Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autori: Lifetree , Tamia62

Beta-reader(s): Mopsime, Tamia62, Lifetree

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 22 capitoli

Pubblicato: 13-10-06

Ultimo aggiornamento: 16-03-07

 

Commenti: 279 reviews

» Scrivere una review

 

RomanceHumour

 

Riassunto: Un nouveau contrat pour le moins surprenant amène Ryô au Baiser du Dragon, le club de striptease le plus en vogue de la ville...

 

Disclaimer: Les personnages de "Séduis-moi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Les quelques chansons qui apparaitront appartiennent également à leurs auteurs

 

Tricks & Tips

I'm almost 18. Can I get access to the NC-17 section?

 

No. Legally, you are not major, before you are 18 years old. I don't care if it's in a day or a week. Make your request when you are actually 18.

 

 

   Fanfiction :: Séduis-moi

 

Capitolo 9 :: Remuons le couteau dans la plaie

Pubblicato: 08-12-06 - Ultimo aggiornamento: 08-12-06

Commenti: Coucou tout le monde ! Et merci d'être encore avec nous pour ce chapitre 9 ! Vous n'avez pas lâché prise, bravo !! Allez, plus que deux chapitres pour revoir notre belle Panthère se tremousser... Courage, c'est le chapitre 11 ! Sinon avec Tam, on tient à remercier Alice pour le dessin qu'elle nous a fait: n'oublie pas de le poster !! S'il y en a d'autres parmis vous qui vous sentez appeler par le charisme magnétique de Bagheera, n'hésitez pas !! On ne demande pas mieux ^^ Faites nous baver avec vos dessins comme nous avec nos mots ! (c'est un appel à candidature LOL) Bon sur ce on va vous laisser lire ce chapitre que certaines ont recues en partie en AP (ben oui, fallait être là samedi dernier à Paris ^^ ) Allez, à la semaine prochaine !! Kissss !! Life

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

Quand Miki se réveilla, il lui sembla qu’il était déjà tard dans la matinée, ce que son réveil lui confirma quand elle y jeta un coup d’œil : 10h26. Elle s’étira, un peu honteuse d’avoir fait une aussi longue grasse matinée en laissant à son mari le soin d’ouvrir le café, mais d’un autre côté elle était si bien qu’elle ne se sentait pas coupable. Et puis, pour sa défense, il fallait aussi dire qu’elle n’était rentrée chez elle qu’à plus de deux heures du matin.  

 

Au souvenir de la soirée au Baiser du Dragon, un grand sourire de satisfaction se peignit sur ses lèvres. Le plan qu’elle avait élaboré avec les autres s’était encore mieux déroulé qu’elles auraient pu le souhaiter, et elle ne regrettait plus du tout d’avoir persuadé Kaori de venir avec elle. Comme l’avait prédit Jessica, l’amie de Reika, Bagheera était un dieu vivant. Et aucune d’entre elles n’avaient pu rester insensibles à son charme, ni elles, et certainement pas Kaori ! Oh, bien sûr, son amie avait bien dissimulé son jeu, mais il y avait eu des signes qui l’avait trahie à ceux qui la connaissaient le mieux. La façon dont ses yeux étaient devenus ronds en apercevant le strip-teaseur pour la première fois, comment sa bouche pendait légèrement à chaque fois que Bagheera faisait face au public et que ses yeux aussi noirs qu’une nuit sans étoiles capturaient les regards des jeunes femmes, et comment son corps s’était inconsciemment penché en avant à chaque fois que l’homme s’éloignait un tout petit peu du devant de la scène. Non, c’était des signes qui la trahissait bien plus qu’une pancarte autour de son cou. Kaori était bel et bien sous le charme de Bagheera !  

 

Une petite moue assombrit les traits de Miki. Malheureusement cette attirance n’avait pas empêché Kaori de quitter le club et ses amies seulement quelques instants après « l’incident ». Elle avait eu bien du mal entre la Kazue furieuse qu’il fallait retenir et la Kaori qui avait fait sa têtue disant que, d’une, elle était trop fatiguée, et que, de deux, ce n’était pas son idée de venir ici. Et sur ces paroles, elle était partie ou plutôt elle s’était enfuie. Finalement, Kazue avait suivi de près Kaori et était rentrée chez elle habillée d’une très mauvaise humeur. La soirée si bien commencée finissait plutôt mal pour elle… Elle s’était donc retrouvée seule avec Eriko et pendant plus de deux heures elles avaient discuté, tout en savourant les délicieux cocktails du Baiser du Dragon, de Bagheera, de Mick et du reste du spectacle mais surtout de Kaori qui avait discrètement, pensait-elle, emporté le chapeau de la Panthère sous son manteau. Miki soupira d’aise et de plaisir à tous ces souvenirs, et se décida à sortir enfin du lit pour rejoindre son mari dans le café avant que les dégâts causés par ce dernier ne soient irréparables.  

 

Après avoir fait sa toilette, elle entra dans la salle principale et fut surprise de voir que Kazue l’avait devancée. Elle embrassa Falcon amoureusement, à la plus grande gêne de celui-ci, avant de se poster à côté de son amie avec une tasse de café pour cette dernière et une autre pour elle-même.  

« Bonjour ma chérie » salua-t-elle en prenant place sur le tabouret d’à côté. « Tu es bien matinale, dis donc, je viens à peine de me lever ! Qu’est-ce qu’il t’arrive pour que tu sois déjà debout et ici à cette heure-ci ? »  

Le regard que Kazue lui lança mit la jeune femme mal à l’aise. Il y avait une profonde tristesse dans ses yeux, mais celle-ci était enterrée sous une avalanche de colère aussi noire que les ténèbres. Un frisson parcourut le dos de Miki et elle fut tout d’un coup heureuse de ne pas être la personne pour qui ces sentiments étaient destinés.  

« Euuh » balbutia-t-elle, « oublie ce que je viens de dire ».  

