Chapter 21 :: A la croisée des chemins

Published: 03-03-11 - Last update: 29-04-11

Comments: Hello tout le monde. Voici la suite, enfin! Merci pour vos coms, c'est toujours un réel plaisir de vous lire.Lulu, je ne peux que me prosterner devant autant de discernement. Tu avais parié à 95 % et tu avais vu juste. Cris, je pense que là, une partie de la lumière va se faire. Va falloir attendre la suite pour avoir le fin mot de toute cette histoire. Bonne lecture. Bisous

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Ce fut à la quatrième vitesse qu'il dévala les escaliers de son appartement pour refermer violemment la porte de chez lui, derrière lui. Il s'engouffra dans la cage d'escaliers le coeur cognant tambour battant alors que le silence avait reprit pleinement possession de la nuit.  

_Désolée ! fit l'ange d'un battement d'ailes en le voyant passer devant elle affolé.  

Elle le trompait tout comme la mort l'avait trompée ELLE, mais elle n'avait pas le temps de partir dans une explication et un interrogatoire interminable. Le fin justifiait les moyens dans certains cas et dans ce cas plus qu'aucun autre cas. Elle aviserait après. Le plus important c'était qu'il était le seul capable de pourvoir l'aider et surtout de la voir. Elle déploya ses ailes et se mit à le suivre.  

C'est alors que de sous le lit, le mot que sa compagne lui avait laissé glissa comme par magie, poussé par la douce brise du battant d'ailes de l'ange. Il décolla du sol pour se mettre à glisser telle une pierre sur l'eau par ricochets afin de finir sa course au milieu de la chambre sur le tapis. Sur ce papier il y avait d'écrit:  

_"Une urgence, ne m'attend pas. Je t'aime !  

K. "  

Il quitta enfin son immeuble suivi de près par l'ange. Dans sa précipitation, il avait juste pris le temps d'enfiler ses vêtements, sa chemise était à moitié ouverte et mal boutonnée, sa ceinture non sanglée, ses chaussures non lacées si bien qu'il faillit à plusieurs reprises raté une marche et se fracasser le crâne sur le mur en face. Il était débraillé et l'urgence du moment avait relié sa personne au second plan, lui qui était toujours tiré à 4 épingles. L'inquiétude se lisait sur son visage. Il ouvrit violemment la porte de l'immeuble et se retrouva dans la cours recouverte de neige. Une vent froid vint caressé son visage et s'engouffra dans sa chemise ouverte ne le faisant nullement tressaillir. Il regarda tout autour de lui affolé. Il ne savait pas quelle direction prendre. Pour la première fois de sa vie, il se sentit dépassé par les évènements. Lui qui contrôlait toujours tout se sentit perdu et impuissant. Il n'avait aucune idée de l'endroit où elle avait bien pu se rendre. Il la connaissait mieux que personne certes, mais dans ce cas même en essayant de se mettre à sa place il ne savait pas où elle était susceptible de s'être rendue. Son regard scruta alors les alentours à la recherche d'un indice mais rien. Même les traces de pas avaient été recouvertes par la neige. Sa respiration bruyante et saccadée montrait toute son inquiétude. Le filet de fumée blanche qui s'échappa de sa bouche fut mêlé à un profond soupir de frustration et surtout d'impuissance.  

_Et maintenant, qu'est ce qu'on fait ? s'impatienta celui-ci. Par où on va ? Comment on va faire pour la retrouver ? lâcha-t-il en se tournant pour faire face à l'ange. Il manquait plus que la neige ! dit-il d'un ton agacé tout en s'agitant. Tout chez lui traduisait sa nervosité, son regard qui ne cessait de scruter l'horizon, sa respiration bruyante, ses poings moites qu'ils ne cessaient de serrer.....  

_Calmez-vous !  

_Que je me calme..... comment voulez-vous que je me calme avec ce qui se passe. Tokyo est une grande ville. Elle peut être n'importe où ! L'inquiétude avait pris le pas sur la sérénité dont il faisait preuve en toutes circonstances.  

_Elle porte sur elle mon empreinte, l'avisa celle-ci.  

_Je ne comprends pas.  

_J'ai dispersé sur elle des paillettes d'or, il me suffit de suivre sa trace.  

Il se mit à la recherche de ces dites paillettes dorées, il regarda tout autour de lui et constata que lui ne voyait que de la neige à perte de vue.  

