Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 17 chapitres

Publiée: 14-02-19

Mise à jour: 06-03-19

 

Commentaires: 29 reviews

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RomanceDrame

 

Résumé: NC-17 Ryo et Kaori doivent accomplir une nouvelle mission pour Saeko, aux conséquences imprévues...

 

Disclaimer: Les personnages de "Dans le brouillard" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Dans le brouillard

 

Chapitre 13 :: chapitre 13

Publiée: 02-03-19 - Mise à jour: 02-03-19

Commentaires: Bonjour, la suite de leur redécouverte. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 13  

 

Mon ange, il l’avait appelée mon ange. Elle dut faire un effort considérable pour ne pas pleurer et garder son calme tant ce surnom qu’il lui avait donné réveilla d’émotions et d’espoir en elle. Elle était certaine maintenant qu’il était là quelque part et peut-être moins loin qu’elle le pensait. Elle lui fit un sourire légèrement intimidé et lui tendit la main comme si c’était la première fois qu’ils se voyaient :  

 

- Sara, Sara Parsons., lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux pour voir si cela évoquait quelque chose chez lui.  

- Sara… c’est un très joli prénom., murmura-t-il en lui serrant la main un peu plus longuement que nécessaire tandis qu’elle lui cachait sa déception.  

- Et vous, comment vous appelez-vous ?, demanda-t-elle en retour, curieuse de savoir ce qu’il lui répondrait.  

 

Elle le vit se figer. Il fronça les sourcils comme s’il cogitait profondément. Ce n’était pourtant pas une question piège. Ryo réfléchissait : quel était son prénom ? Il ne s’en souvenait pas et cette question ne l’avait pas effleuré depuis longtemps. Il était déstabilisé : il n’avait pas de prénom. Kaori sentait la tension monter en lui et, quand il se tourna vers elle, elle vit qu’il était perdu.  

 

- Je ne sais pas. Je n’ai pas de prénom…, soupira-t-il, tristement.  

- Alors on va vous en trouver un., lui proposa-t-elle d’un ton enjoué.  

- Vous avez des idées pour votre prénom ?  

- Et si tu commençais par me tutoyer ?, la nargua-t-il, mal à l’aise qu’elle le vouvoya : il ne se sentait pas assez bien pour cela.  

- Très bien. Alors tu as des idées ?, demanda-t-elle, tournant vers lui son joli visage.  

 

Il regarda ses yeux et ses lèvres. Il n’avait franchement pas la tête à se chercher un prénom. S’il devait être perdu, c’était dans les bras de cette femme, dans son corps, dans les sensations qu’elle éveillait en lui… Il se rabroua : elle était trop bien pour lui, il ne pouvait la toucher. C’était déjà un honneur qu’elle partagea un peu de son temps avec un type comme lui. Elle toucha son genou légèrement pour le ramener à elle.  

 

- Que penses-tu de Hiro ?  

- C’est quoi ça ? Tu plaisantes ?  

- Bon d’accord. Diego ?  

- Tu as vu ma tête. J’ai pas l’air d’un latino !, dit-il amusé.  

- Mick !, lança-t-elle, un grand sourire aux lèvres, adressant des excuses par avance à son ami.  

 

Il se leva brutalement et la toisa de toute sa hauteur, furieux.  

 

- Est-ce que j’ai l’air d’un stupide amerloque ? Tu veux pas que je me teigne les cheveux en blond non plus ? Et ne te moque pas de moi., lui dit-il menaçant en voyant le sourire qu’elle arborait, plein de joie.  

 

Kaori en aurait pleuré : pour lui, c’était des paroles en l’air mais, pour elle, ça signifiait tellement de choses qu’il associa ces mots-là à ce prénom… Elle gomma le sourire face à son air outré et boudeur et se leva à son tour.  

 

- Ne t’énerve pas, ce n’était qu’une suggestion. Et que penses-tu de Ryoichi ?, demanda-t-elle, essayant de cacher l’espoir fou qui la tenait.  

- Ryoichi ?, répéta-t-il pensif.  

 

Il la regarda réfléchissant. Ce prénom lui parlait, lui plaisait mais ce n’était pas encore ça. Soudain son regard s’éclaira et il lui adressa un sourire lumineux.  

 

- Ryo ! Appelle-moi Ryo !, s’écria-t-il, fou de joie d’avoir un prénom.  

