Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 21 capitoli

Pubblicato: 18-08-19

Ultimo aggiornamento: 07-09-19

 

Commenti: 36 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: Une décision de Sayuri a des conséquences inattendues pour les City Hunter.

 

Disclaimer: Les personnages de "Un couple à part" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Un couple à part

 

Capitolo 18 :: chapitre 18

Pubblicato: 04-09-19 - Ultimo aggiornamento: 04-09-19

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. C'est un chapitre difficile. PAssage obligé néanmoins. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21


 

Chapitre 18  

 

- Pourquoi j’ai le sentiment horrible que quelque chose va arriver aujourd’hui ?, soupira Kaori, finissant de s’habiller face au miroir.  

 

Deux bras l’enlacèrent et elle sentit le menton de celui qu’elle pouvait désormais appeler son compagnon se poser sur son menton et ses mains sur son ventre, le caressant tendrement.  

 

- Tu vieillis aujourd’hui Kaori. Tu as vingt sept ans. C’est le poids des ans qui t’écrase., la taquina Ryo, cherchant à dévier ses pensées moroses.  

 

Elle tenta vainement de lui sourire mais la lueur de ses yeux était triste. Elle n’arrivait pas à chasser cet horrible pressentiment qui la tenaillait depuis quelques jours. Etait-ce Sayuri qui allait partir ou le bébé arriver avec six semaines d’avance ou les deux ? Elle ne savait pas, c’était juste un poids qui l’écrasait depuis le début de la semaine. La fixant du regard via le miroir, il chercha à la réconforter.  

 

- Kimi va rester là où elle est encore quelques semaines. Sayuri peut sortir quelques heures de l’hôpital pour fêter ton anniversaire et on va profiter de nos amis, d’accord ?  

- Oui., murmura-t-elle.  

- Tu veux aller voir ton frère ?, lui proposa-t-il.  

 

C’était son rituel depuis six ans maintenant. Le jour de son anniversaire, elle allait invariablement rendre visite à son frère et il ne voulait pas déroger à cela cette année, où la normalité était d’autant plus la bienvenue.  

 

- J’aimerais bien. Tu crois que c’est possible ?  

- Je pense que Miki ne verra pas d’inconvénients à ce que tu squattes un peu le canapé en attendant que tout le monde arrive. Si tu veux bien t’allonger un peu en arrivant au café, on peut aller au cimetière.  

- C’est d’accord., accepta-t-elle avec un léger sourire.  

- Je t’ai dit que tu étais très jolie aujourd’hui ?, murmura-t-il à son oreille.  

 

Il la vit rosir de plaisir, ce qui lui donna un peu de couleur. La situation commençait à avoir des répercussions sur sa compagne. Elle dormait mal, elle fatiguait à force de passer du temps à l’hôpital au chevet de sa sœur et de stresser, n’avait pas pu mettre le nez dehors en ce début de printemps, elle qui adorait voir l’éclosion des fleurs de cerisiers… Tout ce qui lui donnait de la gaieté normalement à cette époque de l’année lui échappait. En conséquence, ses yeux ne pétillaient que peu, lorsque le bébé se faisait présent ou qu’ils parlaient d’eux, cette chose nouvelle qui avait allégé le stress de Kaori. Elle avait le teint pâle et les traits tirés.  

 

- On y va ?  

 

Elle acquiesça. Il l’aida à enfiler sa veste et prit sa main. Kaori n’en revenait pas de son comportement : lui qui avait passé tant d’années à la dénigrer se montrait très attentif envers elle. Le mufle s’était transformé en gentleman et elle appréciait, même si c’était étrange. C’était un soulagement pour elle de pouvoir se reposer sur lui en ces temps difficiles. Il faisait attention à son bien-être, son alimentation, son sommeil. Elle se sentait chouchoutée et entourée, ce qui la rassurait. Elle avait besoin de cela actuellement. Il était la bouée qui l’aidait à rester la tête hors de l’eau dans la tempête.  

 

Ils prirent la mini et se dirigèrent vers le cimetière. Ils s’arrêtèrent ensemble devant la stèle d’Hideyuki et Ryo reprit la main de sa compagne. Il adressa un merci silencieux à son ami qui avait placé sur sa route un trésor qui avait changé sa vie et allait encore le faire d’ici quelques semaines. Depuis qu’il avait rendu les armes deux semaines plus tôt et accepté ce eux qui ne demandait qu’à éclore, il se sentait plus léger. Il n’arrivait cependant toujours pas à trouver la force d’accepter la paternité de Kimi. C’était un pas encore trop dur à franchir pour lui et il espérait que la naissance lui donnerait la force d’avancer. Entendant un sanglot à ses côtés, il tourna la tête et vit Kaori pleurer.  

