Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: Sayaka1537

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 11 capitoli

Pubblicato: 17-05-08

Ultimo aggiornamento: 03-10-11

 

Commenti: 32 reviews

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DrameAction

 

Riassunto: Une des versions que j'imagine de leur première rencontre, sachant que je n'ai pas encore lu la version originale : Comment Kaori recevrait-elle Ryô si elle n'avait pas eu l'occasion de voir l'homme derrière le nom et restait "encombrée" des préjugés des gens de la société "normale" ? Venu des difficultés d'une amie à comprendre la personnalité de Ryô Saeba, derrière l'image qu'il projette... ;) (Ex one-shot qui s'est allongé en plusieurs chapitres ^^)

 

Disclaimer: Les personnages de "Humpf... City Hunter... Ryô Saeba ?" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Humpf... City Hunter... Ryô Saeba ?

 

Capitolo 9 :: Douloureuses explications

Pubblicato: 19-09-11 - Ultimo aggiornamento: 19-09-11

Commenti: Et voilà le chapitre où la transition se fait... J'espère que c'est sans douleur ! ^^ Bon début de semaine à tout le monde ! :-D

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11


 

VLAM !!!  

 

La force qu’elle mit dans son coup était telle que Kaori elle-même ressentit une douleur irradier dans tout son bras. A demi-aveuglée par les larmes, elle se détourna et voulut fuir, avant de se rendre compte que son bras était toujours retenu en otage par une poigne qui ne s’était pas le moins du monde desserrée. D’instinct, elle lança son corps en avant, tentant d’arracher son bras à l’étreinte, mais sans succès. Il lui sembla que quelqu’un criait mais elle n’en avait cure en cet instant, alors que la panique qu’elle avait réussi à contenir devant Tayuki s’emparait cette fois d’elle.  

 

Avec une hargne qu’entretenait sa peur, elle se mit à cogner au hasard, à l’aveugle. Ses poings serrés convulsivement rencontrèrent une surface dure et elle s’acharna contre elle, hurlant dénégations et malédictions. Elle sentit alors qu’on lâchait enfin son bras, mais déchanta tout de suite après : Avant qu’elle n’ait pu esquisser le moindre mouvement, elle avait été saisie par les deux épaules et à présent il n’y avait définitivement plus moyen de s’enfuir.  

 

Elle crut percevoir vaguement de nouveau quelqu’un crier en arrière-plan mais le bourdonnement qui avait envahi ses oreilles était beaucoup trop fort et obsédant pour qu’elle y prenne garde. Elle voulut continuer de taper des poings, tout son être refusant de céder sans combattre, mais la prise sur ses épaules était si forte que les mouvements de ses bras en étaient gênés…  

 

Brusquement, elle se sentit projetée en avant pour s’écraser contre la surface dure qu’elle molestait encore une seconde auparavant, les bras plaqués entre son propre corps et son ennemi. Des bras se refermèrent sur elle, empêchant tout mouvement, et une main glissa sur ses cheveux. Désorientée, Kaori se sentait perdre pied, son cerveau ne tirant aucun sens des informations sensorielles qu’il recevait. Pleurant toujours, la jeune fille ne savait plus très bien où elle était, contre qui ou même pourquoi elle se battait. Elle tenta un mouvement, s’aperçut qu’elle était complètement immobilisée et alors ce fut une vague de désespoir las et résigné qui l’envahit : Ses jambes vacillèrent et elle sentit un vertige lui tourner la tête.  

 

Elle se raccrocha inconsciemment au premier repère solide qui lui vint sous la main, littéralement, et enserra de ses doigts tremblants le morceau de tissu sous ses mains. Elle sentit son corps s’affaisser sur lui-même, puis le sol chaud. De nouveau, il lui sembla que quelqu’un parlait, mais encore une fois rien ne l’atteignit.  

 

* * * * *  

 

VLAM !!!  

