Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autori: Lifetree , Tamia62

Beta-reader(s): Mopsime, Tamia62, Lifetree

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 22 capitoli

Pubblicato: 13-10-06

Ultimo aggiornamento: 16-03-07

 

Commenti: 279 reviews

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RomanceHumour

 

Riassunto: Un nouveau contrat pour le moins surprenant amène Ryô au Baiser du Dragon, le club de striptease le plus en vogue de la ville...

 

Disclaimer: Les personnages de "Séduis-moi" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Les quelques chansons qui apparaitront appartiennent également à leurs auteurs

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Séduis-moi

 

Capitolo 13 :: Une rencontre... inattendue

Pubblicato: 12-01-07 - Ultimo aggiornamento: 12-01-07

Commenti: Oui, oui, mesdemoiselles !! Le chapitre que vous avez tant et tant attendue est LA !! Les circonstances et le comment du pourquoi, je vous laisse découvrir à votre aise ^_^ (un petite conseil à celles qui ont peu de temps: prenez votre temps pour celui-ci ! couper la lecture en plein milieu vous sera fatale !) Sinon, désolées de ne pas vous donner la période des fêtes entre Ryo et Kaori, mais vu le contenu de ce chapitre, il n'y avait plus de place et on ne pouvait vraiment mais alors vraiment pas le couper ! On tient à nos vies ! Donc on laisse ce passage à votre imagination. De tous les chapitres qu'on a écrit, celui-ci a probablement été le plus dur, on en est fières, alors j'espère sincèrement qu'il vous plaira et que vous ne serez pas déçues que ça ne va pas plus loin... Enfin, je vais pas vous en dire plus, alors bonne lecture !! A la semaine prochaine, Life.

 


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Chapitre 13 – Une rencontre… inattendue  

Auteur: Life  

 

Falcon était derrière le bar, essuyant comme à son habitude la vaisselle du café. Pas qu’il y avait eu beaucoup de clients ce jour-là. Non seulement était-ce la période des fêtes, mais en plus il neigeait depuis plusieurs jours, ce qui n’encourageait pas les gens à sortir de chez eux. Il poussa un gros soupir. Peut-être devraient-ils penser à fermer pour quelques jours ? Justement à ce moment-là, la clochette de la porte annonça l’arrivée de quelqu’un, mais Falcon savait déjà qui c’était, comment ne pourrait-il pas reconnaître la présence si familière de sa femme ? Miki entra rapidement, essayant tant bien que mal de laisser la neige dans la rue, mais il neigeait tellement fort que son manteau et son bonnet en étaient blancs.  

 

« Je crains qu’il faille fermer le café, mon chéri, personne n’est assez téméraire et idiot pour venir nous rendre visite par un temps pareil ! » s’exclama-t-elle en se secouant pour faire tomber son fardeau indésiré. « Heureusement qu’on a fait nos grosses courses la semaine dernière, il serait imprudent de sortir avec la voiture maintenant, c’est pire qu’une patinoire dehors ! Si tu savais les acrobaties que j’ai dû faire pour aller chercher le pain… » Falcon sortit de derrière le bar et aida sa femme à enlever son manteau et son bonnet. « Merci Mamour, je ne crois pas que j’aurais pu le faire, je ne sens plus mes doigts ! »  

 

Falcon devint rouge tomate en entendant le petit nom que Miki venait de lui donner, aussi s’empressa-t-il de s’activer à lui préparer un café pour la réchauffer. Miki rigola sous cape, prise d’un tout petit remord d’avoir taquiné son mari, mais tellement heureuse et attendrie de le voir réagir comme ça. Elle s’installa confortablement sur un tabouret et observa amoureusement son homme qui s’occupait d’elle. Quelques minutes plus tard, il déposa une tasse devant elle qu’elle prit immédiatement dans les mains pour se réchauffer. Comme toujours, l’odeur qui s’en dégageait était suffisante pour la faire se lécher les babines d’anticipation. Le café de Falcon était excellent, mais quand il en préparait pour elle, c’était plus que ça. Ca transcendait tous les mots qu’elle connaissait pour décrire quelque chose d’aussi bon. Alors qu’elle savourait ce breuvage divin, elle pensa à quelque chose.  

 

« Oh mais dis-moi, est-ce que Kazue a appelé pendant que j’étais absente ? » demanda-t-elle à son mari qui secoua la tête pour toute réponse. « Oh que c’est dommage ! Elle allait chez le gynécologue aujourd’hui, on allait enfin savoir le sexe du bébé ! Mais bon, vu le temps qu’il fait dehors, c’est peut-être mieux comme ça. Pas la peine de risquer sa vie dans les rues. »  

 

« Oui » répondit Falcon de sa voix bourrue. « Quoique, quand je repense à la joie de Mick quand il a appris la nouvelle, il serait bien capable d’emmener Kazue chez le gynéco sur son dos, cet idiot. Je crois d’ailleurs que c’est la première fois que j’ai vu l’amerloque perdre tous ses moyens quand il a appris la nouvelle. On aurait pu lui crier n’importe quoi à l’oreille qu’il n’aurait pas réagi. »  

 

« Tu as raison, et je suis bien contente que cette situation s’est enfin résolue ! Ca faisait tellement mal de voir Kazue aussi triste, et Mick aussi perdu. Je vais peut-être te sembler cruelle, mais je suis heureuse que ce conflit ait eu lieu. Mick s’est enfin rendu compte à quel point il avait besoin de Kazue et combien elle était importante dans sa vie. Je ne pense pas qu’il refera l’erreur de l’enrager une deuxième fois. Quant à Kazue, elle est maintenant vraiment sûre des sentiments de Mick, et même s’il venait à faire un petit dérapage, elle n’aura plus de doute vis-à-vis de lui. Cet idiot a quand même bravé la mort à plusieurs reprises pour lui déclarer son amour, et Kazue a été tout sauf tendre avec lui durant les dernières semaines. »  

 

Falcon hocha la tête tout en se servant lui aussi une tasse et en servant une seconde à sa femme. « Ca m’y fait penser » continua le géant, « est-ce que tu aurais des nouvelles de Saeko ? Elle m’a demandé de faire une enquête pour une de ses affaires, mais je n’arrive pas à la joindre pour lui remettre mon dossier. »  

 

« Je ne suis pas sûre » hésita Miki en fronçant les sourcils. « Je crois que j’ai entendu Reika dire, il y a quelques jours, qu’elles partaient avec toute la famille dans les montagnes pour les fêtes. »  

 

« Saeko aussi ? » s’étonna Falcon en levant un sourcil, marque du grande surprise chez lui.  