 

La première pensée qu’elle eut face à la tombe de son frère fut « sept ans déjà ». Elle revit son visage souriant, son calme olympien qui lui aurait été bien utile ces derniers mois. Elle se demanda ce qu’il aurait pensé de sa grossesse, du fait que Ryo lui avait fait cet enfant dont il ne voulait pas être le père, de leur couple maintenant officiel. Aurait-il approuvé ? Peut-être ou pas mais il aurait été là et l’aurait certainement soutenue, elle en était sure. Elle lui adressa une prière muette pour qu’il protégea encore Sayuri aujourd’hui. Elle ne voulait pas d’un deuxième décès le jour de son anniversaire. Elle s’en voulut soudain de cette pensée égoïste et sentit l’angoisse monter.  

 

Elle voulait revenir en arrière, loin en arrière, quand sa vie était simple, que son frère était là, même si elle ignorait alors avoir une sœur, quand sa vie n’était pas en danger chaque jour qui passait, qu’elle pouvait rêver d’un amour simple, beau et fort. Elle ne voulait pas penser à la mort qui rôdait autour d’eux, Sayuri d’abord, Ryo dont la vie serait toujours menacée et maintenant Kimi qu’elle avait décidé de porter alors qu’elle l’exposerait au danger. Cette pensée lui arracha des larmes et un sanglot lui échappa.  

 

Elle sentit les bras de Ryo l’entourer et l’attirer à lui, se retrouvant dans son étau, en sécurité. Il la laissa pleurer en silence un moment, lui offrant sa présence réconfortante, son soutien sans faille.  

 

- Pourquoi j’ai voulu un bébé, Ryo ? Pourquoi j’ai voulu donner la vie alors que je vais l’exposer à la mort ? Je suis inconsciente., pleura-t-elle, le coeur déchiré.  

- Non, Kaori. Tu as fait quelque chose qui te ressemble. C’est un geste d’espoir que tu as eu. Je ne vais pas te mentir et te dire que Kimi ne sera jamais prise pour cible mais nous sommes suffisamment forts et préparés tous les deux pour assurer sa sécurité., tenta-t-il de la rassurer.  

- Je suis sûr qu’on verra Kimi grandir et devenir une belle jeune femme qui fera fuir les pervers à coup de massue. Elle nous fera tourner en bourrique mais on l’aimera plus que tout au monde. Elle aura une merveilleuse vie, Kaori.  

 

Doucement, il l’emmena vers la sortie et la fit monter en voiture. Ils reprirent la route et retournèrent à Shinjuku rejoindre leurs amis au Cat’s Eye. Ils pénétrèrent dans le café et n’avaient pas fait deux pas que la voix d’Umibozu se fit entendre.  

 

- Vous avez encore un peu de temps. Tu peux te reposer à l’arrière si tu veux Kaori.  

- Merci, Umi., murmura-t-elle.  

 

S’il l’avait pu, Ryo lui aurait fait un signe de tête en remerciement mais ce n’était pas nécessaire avec l’Eleph’. Il avait un sixième sens et se montrait discrètement très protecteur, surtout envers Kaori, quelque chose que Ryo avait déjà remarqué au cours des années. Les deux nettoyeurs se réfugièrent dans l’appartement des Ijuin et prirent place dans le canapé, Ryo tenant sa compagne contre lui, la laissant s’endormir doucement. Il ne la réveilla que lorsque tout le monde fut là. Ils rejoignirent le groupe et Kaori prit place à côté de sa sœur.  

 

Sayuri était pâle et avait les traits tirés, aussi. Malgré cela, elle gardait le sourire et réussit à enlacer brièvement sa sœur.  

 

- Joyeux anniversaire, Kaori., murmura-t-elle.  

- Merci, Sayuri.  

- Vingt sept ans… Je n’aurai connu que trois ou quatre années de ta vie mais je suis fière de les avoir partagées avec toi. Tu es une personne merveilleuse, Kaori. Je t’aime., parvint-elle à lui dire avant qu’une quinte de toux ne la prit.  

- Moi aussi, je t’aime. J’aurais tellement aimé avoir plus de temps., répondit Kaori, après qu’elle eut repris son souffle.  

