Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 12 capitoli

Pubblicato: 20-11-05

Ultimo aggiornamento: 24-12-06

 

Commenti: 42 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Pour les grandes lignes, lisez le défi.

 

Disclaimer: Les personnages de "Ryô au pays des Amazones" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Ryô au pays des Amazones

 

Capitolo 10 :: Brume, mousseline et citron camphré

Pubblicato: 03-10-06 - Ultimo aggiornamento: 03-10-06

Commenti: Bonne lecture et merci à ceux et à celles qui suivent encore cette histoire ^_^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12


 

Chapitre 6 – Brume, mousseline et citron camphré  

 

 

 

Pendant ce temps là, dans une contrée lointaine, l’île de Shikoku. Embrumé par la fraîcheur matinale de la forêt, un village. L’affolement y était à son comble. Une bande de pillards sans vergogne, sans cœur ni foi, régnaient en maître, détroussant les quelques villageois de leurs maigres biens : leur réserve de riz. Sur leur chemin, une plaine, un autre village, un autre pillage. Affamés de gains, ils réitérèrent leur exploit pour la troisième fois tant ils semblaient apprécier ce village docile.  

 

Juchés sur leurs étriers, les malfrats observaient la panique qu’avait provoqué leur apparition au sommet de la colline. De leur hauteur, les habitations ressemblaient à des cases de paille que le feu, s’il venait à se déclarer, lécherait comme on se repaît d’un repas.  

Les fermiers, au centre, des fourmis galopant en tout sens, désordonnés.  

Dans un braillement offensif, les bandits lancèrent leurs montures au galop, descendirent le flanc de la colline clairsemée, puis encerclèrent au trot les fermiers pendant qu’un groupe pillait les réserves de riz entreposées dans un silo, à l’écart des habitations.  

 

Rassemblés au milieu du village, unis par la peur, quelques fermiers usés par tant de pillages, quémandaient une négociation, les autorités locales n’ayant cure des événements. L’un d’entre eux se jeta sous les sabots d’un cheval et cria, tout en pleurs :  

 

« Pitié ! »  

 

Un jeune fermier, dans la fleur de l’âge, torse nu, simplement vêtu d’un pantalon de toile ocre, rapiécé en de multiples endroits, noué à la taille par une ficelle, se détacha immédiatement du groupe, bousculant d’une épaule ceux et celles qui lui barraient le passage.  

 

« Et que lui offriras-tu la prochaine fois ? … Ta fille ? récrimina-t-il, exaspéré par tant de couardise. Relevons le front. Battons-nous ! »  

 

Devant le silence absolu de ses compagnons, il les invectiva plus colérique encore.  

 

« Il suffit d’un cheval et d’un pistolet pour vous faire plier l’échine ?  

- Ils ont des armes.  

- Et alors, nous aussi. Utilisons-les !  

- Des bâtons ? Des brouettes ? Des fourches ? Et nos mains tannées par le labeur ? Voilà ce qu’on a. Qu’est-ce que tu veux faire avec ?!  

- Des catapultes, des brasiers, des lances, rétorqua-t-il avec enthousiasme. Et nos mains sont au service de notre intelligence*, non ?! Alors utilisons-la !  

- Sandokana, arrête ! Ca ne sert à rien. Ils sont plus forts que nous.  

- NOOOON ! Depuis quand la voix est-elle plus forte que l’esprit ? Sois réaliste le vieux. C’est leur troisième tournée. Nos barricades ne tiendront pas advitam eternam et la prochaine récolte sera bien plus maigre. Tu veux nous faire mourir de faim ? »  

 

Tout à coup, une onde silencieuse se propagea à mesure que les paysans se turent. Sandokana vit les rangs se fendre. Il retint son souffle. Chacun s’écarta de chaque côté d’une allée imaginaire. Fourbu par l’âge, l’ancêtre, vêtu d’un vieux kimono indigo, avançait d’un pas chancelant, soutenu par une cane. Même la poussière de terre lui obéit, collée au sol. Sandokana ne bougea pas, défiant l’ancêtre du regard.  

