Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 12 capitoli

Pubblicato: 20-11-05

Ultimo aggiornamento: 24-12-06

 

Commenti: 42 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Pour les grandes lignes, lisez le défi.

 

Disclaimer: Les personnages de "Ryô au pays des Amazones" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

I'm almost 18. Can I get access to the NC-17 section?

 

No. Legally, you are not major, before you are 18 years old. I don't care if it's in a day or a week. Make your request when you are actually 18.

 

 

   Fanfiction :: Ryô au pays des Amazones

 

Capitolo 11 :: Chapitre 7 : Rencontres fracassantes

Pubblicato: 10-12-06 - Ultimo aggiornamento: 10-12-06

Commenti: Voici la première partie de la première partie (le chap est très long, ça fait plus d'un an qu'il est écrit alors j'ai rajouté quelques détails ^_^) La seconde partie (b) est entre les mains de ma beta que je remercie pour sa patience ^_^ Merci Nanou de me suivre même si le lapse de temps entre les chapitres s'allonge, tu sais que j'apprécie toujours tes comments. Bonne lecture à tous

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12


 

 

a : Fulgure à la massue, astéro-haches, aiguillon-laser, récupération…  

 

 

Un hangar, un jet. Entreposée dans cet hangar, une malle soigneusement capitonnée parmi d’autres malles, prêtes à être affrétées dans un engin volant en partance pour l’île de Shikoku. Les bonhommes quittèrent le lieu baigné d’une lumière artificielle avant de disparaître, ombres furtives, dans la jungle urbaine.  

 

Bien qu’amère d’une victoire sans saveur, Hortense triomphait, souriante, au volant de la vieille Austin-martin qui filait vers l’aéroport. Enfin, elle pouvait rentrer, retrouver les siens, son village, son monde. Cette plongée en milieu bétonné l’asphyxiait. La verdure, le bleuté du ciel, les vives couleurs odorantes de la végétation, sentir la caresse d’un air pur sur son visage puis qui s’engouffre dans sa chevelure, qui traverse les pores de sa peau, humer son parfum citronné quand il soufflait de l’Est, ou ses arômes aigres de pin s’il se levait du Sud, capter la chaleur du soleil, se gorger de son énergie alors que celui-ci éclaire les feuillages d’une transparence éphémère, le chant des oiseaux au coucher du soleil, tout lui manquait. Or son périple l’avait conduite à traverser une fourmilière urbaine, elle voyait d’un regard horrifié les bâtiments impersonnels, lisses, réverbérant un ciel grisé de nuages. Ce n’étaient que marteaux piqueurs, trains incessants, klaxons exacerbés, marche à l’unisson, enseignes lumineuses criardes, une ruche humaine, un vivier. Après quoi tous ces gens couraient-ils ? Elle fut effrayée. L’espace diminuait, plombé. La vie disparaissait, l’uniformité, la froideur gagnaient. Elle réalisait le besoin vital qu’elle avait de la nature, elle s’y régénérerait. Elle avait besoin du vert, du bleu, du marron. C’en était devenu une dépendance au point qu’elle comprit l’humeur maussade qui la gagnait, lorsque, enfermée dans ces cases urbaines, elle en arpentait les centimètres comme un animal en cage. Le seul répit qu’elle eut fut sa retraite dans le temple lorsqu’elle devint le chasseur chassé.  

 

Elle gara la voiture près du hangar. Il était convenu que les bons hommes viendraient la récupérer. Ainsi elle disparaissait sans laisser de traces. La technique avait fait ses preuves. La machine était bien huilée. Pour l’heure, elle observait les manutentionnaires charger les malles à bord du jet. Les navettes incessantes la réjouissaient. L’heure du départ se rapprochait. Quand la soute fut fermée, elle monta à bord, patiemment assise près d’un hublot, les paupières closes, savourant le compte à rebours. Elle sentit l’avion bouger doucement. Plus le tracteur sortait le jet du hangar, plus son cœur s’accélérait. Le pilote alluma les gaz, prit de la vitesse et bientôt, elle fut plaquée contre le siège.  

 

 

*-*-*-*-*  

 

Ne sentant pas la présence de Kaori dans l’appartement, Ryô appela dans la seconde Miki. Sa tête brûlée de partenaire pouvait très bien une nouvelle fois faire des siennes, au péril de leur vie.  

 

« Non, elle n’est pas repassée par là … je te rappelle si des nouvelles. »  

Prise dans des émotions qui pouvaient la dérouter, Kaori se montrait parfois imprévisible. Aussi ne s’inquiéta-t-elle pas plus que cela. Elle se remit à chantonner, le sourire aux lèvres quand Umibozu sentit ses traits se transformer avant de se précipiter sur le téléphone.  

 

« Tu vas répondre… allez ! maugréa-t-elle d’impatience. Elle fut sur le point de raccrocher quand elle entendit le déclic du combiné.  

- Miki, mon amouuuuuuuuuur ! Je suis tout à toiiiiii…  

- Ne m’confonds pas avec Kaori, veux-tu ! le coupa-t-elle froidement. ‘Suis pas raide dingue d’un pervers coureur de jupons moi.  

Silence à l’autre bout de la ligne.  

- T’as du nouveau ?  

- Non, du réchauffé !!! » Ce qu’il pouvait être énervant par moment, mais combien de couches il avait étalées comme ça ?! Zen, Miki, reste zen, pense à Kaori.  

« Bon alors t’accouches ! fit la voix masculine, impatiente à l’autre bout du combiné.  

- Oui, dans neuf mois !!! »  

Mais qu’est-ce qui me prend tout à coup ? Mince, et ma surprise à mon chéri d’amour !!! C’est fichu ! Ryô, tu ne perds rien pour attendre…  

 

Umibozu la regardait avec une expression indéchiffrable, mais bientôt son visage brûla au point que de la vapeur s’en échappait.  

