Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 111 capitoli

Pubblicato: 21-01-21

Ultimo aggiornamento: 01-06-21

 

Commenti: 44 reviews

» Ecrire une review

 

Romance

 

Riassunto: AU : Quand le coeur entre dans le monde des affaires...

 

Disclaimer: Les personnages de "Roi de pique, dame de coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How can I correct a misplaced chapter?

 

It can happen that an author has several stories in process and that he adds a chapter of a story to another one. In this case, please don't add the chapter again and contact me (hojofancity@yahoo.fr) for modification. Indicate which chapter is misplaced and which is the correct story.

 

 

   Fanfiction :: Roi de pique, dame de coeur

 

Capitolo 62 :: Chapitre 62

Pubblicato: 29-03-21 - Ultimo aggiornamento: 17-04-21

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

Chapitre 62  

 

- Accroche-toi, Ryo.  

 

La voix lui semblait lointaine mais il l’entendait encore et toujours. Il n’avait même pas cessé de l’entendre depuis qu’il s’était retrouvé projeté entre quatre murs de pierre sur un sol fait de poussière et de pierres. Un gémissement de douleur sortit de ses lèvres quand son corps fut secoué sans ménagement. Pourtant, les sensations lui paraissaient différentes. Il avait un peu plus chaud, se dit-il. Mais était-ce cela ou ses sens qui le quittaient ? Etait-ce le début de la fin ?  

 

- Je suis là. On arrive bientôt. Accroche-toi., entendit-il.  

 

Kaori ? Etait-ce encore une illusion ? Il chercha à ouvrir les yeux mais n’y arriva pas. Il n’avait plus la force. Ses paupières étaient trop lourdes. Il voulait juste dormir, oublier la douleur insupportable qui l’empêchait de respirer normalement alors qu’il avait bien du mal à trouver ce souffle dont il avait besoin. Il sentit des doigts caresser ses cheveux, tracer le contour de son visage doucement. Cette douceur… Il la connaissait et il savait qui en était à l’origine. Il était vraiment sorti de là alors ?  

 

- Umi, on y est bientôt ? Il a du mal à respirer., fit Kaori d’une voix urgente, essuyant la larme qui coulait de ses paupières closes et contusionnées.  

- Cinq minutes., lui répondit-il.  

- Que t’ont-ils fait ?, soupira-t-elle.  

- Reste avec moi, Ryo. On va rentrer à la maison., l’encouragea-t-elle alors qu’enfin les lumières de la ville apparaissaient.  

 

Plongé dans un état proche de l’inconscience, il l’entendait et sentait ses gestes sur lui. Cela l’aidait à se rassurer, à comprendre qu’il était enfin libre. Il aurait voulu faire plus, trouver la force de parler, de bredouiller quelques mots pour rassurer sa compagne qui se montrait forte mais dont il sentait la tension malgré tout mais il n’y arrivait pas. Ses lèvres ne voulaient pas bouger comme ses paupières refusaient de s’ouvrir. Il était entre ses bras, avec la femme qu’il aimait. Dormir… il pouvait enfin dormir…, pensa-t-il, se laissant aller.  

 

Il ne sentit pas la voiture s’arrêter ni son ami le soulever pour l’amener dans l’hôpital. Ni les lumières ni les ordres criées autour de lui ne le ramenèrent à la conscience. Seule la douleur intense qu’il ressentit au niveau des côtes quand on l’examina lui tira un rictus. Ce fut la dernière sensation qu’il eut avant de se sentir emporté dans les ténèbres.  

 

- Comment va-t-il ?, demanda Kaori, voyant le médecin arriver.  

- Qui êtes-vous ?, lui retourna-t-il, posant un regard circonspect sur elle.  

- Sa compagne. Comment va-t-il ?, lui redemanda-t-elle, impatiente.  

- Sa compagne… Vous n’êtes donc pas mariés., résuma-t-il.  

- Non. Comment va-t-il ?, insista-t-elle.  

- Si vous savez où trouver un membre de sa famille, je pourrai lui parler. Je ne peux rien vous dire à son sujet., conclut-il avant de la contourner et de s’en aller sans plus un regard.  

 

Stupéfaite, Kaori resta les bras ballants dans le hall, le regardant partir. Son cerveau refusait de fonctionner face à cette réponse. Elle tourna le regard vers la pièce d’où le médecin était sorti en voyant Ryo transporter sur un brancard. Sans réfléchir, elle le suivit mais fut stoppée par le service de sécurité.  

 

- Vous ne pouvez pas !, lui asséna l’un des deux gardes  

- Mais c’est mon compagnon !, répliqua-t-elle.  

- Vous ne pouvez pas., lui redit l’autre.  

- Mais ce n’est pas possible !, hurla-t-elle avant de sentir deux mains se poser sur ses épaules et l’entraîner à l’écart.  

 

Elle se retrouva face à Umi et son regard posé et se calma instantanément alors qu’une seconde avant, elle avait eu envie de tout casser.  

 

- Shin va arriver avec Mick., lui apprit-il.  

- Je… Je veux juste savoir comment il va. Ce n’est pas juste. Tout ça pour un bout de papier…, lâcha-t-elle, défaite.  

 

Elle se sentit attirée contre son torse et entourée de ses deux bras qui auraient pu l’écraser mais la serraient juste doucement. Les larmes d’anxiété sortirent enfin et il la laissa pleurer un moment avant de parler.  

