

- Ce n’est pas un bouquin qui va influencer sur ma vie., bougonna Ryo.  

 

Pourquoi fallait-il que cet américain de malheur mette le nez dans sa vie ? Pourquoi devait-il le connaître si bien ? Il n’avait pas lu ce foutu livre mais il avait déjà chamboulé des choses dans sa vie. Après plusieurs heures à observer le plafond, il s’était levé et réfugié dans le bureau. Il avait feuilleté sans vraiment s’y plonger le livre que Kaori avait rédigé sur la société. Il avait vu la quantité d’informations qu’elle avait recueillies et organisées, quelques photos lui avaient rappelé vaguement quelque chose mais il ne s’était pas concentré dessus. Ce n’avait été qu’un moment pour tromper l’ennemi, celui qui attendait en dessous.  

 

Si elle avait travaillé de la même façon sur l’écrit sur sa famille, il apprendrait certainement beaucoup de choses. Il redoutait cependant de le lire, encore maintenant. Il s’était construit sur un tas d’interrogations auxquelles il n’avait pas trouvé de réponses et, aujourd’hui, à trente ans, il n’était pas sûr de vouloir tout risquer de remettre en cause. Peut-être trouverait-il la paix en lisant ce qu’elle avait fait mais peut-être que ça soulèverait encore plus de questions… peut-être qu’il s’apercevrait qu’il avait fait fausse route et il n’était pas sûr d’être prêt à l’accepter.  

 

Le soleil s’était levé, se reflétant dans l’immeuble d’en face, lorsqu’il avait enfin poussé le manuscrit sur la société sur le côté et fait face au deuxième livre. Il avait posé les mains de chaque côté cherchant le courage de l’ouvrir. Il n’avait pas pu. Il était resté un long moment devant sans bouger, enfin physiquement parce que mentalement, c’était la folie furieuse. Il s’était imaginé toutes sortes de discours, d’images, de scénarios et il ne savait dire lequel était le plus vraisemblable. Cela l’avait rendu fébrile et, lorsque Kaori s’était présentée à la porte du bureau, deux tasses de café à la main, c’était elle qui en avait payé le prix parce que c’était de sa faute tout cela. Sans elle, il n’aurait pas eu à subir tout cela. Elle n’aurait jamais dû lui donner ce présent qui était pire qu’un cadeau empoisonné.  

 

- Je veux être seul. Laisse-moi., avait-il lâché d’un ton sec.  

 

Elle avait été plus que surprise mais n’avait rien dit.  

 

- Tu as envie d’en parler ?, lui avait-elle demandé, jetant un regard vers le manuscrit.  

- Je pense avoir été clair. Je veux être seul. Je veux que tu me foutes la paix !, avait-il répété.  

 

Il savait qu’il lui avait alors adressé un regard noir. L’émotion née du geste de sa compagne s’était transformée en colère.  

 

- D’accord. Si tu as besoin…, avait-elle commencé, inquiète.  

- Je n’ai pas besoin de toi ! Je n’avais pas besoin que tu mettes ton nez dans mon passé et remues toute cette merde ! J’avais besoin que tu joues ton rôle sans jouer les Sherlock Holmes ! Les consignes étaient précises, Kaori : retracer l’histoire de la société, pas la mienne, celle de la société !, s’était-il lâché, les poings serrés.  

- Je… J’ai pensé que tu…, avait-elle tenté d’expliquer, balbutiant.  

- Je ne te demande pas de penser mais d’exécuter !  

 

Elle était restée bouché bée à sa réponse et c’était peut-être mieux ainsi car peu importait ce qu’elle aurait dit, il aurait continué à la lyncher. Elle avait simplement posé la tasse de café sur son bureau et était repartie. Il s’était maudit mais il n’avait rien pu faire contre ce déferlement. La seule chose qu’il aurait pu, il s’était retenu. Il ne pouvait pas lui faire l’amour dans ces conditions. Ca avait été sa seule retenue. Il était resté là une bonne partie de la matinée, l’entendant ranger le séjour puis le nettoyer après la fête de la veille. La veille, ils étaient heureux…  

 

- Tu es un menteur, Ryo ! Tu lui en veux à cause de ce livre parce que tu as peur de ce que tu vas y trouver., lui asséna son ami.  

- Alors pour ne pas subir cela ni le risque qu’elle te demande ce que tu en as pensé, tu préfères l’éloigner de toi. Et tu vas le faire quand ? Ce soir ? Demain, le jour de son anniversaire ? Quand ?, lui demanda Mick, furieux.  