 

Kaori lui sourit à son tour et ne put réprimer quelques larmes qui se mêlèrent heureusement à la pluie. Elle l’observa : il était heureux d’avoir un prénom. Si seulement il savait tout ce que ça signifiait pour elle qu’il ait retrouvé son prénom. Elle l’avait orienté mais, au final, c’était lui qui avait choisi et elle osait y voir une réminiscence du passé, un espoir pour l’avenir. Soudain, il la regarda et remarqua qu’elle était trempée. Il lui tendit la main et, d’un sourire, l’invita à le suivre. Elle accepta, glissant sa main dans la sienne.  

 

Ils marchèrent une dizaine de minutes jusqu’à arriver à une petite grotte. Tout le long de la route, ils s’étaient tenus la main et l’un comme l’autre avait apprécié ce contact chaste mais chaud. C’était décidément un sentiment bien étrange que de l’avoir près de lui : il se sentait bien mais troublé. Il ne ressentait pas du danger mais une chose qu’il n’arrivait pas à définir. Son coeur battait plus vite et ses pensées se figeaient lorsqu’il croisait son regard. Il ne comprenait pas.  

 

- Alors c’est là que tu habites ?, demanda-t-elle, curieuse.  

- Oui. Assieds-toi, je vais faire un feu pour que tu te réchauffes un peu., proposa-t-il.  

 

Il mit le feu en route et vint s’asseoir auprès d’elle. Kaori tendit les mains vers les flammes pour les réchauffer. Elle n’avait pas prêté attention au froid qui l’avait envahie et soudain les frissons firent leur apparition. Elle se recroquevilla pour garder le maximum de chaleur en elle. Ryo se rapprocha d’elle jusqu’à coller son épaule contre la sienne. Elle aurait aimé qu’il la prit dans ses bras et la serra contre lui mais c’était trop tôt.  

 

- Que fais-tu ici, Ryo ?, l’interrogea-t-elle en regardant les flammes.  

- Je cherche mon groupe.  

- Ton groupe ?  

- Oui, tu ne devrais pas t’aventurer ici, c’est dangereux dans la jungle en ce moment., lui dit-il sombrement.  

- Moi aussi, je cherche quelqu’un. J’espère bien le retrouver. Tu as des pistes ?  

- Non, je ne trouve rien., fit-il déçu.  

 

Puis il la regarda et finalement se dit que c’était peut-être aussi bien qu’il ne les retrouva pas. Sara ne serait pas là sinon. Et il devait avouer qu’il en avait assez de cette vie de violence et de mort. Il aspirait à ce que la guerre se termina enfin.  

 

- Et toi qui tu cherches ?  

- Un ami proche… Mon meilleur ami en fait…, dit-elle en baissant les yeux.  

 

Elle n’aimait pas lui mentir mais elle ne se voyait pas lui dire qu’elle le cherchait lui, son mari. Il risquerait de se braquer et de repartir.  

 

- Que s’est-il passé ?  

- Il m’a fait du mal alors qu’il n’était plus lui-même.  

- Laisse-le, il ne te mérite pas.  

- Tout le monde mérite une seconde chance, Ryo. Il fait partie de ma famille. Je lui ai pardonné ce qu’il a fait. Ce n’était pas de sa faute.  

- De la faute à qui alors ?  

- La drogue qu’on l’a obligé à prendre. Je sais qu’il m’aime et qu’il ne me ferait jamais de mal en temps normal. Et moi je l’aime et je suis triste qu’il ne fasse plus partie de ma vie.  

 

Elle avait tourné le visage vers lui sur ses derniers mots et il avait vu la tristesse dans son regard.  

 

- Et tu penses qu’il est ici ?  

- Je n’en sais rien. Je l’espère., dit-elle : elle ne mentait pas car physiquement il était là, mais mentalement ce n’était pas encore le cas.  

- Je n’ai vu personne d’autre. Pourquoi tu restes avec moi si tu le cherches ?  

- Parce que j’aime discuter avec toi. Je continuerai mes recherches après.  

- Moi aussi j’aime discuter avec toi., murmura-t-il, un peu gêné de faire un tel aveu.  

 

Ils restèrent longtemps à discuter ainsi de choses et d’autres. Ryo lui parlait de la jungle, de sa vie, lui cachant cependant les détails sordides et Kaori l’écoutait. Lorsque les températures commencèrent à diminuer, il se leva et lui tendit la main.  

 

- Tu ne peux pas rester ici la nuit. Il fait trop froid.  

- Mais toi ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Moi, j’ai l’habitude. Toi, je ne veux pas que tu tombes malade., dit-il en remontant le col de sa parka.  