 

« Crois-le ou non, mais oui » répondit sa femme. « Et d’après ce que Reika a laissé sous entendre, elle allait partagé une chambre avec Saeko. Effarant, non ? » Le second sourcil de Falcon se leva. « Je ne sais pas ce qui s’est passé entre elles ces dernières semaines, mais elles sont devenues très proches. Il parait même que Reika a passé plusieurs soirées et nuits chez sa sœur, et ce sans que l’appartement ne prenne feu ou que l’immeuble ne s’écroule. Oui, oui, je sais, j’exagère peut-être un peu, mais avoue tout de même que l’air est toujours très lourd dès que Saeko et Reika sont dans la même pièce. Elles ne se détestent pas exactement, mais elles convoitent trop la même chose pour pouvoir s’entendre. Mais maintenant… C’est comme si un miracle s’était produit. Je n’arrive pas à l’expliquer. »  

 

Ce que les deux tenanciers ne pouvaient pas savoir, c’était que Saeko avait tenu parole vis-à-vis de sa sœur et lui avait racontée tout ce qui s’était passé presque dix ans auparavant entre elle et Ryo. A savoir rien du tout. Du moins, pas dans le sens que Reika le sous-entendait. Ils avaient passé de longues soirées ensemble, à boire et à discuter pour oublier ensemble leurs chagrins, mais bien qu’ils aient terminé quelques fois dans le même lit, ils n’avaient jamais été en état de faire plus que dormir. Petit à petit elle avait vu Ryo reprendre le dessus, aidé par Kaori qu’elle n’avait jamais pu rencontrer, tandis que son propre cœur se déchirait de plus en plus. Le seul baume qu’elle arrivait à trouver était son travail et ses recherches sur l’Union Teope. Au fil des années elle parvint à s’y perdre et à oublier sa douleur, se forçant à ne plus rien ressentir, à faire son travail tel un ordinateur, et à utiliser les charmes de son corps pour arriver à ses fins. Mais elle n’en pouvait plus. Elle était au bord du précipice et elle avait l’impression de sombrer à chaque instant de sa vie.  

 

A cet instant du récit Reika avait pris peur et s’était jetée sur sa sœur pour la serrer sur son cœur, car malgré toutes les disputes et les jalousies qui existaient entre elles, elle aimait profondément sa sœur. Elle ne voulait pas qu’elle souffre et elle ne voulait surtout pas la perdre. Elle avait réconforté Saeko pendant toute la nuit, jusqu’à ce qu’elle s’endorme de fatigue, et avait ensuite appelé ses parents et les avait informés de l’état de santé de leur fille. Elle avait dû farouchement se battre avec son père pour qu’il ne débarque pas à l’appartement avec toutes les ambulances de la ville, mais finalement ce fut sa mère qui prit les choses en mains. Elle proposa des vacances prolongées en montagne pour toute la famille et demanda à Reika d’y emmener Saeko dès son réveil. Elle avait besoin de repos et du soutien de sa famille, et seul l’isolement de leur chalet pourrait les aider.  

 

« Miki ? » demanda soudain Falcon en hésitant. « Est-ce que tu comptes toujours offrir à Kaori son cadeau ? Elle va mieux… »  

 

« Mieux ? » s’écria sa femme en le fusillant du regard. « Ne dis pas n’importe quoi, voyons ! Je pensais que toi plus que quiconque aurait été plus perceptif que ça ! J’admets qu’elle ne semble plus aussi fatiguée et triste qu’il y a quelques mois, mais elle est loin d’aller « bien » ! Et je ne sais toujours pas ce qui a provoqué toute cette affaire entre eux !! Dès que j’aborde le sujet avec Kaori elle se referme sur elle-même encore plus qu’une huître ! Quant à Ryo il est pire qu’un savon, impossible de l’attraper pour lui parler. Non, crois-moi mon chéri, elle a absolument besoin de notre cadeau ! Il faut qu’elle réagisse et se secoue, sinon elle terminera vieille fille et célibataire ! »  

 

Falcon vira écarlate à la suggestion implicite de sa femme. Il fallait dire que Miki était moins coincée et timide sur le sujet que lui. Prenant sur lui il parvint à retrouver sa voix et il lui demanda quand elle pensait lui annoncer qu’elle avait « rendez-vous ». Sa femme soupira et se gratta la tête. Elle ne le savait pas encore. Elle ne pouvait pas le lui annoncer à l’avance sinon Kaori risquait de prendre la poudre d’escampette et de fuir le pays le jour prévu. Mais comment s’assurer qu’elle serait libre ce soir-là ? Une idée lui traversa l’esprit et elle appela Eriko pour lui demander son avis. Quelques minutes plus tard l’affaire était réglée.  

 

 

Un mois plus tard  

 

Kaori soupira en se massant la tempe gauche. Elle s’était encore une fois fait avoir. Et elle détestait quand elle se faisait rouler par Eriko. Son amie l’avait contactée un petit mois auparavant en lui proposant une soirée à elle deux. Elle s’était excusée au téléphone d’avoir été aussi occupée depuis plusieurs mois et elle voulait se rattraper en l’invitant pour un dîner et prendre un verre dans un bar. Kaori savait que Eriko l’ennuierait en la questionnant sur sa relation actuelle avec Ryo et ensuite qu’elle l’encouragerait à le quitter, aussi n’avait-elle pas beaucoup envie de la voir. Mais d’un autre côté elle avait besoin de sortir et de penser à autre chose qu’à son partenaire et « sa fiancée ». Ca lui avait fait tellement mal quand cette dernière était revenue de sa famille dans le Sud. Les deux semaines passées en compagnie de Ryo avaient été tellement agréables. Pendant ces quelques jours elle avait eu l’impression que tout était revenu comme auparavant, à la seule différence que Ryo était le plus adorable et le plus charmant des hommes qu’elle avait jamais rencontrés. Et son cadeau ! Elle n’en avait pas cru ses yeux. Elle s’était attendue à l’une ou l’autre chose du magasin de « Chérie » vu que Ryo ne se cassait en général pas la tête, mais là ! Elle n’avait jamais vu un collier aussi beau et elle n’osait même pas imaginer le prix de ce dernier. Malgré sa joie, un coin de son esprit se demandait ce que « la fiancée » allait recevoir comme cadeau, vu ce qu’elle venait de recevoir, et ça avait fait retomber son bonheur pendant quelques instants. Mais Ryo avait réussi à lui rendre le moral en moins de deux et ils avaient fini la semaine en beauté avec du champagne sur le toit de l’immeuble pour fêter la nouvelle année. Malheureusement ils avaient dû revenir à la réalité, et la voilà à nouveau seule… Elle avait hésité quelques instants avant de finalement accepter. De plus ça tombait bien, c’était justement un jour où Ryo serait absent puisque ça allait être la Saint Valentin et elle n’avait aucune envie d’être seule à ce moment là.  