_C'est inutile, vous ne les verrez pas le prévient l'ange alors qu'il scrutait méticuleusement le sol. Elles ne sont visibles que pour les anges.  

_Allons-y alors ! Qu'est ce qu'on attend ?  

_La neige a déjà commencé à les recouvrir. D'ici peu, il me sera impossible de les distinguer.  

_Ne perdons pas de temps alors!  

_Il est déjà trop tard ! lança celle-ci sur un ton fataliste qui accéléra les battements du coeur de celui-ci.  

_Qu'est ce qu'on fait ? demanda celui-ci inquiet.  

L'ange ne lui prêta pas plus d'attention. Elle ferma les yeux, déploya ses ailes et tenta de se concentrer. A cet instant, il remarqua pour la première fois qu'elle avait une immense paire d'ailes qui le laissa sans voix. C'était réellement bel et bien un ange. Elle était juste magnifique et à couper le souffle. Tout ce qui se dégageait d'elle et qu'il parvenait à percevoir et ressentir n'était que douceur, que beauté et paix. Il la regarda de longues secondes, retenant sa respiration comme pour suspendre cet instant dans le temps. Les flocons de neige ne faisaient que la traverser la rendant encore plus angélique. Le fait de se retrouver là au milieu de cette cours déserte, nez à nez avec elle bouleversa toutes ses convictions. Comment cet être étrange et aussi merveilleux à la fois pouvait se retrouver là, devant lui. Il avait encore du mal à tout comprendre. Cela ne pouvait être que de la magie. Si les anges existaient réellement et que la mort officiait elle même dans sa forme originelle humaine d'antan alors pourquoi la magie elle aussi ne serait pas réelle ? Plus il la regardait et plus elle lui semblait familière. Il ne pouvait se défaire de se sentiment, de cette impression de déjà vue. Il n'avait pas émis le moindre son, seule la fumée blanche qui s'échapper de ses fines lèvres entrouvertes et sèches trahissait sa présence. C'est alors que perdu dans sa contemplation il remarqua que celle-ci se faisait de plus en plus transparente. C'était comme ci elle allait disparaître d'un instant à l'autre soufflée par le vent.  

_Je sais où elle est ! lui annonça alors l'ange en se laissant tomber sur ses genoux alors que ses immenses ailes se refermèrent. Elle donnait l'impression d'être à bout de souffle et à bout de force. Elle posa ses mains sur son coeur comme pour le calmer, elle semblait réellement souffrir.  

_C'est douloureux ? ........Est ce que ça va ? s'inquiéta celui-ci en posant sa main sur son épaule qui ne fit que la traverser.  

L'ange releva alors la tête et lui sourit .  

_Votre sollicitude me touche. J'arriverai sans mal à croire que vous êtes inquiet pour moi. Pour un homme qui ne croit ni aux anges, ni aux démons, et ni en dieu je trouve cela intéressant.  

Bien sûr qu'il était inquiet, elle était sa seule connexion avec elle, la seule qui puisse le guider, l'aider, calmer ses angoisses, la seule qui puisse lui dire quoi faire.  

_Vous êtes pâle ! Enfin, ce que je veux dire c'est que vous êtes encore plus translucide. J'ai l'impression que vous allez vous effacer, que vous mourrez devant moi.  

_C'est juste. Je suis entrain de mourir d'une certaine façon.  

_Comment ça ?  

_J'ai puisé dans le peu de force qu'il me restait c'est pour ça. Je vais bientôt complètement disparaître.  

_Non........non et non.....! hurla celui-ci alors que la panique commençait à le gagner. Vous ne pouvez pas! Vous devez rester avec moi, me guider, m'aider à la retrouver et me dire ce qu'il va falloir faire pour contre carré les plans de la mort.  

_Au cime.....tièreeeeeeeeee parvint-elle à dire avant de complètement disparaître le laissant dans une panique presque totale.  

Face à un ennemi de chair et de sang, il aurait su comment agir sans demander quoi que ce soit à personne. Avec son arme il aurait vite fait de solutionner et de régler le problème mais là face à des anges, face à la mort, face à des entités déjà mortes depuis des années, des siècles..... il était perdu. Seul, il se retrouvait seul.  