 

- Tu l’as vu passer. Il dort mais il est encore vivant. Il est fort, Kaori, alors garde espoir., lui enjoignit-il.  

- Je sais., acquiesça-t-elle, s’écartant en hochant la tête.  

- C’est juste que…, commença-t-elle, n’arrivant pas à finir sa phrase.  

- Tu as cru que tu ne le reverrais jamais, n’est-ce pas ?, acheva-t-il pour elle.  

- Oui. Je voulais y croire mais avec tout ce qu’on sait…, expliqua-t-elle.  

- Il est là et en vie., fit-il simplement.  

 

Il l’emmena vers les sièges et la poussa à s’asseoir avant d’aller lui chercher un café. A peine quelques minutes plus tard, Shin et Mick apparurent dans le hall de l’hôpital, inquiets, et se dirigèrent vers eux.  

 

- Comment va-t-il ?, l’interrogea l’américain.  

- Vivant mais je n’en sais pas plus. Ils n’ont rien voulu me dire., répondit-elle, jetant un regard frustré vers le médecin qui passait justement non loin.  

- Comment ça ?, s’insurgea Mick.  

- Ils ne sont pas mariés. Kaori ne fait donc pas partie de la famille à qui ils peuvent s’adresser., résuma Shin posément, la voyant acquiescer.  

- Viens avec moi., lui dit-il, lui tendant la main.  

 

Elle se leva et le suivit, sentant sa main sur son coude en soutien. Ils interceptèrent le médecin qui revenait d’une autre salle et qui posa un regard plissé à la jeune femme.  

 

- Je suis le tuteur de Monsieur Saeba. Je voudrais avoir de ses nouvelles, s’il vous plaît., lui demanda-t-il d’une voix ferme.  

- Je ne peux pas parler devant…  

- Kaori et lui vivent ensemble depuis des mois. Elle fait partie de la famille., le coupa Shin.  

- On peut passer du temps à discuter de la définition que l’on veut donner au sens du mot famille ou vous me dites comment va mon fils de suite et où nous pouvons le voir et vous gagnez du temps pour vos autres patients., lui proposa-t-il.  

 

Kaori ressentit le charisme de l’ancien dirigeant et releva le menton, prête à faire front pour obtenir les réponses et le soulagement attendus. Le médecin passa de l’un à l’autre puis leur fit signe de le suivre.  

 

- Monsieur Saeba a été victime de multiples coups et traumatismes. Il a des contusions au thorax, au visage, aux membres, plusieurs côtes cassées et fêlées et une fracture de la main gauche au niveau des métacarpiens. Nous pensons qu’elle a été écrasée par une crosse de fusil., leur apprit-il, gardant un air impassible.  

- Il avait du sang au niveau des cheveux…, murmura Kaori, touchant la zone en question.  

- Il avait une légère entaille du cuir chevelu. Rien de grave. C’est toujours plus impressionnant que ça en a l’air. Nous avons nettoyé et suturé proprement. Il n’y a pas de traumatisme crânien si cela vous inquiète., la rassura-t-il, s’arrêtant devant une porte.  

- Nous lui avons administré un sédatif pour qu’il puisse dormir un moment. Les appareils ne sont là qu’en contrôle., leur expliqua-t-il, les laissant entrer.  

- Une seule personne pourra rester avec lui cette nuit., leur dit-il.  

- Etant donné mon vieil âge, ce sera mademoiselle., répondit Shin.  

- Y a-t-il un papier à vous signer pour vous autoriser à lui donner des nouvelles de l’homme qui partage sa vie ?, ajouta-t-il, sortant son stylo.  

- Ce ne sera pas nécessaire. Je le note au dossier., concéda le médecin.  

- Merci., souffla Kaori, soulagée.  

 

Sans plus un mot, Shin la poussa vers la chambre et referma la porte derrière elle. Satisfait de voir un policier devant la porte, il tourna les talons et rejoignit les deux amis de Ryo dans l’entrée.  

 

- Kaori a pu rester. Ryo est amoché mais il s’en sortira. Vous a-t-il laissé des consignes en cas de rapatriement nécessaire ?, leur demanda-t-il, soucieux.  

- Non. Je suppose que Kaori est au courant., répondit Mick.  

- Elle a mieux à faire pour ce soir. Je vais gérer. Rentrons à l’hôtel. Un peu de repos ne nous fera pas de mal., proposa l’ex-PDG.  

 

Les deux hommes acceptèrent, stupéfaits par ce changement d’attitude du tuteur de Ryo. Ils étaient restés méfiants suite à son retour d’Amérique du Sud malgré les dires de leurs amis mais ils ne pouvaient que constater les faits. Il n’avait eu aucun mot déplacé, avait tout mis en œuvre pour les aider ou faciliter leur tâche et s’était même montré très prévenant envers leur amie. Un nouveau Shin Kaïbara leur faisait face.  

 

Assise sur un fauteuil qu’elle avait rapproché, Kaori avait posé la main sur l’épaule de son homme, faute de pouvoir lui tenir la main, l’une plâtrée, l’autre utilisée pour la perfusion. Elle resta un long moment éveillée à le regarder, se demandant encore par quel miracle ils avaient réussi à le sortir de là. Tout était allé si vite qu’elle réalisait à peine que c’était fini. Les images remontèrent à la surface mais elle les chassa. Elle voulait juste oublier et se concentrer sur son compagnon.  