 

La première chose que Ryô enregistra fut la sensation de douleur qui vint juste après le choc. La seconde fut que ce qu’il tenait dans sa main tentait de s’échapper et, avant même de penser qu’il s’agissait de Kaori, par réflexe, il resserra encore sa prise. Reprenant aussitôt le contact avec la situation, il vit Kaori se pencher en avant, tendue comme un arc, prête à s’élancer s’il lui en laissait la moindre occasion. Mais Ryô n’avait aucune intention de la laisser s’enfuir, d’autant moins à présent qu’il avait vu l’état dans lequel elle était : Pas question qu’il lui arrive quoi que ce soit !!!  

 

« Kaori ! » s’écria-t-il, tentant d’attirer l’attention de la jeune femme qui, il le sentait, n’avait même pas réalisé que c’était lui qu’elle avait frappé. Pas un instant il ne songea qu’il venait d’employer le prénom d’une personne qui était censée lui être étrangère, ne pensant qu’à calmer la jeune fille. Et son prénom était un point de repère familier, qui lui avait en outre tout naturellement échappé…  

 

Mais il s’aperçut très vite que s’il croyait la calmer ainsi il s’était lourdement trompé : La jeune fille, transformée en furie, s’était retournée et jetée sur lui. Pendant un instant, abasourdi devant cette violence soudaine, le nettoyeur ne bougea même pas, ne fit pas un geste pour l’arrêter, laissant sa main suivre le mouvement de son bras qu’il agrippait toujours. Mais bien vite il se reprit et lâcha son bras pour mieux la saisir aux épaules, l’appelant de nouveau par son prénom, tentant de l’atteindre à travers sa panique visiblement hors de tout contrôle.  

 

Voyant cependant qu’elle semblait ne rien entendre, il déplaça légèrement sa prise afin de lui interdire presque tout mouvement des bras, l’obligeant à stopper ses coups frénétiquement répétés sur son torse. « Kaori !!! KAORI !!! » appela-t-il encore en pure perte, avant de se résoudre à employer les grands moyens et de vraiment restreindre la jeune fille. L’attirant contre lui d’un mouvement brusque, il l’enserra de ses bras et commença à lui caresser les cheveux en lui parlant constamment à l’oreille d’une voix calme et qu’il espérait apaisante…  

 

Quelques secondes se passèrent ainsi dans une quasi-immobilité, les murmures de Ryô se mêlant aux hoquets qui continuaient de secouer Kaori. Puis soudain il la sentit vaciller et raffermit inconsciemment sa prise sur elle aussitôt. Les doigts de la jeune fille se refermèrent un poing autour de son T-shirt et Ryô grimaça sans rien dire alors qu’elle le pinçait violemment au passage. Il suivit son mouvement lorsqu’elle s’affaissa sur elle-même et se retrouva soudain sans trop savoir comment il était arrivé là à genoux au sol, avec la sœur de son meilleur ami et partenaire lovée contre lui dans un état d’hystérie avancée…  

 

Ryô soupira d’un soupir à fendre l’âme, maudissant Maki, lui-même, les circonstances, Saeko, Tayuki… Tout ceux et tout ce qui lui venaient à l’esprit et qu’il pouvait rendre de près ou de loin responsables de ce désastre. Lui et Kaori, par terre dans cette ruelle, la jeune fille pleurant toutes les larmes de son corps alors qu’il était obligé de bloquer ses mouvements pour la calmer… Jamais il n’avait voulu en arriver là. Jamais. Et quelque bonheur qu’il ait pu ressentir auparavant devant l’acceptation tacite de ce qu’il était et de qui il était de sa part, rien ne vaudrait jamais le spectacle qu’il avait sous les yeux en cet instant même.  

 

Comment allait-il s’en sortir maintenant ? Les grandes conversations sur les sentiments, décortiquer ce que l’on ressent, porter son cœur en bandoulière, ce n’était pas son terrain, c’était le rôle de Maki habituellement ! Lui, il ne savait pas y faire, alors comment allait-il gérer une situation pareille ?!  

