Capitolo 7 :: Une part de moi ?

Pubblicato: 28-07-10 - Ultimo aggiornamento: 05-08-10

Commenti: Un grand merci à Thalia, Phoenix, Kaoridu86, Ten, Fankaori, Nanou, Indya, Cris, même Sugar (tout en gardant un oeil sur elle) et Super-groupie (en la suppliant de garder son arme fatale dans sa besace, Maiko est insupportable mais elle ne mérite pas un visionnage de la terrible cassette). Merci aussi à Toto de son rôle d'imprimante (même si je la soupçonne d'avoir marabouté la mienne) et à Méga-Fan pour son cadeau d'anniversaire... Je suis contente que vous haïssiez avec tant d'enthousiasme le double pervers et j'espère que la suite vous plaira... Bisous à toutes...

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Alanguie sur les draps blancs, elle dormait paisiblement. Elle semblait si sereine, elle faisait sans doute de doux rêves. Un sourire sardonique se dessina sur les lèvres de Kaori et avec sa délicatesse coutumière, elle renversa le matelas sur le sol faisant choir la dormeuse sur le parquet froid. Sans laisser à la malheureuse le temps de se reprendre, elle l'aspergea d'un liquide jaunâtre, huileux et légèrement nauséabond.  

- Bonjour Maiko ! claironna-t-elle joyeusement. J'espère que tu as passé une bonne nuit !  

- Non mais tu es malade ! hurla la jeune femme en essuyant son visage dégoulinant d'huile. C'est quoi cette horreur ?  

- Oh ça ? Je me suis dit que tu apprécierais un petit soin du visage. C'est une huile très riche en oméga-3, en vitamine A et D. Cela rafraîchira ton teint après ta courte nuit et, en plus, cette huile te convient très bien. Elle est obtenue à partir du foie des morues !  

- Tu as un humour irrésistible ! Pas étonnant qu’aucun homme ne veuille de toi !  

- Tu ne dois guère être plus spirituelle, vu la façon dont Ryô t’a jetée de sa chambre cette nuit !  

- Ah, c’est ça qui me vaut ce délicieux réveil ! Madame ne supporte pas qu’on approche son précieux partenaire !... Comment l’as-tu su ? Tu surveillais sa chambre ? Sais-tu que tu serais plus efficace en faisant le guet dans sa chambre ? Voire même dans son lit ? Mais j’oubliais, tu n’as pas assez de cran pour t’y aventurer !  

- Contrairement à toi, je ne suis pas une traînée !  

- Arrête un peu ! répliqua Maiko en toisant son double avec dédain. Tu es une grande gueule face aux petites frappes mais, quand il s’agit de sentiments, tu es la pire des froussardes ! Ne joue pas les offusquées avec moi, ce qui t’énerve, ce n’est pas que j’ai rendu une visite nocturne à Ryô, c’est que tu sois incapable de le faire !  

- Je n’ai pas ce genre de penchants ! Tu ne suis pas une obsédée du mokkori !  

- Bien sûr ! railla le double. Allez, sois honnête, ça te rend dingue qu’en une soirée j’ai obtenu ce que tu attends depuis presque dix ans ! Il m’a embrassée ! J’ai senti ses lèvres sur les miennes… son bras qui enlaçait mon corps… sa peau…  

Elle ne put en dire davantage. Deux mains l’empoignèrent par le col et la plaquèrent sur le sol humide. Des flammes semblaient jaillir des yeux assombris de Kaori alors qu’elle immobilisait son sosie.  

- Ne t’approche plus de lui ! tempêta-t-elle. Si tu poses encore une fois tes doigts dégoûtants sur lui, je t’extermine !  

- Tu sors tes griffes ! Je pense que Ryô aimera ton côté félin… Les hommes apprécient d’avoir une tigresse dans leur lit !  

- Ne touche plus à Ryô ! répéta la jeune femme furieuse.  

- Si tu le veux, il va falloir que tu te battes avec d’autres armes que tes massues…  

- Il ne veut pas de toi ! Tu ne l’auras jamais !  

- Il n’y a que deux éventualités, jumelle : soit Ryô cède à mes avances et m’envoie au septième ciel, soit tu te décides à bouger ton petit popotin, tu couches avec lui et là encore, Ryô sera à moi…  

- Tu dérailles, ma pauvre !  

- Tu n’as donc rien compris, répondit Maiko avec un léger sourire. Toi, c’est moi ! Je fais partie de toi ! Je n’aurais jamais pu tromper Ryô sans cela…  

Les doigts de Kaori se détendirent malgré elle et elle repoussa rudement cette créature par trop déstabilisante.  

- Va te laver ! Tu es répugnante ! déclara-t-elle avant de quitter la pièce.  

Quelques minutes plus tard, Kaori s’engageait dans les rues de Shinjuku. Une seule personne pouvait l’aider à y voir clair.  

Satya se doutait qu’elle reviendrait. Elle sut qu’elle arrivait avant même d’entendre tinter la porte. Cette jeune Japonaise possédait une aura si singulière qu’on ne pouvait l’oublier.  