 

Il caressa tendrement sa joue, hésita à l’embrasser et se ravisa. Il ne se sentait pas le droit de salir cet ange. Kaori avait noté son hésitation et fut un peu déçue qu’il ne tenta pas à nouveau sa chance. Elle lui sourit et prit sa main, y déposant un baiser léger. Elle le vit rougir, ce qui l’étonna. Puis ils reprirent le chemin du retour. Arrivés au point de départ, ils se firent face.  

 

- Tu reviendras demain ?, demanda-t-il anxieux.  

- Tu veux que je revienne ?  

- Oui., souffla-t-il plein d’espoir.  

- Alors je viendrai.  

 

Il la prit dans ses bras et la serra fort contre lui. Puis il l’aida à descendre les rochers et la regarda s’éloigner. Lorsqu’elle fut hors de vue, il rebroussa chemin et regagna sa tanière. Toute la soirée, il cogita sur ce que cette femme avait amené dans sa vie en quelques jours. Lorsque le sommeil le gagna, il rêva de grandes villes, de buildings, d’un homme blond avec qui il faisait les quatre cent coups. Il se sentait plus vivant, plus léger dans cette grande ville apparemment, loin de la moiteur et de la rudesse de la jungle.  

 

Lorsque Kaori rentra à l’hôtel, elle fila sous la douche pour se réchauffer et repensa à cette journée passée avec Ryo. Elle se sentait emplie d’espoir. Elle voyait les choses avancer et ça lui faisait du bien. Ca l’aidait à tenir le coup malgré la fatigue. Une fois réchauffée, elle sortit de l’hôtel et trouva une cabine téléphonique. Elle appela le Cat’s où ses amis étaient réunis. Elle apprit que les rumeurs allaient bon train sur la disparition de City Hunter et que les malfaiteurs tentaient d’en profiter. Mais Umibozu et Mick faisaient le maximum pour contenir les choses aidés par Saeko dès qu’elle le pouvait. Elle leur fit part des avancées avec Ryo. Ils étaient heureux de savoir qu’il ne s’était pas enfui et qu’ils avaient réussi à échanger. Kazue lui dit qu’elle devrait emmener Ryo chez le Professeur dès que ce serait possible. Il avait trouvé la molécule qui donnait à cette drogue tous ces effets pervers et avait trouvé un antidote. Kaori se sentit soulagée par cette nouvelle. Elle raccrocha en leur promettant de donner des nouvelles la semaine suivante. Puis elle rentra et, après un repas léger, partit se coucher, exténuée.  

 

Le lendemain matin, la pluie avait laissé la place à un ciel gris et un vent froid. Kaori avait eu du mal à se lever. Elle était fatiguée et serait bien restée au lit toute la journée si ce n’était pour Ryo, Ryo qui l’attendait et voulait la voir. Elle prit la route et s’arrêta dans une supérette faire quelques courses. Lorsqu’elle arriva sur leur lieu de rencontre, elle le trouva debout devant elle, lui tendant la main pour l’aider à monter. Elle la saisit avec gratitude, ses jambes lourdes ayant du mal à gravir la roche escarpée.  

 

- Tu m’attendais ?, demanda-t-elle, étonnée.  

- Oui. J’avais hâte que tu arrives., avoua-t-il, ce qui la fit sourire et lui réchauffa le coeur.  

- Je me suis arrêtée en route pour faire quelques courses pour ce midi.  

- Oh, c’est gentil de ta part., murmura-t-il, confirmant ses soupçons.  

- Ca va, Ryo ?, demanda Kaori, inquiète de son air soudain devenu sombre.  

 

Il la prit par la main et l’emmena « chez lui ». Il aimait ce contact qui le rassurait.  

 

- J’ai fait de drôles de rêves cette nuit. Jusqu’à maintenant, je faisais des cauchemars atroces mais cette nuit, c’était différent.  

- Vraiment ? Tu veux m’en parler ?, demanda-t-elle avec sollicitude.  

- Après, si tu veux. Seulement, je me suis rendu compte que je n’étais pas là où je croyais être. Nous ne sommes pas dans une jungle, Sara, n’est-ce pas ?  

 

Elle secoua négativement la tête, espérant qu’il ne la rejetterait pas pour ce mensonge. Il serra sa main comme pour l’apaiser.  

 

- Nous ne sommes même pas dans un pays en guerre ?  

- Non, en effet. Tu es dans une forêt du Japon, près du Mont Fuji.  