 

« Sandokana a raison. »  

 

 

Les cris de surprise des fermiers étonnèrent les bandits qui tournèrent la tête en leur direction.  

« Quel troupeau !  

- Allez-y ! Battez-vous entre vous, vous ne nous rendez qu’un plus grand service !!!  

- Divisez pour mieux régner, quel bel adage. »  

 

Et ils partirent dans un grand éclat de rire.  

 

 

« C’est en se battant ensemble que nous nous protégerons individuellement. »  

 

L’ancêtre s’assit par terre. Tout le monde fit silence tandis qu’ils imitaient l’ancêtre. Concentrés sur les paroles du vieil homme, les fermiers ne prêtaient plus attention aux vociférations des bandits qui, déjà, délaissaient le village, jurant un retour proche dévastateur.  

 

« Vous n’étiez pas nés que le village subissait déjà les assauts de pilleurs. Alors que je m’enfuyais, j’ai traversé un village dont les maisons avaient été épargnées, le silo regorgeait de riz. Ce village avait loué les services d’hommes dont l’âme et la combativité égalaient celle des samouraïs. »  

 

L’ancêtre détourna les yeux vers Sandokana, plongeant son regard usé dans le regard enflammé du jeune homme.  

 

« Va, Sandokana, va. Parcours les terres et trouve ces valeureux combattants. »  

 

*-*-*-*-*  

 

Reculé de la civilisation occidentale et urbaine, un autre village, particulier celui-ci, à en croire les chuchotements du vent, caché par la pierre et les feuillages, donnait du fil à tordre aux pillards. La résistance s’y organisait. D’autres villages qui gravitaient autour bénéficiaient de l’accalmie.  

Particulier parce que énoncer le nom de ce village faisait hérisser les poils de tout voyageur qui s’égarait sur ce territoire.  

Particulier parce que sa situation géographique offrait une ouverture sur la mer, des chemins de traverse en direction de la montage, et surtout il était à distance de marche raisonnable d’une myriade de villages. Véritable gare de treillage pour ces boutonneux buveurs de vraies bières alcoolisées, navigateurs hors-pairs, pirates reconvertis, dévoreurs de chairs cadavériques, qui le lorgnaient à n’en plus dormir. Oui, un véritable point stratégique pour leur trafic. Le village par lui-même semblait intouchable. Des espions ils avaient mandaté. Dépités ils étaient retournés. Cependant la bande s’acharnait, se l’approprier était leur objectif. C’était devenu LEUR point d’honneur.  

Ils n’allaient pas se faire battre par une bande de femmes et d’estropiés !! Le jour où une femme les mènerait à la baguette n’existait pas encore sur le calendrier et n’était pas prêt de l’être. Le premier assaut avait été un échec cuisant mais ils avaient eu un aperçu de leur système de défense. Des jeunes voulaient se battre, ils en tireraient profit. Les détourner de leur giron. Mais, le chef, Sillogiste, Lebleuetfroi-lamerèbleudonklamerèfroide de son petit nom, vénéré parmi les pirates vénérables, avait interdit tout assaut. Il avait un plan, un plan machiavélique, parfait, qu’il réservait pour le moment M, l’heure H, la seconde S. Il s’en frottait les mains. Elles allaient souffrir ces donzelles. D’ailleurs, sa sentence était redoutée par celui qui osait enfreindre cet interdit.  