- Après le procès. Je ne veux pas la perturber plus alors qu’elle a déjà trop de pression sur les épaules., répondit Ryo sombrement.  

 

Il se serait bien mis une claque. La vérité était qu’il n’avait tout simplement pas le courage de lui dire ni l’envie de la voir partir de sa vie mais il ne voulait pas affronter son passé. Il avait peur et surtout peur de ses propres réactions s’il devait ne juger que par ce qu’il avait déjà fait depuis trois jours : l’éviter, déserter le lit conjugal et la lyncher verbalement pour la tenir à distance. Il l’avait blessée, il le savait, mais ça avait été instinctif. Le monde autour de lui tanguait trop et il avait besoin de retrouver un semblant de stabilité comme il avait connu avant, avant elle, quand il était seul avec ses réflexions, ou non-réflexions pour être exact, et qu’il ne se préoccupait que d’une chose : sa société.  

 

- Tu veux que je te dise : tu n’es qu’un connard ! Si tu comptes vraiment la quitter, fais-le dès ce soir. Ne la berce pas d’illusions. Franchement, tu vas partir une semaine en vacances avec elle et vous allez faire quoi ? Vous tapez dessus à longueur de journée ou tu vas lui jouer la comédie du bonheur et la baiser avant qu’elle ne soit plus là ?, l’interrogea Mick, se retenant de l’agripper par le col.  

- Ne me fais pas ces yeux-là, Ryo. Quand on couche avec une femme qu’on veut quitter, on ne lui fait pas l’amour, on la baise. On utilise son corps en faisant fi de ses sentiments. Tu vas la baiser comme toutes les autres avant sauf qu’elle, elle t’aime et a confiance en toi ! Elle ne se doutera pas de ce qui va lui arriver., lui asséna-t-il.  

- Elle n’a pas confiance en moi., tenta de se défendre Ryo.  

- Vraiment ? On parle bien de la même femme qui a accepté tes conditions pour rentrer dans ton monde ? Je sais que tu as fait des compromis mais, putain, Ryo, dis-moi ce qui est plus dur entre accepter de ne pas dépenser son fric et renoncer à se marier et être mère ? Tu l’as vue comme moi dans cette robe de mariée. Dis-moi que ça ne t’a rien fait., le défia Mick.  

 

Ryo serra les dents mais repensa malgré tout au jour du défilé. Elle était resplendissante dans cette robe et ce n’était qu’un défilé.  

 

- Si elle avait confiance en moi, elle…, commença-t-il avant de s’arrêter.  

 

Cet argument-là était nul, il le savait et Mick le retournerait contre lui à raison. Il baissa la tête et ferma les yeux, tentant de reprendre le contrôle.  

 

- Elle quoi, Ryo ?, insista Mick.  

- Laisse tomber., murmura son ami.  

- Ryo, arrête de t’enfermer dans le déni. Kaori et toi, vous êtes faits pour être ensemble. Fais pas le con., lui enjoignit l’américain.  

- Je n’arrête pas. Je perds les pédales avec elle. Je ne sais plus ce qui est bien ou ce qui est mal. Mick, je ne veux pas d’enfants et, pourtant, j’étais prêt à lui faire l’amour en me reposant uniquement sur sa contraception. Tu m’as déjà vu prendre des décisions aussi irrationnelles ? Il a fallu que ce soit elle qui me dise non pour que je comprenne que c’était de la folie., lui expliqua le dirigeant.  

- Il y a peut-être des choses que tu refuses de voir. Le seul souci, c’est que Kaori est prête à tout pour toi et que ce n’est pas elle qui te forcera à aller à l’encontre de tes choix. Tu seras le seul à pouvoir le faire mais il faudra du courage pour cela, Ryo, accepter que l’erreur n’est peut-être pas actuelle mais beaucoup plus ancienne. La seule erreur que tu pourras faire actuellement serait de la quitter. Parle-lui., lui conseilla Mick.  

- Ce n’est pas ce qu’on vient de faire ?, plaisanta cyniquement le japonais.  

- Non. Tu m’as parlé de la connerie que tu allais faire mais pas ce qui te pousse à le faire. Il y a quelques années, je serais resté là, j’aurais versé deux verres bien pleins de ton scotch, et j’aurais attendu que tu sois suffisamment éméché pour lâcher quelques bribes. Aujourd’hui, tu as quelqu’un d’autre qui t’attend et à qui tu peux parler sans devoir être saoul., répondit son ami.  

- Il y a quelques années, tu n’aurais peut-être même pas attendu que je te parle pour aller la draguer., avisa Ryo.  

 

Mick eut l’obligeance de rire, légèrement gêné.  