 

Elle ne put empêcher les larmes de couler et Sayuri non plus puis Ryo s’arrangea pour faire dévier leurs pensées et les faire sortir de leur morosité. C’était peut-être le dernier évènement qu’elles vivaient à deux. Il voulait que ce fut un beau souvenir pour elles. Avec l’aide des autres participants, il réussit à leur arracher un sourire au bout d’une demie-heure. Les rires prirent ensuite progressivement de l’ampleur et, même si, par moments, elles échangeaient des regards humides, les deux sœurs se laissèrent envelopper par la bonne humeur générale. Pour l’occasion, Kaori avait expressément demandé à ne recevoir aucun cadeau, leurs présences à tous lui suffisaient amplement et elle ne voulait pas réitérer l’expérience de Noël.  

 

La journée passa rapidement, trop rapidement même, et il fut l’heure de se séparer, Sayuri devant retourner à l’hôpital. Les deux sœurs s’étreignirent de manière interminable. Elles n’arrivaient pas à se lâcher. Ce fut Ryo qui les sépara à contre-coeur mais il craignait pour sa femme : cet au revoir qui s’éternisait, les tremblements de leurs corps étaient autant de signes que la situation pouvait dégénérer.  

 

- Allez les filles. Sinon on va avoir un mot dans le carnet de Sayuri…, plaisanta-t-il.  

 

Il tira doucement Kaori par le bras et elle finit par la laisser s’en aller. Elle la regarda partir avec appréhension et faillit courir la rattraper mais Ryo la retint et la prit dans ses bras. Elle se débattit avant de se laisser aller dans ses bras, perdue. Il ne savait ni quoi dire ni quoi faire et la tint simplement un long moment contre lui.  

 

- Viens, on rentre., murmura-t-il enfin.  

 

Il la prit par la taille et l’emmena dehors. Ils rentrèrent à l’appartement et Ryo la poussa à s’allonger. Il la rejoignit peu après avec une tasse de thé. Elle ne décrocha pas un mot du reste de la soirée, perdue dans ses pensées. Ils se couchèrent tôt mais la nuit fut agitée pour la future maman qui finit par s’endormir profondément au petit matin.  

 

A huit heures du matin, le téléphone sonna. Ryo se réveilla et, avec un mauvais pressentiment, décrocha le téléphone qu’il avait installé dans leur chambre.  

 

- Bonjour, je voudrais parler à Mademoiselle Makimura, s’il vous plaît.  

- Vous êtes ?  

- Infirmière Kami du service d’oncologie.  

- Elle dort encore. Que se passe-t-il ?  

- Mademoiselle Tachiki a sombré dans le coma cette nuit. Nous l’avons placée sous assistance respiratoire mais des décisions devront certainement être prises., l’informa-t-elle.  

- D’accord. Nous viendrons dès que possible., dit-il puis il raccrocha.  

 

Il passa une main sur son visage. Ils y étaient. Il regarda Kaori qui s’était enfin endormie et décida de la laisser encore un peu : la journée serait déjà assez pénible. Elle se réveilla une heure plus tard seule dans le lit et se leva tant bien que mal. Elle trouva Ryo à la cuisine, le café prêt. Il lui tendit deux toasts, souhaitant la voir manger avant de lui annoncer la nouvelle mais elle sentit la tension émaner de son conjoint et l’angoisse la prit. Elle posa sa tasse le plus calmement possible.  

 

- Vas-y, dis-le., dit-elle d’une voix blanche.  

 

Il l’observa un moment et soupira. Elle le connaissait trop bien.  

 

- Sayuri est dans le coma. Elle est sous assistance respiratoire. Il… il y aura certainement des décisions à prendre., l’informa-t-il, s’asseyant à côté d’elle et lui prenant la main.  

 

Elle le regarda, cherchant dans ses yeux la force de ne pas s’effondrer. Ryo sentit la puissance de son combat intérieur : elle lui serrait douloureusement la main mais jamais il ne le lui montrerait. Elle avait besoin de lui et il serait là. Incapable de parler, elle finit par acquiescer et partit de la cuisine. Peu après il entendit la douche couler et soupira.  

 

Frigorifiée, Kaori se glissa sous l’eau chaude tentant d’accumuler un peu de chaleur. Elle se sentait éteinte, incapable de réfléchir, vidée de toute énergie. Elle était comme anesthésiée. Elle sortit rapidement de l’eau et enfila un gros pull sur un legging. Elle avait froid et rien ne semblait pouvoir la réchauffer. Tel un automate, elle descendit rejoindre son compagnon qui lui tendit ses cachets et un verre d’eau.  