 

Quant à Ryô, il s’interrogeait. Lard ou cochon ? A bien y réfléchir, il avait bien remarqué que Miki rayonnait d’un bonheur secret, cette lueur différente dans son regard, comme un sourire intérieur, une paix bienfaitrice qui se diffusait et étincelait à travers chaque pore de sa peau, donnant un caractère serein au moindre de ses mouvements.  

 

« Alors, reprit-il sérieux.  

- Ryô, le morceau de bois que je t’ai lancé, tu l’as toujours ? »  

 

Machinalement, Ryô porta la main à l’intérieur de la poche de sa veste. Oui il l’avait toujours. Il l’effleura de ses doigts.  

 

« Ryô, je l’ai ramassé juste après qu’une jeune femme étrangement vêtue ne déguerpisse comme une voleuse. Je me demandais pourquoi elle était là, mais elle devait écouter ce qui se disait. J’en suis certaine maintenant, je ne me doutais pas qu’elle aurait un rapport quelconque avec votre affaire.  

- Merci Miki. » Puis il raccrocha.  

 

Ryô sortit alors l’amulette de sa poche, la roula entre ses doigts. Un délicat parfum citronné lui chatouilla les narines. Ce ne pouvait être une coïncidence cette aura. Il était évident que Kaori était la cible visée par cette mystérieuse jeune femme. Il n’en doutait plus. Il quitta l’appartement, très calme. Il n’avait reçu aucun appel téléphonique le provoquant en duel, voire menaçant la vie de sa partenaire. Avant de se rendre chez le Doc pour faire analyser ce morceau de bois ou de contacter Saeko, une idée lui trotta dans la tête, il devait en avoir le cœur net. Alors, il parcourut à nouveau le chemin qu’ils avaient emprunté peu de temps auparavant. Dans une ruelle, près du café, une sombre tache rouge vibrait sur le sol au moindre souffle d’air. Dans l’excitation de la capture, Hortense n’avait pas vu l’écharpe qui avait glissé des doigts de Kaori. Il s’en approcha, prudent. Non seulement il possédait une oreille musicienne, mais en plus il avait un nez, d’aucune façon une péninsule, mais un organe bien pratique, surtout lorsqu’un courant d’air chaud s’en échappe pour couler sur la peau frissonnante d’attente parce que, très proche est la bouche aux lignes ciselées dans une chair délicieuse qui ne tarderait pas à caresser les lèvres tendrement offertes. Et pour avoir senti à maintes reprises la peau de Kaori ces derniers temps, il en aurait décelé le parfum entre mille.  

 

Kaori, où vas-tu nous entraîner cette fois ?  

 

 

Le Doc analysa l’amulette et le foulard. Ils dégageaient la même senteur citronnée intimement mêlée à celle du camphre. Examinant davantage l’amulette, il distingua une fine ciselure à l’extrémité de cette écorce de cyprès comme il en existe … uniquement dans l’île de Shikoku.  

 

 

« Je t’accompagne, la voix d’Umibozu vibra froidement dans l’air du café. Tu serais capable de te perdre... ! » avant de partir dans un grand éclat de rire. « MOUHAHAHAHA…  

- Dis-donc tête de poulpe, t’as pas le privilège de la jungle !  

- Avoue que tu préfèrerais un tête à tête avec Kaori.  

- Plutôt crever la bouche ouverte…  

- Ouais, pour qu’elle te fasse du bouche à bouche dans une jolie tenue d’infirmière bien saillante. » Il devinait son vieux compagnon d’arme livrer une farouche bataille contre lui-même. « Mouhahahah, tu changeras jamais !!!  

- Oh la belle brune ! OOoh la belle blonde … ah, la belle rousse ? La tête de Ryô partit subitement dans tous les sens, un véritable feu d’artifice de chevelures flamboyantes qui prirent d’assaut le café, se ruant sur les chaises aux quatre coins de la salle, à cet instant précis.  

- Change pas le sujet de conversation !  

 

Puis Umibozu avança un coude sur le comptoir, un reflet étincela le verre fumé de sa monture. Il souriait de toutes ses dents mais n’en démordit pas.  

Un grand soupir et un sourire entendu.  

Un quart d’heure après, Ryô opta pour l’hélicoptère. S’il devait survoler une zone, ce serait plus facile, plus efficace que la moto, nettement moins fatiguant que les pieds et surtout plus pratique. L’avion ? Cet engin volant, à la ligne fuselée, capable de parcourir une distance AB en un temps records, au moteur rugissant qu’il en faisait trembler la carcasse, cette odeur nauséabonde du fuel qui emplissait les particules d’air à l’intérieur de la cabine ? Il fallait surtout ne pas y penser, en particulier quand il terminait sa course en plein vol, écrasé au milieu de nulle part, en pleine jungle, et qu’il réitérait son exploit. On ne l’y reprendra pas !!!  

 

*-*-*-*-*  

 

Quand Kaori se réveilla, elle ouvrit les yeux et bailla comme jamais elle n’avait baillé auparavant. Ses yeux ne rencontrèrent qu’obscurité. Il faisait encore nuit, semblait-il, elle ferma les yeux et se rendormit. Mais bien vite, perclus de douleur, Kaori tenta de bouger jambes, bras, cou et tête.  

 

« Je déteste les torticolis !! »  

 

Elle jeta un rapide coup d’œil dans cette obscure étroitesse. Où donc se trouvait-elle ?  

 

« … et en plus ‘y a pas de lumière !!!! »  

 

Elle aimait la lumière. Leur appartement, le rêve incarné, même si elle n’y prêtait guère attention. Baie vitrée, balcon, aucun vis-à-vis, terrasse sur le toit, vue imprenable. Immeuble parfait pour cœur en déroute.  