 

- Ce n’est pas faux mais je suis bien avec Kazue et vous êtes mes amis. Je pense que tu as enfin rencontré la bonne personne avec laquelle avancer alors ne gâche pas tout, Ryo. Si tu as besoin de temps, dis-le lui mais cesse de vous faire du mal., fit l’américain, se levant.  

- Tu t’en vas ? Tu n’étais pas venu pour une raison précise ?, s’étonna Ryo.  

- Si. Je voulais voir si tu souhaitais que je te montre comment fonctionner le programme mais tu as mieux à faire. Tu devrais rentrer et parler avec ta compagne. Vous devriez être en train de célébrer votre vie commune enfin dans l’intimité et, au lieu de cela, vous êtes malheureux chacun dans votre coin. Alors rentre chez toi., lui conseilla Mick, s’en allant.  

 

Il referma la porte du bureau derrière lui et passa derrière Kaori, l’enlaçant amicalement.  

 

- Accroche-toi, ma belle. Il est un peu con par moment., lui murmura-t-il à l’oreille.  

- J’ai fait une erreur, Mick. Je pensais qu’il serait comme moi, avide de connaître son passé. J’ai voulu saisir une chance que je n’ai pas mais je me suis trompée…, balbutia-t-elle d’une voix étranglée.  

- Peut-être pas. Laisse-lui juste du temps. Il devient vieux, tu sais, et tu as bousculé ses habitudes. Accroche-toi., lui redit-il, déposant un baiser dans ses cheveux.  

 

Il la lâcha et s’en alla. Kaori le regarda prendre l’ascenseur et lui adressa un pauvre sourire. Elle était éprouvée, les nerfs à vif, et se demandait quand Ryo allait mettre fin à son rêve éveillé, rêve qui avait viré au cauchemar depuis dimanche. Elle se demandait ce qui avait plus pesé dans la balance : ce fameux livre ou sa demande de deuxième contraception. Etait-il plus vexé qu’elle lui ait demandé de revenir sur sa décision de lui faire l’amour à nu ou qu’elle ait pris l’initiative de faire des recherches sur sa famille ? Elle pouvait revenir sur l’un mais pas sur l’autre. Elle pouvait accepter de prendre un risque supplémentaire même si elle vivrait dans l’anxiété de l’hypothétique décision à prendre en cas de problème. Elle ne pourrait revenir sur le fait qu’elle savait des choses sur sa famille, des choses dont il serait certainement fier, mais dont il n’avait apparemment pas envie de prendre connaissance. Elle savait que le document était sur son bureau et qu’il n’y avait pas touché. Elle l’avait encore vu le matin même, intact, même pas le début d’une corne sur les pages, ni ce gonflement des œuvres déjà manipulées. Il n’y avait tout simplement pas touché comme si c’était la boîte de Pandore.  

 

Lorsque la porte du bureau s’ouvrit, elle releva la tête, prenant un air impassible. Elle était au bureau et agissait en professionnelle. Leurs griefs personnels n’avaient pas à être connus de tous et, heureusement que l’étage était inaccessible, parce qu’il n’avait pas été tendre avec elle.  

 

- Tu es prête ?, lui demanda-t-il, baissant légèrement les yeux.  

- Donne-moi deux minutes., répondit-elle.  

 

Il acquiesça et retourna dans son bureau. Elle éteignit son ordinateur, rangea ses papiers et attrapa sa veste. Reprenant sa sacoche, elle le rejoignit et ils se dirigèrent silencieusement vers l’ascenseur, le garde du corps les suivant.  

 

- Kaori… Je… Je suis désolé., murmura-t-il avec un tel sentiment de culpabilité qu’elle en déduisit la suite et ne put réprimer un sanglot.  

 

Elle leva la main pour le faire taire, attrapant un mouchoir de l’autre pour étouffer ses hoquets. Pourquoi n’avait-il pas pu attendre qu’ils soient chez eux ? Arrivés au parking, elle sentit un bras se glisser autour d’elle et se laissa guider malgré son envie de s’éloigner de lui. Dans la voiture, il se glissa sur le siège à ses côtés et la reprit dans ses bras mais elle se débattit.  

 

- Lâche-moi ! Ne cherche pas à me cajoler quand tu veux me quitter !, cria-t-elle, s’éloignant autant qu’elle le pouvait dans un habitacle.  

- Co… comment as-tu su ?, lui demanda-t-il d’une voix blanche.  

 

Elle sentit le sang quitter son visage et un froid intense l’envahir.  