- Pourquoi tu ne me l’as pas dit dès le départ ?, l’interrogea-t-il, sans méfiance, juste pour comprendre.  

- Tu ne semblais pas prêt à l’entendre, Ryo. Je ne voulais pas te brusquer.  

- C’est gentil de ta part.  

 

Il la lâcha en arrivant à la grotte et prépara un feu. Elle sortit une casserole de son sac ainsi qu’une soupe, deux gobelets et différentes provisions. C’était le premier repas chaud de Ryo depuis plus d’une semaine et ça lui fit le plus grand bien. Elle le vit manger avec avidité et s’en amusa. Quand il la vit rire, il s’arrêta gêné et sourit penaud. Il devait avouer qu’il ne devait pas être très présentable. Il se sentit soudain mal à l’aise : non seulement il mangeait comme un cochon mais en plus il était sale, portait une barbe qui commençait à le gêner, ne s’était pas brossé les dents depuis… il ne se souvenait même plus…  

 

- Mange, Ryo. Je suis contente que ça te plaise.  

- Je dois te faire un honte. Je me fais l’effet d’un rustre sans aucune éducation., lâcha-t-il, amer.  

 

Il aurait voulu être quelqu’un de meilleur pour elle. Elle était si belle, si douce, si… pure et lui n’était qu’un animal doué de paroles. Pourquoi perdait-elle son temps avec lui? Elle ferait mieux de s’en aller, de le laisser à sa misère. Kaori le vit se renfermer. C’était dingue : alors même qu’il n’était plus lui-même, il adoptait les mêmes comportements.  

 

- Ryo, je suis sure que tu es quelqu’un de bien. D’ailleurs, ça fait combien de temps que tu es ici ?  

- Je ne sais plus, j’ai perdu le compte. Je ne me souviens plus vraiment de mon passé., dit-il, sombrement.  

- C’est peut-être aussi bien car j’ai l’impression que j’ai fait des choses méprisables.  

- Ou non… ou peut-être que oui et que tu as fait d’autres choses bien qui compensent d’une certaine manière… Qui sait ? Tant que tu ne te souviendras pas, tu ne le sauras pas., dit-elle d’une voix douce.  

- Peut-être que, pour moi, c’est mieux de ne pas me souvenir…, soupira-t-il.  

- Non !, s’écria-t-elle, dans un accès d’angoisse, puis elle se reprit.  

- Ne dis pas ça. Il y a certainement des personnes qui comptent pour toi et sur toi.  

- Je ne sais pas. Elles seront peut-être mieux sans moi., lâcha-t-il.  

 

Kaori le regarda et retint la gifle qu’elle avait envie de lui balancer. Comment osait-il vouloir la laisser sans se battre ? Comment osait-il imaginer abandonner ce qu’ils avaient mis tant de temps à construire ? Elle sentait la colère monter en elle.  

 

- Tu ne peux pas abandonner ! Tu dois te souvenir et seulement à ce moment-là, tu pourras juger de ce qu’il conviendra de faire.  

- Et si je ne veux pas me souvenir ?, suggéra-t-il, pensif.  

 

Kaori se leva et se mit à faire les cent pas pour contenir sa fureur et son angoisse. Ses yeux lançaient des éclairs, ses joues étaient légèrement rosies sous le coup de l’émotion.  

 

- Alors quoi ? Tu es un lâche ? Tu as si peur d’affronter les conséquences de ce que tu as fait ? Tu ne veux pas essayer de réparer tes erreurs ?, commença-t-elle à hurler.  

- Non, je…  

- Quoi ? Tu veux quoi Ryo ? Qu’on te laisse dans ta petite bulle ? Dans cette forêt ? Tu préfères ignorer le monde ?, continua-t-elle.  

- Tu penses aux personnes qui t’aiment et qui t’attendent ? Tu penses à ces personnes qui ont certainement mis leur vie en stand-by pour toi ? Ou tu es égoïste à ce point qu’il n’y ait que ta petite personne qui compte ? Dis-moi, Ryo. Vas-y, je…  

 

Elle ne put achever sa phrase. Elle fut prise d’un vertige et s’effondra inanimée, rattrapée au dernier moment par Ryo. Il l’allongea près du feu délicatement. Elle était pâle, ce qui faisaient ressortir ses lèvres couleur vermeille. Ce fut alors qu’il nota les cernes sous ses yeux. Elle se réveilla quelques minutes après mais il la força à rester allongée.  

 

- Tu as l’air fatigué, Sara. Tu as peut-être pris froid hier. Repose-toi un peu.  