 

Elle avait une drôle de sensation, comme des hauts le cœur par intermittence, les oreilles lui bourdonnaient. « Faites ‘Aaaaaaaah’ avec vos oreilles ! » lui avait demandé un médecin lors d’une consultation. Elle n’avait jamais plus remis les pieds dans ce cabinet. « Et pourquoi pas les entrechats avec les yeux non plus ? » Ridicule. Elle s’échauffa rien que d’y repenser.  

 

C’était vraiment un petit cagibi, très bas de plafond. Elle n’avait aucun souvenir d’un pareil endroit. Etait-elle dans un placard des sept nains ? Quelle boisson avait-elle donc ingurgité pour qu’elle divague à ce point ? Du jus de tomate ? ENCOOOOOORE ????? O_O « Ne pas oublier : bannir le jus de tomate de mon alimentation… Nocif pour ma santé mentale !!! » se dit-elle.  

De plus, elle eut la curieuse impression d’être accroupie, en fait, d’être assise accroupie sur ses pieds, les genoux au niveau de la poitrine. Cette position devenait très inconfortable.  

 

De ses mains, elle explora les limites, touchant et découvrant quatre angles lorsqu’elle froissa dans le même temps une parcelle de tissu. Son index et son majeur longèrent une légère incision dans la paroi, une froideur métallique qui lui glaça la peau. L’avait-on enfermé dans une malle ? comme l’on range un vieil objet dont on veut se débarrasser tout en le gardant à portée de main ? dans le grenier ou dans la cave ? dans…  

 

Une malle ?!!! Ah mais ça ne va pas se passer comme ça, ça non alors !!!!  

 

Ce ravisseur allait tâter de son prénom, foi de Kaori. Elle envisageait de lui faire avaler son extrait de naissance, haché menu à cet hurluberlu qui lui avait jouée ce sale tour, aux quatre coins du Japon qu’on allait le retrouver !! Elle, quand on lui en faisait trop, elle ne ‘corrigeait plus, elle dynamitait, elle dispersait, elle ventilait.’ Fini la diplomatie. Il n’allait pas s’en tirer à si bon compte.  

 

 

Il régnait une chaleur étouffante dans ce caisson. Elle porta machinalement la main sur son front, peut-être faisait-elle de la fièvre ? peut-être n’était-elle pas tout à fait guérie ? Peut-être avait-elle à nouveau surestimé ses forces ?! Et puis cette odeur qui flottait, discrète, très légère mais tenace… la soudaine effluve citronnée déclencha un souvenir, frais de quelques heures seulement.  

 

 

Un boulon défectueux. Les vibrations continuelles de l’avion avaient dévissé lentement l’écrou qui venait de se décrocher du fuselage et se perdit dans les airs. Le mince appel d’air siffla, aigu. La plaque vibra de plus en plus. Dans un craquement de tôle, elle fut arrachée au fuselage. L’avion perdit rapidement de l’altitude, chutant librement au dessus d’un tapis verdoyant. Le sang froid et l’expérience du pilote permirent aux quelques passagers d’enfiler leur parachute dans un calme relatif, aidés par l’hôtesse. Hortense blêmit, aussi pâle qu’une aspirine. Personne ne soupçonnait la présence d’un hôte de marque dans la soute à bagages ! La panique s’empara d’elle. Ce n’était pas prévu dans le plan !!! Elle commença à bousculer les passagers, pour se diriger vers cette soute dont elle ignorait le moyen d’accès lorsqu’elle fut stoppée abruptement par l’hôtesse.  

 

« Mademoiselle, vous devez suivre les consignes de sécurité, pas d’actes héroïques, n’est-ce pas ?! Rassurez-vous, tout va bien se passer. » finit-elle d’une voix posée, qui eut pour effet d’accentuer la panique de son interlocutrice. Cette dernière ne quittait pas des yeux l’arrière de l’avion, les yeux complètement révulsés. L’hôtesse dut la prendre fermement par les épaules pour la conduire vers l’avant de l’avion, là où les passagers, en file indienne, sautaient l’un après l’autre dans le vide, au dessus de la forêt verdoyante qui se rapprochait furieusement de l’avion en chute libre.  

 

 

Dans son écrin, Kaori eut un haut le cœur nauséeux puis elle se sentit bouger, enfin la caisse glissait, inexorablement. Nom d’une pipe, mais où était-elle ? Dans un bateau ? un avion ? Tout à coup, le sang quitta son visage ! Elle était tout à fait réveillée maintenant. Prise d’une angoisse qui lui tenaillait le ventre, étouffée par cette attente effrayante de ce qui allait se produire, elle se retrouva subitement plaquée sans ménagement le long d’une paroi et la chute fut vertigineuse. Elle hurla à s’en faire éclater les poumons.  

 

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNN !!!!!!!!!!!! »  

 

Mais, aussi surprenante qu’inattendue, la chute se termina dans un balancement. A bout de souffle, elle respira à nouveau. Elle respirait ! Elle était encore vivante ! Son cœur palpitait à un rythme tel qu’elle crut qu’il allait sortir de sa cage thoracique. Bref instant de soulagement cependant lorsqu’elle réalisa que la boîte tanguait curieusement. Est-ce qu’elle flottait ? Le bateau avait coulé et elle flottait sur les eaux dans une boîte, comme l’élu ? L’eau s’infiltrerait par les jointures, assurément. Elle finirait noyée sans avoir revu une dernière fois Ryô. Non, non non non non, cela ne peut pas se terminer comme cela. Et la panique reprit ses droits parce qu’à la mort violente succéda l’éminence d’une mort lente dont elle serait la captive impuissante.  

 

L’écrin avait cependant une excellente isolation phonique parce qu’elle n’entendait pas les clapotis de l’océan, de la mer, de la surface aqueuse ou d’elle ne savait quelle partie liquide sur laquelle elle flottait. Comment allait-elle réussir à se dégager de ce cercueil flottant ?  