 

- Je… je ne le savais pas. Je le soupçonnais mais… tu viens de confirmer., lui répondit-elle d’une voix sans timbre.  

- Il faut qu’on parle., répliqua-t-il, se sentant mal.  

- Je crois que tout est dit, Ryo. Depuis trois jours, on aurait eu le temps. Il est trop tard, non ?, murmura-t-elle.  

 

Il la regarda sans y croire. Ce n’était pas la réponse qu’il attendait, ce n’était pas la tournure que devait prendre cette conversation et il se rendait maintenant compte qu’il s’était trompé dans ce qu’il voulait. Comment avait-il pu imaginer la laisser partir alors qu’il avait l’impression que son cœur venait de cesser de battre devant le fait qui devenait réel ?  

 

- Tu t’attendais à quoi ? Que je te supplie ?, lui demanda-t-elle, amère.  

- J’étais prête à faire des concessions mais ta décision est prise, non ?, ajouta-t-elle, lui jetant un regard où il lisait une douleur sans nom.  

- Non…, souffla-t-il, approchant d’elle.  

 

Un violent choc les projeta en avant, leur coupant le souffle lorsque les ceintures de sécurité les retinrent. Ils jetèrent tous deux un regard vers l’arrière mais ne virent que les phares d’une voiture les éblouissant. Ils sentirent l’accélération de leur véhicule les poussant sur leur siège et les phares s’éloignèrent… pour peu de temps. Un nouveau choc fit faire une embardée à la berline suivi d’un autre presque immédiatement.  

 

- Sors-nous de là, Kenji., lui ordonna Ryo.  

- J’essaie, patron, mais avec la circulation., lui fit-il savoir.  

 

Ils étaient attaqués en pleine heure de pointe, rendant difficile pour eux la possibilité de s’éloigner de leur assaillant qui revint une nouvelle fois à l’attaque. Il fonça dans la voiture et la força à bifurquer vers l’autoroute. Inquiet, Ryo attrapa la main de Kaori mais elle la retira brusquement. Nerveux, il la lui reprit, ce qui lui valut un regard noir.  

 

- Ecoute-moi bien. Oui, j’ai envisagé de te quitter, Kaori, pour tout un tas de raisons certainement idiotes et j’ai besoin de toi pour me ramener à nous. Aide-moi, Kaori. Laisse-moi une chance de réparer ces trois jours., lui demanda-t-il, un regard implorant plongé dans le sien.  

 

Un nouveau choc poussa la voiture vers une sortie d’autoroute et le chauffeur n’y put rien. Kaori fut projetée contre Ryo qui la serra contre lui pour essayer de la protéger. Soudain, ce fut un autre bruit de fracas mais différent, comme des grêlons qui s’abattaient sur les vitres de la berline.  

 

- Baissez-vous., ordonna le garde du corps.  

 

On leur tirait dessus avec une mitraillette et ils ne devaient leurs vies qu’au blindage de la voiture. Ryo poussa sur la tête de sa compagne et s’allongea sur elle, sentant son corps trembler. A un moment de calme, il releva les yeux et vit le Renard d’Argent pointer une arme sur eux avec un sourire diabolique. Ryo rebaissa la tête au moment où les balles recommencèrent à cribler leur véhicule.  

 

- Accrochez-vous !, entendit-il le chauffeur crier avant de sentir le virage sec qu’il amorça moins de deux secondes plus tard.  

 

A peine un instant après, une violente explosion fut entendue et le chauffeur immobilisa la voiture plus souplement.  

 

- C’est fini., leur annonça-t-il, s’essuyant le front en poussant un profond soupir.  

- Tu es sûr ?, lui demanda Ryo, refusant de se relever et mettre en danger Kaori.  

- Il a foncé dans une citerne d’essence. Il a explosé avec la voiture. Je ne vois pas comment il aurait pu en réchapper., répondit Kenji.  

 

Le dirigeant se redressa, une main fermement pressée sur le dos de sa compagne pour l’empêcher de faire de même. Quand il vit le brasier qui brûlait à une centaine de mètres d’eux, des hommes s’activant déjà pour l’éteindre, il l’enleva et l’attrapa par le coude. Il la laissa regarder par elle-même la scène avant de l’attirer à lui et de la serrer dans ses bras.  

 

- C’est d’accord., murmura-t-elle contre son oreille avant de nicher le visage dans son cou.  

 

Ryo commença par se demander ce qui était d’accord jusqu’à ce qu’il comprenne qu’elle lui donnait une deuxième chance. Ca ne signifiait pas que tout était gagné mais, au moins, il aurait l’occasion de s’expliquer et peut-être de ne pas la perdre. Peut-être même qu’il trouverait la solution en lui exposant le problème même si tout était confus pour lui.  