***************  

Dans l'immeuble en face, un homme commença à s'agiter dans son grand lit devenu subitement glacial et trop grand pour lui. De sa main, il chercha sa compagne mais ne trouva que du vide. Il se releva alors sans allumer la lumière et constata qu'elle n'était plus là. Elle avait déserté le lit qui avait accueilli leur nuit passionnée. Sans prendre la peine d'enfiler un caleçon, il rejeta le drap, quitta le lit et sa chambre à la recherche de sa douce moitié. Il se demandait tout de même pourquoi elle avait déserté leur nid d'amour. Il allait la surprendre. Il fit toutes les pièces de l'appartement, il ne la trouva nulle part. Il ne sentit pas sa présence, ce qui l'inquiéta. Il remonta à l'étage, gagna sa chambre et alluma la lumière. Son pyjama qu'il avait jeté négligemment sur le sol plus tôt ne s'y trouvait plus.  

Il commença à s'inquiéter. Pourquoi à son réveil, ne s'était-elle pas trouvée à ses côtés? Pourquoi ne ressentait-il pas sa présence? Il regarda tout autour de lui affolé mais rien. C'est alors que son regard se posa sur la feuille en papier qui trônait sur son oreiller à elle. Il se rua dessus et la saisit de ses deux mains pour la lire. Son regard scruta les lignes une à une et au fur et à mesure que les mots défilaient devant ses yeux, son regard s'assombrit et son front se plissa. L'inquiétude et la colère avaient transformé son visage devenu si serein en l'espace d'une nuit.  

Ce simple petit morceau de papier était parvenu à faire taire toute joie, tout bonheur dans son coeur. Seul subsistait la peur. La peur face à ces mots et aux sens qu'ils revêtaient. Il ne retint que trois mots, pardonne-moi et adieu. De tout le contenu de ce simple morceau de papier, seuls ces trois mots tournaient en boucle dans sa tête. Quelque chose s'était passé, quelque chose de grave et il n'avait rien soupçonné. Il serra de rage dans son poing ce morceau de papier, seul lien qui la reliait à elle et se rua sur ses vêtements. Il s'habilla illico presto, enfouit le morceau de papier dans une de ses poches puis prit les clés de sa voiture et se rua au garage.  

Il arriva en trombe dans le garage pour constater qu'elle n'avait pas pris sa voiture. Elle était donc partie à pieds. Il monta dans sa voiture, mit le contact et la fit démarrer. Le moteur se mit à rugir une première fois avant de partir dans une sorte de quinte de toux pour complètement s'éteindre.  

_Démarre, je t'en prie.  

Il réitéra la chose mais cette fois ci rien. Il venait de noyer le moteur. Il s'acharna sur celui-ci quelques minutes avant de réaliser qu'il n'en tirerait rien.  

_C'est pas vrai ! cria celui-ci.  

Il pesta contre celle-ci et donna un violent coup sur le volant avant d'en sortir précipitamment et de quitter le garage. Il sortit de l'immeuble, l'inquiétude se lisait sur son visage. Où était-elle allée? Pourquoi était-elle partie en plein milieu de la nuit sans rien lui dire? Et ce mot qu'est ce qu'il voulait réellement dire? Il le savait, oui il connaissait la signification réelle de ce mot et des mots employés mais il ne pouvait se résoudre à y croire, à l'accepter. Et pourtant, il n'y avait qu'un seul endroit où elle pouvait s'être rendue, oui un seul endroit au monde où elle pouvait être. Il sortit de son immeuble en courant . Ses pas étaient tellement précipités qu'il n'avait prêté aucune attention à la neige qui était tombée et qui recouvrait les escaliers, si bien qu'il glissa et faillit perdre l'équilibre. Il se rattrapa inextremiste contre la porte ce qui stoppa sa course . Il poussa alors un soupir de soulagement et s'apprêta à descendre les marches lorsque la vision qui fut la sienne le stoppa net.  

Devant lui, une scène irréelle était en train de se dérouler. Il se frotta les yeux afin de s'assurer qu'il ne rêvait pas. Non, il était bien réveillé. En plein milieu de la cour, un homme s'égosillait seul, il parlait, non criait tout en gesticulant. Si cet homme lui avait été inconnu il aurait pensé s'être trouvé devant un fou mais là, il connaissait bien cet homme, ce frère d'armes. Il semblait entretenir une conversation avec quelqu'un, alors que devant lui et tout autour de lui il n'y avait personne. Il était seul, seul sur cette grande place vide. Il n'avait pas le temps de s'occuper de lui, il avait une chose bien plus importante à faire avant : la retrouver avant que cette angoisse que son coeur ressentait ne se réalise. Il entendit malgré tout des bribes de ce qui semblait être une conversation alors qu'il descendait les escaliers extérieurs de son immeuble.  

