Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Auteur: Elane

Beta-reader(s): A. Dust

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 14 chapitres

Publiée: 14-08-20

Mise à jour: 14-11-20

 

Commentaires: 24 reviews

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General

 

Résumé: Une âme égarée. Une âme brisée. Deux âmes séparées, inexorablement attirées... Certains passages peuvent être violents et heurter certaines sensibilités.

 

Disclaimer: Les personnages de "Promesse tenue" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Promesse tenue

 

Chapitre 2 :: Chapitre 2

Publiée: 22-08-20 - Mise à jour: 22-08-20

Commentaires: Bonsoir, après une petite pause estivale, voici le second chapitre de cette histoire, j'espère que vous aimerez. Bonne lecture et merci pour vos commentaires.

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

17 mai. Takamatsu.  

 

La nuit était fraiche en ce mois de mai. Elle ne portait qu’un simple jean, t-shirt et veste de survêtement. Un look passe-partout et confortable qui lui apportait un semblant de chaleur pour affronter la baisse des températures des nuits de la péninsule. Elle se dirigea au centre-ville, proche de son objectif. Elle avait décidé de se rendre dès l’ouverture dans une bibliothèque pour consulter les archives de journaux. Peut-être en apprendrait-elle plus sur d’éventuelles personnes disparues. Après tout, il fallait bien commencer quelque part.  

 

Arrivée au centre-ville après une bonne heure de marche rapide à regarder derrière elle, elle se cacha sous un pont. Sa fuite commençait à peine et elle se sentait déjà en danger, dire qu’à partir du moment où ses hôtes se rendraient compte de sa disparition, cette sensation allait être pire. Elle s’allongea sur le sol et se pelotonna dans sa veste, priant pour que ses rêves la laissent en paix. Elle regarda la petite boite de gélule qu’elle avait prise avec elle. Elle hésita à en avaler une. Elle avait bien compris maintenant que ces gélules contre la dépression lui offraient des nuits d’un sommeil de plomb, sans rêves et sans tourments. Elle hésita longtemps puis rangea à nouveau la boite dans sa poche. Après tout, si elle revoyait cet homme dans ses rêves, c’était encore l’endroit où elle se sentait le plus sereine.  

 

Elle s’endormit et effectivement, le mystérieux inconnu si envoutant, si rassurant, la rejoignit. Un sourire se dessina sur son visage alors qu’elle ressentait à nouveau cette sensation de sécurité quand il resserra son emprise autour d’elle. Elle arriva ainsi à se reposer quelques heures avant d’être réveillée par la lumière du jour, son front brûlant encore de la sensation des tendres baisers qu’il lui avait laissé cette nuit. Elle se retourna même pour vérifier qu’il n’était pas là tant cette sensation était réelle. Elle en était troublée, un pressentiment et un espoir irréel enserrant de plus en plus son cœur. Et si ses hôtes lui avaient menti depuis le début, pour une raison qu’elle ignorait ? Cet homme qui hantait ses rêves, elle devait retrouver sa trace, elle devait trouver sa sépulture où se recueillir pour pouvoir faire son deuil, même si la douleur serait immense, elle avait une promesse à respecter. Ce devait être son mari et elle avait son nom, c’était un début non ? Cela renforça encore davantage sa détermination à se rendre aux archives de journaux de la bibliothèque. Elle se releva et épousseta ses vêtements.  

 

Elle sortit de sous le pont avec une certaine appréhension, regardant le flot de passants qui commençait à se déverser dans les rues. La bulle protectrice de son rêve avait été brisée et une sorte de mauvais pressentiment commençait à naitre à nouveau dans sa poitrine. Elle partait en chasse et elle était sa propre proie, ses souvenirs lui faisaient peur. Elle avait peur de ce qu’elle pouvait potentiellement trouver, peur d’être déçue de qui elle était en réalité. Elle prit une grande inspiration et se mêla au flux des travailleurs se rendant à leur travail. Elle s’arrêta dans un café prendre un petit déjeuner et avisa le plan de la ville qu’elle avait récupéré au comptoir, se faisant passer pour une touriste.  