 

- Merci… Merci Kaori., souffla-t-il, la serrant jusqu’à ce que les tremblements de son corps cessent.  

 

Ils descendirent alors de la voiture mais restèrent à distance de la scène, entendant les sirènes des pompiers et de la police approcher. Sans trop de surprise, ils virent un Porsche rouge se garer non loin d’eux et leurs deux inspecteurs préférés les rejoindre.  

 

- Comment vous allez ?, leur demanda Hideyuki, prenant sa sœur un instant dans ses bras soulagés.  

 

Il avait bondi de son siège en recevant l’information que le véhicule de la société Saeba était pourchassé en pleine ville, suivi de Saeko. Il aurait bien appuyé encore plus sur la pédale d’accélérateur en entendant que des coups de feu étaient tirés et, à en juger l’état de la voiture, c’était un feu nourri auquel ils avaient eu droit. Heureusement aucun d’eux n’était blessé.  

 

- Ca va. Les oreilles qui bourdonnent un peu., admit Kaori, s’écartant de son frère.  

- Vous avez vu le conducteur ?, les interrogea Saeko.  

- Pas moi., nia Kaori.  

- C’était le Renard d’Argent., affirma Ryo.  

- Je l’ai vu comme je vous vois. Il m’a regardé droit dans les yeux entre deux chargeurs., expliqua-t-il.  

- On va rapidement prendre vos dépositions et vous pourrez rentrer. Je ne veux pas vous voir traîner ici au cas où il ne serait pas dans la voiture et on va aussi éviter les médias autant que faire se peut., pipa Hide.  

 

Avec Saeko, ils recueillirent séparément les quatre témoignages et les libérèrent, appelant deux voitures de patrouille pour les ramener.  

 

- Ca fait tout drôle de se retrouver derrière., pipa Kaori, coincée entre Ryo et le garde du corps.  

- Tu n’as pas fait des tours en étant petite ?, s’étonna son compagnon.  

- Ce n’est pas un manège., répondit-elle, posant la tête contre son épaule.  

 

Elle sentit sa main enlacer la sienne et la presser légèrement. Elle ne se déroba pas ni quand il la lui reprit arrivés chez eux.  

 

- Tu veux aller prendre une douche ou un bain ?, lui proposa Ryo en rentrant.  

- On doit parler, Ryo., lui opposa-t-elle, les yeux plissés.  

- Je ne compte pas me dérober mais, après ce qui vient de se passer, tu as peut-être envie de te détendre un peu., expliqua-t-il.  

- Non, je veux qu’on éclaircisse ce qui se passe entre nous. Je n’en peux plus, Ryo., lui avoua-t-elle, faisant face à la fenêtre.  

- Je vais nous faire un thé et on parle juste après. Tu veux bien ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle acquiesça et l’attendit, prenant place dans le divan quand il revint. Ne sachant par où commencer, il sirota une gorgée de la boisson chaude, se donnant un minimum de contenance, le temps de rassembler ses idées.  

 

- Qu’est-ce qui t’a fâché, Ryo ? Le livre sur ta famille ou ma demande sur la contraception ?, se lança-t-elle, lui coupant l’herbe sous le pied.  

 

Il l’observa et ne croisa pas son regard. Elle avait les yeux rivés sur sa tasse, yeux cernés, preuve s’il en était besoin des trois nuits sans sommeil qu’il venait de lui infliger.  

 

- Les deux… mais surtout le livre., avoua-t-il.  

- Commençons peut-être par le plus simple., proposa-t-elle.  

- Je croyais que tu avais compris pour la contraception., soupira-t-elle.  

- J’ai compris mais ça me contrarie parce que j’avais envie que ce soit différent avec toi., lui expliqua-t-il.  

 

Elle ne leva pas les yeux vers lui, contemplant toujours le liquide dans son mug, immobile, lâchant uniquement une légère fumée qui ondulait paisiblement dans l’air.  

 

- Je ne suis pas sûre de pouvoir avorter de notre enfant si je venais à tomber enceinte. Tu penses que tu pourrais accepter d’être père ?, l’interrogea-t-elle.  

- Je… Je ne sais pas., répondit-il, passant une main nerveuse dans ses cheveux.  

- Pourquoi, Ryo ? Pourquoi tu n’as pas envie d’avoir d’enfants ?, lui demanda-t-elle, se tournant enfin vers lui.  

- Le mariage, c’est pour les papiers, je peux comprendre, mais les enfants ?  