 

Si tout à l’heure Ryô avait hésité à intercepter Kaori pour des prétextes spécieux parce qu’il craignait la conversation, cette fois c’était pire encore : Il la savait inévitable et ne cherchait plus à y échapper, par contre il avait conscience qu’elle serait extrêmement délicate et qu’il pouvait facilement rendre la situation encore plus compliquée qu’elle ne l’était déjà…  

 

Baissant sur les yeux sur la masse de cheveux auburn réfugiée dans son cou, un éclat de détermination apparut brusquement dans son regard : Il n’avait pas vraiment le choix, il devait réussir à arranger la situation. Et puis, de toute façon… Qu’est-ce qui pourrait être pire ?  

 

Reportant toute son attention sur la jeune fille dans ses bras, il constata qu’elle se calmait progressivement : Son corps était de moins en moins agité de soubresauts et ses sanglots s’espaçaient. Sa respiration pourtant restait accélérée et elle n’avait pas desserré ses poings de sa peau…  

 

Ryô résolut de lui laisser quelques minutes supplémentaires pour se calmer, que lui-même mit à profit pour réfléchir furieusement à la meilleure manière d’aborder la situation. Il n’arriva cependant pas à grand-chose tant les rouages de son cerveau semblaient tourner à vide, aucune idée géniale ne venant l’illuminer. Il était seulement conscient du corps agité serré contre le sien, de ses pleurs qui trempaient son T-shirt et des gémissements qu’elle laissait toujours échapper par intervalles… Son esprit semblait n’être plus capable que de se focaliser sur les informations visuelles, auditives et sensorielles provenant de Kaori, plus rien d’autre n’avait d’importance.  

 

En conséquence de quoi, lorsque celle-ci se fut enfin suffisamment calmée pour rester plus ou moins immobile, quelques frissons la traversant encore toutefois, et qu’elle ne fut plus secouée de hoquets déchirants, les larmes coulant désormais silencieusement sur ses joues, Ryô n’était pas plus avancé qu’auparavant. Et tout ce qu’il trouva à dire, penchant légèrement la tête pour tenter d’apercevoir le visage et surtout les yeux de Kaori, fut le prénom de la jeune femme sur un mode interrogatif…  

 

Kaori ne répondit rien et Ryô ne pouvait guère la blâmer, son entrée en matière n’avait pas exactement été aussi époustouflante que ce qu’il aurait voulu. L’inspiration ne le frappant toutefois pas davantage que précédemment, il répéta simplement ledit prénom tout en imprimant une légère pression à ses épaules, essayant de ramener Kaori à la réalité et d’établir un contact avec elle.  

 

De son côté, la jeune femme reprenait progressivement pied, se raccrochant à la présence physique de Ryô comme son seul repère dans un océan douloureusement mouvementé. Il lui semblait partir à la dérive sans parvenir à rejoindre la surface malgré ses tentatives désespérées, une impression vertigineuse de tomber lui tournait la tête et elle se sentait aussi faible qu’un enfant apprenant à marcher. Les larmes lui brouillaient la vue, le sang battait à ses oreilles et par-dessus tout une douleur lancinante lui comprimait la poitrine, lui rendant la respiration d’autant plus difficile au milieu de ses sanglots.  

 

Un sentiment de lassitude extrême continuait de l’envahir peu à peu, ralentissant doucement sa respiration et ses pleurs, la laissant presque somnolente. Qu’il serait bon de se laisser happer par la douce promesse du sommeil, apportant avec elle oubli et sérénité ! Mais une voix l’empêcha de s’y abimer, une voix qui lui était connue sans lui être familière… Kaori mit quelques secondes de plus à réaliser qui l’appelait ainsi mais une fois la révélation passée ses yeux s’écarquillèrent brutalement et elle tenta une nouvelle fois de se dégager. Evidemment sans succès…  

 

« Non, Kaori, attends ! Doucement ! Calme-toi et écoute-moi ! S’il-te-plaît, tu dois m’écouter, je t’en prie ! »  

 

Ryô contint la jeune femme qui cherchait de nouveau à s’éloigner de lui, la serrant inconsciemment davantage et essayant d’entamer une vraie conversation avec l’énergie du désespoir. Pour Kaori, le moment d’hystérie et de panique aveugle était passé et, de nouveau rationnelle ou à peu près, elle se figea en entendant les mots du nettoyeur. Lui tournant à moitié le dos après avoir essayé de s’éloigner de celui-ci mais refusant de le regarder en face, elle se récria d’une voix féroce :  