 

Troisième palier. A son grand désarroi, elle entendit un effroyable craquement se prolonger. Elle était maintenant ballottée dans tous les sens. Quelque chose ralentissait le balancement pour l’arrêter brutalement. Les mains plaquées derrière la nuque, les bras arqués au dessus de sa tête, Kaori osa lever les yeux. Elle ne sentait plus ses jambes tant elle était crispée.  

 

Quel atterrissage mes aïeux ! Les branchages amortirent la chute qui devait lui être fatale.  

 

*-*-*-*-*-  

 

Le téléphone retentit dans l’appartement désespérément calme de City Hunter. Ryô sauta sur le téléphone. A l’autre bout, Saeko. D’une voix calme, elle lui communiqua les dernières informations. Un vol, en partance pour l’île de Shikoku, avait quitté Tokyo dans la soirée. Les contrôleurs aériens avaient perdu sa trace alors que le pilote envoyait un dernier « mayday mayday ».  

 

Umibozu accompagna Ryô, le premier au commande de l’hélicoptère, le second retranché derrière une paire de jumelle ultra performante, dernier cri en matière d’équipement militaire, scrutant un vaste champ de vision, à la recherche d’une quelconque trouée, endommagée voire calcinée dans cette verdure épaisse. Ses yeux se rétrécirent quand au loin il distingua un semblant de clairière, du moins les cimes avaient été cassées sous un violent impact. Il entra rapidement une donnée dans l’ordinateur portable et après quelques secondes, l’écran afficha la situation météorologique des dernières heures. Il élimina ainsi tout cataclysme naturel, ce que confirma dans les minutes qui suivirent la présence de fragments d’avion, éclatés, jonchant le sol. Il ne put retenir une grimace. Il s’harnacha au filin qui le descendit jusqu’à terre. Aucune trace de parachutes. Pas de corps humains disloqués, ni même carbonisés mais une multitude de caisses. Il devait y avoir erreur sur l’avion.  

 

Les recherches iraient croissant en difficulté. Si sa partenaire avait sauté en parachute, elle avait dû être recueillie, soignée ou aidée par un autochtone parce que, vue du ciel, aucune tache ne trahissait la présence quelconque d’un parachute. Il demanda donc à Umibozu de redescendre le filin et s’éloigna de la carcasse, sceptique, quand un infime bruit l’arrêta net. Le magnum en main, prêt à faire feu, il fit volte-face. Irréguliers, à peine audibles mais bel et bien des coups sourds. Quelqu’un était donc enfermé mais étrangement, le bruit était éloigné de l’avion. Son regard embrassa ce champ de malles avant de s’arrêter sur l’une d’elle. Il ne sut comment ni pourquoi mais l’espoir le gonflant d’impatience, il eut comme l’intuitive certitude que sa chère et tendre partenaire était à l’origine de ce tambourinage, parce que les coups assénés à l’intérieur avait augmenté leur cadence, signant une panique meurtrière et puis il lui sembla entendre un mince filet de voix à la tonalité particulièrement familière. Un sourire éclaira alors son visage.  

 

« Kaori… »  

 

Un long moment de silence entrecoupé de ce tambourinement étouffé.  

 

« Ryô ? »  

Ca y est. Elle entendait des voix, elle délirait maintenant. Mais quel beau mirage que cette voix de velours, profonde, aux accents de baryton qu’elle adorait, qui la couvrait d’une quiétude dès qu’elle en percevait les premières notes, cette voix, dont la chaleur l’enveloppa soudainement d’un faible espoir auquel elle se rattacha désespérément et redoubla d’effort contre cette ossature métallique. Une véritable diablesse.  

 

Avec le plus grand calme, il déboucla sa ceinture, désengagea le passant métallique pour y emboîter l’ardillon. Alors qu’il en pressa l’extrémité, un disque rouge apparut sur le panneau de la malle. Il fit glisser le faisceau laser le long des jointures. L’écrin de velours s’entrouvrit, dévoilant son joyau humain.  

 

« Kaori, c’est fini. Tout va bien. »  

 

Mirage, magnifique mirage, ensorcelant que cette voix douce, chaleureuse et rassurante comme l’eau qui vous entoure, vous berce, vous porte, ce bien-être que vous ne voulez plus quitter, sérénité où rien ne peut vous atteindre.  

 

« Nooooonnnnnn !!!!!!!! » et il la vit se recroqueviller un peu plus dans sa coquille, porter les mains à ses oreilles. Allongeant le bras, sa main se posa délicatement sur la frêle épaule. Et la magie opéra. Soulagé. Emerveillé devant le tableau vivant. Un joyau, un être de lumière. La boîte à secrets à présent grande ouverte, il y découvrait avec des yeux d’enfant hypnotisé la jeune femme qui se redressait, dans une lenteur infinie, se tourner avec grâce avant de rencontrer son regard. Cette jeune femme dont le nacre de la peau capturait chaque particule de lumière pour irradier, l’éblouir un peu plus. Kaori se tint immobile, chancelante, aveuglée, réalisant avec peine qu’elle était vivante, qu’il était là, devant elle. Ryô. Aussi faibles que fussent ses jambes, elle sauta au cou de son partenaire avant de se blottir, dans un même mouvement, dans ses bras qu’il ouvrit instinctivement pour y accueillir ce petit animal traumatisé. Comme il comprenait sa frayeur.  

 

« … plus jamais… » étouffa-t-elle dans un sanglot où toute sa détresse prenait corps. Il resserra alors son étreinte protectrice, lui massant le dos avec douceur pour l’apaiser puis il la laissa se calmer au rythme de ses soubresauts, l’entourant simplement de sa présence.  

 

Il entendit grésiller le talkie-walkie. Toujours des trouble-fêtes ! Bon. Il demanda à Umibozu de redescendre le filin. Maintenant fermement contre lui Kaori qui avait cédé au sommeil post-traumatique, il les harnacha et donna le signal pour la remontée. Bientôt le treuil émit un grincement.  