 

- Ce n’est pas le jour de les oublier., lui dit-il pour l’encourager.  

 

En son absence, il s’était déjà arrangé pour que Kazue passa l’examiner le soir même. Le Professeur était ainsi également prévenu qu’à tout moment il pouvait les voir débarquer si jamais l’évènement déclenchait le travail.  

 

Prenant son courage à deux mains, Kaori donna le signal du départ. Arrivés à l’hôpital, elle leva les yeux vers le bâtiment et se rappela ses pensées quelques mois auparavant. Elle n’avait pas eu tort : ce lieu était devenu comme une deuxième maison, tellement elles y étaient venues souvent. Aujourd’hui, les jours étaient comptés. Sa sœur ne serait bientôt plus…  

 

- Si c’est un poisson d’avril, il est de très mauvais goût !, cria-t-elle soudain en colère à la divinité qui voudrait bien l’entendre.  

 

Ryo se posta face à elle et posa une main sur son visage pour l’apaiser. Ils se regardèrent un long moment sans bouger et sans parler.  

 

- Tu devais avoir trois mois, Kaori. Tu en as presque eu neuf. Tu te rends compte du miracle ?  

- Ce n’est pas assez. Ca ne le sera jamais., murmura-t-elle.  

- Je sais mais vous vous êtes battues à deux, vous avez eu du temps pour vous parler et apprendre à vous connaître. Elle ne partira pas comme une inconnue pour toi. Elle t’a transmis ce qu’elle avait à transmettre pour toi, pour Kimi. N’oublie pas cela, Kaori.  

 

Elle s’approcha de lui et posa la tête contre son épaule. Il l’enlaça et tenta de lui donner la force et le courage d’avancer. Lentement, ils se défirent de l’étreinte et se dirigèrent vers l’hôpital. Le trajet en ascenseur sembla beaucoup trop rapide à Kaori qui appréhendait de voir sa sœur. Lorsqu’ils arrivèrent dans le service, ils croisèrent une infirmière qui les accompagna jusqu’à la chambre de Sayuri. Kaori s’arrêta un instant sur le seuil, surprise par l’appareillage qui l’entourait. Elle avait un tube dans la gorge pour l’aider à respirer, des électrodes sur le torse. Sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers et, malgré cela, on aurait presque pu penser que Sayuri était sereine. Ses traits n’étaient pas crispés, elle ne semblait ressentir aucune douleur, un peu comme si elle dormait.  

 

La nettoyeuse avança lentement dans la pièce, entendant à peine les explications de l’infirmière, ne se rendant même pas compte de son départ. Elle prit place dans le fauteuil à côté du lit et saisit la main tiède de sa sœur, posant la deuxième au dessus. Elle regarda les cheveux courts de sa sœur et mit un moment à intégrer le changement.  

 

- Elle a perdu ses cheveux…, dit-elle, secouée.  

- Oui, après la chimiothérapie., répondit Ryo qui s’était assis sur une table non loin d’elle.  

- Pourquoi elle me l’a caché ?, demanda-t-elle blessée.  

- Elle ne voulait pas te perturber.  

 

Ryo la regarda inquiet. Il se souvenait qu’elle ne voulait plus de secrets et avait peur qu’elle ne se fâcha mais elle ne dit rien, contemplant juste le visage de sa sœur.  

 

- Elle a l’air si paisible…, murmura-t-elle.  

 

Il ne savait pas quoi dire. Tout lui semblait vain. Que pouvait-il faire pour alléger sa souffrance ? Il ne savait pas. Il savait comment l’infliger mais pas comment l’apaiser. Il se sentit inutile…  

 

- Je suis contente de ne pas être seule. Merci d’être là avec moi., lui dit-elle en se tournant vers lui.  

- Je ne peux rien faire, Kaori., répondit-il.  

- Tu es là. Sans toi, je me serai déjà effondrée.  

 

Il l’observa et acquiesça, gêné. Peu après, le médecin toqua et pénétra dans la chambre. Il vérifia les constantes de sa patiente puis se tourna vers Kaori. Ryo s’approcha d’elle instinctivement.  

 

- Je vous remercie d’être venus ce matin. Votre sœur est tombée dans le coma cette nuit comme on vous l’a appris par téléphone.  

- Elle a souffert ?, demanda Kaori, soucieuse.  

