Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: CHANLYR

Beta-reader(s): Lifetree

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 12 capitoli

Pubblicato: 20-11-05

Ultimo aggiornamento: 24-12-06

 

Commenti: 42 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Pour les grandes lignes, lisez le défi.

 

Disclaimer: Les personnages de "Ryô au pays des Amazones" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ryô au pays des Amazones

 

Capitolo 12 :: Réconciliation

Pubblicato: 24-12-06 - Ultimo aggiornamento: 24-12-06

Commenti: Note de l'auteur : Voilà mon p'tit cadeau pour Noêl ^_^ que je poste maintenant parce qu'avec ces tremblements de terre, suis pas rassurée. C'est qu'il est enfin terminé ce loooooong chapitre 7 commencé il y a un an. Ca se fête ^_^. J'vous dit pas qu'il va falloir un p'tit peu avant la prochaine maj ^_^ Je remercie Ishiodori Tatsuya pour ses magnifiques panneaux qui m'inspirent toujours, Clair de lune et Un don à la Terre. Merci Life pour l'idée de la danse. E N J O Y Joyeuses fêtes à tous et à toutes

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12


 

Chapitre 7b – Réconciliation  

 

 

Ficelé comme un saucisson autour d’une broche, enfin d’un piquet que les Amazones avaient planté au centre du village, Ryô s’évertuait à se tortiller pour se libérer mais les liens lui sciaient la peau à chaque tentative. Kaori, elle, était plus douce, elle l’enroulait d’un futon ! Le voilà plongé dans une nostalgie des tortures kaoriennes ! D’ailleurs, où se cachait-elle ? D’aussi loin qu’il puisse voir, il ne la trouva pas, à sa grande surprise.  

 

A l’abri des regards, assise à même la terre mais adossée à un arbre centenaire, Kaori devisait avec elle-même. Devait-elle intercéder en sa faveur ? Les sentences qui fusaient étaient radicales. Elle n’avait pas envie qu’on abîme son Ryô, elle n’avait pas encore testé la bête qui sommeillait en lui. Oups, à cette pensée, elle devint écarlate. D’un autre côté, c’était une belle leçon qu’elles lui donneraient. Un peu comme un boomerang. Ca pouvait faire mal. A moins qu’elles n’appliquent la castration, il serait capable de trouver un dérivatif cet idiot. Plus le temps passait, plus elle pensait qu’il ne la retiendrait pas la leçon et ça l’exaspérait !  

 

Un Ryô castré, qu’est-ce que cela pouvait donner ? Un castrat ? La métamorphose ne fonctionne pas pour tout le monde, pire à son âge, c’est carrément désespéré et inutile. Et il risquait de perdre sa voix envoûtante pour une voix nasillarde qui ne s’envolerait jamais, pas comme celle des castrats dont la voix de soprano touchait une corde au plus profond de vous, vous emportant tout frissonnant d’émerveillement dans ce monde magique et musical des anges. Et puis il serait capable de chanter à tue-tête à travers tout Shinjuku tout son registre de chansons paillardes. Elle voyait d’ici le nouveau City Hunter, la risée du quartier. Sa reconversion serait assurée.  

 

Un eunuque ? A quoi pouvait bien servir un eunuque ? Elle s’affola de penser ainsi. Pourquoi chercher une fonction à toute chose ou à tout être ? Ils devaient vivre une véritable tragédie ces hommes frappés au cœur de leur identité, de leur virilité, privés de leur masculinité. C’était pire qu’être castrat. C’étaient des gardiens efficaces … mais asexués. Et puis, ils prenaient irrémédiablement du poids. Elle aimait bien, elle, le corps sculpté que son partenaire entretenait, que beaucoup lui enviait, elle adorait s’y blottir, le sentir vivant quand il la protégeait de son corps. Elle aimait sa réputation de méchant nettoyeur, défenseur de la veuve et de l’orphelin, hum, un peu trop intéressé par la veuve à son goût !! Comme bouclier, elle jouait bien son rôle aussi. La massue-bouclier. Voilà l’arme du futur ! Elle posa un regard envoûté sur son partenaire et ce fut à cet instant qu’elle réalisa qu’une myriade d’yeux étaient braqués sur son acolyte. Non, non, non, pas question de lui supprimer cet attribut qui le différentiait des autres. Tout comme ses doigts, il avait besoin de ses dix doigts, elle en aurait besoin, elle, de ces dix doigts. Le priver d’un, c’était la priver de tout. Comment réussirait-elle à les convaincre ? Seule contre toutes ?! Elle soupira devant ce dilemme.  

 

Perdue dans sa quête existentielle, elle ne vit pas la Reine s’approcher. Aussi sursauta-t-elle quand elle entendit sa voix.  

 

« Vous semblez partagée. »  

 

Kaori se releva tout en adressant un sourire triste en réponse à la Reine.  

 

« Pourquoi tant d’animosité ? » Elle se trouva bien bête de poser cette question, comme si elle se la renvoyait à elle, comme si la réponse à ses inquiétudes allaient être formulées par une tierce personne. C’était qu’elle se reflétait dans leur comportement et cela l’apeurait soudainement.  