 

Elle repéra la bibliothèque et en vérifia les horaires sur la borne internet mise à disposition. Elle ouvrait d’ici une heure, le temps pour elle de terminer tranquillement son petit déjeuner et de s’y rendre, elle y serait pour l’ouverture. Elle but une gorgée de café, prise d’une envie soudaine, alors qu’elle n’avait pas gouté cette boisson depuis plus de deux ans. Elle en huma l’odeur en fermant les yeux, se forçant à faire refluer les larmes qui menaçaient de couler sur son visage. Cette simple tasse de café fumante posée devant elle avait créé une boule dans sa gorge, une émotion pure qui manquait d’exploser et qui l’empêchait d’avaler quoi que ce soit de plus. Elle posa vivement une main sur sa bouche, comme pour empêcher un cri de douleur de sortir. Elle avait gouté la boisson, elle n’aimait pas. Elle n’avait sans doute jamais aimé, ce n’était pas elle qui aimait le café, c’était Lui, elle en était sûre, tout son être le lui criait. La douleur qu’elle ressentait maintenant était la même qui enserrait son cœur depuis le rêve où elle avait retrouvé ses bras : la douleur du manque. Un manque viscéral qui lui tordait les tripes dans une violence qu’elle n’avait jamais connue. Elle ferma les yeux à nouveau et se concentra sur sa respiration pour reprendre la maitrise de ses émotions et de ses nerfs. Elle devait garder la tête froide, c’est un travail de recherche de longue haleine qui l’attendait, elle ne pouvait pas se laisser aller au désespoir, elle avait une promesse à tenir.  

 

Elle se leva sans avoir touché à son petit déjeuner, une bouchée de gâteau et une gorgée de café, c’est tout ce qu’elle avait dans l’estomac, mais la boule dans sa gorge était toujours présente, l’empêchant d’envisager d’avaler quoi que ce soit d’autre. Une part d’elle-même voulait juste garder le gout du café sur ses lèvres, comme un souvenir, comme les réminiscences d’un baiser qu’elle n’avait pas reçu depuis bien trop longtemps. Un goût qui lui donnait du courage et de la volonté supplémentaire d’avancer vers son objectif.  

 

Elle enfonça le plan de la ville dans sa poche et prit la direction de la bibliothèque qu’elle avait mémorisée plus tôt. Elle attacha ses cheveux en chignon haut, enfonça ses mains dans ses poches et avança, la tête basse, évitant de croiser les regards. Elle mit une quinzaine de minute pour arriver devant le bâtiment de la bibliothèque municipale de Takamatsu.  

Elle y entra, se présenta à l’accueil en demandant à accéder aux archives des journaux de la province. L’employée l’emmena dans une salle fermée, à l’écart des rayonnages et lui ouvrit un ordinateur. La jeune femme prit place et commença à pianoter sur le clavier. Elle commença par son nom : Yumiko Shinoda, et fronça les sourcils quand elle vit que rien ne correspondait à sa recherche. Aucune trace de son accident, aucune trace de sa convalescence, rien, comme si elle n’existait pas. Elle pianota alors le nom de celui que ses parents avaient dit être son mari : Shinobu Shinoda, elle claqua la langue contre son palet en signe de frustration quand à nouveau l’ordinateur ne lui renvoya aucune correspondance. Elle se jeta en arrière contre le dossier de son siège, les sourcils toujours froncés, fixant l’écran blanc de la machine en face d’elle. Elle allait renoncer quand elle entra sans trop y croire une nouvelle recherche, poussée par un instinct qui jusqu’à présent ne l’avait jamais trompée. Elle se redressa, beaucoup plus attentive, quand l’ordinateur lui sortit un nombre d’articles impressionnant. Elle les balaya du regard, ne lisant que les gros titres.  

 

Fukuhara, les nouveaux mécènes de la ville de Takamatsu.  

Les affaires reprennent pour les Fukuhara.  

Le clan Fukuhara chassé de Tokyo.  

Le fils Fukuhara mort en prison.  

 

Elle cliqua sur le dernier article et en parcouru le contenu. Le fils de la famille Fukuhara, accusé d’être un Yakuza trempant dans le trafic d’armes était mort, le 18 mai, il y a trois ans, en prison probablement un règlement de compte. Le fils de la famille Fukuhara s’appelait Shinobu et avait 31 ans. Une photo du jeune homme accompagnait l’article. Le cœur de la jeune femme fit un bond dans sa poitrine. Ce visage, elle l’avait déjà vu sur un autel dans la villa qu’elle avait quitté cette nuit. C’était celui qu’on lui avait présenté comme son mari et non, ce n’était pas lui qui hantait ses rêves.  