 

Elles s’étaient retrouvées dans un restaurant chic du centre ville où Eriko la gâta avec un menu trois étoiles qui mit l’eau à la bouche de Kaori rien qu’en le lisant. Son amie commanda un vin français pour accompagner le repas, et malgré ses protestations du début, elle avait bu plus qu’elle n’aurait dû et en était à présent moyennement intoxiquée. Le café avait réussi à dissiper un peu l’alcool mais pas complètement, aussi quand Eriko lui avait proposée d’aller boire un verre dans un établissement tout près du restaurant pour finir la soirée, elle n’y avait pas trop fait attention et avait accepté l’invitation. Elles quittèrent le restaurant et Eriko l’avait entraînée vers le centre ville par un dédale de rues et elle avait vite perdu son sens de l’orientation. Une dizaine de minutes plus tard Eriko s’était arrêtée et avait annoncé qu’elles étaient arrivées. Elle avait alors relevée la tête et à son plus grand effroi elle constata qu’elles étaient devant le Baiser du Dragon. Elle avait immédiatement fait volte-face et s’était éloignée de quelques pas avant qu’Eriko ne la retienne par le bras.  

 

« Mais qu’est-ce que tu fais ? » s’était écriée la jeune styliste. « C’est ici que nous devons être ! »  

 

« Je ne mettrais pas un pied dans cet établissement ! » avait-elle rétorqué, en colère que son amie l’ait entraînée dans un endroit où elle n’avait aucune envie d’être.  

 

« Oh mais, Kaori ! Ne t’emporte pas comme ça ! Il y a méprise ! On n’est pas là pour le spectacle de Bagheera ! »  

 

« Non ? » rétorqua Kaori avec méfiance.  

 

« Mais non ! Le Baiser du Dragon est également un bar où on peut venir pour se détendre sans avoir à assister aux spectacles. Je pensais en fait demander qu’on nous donne un petit salon privé où on pourrait discuter tranquillement tout en dégustant les fameux cocktails qu’ils savent si bien préparer. »  

 

Kaori avait cédé et elles entrèrent. Dans le hall d’entrée, alors que le maître d’hôtel l’aidait à enlever son manteau, Eriko prétexta un besoin urgent, et après avoir glissé un mot à l’oreille du videur, elle disparut dans un couloir. Le videur murmura quelque chose à l’oreille du maître d’hôtel qui se tourna ensuite vers elle et lui sourit gentiment avant de l’inviter à le suivre. Elle s’était installée dans un fauteuil et donna sa commande au serveur qui était apparu très discrètement à ses côtés. Elle avait déjà, à ce moment-là, trouvé étrange l’atmosphère de ce petit salon où il n’y avait même pas de table pour poser les verres et où une boule à facettes ornait le plafond.  

 

Après quelques instants, le serveur revint avec son cocktail et il lui annonça que Bagheera la rejoindrait dans quelques minutes. Cette annonce lui avait fait l’effet d’une douche glacée. Son esprit s’était réveillé d’un coup et elle avait regardé le serveur d’un air stupéfait et stupide. Elle avait alors balbutié qu’il devait y avoir une erreur car elle n’avait jamais pris rendez-vous et qu’elle attendait son amie. L’homme lui avait alors assurée qu’il n’y avait pas d’erreur et que le rendez-vous avait été pris par des amies qui voulaient lui faire une surprise. Il se retira en lui faisant un clin d’œil complice.  

 

QUOI !!! Qu’est-ce qu’elles ont fait ?!! Mais !! Mais elles sont folles !! Mais qu’est-ce qui leur a prises ?!! Une séance privée ? Avec BAGHEERA ?? Elles sont tombées sur la tête !  

 

Plongée dans ses pensées elle n’entendit pas la porte s’ouvrir...  

 

Quelques minutes auparavant  

 

Ryo sortit de la douche et attrapa sa serviette qu’il noua autour de ses hanches. Il secoua deux ou trois la tête pour aérer ses cheveux et passa une main dedans pour les mettre un peu en ordre. Prenant une seconde serviette il commença à les frictionner, puis mettant un demi-masque, se dirigea vers sa loge. Quand il ouvrit la porte, il constata que Ling, l’assistant du DJ, l’attendait déjà avec la liste des clientes pour les séances privées du soir. Il remarqua immédiatement que le jeune homme était essoufflé et qu’il tremblait de fatigue.  

 

« Ben qu’est-ce qui t’arrive, Ling ? » demanda-t-il en fouillant dans son armoire pour trouver un caleçon propre.  

 

« On a eu des problèmes dans l’aquarium » répondit le jeunot. « Quelqu’un n’a pas fait attention et tous les cd ont été mélangés. On a dû travailler d’arrache-pied pour tout remettre en ordre et être prêts pour ce soir. On vient à peine de terminer la sélection des musiques pour tes clientes. Jettes-y un œil et si tu veux changer, préviens-nous. Ah oui, les fiches ne sont pas en ordre ! » cria-t-il en quittant la loge au pas de course.  

 

Après avoir enfilé son caleçon, Ryo attrapa les listes et s’installa dans son fauteuil avec le verre de whisky qu’il s’était servi. La première fiche indiqua qu’il s’agissait d’une séance de groupe, deux jeunes femmes, fin de la vingtaine, venues visiblement visiter Shinjuku découvert grâce au célèbre Mangaka Tsukasa Hôjo : Patricia Ogryciak et Saskia Willems. Ah, des européennes ! Ca va me changer un peu ! Alors voyons voir, qu’est-ce qu’on me propose pour elles ? Hmm… KC & the Sunshine Band ? “That’s the way I like it” ? Ouais, c’est un bon choix. Alors quoi d’autres ? Ronan Keating et « When you say nothing at all ». Ouais, c’est également bien ça. Et la cliente ? Japonaise ou européenne ? Hmm… Voyons voir, il est noté où son nom ?… Ah, là : Makimura Kaori. Ryo recracha instantanément la gorgée qu’il venait de prendre et toussa fortement en tapotant sa poitrine. Qu’est-ce qu’il venait de lire ?!? Il remit la feuille sous ses yeux et relut une seconde fois attentivement la fiche. Non. Il avait bien vu. Kaori était une de ses clientes pour ce soir ! Un vent de panique s’empara de lui.  

 

« Mais c’est quoi ce bordel ! Qu’est-ce qu’elle vient faire foutre ici nom de Dieu !! Mais qu’est-ce qui lui prend putain ! Mais c’est pas vrai ! Elle a perdu la boule ou quoi ! »  

 

Il s’était mis à faire les cent pas dans sa loge en gesticulant dans tous les sens, secouant la feuille devant lui. Puis, il se reprit en main et s’affala sur le fauteuil, la tête entre les mains. Il devait réfléchir plutôt que paniquer ! Quoiqu’il fasse, il ne pouvait pas l’éviter. Il allait devoir se présenter devant elle. Mais malgré tout, un poids s’était installé sur son cœur. Kaori dans une boîte de strip… Et de son plein gré en plus ! Mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi demander ? Il le savait non ? Après tout ce qui s’était passé ces derniers mois, il n’était pas étonnant qu’elle ne l’attende plus.  