Et sans regarder Kazue, elle se concentra sur sa tasse de café qui absorba complètement son attention pendant quelques minutes. Mais en fin de compte le silence et le malaise de son amie devinrent trop pesants. Elle soupira.  

« Il n’est pas rentré, hein ? » murmura-t-elle sans vraiment s’adresser à son amie.  

 

« Non » Un seul mot pour englober toute la tristesse, toute la colère et toute l’inquiétude que la jeune femme éprouvait pour son compagnon. « Je l’ai attendu sur le sofa pendant des heures, luttant pour ne pas m’endormir pour qu’il ne puisse pas se glisser à l’intérieur sans que je m’en aperçoive. Mais en vain. Il n’a pas pointé le bout de son nez ! J’aurais dû lui courir après tout de suite après son ‘show’ sur la scène.» Miki cacha son visage dans sa tasse, pleine de remords, car elle avait persuadé son amie d’attendre le retour de son amant chez elle afin d’éviter le scandale devant le Baiser. « Je n’aurais pas du lui donner la chance de s’enfuir !! » Kazue n’eut pas l’occasion de continuer à vociférer contre Mick que la cloche au-dessus de la porte retentit.  

 

Miki et Kazue se retournèrent et elles virent Kaori entrer dans le café. A leur plus grande surprise, Ryo entra derrière elle ! Ca faisait presque deux mois qu’ils ne les avaient pas vus ensemble ! Stupéfaites, elles en oublièrent la conversation et ni l’une ni l’autre purent répondre aux salutations des nettoyeurs. Pendant un instant Miki crut voir un espoir que le couple s’était réconcilié de ce qui les avait tenus à l’écart l’un de l’autre aussi longtemps, mais cet espoir ne fut que de courte durée. Kaori prit sa place favorite en face de Falcon tandis que Ryo s’installa sur le dernier tabouret, dos contre le mur, les jambes croisées, comme si ce changement de place n’était pas inhabituel. Ils commandèrent chacun un café mais sinon n’échangèrent aucune parole entre eux ou avec leurs amis présents. Un silence gêné régnait sur la pièce et personne n’osait le briser d’une manière ou d’une autre. Finalement Kaori reposa sa tasse et remercia Falcon d’une toute petite voix. La salle fut à nouveau plongée dans le silence. Mal à l’aise, Kazue s’absenta et se dirigea vers les toilettes. Ne supportant plus cette atmosphère, Miki prit place à côté de Kaori et tenta d’engager la conversation à mi-voix pour que Ryo ne les entende pas.  

 

« Alors ma chérie, qu’est-ce que tu penses de Bagheera ? Il est canon, non ? » souffla Miki en faisant un clin d’œil à son amie. Malheureusement pour la mercenaire, Kaori ne semblait pas avoir entendu et contemplait la tasse que Falcon avait à nouveau remplie de café. Miki décida de continuer l’assaut. « Ne me dis pas que tu n’as pas apprécié le spectacle ! » Miki prit un air choqué et incrédule comme si elle ne pouvait pas croire que Kaori ait pu rester de glace face à la Panthère Noire. « Aucune femme ne peut résister à un corps aussi parfait, de ça j’en suis sûre ! Regarde-moi, je suis mariée et très heureuse avec Falcon, mais quand j’ai vu ce gars remuer son derrière, ses biceps et ses abdominaux… Mon Dieu ce que je n’aurais pas donné pour être dans ses bras… et dans son lit. » Miki observait Kaori du coin de l’œil espérant soustraire la moindre réaction de son amie qui ressemblait plus à une statue qu’à une jeune femme dans la force de l’âge. Rien. Miki désespérait. Elle décida de donner le coup de grâce, et si Kaori ne réagissait pas elle se déclarerait vaincue. Elle continua à lui parler, sa voix prenant un ton plus suave et rauque. « Tu imagines dis ? Glisser tes doigts sur un corps où je suis sûre qu’il n’y a pas un gramme de graisse, effleurer du bout de ton doigt ses pectoraux, descendre lentement vers les abdominaux pour en redessiner les contours, sentir sa peau douce comme du satin se réchauffer au contact tandis que son souffle s’accélérait et viendrait caresser tes oreilles. Puis tu remonterais le long de son torse mais au lieu de tes doigts tu explorerais chaque recoin du bout de la langue, le sentant frémir sous tes assauts sensuels, et… »  

 

« C’EST BON !! » cria soudain Kaori en frappant du poing sur le comptoir, interrompant ainsi le monologue de Miki. « J’ai compris ! » Elle haletait légèrement, ses joues rosies de gêne ou d’excitation, les sourcils froncés d’énervement qu’elle n’arrivait pas à contrôler ses réactions, aussi bien vis-à-vis de Miki qu’aux paroles de celle-ci. « Pas la peine de s’étaler sur le sujet ! » Elle sentit les regards stupéfaits et interrogateurs de Ryo et de Falcon sur elle et plongea son regard dans sa tasse pour éviter de rencontrer les leurs, surtout celui de Ryo. Les deux hommes échangèrent un coup d’œil, tous les deux se demandant de quoi les jeunes femmes avaient pu parler pour que Kaori s’énerve de la sorte, quelque chose qu’elle n’avait pour habitude de faire qu’avec Ryo. Or, il n’avait même pas participé à la conversation. Du coin de l’œil Kaori vit Ryo la regarder, les yeux plissés d’inquiétude. Son cœur se serra douloureusement. Elle pria le ciel pour qu’il ne lui adresse pas la parole, elle ne savait pas ce qu’elle lui répondrait, ni comment elle expliquerait qu’elle avait passé la soirée dans un club de strip-tease en étant sous le charme d’un homme autre que lui et dont elle n’avait même pas vu le visage ! Honteuse, elle enfonça la tête dans ses épaules et supplia encore une fois le ciel de venir à son aide.  

 

La clochette au-dessus de la porte sonna brusquement et Mick entra dans le café. Son apparence était à faire peur. Les cheveux en bataille, les vêtements débraillés et sales, le visage creusé par le manque de sommeil, les yeux cernés et de son corps émanait un subtil mélange d’odeurs d’alcool et d’ordures. D’ailleurs, on pouvait trouver sur son épaule gauche un morceau de ce qui avait dû être une feuille de salade, ou tout au moins quelques chose comme un légume vert !  