- Je ne sais pas… et je ne veux pas en parler., lui opposa-t-il, prenant un air fermé.  

 

Kaori soupira, chagrinée par sa réaction. Elle ferma les yeux un instant, cherchant à prendre la bonne décision.  

 

- Je… Si tu ne veux vraiment pas mettre de préservatif, on peut faire ainsi mais, si je devais tomber enceinte, je ne peux pas te certifier que tu serais ma priorité. Je t’aime, Ryo. Je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je t’aime, toi, mais je ne suis pas sûre de pouvoir mettre fin à la vie de notre enfant pour pouvoir rester avec toi. Ce serait comme tuer ce que nous sommes., le prévint-elle, les larmes aux yeux.  

- Et si… si on assurait juste en milieu de mois, trois jours avant, trois jours après ?, lui proposa-t-il.  

- Est-ce que ce serait tolérable pour toi ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle fixa sa tasse et réfléchit. Ca n’enlevait pas tous les risques mais une grande partie. Elle aurait certainement toujours cette angoisse mais il faisait un pas vers elle.  

 

- Je pense que oui., admit-elle.  

- Ca fait déjà un point de résolu., lâcha-t-il, prenant une gorgée de thé avant d’aborder le sujet suivant.  

- Concernant le livre…, commença-t-il.  

- J’aurais dû t’en parler avant., murmura-t-elle, culpabilisant.  

- Kaori… Je ne sais pas ce que je ressens à ce sujet. C’est compliqué. Comment te dire ? Ca m’a beaucoup touché que tu aies pensé à moi et pris le temps de le faire et, en même temps, je n’avais pas forcément envie de remuer tout cela., essaya-t-il de lui expliquer.  

 

Elle l’observa et hocha la tête. Elle ne comprenait pas forcément en se plaçant de son point de vue à elle mais elle pouvait entendre ses mots.  

 

- J’aurais aimé avoir cette possibilité de connaître ma famille, Ryo. Je n’ai pensé qu’à cela quand je me suis lancée dans ce travail. Je me suis dit que, si moi je voulais le faire, ça devait aussi être ton cas. Je n’ai pas pensé que tu voudrais laisser tout cela enterré., s’excusa-t-elle.  

- J’ai fait ma vie, Kaori. Qu’est-ce que ça va changer pour moi de savoir ? J’en sais suffisamment pour gérer la société. J’ai un nom, prénom et une date de naissance. Si j’avais voulu savoir, j’aurais demandé à Shin ou Asami., lui dit-il.  

- C’est vrai. Je n’ai pas pensé à cela. Comme le jour où j’ai sorti les portraits de tes père et grand-père. Tu as même été plutôt sympa de ne pas m’envoyer bouler devant tout le monde., admit-elle.  

 

Il la regarda sans comprendre avant de se rappeler du fameux conseil d’administration de décembre et de l’émotion à retrouver ses vieux portraits de famille.  

 

- J’étais ému de les revoir, Kaori. Si vraiment ça m’avait été insupportable, je ne les aurais pas envoyés pour les faire réencadrer et les remettre en place. Je n’allais tout de même pas verser ma petite larme devant tout le monde., se moqua-t-il.  

- Il y a des choses que je ne comprends pas, Ryo. Tu n’es même pas un peu curieux ? Tu n’as aucune question à laquelle tu voudrais répondre ?, lui demanda-t-elle.  

- Je n’en avais qu’une seule : celle de savoir ce que ça faisait d’être aimé. Tu y as répondu. Je n’ai besoin de rien de plus. Le reste… ça n’a pas d’importance. J’ai trente ans, Kaori. J’ai passé l’âge où on se construit en cherchant sur quoi s’appuyer. J’ai trouvé ces réponses-là en moi. Qu’est-ce que ça m’apportera de savoir plus de choses à part de souffrir de leurs absences ? Je n’ai pas envie de raviver cette douleur. Je l’ai contrôlée et enterrée. Aujourd’hui, j’ai un futur avec toi si tu as toujours envie d’en faire partie et que tu veux bien m’aider à remonter sur la piste., lui dit-il.  

 

Elle l’observa et poussa un long soupir. Définitivement, elle ne comprendrait pas son besoin de rester dans l’ignorance mais c’était son souhait et elle devait le respecter. Quant à savoir si elle voulait bien continuer avec lui, la réponse n’avait rien de sorcier.  

 

- Je n’ai pas envie de te quitter, Ryo. C’est à toi de décider ce que tu veux, si tu es capable de me pardonner et d’avoir à nouveau confiance en moi., lui retourna-t-elle.  