 

Or, par cette même belle matinée ensoleillée, jalonnant un sentier forestier, un preux cavalier, sans peur et sans reproche, sur son blanc destrier, arrêta sa monture, serrant le mors qui découvrit la mâchoire de l’herbivore à quatre pattes, hennissant sous la soudaineté de l’arrêt. Bombe sur la tête, les cheveux tirés et tressés en arrière, le cavalier mit pied à terre. Il portait un bouclier en forme de demi-lune, finement ciselé aux armes de son village, un pommeau de pluie surmonté d’une colombe. Sur son dos, un arc et des flèches aiguisées. Il s’arrêta devant un orme, prit dans ses mains une boite ronde faite de paille de riz puis la secoua légèrement jusqu’à ce que, à l’autre bout, une main tende ce fil qui parcourait l’arbre, avant de mettre la boite devant sa bouche et de demander d’une voix douce :  

 

« Hispahan ? Hispahan, ma sœur Hispahan, ne vois-tu rien venir ? »  

 

Méthode archaïque certes, toutefois plus discrète que le chant d’oiseau, les signaux de fumées, fort dangereux dans ce lieu, ou le téléphone. Nécessité d’un relais, entretien de ce relais qui pouvait au moindre typhon ne plus être fonctionnel. Le cavalier déplaça la boîte ronde de sa bouche à son oreille mais n’entendit aucune réponse autre qu’un discret bruissement de feuilles. Hispahan descendait de son lieu d’observation avec une grâce infinie. Enfant, elle aimait se réfugier dans les arbres, sur une des plus hautes branches. Aussi, quand chacune dut choisir un poste, elle avait choisi celui du guetteur. Elle grimpait et descendait les branches d’arbres avec une agilité et une vitesse que beaucoup lui enviait. Elle avait même développé une adresse au tir à l’arc qui lui permettait, cachée dans les hautes cimes, de toucher mortellement un intrus.  

 

« Non, ma reine. Ils n’attaqueront pas aujourd’hui. »  

 

La discrétion était leur maître d’œuvre. Depuis le jour où le village s’était réfugié dans la forêt, il n’avait subi que peu de pillages. Les armes forgées et l’âme combative des habitants suffisaient à terrasser les pillards. Mais, depuis quelques mois, une nouvelle bande de pillards s’acharnait sur les fermiers, en manque d’adrénaline puisque l’un d’entre eux réussit à se « perdre » jusqu’à leur village. Bien que stoppé aux portes, l’homme à la mine patibulaire avait juré un retour éminent, prédisant l’arrivée d’une cargaison d’entre eux. Leur chef, Lebleuetfroi-lamerèbleudonklamerèfroide, ne manquerait pas de représailles. Ce ne sont pas des femmes qui feront la loi ! Sans doute ignorait-il à qui il se frottait.  

Elles avaient ainsi une nuit de répit. Les bandits ne les attaqueraient probablement qu’au lever du jour. Avides de nouvelles techniques de combat, elles attendaient avec impatience l’arrivée de leur nouvel entraîneur.  

 

 

*-*-*-*-*  

 

Repérée, Hortense décida de se cacher au sein du temple dont la Reine lui avait confié l’existence. Hortense mit à profit cette semaine de repos forcé pour y organiser l’enlèvement de Kaori. Grâce à l’aide des templiers, elle avait même réussi à se procurer l’avion qui allait les rapatrier jusque son village. L’heure n’était cependant pas à la victoire. Elle n’avait pas réapparu sur la scène Shinjukuïte pour se faire oublier. Sûre de ce fait, elle prit la décision de se rendre, en toute discrétion, au tableau de la gare, repère de la jeune femme. Quelle déception quand elle vit sa victime quitter la gare. Il lui fallait changer ses plans de toute urgence. Elle allait au café à n’en pas douter. Soit. Elle saurait dissimuler sa présence, l’espionner et connaître son emploi du temps. Quand elle arriva aux abords du café, Hortense reconnut la haute silhouette du mâle assis au comptoir, et assise à une table, isolée, celle du futur entraîneur de son village.  

 

Hortense regarda le ciel d’azur que le soleil éclairait de sa discrète présence puis choisit son endroit d’observation. Assise en tailleur à l’extérieur du café, elle sortit tranquillement un bol de porcelaine de sa sacoche qu’elle colla contre une des vitres du café. Collant son oreille au bol, elle se cala confortablement, puis écouta les conversations, dans la complète ignorance des ricanements et des regards étonnés voire inquisiteurs des curieux. Avec les trucs et astuces des plus sophistiqués à l’époque de la technologie de pointe, oser un vieux truc pareil ! Certains étaient au bord de l’explosion de rire. D’où sortait-elle ? De sa campagne ?  