« Mick ! Oh mon Dieu ! » s’écria Miki en se pinçant le nez. « Mais quelle horreur !! Sors d’ici immédiatement ! Tu sens trop mauvais ! Tu as passé la nuit dans une poubelle ou quoi ? Tu vas faire fuir mes clients ! » Mick ouvrit la bouche pour lui répondre quelque chose, mais un hurlement de fureur l’en empêcha.  

 

« MICK ANGEL !!!!! » Kazue venait de sortir des toilettes et avait aperçu son compagnon au seuil du café. Elle claqua la porte et en deux enjambées fut à côté de lui. Mick ouvrit ses bras pour l’accueillir pensant qu’il allait recevoir un câlin mais au lieu de ça, Kazue l’attrapa par l’oreille et tira dessus sans ménager sa force. Mick lâcha un cri de douleur qui fit frissonner tout le monde dans le café. « OU ETAIS-TU MICK ANGEL !! REGARDE-TOI !! PIRE QU’UN CLOCHARD ! ET QU’EST-CE QUI T’A PRIS HIER SOIR !?!! »  

 

« Mais, ma colombe » protesta Mick en essayant de lui faire lâcher prise « De quoi parles-tu ? J’ai été boire un verre hier soir, c’est tout. Je ne… »  

 

« Ca je veux bien croire que tu ne sais pas de quoi je parle !! » interrompit Kazue en criant et en tirant une nouvelle fois sur son oreille. Dans son coin, Ryo cachait son sourire dans sa tasse de café. Il devait faire de gros efforts pour ne pas pouffer de rire. Pauvre Mick, il ne savait pas ce qui l’attendait. « Tu étais tellement bourré hier soir que tu ne te rappelles même pas des conneries que tu as faites ! Tu ne te rappelles même pas que tu t’es donné en spectacle devant des centaines de personnes !! Tu n’es qu’un pauvre idiot alcoolique !! » continua Kazue en donnant un coup sec à son oreille à chaque phrase.  

 

« Kazue ! Ma colombe !! » pleurnicha Mick qui ne supportait plus la douleur. « Je ne sais vraiment pas de quoi tu parles !! Je te jure ! »  

 

« Ah, tu ne sais pas, hein !! Alors regarde ceci !! Regarde comment tu oses te ridiculiser devant les gens !! Comment as-tu pu faire ça ?!! Et moi ? Tu y as pensé à moi ?!! Je ne vais plus jamais pouvoir montrer mon visage en ville !! Je suis connue et tout le monde sait que tu es mon compagnon ! Pour quoi je vais passer moi, de faire ma vie avec un dégénéré comme toi ! » hurla Kazue en lâchant le pauvre homme. Elle sortit un morceau de journal de sa poche et le brandit sous le nez de Mick. « Le Pantin Ivre de Tokyo ! Voilà comment on te surnomme !! Mais qu’est-ce qui t’a pris bon sang de bonsoir !!!! »  

 

Mick s’empara du morceau de papier et le fixa en se concentrant pour lire les lettres minuscules qui n’arrêtaient pas de danser devant ses yeux. Lentement il se laissa glisser au sol. Ses yeux s’étaient écarquillés, sa bouche s’ouvrit de stupéfaction laissant échapper un nuage de vapeur d’alcool qui fit tomber dans les pommes Corbeau et Libellule qui lisaient par-dessus son épaule. (ndt : mdr !! Pauvres petites bestioles lol)  

« Ce n’est pas possible… » murmura-t-il, n’en croyant pas ses yeux. « C’est impossible… Ce n’est pas moi ça ! » s’écria-t-il en frappant le bout de papier de la main.  

 

« Qui ? Quoi ? » demanda Ryo en arrachant le papier des mains de Mick, tout excité. « Oulala ! Ca c’est de la photo dites donc ! » s’écria le nettoyeur en voyant l’image qu’un des photographes dans la salle avait dû prendre pendant la ‘représentation’ de son ami. C’était donc cela le flash qu’il avait vu…« C’est toi ça Mick ? Mais qu’est-ce que tu faisais ? Tu étais où ? Je ne reconnais pas le décor », feinta Ryô. Esquivant la main de son ami qui tentait de récupérer la preuve de son crime, Ryo reprit sa place au comptoir et étala le papier à plat dessus, l’examinant tel un légiste qui pratique une autopsie. « Umi, t’aurais pas un peu plus de lumière s’il te plaît, je vois mal les détails, c’est écrit trop petit ! ». Falcon, sentant l’opportunité de se venger de tout ce que Mick lui faisait subir s’approcher à grands pas alluma la lumière de la salle ainsi que les spots au-dessus du bar. Et sans même que Ryo ne le lui demande, il sortit de sous le comptoir une énorme loupe munie d’une lumière qui accentuait l’effet grossissant ! Bien que surpris par cette étrange apparition, Ryo s’en saisit.  

« Ah bah oui, je vois beaucoup mieux maintenant !… Mais tu n’as pas plus gros comme loupe » se moqua quand même le nettoyeur, ce qui fit rougir Falcon… « Non mais je rêve !! Mick !! », s’exclama alors Ryo totalement ahuri et la mine déformée par un trop grand sourire « Tu portes des fixe-chaussettes ?! Toi ?! Ah Mon Dieu c’est trop fort !! Je ne te savais pas si vieux jeu mon vieux ! C’est super sexy ça ! Elle en a de la chance Kazue ! » s’écria Ryo en éclatant de rire.  

 

« Je ne suis pas vieux jeu » ragea Mick ! « J’aime être impeccable ! Et les chaussettes qui glissent, ça fait pas impeccable ! » continua-t-il en tirant sa veste un peu plus droite.  