- Si tu acceptes de laisser mon passé où il est, il n’y a rien à pardonner ni à regagner., lui apprit-il, plongeant un regard sérieux dans le sien.  

 

Pour toute réponse, elle se leva en posant sa tasse et lui tendit la main. Il la prit et la suivit dans le bureau. Elle attrapa le livre sur son bureau et regarda la couverture pour s’assurer qu’elle avait le bon. Il vit son regard se voiler de regrets avant qu’elle ne le lève vers lui, résolue.  

 

- Tu ne veux rien savoir, tu es sûr ?, lui redemanda-t-elle.  

- Rien. J’ai mon avenir devant moi. Ca me suffit., lui affirma-t-il.  

- Très bien. Qu’il en soit ainsi alors…, soupira-t-elle.  

 

Elle regarda une dernière fois le fruit de son travail et le jeta dans la corbeille à papier.  

 

- Voilà, c’est fini. Il partira avec la prochaine séance de ménage., lâcha-t-elle.  

 

Sans un regard en arrière, elle sortit du bureau et retourna s’asseoir sur le divan. Elle avait mal de sa décision mais c’était sa vie et il avait le droit d’en faire ce qu’il voulait.  

 

- Merci, Kaori. Je suis désolé que tu aies passé du temps pour rien., s’excusa-t-il, restant debout face à elle.  

- Je ne regrette rien sauf que tu ne veuilles pas savoir. C’est ton choix et ton droit. Je ne le comprends pas mais le respecte même si je pense que tu fais une erreur., lui avoua-t-elle.  

 

Elle se leva et le regarda, les yeux dans les siens.  

 

- Je pense que beaucoup de tes choix actuels sont encore le fruit de tes blessures anciennes. Je pense qu’il y a encore en toi beaucoup de questions sans réponse et je ne sais pas ce qui t’empêche de vouloir les trouver. Pourtant, ça te ferait peut-être du bien. Je ne te juge pas mais je ne te comprends pas non plus., lui expliqua-t-elle avec une certaine fatigue dans la voix.  

- Je ne sais pas quoi te répondre., admit-il.  

- Alors ne dis rien. Ce soir, c’est moi qui ai besoin d’être un peu seule. Je vais finalement aller prendre un bain et, après, j’irai me coucher., l’informa-t-elle.  

- Tu ne veux rien manger ?, s’inquiéta-t-il.  

- Non, après tout ça, non. Je veux juste oublier et dormir. Si tu es sûr de toi, rejoins-moi. Sinon, tu as déjà fait connaissance avec le canapé., lui dit-elle, le quittant.  

 

Elle se sentait vidée de toutes ses forces, lasse. Entre ces trois jours de doute, la nouvelle attaque et cette discussion qui n’avait pas abouti à son sens, elle avait besoin de réfléchir. Elle n’avait pas envie d’arrondir les angles non plus. Elle aurait pu se montrer conciliante, ou encore reconnaissante, l’embrasser pour sceller leur réconciliation mais elle avait eu plus que son compte de vexations en soixante-douze heures. Elle était peut-être ingrate mais elle avait l’impression d’avoir déjà beaucoup donné.  

 

Elle monta dans la salle de bains, fit couler l’eau dans la baignoire, y ajouta une bonne dose de produit moussant et ne laissa que les lumières d’appoint. Ce n’était pas seule qu’elle avait envisagé d’étrenner la baignoire mais elle savait qu’on n’avait pas toujours ce qu’on voulait dans la vie. Elle ne le savait que trop bien et c’était ce qui la mettait aussi en colère. Elle se glissa dans l’eau et laissa aller ses larmes de frustration. Elle aurait aimé avoir des réponses mais à qui les demander ? Elle ne voulait certainement pas blesser Hide et lui faire croire qu’elle regrettait leur vie et rien ne figurait sur son acte de naissance, le nom des Makimura ayant été noté dessus en lieu et place de celui de son père biologique. Elle n’avait rien, rien de rien.  

 

Resté seul dans le salon, Ryo finit par ramasser leurs deux tasses et les ramena dans la cuisine, les mettant au lave-vaisselle. Par réflexe, il attrapa de quoi grignoter mais le cœur n’y était pas. Il se sentait mal à l’aise sans savoir vraiment pourquoi. Etait-ce de la culpabilité ? Le fait de s’être réconciliés de manière assez froide ? Avait-il encore des doutes ? Il secoua la tête, chassant la dernière idée. Il n’avait aucun doute sur le fait de vouloir rester avec Kaori. Il savait pourquoi il avait pensé la quitter mais, quand les mots étaient sortis de sa bouche à elle, il avait su que ce n’était qu’une illusion, qu’il était incapable de la laisser partir, que le doute qu’il avait encore en sortant de sa conversation avec Mick n’était pas permis. Il l’aimait et la voulait dans sa vie.  