 

Elle le dévisagea quelques instants puis referma les yeux. Elle se sentait bien la tête posée sur ses jambes, sentant sa main caresser ses cheveux… Il ne lui fallut que quelques secondes pour sombrer dans un sommeil profond. Ryo la regarda dormir, profitant de son air apaisé pour calmer les doutes qu’elles avait fait éclore dans son esprit. Oui, il s’était bien dit que ne pas se souvenir lui faciliterait les choses, qu’il pourrait repartir de zéro, avoir une nouvelle vie peut-être. Mais elle avait raison aussi : ce serait égoïste de sa part de ne pas d’abord savoir si quelqu’un quelque part l’attendait. Pour cela, il faudrait qu’il réussit à se souvenir mais il y avait une telle chape de brouillard dans son esprit que c’était compliqué.  

 

Plus il avançait, plus il se disait que ses rêves étaient les réminiscences de son passé, des souvenirs. Comment faire pour que tout lui revienne ? Devait-il accepter son sort ? Forcer les choses ? Il ne savait pas. Il ferma un moment les yeux, tentant de faire le vide dans son esprit. Mais rien ne vint. Il soupira et regarda à nouveau la jeune femme dormir. Dans son sommeil, elle s’était tournée et avait enfoui la tête dans sa hanche. Il dégagea les cheveux qui balayaient son visage et les passa derrière son oreille. Il sourit : elle avait quelques petits cheveux roux en bordure de chevelure… Il trouvait ça mignon.  

 

Une heure plus tard, Kaori se réveilla. Elle se sentait un peu plus reposée et, se souvenant de ses propos, s’en voulut aussitôt de s’être emportée contre Ryo. Elle croisa son regard chaud sur elle et sentit les papillons s’envoler dans son ventre. Elle aurait tant aimé pouvoir l’embrasser et se perdre dans ses bras…  

 

- Tu vas mieux ?, s’enquit-il d’une voix douce.  

- Oui, merci. Ryo, je suis désolée de m’être énervée tout à l’heure. Ce que je t’ai dit…  

- Arrête, tu n’as pas à t’excuser. On est chacun d’un côté de la barrière. Ca fait du bien de connaître le point de vue de l’autre., lui répondit-il et elle acquiesça.  

- Je ne veux pas te chasser mais il commence à faire froid et tu as vraiment l’air fatigué. Tu ferais peut-être bien de rentrer.  

 

Elle n’en avait vraiment pas envie mais elle devait admettre que c’était vrai. Elle le regarda les larmes au bord des yeux.  

 

- Je suis bien avec toi. Je n’ai pas envie de partir.  

- Tu as besoin de te reposer au chaud., lui dit-il doucement, comprenant son envie de rester car lui non plus n’avait pas vraiment envie de se retrouver seul.  

- Et si tu venais avec moi ?, demanda-t-elle dans un murmure.  

 

Ryo la regarda, une boule au ventre. Il en avait très envie mais quelque chose le retenait. Il secoua négativement la tête.  

 

- Je ne peux pas partir d’ici… pas encore., répondit-il doucement.  

- D’accord., murmura-t-elle.  

 

Elle se leva doucement, histoire de reprendre le dessus sur ses émotions, puis rangea ses affaires. Elle lui laissa le reste des courses et ils reprirent le chemin du retour à deux toujours main dans la main. Au moment de la séparation, Ryo prit Kaori dans ses bras et la serra contre lui comme pour lui donner de la force.  

 

- A demain ?, dit-elle.  

- A demain, Sara.  

 

Elle partit, le coeur lourd. Elle avait apprécié retrouver le dialogue avec lui, cette complicité qui les liait, cette tendresse qui avait entouré leurs mouvements. Devoir le laisser maintenant alors qu’elle avait besoin de lui était un déchirement.  

 

Ryo était encore resté un moment à la regarder s’éloigner puis, en partant, il s’arrêta près de l’arbre. R S , Ryo S… Quelle coïncidence… Il regagna sa grotte et regarda le reste de la journée passer sans le voir. Les pensées tournoyaient dans son esprit sans s’arrêter, le laissant confus. La nuit ne l’aida pas plus, lui offrant de nouveaux rêves, de nouvelles images avec un personnage qui restait toujours flou. Qui était-il ? Que lui voulait-il ? Il sentait que c’était une personne importante mais n’arrivait jamais à la saisir. Dès qu’il en approchait, qu’il était près de la voir, elle s’effaçait.  