 

Shinobu Fukuhara. Ainsi, on lui avait menti, depuis deux ans qu’elle était sortie du coma. Elle n’avait jamais eu d’accident de voiture, son mari n’était pas comptable et elle doutait même qu’il ait été son mari un jour. Ses « hôtes » n’avaient jamais été ses parents et ils ressemblaient même de plus en plus à des ravisseurs, à la lumière des derniers éléments qu’elle venait d’apprendre. Le fils avait été accusé de faire partie d’un clan de yakusa, qu’en était-il du père ? Cela expliquait-il le nombre de liasses important de billets dans le coffre-fort du bureau ? Et puis ces papiers qu’elle avait vus ? Il se préparait quelque chose à Tokyo. Mais surtout, elle venait donc de s’échapper d’une maison de Yakuzas et elle avait le pressentiment qu’ils n’allaient pas la laisser filer aussi facilement.  

 

Elle lut rapidement les autres articles. Les Fukuhara avaient été chassés de Tokyo après que leur fils a été accusé de profiter du commerce d’art et d’antiquités de ses parents pour cacher un trafic d’armes de grande envergure. La flic qui avait démantelé le trafic aidé d’un mystérieux inconnu dont l’identité était maintenue secrète s’appelait Saeko Nogami, elle était la fille du préfet de Police de Tokyo et avait par cette affaire prouvé sa valeur. Elle avait été promue au rang d’inspectrice malgré son jeune âge.  

 

La jeune femme fronça les sourcils en terminant sa lecture, une sorte d’écho avait résonné en elle, mais elle en ignorait l’origine. Une forte migraine commençait à arriver, elle referma donc l’onglet de recherche, retourna sur l’écran d’accueil après avoir effacé son historique puis consulta le plan qu’elle avait toujours dans sa poche et localisa sa prochaine destination. Elle le rangea à nouveau et se leva en vitesse, remercia l’employée et quitta la bibliothèque pour se rendre au poste de police le plus proche.  

 

Quand elle sortit du bâtiment, son sentiment d’insécurité la heurta avec beaucoup plus de violence qu’à son réveil le matin même. Elle détacha ses cheveux qu’elle ramena le plus possible devant son visage et marcha la tête basse, enfoncée le plus possible dans ses épaules, le col de sa veste relevée. Elle marcha le plus rapidement possible, évitant de lever le visage et de croiser les caméras de surveillance urbaine. Son cœur martelait sa poitrine, elle s’efforça de le canaliser et de rester calme. Quand elle arriva devant le poste de police central, elle lâcha un soupir de soulagement et laissa même un sourire affleurer sur son visage.  

 

Elle avança vers l’entrée du bâtiment et lança un regard aux deux hommes en uniforme qui gardaient la porte principale, cherchant un moyen de se rassurer et de se dire qu’elle était au bon endroit. Le soulagement qu’elle avait ressenti à l’approche du bâtiment s’effaça comme neige au soleil. Ces hommes, elle les avait déjà vus, ils étaient venus échanger de l’argent à la propriété des Fukuhara. La corruption gangrénait la police de cette ville. Quand ils la virent, elle sut qu’ils l’avaient reconnue. Elle redescendit les marches du perron en reculant avant de se retourner et de commencer à courir à perdre haleine.  

 

Elle les entendait l’appeler derrière elle, lui crier de s’arrêter, au nom de la loi. Elle courait en tentant d’éviter de bousculer les passants, certains même essayaient d’accomplir le devoir qu’ils pensaient être citoyen, à savoir de participer à l’arrestation d’une fugitive, elle les esquiva sans peine. Elle réussit à sortir de la rue principale et commença à slalomer dans les ruelles, quand soudain son instinct lui cria de se baisser. Elle ne réfléchit pas plus longtemps, se faisant entièrement confiance, elle se baissa dans sa course, manquant de trébucher et de s’écrouler dans la rue quand elle entendit avec horreur une balle lui frôler la tempe, lui arrachant quelques cheveux, à l’endroit même où aurait dû se trouver son cœur si elle n’avait pas bougé.  