 

Sortant de la cuisine, il partit dans le bureau qui avait été son refuge ces derniers jours. Il prit place sur la méridienne et fixa la nuit qui arrivait. Pouvait-elle avoir raison ? Est-ce que ses anciennes blessures n’étaient pas aussi bien cicatrisées qu’il le pensait ? Dans quelle mesure son passé influençait encore son présent ? Connaître ce passé ferait-il évoluer sa vision sur certaines choses, le mariage, les enfants peut-être ? Il n’en était pas sûr. Son regard se tourna vers la corbeille. Malgré tout, un doute subsistait en lui, le même qui l’avait empêché d’accomplir le geste qu’elle avait eu. Et si… Et si finalement ça lui apportait quelque chose de lire ce fichu document ? Kaori avait suggéré que ça pouvait l’intéresser, lui apprendre des choses. Si elle disait vrai ? En plus, elle savait de quoi elle parlait puisqu’elle-même avait une grande part d’inconnu dans son passé.  

 

Il se pencha et, hésitant une dernière fois, reprit le document dans la corbeille. Voilà… Il l’avait entre les mains et il n’en était pas mort, pensa-t-il cyniquement. Il se demanda quoi faire à partir de là. Le lire ? Le laisser ? Il ne se sentait pas prêt mais peut-être devait-il se forcer ? Devait-il commencer par demander un résumé à sa compagne ? Devait-il appeler Shin pour récupérer ses effets personnels, les albums de famille ? Il restait indécis et anxieux sur le sujet. Il fut sorti de ses contemplations par le téléphone qui sonna.  

 

- Bonsoir., décrocha-t-il, sans regarder qui était au bout du fil.  

- Ryo, c’est Hide. C’est fini. Le Renard d’Argent était dans la voiture. On a suffisamment d’indices pour en attester., souffla l’inspecteur, soulagé.  

- Le corps a été identifié ? Vous en êtes absolument sûrs ?, répéta Ryo, incrédule.  

- Il sera autopsié demain mais les indices, les empreintes, tout concorde. Tu me passes Kaori ?, lui demanda-t-il.  

- Elle… elle prend un bain pour se détendre., l’informa son ami.  

- Ah… d’accord. Bon, on se voit demain de toute façon., le salua Maki.  

 

Ryo raccrocha ayant l’impression de sortir d’un mauvais rêve. Sans réfléchir, il rangea le manuscrit dans le tiroir de son bureau et monta à l’étage, frappant légèrement avant d’entrer. Il trouva Kaori, dans la baignoire, les yeux fermés, son visage ayant repris un peu de couleur.  

 

- Kaori., l’interpela-t-il doucement.  

 

Elle ouvrit les yeux et lui lança un regard anxieux qu’il détesta mais dont il se savait responsable. Il approcha et s’agenouilla près de la baignoire.  

 

- Je viens d’avoir Hide. Ils pensent que c’est bien le Renard d’Argent qui était dans la voiture. C’est fini., lui dit-il.  

 

Il vit ses yeux s’écarquiller, le soulagement y apparaissant avec l’incrédulité. Ca faisait tellement longtemps que ça durait que c’était difficile de croire que c’était enfin fini.  

 

- Il sera autopsié demain mais ils ont suffisamment de preuves pour le penser., lui répéta-t-il.  

- Tu vas pouvoir souffler.  

- On va pouvoir souffler., le corrigea-t-elle, plongeant dans son regard.  

 

Ils restèrent ainsi soudés un moment en silence.  

 

- Où dors-tu cette nuit ?, l’interrogea-t-elle dans un murmure, craignant sa réponse.  

- Avec toi, si tu veux de moi., lui répondit-il, anxieux.  

- Tu m’aides ?, lui demanda-t-elle, tendant la main.  

 

Soulagé de sa réponse, il attrapa ses doigts et l’attira à lui, la plaquant contre son corps. Il se fichait bien de mouiller son pantalon de costume et sa chemise hors de prix puisqu’il tenait entre ses bras quelque chose d’encore plus précieux. Il la serra et l’embrassa tendrement, heureux de la retrouver, ne la lâchant que lorsqu’il la sentit frissonner. Il attrapa la serviette dont il l’entoura et ils retournèrent tous deux dans la chambre, se changeant rapidement avant de se retrouver dans le lit où ils s’endormirent d’un sommeil profond et serein. 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de