 

Quand elle vit le ciel se teinter des couleurs de l’aurore, elle sortit de sa léthargie en voyant Ryo s’agiter dans son sommeil. Elle prit place sur le bord du matelas et caressa doucement son visage.  

 

- Tu es en sécurité, Ryo. Tu peux dormir. Je veille sur ton sommeil., lui murmura-t-elle à l’oreille, caressant ses cheveux.  

 

Il faisait froid dans cette pièce de pierres. Il savait que les nuits étaient fraîches dans ce coin du monde mais il ne s’était pas attendu à cela. Agenouillé dans un coin de la pièce, Ryo revivait l’attaque. Il avait eu peur en voyant les trois véhicules approcher à toute vitesse avec des hommes armés à leur bord. Lorsque Tomo avait parlé des lances-roquettes, il savait qu’ils ne leur échapperaient pas. Il n’avait trouvé qu’une chose à faire pour gérer la situation : être là pour Kaori. Ce n’était pas quelque chose à laquelle elle avait été préparée contrairement à lui. Il devait dépasser ses propres craintes pour l’aider elle, rester suffisamment maître de ses émotions pour la protéger au mieux. Il l’avait alors serrée contre lui à la fois pour la soutenir et la contenir face aux chocs qu’ils risquaient de subir. Jamais il n’aurait imaginé qu’ils feraient voler la voiture.  

 

Il n’avait aucune idée de ce qui avait pu lui épargner les coups et l’évanouissement. Si la vitesse de l’action le laissait dans le flou de l’ordre exact des choses, il avait vécu pleinement le calme juste après, la toux qui l’avait pris avec la poussière ambiante, Tomo inconscient, Hiro qui se dégageait, arme à la main et, cherchant à peine, il avait trouvé Kaori, recroquevillée dans un coin, inconsciente. Il avait tendu la main vers elle pour la toucher quand il avait entendu les pas approcher en même temps que les rires cyniques. Il avait fait la seule chose raisonnable à ses yeux : rabattre le voile noir sur son visage pour ne laisser qu’un amas sombre dans un coin de la voiture. Cela suffirait peut-être à lui éviter le même sort que le sien.  

 

Surpris, il sursauta à l’échange de coups de feu et entendit le bruit d’un corps qui tombait au sol. Vérifiant que sa compagne était toujours inconsciente, il se tourna et vit avec horreur Hiro à terre, une tâche de sang s’élargissant sur sa chemise. Il n’eut pas le temps de s’appesantir sur la situation qu’il était tiré hors du véhicule sans ménagement et présenté face au leader.  

 

- Combien dans la voiture ?, lui demanda-t-il sèchement.  

- Trois, nous ne sommes que trois., répondit-il, gardant les mains bien en évidence.  

 

Il espéra qu’ils ne vérifieraient pas, qu’ils le croiraient mais le chef fit signe de contrôler à son grand désespoir. Tentant de se maîtriser pour ne rien laisser paraître, il vit l’homme approcher de la portière de Kaori quand quelqu’un cria :  

 

- Voiture !  

 

Il fallut moins de deux secondes pour qu’il soit entraîné vers les jeeps, jeté dedans et la scène quittée. Même s’il était dans une situation peu enviable, il regarda la voiture retournée qui s’éloignait, soulagé de ne pas avoir Kaori à ses côtés et de savoir que les secours arrivaient probablement. Elle ne connaîtrait pas cette violence-là et c’était sa petite victoire.  

 

L’arrivée au camp s’était faite sous les coups de mitraillettes et il n’avait pu qu’observer anxieusement les feux de camp entourés des hommes armés, d’autres hommes attachés à des pieux et entendre les cris qui émanaient d’autres zones. Il ne voulait pas savoir à quoi ils correspondaient. Il se doutait qu’il le saurait tôt ou tard. Il entendit les mots aboyés par le chef dans une langue qu’il ne maîtrisait pas et fut entraîné dans cette cabane de pierres.  

 

Il sentit l’humidité sur son visage et leva les yeux, arrivant à peine à entrouvrir les paupières. Le linge humide déposait un voile de chaleur bienfaisante sur sa peau. Il sentait l’odeur de savon et beaucoup de douceur dans les gestes, même quand on tamponna doucement pour sécher son visage tuméfié.  

 

- Tout va bien, Ryo. Tu avais le visage couvert de poussières. Tu es plus beau ainsi… irrésistible même., murmura Kaori d’une voix enjouée.  

 

Elle était heureuse qu’il ne puisse pas la voir parce qu’elle sentait les larmes lui monter aux yeux et elle devait produire un immense effort pour rester maîtresse de sa voix et ne pas craquer.  

 

- Tu es vraiment là ?, chuchota-t-il d’une voix rendue rauque par la soif.  

- Oui, je suis là., lui affirma-t-elle, caressant son visage.  

- Non, n’essaye pas de lever la main gauche. Tu es plâtré. Ta main… Ta main est cassée., lui apprit-elle.  

- Heureusement que je joue au squash de la main droite alors., plaisanta-t-il d’une voix épuisée.  

- Tu ne joues pas au squash., le corrigea-t-elle, soulagée de l’entendre plaisanter.  

- Encore plus heureux alors., soupira-t-il, passant la langue sur ses lèvres.  