 

« Et voilà, finalement, ce qui devait arriver est arrivé » se lamenta-t-il. « Si Kaori est présente ici ce soir, cela ne peut signifier qu’une seule chose : elle ne m’aime plus. Ou tout au moins, elle s’est faite une raison. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Cela fait des mois que je lui rabats les oreilles avec « Cherry » par-ci, « Cherry » par-là ! Qu’est-ce que tu espérais mon pauvre vieux ? Qu’elle t’aimait au point d’attendre la fin du monde pour que tu reviennes au bercail ? Même Sainte Patience aurait jeté l’éponge, et ce depuis longtemps ! »  

 

Voilà, c’était la fin. Il avait cherché durant des années à l’éloigner de lui et il avait finalement réussi alors que ce n’était pas le but de cette mascarade ! Il aurait dû se réjouir qu’elle cherche quelques plaisirs ailleurs. Qu’elle cherche à approcher d’autres hommes. Elle ne s’était jamais intéressée qu’à un seul homme : lui. Un goût amer venu du fond de ses entrailles lui monta à la gorge. Oui, et maintenant ? Avec cette vérité devant les yeux, que devait-il faire ? Comment réagir ? Il allait devoir danser pour elle en sachant qu’elle venait voir son alter ego. Elle n’était pas là pour lui mais pour Bagheera. Mais elle était tout de même là. Sa douce Kaori… Il aurait dû lui dire la vérité. Peut-être pouvait-il encore le faire ? Profiter qu’elle soit là pour tout lui révéler ? Un corbeau passa. Il perdait la tête ! S’il faisait une telle chose, le Baiser n’y survivrait pas ! Il n’y avait qu’une seule chose à faire : se déshabiller pour elle. Si seulement il pouvait lui faire passer un message durant cette danse ? Lui montrer combien il l’aimait…  

 

Une idée germa alors dans son esprit. Elle ne savait pas qui se cachait derrière le masque de Bagheera. Pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, il avait la chance de lui montrer tous les sentiments qu’elle lui inspirait. Sans faux semblants, sans demi-mot. Etre juste « lui ». Ce serait sans aucun doute la seule fois où il pourrait le faire car il l’avait bel et bien perdue. Et il ne savait pas s’il parviendrait à la convaincre que sa fiancée n’avait jamais existé, qu’elle était une simple trouvaille de son imagination. Il n’avait pas encore réfléchi au moyen de revenir en arrière à propos de cette histoire. Il était seulement sûr qu’il ne lui parlerait jamais de cet épisode de son existence. Mais il ne devait pas minimiser le fait que ses chances de la reconquérir étaient quasi nulles. Il devait donc profiter de ce moment sans penser au reste. Se laisser aller une fois dans sa vie. Oublier les barrières entre lui et sa partenaire et laisser parler son cœur grâce au langage du corps de Bagheera. C’était risquer gros car si elle était là, et la connaissant, c’est parce que Bagheera lui plaisait. Et il savait l’effet que Bagheera produisait sur les femmes. Mais il ne voyait pas d’autres solutions. Il n’y avait que cela à faire. Même si elle ne saurait jamais que c’était lui, elle méritait au moins cet égard…  

 

Ryô était resté debout devant sa penderie durant quelques minutes, se demandant comment il devait se vêtir pour l’occasion. Il avait déjà prévu dans sa tête sa prestation pour Kaori aussi se demanda-t-il comment il s’habillerait pour l’emmener danser ?… Il sut. Il sortit une chemise bleu pâle et un costume blanc. Il respirait doucement pour se calmer et évacuer le stress qui s’était emparé de lui. Il ne devait pas perdre de vue ses intentions : lui montrer tout ce qu’il ressentait pour elle. Il vérifia que toutes ses cicatrices étaient bien maquillées. Elle le connaissait si bien qu’il devait se montrer vigilant. Il s’habilla donc, enfila son masque et se parfuma. Inconsciemment, il s’aspergea d’une senteur boisée. Il savait que Kaori aimait cela. Puis, inspirant, il quitta la loge et se dirigea vers la salle réservée à sa moitié. Oui, sa moitié même si elle l’ignorait…  

 

Il traversa les coulisses, échangea quelques mots avec les danseuses et le personnel technique. Il arriva ainsi au couloir qui menait à la petite salle. Et il la vit. Sion, le maître d’hôtel, la guidait vers la pièce. Il se cacha dans un recoin sombre et l’observa attentivement. Il la trouva détendue. En la voyant ainsi, il en fut surpris. Elle était tellement timide que si elle présentait ce visage serein, c’est qu’elle savait ce qu’elle faisait. Son cœur se noua douloureusement tandis que sa gorge se dessécha d’un coup. Elle était là de son plein gré, Bagheera lui plaisait énormément. Elle était probablement tombée sous son charme lorsqu’elle était venue le voir sur scène avec Miki. Lui était-il donc si facile de l’oublier, lui son partenaire depuis tant d’années ? Ne ressentait-elle donc plus rien pour lui ? Sous le coup de la peine qui s’empara de son âme il ferma les yeux. Au bout du couloir Kaori disparut derrière la porte. Il prit un instant appui contre le mur pour retrouver son courage et enfouir en lui cette douleur. Il ne devait penser qu’à elle ce soir. Lui procurer du plaisir. Même si elle penserait que c’était Bagheera, au moins lui saurait que ce n’était pas le cas. Il inspira profondément et rouvrit les yeux. Quand il se décida à avancer, il vit le serveur sortir de la salle. Saluant l’homme de la tête il se trouva bien trop vite devant la porte, la main hésitante au-dessus de la poignée. Il inspira encore une fois, ferma les yeux, et lentement relâcha son souffle, chassant en même temps son anxiété. Il était temps de se jeter dans la gueule du loup. Vérifiant vite que son costume était bien en place, il empoigna la poignée et ouvrit silencieusement la porte.  

 

Il ne dut pas chercher loin pour trouver sa belle. Elle était là, debout, le visage tourné vers le sol, livide, un verre dans la main. Il leva un sourcil interrogateur. Qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi était-elle si perturbée tout à coup ? Elle semblait même presque effrayée. Comme si elle venait de se rendre compte où elle était. Cette attitude ressemblait déjà plus à « sa » Kaori que ça le rassura un peu. Sa Kaori n’aurait jamais mis les pieds dans un établissement comme le Baiser d’elle-même, à moins que quelqu’un ne l’ait manipulée ou blessée dans sa fierté, ou quand elle avait un coup de tête ou qu’on la défiait. Elle pouvait être plus têtue qu’une mule dans ces moments-là et elle était capable de tout faire. En y réfléchissant, ça ne l’étonnerait d’ailleurs pas que Miki soit derrière ce rendez-vous. Après tout elle avait bien entraîné Kaori quand elles étaient venues le voir en spectacle il y a quelques mois. Un sourire se dessina sur ses lèvres. En temps normal il aurait houspillé la jeune femme d’avoir manipulée Kaori de cette manière, mais là il avait plutôt envie de la remercier. Elle lui présentait, sans même le savoir, l’occasion d’ouvrir son cœur à sa bien-aimée. Et il n’avait nullement l’intention de laisser passer sa chance.  