 

Ryo se réveilla énervé, impatient, nerveux… Il se sentait prêt à exploser. Il en avait assez de ne plus être maître de lui-même, de ne plus se souvenir, d’être enfermé dans cet enfer de l’oubli… Il avait besoin d’évacuer tout cela. Il avait peur de voir Sara en étant dans cet état, peur de ce qu’il pourrait lui faire, il avait peur de lui… Alors, il partit, il s’éloigna de là, de l’endroit où elle l’attendrait, parce que, même s’il lui faisait de la peine, il ne risquait pas de lui faire du mal. Il n’avait pas confiance en lui sur ce point-là. Alors il partit et marcha toute la journée, laissant la sérénité des lieux le gagner et le ramener à la raison.  

 

Kaori fut surprise de ne pas trouver Ryo lorsqu’elle arriva. Alors elle patienta longtemps, très longtemps. Elle tenta de retrouver le chemin de la grotte mais ne s’en souvenait pas. Alors elle fit demi-tour et retourna attendre près de l’arbre. Elle posa ses doigts sur le contour des lettres et se mit à pleurer. C’était de sa faute, elle avait tout gâché la veille en lui demandant de l’accompagner. Elle l’avait brusqué et il s’était senti piégé. A l’heure qu’il était, il devait être loin et elle ne le retrouverait pas de sitôt. Quelle idiote ! Elle avait déjà eu de la chance cette fois-ci, se souvenant d’une sortie qu’ils avaient faites quelques mois plus tôt dans les environs, Ryo lui disant que cet endroit lui faisait penser à l’Amérique Centrale. C’était pour cela qu’elle était venue par ici avant toute autre place, qu’elle avait fait le tour du Mont Fuji et de ses forêts à la recherche de la moindre trace… Elle avait tout foutu en l’air, alors qu’ils étaient si bien partis. C’était trop beau… Au bout de trois heures d’attente et de souffrance, elle se décida à partir. Ca ne servait à rien de rester là. Il ne viendrait plus. Elle tenterait à nouveau sa chance demain et après elle aviserait.  

 

Ryo repassa à cet endroit le soir même. Il s’arrêta à nouveau devant l’arbre et traça le contour des lettres du bout des doigts puis repartit. Les rêves qu’il fit cette nuit-là étaient du même acabit que ceux de la veille. Des bribes de son passé refaisaient surface, s’imbriquant les uns aux autres suffisamment pour l’éclairer. Etrangement Sara en faisait partie. Au petit matin, il se réveilla et un poids avait quitté sa poitrine, un autre avait pris sa place. C’est le pas lourd qu’il se dirigea vers leur lieu de rencontre. Il se sentait nerveux. Il ne savait pas si elle viendrait après le lapin qu’il lui avait posé la veille. Il s’approcha de l’arbre et ne put se contenir...  

 

Soudain, il entendit une branche craquer et se tourna. Il la vit arriver. Elle était anxieuse. Lorsqu’elle croisa son regard, il vit son magnifique sourire se dessiner sur son visage et une larme couler sur sa joue. Son coeur battit plus fort. Quand elle fut à sa portée, il lui tendit la main pour monter.  

 

Kaori n’avait osé espérer. Elle était revenue parce qu’à vrai dire, elle ne savait pas quoi faire d’autre. Elle ne s’était pas attendue à le voir là, l’attendant. Elle était tellement persuadée qu’il s’était enfui, qu’elle ne le reverrait plus… Alors quand elle avait croisé son regard, l’émotion, le soulagement l’avaient submergée. Elle sut, à ce moment-là, que, malgré tout ce qui s’était passé, elle ne pouvait vivre sans lui, qu’elle lui avait vraiment pardonné son geste. Alors elle accepta sa main et se blottit dans ses bras après qu’il l’eut aidée à monter les rochers.  

 

Elle écoutait son coeur battre, le plus beau son sur terre à ses oreilles. Il ne disait rien, la tenant dans ses bras comme s’il ne voulait plus la laisser partir.  

 

- Sara, je suis désolé pour hier. J’avais besoin de réfléchir., dit-il d’un ton contrit.  

 

Elle s’écarta légèrement de lui.  

 

- Je comprends. Ne t’inquiète pas.  

 

Il prit son visage entre ses mains et le tourna vers lui. Il plongea son regard dans le sien et elle se sentit pâlir. Il posa une main dans son dos pour la soutenir et lui demanda :  

 

- Pourquoi tu m’as menti ? 

 


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