- Tu as soif ?, l’interrogea-t-elle.  

- Oui.  

 

Elle releva la tête de lit et porta la paille à ses lèvres, l’observant boire doucement et se reposer avec un soupir de contentement… et une grimace de douleur.  

 

- Tu as mal ? Tu veux que j’appelle l’infirmière., s’inquiéta-t-elle.  

- J’ai mal mais ça va aller. Ta présence me suffit., lui dit-il, essayant de lever le bras vers elle.  

 

Elle le repoussa délicatement et posa ses doigts sur les siens.  

 

- Je reste là et, si tu veux bien, je vais te lâcher la main pour continuer à te rafraîchir., lui proposa-t-elle.  

- Je veux bien. Hiro… Comment va Hiro ? Et Tomo ?, l’interrogea-t-il, se redressant soudain, ce qui lui tira une vilaine grimace lorsque son corps se rappela à lui.  

- Tomo a été légèrement blessé mais il a déjà repris son service. Hiro est dans le coma mais son état est stable. Mick et Umi sont ici… et Shin aussi., lui apprit-elle, légèrement anxieuse, le faisant se rallonger.  

- Shin ?, s’étonna Ryo.  

- Oui. Il est arrivé avec Mick hier matin et Umi est venu directement d’Amérique du Sud. C’est grâce à lui qu’on a pu te retrouver., lui dit-elle.  

- Encore une chose dont je lui serai redevable., murmura-t-il, sentant la fatigue le gagner.  

- Dors, je reste là., lui conseilla-t-elle, déposant les lèvres sur son front.  

 

Faisant fi de la douleur qui irradia dans son corps, il glissa sa main perfusée dans ses cheveux brusquement et amena sa bouche sur la sienne, l’embrassant tendrement pendant quelques secondes.  

 

- Là, je sais que c’est réel., chuchota-t-il, enfin capable de relâcher la tension qui l’avait habité.  

- Tu n’es plus entre leurs mains. Le camp était sens dessus dessous quand on est partis mais tu étais avec nous., lui affirma-t-elle.  

 

Le sommeil l’emportant, il ne répondit pas à ses mots. Avec des gestes doux, Kaori acheva de le laver, se fichant bien d’être vue de quelqu’un si on venait à entrer. Elle voulait juste être là avec lui. C’était sa place, celle qu’elle avait voulu reprendre au plus tôt et qui l’avait poussée à commettre des actes qu’elle n’avait jamais imaginé faire.  

 

- Mets ça dans tes poches., lui avait dit Umibozu, lui tendant quatre grenades.  

- Et ça dans ta ceinture et tes poches arrières., lui donnant un beretta et des chargeurs.  

- J’espère que tu n’as rien contre la marche parce qu’on aura deux kilomètres à couvrir. Impossible d’avancer plus avec la poussière que lèverait la voiture., lui avait-il appris.  

- Un kilomètre sans talons hauts, la balade., avait-elle lâché, haussant les épaules.  

- J’en ferai cent en pleine jungle s’il le fallait. Je veux juste le retrouver., avait-elle ajouté, relevant le menton, le regard déterminé.  

- Je m’en doute. C’est parti., avait-il annoncé, chargeant le sac sur son épaule.  

 

Ils avaient marché dans la nuit noire simplement guidés par la vague lueur des feux de camp au loin. Quand ils s’étaient approchés suffisamment pour être visibles, ils avaient ralenti le rythme et s’étaient glissés de cachette en cachette, sans un bruit, sans un mot, Kaori suivant ses pas comme son ombre. Il comprenait un peu plus ce qui les liait Ryo et elle. Sous des abords policés, ils avaient ce petit côté sauvage en eux, ce petit trait de caractère borderline qui faisait leur charme. Cachés derrière un muret à moins de vingt mètres du camp, il s’était tourné vers elle.  

 

- Tu restes ici et tu couvres nos arrières., lui avait-il ordonné, sortant une mitraillette.  

 

Elle l’avait regardé la manipuler comme elle manipulait son agrafeuse. C’était un simple jouet pour lui.  

 

- Je l’ai réglée en mode automatique. Si tu vois quelqu’un approcher, tu vises et tu tires. Ca enverra une rafale. Cale-toi bien parce que c’est puissant. Mais pour commencer, tu vas juste attendre. Sors tes grenades et prépare-toi. Je vais aller chercher Ryo en toute discrétion. Quand je sifflerai, tu dégoupilleras et enverras les grenades. Un sifflement, tu lances sur la gauche, deux sifflements, à droite. J’espère que tu n’as pas des bras de fillette parce qu’il faut que ça atterrisse en plein milieu du camp., lui avait-il annoncé.  

- Un à gauche, deux à droite et tu verras si j’ai des bras de fillette., avait-elle maugréé, ce qui lui avait valu un sourire amusé.  

- Après, tu attends et, dès que tu nous vois, tu cours par où nous sommes venus sans te retourner. Je m’occupe de Ryo.  

 

Il avait prononcé ces derniers mots en la fixant du regard. Elle avait parfaitement compris pourquoi et elle avait hoché la tête, consciente qu’elle était un risque supplémentaire pour lui, pour eux.  

 

- On l’a fait, Ryo. On a réussi., lui dit-elle, remontant le drap sur lui et le lissant.  