 

Miki remarqua aussitôt l’animation extérieure. Des gamins lui joueraient-ils une farce ? Il était peu fréquent que les passants éclatent d’un fou rire en admirant sa devanture. Elle jeta un œil discret en direction de Ryô mais ce dernier, ne réagit pas, son regard intense imperturbablement fixé sur Mikamaru dont il détesta l’étincelle qu’il vit jaillir dans ses yeux. Sa mâchoire s’en contracta davantage. Miki trouva curieux qu’il ne remarquât rien. Il devait être très perturbé. Elle s’approcha de la fenêtre et aperçut une couleur jaune poussin flamboyer sous les rayons du soleil qui s’était fait plus intense. Elle ouvrit la porte d’un geste vif.  

 

Le carillon surprit Hortense. Elle se leva précipitamment, enfourcha son sac tandis que le bol y glissa subrepticement et déguerpit aussi vite qu’elle put. Miki vit s’éloigner alors une jeune femme vêtue d’un pantalon zouave vert-pomme, d’une chemise rose bonbon et coiffée d’un béret tropezien jaune poussin. Etait-ce en rapport avec l’affaire en cours même si elle en ignorait la teneur ou était-ce une jeunette éperdument éprise d’un releveur de cœurs, pourchassant l’objet de sa passion de ses jeunes foudres acidulées ? Cependant, dans sa course éperdue, Hortense perdit l’amulette avec laquelle elle jouait, que Miki s’empressa de ramasser. Perturbée par cette interruption, elle en oublia de masquer sa présence et dégagea l’aura prédatrice que Ryô reconnut dans la seconde sans qu’il ne laissât rien paraître. Ennuyé. Profondément agacé. L’aura venait à nouveau de s’évaporer. A qui avait-il donc à faire ? Avec la plus grande discrétion, Ryô bougea sa main, caressant délicatement le cou de Kaori tandis qu’il y exerçait une légère pression. Etait-ce pour se rassurer ? Lui signaler qu’il était là ? Ou n’était-ce qu’une marque de possession amoureuse, simple avertissement à cet autre ?  

 

Ryô ?  

 

Kaori pivota lentement sur son siège, son regard remonta le long de la taille, du torse, du cou de son partenaire, de son menton, de ses mâchoires contractées pour se jeter dans le feu glacial de ses yeux.  

 

« Vous avez carte blanche. Voici le dossier de chaque jeune femme. »  

 

La main posée sur les pochettes, il les glissa sur le plateau vernis de la table.  

 

« Vous vous retirez de l’affaire ?  

- Je ne veux pas vous imposer ma présence ou entraver vos mouvements. Et puis vous ne voudriez pas que je m’abreuve à vos sources » acheva-t-il dans un sourire entendu.  

 

En voilà un autre qui joue les fleuristes ! Ryô venait d’atteindre un premier palier d’agacement qu’il traduisit malgré lui par un haussement de sourcils.  

 

Mikamaru retira sa main. Une expression indéfinissable planait sur le visage de Kaori. Un sourire énigmatique. Ryô aperçut ce sourire, un sourire qu’il ne lui avait jamais vu auparavant. Que signifiait ce sourire ? Que pensait-elle ? Qu’elle lui était reconnaissante ? De quoi ? De rester en vie ? De rester en dehors de l’affaire, de ne pas les accompagner ? … D’avoir retrouvé un « semblant » de frère ?  

 

Quand Miki rentra dans le café, Ryô consultait les dossiers d’un œil froid. L’affaire était conclue. A sa grande surprise, Kaori découvrit son partenaire tendu. Que lui arrivait-il ? Ils avaient connu des missions plus délicates. Elle ne le quittait toujours pas des yeux, intriguée par cette froideur. Pas de bave ni de faciès lubrique ? Pourquoi ce regard de glace ?  