 

« Que se passe-t-il ? »  

« Ah ah, t’es sûr que ta partenaire ne porte pas la poisse ?! », s’exclama Umibozu dans un rire tonitruant. « Cet hélico est comme neuf. »  

 

Un haussement de sourcils laconique accueillit la réplique pertinente.  

 

« Elle manquait un peu de saveurs cette recherche, non !  

 

La plus sage décision était de les redescendre avant que le treuil ne rende définitivement l’âme.  

 

« Je rentre à la base et je reviens vous chercher ! »  

« Compte pas sur moi pour rester dans ce trou perdu … surtout avec une cinglée de la massue. »  

« Tu sais ce qu’elle te dit la massue ? » et bang, un coup sur la tête. D’où sortait-elle celle-là ? Kaori reposait tranquille, sans défense, dans ses bras !!!  

 

*-*-*-*-*-  

 

Le sifflement aigu qui traversa le ciel déstabilisa la sentinelle. Ce ne pouvait être une flèche, à moins de se retrouver à Olympe. Quelque chose tournoyait tout en projetant des éclats de flammes, et un sillon poivre et sel se propageait au dessus des cimes, se dirigeant de l’autre côté du versant, avant de s’écraser dans un grand vacarme. Attirée par la curiosité qui sied à sa fonction, la sentinelle prit son arc et ses flèches, gardant en tête ses objectifs qui étaient de :  

 

1 - vérifier qu’une bouteille enflammée ou tout autre objet y ressemblant n’était pas tombé près de leur tête,  

2 - s’assurer qu’il y ait aucun risque d’incendie.  

3 - faire son rapport à la Reine.  

 

L’impact devait être à une journée de marche. Elle pourrait s’y rendre à cheval mais au moindre signe de danger, elle pouvait facilement escaler n’importe quelle surface, tandis que le cheval, lui, pourrait difficilement s’éclipser. Elle ne possédait pas Pégase, ni Le Magnifique, encore moins Tornado, à son grand regret.  

 

En chemin, la jeune femme s’arrêta. Elle entendit le battement régulier des hélices d’un hélicoptère suivi par un crissement impressionnant. Grimpant aux branches d’un pin, elle arriva à hauteur suffisante, le panorama était dégagé. Devant ses yeux, voltigeait, suspendue au bout d’une corde, une masse indescriptible. Intriguée, elle vit la masse redescendre, l’hélicoptère partir dans une direction opposée. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Une ruse des pillards ? Elle aurait surpris des contrebandiers déchargeant leur butin ? A nouveau les pieds sur terre, elle continua son chemin. Sa nouvelle tenue de camouflage, aiguillée d’épines de pin, dégageait une odeur de résine assez forte. Elle avait atteint la vallée, le point d’impact était à portée de pieds. Au bout d’un certain temps, son cœur manqua un battement, des branches craquaient, on venait dans sa direction. Et s’il s’agissait des vils chapardeurs ? L’un entre eux avait une voix houleuse qu’elle qualifia toutefois de féminine, mais peut-être était-il seulement en train de muer ?! C’est qu’elle avait ouï dire que cette bande de pirates enrôlait de jeunes recrues.  

 

Vite, l’amazone cacha sa présence. Assise sur une haute branche, elle clignait des yeux. Elle ne croyait pas ce qu’elle voyait, là, sous ses yeux, une jeune femme coursait un homme, brandissant une massue mille fois plus grande qu’elle et qu’elle faisait tournoyer à la force de son poignet. Cette créature lança la massue telle une fronde sur cet homme au visage lubrique. Subjuguée, l’amazone ne quittait pas des yeux la massue qui vint aplatir l’homme comme une crêpe, creusant un cratère au point d’impact. La terre trembla sous le choc. La récupération décuplait toujours sa force. Protégée comme elle l’avait été, elle avait vite récupérée.  

 

Edenté, une bosse monumentale qui eut pu faire pâlir les menhirs (de Carnac, ceux de Bretagne, je précise ^_^ les autres, jamais vus), sur le sommet du crâne, Ryô ne bougeait plus, pas même l’once de son petit orteil.  

 

« Waouh ! » s’exclama discrètement une voix dissimulée derrière un arbre, impressionnée par cette technique de combat particulière et par tant de bravoure.  

 

« Allez, debout. Les mains sur les hanches, Kaori fronçait les sourcils au manque de réaction de son partenaire. Fais pas ta mijaurée ! T’en verras d’autres. » asséna-t-elle tout en se frottant les mains comme pour enlever de la poussière.  

 

Pour toute réponse, elle n’eut droit qu’à un mouvement de tête répétitif qui lui signifiait « non » mais qu’elle ne vit pas, concentrée sur la forêt qui s’étendait devant elle à perte de vue. Elle ne se sentait pas dans son milieu. La nuit tombait. Des bruissements de feuilles, des cris d’oiseaux et soudain le silence. Mieux valait déguerpir et le plus vite possible. Elle rapprocha ses deux mains qu’elle plaça en haut-parleur et hurla :  

 

« EH OH ?  

- Eh oh, répondit l’écho.  

- Y A QUELQU’UN ? s’époumona-t-elle. Pas de réponse de l’écho. GRRRRR !!! Il n’y a pas âme qui vive dans ce trou perdu. Pas de GPS, pas de cartes, pas de boussole. C’est la catastrophe, on est perduuuuus.  

- Kaori ?  

- Quoi ? s’étonna-t-elle devant la voix sérieuse de Ryô.  

- J’…  

 

Mais Kaori, excédée et exténuée, lui coupa net la parole.  

- Tu vas pas me rejouer Astro le petit robot tout de même !!! Tu veux me faire croire que ton oreille supersonique a entendu le bruit d’un pédalier de l’autre côté du vallon ou que tu sais lire la carte du ciel ? Ne me prends pas pour une idiote !  