 

Elle rangea la bassine et s’aspergea le visage d’eau pour rester éveillée. Se séchant, elle croisa son regard dans le miroir et eut du mal à croire que rien en elle ne trahissait ce qui s’était passé cette nuit… rien sauf peut-être cette petite lueur dans ses yeux. Elle avait certainement blessé voir tué des hommes mais elle n’en éprouvait que peu de culpabilité. Elle avait fait ce qu’elle avait à faire et elle retourna près de Ryo, reprenant place dans le fauteuil à ses côtés, la main sur la sienne, s’endormant quelques temps plus tard.  

 

Le matin inonda la pièce de pierres d’une lumière blanchâtre aveuglante lorsque les hommes ouvrirent la porte en grand pour venir le chercher.  

 

- Ryo Saeba, PDG de l’entreprise Saeba… On a trouvé un pigeon intéressant., scanda le chef dans un anglais hachuré.  

- Amenez-le !, ordonna-t-il.  

 

Ryo se laissa lever et emporter sans présenter le moindre signe de résistance. Ca ne servirait à rien d’autre que lui attirer des coups et, s’il voulait pouvoir se sauver, il devait être en pleine possession de tous ses moyens et surtout voir où il était. Il déchanta rapidement en voyant une étendue déserte autour d’eux. Pas une maison, pas une ville à l’horizon et, à part savoir où se trouvait l’est, il n’avait aucune idée de l’endroit par où il devrait partir s’il voulait s’enfuir. Suivant les hommes, il se rendit compte également qu’il n’était pas sorti indemne de l’accident de voiture. Ses côtes le faisaient souffrir, ses jambes aussi, même s’il était encore capable de marcher, et la tête lui tournait, l’élancement qu’il ressentait n’y étant certainement pas pour rien. Il tâtonna la zone et grimaça en sentant l’oeuf de pigeon et le sang séché sous ses doigts.  

 

- Tu vas t’asseoir là et lire ce petit message pour notre cameraman., lui apprit l’homme, lui tendant un journal et un papier.  

- Et si je refuse ?, tenta Ryo.  

 

Pour seule réponse, il reçut un coup de crosse dans le ventre, le laissant un instant le souffle coupé.  

 

- Ca répond à ta question ?, répondit l’autre.  

 

Il se retrouva avec les papiers dans les mains et lut le texte. La somme demandée était exorbitante et, s’il était en mesure de la payer et le ferait sans souci pour retrouver Kaori, il avait pleinement conscience que cela accroîtrait le risque qui pesait sur eux en acceptant. Affichant un air impassible, il jeta les documents au loin, voyant la feuille s’envoler. La sanction ne se fit pas attendre et il se fit battre par plusieurs hommes sur un signe de tête de leur chef. La douleur de ses côtes augmenta, il sentit le sable passer la barrière de ses lèvres, s’infiltrer dans ses voies respiratoires quand il tomba à terre, ses jambes, ses bras heurtés… tout était douloureux et continua à l’être quand ils cessèrent de se déchaîner sur lui. Il resta un long moment à terre, cherchant à reprendre son souffle, toussant pour évacuer le silice de sa trachée, provoquant de ce fait des élancements de douleur dans sa poitrine.  

 

- Debout et lis !, lui ordonna alors le chef, une lueur dangereuse dans le regard.  

- Non., osa-t-il de nouveau le braver.  

 

Il se retrouva plaqué contre une table, le bras gauche en extension. Il ne put quitter des yeux la machette qui s’éleva dans les airs et les ferma, prêt à subir la douleur qu’il supposait intolérable quand il la vit descendre. Il entendit le bruit sourd mais ne sentit pas la douleur et regarda sa main encore attachée à son bras avec soulagement. Cela ne dura que quelques secondes jusqu’à ce qu’un coup de crosse le fit hurler.  

 

- Tu n’auras pas cette chance cette après-midi. Ramenez-le dans sa cellule., aboya le chef.  

 

Jeté comme un malpropre, il se recroquevilla en tenant sa main qui le faisait horriblement souffrir. Pour conjurer le mal, il en appela à un autre sort et fit apparaître le visage de sa compagne devant ses yeux. La première image qui apparut fut son visage inanimé dans la voiture et il mit encore un moment avant de revoir son sourire, son regard aimant et de trouver des souvenirs qui l’aideraient à tenir.  

 

- Accroche-toi.  

 

Ces deux mots-là, prononcés par cette voix qu’il aimait entendre, le réveillèrent juste avant que la porte s’ouvre de nouveau. Il ne tenta plus de résister parce qu’il se savait déjà un peu trop affaibli pour essayer de fuir. Il lut le texte d’un œil, l’autre déjà amoché du tabassage du matin, puis rendit les papiers au chef. Malgré tout, il se retrouva de nouveau sous les coups de ses geôliers. Il ne se demanda même pas pourquoi. Il leur fut même presque reconnaissant de ne pas l’avoir tué quand il fut de nouveau jeté sans ménagement dans sa cellule. L’homme que d’autres avaient sorti d’une autre au même moment n’eut pas cette chance, en déduisit-il entendant ses supplications terrifiées avant le coup de feu et le silence…  

 

- Kaori…, murmura-t-il douloureusement.  

- Je suis là. Tout va bien., entendit-il au loin.  