 

Cela lui donna une poussée d’adrénaline pour accélérer encore le rythme de sa course, elle zigzaguait dans les ruelles, changeant de direction le plus possible sans se retourner une seule fois, ne prenant pas le temps de reprendre son souffle. Elle voulait mettre le plus de distance possible entre ces hommes et elle. Elle était arrivée dans un quartier populaire quand elle arrêta enfin de courir, à bout de souffle, elle avait réussi semble-t-il à perdre ses poursuivants, mais pour plus de sécurité, elle se cacha entre des poubelles et patienta le reste de la journée, n’osant plus sortir de sa cachette, désemparée et sentant le peu d’espoir qui lui restait s’évanouir comme neige au soleil. Elle se laissa aller aux larmes qui ne demandaient qu’à sortir et pleura silencieusement pendant de longues minutes, allégeant un peu le poids qu’elle portait.  

 

A la fin de la journée, sa migraine ne l’avait pas quittée, tambourinant dans son crâne. La faim commençait à tordre son estomac, elle n’avait rien avalé de vraiment consistant depuis la veille, elle avait résisté jusqu’à présent, la peur la tétanisant complétement, mais l’instinct de survie prit le relai et la poussa à sortir de la relative sécurité de sa planque malodorante. Elle fit quelque pas pour sortir de la ruelle et tenter de se repérer avec le plan qu’elle sentait encore dans sa poche. La tête lui tournait et les forces commençaient à lui manquer. Il avait fait chaud aujourd’hui pour un mois de mai et la chaleur la frappa de plein fouet quand elle se retrouva dans la lumière et la chaleur du soleil couchant. Elle avait la lumière devant les yeux et sa vue se brouilla, elle s’écroula sous les cris affolés des passants qui avaient déjà leur téléphone à l’oreille pour appeler les secours.  

 

- BAAAONG !!  

 

Deux détonations, quasi simultanées, deux balles qui volent puis qui se heurtent avant de tomber au sol. 5 secondes de silence. La scène qui se répète : encore deux détonations, les balles qui fusent puis qui tombent au sol. Les même 5 secondes de répit. Puis la même scène encore. Une fois, deux fois… Elle sentait ses bras ligotés au-dessus de sa tête, attachés à une esse de boucher à un mètre du sol. Elle était dans un entrepôt, elle avait froid, elle avait mal aux bras et elle avait peur. Pour elle… Pour eux. Elle avait perdu le compte mais c’était la dixième balle au moins qu’il lui évitait. Elle le regardait, sa silhouette tant aimée, son bras qui tremblait.  

 

Puis la douleur qui lui vrillait la tête, une sensation visqueuse qui coulait de sa tempe, une autre douleur immense au ventre, une dernière pensée pour l’enfant qu’elle portait, un dernier regard pour l’homme qu’elle aimait, qu’elle voyait à genou, anéanti. Elle murmura.  

 

- Souviens-toi de ta promesse…  

 

Elle ouvrit les yeux et mis quelques minutes à sortir de la torpeur dans laquelle son souvenir l’avait plongée. Elle venait de se souvenir de ce qu’il lui était arrivé. La lassitude et le découragement qui l’envahissaient à cause de tous ces mensonges pesaient des tonnes dans ses membres, à quoi bon continuer ? Apparemment elle avait une promesse à tenir, promesse qu’ils s‘étaient faite il y a bien longtemps et elle avait l’espoir maintenant de le retrouver vivant. Elle tourna la tête pour analyser son environnement, la lumière du jour baissant passait à travers les vitres de sa chambre, les murs étaient blancs, le plafond était blanc et même la lumière des néons était blanche. Elle était dans un hôpital et le confort tout relatif de leurs lits bien trop blancs eux aussi. Mais au moins elle avait pu se reposer. Quel jour était-il ?  

 

Elle entendit la porte de sa chambre s’ouvrir et tourna la tête pour découvrir une jeune infirmière, elle devait avoir la vingtaine, plutôt jolie avec ses longs cheveux noirs en queue de cheval basse, elle avait des lunettes et cet air doux qui la mit en confiance immédiatement.  

 

- Bonjour mademoiselle, vous êtes enfin réveillée, cela fait maintenant plus de deux jours que vous dormiez. On commençait à s’inquiéter, lui dit-elle d’une voix douce.  

- Le 19 mai ? nous sommes donc le 19 mai c’est bien cela ? lui demanda la jeune femme.  

- Oui c’est bien cela, nous sommes en fin d’après-midi, lui apprit-elle avec un sourire compréhensif.  

- Je m’appelle Megumi, c’est moi qui m’occupe de vous depuis que vous êtes arrivée. Vous étiez épuisée. Pouvez-vous me dire votre nom ?  

- Mon nom ? Je m’appelle Y…., commença-t-elle.  