 

« On voit ça… » commenta Miki ironiquement en essayant de chasser les mauvaises odeurs qui lui assaillaient les narines. « On le sent aussi ! » Se levant de son tabouret, elle se dirigea vers les toilettes et revient avec la bombonne de Fébreze et commença à vaporiser dans toute la salle.  

 

Mais Ryô ne les écoutait pas et poursuivait sa dissection avant d’éclater de rire. « Mais ! Mais ! Oh, non ! Non ! Ce n’est pas possible !! » Ryo pointa du doigt la photo tandis que des larmes d’hilarité se mirent à couler le long de ses joues. « Je n’en reviens !! Mick ! Je ne te savais pas aussi ‘viril’ !! Ca finit tout !! »  

 

« Quoi ? Quoi » demanda Falcon, impatient, en se penchant au-dessus du bar pour mieux entendre Ryo. « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Raconte !! » pressa le géant en secouant Ryo voulant absolument savoir ce que le nettoyeur avait vu.  

 

« C’est… c’est… c’est trop drôle !!! » pouffa Ryo en agitant le morceau de journal. « Monsieur Angel porte des caleçons avec des ‘I LOVE MUM’ écrit dessus !!! Avec de gros cœur en plus !!! » Falcon, absolument pas certain de ce qu’il avait entendu resta d’abord stoïque. Seul un tressaillement de son sourcil gauche témoignait que l’information repassait dans son cerveau. Il demanda alors à Ryô.  

« Tu… tu plaisantes ? » Mais il ne rencontra que l’hilarité de ce dernier. Soudain, il éclata d’un rire tonitruant qui dévoila toutes ses grosses dents et martela le comptoir de son poing tout en se tenant les côtes de son autre main. Ryo en faisait de même et ne remarqua même pas quand Mick lui arracha le papier des mains.  

 

« Kazue ! Je te jure que je ne sais pas ce qui s’est passé hier soir ! Je ne me rappelle de rien ! Je ne sais même plus où j’étais ! » s’exclama Mick énervé en essayant d’ignorer Ryo et Falcon qui étaient en train de se foutre de lui et de ses choix vestimentaires. (ndt : j’imagine très bien la scène ! Je visualise surtout très très bien Falcon mdr ! )  

 

« Eh bien je vais te dire, moi, où tu étais ! Tu étais au Baiser du Dragon, un des clubs les plus huppés de la ville !! Et tu veux que je te dise autre chose ?! Eh bien moi aussi j’y étais !!! On y était toutes !! » Ryo et Falcon reprirent difficilement le contrôle d’eux même, essuyant les larmes de leur visage. A la dernière parole de Kazue, Ryo tiqua et releva la tête, prêtant grande attention à ce qui se passait. « Miki, Kaori, Eriko, moi, on t’a toutes vu te déhancher comme un pantin sans fil sur la scène !! Tout ça à cause de ta putain de fierté de mâle !! Dès que tu vois un homme te faire concurrence tu te sens obligé de parader devant lui comme un paon et de le défier comme si les femmes étaient des trophées qui sont à gagner !! J’en ai marre, Mick Angel !! J’en ai marre de t’attendre toutes les nuits pour savoir que tu es rentré sain et sauf ! J’en ai marre de sentir du parfum à deux yens sur tes vêtements ! J’en ai marre que tu reluques les femmes et que tout ce que tu m’accordes c’est une conversation de deux minutes toutes les trois semaines !! Et j’en ai marre, marre de marre, d’être associée à une espèce d’ivrogne qui ne pense qu’à montrer sa virilité en faisant du strip-tease en fixe-chaussette et en portant un caleçon dans le genre que tu portais hier !! »  

Kazue était à bout de souffle tant elle avait crié sa peine et sa tristesse. Tout en hurlant contre Mick, elle avait forcé ce dernier à reculer en donnant des coups contre son torse de ses poings. Sous le choc, et peut-être de remord, Mick avait cédé du terrain sans même s’en rendre compte. Quand le silence régna une fois de plus dans la pièce, tout le monde remarqua que les épaules de Kazue étaient secouées rythmiquement. Elle pleurait. Mick voulut la prendre dans ses bras pour la réconforter et se faire pardonner, mais la jeune femme fit un bond en arrière, les mains levées pour le tenir à l’écart.  

« Ne m’approche pas ! Je t’interdis d’être à côté de moi ! Puisque tu sembles tellement apprécier la compagnie des femmes de la rue, et bien va loger chez elles ! Tant que tu ne m’apprécieras pas à ma juste valeur et que je n’aurais pas de toi le respect que tu me dois, tu ne mettras plus un pied à la maison ! » Sur ces paroles Kazue attrapa son sac à main et quitta le Cat’s Eye en courant, claquant la porte derrière elle. Stupéfait par ce qui venait de se passer personne ne bougea. Finalement, un à un, les regards se tournèrent vers Mick qui était toujours cloué sur place, les yeux et la bouche grands ouverts.  

 

« Ben dis donc mon vieux » déclara Ryo en attrapant Mick par son épaule, évitant de peu le reste de salade. « Tu en as fait des conneries dans ta vie, mais là je pense que tu viens de faire la plus belle de ton existence. » Ryo lui jeta un coup d’œil, mais son ami ne semblait pas avoir entendu. « Mick ? »  

 

« Fiche-moi la paix ! » cria Mick en ouvrant la porte d’entrée et en courant à toutes jambes après Kazue.  

 

Pour la énième fois dans la matinée, le silence régna sur le café heureusement désert. Ryo se tourna vers sa partenaire, se souvenant tout d’un coup de ce que Kazue avait crié. Kaori avait assisté à la représentation de Bagheera hier soir au Baiser du Dragon. Pourquoi avait-elle été présente ce soir là ? L’avait-on forcée à venir ? Y était-elle allée de son plein gré ? Avait-elle aimé le spectacle ? Que pensait-elle de Bagheera ? Des dizaines de questions inondèrent le cerveau de Ryo mais avant qu’il ne puisse se reprendre Kaori attrapa son sac à main et quitta le café en remerciant les propriétaires, évitant soigneusement de rencontrer le regard de l’homme qui l’observait intensément. Il contempla pendant quelques instants la porte fermée avant de lui aussi prendre congé de Miki et Falcon, mais contrairement à la jeune femme il prit la direction du parc. Il avait besoin de réfléchir.  