 

Il sentit son parfum l’entourer, sa chaleur autour de sa tête et tourna le visage, son front reposant contre une surface douce et rebondie. Une main se posa sur sa joue et il laissa la caresse de son pouce l’emmener de nouveau vers le pays des songes cette fois vide de tous souvenirs.  

 

Assise à ses côtés, son bras l’entourant, Kaori observa son homme dormir, ses trait s’apaisant. Elle avait somnolé pendant un long moment, l’entendant s’agiter de plus en plus, marmonner parfois et un léger gémissement l’avait tirée de son léger sommeil, la poussant à s’asseoir à ses côtés, à l’entourer pour ne pas le laisser seul.  

 

Ce fut ainsi que Mick, Falcon et Shin les trouvèrent deux heures plus tard, le grincement de la porte réveillant Ryo en sursaut.  

 

- Tout va bien. Tu as de la visite. Shin est là avec Mick et Falcon., le rassura-t-elle, une main sur son épaule.  

- Content de te revoir parmi nous, Ryo., l’accueillit son tuteur.  

- Tu ne pouvais pas te faire un voyage tranquille ?, plaisanta Mick, surpris de l’état de son ami malgré ce qu’Umi lui en avait appris.  

- Une dette de plus à ton actif., gronda le géant.  

- Je… Merci Falcon. Moi aussi, je suis content d’être là., répondit-il.  

- Kao, on t’a ramené de quoi te changer., l’informa l’américain, lui tendant un sac.  

- Merci., souffla-t-elle, jetant un regard anxieux vers Ryo, peu désireuse de le quitter.  

- Vas-y et prends ton temps. Je ne bouge pas de là., lui promit-il, esquissant un sourire.  

- D’accord., acquiesça-t-elle, se dirigeant vers la salle de bains attenante.  

 

Passant près de lui, elle fut stoppée par Mick et croisa son regard furieux.  

 

- Toi et moi, nous aurons une petite conversation un peu plus tard sur ta sécurité., marmonna-t-il.  

 

Elle était consciente qu’elle n’avait pas été honnête avec lui mais elle n’avait aucun regret sur le sujet.  

 

- Nous n’aurons pas cette conversation. Si ça arrivait de nouveau, je referai pareil., lui affirma-t-elle à voix basse, se dégageant de son emprise et s’enfermant dans la pièce d’eau.  

 

Moins d’une minute plus tard, les trois hommes entendirent la douche se mettre en route.  

 

- Comment tu vas, Ryo ?, lui demanda Shin.  

- Bien, vu les circonstances. La rançon a été payée ?, lui retourna-t-il.  

- Nous avions juste reçu le message quand Falcon nous a appris ta libération., lui apprit Mick, ajustant les stores pour limiter la visibilité, ce qui soulagea la vue du dirigeant dont les pupilles restaient sensibles.  

- Comment va Hiro ?, les interrogea-t-il.  

- Il est stable et les médecins sont confiants. Nous le ferons rapatrier d’ici quelques jours quand il aura repris suffisamment de force. Toi, en revanche, tu seras rapatrié dès ce soir normalement, demain matin au plus tard., l’informa son tuteur.  

- Comment vous avez retrouvé ma trace ?, les questionna-t-il.  

- Umi., répliqua Mick, orientant les regards vers lui.  

 

Le géant s’appuya sur le mur en croisant les bras.  

 

- J’ai des contacts qui ont des contacts. Tout ce qui a de plus normal en somme…, répondit-il, impassible.  

- Tout ce qu’il y a de plus normal…, ricana Ryo.  

- Donc un contact de ta connaissance t’a accompagné pour me sauver ? Parce qu’à ma connaissance, et même si je n’étais pas très frais, tu n’as pas le don d’ubiquité pour me porter d’un côté et balancer d’un autre point des grenades sur le camp., ajouta le dirigeant.  

 

Discernant mal à travers ses paupières à peine ouvertes, Ryo fut inconscient du regard mal aisé que les trois hommes échangèrent.  

 

- Je sais être persuasif., résuma Falcon.  

- Tu me diras combien cette sortie t’a coûté. Je paye toujours mes dettes pécuniaires. Pour les autres, je ne sais si j’aurai assez d’une vie pour y arriver un jour., admit Ryo.  

- A part la quincaillerie, pas grand-chose., répliqua le géant.  

- Tu remercieras qui de droit pour son aide. Il en fallait du courage pour se jeter dans la gueule du loup. Ce n’étaient pas des tendres… Elle n’aurait pas dû y aller. C’était de la folie., constata le dirigeant au moment où la porte de la salle de bains s’ouvrit.  

- Vous… Vous lui avez dit ?, lâcha Kaori, stupéfaite.  

 

Elle les fixa du regard, incrédule, tous les trois avant de se tourner vers Ryo qui fronçait les sourcils.  

 

- Dit quoi ? Que Falcon m’avait sauvé avec l’aide d’une personne providentielle ? Pourquoi ce serait un secret ?, lui demanda son compagnon.  

- Oh…, lâcha Kaori, se rendant compte de sa bourde.  

- Pardon… C’est ça de participer à une conversation dans laquelle on n’était pas. On comprend tout de travers., plaisanta-t-elle.  

- Merci pour les affaires. Ca fait du bien de pouvoir se changer., apprécia-t-elle, espérant bien détourner le cours de ses pensées.  

- Je vais profiter que vous êtes là pour voir pour le rapatriement., fit-elle, esquissant un sourire poli.  