« Vous écouter ?! Non mais quel culot ! Et lâchez-moi salopard ! »  

Ryô retint un soupir devant ces amabilités : La partie n’était pas gagnée ! Décidant de tenter un compromis, il répondit d’une voix ferme : « Je vais te faire une proposition : Je te lâche si tu promets de m’écouter. Une fois que tu auras toutes les explications en main, si tu veux toujours partir, je ne t’en empêcherai pas. Mais il y a certaines choses que tu dois savoir. »  

 

Kaori aurait voulu refuser, pouvoir se dégager et s’éloigner sans un mot de plus envers le nettoyeur, mais son esprit savait la chose impossible et son corps était trop épuisé pour une telle lutte de toute façon, aussi se résigna-t-elle à écouter ce que l’homme dans son dos avait à dire. Au point où elle en était, que pourrait-il lui dire de pire que ce qu’elle avait déjà entendu ?  

 

Ryô sentit Kaori s’affaisser sur elle-même une nouvelle fois et, décidant de le prendre pour un assentiment, il murmura : « Retourne-toi et regarde-moi. » Un « Non. » sec et tendu fut sa seule réponse.  

« S’il-te-plaît Kaori. Si quelqu’un doit avoir honte de quoi que ce soit ici, c’est moi. Toi par contre, ne baisse les yeux devant personne. »  

 

La jeune femme resta d’abord silencieuse à ces mots et Ryô la sentit hésiter, mais elle finit par s’engager réellement dans la conversation, à petits pas comptés :  

« Je… J’ai entendu votre conversation… Enfin, des parties de votre conversation… Je sais ce qu’Hide, Saeko et vous avez fait… »  

Ce fut à cet instant seulement que Kaori se retourna vers le nettoyeur, pour laisser tomber comme une condamnation : « Ce que vous m’avez fait. »  

Ryô avala difficilement mais affronta son regard : Il savait son erreur terrible mais il ne serait pas dit qu’il n’y faisait pas face.  

« Je ne sais pas ce que tu as entendu ou non exactement mais au vu de ce que tu sembles en avoir inféré je vais repartir du début, d’accord ? » tenta d’apaiser Ryô.  

« Faites bien ce que vous voulez, ça n’a plus d’importance. Dites-moi juste ce que vous avez à me dire et laissez-moi partir. » fut la morne réponse qu’il obtint.  

« ça a de l’importance, il ne faut jamais juger avant d’avoir toutes les informations en main. »  

« Ne me donnez pas de leçon ! » s’écria Kaori, se réanimant quelque peu tant elle était outrée. « J’ai tous les droits de vous juger après cela, vous m’avez utilisée comme appât, j’aurais pu me faire tuer ! »  

« Maki et moi n’aurions jamais laisser les choses aller aussi loin ! » se défendit Ryô. « Nous étions…  

« Pouvez-vous vraiment m’affirmer que le risque n’existait pas ?! » coupa Kaori d’une voix froide.  

 

A cette question, le nettoyeur détourna les yeux, extrêmement mal à l’aise. Non, il ne pouvait pas l’affirmer, pour la bonne et simple raison que ce serait faux. Leur plan comportait beaucoup d’inconnus, trop de variables. Il y avait trop de possibilités pour un grain de sable de se glisser dans une mécanique déjà rouillée. Briser les cervicales d’une personne ne prend qu’une seconde, Ryô aurait-il réagi à temps dans un tel scénario ? Que se serait-il passé si Tayuki avait eu un couteau sur lui et avait décidé de s’en servir de manière inopinée ? Si Kaori n’avait pas détalée et qu’il avait eu la présence d’esprit de s’en servir comme otage ? Milles autres possibilités de dérapage supplémentaires déferlaient dans l’esprit de Ryô, s’achevant toutes de manière plus ou moins sanglante… Ce n’était là « que » des risques de tous les jours pour le nettoyeur, des paramètres avec lesquels il était bien obligé de composer, mais Kaori…  