 

 

Quelques jours plus tard  

 

« - STOP !! Stop ! Stop ! » cria le metteur en scène, les mains sur les hanches, le visage mécontent. « Bon sang, Bagheera, qu’est-ce que tu as depuis quelques jours ! Ca fait trois jours qu’on répète ce morceau et tu t’embrouilles à chaque fois ! Concentre-toi ! On n’a pas que ça à faire nous autres !! »  

 

Bagheera baissa la tête, penaud, et s’excusa. Il avait la tête ailleurs et n’arrivait pas à se concentrer. Le metteur en scène grommela que ça faisait partie du métier de danseur professionnel que de pouvoir mettre les problèmes de côté. Bien sûr, ce dernier ne savait pas que sa star n’était absolument pas un danseur professionnel et qu’il avait trop de truc dans la tête pour être concentré à 100%. Après avoir délivré son reproche, il annonça quinze minutes de pause tout en lançant un regard noir en direction de Bagheera, lui faisant comprendre qu’il avait intérêt à se vider l’esprit s’il ne voulait pas que la situation ne s’aggrave pour lui.  

 

Ryo soupira et quitta la scène par une petite porte de service qui menait dans un local technique. Malgré le fait que personne ne connaissait son identité, il avait pris ses précautions et avait exploré le Baiser de fond en combles au cas où il aurait besoin de disparaître en vitesse. C’est ainsi qu’il avait découvert un escalier peu utilisé qui partait de ce local et qui menait au toit de l’immeuble. Pressant le pas, il gravit les marches trois à trois et émergea à l’air libre. Il s’étira quelques fois avant de faire le tour du toit en direction de sa place favorite. Quand il vit que quelqu’un l’avait devancé il sentit la colère monter en lui. Pour une fois qu’il avait trouvé un endroit où il pouvait enlever son masque et fumer une cigarette sans que personne ne le dérange ! (NDL : pense à tes poumons Ryo !! tu donnes le mauvais exemple !!! ) Il s’avança avec la ferme intention de demander à l’envahisseur de déguerpir, quand il remarqua qu’il s’agissait de Vlad. Stupéfait, il s’arrêta et le regarda avec de gros yeux remplis d’incompréhension. Qu’est-ce que Vlad faisait là ? C’était bien la première fois qu’il voyait son mentor sur le toit. Ce dernier sentit la présence de son élève derrière lui, se retourna et l’invita à le rejoindre.  

 

Ils restèrent quelques instants silencieux. Finalement Vlad prit la parole.  

« Qu’est-ce qui te tracasse, Ryo ? » demanda-t-il. « J’ai assisté aux deux derniers entraînements et j’ai été dévasté de voir que tu n’arrives pas à exécuter le plus simple enchaînement sans te tromper au moins une fois. Je t’ai mieux entraîné que ça ! Alors qu’est-ce qui te perturbe tant ? » Ryo était silencieux, il ne le regarda pas et garda ses yeux tournés vers l’horizon où le soleil déclinait lentement. « Ryo » continua l’autre homme en posant doucement sa main sur son épaule. « Ryo, je ne te connais pas depuis longtemps, je l’avoue, mais j’espère que tu sais que, malgré les quelques différents que nous avons, tu peux me faire confiance, et que si tu as besoin d’une oreille attentive, je suis là. » Ayant délivré son message, Vlad attendit quelques instants avant de se retourner, prêt à quitter le toit.  

 

Ryo était tiraillé. Ce n’était pas dans ses habitudes de parler et de se confier à quelqu’un. S’il en avait besoin, il se tournait généralement vers Falcon. Mais il ressentait un besoin pressant de le faire, et il ne pouvait pas se tourner vers Umi. Et il devait bien admettre que malgré ses défauts, Vlad était quelqu’un en qui il pouvait avoir confiance, du moins tant que celui-ci gardait ses mains chez lui. Tout le temps qu’ils avaient passé ensemble dans la salle d’entraînement à l’Opéra avait fait grandir une certaine complicité entre eux et il savait que Vlad était sincère dans son offre. Ryo prit sa décision. Il inspira un coup.  

« Vlad… » Son mentor s’arrêta. « Je... J’ai... comment dire... est-ce que tu… » hésita Ryo, ne sachant pas bien par où commencer. Vlad revient se poster à ses côtés.  

 

« Commence par le début, c’est toujours le plus facile » lui conseilla-t-il avant de prendre place sur le petit muret en face de Ryo.  

 

« Bien » souffla Ryo avant de prendre une inspiration et de se lancer tout en faisant attention à ne rien trahir de sa vie privée. « Je commence à avoir du mal à supporter cette double vie, Vlad. Tu sais que si je joue le rôle de Bagheera, c’est pour payer une dette que j’ai envers Sung, là je ne t’apprends rien de nouveau, il a dû te le dire. » Vlad hocha de la tête pour indiquer qu’il était en effet au courant. « Mais mis à part toi et Sung, personne d’autre n’est au courant, ni pour Bagheera, ni pour ma dette. Personne. Surtout pas ma… » Ryo hésita. Il ne pouvait pas parler de Kaori, d’une manière ou d’une autre. « Surtout pas ma famille » termina-t-il finalement en baissant la tête, honteux de lui-même en repensant au mensonge qu’il avait lancé à la figure de sa partenaire et au silence qu’il maintenait vis-à-vis de ses amis.  