_Et maintenant, qu'est ce qu'on fait ? Par où on va ? Comment on va faire pour la retrouver. Il manquait plus que la neige.  

_Que je me calme..... comment voulez-vous que je me calme avec ce qui se passe hurla celui-ci en levant ses deux mains en l'air. Tokyo est une grande ville. Elle peut être n'importe où !  

_Je ne comprends pas.  

C'est alors qu'il le vit tourner sur lui même puis se mettre à quatre pattes pour fouiller la neige. Il semblait réellement avoir perdu l'esprit. Il n'avait pas du encore cuver tout l'alcool de la veille, ce qui expliquait son comportement. Il le vit alors se relever et relever la tête pour regarder devant lui.  

_Allons-y alors, qu'est ce qu'on attend.  

_Ne perdons pas de temps alors!  

_Qu'est ce qu'on fait ?  

Il le vit faire un pas en avant, se baisser puis lever sa main. Il donnait l'impression de vouloir toucher quelque chose, il donnait réellement l'impression de s'adresser à quelqu'un. C'est alors qu'il le vit se relever précipitamment et se mettre à hurler.  

_Non............non et non.... hurla celui-ci.  

Il se mit à s'agiter dans tous les sens. C'était vraiment mauvais signe. Il n'avait vraiment pas de temps à perdre avec lui, il verrait cela plus tard.  

*******************  

Il était tout seul, il allait devoir régler ça par lui même et il n'avait aucune idée de la façon de procéder. Comment lutter contre la mort. Il devait commencer par la retrouver. Le cimetière, il devait s'y rendre de toute urgence, une fois sur place il aviserait. Il leva la tête pour regarder ce ciel sombre dont la neige ne faisait que tomber lorsque son regard s'arrêter sur l'immeuble en face du sien. Ils devaient être entrain de dormir paisiblement sans se douter de ce qui pouvait se passer à cet instant. Il devait prévenir ses amis, il avait besoin d"aide car il se sentait dépassé. Il n'avait aucune idée de la façon dont il allait leur dire les choses. Ils n'allaient jamais le croire, lui même avait encore du mal à y croire et cela malgré tous les dires et toutes les preuves que l'ange lui avait fournis. Non, il ne devait pas perdre de temps. Il baissa alors son regard et s'apprêta à prendre son portable dans la poche intérieure de sa veste lorsque son regard croisa celui de son ami au pied de son immeuble qui le fixait. Tous d'eux s'écrièrent en même temps:  

_Ryo ?  

_Mick ?  

_Faut que je te parle ! Tu croiras jamais ce qui m'arrive !  

_Plus tard Angel, j'ai vraiment pas le temps. Elle a disparu ! lui lança celui-ci en descendant le reste des marches et en prenant la direction opposée à son ami.  

_Où tu vas ?  

_Au cimetière ! Et toi ?  

En entendant sa réponse celui-ci se figea. Toute son attention se porta alors sur le dos de son ami qui s'éloignait de lui suspendant le temps l'espace d'un instant. A ce moment l'esprit torturé de l'homme inquiet et apeuré laissa la place à l'esprit aiguisé du nettoyeur. Son regard éteint retrouva cette étincelle qui faisait sa force. Toutes les connexion à son cerveau se firent. Il se demandait pourquoi le cimetière et Ryo venait de lui donner la réponse.  

_Moi aussi.........dit-il en se détournant de son ami afin de faire le point sur la situation. Cette réponse stoppa Ryo qui tourna dans sa direction pour le voir plongé dans ses pensées.  

_C'est Kaori ! s'exclama alors Mick comme une révélation. C'est elle qui est au cimetière ! se dit-il à haute voix en tapant du poing sur sa paume. Que je se suis bête ! Mais bien sûr, ça ne peut-être qu'elle.  

C'est alors qu'il repensa à tout ce qui s'était passé dans sa propre chambre et à tout ce que l'ange lui avait montré, des bribes de scènes ne la mettant jamais réellement en scène. Il avait ressenti, éprouvé sa peur, sa solitude, il avait vu le spectre de la mort mais à aucun moment il ne l'avait vue elle, son visage. Toutes les pièces s'assemblaient enfin les unes aux autres. Comment j'ai pu croire un instant .......  