- Shin a déjà fait le nécessaire. Ce sera pour ce soir ou demain matin., l’informa Ryo, fronçant un peu plus les sourcils.  

 

Il était peut-être dans le flou mais son audition fonctionnait parfaitement bien et il entendait la tension dans la voix de sa compagne.  

 

- Merci, Shin. Tu dois être soulagé, Ryo. On va rentrer à la maison., lui dit-elle, venant s’asseoir à ses côtés.  

 

Ses mots trouvèrent une résonance particulière à ses oreilles, faisant remonter des souvenirs à la surface, des souvenirs flous mais qu’il savait bien réels des moments après la libération. Il fronça les sourcils, porta la main à la tête, un léger vertige le prenant, avant de sentir une autre se poser sur son épaule.  

 

- Ryo… Ryo… Tout va bien. Tu es avec nous. Tu n’es plus là-bas., lui affirma-t-elle, revoyant le même air qu’il avait eu pendant ses cauchemars.  

 

Il ne pouvait pas croire que c’était la vérité. Il ne pouvait pas croire que les faits l’amenaient à un seule explication possible, quelque chose d’incroyable mais pourtant vrai, que tout ce à quoi il avait tendu aurait pu être anéanti cette nuit-là pour le sauver.  

 

- Dis-moi que ce n’était pas toi qui étais avec Umi, Kaori., murmura-t-il, la voix tendue.  

 

Les quatre autres se tendirent instantanément et la jeune femme ne sut que répondre.  

 

- Dis-moi que j’ai rêvé ta voix et tes mains sur moi. Dis-moi que, lorsque tu as dit tout à l’heure que le camp était sens dessus dessous, c’était juste les paroles de Falcon que tu répétais., ajouta-t-il.  

 

Que lui répondre ? Aucune alternative n’était la bonne à ses yeux. Il se mettrait certainement en colère si elle lui avouait, serait peut-être déçu de savoir qu’elle avait tenu une arme entre ses mains mais lui mentir était tout aussi néfaste et contraire à ce qu’ils étaient.  

 

- Je… Je ne pouvais pas… Je devais… Ton absence était juste insupportable., lâcha-t-elle avant de sortir de la chambre, incapable de soutenir son regard ou d’entendre sa désapprobation.  

 

Elle ne courut pas vers la sortie ni vers tout autre endroit éloigné. Elle s’arrêta juste derrière la porte et s’appuya au mur, tentant de contrôler la peur qui la prenait et les larmes qui montaient. Elle avait besoin d’échapper à son regard mais tout autant de savoir qu’il était là, à l’abri.  

 

- Mick…, intervint Ryo, ayant entendu la porte claquer.  

- Elle est juste derrière la porte. Tomo est avec elle., lui apprit-il, ayant croisé le regard du garde du corps.  

- Comment a-t-elle pu se retrouver dans cette situation ?, gronda le dirigeant.  

- Elle… Elle est rusée. Elle s’est échappée de la chambre après avoir tenté de partir avec Umi et dit qu’elle nous laissait faire pour en finir., expliqua Mick, passant une main nerveuse dans ses cheveux.  

 

Il s’en voulait de ne pas s’en être aperçu jusqu’à l’appel de Falcon pour les informer que Ryo était libre et qu’ils roulaient vers l’hôpital de la ville. C’était uniquement à ce moment-là qu’il avait constaté la disparition de son amie en voulant la prévenir de la libération de son compagnon. Bizarrement, il ne s’était même pas demandé où elle était. Il avait su.  

 

- Elle a grimpé dans ma voiture par surprise. Je n’aurais rien pu faire pour la déloger de là et je préférais l’avoir sous ma garde que déambulant dans une ville qu’elle ne connaît pas en pleine nuit., expliqua le géant.  

- Les explosions dans le camp, c’était elle alors ?, supposa Ryo, songeur.  

- Oui. Elle apprend vite. Les équipes de base-ball ont manqué une bonne recrue., répliqua Umibozu, tirant un regard d’incompréhension des trois autres hommes.  

 

Il n’explicita pas sa remarque, se contentant d’esquisser un léger sourire.  

 

- Je n’arrive pas à y croire…, murmura le dirigeant, se sentant dépassé par tous ces évènements.  

- Je suis venu mettre fin à une grève et, au final, j’apprends que ma compagne fait joujou avec des grenades., ajouta-t-il.  

- Tu pourras te targuer d’avoir une vie trépidante., glissa Mick, sentant son ami revenant de sa surprise.  

- J’aurais préféré résoudre mon problème originel., grommela Ryo, sentant la fatigue le reprendre.  

- Il est résolu., intervint Shin.  

- Quoi ? Les employés ont repris le travail sans autre revendication ?, s’étonna le dirigeant.  

- Je ne peux pas laisser la situation pourrir ainsi., fit-il, fronçant les sourcils.  

 

Shin apprécia l’implication de son pupille. Ils n’avaient clairement pas eu la même vision des choses mais Ryo restait droit dans ses bottes et, ça, c’était quelque chose qu’ils partageaient et qui était plus cher à ses yeux, l’intégrité.  

 

- La situation ne va pas pourrir. Kaori a mené la négociation pour toi et je dois avouer qu’elle m’a impressionné. Tu n’auras plus qu’à signer ce qui a été négocié mais tu as le temps. Les salariés ont confiance., lui apprit-il.  