 

Pourquoi ne voulait-elle pas l’écouter ? Parce qu’au moment où elle papillonnait des paupières, signe qu’elle sortait de son sommeil, il avait sciemment glissé dans le vide, et ce avec un aplomb des plus désinvoltes qui soit, qu’il finirait sur les rotules à porter un poids pareil, que c’était pas humain.  

 

Et bang, second coup de massue !  

Et hop, un second « wouah ! » admiratif.  

 

Il fallait bien reconnaître la qualité auditive de Ryô. Remis du choc en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, il sauta sur ses pieds, reprit visage humain, remit son veston en place puis d’un bond de danseur, grand écart, pointe en avant, vint se poster devant une superbe créature aux formes voluptueuses.  

 

Il ne faudrait pas apeurer la belle … [nyark, nyark, nyark, rires sadiques au bord de l’explosion libidineuse] Sortons le grand jeu.  

 

« Ryô, Ryô Saeba, 20 ans. Pour vous servir.», dit-il le sourire jusqu’aux oreilles alors qu’il inclinait légèrement le buste pour saluer cette somptueuse jeune femme. « Appelez-moi Ryô. »  

 

Il lui avait déjà pris la main et la portait à sa bouche.  

 

« Ne soyez pas timide, ajouta-t-il devant le manque de réaction de la créature.  

 

- Bienvenue à toi, maîtresse ! » déclara la jeune femme sortie de l’ombre, à l’adresse de Kaori tandis qu’elle retirait sa main de celle de Ryô, l’ignorant complètement à sa grande stupéfaction. Les deux mains jointes sous le menton, elle se dirigea droit vers Kaori, s’immobilisa et se tenait debout devant elle, elle semblait se prosterner devant une Kaori au comble de la stupéfaction.  

 

« ???? »  

 

Avait-il bien entendu ? Ryô se pinça. Le mouvement de son regard s’enraya en d’incessants allers-retours entre la somptueuse créature et sa partenaire.  

 

Hispahan pressentait des qualités de combat exceptionnelles chez cette étrangère. Elle se devait de bien l’accueillir. L’amazone portait une tunique courte, de dentelle finement travaillée, nouée à la taille par une ceinture sur laquelle était suspendu un fourreau abritant une ninja-ken. Sous la tunique courte, une culotte à longues jambes. A ses pieds, une paire de bottes de cuir qui pouvaient monter en cuissarde. Le tout auréolé d’aiguilles de pin.  

 

« Je vais annoncer ton arrivée. Nous t’attendions ! Suis-moi Bellone. »  

 

Bellone ? c’est qui celle-la ? se demanda Kaori qui ne cessait d’écarquiller les yeux de surprise. [Amies lectrices, amis lecteurs, Bellone est la déesse romaine de la guerre, la primavera. Fin du flash culturel ^_^] « Je m’appelle KAORI MA-K-IMU-RA. » Déjà, l’inconnue avait tourné le dos et progressait dans la forêt obscure et profonde. Seule âme qui vive dans cette forêt, Kaori pensait-elle, elle courut pour rattraper néanmoins cette beauté locale dans l’espoir d’un prompt retour vers la civilisation. Mais cette dernière s’enfonçait plus profondément pour surgir au final devant une maison traditionnelle construite en bois. Hispahan se tint sur le côté puis fit coulisser un panneau. Elle se dirigea droit dans la salle principale où était assise une autre créature, encore plus resplendissante qu’Hispahan.  

 

Un sentiment d’infériorité envahit Kaori subitement. Ses épaules se voûtèrent sous le poids d’un tel constat. Leur beauté était époustouflante, comment pouvait-elle rivaliser avec elles ? Elle se préparait mentalement à un temps difficile, contrôler Ryô serait une tâche ardue.  

 

Hispahan s’assit à côté de la reine qui lisait un livre sur les techniques d’autodéfense que lui avait rapporté Hortense, revenue comme prévu mais sans l’entraîneur, au grand désarroi de la reine. Le mécanicien avait dû négliger les ultimes vérifications avant le décollage. Elles avaient essuyé une perte inestimable. Tout était à recommencer. Toutefois, avant de partir à nouveau sillonner les routes du Japon à la recherche d’une nouvelle perle rare, Hortense avait convaincu la Reine, elle explorerait la forêt au dessus de laquelle elle avait atterri, se jurant intérieurement de ne plus faire appel à ces mâles, incapables de travailler correctement. La malle et son contenu devaient y reposer.  

 

La reine des Amazones leva son regard en direction de Kaori, et se montra très suspicieuse. De prime abord, l’accueil ne fut pas des plus chaleureux. Etait-ce une ruse de ces bandits ? Envoyer une femme accompagnée d’un homme, aussi beau soit-il, comme le confirmait la rougeur qui accentua ses jolies pommettes ? Voulaient-ils semer la discorde ? Puis Hispahan lui rapporta brièvement ce qu’elle avait surpris, avant de mentionner l’utilisation d’une nouvelle arme massive, radicale envers les mâles, une arme dont elle n’avait jamais entendu parler auparavant.  

 

Hispahan attendit la réaction de sa reine. Glissant un regard discret sur Kaori, la reine murmura sa réponse dans le creux de l’oreille de la sentinelle. Cette dernière laissa donc entrer Kaori puis ferma la porte au nez de Ryô alors que celui-ci en franchissait le pas. Le menton lui en tomba de stupeur. Que cela ne tienne. Cela ne fit qu’ajouter du piment à son imagination.  