Il avait fallu qu'il croise son ami pour que tout devienne plus clair. Il avait vraiment manqué de discernement. Le fait d'avoir pensé la perdre avait rendu son jugement bien moins pertinent. Etre touché ainsi en plein coeur avait vraiment amoindri ses capacités. C'est donc ce que ressentait son ami à chaque fois que Kaori se faisait enlever. Il n'y avait rien de plus terrible pour un nettoyeur et les hommes d'action qu'ils étaient que de ne rien contrôler, d'être impuissants.  

Mick savait qu'avec ce simple prénom, il venait de capter toute l'attention de Ryo et plus encore. Il ne se soucia nullement de son ami qui se tenait à quelques mètres de lui et qui attendait que celui-ci lui explique ce qu'il venait de lui révéler. Avant ça, il devait s'en assurer. Il prit son portable sous le regard scrutateur de Ryo qui était revenu sur ses pas pour le presser un peu plus. Oui il avait besoin de calmer les élans de son coeur et surtout cette peur effrénée qui ne faisait que s'accroître. Il composa le numéro de la clinique et resta attentif à chacune des sonneries. Les secondes s'écoulèrent et s'étirèrent lentement. Lorsque la voix du praticien se fit entendre à l'autre bout du fil et qu'il entendit la voix de sa douce crier sur celui-ci il soupira de soulagement.  

_Doc j'écoute.........un bruit sourd suivi la réplique de doc.  

C'est alors qu'il entendit le voix de sa douce de façon suffisamment audible pour comprendre pourquoi doc venait de se prendre une massue.  

_Vous avez osé espionner cette pauvre patience alors qu'elle prenait son bain...... Ca vous apprendra.  

Kazue enjamba le pauvre doc et prit le combiné.  

_Bureau du professeur j'écoute.  

En entendant cette voix libératrice, Mick sentit son coeur se calmer et ses poumons se gorger de nouveau d'air. Son corps tendu à l'extrême se relâcha enfin si bien que ses genoux fléchir légèrement et qu'il dut poser une main sur sa cuisse pour maintenir son équilibre.  

_Kazue...... parvint-il à prononcer avant de marquer une pause pour reprendre ses esprits et surtout sa respiration...... c'est bien toi ! ajouta celui-ci d'une voix terne.  

_Mick, qu'est ce qui se passe ? dit-elle inquiète par le timbre de voix de son amant. Pourquoi tu appelles à cette heure ? Il s'est passé quelque chose ?  

_Non rien, j'avais juste besoin d'entendre ta voix.  

_Tu vas bien ?  

_Très bien. Je t'aime Kazue!  

_Je t'aime aussi Mick.  

_A ce soir.  

Sans le laisser le temps de lui répondre, il raccrocha tout en serrant son portable dans sa main. Il releva la tête et croisa le regard inquiet de Ryo. Le choc de l'expression de son regard fut-elle qu'il recula d'un pas. C'était donc à ça qu'il ressemblait avant ce coup de fil libérateur. Il avait l'impression d'avoir en face de lui son propre reflet. Il était face à un miroir avec cette expression éteinte qui donnait l'impression de mourir un peu plus à chaque secondes écoulées. Se retrouver face à ce regard chamboula Mick plus qu'il ne l'aurait cru car cela le renvoyait, les renvoyaient tous deux à un statut d'homme. Ils étaient des hommes normaux face à certaine chose de la vie. D'un côté un regard bleu azur et de l'autre des prunelles noires avec pour chacun cette même peur, sourde, lourde et prenante les empêchant presque de respirer. Plonger son regard dans ce labyrinthe des ténèbres ne fit que lui faire voir sa propre âme car tout ce que Ryo ressentait à cet instant il le vivait également : tristesse, faiblesse, impuissante, angoisse, et surtout agonie. Ne dit-on pas que le regard est le reflet de notre âme, à cet instant cette phrase prenait tout son sens.  

Ce regard, ces yeux, il ne pouvait plus leur faire face. Ryo chercha une réponse à ce silence, à ce comportement, à cette situation et Mick se sentit incapable de la lui donner là tout de suite. Il avait besoin de temps, de plus de temps. L'azur bleuté de son regard se fit alors plus dur, et détournant son regard il lui dit :  

_Viens, je te conduis.  

Il passa devant lui sans lui laisser le temps de réagir. Ryo se mit alors à le suivre.  

_Tu m'expliques.  

_Pas le temps! Dépêchons-nous.  

Mick avait peur, il voulait gagner du temps. Il savait que dès qu'il aurait prononcé le mot ange et tout ce qui s'en suis, Ryo se braquerait, et prendrait une autre direction. Il ne voulait pas perdre de temps à tenter de le raisonner, et de le persuader, la vie de Kaori était en jeu.  