- Asseyez-vous et dites-moi ce qui vous tracasse, dit-elle avec douceur.  

Comme la première fois, Kaori fut frappée par la sagesse qui émanait des yeux noirs de l’hindoue. Cette femme inspirait le respect et la confiance. Posément, elle lui conta les derniers événements.  

- Je ne comprends pas comment cette chose peut être une part de moi. Elle est fourbe, perverse et manipulatrice. Elle saute sur tout ce qui bouge… Ce n’est pas possible que je sois attirée par tous ces hommes. Ça me dégoûte de penser que j’ai peut-être un peu de cette libido en moi.  

- Ecoutez-moi, Kaori, reprit la vieille femme. Ne vous focalisez pas sur les agissements de cette créature ! Elle n’est que pure énergie sexuelle. Il lui manque l’amour, la bonté, la spiritualité… Tout ce qui vous rend si précieuse aux yeux de l’homme que vous aimez ! Oui, elle est une part de vous. Si cette énergie est la vôtre, dans le corps de votre double, rien ne la canalise, elle part dans tous les sens et se perd dans cette débauche effrénée… C’est pour cela que vous devez faire l’amour avec cet homme. Ce n’est qu’ainsi que vous vous réapproprierez cette énergie…  

- Je ne pourrais pas, murmura la nettoyeuse en fixant ses genoux serrés. Il ne voudra jamais… et s’il le fait, ce sera uniquement pour faire disparaître Maiko.  

- En êtes-vous sûre ? Votre double s’est fait passer pour vous afin de coucher avec lui, c’est donc que…  

- Il n’y a pas que ça. Il a toujours dit que je l’indifférais. Il est attiré par toutes les femmes de dix-huit à trente-cinq ans sauf moi. S’il tient à moi, il ne veut pas faire l’amour avec moi… Maiko pense que c’est pour ne pas se passer la corde au cou, mais ça ne change rien.  

- Elle se trompe. J’ai vu cet homme, il vous aime de tout son cœur, c’est évident, pourtant il ne sait pas aimer de tout son corps. Son énergie sexuelle est intense et erratique. Il la brûle dans de furtives étreintes, au lieu de la laisser vibrer avec son cœur en vous aimant… Il a besoin de vous. Il ne s’agit pas de vous contraindre à des caresses mécaniques mais de vous aimer de toute votre âme.  

- Je ne suis pas sûre qu’il m’aime de cette façon…  

- Ne pensez qu’à l’amour que vous ressentez pour lui ! Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur lui, ses sentiments ou les femmes qu’il a pu connaître ! En amour, il est aussi novice que vous !  

Kaori réprima un sourire. L’étalon de Shinjuku novice ! Cet homme quasi-priapique qui ne cessait de vanter son mokkori !... Si cette femme avait su lire en elle, elle s’était fourvoyée concernant Ryô.  

- Je ne vous parle pas de sexe mais d’acte d’amour, reprit l’hindoue, comme si elle devinait les objections de la jeune femme. Cet homme ne sait pas concilier son désir et son amour. Il ne connaît que les étreintes fugaces, il ne sait rien de la jouissance sacrée de l’acte charnel. Il vous vénère comme un ange pur et intouchable au lieu de vous honorer comme une déesse voluptueuse et charnelle.  

- Il n’a jamais paru me vénérer…  

- Le regard qu’il porte sur vous, quand il s’imagine que personne ne remarque, est sans équivoque : il vous adore. Apprenez-lui à vous adorer comme une femme de chair et de sang !  

Ce que racontait Satya semblait complètement fou. Après les révélations de cette nuit, l’altercation de ce matin, ces dernières affirmations lui donnèrent le vertige. Tout son univers était chamboulé et on lui demandait d’apprendre l’amour à Ryô. Comment était-elle sensée faire ça ? Elle était la femme la plus inexpérimentée du Japon ! Elle tenait plus de la furie échevelée que de la déesse voluptueuse et charnelle !  

- Vous n’avez nul besoin d’être maître en tantra pour initier cet homme à l’extase. Vous êtes des âmes sœurs, tous les deux. J'ai rencontré bien des amants et rarement j'en ai vu dont les auras s'accordent aussi bien que les vôtres. Vos Anāhata, vos chakras du cœur, vibrent la l’unisson… Vos corps sont faits pour s'unir… Ne vous posez pas de questions ! Ne songez pas à être « performante » ! Soyez juste vous même et accueillez-le en vous ! Il n'a besoin que de cela.  

Sur ces paroles, Kaori prit congé de la vieille antiquaire. Tout se bousculait dans son esprit, elle avait besoin de solitude. Elle erra de longues heures dans les rues jusqu'à ce que ses pas la mènent au cimetière de Shinjuku. Elle fixa la pierre sous laquelle reposait son frère, espérant obscurément y trouver la réponse à ses interrogations... Qu'aurait-il pensé de cette aventure abracadabrante ?  

La nuit tomba sur Tokyo sans qu'elle s'en rendît compte.  

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