 

La Reine s’entretint quelques instants avec Kaori. Mal à l’aise, cette dernière lui expliqua l’accident d’avion, comment son partenaire, l’homme ici-présent, l’avait sauvée. A ces mots, elle dirigea son regard vers la porte mais constata avec horreur l’ombre de Ryô ramper le long des cloisons tel un lézard, une oreille indiscrète en guise de ventouse apparaissait, collée de-ci de-là. Kaori ne savait comment réagir, l’envoyer en orbite déchirerait assurément ces magnifiques parois, richement peintes. Elle étouffa un rire nerveux. La Reine la croyait-elle seulement ? L’homme en question se comportait maintenant de la pire façon qui soit. Zen Kaori, pense au retour à la civilisation. Tout au contraire, la Reine écoutait le récit d’une oreille très attentive. L’accident d’avion retint toute son attention. Se pourrait-il ? Ce serait un hasard fabuleux si tel était le cas ! Kaori reprit, se concentrer sur la Reine !!! mais elle était à deux doigts de bondir et de l’attraper, de le ficeler, et de le suspendre à une poutre. Donc comment le lézard ici présent l’avait aidée, mais sans crier gare, l’ombre avait disparu, ce qui n’était pas du tout pour la rassurer ; ensuite ils cherchaient à quitter la jungle quand ils avaient rencontré la jeune femme qui les avait conduits jusqu’en ces lieux.  

 

A peine eut-elle raconté sa mésaventure que la porte coulissa, discrètement. Une jeune femme brune, à la peau laiteuse, vêtue d’une tunique blanche aux manches bouffantes, coiffée d’un béret jaune poussin et chaussée de cuissarde de cuir, s’avança vers la Reine dans une attitude déférente. La Reine sourit à la jeune fille. Kaori s’étonna. Elle était entrée dans la demeure sans y être annoncée ni même escortée. Quand Hortense leva les yeux et ouvrit la bouche pour annoncer son départ éminent, son regard croisa celui de Kaori. Kaori lui sourit naturellement, toutefois elle s’étonna du visage décomposé d’Hortense qui commença à bafouiller quelques excuses.  

 

« Pardonnez-moi. Il n’est pas dans mes habitudes de dévisager ainsi les personnes mais … vous ressemblez étonnement à une jeune femme que je recherche. »  

 

Kaori ouvrit de grands yeux. Après tout, n’avons-nous pas tous un jumeau quelque part ? N’était-ce pas ce que les propres paroles de Ryô à propos de Mikamaru ? Un voile assombrit son visage à cette pensée. Elle l’avait presque oublié.  

 

« Voilà que je vous embarrasse. Je me présente. Hortense des Bois Citronnés. »  

 

Elle inclina son buste selon la tradition.  

 

« Je m’appelle Kaori Makimura. » répondit cette dernière, les mains superposées devant elle, le buste fléchi en signe de respect.  

 

A ce nom, Hortense tourna le visage vers la Reine.  

 

« Ma Reine, il n’est plus nécessaire que je parte. »  

 

Tandis qu’elle termina sa phrase, d’un geste circulaire de la main dont la Reine comprit instantanément la signification, elle désigna Kaori. Cette dernière clignait des yeux, elle avait bien remarqué le regard insistant de la Reine posé sur elle, l’expression de son visage se métamorphoser à l’annonce de cette dernière nouvelle, inattendue mais excellente d’après la joie qui scintillait dans ses yeux.  

 

« Soyez la bienvenue au sein de notre communauté. »  

 

Kaori se demanda bien ce qu’avait pu dire Hispahan et cette jeune fille de si particulier pour provoquer pareil changement.  

 

Soudain, un hurlement d’indignation percuta leurs oreilles. Kaori bondit sur ses pieds, reconnaissant ce cri entre tous. Son partenaire avait encore frappé. Brandissant une massue gigantesque, elle sortit en trombe. Elle aperçut une amazone secouer désespérément une jambe, dans l’espoir de se débarrasser d’une sangsue à taille humaine, bavant d’une écume libidineuse. Elles maîtrisaient les arts martiaux mais restaient penaudes devant ce cas.  

 

« Tu vas la lâcher dis ? » Kaori se mit à courir, jonglant toutes massues dehors, après un Ryô qui sautait de jambe en jambe pour échapper à cette injuste punition.  

 

Tout à coup, l’une des amazones sourit d’un sourire malicieux ; Elle se précipita à l’intérieur d’une maison et en ressortit, tenant triomphalement une boîte d’allumettes, modèle four les allumettes, dans une main. Kaori s’arrêta net, curieuse.  

 

« Mes sœurs, j’ai trouvé la solution, clamait-elle tout en brandissant l’objet sauveur.  

- C’est pas le moment de faire un feu de camp. Débarrasse-moi de ce rustre. Et tout de suite. »  

 

L’amazone sourit de plus belle.  

 

« Les sangsues, moi, je les crame, je les grille et je les croque. »  

 

Kaori, elle, grimaça de dégoût à ces mots. Où était-elle tombée ? Elle en avait même oublié sa massue.  

 

L’amazone craqua une première allumette qu’elle approcha de la sangsue absorbée dans sa recherche d’une bonne chair à sucer. Soudain, une faible chaleur détourna son attention.  

 

Oh oh, ça chauffe !!! Qu’est-ce qu’elle compte faire avec cette brindille ? ‘Ya pas de quoi griller un criquet. alors un jambonneau, n’en parlons même pas.  

 

Sur ces bonnes paroles, il souffla, tout content, sur la flamme qui était maintenant à deux centimètres de son joli postérieur. Il reprit ses investigations charnelles. La chair de celle-ci était ferme. Un air de grande satisfaction illumina son visage quand il vit une seconde allumette approcher son minois. Stoïque, il la souffla. L’amazone craqua une troisième allumette qu’il éteignit tout aussitôt.  

 

« Il ne faut pas jouer avec le feu. Ta maman ne t’a pas appris ça ? » prononça innocemment un Ryô au bord de l’éclat de rire.  

 

Elle en craqua une quatrième, une cinquième, une sixième. Le rythme s’accélérait. Bientôt, un monticule gisait aux pieds de l’amazone qui trépignait de colère. Pourquoi les allumettes refusaient-elles de s’enflammer ? C’était un comble. Ses gestes se firent gauches. Les brindilles se cassaient en deux. Elle releva tout à coup la tête. Aucune réaction de son tortionnaire. Elle regarda devant elle et constata qu’il avait disparu. Elle cria victoire, la peur du feu avait eu raison de cet ostrogoth. Elle se frotta les mains, fière de son résultat. Soulagée, chacune était déjà retournée vaquer à ses occupations, elle se retrouva seule.  