 

Plongée dans ses pensées, Kaori n’entendit pas la porte s’ouvrir. Son cœur cognait à un rythme effréné dans sa poitrine. Une séance privée avec Bagheera… Elle n’en revenait pas ! Jamais elle ne s’était attendue à un coup aussi bas de la part de ses amies. Même si elle savait qu’elles avaient son bien en tête, elles étaient allées trop loin ! De quel droit se mêlaient-elles ainsi de sa vie privée ! Peut-être parce qu’elle n’avait jamais émis une objection jusque-là… Mais maintenant… Maintenant il était question de Bagheera. Bagheera, un parfait inconnu, qui avait néanmoins fait battre son cœur plus fort quand elle l’avait vu en scène. Elle s’était sentie attirée dès la première seconde que ses yeux s’étaient posés sur lui, et elle s’était sentie si vide quand il disparut dans les coulisses. Ca avait fait tellement mal, cette absence, qu’elle s’était sauvée aussi vite que possible pour que ses amies ne remarquent rien. Heureusement que Mick avait fourni une diversion ce soir-là, sinon elles ne l’auraient pas laissée une minute tranquille en discours et conseils pour l’approcher et le séduire. Elle avait pensé y avoir échappé, mais voilà qu’elles avaient tout de même réussi à ce qu’elle le rencontre une nouvelle fois. Que devait-elle faire à présent ? A chaque instant la porte pouvait s’ouvrir et le stripteaseur entrerait. Elle sentit la panique monter en elle, mais elle se sentait incapable de bouger. C’était comme si son corps refusait de lui répondre. Pourquoi ?!  

Parce qu’il te plait bon sang ! Admet-le ma fille ! Arrête de trouver des excuses et vois la vérité en face : IL TE PLAIT ! Oui, c’est un inconnu, et oui c’est un stripteaseur. Et alors ?! Tout le monde est un inconnu tant qu’on n’a pas fait connaissance et tes amies t’ont donnée une superbe occasion pour lui parler et en apprendre plus sur lui. A toi de voir comment. Quant à son métier de stripteaseur… Ne vis-tu pas avec un nettoyeur professionnel pervers ? Ou plutôt, ne vivais-tu pas avec lui ? Pendant combien d’années l’as-tu supporté ? Dix ans !! Comparé à cet idiot, Bagheera semble être un gentleman ! Lui au moins ne court pas après toutes les femmes, et si tu peux en croire les rumeurs, il fuit toutes celles qui essayent de se jeter sur lui. Tu sais très bien que tu ne dois plus rien espérer de Ryo. Il t’a mentie et il t’a trahie. Pendant toutes ces années il t’a laissée entendre qu’il t’aimait, de par ses gestes et ses non-dits, et qu’en est-il finalement ? Il est fiancé ! Et même pas avec une autre femme ! AVEC UN HOMME !! Ouvre les yeux et ton cœur ma chérie. Il est temps d’avancer dans la vie. Il est temps que tu trouves aussi quelqu’un. Alors oublie pour une fois tout ce que ton traître de partenaire t’a dit et souviens toi plutôt de tous les compliments qu’on t’a fait. Tu es belle ! Tu es gracieuse ! Tu défiles pour Eriko ! Et tu peux faire craquer n’importe quel homme !! Et il y en a justement un qui va pointer le bout de son nez. Alors va et vaincs !  

 

Elle inspira profondément. Sa conscience avait raison. Il était temps d’avancer dans la vie, et de faire une croix sur Ryo. Il ne reviendrait jamais à elle, il avait trouvé son bonheur, à elle d’en faire autant.  

 

Ryo vit les émotions défiler sur le visage de Kaori. La panique, la colère, la douleur, la résolution et finalement la détermination. Apparemment elle avait pris une décision, et vu qu’elle ne l’avait pas renversé en sortant à toute vitesse, elle avait pris son courage à deux mains et allait lui faire face. Tant mieux, la soirée n’en serait que meilleure. Il la vit relever brusquement la tête, se rendant finalement compte qu’elle n’était plus seule.  

 

La panique qui s’était emparée d’elle retomba tout de suite. Vraiment Kaori, tu te fais vieille si on peut te surprendre aussi facilement ! Heureusement que Ryo n’est pas là, il te reprocherait que tu n’es pas digne d’être sa partenaire, que tu es pire qu’une débutante. Et pour une fois il n’aurait pas tort… Elle avait les nerfs à vifs. Il fallait qu’elle se calme et vite. C’est alors qu’elle vit vraiment Bagheera devant elle, et elle déglutit avec difficulté alors que ses yeux se dilatèrent de surprise. Il était là, debout, devant elle, la main dans sa poche gauche de pantalon, se dressant de toute sa taille. Malgré elle, elle nota qu’il devait être au moins aussi grand que Ryô et aussi bien musclé à en juger les formes que le tissu épousait. Le superbe costume blanc d’une coupe impeccable donnait à sa silhouette une grande prestance. Elle posa les yeux sur son visage. Le masque ne l’étonna pas mais de près il était encore plus beau qu’elle ne l’avait imaginé. Les reflets bleutés ainsi que les moustaches donnaient la parfaite illusion du pelage d’une panthère. Elle fut déçue néanmoins de ne pas pouvoir apercevoir ses cheveux, car c’était une des choses qui l’attirait chez un homme. Il avait une posture droite mais décontractée. Dieu qu’il était impressionnant. Quand elle plongea ses yeux dans les siens, son souffle se coupa. Il y avait tellement de tendresse dans la profondeur noire de ses prunelles. Et maintenant ? Que devait-elle faire ? Comment agir ? Ou plutôt réagir ?…  

 

Ryô avait une envie folle de la prendre dans ses bras mais il ne pouvait pas, il devait prendre sur lui. Il devait lancer son rituel. Sans décrocher son regard du sien, il referma la porte derrière lui et tourna la clé dans la serrure. Aujourd’hui de tous les jours il ne voulait pas être dérangé, même si le Baiser du Dragon était en flamme ! S’il devait mourir, ça serait au moins aux côtés de celle qu’il aimait. Il s’avança ensuite vers elle d’un pas nonchalant, posa délicatement sa main sur son épaule droite et descendit lentement le long de son bras. Les sourcils de Kaori se haussèrent de surprise, mais elle n’eut aucune réaction pour esquiver son geste. Ses doigts rencontrèrent sa peau nue qui frissonna à ce contact. Les joues de la jeune femme se teintèrent de rose, mais elle ne chercha toujours pas à se soustraire au contact. Il sourit, doucement, tendrement, pour ne pas l’effrayer et la rassurer. Lentement mais sûrement, il atteignit son poignet mais continua son chemin. Délicatement, il écarta ses doigts et prit le verre qu’elle tenait presque trop fermement. Reculant d’un petit pas, il se pencha et le posa à même le sol, toujours sans briser le contact visuel entre eux. Il se redressa. C’est à ce moment que la lumière se fit tamisée et que les spots ainsi que la boule à facettes se mirent à tournoyer donnant une atmosphère « boîte de nuit ». Et une douce mélodie s’éleva dans le silence de la salle. Bagheera fit un pas vers elle.  