 

« Tu parles de ta petite amie, plutôt non ? » demanda Vlad, perceptif comme toujours, et se rendant bien compte que si un homme avait la tête ailleurs, c’était généralement parce qu’il y avait une femme quelque part. « A moins qu’elle ne soit ta femme ? » Quand il vit Ryo tressaillir, il savait qu’il avait vu juste. Et il vit ses espoirs de conquérir Ryô tomber ! Quel dommage… « Ah » soupira-t-il en hochant de la tête « je crois comprendre ton problème. Pour qu’elle ne découvre pas que tu as fait des conneries tu lui as menti, et à présent elle te croit occupé à autre chose que de danser sur scène devant une foule féminine en furie. »  

 

« Oui » avoua Ryo en enlevant son masque et en se frottant les yeux de fatigue.  

 

« Et ? » pressa Vlad qui sentait qu’il y avait autre chose qui avait déstabilisée son élève.  

 

« Elle est venue au Baiser il y a quelques jours. Elle a assisté à une de mes représentations, celle avec l’ivrogne qui voulait m’imiter » murmura Ryo.  

 

« Et tu crains, maintenant que tu n’es plus constamment à ses côtés, qu’elle perde intérêt et n’aille chercher ailleurs. C’est ça ? » observa Vlad. Ryo détourna son regard qui menaçait de trahir à quel point cette possibilité lui faisait mal. Il savait bien qu’il n’y avait rien entre lui et Kaori, mais ça ne voulait pas dire que cette éventuelle relation n’avait pas traversée son esprit chaque minute de chaque heure de chaque jour. Il avait toujours espéré qu’un jour il trouverait le courage de lui révéler ses sentiments et qu’ensemble ils trouveraient un moyen pour que leur couple puisse marcher. Il s’était toujours dit que c’était un rêve utopique, mais maintenant qu’il venait de découvrir que Kaori… qu’elle… Il savait qu’il n’avait rien à craindre de Bagheera, c’était un homme inaccessible, mais si Kaori avait assisté à la représentation de son alter ego n’y avait-il pas la possibilité qu’elle ait vue d’autres spectacles dans le genre ? Que maintenant qu’il était soi-disant fiancé et quasiment marié, elle cherchait à remplir le vide qu’il avait laissé dans sa vie ? Qu’elle se cherchait un homme ? Cette possibilité glaça le cœur de Ryo qui se fissura de part en part. Vlad soupira.  

« Je ne peux malheureusement pas te dire grand chose à ce sujet, mon petit Ryo. Je ne connais pas ta femme, et je ne connais pas la relation que tu as avec elle… Si vous êtes heureux, il n’y a aucune raison pour qu’elle te soit infidèle… » Il entendit Vlad se lever. « Il va bientôt être temps que tu recommences. Ryo ? » L’homme posa sa main sur le bras de Ryo. « Rappelle-toi qu’une guerre n’est finie que quand un des adversaires se rend. Tant que tu seras prêt à te battre pour celle que tu aimes, elle sera avec toi. Alors ne te dégonfles pas et continues à lui montrer que tu l’aimes et que tu penses à elle, même si à cause de Bagheera tu es loin d’elle… » Vlad s’éloigna, laissant l’opportunité à Ryo d’assimiler ce qu’il venait de lui dire.  

 

Ryo emboîta le pas à Vlad. Bien que ses craintes ne se soient pas envolées, il se sentait néanmoins un peu mieux d’en avoir parler. En descendant les escaliers il fit le vide dans son esprit et reprit les répétitions sans aucune accroche comme auparavant. En retournant vers sa loge il pensa à ce que Vlad lui avait dit sur le toit. Y avait-il un moyen pour montrer à Kaori qu’il ne l’avait pas oubliée ? Probablement, mais comment faire, vu qu’elle pensait qu’il était fiancé à une autre femme ? Il ne pouvait rien faire ouvertement, elle le prendrait mal, ça il le savait, ou pire, elle se sentirait furieuse qu’il pense à elle alors qu’il était censé être fidèle. Que pouvait-il faire ?! Tu peux commencer par être plus gentil, vieux ! lui souffla sa petite voix. Par exemple, si tu faisais ta propre lessive ? Et en passant tu t’occuperais de la sienne aussi. Sans arrière pensée !! Tu pourrais l’aider à faire le ménage et les courses, même si elle ne s’occupe plus de tes repas. Et quand tu prépares le tien, tu en fais un peu plus et sous prétexte que tu en as de trop, tu le lui offres. Tu vois ? Plein de petites choses comme ça qui montre que tu n’es pas un rustre sans éducation qui sort tout droit de la jungle ! Et puis secoue la un peu aussi. Encourage-là à se battre pour toi ! Donne-lui des petits signes pour qu’elle se rende compte qu’il y a une chance pour que tu lui reviennes ! Tu vois, il y a des dizaines de choses que tu peux faire ! Pense un peu pour toi-même aussi ! Tu l’aimes oui ou non ?!! Alors bouge ton cul !! Ryo se secoua. Voilà qu’il entendait des voix ! Il était grand temps qu’il se repose. Peut-être qu’il pourrait prendre un plateau de sushi en rentrant, et qu’il pourrait le partager avec Kaori sous prétexte qu’il y a beaucoup trop pour lui…  

 

Ryo était entre temps arrivé devant sa loge et ouvrit la porte.  

« BAGHEEEEERRRRRAAAAAAA !!! »  