 

Kaori, elle, s’inquiéta de la disparition soudaine de son partenaire. Aucun cri à l’horizon. Elle avait peut être imaginé le pire et l’avait soupçonné injustement ? Hum, elle le connaissait le zigoto. Elle resta sur ses gardes, anticipant même les hurlements qui lui vrilleraient les tympans.  

 

Quelques heures plus tard, alors qu’un coq, perché sur un monticule de fumier, s’apprêtait à pousser son cocorico crépusculaire pour sonner le rappel des cocottes dans la basse-cour, une voix féminine tonna, lui coupant tout son effet.  

 

« AU VOLEUR ! AUX VOLEURS ! »  

 

Se propageant à une vitesse fulgurante de maison en maison, l’alarme provoqua un claquement de portes ininterrompu qu’accompagna un bruissement de sandales raclant la terre battue. Dans un roulement de hanches frénétiques tout de grâce déployée, elles marchaient d’un pas si rapides qu’elles semblaient courir. Toutes se précipitèrent autour de l’amazone qui avait donné l’alerte, arcs et flèches en main, prêtes à livrer bataille.  

 

Les gredins, ils avaient osé s’infiltrer. L’attention se porta aussitôt sur Kaori. Un effroyable soupçon plana tout à coup sur sa présence. Elle et cet homme. Ils n’étaient que des leurres à la solde des bandits. Mais que faisait Hispahan ? Qu’adviendrait-il du village si la sentinelle ne remplissait plus son rôle de sentinelle.  

 

« Qu’ont-ils volé cette fois ? des sacs de riz ? »  

« Organdi, va donc vérifier si la réserve a été découverte ! S’ils l’ont découverte, il va leur en cuire.»  

 

Le regard lourd de menace s’arrêta à nouveau sur Kaori. Mais où était donc Ryô ? Jamais là quand elle avait besoin de lui, celui-là !  

 

La femme qui avait alerté le village se dirigeait d’un pas rageur vers la reine.  

 

« Ah si je l’attrape… !! » fulmina-t-elle en jouant de prises d’arts martiaux.  

 

La reine ne comprenait pas. Ce n’était pas la première fois que le village était attaqué, il n’avait plus été pillé depuis un certain temps, certes. Elles savaient se défendre. Elle qualifia la réaction de l’amazone d’outrancière. Vraiment, il faudrait penser à revoir cette façon démesurée de réagir. Elle le mentionnerait et soulèverait la question au prochain conseil. Et puis le sistre n’avait pas retenti.  

 

Arrivée devant la reine, elle inclina le buste et les mots s’éjectèrent de la bouche exaltée.  

 

« Mes petites culottes ont disparuuuuu ! »  

 

Un « oh » général à mi-chemin entre la surprise et l’indignation se répandit à travers le village. Les amazones s’interrogèrent du regard.  

 

« Quel étrange butin ! » fit la reine, songeuse.  

 

« RYO !!! » la voix de Kaori s’éleva avec véhémence dans les airs. Elle retroussa les manches, arqua les jambes d’une colère spontanée avant de pourfendre l’air dans une course loin d’être l’apanage de la grâce. Son instinct lui dictait de se rendre dans la maison d’Hispahan.  

 

 

Accroupi devant un tiroir ouvert, le voleur savourait sa découverte. Un tiroir entier de lingerie féminine, de toute sorte, en dentelle, en soie, en coton, simple ou finement travaillé. Les mains plongeant dans cet océan de matière soyeuse qui enveloppait le duvet délicat de ces pouliches, le voleur en porta une pleine poignée à son nez, respirant à plein poumon la fraîcheur du tissu, de ses joues il les caressa gloussant à n’en plus finir alors qu’un filet de bave rebondissait de l’une à l’autre.  

 

La porte s’ouvrit dans un claquement sourd mais la pièce était vide. Deux trois pièces à conviction jonchaient le sol, isolées de leurs comparses. Kaori ressortit en trombe, suivi par quelques amazones dévorées de curiosité.  

 

« Ca ne se passera pas comme ça ! Reviens ici tout de suite ! »  

 

Dans un éclat de tonnerre, elle envoya une toute nouvelle massue. Elle murmura au creux du manche « Va, massue, va ! Trouve ce gredin où qu’il se cache et terrasse-le !!! » La massue obéit aveuglément. Elle percuta le voleur de plein fouet, le plongeant dans l’eau des rizières, souillant le précieux butin. Le voleur fut pris d’un tonitruant chagrin, sa maigre récompense auréolée d’empois. Des torrents de larmes jaillirent de ses yeux malheureux.  

 

Cet homme les déstabilisait. Voler et pleurer des sous-vêtements ! Ce spécimen méritait que l’on s’y intéressât.  

Une autre partie des Amazones réclamaient réparation. Quel supplice allaient-elles lui réserver ? Les deux camps s’affrontaient. Les sentences fusaient. Les plus véhémentes intimaient la crevaison des yeux pour avoir porté atteinte à leur intimité, l’amputation de ses mains pour ne plus qu’il recommence ces méfaits. Fallait-il l’estropier ? Le rendre boiteux, infirme ? Il n’en aurait que plus de valeur pour l’autre camp. Hors de question !!! Mieux encore. LA Sanction suprême, le priver de cette partie de son intimité dont il s’enorgueillait à tue-tête en-veux-tu-en-voilà !!! Cela calmerait ses ardeurs, mais ô grand défaut, cela ne calmerait pas les leurs. Crut ! L’emprisonner et le faire esclave reproducteur ? L’affaire était grave.  

 

 

 

 

 


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