- Non, en fait, je ne sais pas comment je m’appelle. Je pensais le savoir, mais tout ce que ce qui faisait mon monde depuis deux ans vient de s’écrouler… Je ne sais pas qui je suis. En fait, je crois que je ne suis personne… continua la jeune rouquine, en regardant tristement le plafond.  

- Que pouvez-vous me dire sur vous ?  

- Pas grand chose, depuis deux ans on me disait que j’avais eu un accident de voiture dont j’étais la seule survivante, fit-elle en pressant son ventre. Mais ce n’était qu’un mensonge de plus, répondit-elle d’un ton désespéré.  

 

L’infirmière lui posa une main réconfortante sur le bras, geste empathique qui fit couler une unique larme sur les joues de sa patiente qui l’essuya avec un sourire d’excuse. Elle regarda à nouveau la soignante et lui dit :  

 

- Je ne me rappelle de rien tout ce dont je me souviens c’est de l’amour que je portais à un homme, sans me rappeler ni son nom, ni son visage. Je me rappelle juste de la couleur de ses yeux, de la douceur de ses bras et de son odeur…. Son odeur est partout et nulle part à la fois…. Fit-elle en essuyant une nouvelle larme sur son visage, sa voix se brisant.  

- Je ne sais même pas s’il est vivant ou mort, je ne sais même pas où il habite et où retrouver sa trace. Et pourtant c’est l’espoir de le retrouver qui semble me porter, ajouta-t-elle en détournant le regard. Et puis, j’ai une promesse à tenir.  

 

Elle eut un petit rire nerveux.  

 

- Ça doit vous sembler pathétiquement niais.  

- Pas du tout, je pense que ce doit être extrêmement douloureux et je compatis, vraiment. Je souhaite de tout mon cœur que vous puissiez le retrouver. La police viendra prendre votre déposition demain, j’espère qu’ils pourront vous aider.  

 

La patiente eut un mouvement de panique.  

 

- La police ?  

- Oui, nous n’avons pas trouvé de papiers sur vous quand on vous a amenée, c’est alors la procédure de signaler une inconnue. Ne vous inquiétez pas, ils vont vous aider. Votre famille doit s’inquiéter et a sûrement déposé un avis de recherche déjà, fit-elle en souriant.  

- Non, ils ne m’aideront pas. Il faut que je parte, s’il vous plait, je dois partir, fit la jeune amnésique en s’agrippant désespérément à la tenue de l’infirmière.  

- Ça va aller, tenta de la rassurer Megumi. Ça va aller, ne vous inquiétez pas. Mais dites-moi, on a trouvé ces gélules dans votre veste, pouvez-vous me dire à quoi elles servent ?  

- Ils disaient que c’était contre la dépression. Ils mentaient. Ils ont menti sur toute la ligne…. Ils me donnaient ces gélules le soir, ça me faisait dormir et ça effaçait mes rêves. Ça l’effaçait Lui….  

 

L’infirmière ne répondit pas. Elle mit les gélules dans sa poche et sortit de la pièce non sans avoir jeter un dernier regard plein d’empathie à sa patiente. Elle l’avait touchée au plus profond d’elle-même. Sa tristesse, sa détresse. Cette fille qui avait tout oublié sauf l’amour qu’elle vouait à son homme. Cela la laissait rêveuse et envieuse. Un amour pareil était unique, c’était l’amour d’une vie. Elle sourit pleine d’espoir en déposant sa blouse dans son vestiaire à la fin de son service, se surprenant à prier que sa patiente puisse le retrouver et un peu également pour rencontrer elle aussi un amour aussi intense.  

 

Le lendemain matin, Megumi retrouva le lit de sa patiente vide. Cette nuit-là, elle avait arraché les perfusions et les appareils de surveillance, elle s’était levée et avait récupéré ses affaires. Elle avait profité de la pause des veilleuses de nuit pour sortir de l’hôpital, évitant soigneusement les caméras de surveillance. Aux policiers qui étaient venus plus tard dans la matinée pour prendre initialement la déposition de la disparue, l’infirmière fit un signalement pour disparition inquiétante, détaillant physiquement sa patiente avec les moindres signes distinctifs qu’elle avait pu observer sur elle. Dans sa poche, elle avait l’impression que les gélules qui étaient toujours là, avaient pris un poids supplémentaire. Elle resserra sa prise sur la petite boite et ne dit rien de plus.  

 

 


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