 

It's amazing how you can speak right to my heart  

Without saying a word, you can light up the dark  

Try as I may I could never explain  

What I hear when you don't say a thing  

 

Kaori était pétrifiée, elle n’arrivait plus à bouger. Sa main sur son bras et elle s’était envolée. Il n’avait encore rien fait et elle n’y tenait déjà plus. Son cœur s’était affolé tandis que sa température interne avait explosée. Que lui arrivait-il pour qu’elle ait des réactions pareils à un simple touché ?! Et puis, les premières notes de musique s’échappèrent des hauts parleurs et elle n’eut pas de mal à les reconnaître. C’était un slow de Ronan Keating. Elle s’était toujours imaginée que les stripteaseurs dansaient sur des musiques rythmées alors que comptait-il faire avec une mélodie si calme ? Elle remarqua alors qu’il venait vers elle. Il stoppa à 30 centimètres de son corps puis, leva les bras et doucement, délicatement, déposa ses mains sur sa taille. Il se rapprocha d’un pas et fit glisser ses mains jusque dans son dos avant de refermer son étreinte et de la ramener vers lui. Pantelante, les bras le long du corps, le souffle coupé, elle ne savait plus quoi faire. Les effluves boisés de son eau de toilette emplir ses narines. Quelle était donc cette force qu’elle sentait émaner de lui ?  

 

Ryô n’était pas mécontent de la réaction de sa partenaire mais il avait espéré qu’elle soit plus active. Or, pour le moment, elle était totalement inerte ! Il avait l’impression d’avoir une poupée dans ses bras, or s’était une femme fatale qu’il voulait voir. Il allait donc devoir se charger de la guider et de réveiller ses instincts. Doucement, il remonta le long des hanches de Kaori, caressant ses côtes et effleurant ses seins, jusqu’à ses bras qu’il leva au-dessus de sa tête. Il les guida ensuite jusqu’à lui où il déposa les mains sur ses épaules. Il attrapa de nouveau la taille de la jeune femme et fit un pas en arrière, l’entraînant pour un slow. Un slow qui serait sans doute langoureux. Il ne fallait pas perdre de vue qu’il était sensé se dévêtir pour elle.  

 

Il commença à bouger légèrement et amorça le pas qui lancerait ce slow qu’il avait tout spécialement préparé pour elle. Aucune autre cliente n’aurait droit à ce régime de faveur. Elle ne pourrait plus jamais oublier ce moment. Il s’en était fait le serment. Tout en ondulant du corps, ils commencèrent à tourner lentement sur eux-mêmes. Au plus grand plaisir de Ryo, il sentit les bras de Kaori encercler son cou et exercer un peu de pression pour se rapprocher de lui. De son côté, il referma un peu son étreinte tandis que d’un doigt il dessinait des arabesques sur le dos de Kaori en effleurant à peine le tissu. Les frissons qui parcouraient celui-ci indiquaient clairement qu’elle n’est pas insensible à ses caresses. Glissant sur le tissu, il fit remonter ses mains vers les épaules de Kaori, avant de prendre le visage de sa partenaire en coupe. Du pouce il caressa sa joue puis ses lèvres. Descendant de nouveau vers les bras de la belle, il remonta ceux-ci jusqu’aux poignets qui entouraient toujours sa nuque et qu’il écarta légèrement. Lui obéissant, il ramena les doigts fins de la jeune femme vers ses larges épaules et les fit glisser sous le tissu de sa veste.  

 

Kaori ne savait plus trop où elle en était. Les caresses que Bagheera lui prodiguait rendaient ses pensées incompréhensibles. Elle ne voyait que lui, ne pouvait que penser à lui. Le reste du monde n’existait plus. Elle n’avait jamais ressentie une chose pareille. Que lui arrivait-il ? Elle sentit soudain ses mains quitter sa taille et partout où les doigts de la Panthère la touchèrent, ils laissèrent une coulée de feu. Après un passage par son visage, Bagheera encercla ses poignets et les écarta pour les ramener entre eux et les faire glisser sous le tissu de sa veste, sur la fine chemise à travers laquelle elle pouvait sentir la chaleur de son corps. Elle ouvrit grand les yeux, la bouche légèrement ouverte. Comprenait-elle bien ce geste ? Etait-ce effectivement son intention pour cette soirée ? Il voulait que se soit elle qui le déshabille ?! Mon Dieu ! Si c’était cela, elle n’y survivrait pas ! Elle en était incapable ! Elle n’avait jamais déshabillé un homme…  

 

Et alors ? C’est l’occasion ou jamais de commencer, lui dicta sa conscience. Vas-y ma fille ! Déshabille-le ! Tu en meures d’envie !  

 

Alors malgré elle, elle repoussa la veste. Bagheera soupira d’aise. Elle le suivait c’était parfait. Il lâcha Kaori pour que son vêtement puisse glisser mais à son grand étonnement, elle s’en chargea elle-même, glissant le long de ses bras comme lui l’avait fait quelques instants auparavant. Sous ses doigts, elle sentit ses muscles se contracter et légèrement frissonner. Alors comme ça elle lui faisait de l’effet… Ryo, de son côté, jubilait. Kaori, la femme qu’il aimait, allait l’effeuiller au rythme langoureux de cette merveilleuse chanson qui faisait vraiment bien passer le message. A savoir qu’il était inutile qu’ils se parlent pour se comprendre. Une fois sa veste abandonnée dans un coin, il referma ses bras sur elle et lui caressa sensuellement le dos, les épaules et le cou. Elle ne savait déjà plus où elle se trouvait. Est-ce qu’il se comportait ainsi avec toutes ses clientes ? Elle voulait croire que non, qu’elle était unique. Ils dansaient toujours sur la chanson qui se poursuivait.  

 

The smile on your face lets me know that you need me  

There's a truth in your eyes saying you'll never leave me  

The touch of your hand says you'll catch me where ever I fall  

You say it best, when you say nothing at all  

 

Les mains de Kaori s’étaient replacées autour du cou de la Panthère et ils firent encore quelques pas. Elle ne savait pas ce qu’il allait faire maintenant, mais elle savait qu’après avoir senti sa peau chaude sous sa chemise, elle n’arrêtait pas de se l’imaginer torse nu. Elle voulait savoir à quoi il ressemblait, s’il était vraiment aussi musclé que le tissu tendu le laissait imaginer. Pour la première fois de sa vie, l’impatience la gagna. Lâchant la nuque de Bagheera, elle remonta le long de sa mâchoire vers son cou, où elle suivit les lignes de son col vers la première boutonnière. Arrivée là, son cœur s’affola et elle hésita. Mais le regard de Bagheera rencontra le sien et sa peur s’envola. Ses yeux étaient si doux, si tendre, que son courage refit surface. Ses doigts rencontrèrent le premier bouton qui s’ouvrit miraculeusement suivit de peu par le second et le troisième. Entre chaque bouton elle explorait les muscles de sa poitrine et de son abdomen.  