*********************  

Plus elle se rapprochait de la tombe de son frère et plus son coeur lui donnait de grands coups. Malgré l'issue fatale qui allait être la sienne, elle se sentait étrangement sereine si elle occultait la peur de son coeur. Elle avait tout misé sur cette dernière semaine auprès de Ryo qu'elle aurait voulu riches en confessions mais le destin lui avait joué un vilain tour. Une nuit, une seule nuit à partager, une seule et unique nuit à lui offrir . Un condensé de ce qui aurait du être tout une vie, réduit à une semaine pour finir par n'être qu'une seule nuit, un instant de bonheur, et déjà un souvenir. Elle ne lui avait pas dit de vive voix ces trois mots si chers à son coeur, elle les lui avait montrés et démontrés, et elle les lui avait écrits sur un petit bout de papier qui elle le savait ne le consolerait en rien. Elle s'en voulait de ne pas avoir eu le courage, non de ne pas avoir su trouver le courage pour les lui dire de vive voix, pour le regarder droit dans les yeux et lui dire je t'aime. Elle aurait voulu lui laisser ce souvenir d'elle mais quelque part elle en arriva à la conclusion que c'était mieux ainsi. Peut-être que le fait de ne pas lui avoir clairement exprimé ses sentiments le ferait moins souffrir. Ce fut sur cette pensée, qu'elle arriva enfin à la stèle de son frère.  

Elle regarda sa montre. D'ici moins d'une minute la grande aiguille aurait rejoins la petite aiguille. Un nouveau jour allait naître, alors qu'elle allait s'éteindre. Elle regarda tout autour d'elle dans les ombres dispersées du cimetière la trace de la mort mais rien ne trahissait sa présence.  

Alors elle allait vraiment mourir seule. La mort n'allait pas venir la chercher, elle n'allait pas officier par ce que c'était elle. Personne n'allait venir la chercher, personne n'allait la rassurer et personne n'allait la guider et l'aider à passer dans l'autre monde.  

_Hideyuki..... laissa-t-elle échapper dans un murmure alors que les larmes se mirent à couler le long de ses joues.  

Ses jambes chancelèrent si bien qu'elle tomba à genoux devant la pierre tombale de son frère. Kaori ne contrôlait plus son corps. Elle ne contrôlait plus rien et ce depuis une semaine. Où était passée cette semaine promis par la mort ? Pourquoi les choses ne s'étaient pas déroulées comme convenues ? Après avoir goûté aux plaisirs auprès de Ryo, après avoir connu l'amour, le vrai, le seul et l'unique, Kaori laissa éclater son désespoir. Elle ne voulait pas mourir, elle ne voulait pas mourir seule. Même la mort lui refusait sa présence pourquoi ? Dans un dernier geste de désespoir elle regarda sa montre tout en prenant appui sur la stèle en marbre de son frère. Le contact avec la matière froide de la pierre la paralysa sur place, si bien qu'elle éprouva des difficultés à respirer. En plus de mourir seule, elle allait mourir d'une façon atroce et douloureuse.  

Elle posa une main sur sa poitrine comme pour calmer, rassurer son coeur mais cela ne servit à rien. La douleur se fit alors plus forte jusqu'à lui couper le souffle. Kaori se sentit alors très lourde, elle se sentit glissée, aspirée par le sol sans trouver la force de réagir. Là, étendue sur la neige, le regard porté vers ce ciel noir garni d'étoiles étincelantes, Kaori malgré la douleur oppressante de son coeur eut l'impression de flotter. Elle avait conscience de s'éteindre petit à petit, elle avait pleinement conscience qu'elle était entrain de mourir. Lentement la neige engourdie ses membres un à un traversant l'épaisse texture de son manteau jusqu'à endormir presque entièrement cette douleur qui lui pesait sur le coeur. Sa respiration se fit lente mais lourde. L'épais nuage de fumée qui s'extirpait de sa bouche à chaque expiration en était la preuve.  

Au fil des secondes, chacune de ses expirations se fit moins audible, plus légère et ce nuage de fumée qui s'échappait de ses lèvres finit par se désépaissir pour complètement disparaître. C'était comme si le calme et le silence ambiant des lieux avaient pris possession de son corps, il n'y avait plus rien de douloureux, plus rien de précipité, plus rien d'angoissant. Tout était apaisant, tout était calme rythmé par les battements sourds de son coeur.  

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