Un cri hystérique résonna en stéréo dans les oreilles du pauvre homme. Etourdi par celui-ci, il ne se rendit pas tout de suite compte qu’une demi-douzaine de mains s’étaient emparées de lui pour le traîner à l’intérieur avant qu’il ne puisse réagir. « C’est Bagheeeeraaaaa !! Les filles !! Les filles !! C’est Bagheeeerraaaaaa !!! C’est la Panthère Noireeeeee !!! » Les cris féminins continuèrent à assaillir le système auditif de Ryo qui avait du mal à comprendre ce qui était en train de lui arriver. Peu à peu, au milieu des bousculades, il départagea mains, têtes et corps en trois femmes différentes. Son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il vit « ces choses » !! Il faillit en hurler de terreur. Après avoir mentalement enlevé les couches de rouge à lèvres criard qui recouvraient les grosses lèvres tendues en avant, de maquillage flashing faisant ressortir les gros yeux, de mascara et autres produits de beauté qui tentaient sans peu de succès de cacher les traces indélébiles du temps, rides et autres doubles mentons, il arriva à la conclusion que toutes les trois étaient assez âgées pour être sa propre mère !! (ndt : trop mdr ce passage ! Le pauvre Ryô, on en arriverait presque à le plaindre ! C’est la rançon du succès lol) « Je l’ai touché !! J’ai touché Bagheera !! Iiiiiiiiiiiih !! Je vais m’évanouir tellement je suis heureuse !! » Ryo sentit une panique sans nom monter en lui. Mais qu’est-ce qui se passait ? Comment ces fans étaient-elles arrivées jusque dans sa loge sans que le service de sécurité ne s’en aperçoive ?! Et comment allait-il se tirer de cette situation ??!!! « Bagheeraaaaa !! Bagheeraaaa !! Donne-moi quelque chose de toi !! S’il te plaît !! Je DOIS avoir quelque chose de toi !! » cria l’une de trois femmes, en s’agrippant à lui. « Moi aussi ! Moi aussiiiiii !! » renchérirent les deux autres en attrapant le t-shirt moulant de Ryo pour tirer dessus comme des enfants demandant l’attention de leur mère.  

 

« Mesdames !! Mesdames !! » Ryo tenta de leur parler, mais les trois femmes étaient devenues des folles furieuses, et avant qu’il n’ait fini de parler, son t-shirt céda sous la pression mettant son torse à nu, ce qui provoqua une nouvelle crise d’hystérie parmi les trois sorcières. « MESDAMES !! » tenta Ryo encore une fois, mais il était devenu impossible de raisonner avec ses admiratrices enragées. Il les regarda tandis qu’elles parlaient entre elles, les morceaux de son t-shirt dans leurs mains qu’elles portaient toutes les trois à leur nez pour en inspirer les effluves de ‘Bagheera’. Un frisson parcourut le dos de Ryo alors qu’il secouait la tête. Il n’avait jamais compris ‘les fans’ et ne les comprendrait jamais. Enfin, encore heureux qu’il ne s’agissait que de son t-shirt. Elles auraient pu s’en prendre à son masque, ou pire, à son…  

 

Soudain son instinct l’alerta d’un danger. Sans réfléchir il mit ses sens en alerte et fut surpris quand ils l’informèrent que le danger n’était qu’à deux pas de lui. Une sueur froide coula entre ses omoplates. Non ! Ca ne pouvait pas être… Lentement il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Son cœur s’arrêta. Ce n’était plus des folles furieuses qui se tenaient derrière lui, mais des démons enragés ! Leurs bouches étaient ouvertes. Leurs yeux lançaient des éclairs. Leurs mains avançaient dans sa direction, les doigts frétillant comme des poissons dans une poêle. Ryo fit un pas en arrière, mais sa fuite fut arrêtée par son armoire. C’est à cet instant que Ryo regretta amèrement de ne pas avoir son python avec lui, devant des furies pareilles, il aurait pu plaider la légitime défense sans aucun risque de condamnation. Sans crier gare, les trois femmes se ruèrent en avant tandis que leurs mains s’agrippaient à son collant qu’elles tirèrent dans tous les sens. Ryo céda à la panique.  

« Mais arrêteeeeeeeeeezzzzzz !!! Qu’est-ce que vous faites !! Arrêtez je vous dis !! AU SECOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUURS !!!! » hurla Ryo en enlevant une à une les mains qui revenaient encore plus vite qu’auparavant. « AU SECOUUUUUUUUUUUUURS !!! » cria à nouveau Ryo en attrapant son collant qu’il sentit se déchirer sous les assauts répétitifs des trois assaillantes. L’Etalon se rendit vite compte qu’il ne serait pas en sécurité tant que ses trois folles pourraient le toucher, aussi fit-il une chose qu’il n’aurait jamais cru qu’il serait capable de faire un jour devant des femmes. Mais là, ce n’était pas des femmes…  

 

« Bagheera !! » cria Sung en défonçant la porte, suivit de près par quatre agents de sécurité. « Bagheera, des inconnues se sont infiltrées dans le Baiser ! Nous pensons que… » La voix de Sung s’éteignit face à la scène qui se présentait devant lui. Trois femmes jacassaient en criant et pleurant en même temps, brandissant comme des trophées des morceaux d’étoffes que Sung crut reconnaître comme ayant appartenu à la Panthère Noire. Mais où était-elle sa panthère justement ? Sung balaya rapidement la pièce du regard, mais il ne vit aucun signe de Ryo. L’estomac du propriétaire se noua d’appréhension. Qu’était-il arrivé à sa star ?!  

 

« Suuuuuuuuung !!!! » Ce cri de désespoir s’éleva dans la pièce comme le hurlement d’un loup à la pleine lune. L’interpellé regarda une nouvelle fois autour de lui, mais n’en trouva pas l’origine. Soudain, mû par une petite voix, il leva les yeux et sa mâchoire se fracassa par terre. De toute sa vie il n’aurait jamais cru voir Ryo Saeba, le fameux City Hunter, la terreur de toutes les rues de Tokyo, en haut d’une armoire !! Et roulé en boule comme un animal apeuré en plus !! « Suuuung !! Sors ces furies d’ici immédiatement ! Ou sinon je jure devant Dieu que je renonce à notre contrat !! Et tant pis pour les conséquences !! Tout est mieux que ceci !! »  

 

Faisant de son mieux pour garder son sérieux, Sung pria les gardes d’emmener les femmes hors de la loge, mais de les garder au Baiser du Dragon. Il fallait les interroger sur la manière qu’elles avaient utilisée pour entrer avant de les remettre aux mains de la police. Une fois que tout le monde fut sorti de la loge Sung ferma la porte et se retourna.  