 

« Tu ne trouves pas ça curieux toi toutes ces femmes qui disparaissent ? » chuchota Miki distraitement à l’oreille de son futur ?  

 

Au mot « femme », l’ouïe fine de Ryô s’éveilla à nouveau et il bondit comme un ressort.  

 

« Tu es jalouse parce que tu ne fais pas partie du harem ?! … Avoue ! plaisanta-t-il, ses bras enserrant déjà la taille de Miki. Sa vitesse d’exécution surprit Mikamaru.  

- Hein ? Un harem … ? »  

 

Ni une ni deux, un claquement sec retentit dans la salle. La tête des clients se tournèrent d’un même mouvement de panique. La foudre venait de frapper le café. Le glissement précipité des pieds de chaises et de tables grincèrent sur le sol, tous s’engouffrèrent vers la porte.  

 

« Et ma main droite baffeuse, tu l’avais oubliée celle-là, hein !? »  

 

Kaori sortit du café, traînant Ryô par le col de sa veste, furibonde, hargneuse devant ce manque frappant de décence.  

 

« Voyez comme elle me traite ! … gémissait Ryô, se frottant la joue rouge où la délicate empreinte des doigts de sa partenaire persistait. Rentrez chez vous heureux mon vieux, ‘faudrait pas qu’elle vous estropie. On vous tiendra au courant.  

- T’as pas fini de faire ton intéressant ?! J’ai pas envie de perdre ce client ! » rageait Kaori dans un sourire forcé. La massue pouvait effrayer le client et l’affaire atterrirait sur le bureau d’un concurrent.  

 

Tandis que Kaori et Ryô franchissaient la porte, Miki lança d’un geste aussi rapide que précis, à Ryô le vulgaire bout d’écorce, d’une couleur marron tirant vers le rouge foncé, qu’elle avait ramassé par acquis de conscience. Ryô lança un regard interrogateur à Miki alors que ses réflexes lui permirent d’attraper l’amulette au vol, ce en toute discrétion. Il la mit aussitôt dans la poche de son veston. Une clé secrète pour une visite nocturne non moins secrète ? Quelle drôle d’idée de sa part ! Voilà qui émoustillait sa curiosité. Pour l’heure, discrétion, discrétion, fallait pas réveiller la furie qui sommeillait à ses côtés. Il demanderait des comptes plus tard à sa barmaid préférée.  

 

Sur le chemin du retour, Ryô et Kaori se séparèrent rapidement. A la demande de son partenaire, Kaori prit le chemin de leur appartement tandis que Ryô partit dans les quartiers sombres de Shinjuku vérifier une information. Quant à Mikamaru, il rentra chez lui, à contre-cœur, pensif, dubitatif. N’était-ce pas mettre l’agneau dans la gueule du loup ? A ce propos, que faisait-elle avec ce gusse ? Franchement ! Le mystère devenait de plus en plus captivant.  

 

« Kaori Makimura, … vous serez mienne. » assura-t-il en frappant du poing sur la table de la cuisine.  

 

*-*-*-*-*  

 

Au détour d’une ruelle adjacente au café, devant elle, la silhouette élancée d’une jeune fille étrangement vêtue. La fraîcheur était tombée, comme agréable était cette légère brise sur ses joues. Tiens, cela lui rappelait une impression de déjà-vu mais Kaori ne saurait dire ce qui allait se produire dans la seconde voire la minute suivante, ce qui l’énerva prodigieusement parce qu’elle savait qu’il se passerait quelque chose. Le pantalon bouffant vert-pomme dansait autour des fines et longues jambes de la jeune fille, tout comme le foulard noué autour de son cou. La nuque dégagée, sa chevelure était retenue par un béret jaune poussin. Le regard de Kaori revint sur le foulard rouge sanguin.  

