Chapter 3 :: Chap 3 : Faux duels

Published: 09-02-14 - Last update: 09-02-14

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Chap 3 : Faux duels  

Le jour venait de se lever lorsque Ryô, vidé, monta enfin à l'appartement. S'entraîner au tir toutes ces heures sans s'accorder la moindre petite pause avait eu le mérite de le fatiguer et d'épuiser son esprit. Tel un grand-père, il se traîna dans les escaliers. Pourtant, toutes ses forces lui revinrent lorsqu'il s'approcha de la chambre de Kaori.  

Malgré ses résolutions, le nettoyeur ne parvint à s'éloigner de cette porte, il voulait s'assurer qu'elle allait bien. Il n'eut pas besoin d'entrer dans la pièce pour savoir que sa partenaire dormait paisiblement. Elle semblait heureuse, car son aura dégageait un grand halo de joie et de sérénité.  

Devant cette tentation, le jeune homme ne résista pas, il lutterait plus tard ou une autre fois. Il prit le risque d'entrouvrir la porte et passa sa tête le plus discrètement possible. Le tueur numéro Un du Japon fondait littéralement devant sa partenaire. Comme à son habitude, il profitait de son sommeil pour l'admirer.  

Comme il s'y attendait, le visage de sa Sugar était illuminé par un doux sourire, en cet instant, il pensa que jamais il ne se lasserait d'un si merveilleux spectacle. Sans le savoir, son équipière était la plus belle femme qu'il ait jamais vue.  

Certes, elle n'était pas aussi sexy que la majeure partie de leurs clientes, mais elle était au-dessus de toutes ces femmes. Kaori était naturellement sublime, elle n'avait besoin d'aucun artifice, d'aucune tenue ultra féminine pour être fantastique. Son corps suffisait, à lui seul, à faire craquer n'importe quel homme. A ce moment précis, le nettoyeur bénit la naïveté de sa partenaire.  

Car si elle savait l'effet qu'elle avait sur lui et surtout l'effet qu'elle pourrait avoir sur les autres  

hommes, il serait en très mauvaise posture. Il lui serait impossible de rester de marbre et de cacher sa jalousie et par conséquent, serait forcé de révéler ses sentiments.  

Heureusement, ce n'était pas dans les habitudes de son Ange de faire des efforts de tenues. Après avoir apprécié ces quelques minutes passées à côté de sa princesse, sans son masque de pervers, Ryô s'arracha difficilement à son envie de lui révéler ses sentiments pour pouvoir enfin l'aimer librement. Frustré et attristé, délicatement, il referma la porte et se dirigea vers sa chambre. Ce bref instant de bonheur lui avait fait le plus grand bien.  

Pourtant, c'était aussi la source de sa plus grande douleur. Ryô aurait tant aimé se faufiler près de Kaori, se déshabiller et se réchauffer auprès d'elle. Il voulait lui chuchoter des mots doux et la serrer contre lui, l'enlacer et lui montrer toute l'importance qu'elle avait pour lui.  

Au lieu de ça, le nettoyeur se déshabilla, dans le couloir, laissant, volontairement, traîner ses  

vêtements encore humides partout. Il faisait le contraire de ce qu'il souhaitait en redevenant le  

goujat que son équipière connaissait. Il ne devait montrer aucune faille, il cacherait une fois de plus ses sentiments pour elle, il les refoulerait au plus profond de lui.  

Une fois dans sa chambre, le cœur du nettoyeur était lourd, voire douloureux, il tenta de respirer profondément pour reprendre le contrôle. Son calme retrouvé, il redevint l'homme égoïste, connu de tous et se coucha. Le sommeil ne se fit pas attendre, il s'effondra.  

Au même instant, Kaori se réveillait tranquillement. Détendue par sa journée de la veille et heureuse d'avoir passé une très bonne nuit, elle ne se leva pas tout de suite. La jeune femme voulait prolonger son sentiment de bien-être et de béatitude. Elle garda un moment les yeux fermés, s'enroula dans sa couette et s'imagina être une princesse qui attendait d'être réveillée par son prince charmant.  

Quelques minutes plus tard, la jeune femme décida qu'il était temps de commencer cette nouvelle journée. Elle s'étira tel un chat, ouvrit doucement les yeux, regarda la photo de son frère. Son cœur se serra, il lui manquait tant. Malgré les années passées, sa souffrance était toujours là, mais ne voulant pas se laisser abattre, elle ôta sa couette et sauta du lit.  

Alors qu’elle posait un pied par terre, la nettoyeuse fut très surprise de reconnaître l'aura de son partenaire au moment même où elle pensait à son prince charmant. Ne comprenant pas pourquoi elle avait ressenti sa présence, Kaori prit une de ses massues et ouvrit doucement la porte de sa chambre, prête à bondir.  