 

Il poussa un soupir puis releva les yeux pour planter son regard dans le sien avant d’admettre : « Non, je ne le peux pas. » Ils s’affrontèrent tous deux du regard pendant plusieurs instants, jusqu’à ce que Kaori laisse descendre la lame de la guillotine : « Avoir mis ma vie en danger de cette façon sans même m’en avertir est impardonnable. »  

 

La jeune femme l’entendait comme une conclusion, mais Ryô n’avait encore jamais reconnu de défaite aussi rapide : « Impardonnable sans doute, mais pas totalement incompréhensible. Ton frère, Saeko et moi avons joué avec le feu, je suis le premier à l’admettre, mais nous essayions de régler plusieurs situations. D’abord ton frère tenait à nous faire nous rencontrer après la journée d’hier, il vivait très mal ton rejet et espérait réussir à apaiser les choses. Il voulait que tu vois l’aspect positif de mon métier, de ce que je suis, et donc que je te sauve d’un danger. Tayuki… Tayuki cherchait à me piéger depuis plusieurs semaines déjà, il attendait seulement le bon moment. Il est dangereux en lui-même bien sûr mais ce n’est qu’un pion sans grande importance et dans un duel à la loyale il n’avait aucune chance et le savait. Il était donc bien obligé de me tendre un traquenard. »  

 

Ryô s’interrompit un instant, observant Kaori le jauger comme si elle essayait de déterminer s’il se vantait. Mais Ryô ne jouait même pas les machos sûrs de lui, c’était simplement un fait. Inspirant profondément pour se donner du courage, peu habitué à s’ouvrir en grand monologue de cette façon, le nettoyeur reprit :  

« Je t’ai déjà dit que tu n’étais pas la première que cette misérable ordure… « importunait ». La vérité est qu’il fait chanter les propriétaires de restaurants et autres boutiques d’une partie du quartier et récemment…Quelqu’un lui a tenu tête. Une femme. Elle s’appelle Miyato. Elle venait d’arriver et elle n’a pas voulu rentrer dans la danse… Tayuki ne l’a pas accepté, ne pouvait pas l’accepter s’il voulait garder une once d’autorité ici, et il…lui a rendu une visite domiciliaire. »  

« Oh mon Dieu ! » Kaori plaqua une main sur sa bouche et Ryô dut tendre l’oreille pour entendre ses derniers mots : « Est-ce qu’elle.. Est-ce qu’il l’a… »  

« Elle est vivante. » répondit-il immédiatement. « Vivante mais pas en bon état. Il l’a violemment tabassée et…violée. » termina Ryô avec effort, une grimace de pur dégout déformant un instant ses traits. Le son qu’émit Kaori en réponse ressemblait presqu’à un gémissement et la jeune femme ferma un instant convulsivement les paupières, comme pour chasser une image insupportable. Instinctivement, Ryô raffermit encore sa prise sur elle si cela était possible, avant de rapidement continuer : « Elle a eu le courage de vouloir porter plainte mais Tayuki avait réussi à ne pas laisser de traces derrière lui, pas suffisamment pour le faire tomber en tout cas. Et je te prie de croire que Saeko a essayé. »  

Kaori eut presqu’envie de sourire malgré le sujet de discussion, tant elle ne doutait pas que la femme flic avait du se battre bec et ongle pour défendre une autre femme ainsi traumatisée, elle pouvait imaginer la détermination qu’elle avait du apporter à la bataille. Si malgré cela Tayuki n’avait pas été arrêté…  

 

« Il n’y avait pas de certitude que ce soit lui ? » demanda-t-elle d’une voix hésitante.  