- Non. Elle s’est enfoncée en dormant. Elle était très affaiblie. Les métastases se sont multipliés ces derniers jours, notamment au cerveau.  

 

Le spécialiste vit l’air surpris de Kaori.  

 

- Elle ne vous l’avait pas dit ?, lui demanda-t-il.  

- Non, elle voulait certainement ne pas m’inquiéter…, répondit-elle, attristée.  

- Je pense aussi. Elle tient beaucoup à vous.  

- Moi aussi. Quelles sont ses chances ?, demanda-t-elle.  

- Je ne vais pas vous donner de faux espoirs. Elles sont faibles, voire inexistantes. Ses capacités respiratoires sont diminuées, elle ne sait plus s’alimenter seule et il nous faudra évaluer l’activité cérébrale, ce qui sera fait demain matin.  

 

Il lui laissa quelques instants pour digérer les informations. Kaori prenait la mesure de la diminution de sa sœur. Elle ne vivait plus, elle survivait pour elle, pour alléger son inquiétude. Elle posa une main sur son ventre proéminent, sentant sa fille sous sa paume. Elle avait certainement donné ses dernières forces pour être présente à son anniversaire. Elle jeta un long regard sur la silhouette endormie, sentant une bouffée d’amour pour elle.  

 

- Quelles sont les options ?, interrogea-t-elle le praticien.  

- Vous êtes la personne qu’elle a désignée comme décisionnaire en cas d’incapacité. Nous voudrions déjà savoir si nous tentons le tout pour le tout en cas d’arrêt cardio-respiratoire.  

 

Kaori serra la main de sa sœur en la regardant, les larmes aux yeux. C’était une décision difficile à accepter mais facile à prendre.  

 

- Non. Laissez-la partir. Ne vous acharnez pas., soupira-t-elle.  

 

Il acquiesça et le nota dans le dossier.  

 

- Selon les résultats de l’électroencéphalogramme demain, il vous faudra aussi décider de la suite des soins.  

- Savoir si on la garde sous assistance ou non, c’est cela ?  

- Oui. Elle ne souffre pas et nous allons tout faire pour lui donner le maximum de confort mais vous devrez décider de la suite.  

 

Kaori acquiesça, la gorge serrée. Elle sentit la main de Ryo se poser sur son épaule en soutien et leva les yeux vers lui. Leurs regards se verrouillèrent un moment, le temps pour elle de retrouver un peu de calme.  

 

- Nous n’imposons pas d’horaires en journée pour nos patients en fin de vie. Venez quand vous le souhaitez entre huit et vingt heures. Mais, si je puis me permettre, faites attention à vous., dit-il, un regard appuyé vers son ventre.  

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas. Je vous reverrai demain après l’examen., les informa-t-il avant de sortir.  

 

Le silence régna quelques minutes dans la chambre. Les deux nettoyeurs étaient plongés dans leurs pensées. Inconsciemment, Kaori gigotait sur le fauteuil, ne trouvant pas de bonne position.  

 

- Arrête de bouger deux secondes., lui dit Ryo, cherchant la manette pour incliner le siège.  

- C’est mieux, non ?, lui demanda-t-il, caressant son ventre tendrement alors qu’elle s’était allongée sur le dossier abaissé.  

- Oui.  

 

Elle le regarda un long moment, piochant en lui la sérénité dont elle avait besoin. Son regard s’assombrit soudain.  

 

- Je sais ce que j’ai à faire mais dis-le-moi, dis-moi que j’ai raison, que c’est le mieux., lui demanda-t-elle à voix basse.  

- Laisse-la partir. Elle a donné tout ce qu’elle pouvait. Tu as fait tout ce que tu pouvais et devais pour elle. Il est temps pour elle de faire son dernier voyage et pour toi de te tourner vers l’avenir.  

- Je le sais, Ryo, mais ce n’est pas ce qui rend la décision plus facile à accepter., avoua-t-elle.  

- Respire Kaori., murmura-t-il, sentant sa tension.  

 

Il posa la main sur sa joue, la caressant tendrement du pouce. Elle ferma les yeux et se laissa entraîner dans cette bulle de réconfort quelques minutes. Quand elle se sentit plus forte, elle posa la main sur la sienne et lui sourit.  

 

- Pour un homme peu démonstratif, tu t’en sors bien., murmura-t-elle, les yeux emplis de douceur.  

- J’essaie d’apprendre., répondit-il.  