 

Ryô se sentait transporté. Elle le caressait. Elle faisait cela toute seule, sans qu’il ne l’aide ni ne l’incite. Il devait développer des trésors de volonté pour résister à cet appel muet. Elle demandait de la tendresse, de l’amour, de la sensualité. Et elle donnait tout ça à Bagheera alors qu’il rêvait depuis des années qu’elle lui accorde, à lui, Ryo, cette faveur. Il devait se concentrer, se concentrer… Il trouva un échappatoire. A son tour il fit bouger ses mains, explorant méticuleusement le corps de Kaori du cou jusqu’au creux des reins et le début des fesses.  

 

Les pans de la chemise finirent par s’écarter étant donné que presque tous les boutons étaient enlevés. Quand Kaori perçut la peau nue de Bagheera, elle se figea. La honte la submergea. Elle venait de s’autoriser à caresser un parfait inconnu. Mais que lui prenait-elle ? Elle ne se reconnaissait plus. Etait-elle donc tellement débauchée qu’elle se permettait une telle intimité avec un étranger ? Et si Bagheera interprétait mal ses gestes ? Qu’il pensait qu’elle était en train de lui faire des avances ! Ses mains qui caressaient le creux de ses reins… Qu’allaient-elles faire à présent ? Resteraient-elles bien sagement dans son dos ? Bien que son esprit aurait voulu que oui, tout son corps lui criait qu’il en voulait plus. Beaucoup plus ! Une chaleur commença à émaner de son bas ventre, et plus cette chaleur grandissait, moins elle entendait la voix de sa Raison. Son esprit ne voyait plus qu’une seule et unique chose, le torse à moitié nu de Bagheera. Elle DEVAIT lui enlever sa chemise.  

 

All day long I can hear people talking out loud  

But when you hold me near, you drown out the crowd  

Try as they may, they can never define  

What's been said between your heart and mine  

 

Les doigts fébriles et tremblants, elle tira sur la chemise pour la sortir du pantalon. Faisant glisser ses mains sur le tissu, elle rejoignit son ventre qu’elle caressa du bout des doigts, savourant la texture de cette peau chaude, douce et rugueuse à la fois. Cette combinaison l’émerveilla et elle fit remonter ses mains vers ses épaules où elle leva la chemise pour la faire glisser le long de son dos. Le premier contact avec l’homme lui-même avait été hésitant, mais au fur et à mesure qu’elle avançait dans son exploration elle entendait le souffle de Bagheera s’accélérer et se faire plus court.  

 

The smile on your face lets me know that you need me  

There's a truth in your eyes saying you'll never leave me  

The touch of your hand says you'll catch me where ever I fall  

You say it best, when you say nothing at all  

 

Son cœur battait donc aussi vite que le sien ? Que ressentait-il en ce moment ? Regrettait-il de l’avoir encouragée à le déshabiller ? Regrettait-il qu’elle soit aussi hésitante et maladroite ? Prenant courage, elle leva la tête et plongea son regard dans ses prunelles sombres. Elle en fut toute retournée. Pourquoi lisait-elle autant d’amour dans ses yeux ? Voulait-il lui dire quelque chose ? Ou était-ce juste son imagination ? Si c’était son imagination alors pourquoi la caressait-il ainsi ? Elle pouvait sentir les effleurements contre son dos. Et il la pressa soudainement davantage contre lui sans pour autant lâcher ses yeux. Elle se sentait bien. Très bien même. Elle aurait dû être affolée d’être dans les bras d’un homme à demi nu, mais il n’en était rien. Le calme l’habitait. Elle se sentait à l’aise. En sécurité. Lentement elle ferma les yeux et se réfugia dans le creux de l’épaule de Bagheera. Doucement, ils continuèrent à danser leurs slow.  

 

The smile on your face lets me know that you need me  

There's a truth in your eyes saying you'll never leave me  

The touch of your hand says you'll catch me where ever I fall  

You say it best, when you say nothing at all  

 

La lumière dans la petite pièce semblait leur faire tourner la tête. Kaori se sentait merveilleusement bien dans les bras de cet inconnu et Ryô se sentait bouillir comme jamais. C’était tellement bon et tellement dur d’être aussi proche d’elle. Pourquoi devait-il toujours se mettre dans des situations pas possibles ? D’autant que le plus dur restait à faire : ôter son pantalon. Comment allait-il réussir à garder son sang froid alors qu’il avait de plus en plus envie d’elle. Il la sentait dans son cou, son souffle chaud contre sa peau, ses cheveux qui le caressaient si sensuellement… Et voilà qu’entraînée par les paroles de la chanson, elle recommençait à lui caresser le torse. Mais ses gestes étaient tellement différents… C’était comme si… comme si elle laissait son cœur lui dicter ses mouvements. C’était un supplice. Ils dansaient toujours serrés l’un contre l’autre sur la musique qui parlait à la place de leurs coeurs. Et Kaori savait à présent très bien ce qu’elle voulait, ce qu’elle désirait. Elle le voulait lui. Bagheera. Elle le voulait comme elle n’avait jamais désiré un homme. Elle n’avait jamais ressentie une envie aussi profonde, pas même pour son traître de partenaire qu’elle aimer pourtant de tout son cœur. Et à en juger par la bosse qu’elle sentait contre son ventre, cette envie était mutuelle. Se sentir désirée pour la premières fois de sa vie la grisa davantage. Ses mains glissèrent vers la ceinture du pantalon et ce avant que Ryô ne se soit préparé psychologiquement à cette éventualité. Il paniqua. Il savait très bien que s’ils continuaient sur ce chemin, ils termineraient la chanson sur la moquette, à l’horizontale. Et malgré tout le désir qui l’enflammait, il ne pouvait pas s’autoriser une chose pareille. Tant pour lui que pour elle. Ils le regretteraient. Mais comment se sortir de cette impasse sans briser cette douce atmosphère qui planait entre eux ? Il s’écarta soudainement d’elle, la retourna et plaça son dos contre son torse tout en poursuivant les ondulations exigées par la danse.  