 

« C’est bon, tu peux descendre Ryo, elles sont parties » assura Sung en sortant un cigare et en l’allumant. Il valait mieux se concentrer sur son cigare, sinon il éclaterait de rire en repensant à la scène dont il venait d’être le témoin. « Et ne t’inquiète pas » continua-t-il avant que le nettoyeur n’ouvre la bouche « j’emporterais tout ceci avec moi dans ma tombe, considère que ça fait partie de la clause de ton contrat protégeant ton identité. »  

 

Lentement Ryo se déroula de sa position fœtale et descendit de son perchoir. Sung remarqua alors que les trois femmes s’étaient bien déchaînées sur le pauvre nettoyeur. Mis à part son caleçon, ses chaussons et son masque, il ne portait plus rien d’autre ! Plus aucune trace de son t-shirt et encore moins de ses collants. Sung détourna son regard et prit une bouffée de son cigare, se concentrant sur autre chose que l’hilarité de cette situation. « Hmm, hmm » s’éclaircit-il la voix. « Va prendre une douche et change-toi. Je t’attendrais ici. Je dois te parler de quelque chose d’important. » Ce qui Ryo fit avec soulagement. Il ressentait un profond besoin de se purifier suite au passage de toutes ces mains qui avaient souillées son honneur et sa fierté.  

 

Vingt minutes plus tard, après une longue, très longue douche, Ryo réapparut dans la pièce principale de sa loge. Sung s’était installé dans un fauteuil avec un verre de cognac, son cigare et un livre qu’il avait trouvé sur la commode. Quand il entendit Ryo revenir il posa le livre et jeta un œil à sa star.  

« Tu es plus présentable comme ça » remarqua-t-il. « Sers-toi un verre et viens t’asseoir. » Après que Ryo se soit installé, et qu’il ait bu une gorgée, Sung reprit la parole. « Si je viens te voir, tu te doutes bien que c’est concernant Bagheera. » Ryo hocha de la tête et bu une autre gorgée. « La salle est pleine à craquer tous les soirs. On nous oblige même à prendre des réservations ! Tu te rends compte ?! Les gens veulent absolument te voir et ils sont prêts à tout pour ça. Grâce à toi, ou plutôt à Bagheera, nous n’avons jamais eu un chiffre d’affaire aussi haut ! C’est le succès, mon petit Ryo ! » Sung leva son verre et porta un toast à l’homme en face de lui. Mais celui-ci n’y répondit qu’avec un hochement de la tête. Il était fatigué et ne souhaitait qu’une chose : rentrer chez lui. Malheureusement, Sung n’avait pas fini. « Si on continue sur ce chemin, j’estime que tu auras épuré ta dette dans cinq ou six mois. Ah, je serais bien triste de te voir partir » soupira Sung en tirant une bouffée de son cigare. « Le Baiser du Dragon n’a jamais aussi bien tourné. »  

 

Ryo leva un peu la tête malgré les efforts de Morphée pour l’entraîner dans le sommeil. « Encore six mois à tenir ? » murmura-t-il, sa voix tremblante de fatigue mais aussi de lassitude. Sung l’observa de plus près et remarqua que le nettoyeur semblait effectivement mal en point. Il avait les traits tirés, des cernes sous les yeux, et sa peau était d’un pâle qui ne présageait rien de bon. Constatant la mauvaise santé de sa star, il prit une décision.  

« Ryo, prends quelques jours de repos. Je ne veux plus te voir sur scène. Je ne veux plus te voir au Baiser tout court. Ca fait semaine après semaine après semaine que tu enchaînes répétition et représentation. Je pense qu’il est temps que tu prennes du repos. » Ryo ouvrit la bouche pour protester mais Sung l’interrompit. « Non. Tu vas m’écouter. Je sais que tu es pressé de repayer ta dette pour t’échapper de tout ceci, tout comme moi je suis pressé de récupérer tout ce que tu me dois. Mais je ne suis pas prêt, moi, à risquer ta santé pour y arriver. Alors si tu n’acceptes pas de rester chez toi au repos complet, j’ordonnerais aux videurs et à la sécurité de t’éjecter si tu ne fais que mettre un pied dans un périmètre de cent mètres autour du Baiser ! » Sung s’arrêta un instant et toisa Ryo qui baissa la tête en signe de résignation. « Bien. Quand tu reviendras la semaine prochaine nous discuterons à nouveau. Je voulais discuter avec toi d’une idée que j’ai eue qui pourrait t’aider à payer ta dette plus rapidement, mais ça peut attendre ton retour. » Sung se leva et se dirigea vers la porte quand Ryo l’appela.  

 

« Quelle idée, Sung ? » demanda le nettoyeur en faisant un effort pour que sa voix soit aussi naturelle que possible. Le propriétaire n’en fut pas dupe, mais répondit quand même.  

 

« J’ai récemment reçu une proposition venant d’une dame assez fortunée qui fréquente le club chaque soir que tu es en scène, et ce depuis ta toute première fois. Elle voulait savoir s’il était possible de t’engager pour une séance privée. » Sung se retourna. « Elle était prête à payer 70 000 yen (NDL : environs 500 euro) pour que tu lui fasses un strip privé. Tu m’as déjà repayé l’équivalent de 714 000 yen (NDL : environs 5000 euro). Si tu acceptes cette proposition, je suis sur que nous recevrons d’autres demandes et à ce prix là tu serais libre en à peine trois mois au lieu de six. Je dis trois, car nous ne pouvons pas annuler tes shows dans la salle. Réfléchis à tout ceci pendant que tu te reposes. Tu aurais plus de travail que maintenant, beaucoup plus si tu acceptes deux clientes sur la même soirée, mais ta dette sera apurée plus rapidement aussi. »  

 

Sung quitta la loge de Ryo tandis que celui-ci essayait d’assimiler ce que Sung venait de lui dire. Il abandonna vite. Il était trop fatigué. Il se leva péniblement, se dirigea vers son armoire où il prit son imperméable et il quitta sa loge. Il laissa la clé chez le concierge et quitta le Baiser du Dragon par la porte des artistes où il enleva son masque avant de s’engager dans les rues qui regorgeaient de monde, un visage anonyme de plus dans une foule de visages anonymes.  

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de