- Je ne me plains pas de ce que tu fais, Ryo, mais ne te force jamais à être quelqu’un de différent pour moi. J’aime celui que tu es. Je n’ai pas besoin d’une chimère qui me laissera quand tout deviendra trop difficile à porter., lui dit-elle sérieusement.  

- D’accord. Tu ne m’en voudras pas d’aller draguer quelques infirmières alors ?, plaisanta-t-il.  

 

Elle lui sourit, heureuse de l’avoir à ses côtés. Elle lui caressa la joue.  

 

- Va prendre l’air si tu veux. Je vais rester un peu ici. Je veux profiter encore un peu d’elle.  

- Tu es sure que ça va aller ?, s’enquit-il inquiet.  

- Oui. Reviens me chercher dans une heure. On rentrera à la maison., lui dit-elle.  

- Vraiment ?, répondit-il, surpris.  

 

Il s’était attendu à devoir se battre pour qu’elle ne resta pas la journée entière à l’hôpital, à devoir brandir l’excuse Kimi pour qu’elle accepta de se reposer.  

 

- Je dois faire attention à moi. Sayuri serait fâchée de me voir toute la journée ici. On pourra peut-être revenir dans l’après-midi ?  

- Si tu veux. Je suis content que tu penses à vous.  

 

Il déposa un baiser sur son front et la laissa seule avec sa sœur. Kaori le regarda partir avec un peu d’appréhension puis se tourna vers sa sœur. Elle attrapa de nouveau sa main.  

 

- Je t’aime Sayuri. Merci pour ce que tu m’as offert. Sans toi, je n’aurai jamais connu ma famille biologique, ni le bonheur de devenir mère et j’aurais certainement encore attendu longtemps après Ryo. Tu peux partir en paix, ma chérie. Je prendrai soin de moi, soin de Kimi et de nos souvenirs., lui dit-elle.  

- Tu peux lâcher prise si tu le souhaites. Je saurai me montrer forte. Je ferai tout mon possible.  

 

Elle se leva et déposa un baiser sur son front malgré la difficulté avec un ventre arrondi par sept mois et demi de grossesse. Elle se redressa et posa la main de sa sœur sur son ventre. Elle sentit le bébé venir se blottir sous ce contact et les larmes lui monter aux yeux.  

 

- Kimi, c’est ta tante Sayuri, une personne qui t’aime plus que tout au monde. Je te parlerai d’elle quand tu seras là.  

 

Soudain, l’une des machines se mit à bipper, bientôt suivie d’une autre. Une infirmière entra en vitesse, suivie du médecin. Kaori s’écarta pour les laisser travailler, le coeur battant à cent à l’heure. Le docteur se releva, le visage neutre.  

 

- C’est la fin. Si vous voulez lui dire au revoir.  

 

Elle acquiesça, les larmes coulant sur ses joues, et s’approcha. Elle prit sa main.  

 

- Au revoir, grande sœur. Je ne t’oublierai jamais. Hide t’attend là-haut. Je suis sure que vous vous entendrez bien.  

- Kaori…, fit Ryo, entrant essoufflé.  

- C’est la fin, Ryo., murmura-t-elle.  

 

En moins de deux secondes, il était à ses côtés et la tenait par la taille. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que l’électrocardiogramme devint plat. Le médecin prononça le décès et les laissa seuls, le temps dont ils avaient besoin. Une heure plus tard, ils sortirent de là, de l’hôpital et rentrèrent.  

 

- Il faut que j’organise les funérailles et prévienne tout le monde., soupira Kaori, se dirigeant vers le téléphone.  

 

Ryo lui prit le combiné des mains et le reposa. Sans lui laisser le temps de protester, il l’emmena dans la chambre et la fit s’allonger.  

 

- Pour le moment, tu vas te reposer. Pour le reste, on verra plus tard., dit-il, prenant place à ses côtés.  

 

Se collant à son dos, il l’enlaça pour lui communiquer sa chaleur. Il caressa doucement son ventre, s’attendant à la voir craquer d’une minute à l’autre, mais la fatigue eut raison d’elle avant. Quand il fut certain qu’elle était profondément endormie, il prit le téléphone et prévint Miki qu’il chargea de prévenir les autres. Une page était tournée, pensa-t-il, une nouvelle commencerait d’ici quelques semaines, une page qui n’aurait jamais vu le jour sans sa belle-sœur.  

 

Ainsi allait la vie, naissance et mort se succédaient, s’enchaînaient dans la douleur mais la roue du temps continuait inlassablement de tourner, indifférente aux sentiments des personnes touchées. 

 


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