 

La frustration gagna Kaori. Pourquoi l’avoir empêchée d’aller jusqu’au bout ? Il la voulait, elle en était sûre ! Son bas ventre qui caressait le creux de ses reins le trahissait ! Pourquoi l’avoir arrêtée ?! La déception prit alors la place de sa colère. Elle s’était sentie désirée jusqu’à présent de part les gestes de l’homme. Il y avait tant de tendresse, d’amour, de désir dans ses yeux… Se serait-elle trompée ? Aurait-elle mal interprété les sentiments qui animaient cet homme ? Avait-il fait toute cette mise en scène juste pour elle ? Sans jamais avoir eu l’intention que ça devienne sérieux ? Juste pour lui faire plaisir ? Il ne jouait donc qu’un rôle… Son rôle de danseur… C’était injuste…  

 

You say it best, when you say nothing at all  

You say it best, when you say nothing at all  

 

The smile on your face  

There's a truth in your eyes  

The touch of your hand  

Lets me know that you need me  

 

Ryô capta bien évidemment la soudaine mauvaise humeur de sa compagne et la comprenait. Il se sentait pareil. Mais il ne pouvait pas capituler sur ce point. Il devait être fort et se contrôler ! Mais terminer cette séance comme ceci… Un stripteaseur qui a encore son pantalon à la fin du show, ça serait une première ! Il allait devoir jouer serré. Il devait garder l’illusion qu’il n’était rien d’autre qu’un stripteaseur et que tout ce qu’il faisait c’était un métier. Rien de plus. Ca n’allait pas être facile avec Kaori collée à lui. Néanmoins… Il saisit les bras de Kaori et, dans un geste déterminé, posa les mains de celle-ci sur ses fesses. Couvrant les mains de la jeune femme avec les siennes il imprima un va et vient tout le long des deux exquises rondeurs de son postérieur. Un soupir s’échappa de la bouche de cette dernière.  

 

Kaori se sentit soulagée. Il ne la rejetait donc pas ! Il voulait juste changer de position, et elle devait admettre que c’était une sensation étrange mais très sensuelle que d’explorer les fesses d’un homme à l’aveuglette. Mais le pantalon la gênait ! Elle voulait sentir sa peau sous ses doigts, pas du tissu ! Echappant au contrôle des mains de Bagheera, elle remonta jusqu’à la taille et glissa ses mains dans le pantalon du stripteaseur. Elle voulait le faire descendre, le faire glisser le long de ses jambes, pour qu’il puisse s’en débarrasser, mais elle n’y parvient pas. La ceinture était trop étroitement serrée. Soudain elle sentit celle-ci bouger sous ses doigts. Bagheera venait de la défaire. N’en demandant pas plus, elle attrapa les bords du pantalon, et fléchant les genoux, l’entraîna avec elle vers le sol. De deux petits coups de pieds Bagheera l’envoya valser dans un coin en compagnie de sa veste et de sa chemise. Kaori profita de cet instant pour se retourner et faire face aux jambes de la Panthère. Lentement elle se releva, dévorant des yeux et des mains, le corps de l’homme devant-elle. Arrivée au niveau des genoux, elle hésita un instant. Par où devait-elle remonter au niveau du bassin ? Elle fit glisser ses mains le long de ses hanches. Elle ne se sentait pas encore assez courageuse pour caresser l’attribut plus que masculin de Bagheera. Elle nota au passage, que non seulement il était bien membré, mais que son boxer très moulant, avait la même texture et couleur que son masque, et que celui-ci renforçait son côté homme-panthère. Elle entoura de nouveau son cou de ses bras et se réfugia dans ses bras. Ryo de son coté devait se mordre la langue pour ne pas la clouer contre un mur et l’embrasser avec passion.  

 

Les dernières paroles de la chanson annoncèrent la fin imminente de celle-ci.  

 

You say it best, when you say nothing at all  

 

Il la lâcha alors et elle ne bougea pas, totalement incapable de faire le moindre mouvement, surprise encore une fois de ce rejet. Que voulait-il à la fin ? Qu’est-ce qui le prenait ?!  

 

You say it best, when you say nothing at all  

 

Il plongea pendant un instant son regard dans le sien avant de pencher la tête et d’approcher son visage du sien. Il le prit en coupe. Soudain ses yeux s’ouvrirent de surprise. Elle lut avec horreur et délectation dans ses prunelles de nuit ses intentions. Les yeux accrochés aux siens...  

 

You say it best, when you say nothing at all  

 

... il l’embrassa. Son coeur explosa comme une supernova. Ryô était effaré par ce qu’il venait de faire mais n’avait pu résister... Ils avaient tous les deux les yeux grands ouverts et se jaugeaient avec envie. Cet échange qui devait être un simple effleurement dans l’esprit de Ryô échappa à son contrôle quand il rencontra les lèvres déjà ouvertes et prêtes à l’accueillir de Kaori. Inconsciemment, sa langue chercha la sienne et ils échangèrent un furieux baiser. Leur premier baiser. Et peut-être même leur dernier. Il fit soudainement un pas en arrière, brisant le contact passionné entre eux, plongea une dernière fois ses yeux dans les siens et quitta la salle le plus rapidement qu’il put. Lorsque la porte se referma, Kaori tomba à genoux sur le sol, en larmes. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Mais elle sentait encore les lèvres chaudes et pleines de l’homme sur les siennes. Quelles étaient donc les intentions de Bagheera ?!!! Elle ne savait plus ce qu’elle devait penser ! Elle s’était donnée à lui sans réserve, et il prenait la fuite… Pourquoi !! Ryô s’enfuit dans sa loge dont il ferma la porte à double tour. Il ne fallait pas qu’on le voit comme ça. Sans prendre la peine de se déshabiller il entra dans la douche et ouvrit les jets d’eau froide à fond. Dans la petite salle Kaori resta de longues minutes sur la moquette avant de trouver le courage de sortir du cabaret. Trop d’émotions coulaient dans leurs veines...  

 

Dans le salon d’attente d’à côté, deux jeunes femmes européennes s’impatientaient.  

« Mais qu’est-ce qui se passe ? » demanda la rousse à la brune. « J’ai l’impression que ça fait des heures qu’on attend ! »  

Justement à cet instant là, la porte s’ouvrit, mais au plus grand désespoir des deux amies, ce n’était pas Bagheera mais le maître d’hôtel. Il leur annonça que la vedette du Baiser du Dragon ne pourrait pas les prendre, mais que leur rendez-vous avait été reporté à demain soir.  

« Nooooooooooooooooooooooon !!!! » se lamenta la brune en s’agrippant les cheveux. « On repart demain matin pour l’Europe !! Ce n’est pas juste !!! On VEUT voir Bagheera ce soir !! »  

Le maître d’hôtel secoua tristement la tête, ce n’était pas possible. La rousse sortit soudainement un magnum 357 de son sac à main et posa le canon contre la tempe du vieil homme.  

« On t’a dit qu’on voulait voir Bagheera tête de lard !! » répéta-t-elle d’une voix glaciale et menaçante.  

Heureusement pour le maître d’hôtel, le service de sécurité arriva pour lui porter secours et mettre les deux furies à la porte, qui une fois dehors, crièrent à mort qu’elle voulait voir Bagheera...  

 

 


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