 

Coupé dans une mousseline aérienne, il improvisait une chorégraphie que les motifs brodés de fil de soie noire interprétaient gracilement jusqu’au moment où, se libérant du joug nodal, il prit son envol, emporté par le courant d’air. Il frôla le visage de Kaori avant d’atterrir à ses pieds, comme pour la saluer d’avoir assister à ce spectacle privé. Le foulard gisant au sol dispersait ses effluves citronnés. Mais une autre essence s’y mêlait dont elle n’arrivait pas à trouver le nom pourtant il était là, sur le bout de sa langue. Ce n’était pas de l’arnica, ni du baume khamol, ni du baume du tigre.  

 

D’un geste gracile et spontané, Kaori saisit le foulard à pleine main pour le rendre à la jeune fille qui continuait nonchalamment son chemin. Quelle étourdie ! pensa Kaori. Elle approcha le tissu de son nez, pour identifier cette senteur, connue et si caractéristique. Elle éternua alors. Quelle mystérieuse matière ! Elle le froissa délicatement entre ses doigts. A peine eut-elle touché le foulard qu’elle sentit une agréable sensation de fraîcheur à la fois citronnée et mentholée l’envahir.  

 

La jeune fille s’éloignait du centre ville d’un pas rapide avant de s’engager dans une ruelle. Kaori accéléra l’allure, elle tendit le bras tout en la hélant. La mousseline effleura à nouveau ses narines et elle se mit à éternuer. A éternuer tant et plus qu’elle dut s’immobiliser pour reprendre son souffle cependant qu’une vive douleur traçait son chemin le long de la paroi osseuse de ses narines pour atteindre le front. Elle eut même l’impression que celle-ci remontait à l’intérieur de son crâne, meurtrissant de sa pointe ignée et aiguisée la cavité sur son passage, avivant les terminaisons nerveuses. Elle porta les mains à son front, plissa les yeux, contracta les muscles de son visage dans l’espoir d’atténuer cette soudaine douleur. Quand elle rouvrit les yeux, le trottoir était étrangement bombé, convexe même. Tiens, elle n’avait jamais remarqué cette colline auparavant. Gravir cette colline sortie de nulle part ? Souffrait-elle de troubles optiques soudainement ? Elle ne s’en sentit plus la force. La ville devrait chausser ces concitoyens de patins à roulettes, pensa-t-elle et à la moindre côte pentue, il suffirait de penser « remonte-pente » pour qu’un remonte-monte se matérialise, les aide à parcourir la distance sans fatigue, et disparaisse aussitôt la tâche accomplie. Ce serait fantastique !!! Certes mais pour l’heure, elle ne pouvait user que d’un outil aussi vieux que la création de l’homme. Ses pieds. Et puis, le marteau-piqueur martelait son cerveau frénétiquement. Même en se bouchant les oreilles, elle l’entendait, puissant. D’un regard circulaire, elle balaya les alentours. Aucuns travaux en vue. Que de bizarreries ! Après tout, dans ce pays déchiré par la faille, un geyser pourrait très bien être en formation, en train de sourdre sous le béton armé, prêt à inonder le quartier. La journée avait bien été chargée en émotion, elle aurait bien besoin d’un bain chaud pour se décontracter, ça tombait bien. Elle prit une profonde inspiration, prête à franchir cette fichue colline qui n’arrêtait pas d’augmenter de volume, étrange phénomène, jamais elle n’avait vu cela ! quand elle vit le sol se rapprocher dangereusement d’elle. Elle vit les immeubles tournoyer tout à coup, elle eut l’impression d’être emportée dans un tourbillon puis s’effondra lourdement.  

 

 

La jeune femme ralentit le rythme pour s’arrêter quelques mètres plus loin, un sourire illuminait son visage. Bien qu’un peu désappointée, ce fut trop facile, elle s’était attendue à de la résistance. Les techniques de combat de Kaori promettaient d’être intéressantes mais son flair devait être aiguisé. Avait-elle fait le bon choix ?  

 

Des bonshommes à l’allure monacale sortirent des portes-cochères, emportant Kaori comme prévu, puis s’enfoncèrent dans un dédale de rues qui les mena jusqu’au hangar pour la prochaine étape du plan.  

 

 

 

 


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