- Ca ne chasse pas le doute sur la nationalisation., pipa Ryo, légèrement soulagé.  

- Tu peux classer ça aussi. A sa demande, j’ai fait jouer mes relations et tu n’as pas d’inquiétude à avoir., répondit Shin.  

 

Le silence s’installa quelques instants, Ryo digérant la nouvelle qu’il venait d’apprendre. Sa Kaori avait endossé son rôle pour mener à bien son projet, elle avait ensuite foncé sur le terrain pour venir à sa rescousse. Folie ou amour, il n’aurait su dire mais il était touché.  

 

- Elle a vraiment fait cela ? Et les ouvriers l’ont écoutée ?, fit-il, voulant être sûr de ce qu’il avait entendu.  

- Oui. Ils l’ont écoutée, respectée comme si c’était toi et ont parlementé jusqu’à obtenir un terrain d’entente., lui confirma Shin.  

- C’est vrai, Ryo. J’étais là avec Shin. Elle a voulu le faire pour toi, pour que ce qui t’arrivait ne soit pas vain, pour respecter ton engagement auprès de ces personnes., intervint Mick.  

 

Submergé, épuisé, Ryo passa une main sur son visage doucement pour en chasser la tension. Ce fut le signal pour les trois hommes.  

 

- Nous allons te laisser te reposer. On te tiendra informé pour le rapatriement., fit Shin, se tournant pour suivre Mick et Umi qui étaient déjà sortis après l’avoir salué.  

- Ryo… Si je peux me permettre un conseil, fais quelque chose pour Kaori. Sans ma présence ici, elle serait toujours dehors à attendre de tes nouvelles. Je sais ce qui vous lie mais, officiellement, vous n’êtes rien l’un pour l’autre. Réfléchis-y., lui conseilla son tuteur avant de prendre le chemin de la sortie.  

- Shin… Merci d’être venu… et d’avoir été là pour elle., apprécia Ryo.  

- Je n’aurais voulu être nulle part ailleurs., lui répondit Kaïbara avec un regard paternel posé sur lui.  

 

Ce qu’il ne put voir, Ryo l’entendit et acquiesça, touché, suivant vaguement son tuteur du regard, l’entendant ouvrir la porte.  

 

- Peux-tu demander à Kaori de venir, s’il te plaît ?, l’interrogea-t-il.  

 

Il n’eut pas à lui demander qu’elle apparaissait, anxieuse, à la porte.  

 

- Elle est là., lui annonça son tuteur.  

- A ce soir, les jeunes., les salua-t-il, refermant derrière lui.  

- Viens., l’appela-t-il, voyant vaguement sa silhouette au loin.  

 

Elle approcha, inquiète de sa réaction, et fit pour s’asseoir sur le fauteuil mais il se décala dans le lit.  

 

- Viens à côté de moi., lui demanda-t-il.  

- Je ne voulais pas te décevoir., murmura-t-elle, n’osant approcher plus.  

- As-tu été déçue quand tu m’as vu tirer sur le Renard d’Argent ?, l’interrogea-t-il.  

- Non. J’ai eu mal de ce que ça pouvait te faire., répondit-elle, se remémorant ce moment comme s’il avait eu lieu la veille.  

- Alors tu comprends ce que je ressens… et, en même temps, je suis très fâché contre toi pour t’être mise en danger… mais aussi ému, et encore ça me semble trop faible, que tu aies fait tout cela pour moi… et aussi horriblement fier… et peut-être encore quelques adjectifs parfois contradictoires… Bref tout cela pour te dire que tu m’as bouleversé… encore une fois., conclut-il avec un léger sourire.  

- Viens à côté de moi., lui redemanda-t-il.  

- Ne m’oblige pas à me lever pour t’attirer dans mon lit. Je vais avoir horriblement mal., argumenta-t-il.  

 

Il sentit le poids sur le matelas et la chaleur de son corps irradier sur lui.  

 

- Plus près. Mon bras ne me fait pas souffrir. J’ai envie de sentir réellement ce qui m’a permis de tenir quand j’étais là-bas. Tu n’imagines pas à quel point j’étais soulagé de te savoir en sécurité., lui avoua-t-il, frottant le nez contre ses cheveux.  

- Ton absence m’était insupportable., murmura-t-elle, glissant un bras sur son abdomen parsemé de traces rouges violacées.  

- Je te fais mal ?, s’inquiéta-t-elle, retirant la main.  

 

Il la retint de celle perfusée.  

 

- Non, j’ai une potion magique qui court dans mes veines. Je ne sens rien., lui mentit-il.  

 

La douleur était encore présente mais beaucoup plus supportable en sa présence. Il savait qu’il aurait pu demander un anti-douleur plus puissant mais il voulait être avec elle et non dormir.  

 

- Je t’aime, Kaori., murmura-t-il.  

- Moi aussi. Si tu savais à quel point je t’aime., hoqueta-t-elle, la gorge serrée après avoir eu peur d’être séparée de lui.  

- Embrasse-moi, Sugar., lui demanda-t-il.  

 

Elle ne se fit pas prier et, tentant de ne pas s’appuyer sur lui, se pencha et l’embrassa avec tout l’amour qu’elle ressentait pour lui, sentant en retour celui qu’il éprouvait pour elle et qui leur avait donné la force de traverser cette épreuve. 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de