En tant que nettoyeuse, elle devait être prête à affronter toutes sortes de dangers, même d'éventuels cambrioleurs ou ennemis. La jeune femme sortit la tête de sa chambre, pas un bruit, personne ne se trouvait chez eux. Ryô était donc rentré !  

Etonnée par la présence très matinale de son équipier, elle ne vit pas tout de suite les vêtements humides laissés sur le sol. La nettoyeuse ne comprenait pas pourquoi il était ici, elle sentit une légère inquiétude la gagner. Elle se demanda s'il n'était pas arrivé quelque chose, et tout de suite, la jeune femme pensa lui préparer un bon petit déjeuner pour qu'il démarre bien sa journée, lorsqu'elle marcha sur un tee-shirt poisseux.  

A cet instant, l'état de l'appartement lui sauta aux yeux et la bonté dont elle voulait faire preuve fondit aussi vite que la neige au soleil. Kaori souleva la massue qu'elle avait prise pour se défendre et folle de rage, elle défonça la porte de la chambre de son partenaire.  

Sans prendre garde à son équipier profondément endormi, la nettoyeuse lui lança la massue qui envoya Ryô s'écraser sur le mur. Le nettoyeur, réellement aux pays des rêves, n'avait ni senti la colère de sa partenaire, ni prévu ce magnifique coup.  

Il était si fatigué, qu'il ne prononça pas un mot et ne riposta pas. Il se contenta de se laisser glisser sur le sol, cela ne servait à rien de retarder son sommeil. Il savait très bien pourquoi il venait de se prendre cette massue, c'était normal au vu de ses actes. A peine eut-il touché le sol qu'il se rendormit.  

Stupéfaite par l'attitude de son partenaire, Kaori resta muette, les bras ballants. Elle s'était attendue à ce qu'il crie, s'énerve et l'insulte ! Au lieu de ça, son partenaire n'avait rien dit et rien fait, elle n'en revenait pas. Ce comportement lui parut louche et étrange, et aussitôt la jeune femme se demanda ce que cela cachait.  

Alors, voulant savoir la raison de sa présence ici, elle commença à lui crier dessus et à le secouer mais rien ne le réveilla, dépitée, elle sortit de la chambre. Folle de rage, elle arracha la porte lorsqu'elle voulut la fermer. Plutôt que de s'inquiéter ou de s'excuser, elle fonça vers sa chambre.  

La nettoyeuse prit violemment ses vêtements et se dirigea vers la salle de bain. Une fois sous la douche, sa colère retomba bien vite et fit place à des larmes. En fait, c'était plus de la déception et de la tristesse qu'elle ressentait. Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait avec un tel bon-à- rien, un homme qui la prenait pour une simple bonne à tout faire. La jeune femme se demandait si elle ne serait pas mieux seule.  

Au même moment, Ryô, seul dans sa chambre, garda les yeux fermés mais ne dormait plus. Il s'en voulait de mettre sa partenaire dans un tel état de si bon matin. Mais cela était nécessaire s'il voulait qu'elle se détache de lui. Et puis après tout, elle l'avait toujours connu comme ça alors, il ne comprenait pas pourquoi ça la touchait encore.  

Pour elle, c'était son lot quotidien alors pourquoi réagissait-elle toujours comme ça ? Le nettoyeur connaissait la réponse mais il se refusait à la concrétiser. Il avait décidé d'accentuer ses défauts et ses travers, donc il devait s'y tenir.  

Pourtant, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. Il était la cause de toutes les  

souffrances de la seule femme qu'il aimait. A son grand désespoir, Kaori finirait par ne plus lui trouver d'excuses mais cela était nécessaire pour qu'elle cesse enfin d'avoir des sentiments pour lui.  

Le détester ou le trouver pitoyable serait aussi le meilleur moyen pour elle de rester sur ses gardes. Si tout le milieu était convaincu qu'il n'y avait qu'une relation professionnelle entre eux, elle aurait de plus grandes chances de survie et ne serait pas une victime potentielle à tous bouts de champs. Cela serait plus facile pour lui de la protéger et pour elle de peut-être quitter cette vie.  

Sa gorge était sèche de honte, de colère et de douleurs, mais Ryô tenta de se convaincre que c'était pour leur bien à tous les deux. Mais ses certitudes s'affaiblissaient, il se demandait s'il n'allait pas s'excuser auprès de son Ange pour les vêtements quand il entendit la porte d'entrée se fermer d'un coup sec et triste.  

Le cœur lourd, le nettoyeur se leva et alla se recoucher, il était trop épuisé pour penser et cela correspondrait mieux à son personnage d'être encore au lit au retour de sa partenaire. Sans s'en rendre compte, en s'endormant, il murmurait le prénom de Kaori.  

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