« Il n’y a jamais eu de doute sur ce point dans le monde réel, par contre dans le monde juridique il paraît que les preuves n’étaient pas suffisantes pour le relier à ce crime. Tout le monde sait qu’il l’a fait mais ils le laissent ressortir et marcher à l’air libre, prêt à aller revoir sa victime ou à en faire une autre, parce qu’il faut suivre certaines règles. Comme si lui les respectait de son côté. »  

 

Kaori sentit l’amertume et le feu de la rébellion contre un système inepte et injuste se lever en elle, mais malgré l’horreur de la situation elle savait que personne n’avait vraiment de solution parfaite et l’étincelle ne prit pas. Et puis, le fait de ne pas connaître Miyato, de ne pas mettre de visage sur le nom l’aidait à ne pas en faire une affaire personnelle.  

 

« Si l’on ne suit plus ces règles, alors l’on s’abaisse à leur niveau. Ce sont ces règles qui nous différencient de gens comme eux… » murmura-t-elle pensivement.  

Ryô sentit d’abord son cœur se serrer à la première partie de sa phrase, craignant qu’elle ne le jette avec mépris dans le lot des Tayuki, mais le « nous » qu’elle employa ensuite le rasséréna quelque peu… Même s’il était possible qu’elle l’ait employé de façon générale et n’ai pas du tout pensé à lui.  

 

« C’est vrai, mais ces règles sont aussi supposées protéger la société de gens comme eux. Qui s’est soucié de sa future prochaine victime ou même des anciennes telles que Miyato en prenant la décision de le libérer ? »  

« Alors mon frère et vous avez décidé de l’empêcher de nuire, c’est ça ? Pourquoi ne pas le tuer pendant que vous y étiez ? » Le ton était sarcastique mais sous l’acide Ryô ressentait sans mal son besoin à fleur de peau qu’il la contredise…  

« Saeko nous a appelés à l’aide, elle ne supportait pas qu’il puisse passer à travers les mailles du filet, mais pas pour le tuer. Contrairement à ce que tu peux penser, je ne tue pas par plaisir ou comme à un stand de tir à la foire. Je préfère employer d’autres méthodes, même si je le ferai aussi au besoin. Ce n’est peut-être pas très joli, mais quelquefois cette ville a besoin d’un homme comme moi qui se salisse les mains afin que les autres gardent les leurs bien propres. Chacun son rôle quelque part. »  

 

Ryô s’interrompit quelques secondes, regardant droit devant lui, mâchoires cadenassées, laissant le temps à Kaori de ruminer ce qu’il venait de dire. Elle n’était encore qu’une étudiante que son frère avait toujours protégée, que pouvait-elle réellement comprendre de son monde ? De l’arrière-cour du sien au fond, des coulisses que la société préférait ignorer pour se donner bonne conscience…  

 

Mais Kaori ne disait rien, se mordant la lèvre avec un air concentré comme si elle réfléchissait sur un problème de mathématiques particulièrement complexe. Encouragé par le fait qu’elle considère au-moins son point de vue, le nettoyeur continua :  

« Nous savions que Tayuki tout seul n’avait pas grand intérêt, ôte-le du paysage et un clone prendra sa place dès demain, voire avant. Non, ce qu’il fallait faire, c’était s’en servir pour faire tomber les gens au-dessus de lui. Il jouait les grands chefs de bande mais il n’est en réalité qu’un lâche sans aucune envergure. »  

« J’ai remarqué. » coupa Kaori sur un ton mi-figue mi-raisin. « Au nombre d’hommes de main dont il s’était entouré, bizarrement, j’avais compris. » Ryô eut un très léger sourire en coin à ces mots, accentué par la pensée que si Kaori commençait à ironiser sur son épreuve alors elle était sur la bonne pente.  

 

« En effet. Saeko, Maki et moi nous sommes donc dit que si nous arrivions à lui faire suffisamment peur, s’il se sentait véritablement en danger d’aller en prison pour le restant de ses jours, il parlerait. Mais il nous manquait toujours une preuve qui tienne, à tout le moins suffisamment longtemps. »  

« Et c’est pour ça que vous vous êtes servis de moi. » asséna Kaori, comprenant enfin tous les tenants et aboutissants de leur tragi-comédie. « Il vous fallait des photos de Tayuki en train de tabasser quelqu’un pour me remplacer par Miyato. Je suppose que nous nous ressemblons, c’était trop beau pour laisser filer l’occasion… » 

 


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