 

« Laissez-nous vous expliquer la situation. Notre village vit en retrait de la civilisation par dessein. Nous avons cependant gardé en héritage l’art de se défendre. Nous sommes dotés d’une excellente défense au point que notre village fut oublié des pillards. Mais une bande d’abrutis patentés, s’enflamma-t-elle, est sortie des forges de l’enfer et nous assistons impuissantes à une recrudescence de vols à main armée. Les villages alentours comptent sur nous. Mais il y a quelques jours, un des leurs a réussi une entrée. Ils vont revenir, nous le savons. C’est dans leur gêne. Nous nous préparons. Pour notre plus grand malheur, nos attaques sont notre point faible. Les armes blanches et les arts martiaux n’ont plus de secret pour nous, mais que pouvons-nous contre des armes à feu ? Ces boulettes sèment une mort douloureuse. »  

 

Le cœur de Kaori s’étreignit, une sourde colère montait en puissance. Ses poings se fermèrent le long de son corps.  

 

« On ne va tout de même pas aller aux champs, récolter le riz cerclée d’une armure et leur donner le plaisir d’être victorieux !!!  

- De nos jours, on parle de gilet par balles vous savez, » avança Ryô, qui s’était mystérieusement libéré de ses chaînes.  

 

Kaori acquiesça sans manquer de lui lancer un regard noir. Lorsqu’elle aperçut la lueur moqueuse qui dansait dans ses prunelles, elle ne put s’empêcher de réagir.  

 

« On t’a pas causé ! » et une gigantesque massue l’aplatit face contre terre.  

 

La Reine constata que la réputation de cette femme n’était pas usurpée.  

 

« Vous venez de la ville, peut-être ignorez-vous à quel point la terre est vitale, un trésor inestimable. Nous puisons nos armes de la Nature. Elle est divine comme maléfique. Ces vauriens pensent qu’hausser le ton, que tournoyer une arme dans les airs comme s’agite un épouvantail suffit à nous effrayer, que se présenter les cheveux hirsutes, la barbe en crépon, et la crasse poisseuse vont nous faire plier l’échine. Elle grimaça de dégoût. Ils rechignent le dur labeur, ne réclament que le produit fini. Ils ne sèment rien, ou du moins, ils veulent bien semer, mais leur semence est tout autre. Ils se noient dans l’alcool pour oublier leur journée faite de oisiveté. »  

 

Kaori se rangeait de plus en plus au discours de la Reine, partageant son écœurement. Une idée germait, prenant racine au fil des mots.  

 

« Nous vivons au rythme de la nature et refusons de lui imposer le nôtre. Nous n’avons que faire du profit. Rassurez-vous, nous ne vivons pas en autarcie. La nature regorge de merveilles, il suffit de prendre le temps de la regarder. Son regard s’échappa vers les hauteurs. Je vois déjà se former dans votre esprits des images de la préhistoire, dit-elle dans un sourire, version homme de cro-magnon. Elle rit à cette évocation. Nos techniques sont ancestrales certes, mais nous les avons perfectionnées. Nous ne sommes pas pour la violence mais je dois admettre que l’avenir des villages fermiers me préoccupe. Le manque d’éducation ne peut tout expliquer.  

 

Tout à fait convaincue et fortement inspirée d’une froide colère, Kaori intervint :  

 

« Je ne suis pas experte mais, Kaori s’empourpra d’humilité, si vous nous le permettez, je veux bien vous prêtez main forte ! Ces vauriens vont voir ce que veut dire s’attaquer à des innocents !!! »  

 

Une aura guerrière l’entoura prestement. Le corps raidi, les bras tendus, les poings serrés, Kaori se transforma instantanément en Rambo féminin, sa ceinture de pantalon et son chemisier tout à coup recouverts de grenades, de cocktails Molotov, d’un super bazooka accroché en bandoulière derrière son dos.  

 

« Ce serait un honneur. Votre présence sera une précieuse aide. Accepteriez-vous d’entraîner les jeunes femmes de cet humble village ? questionna-t-elle sûre de la réponse tandis que sa main engloba le village et ses abords. La Reine fut dorénavant persuadée que Kaori était une des leurs, la vie citadine ayant privilégié le bazooka à l’arc traditionnel. Il ne restait plus qu’à l’initier.  

 

Enthousiaste, Kaori accepta immédiatement. Elles se serrèrent la main pour sceller leur accord. A la vue de cet échange, en particulier de l’arsenal, de la mine réjouie et acquiesçant de sa partenaire, Ryô sut qu’il était trop tard pour intervenir. Dépité. On est mal barrés !  

 

« Permettez une curiosité personnelle. Votre … « ami », poursuivit-elle avec une inflexion interrogative dans la voix alors que son regard obliquait vers Ryô, semble être fait du même bois que ces vilains. »  

 

Kaori écarquilla les yeux d’étonnement, bouche bée. Elle tourna la tête vers Ryô, à nouveau ficelé autour du piquet, sous la haute surveillance de l’armada royale. Il arrivait à Ryô d’empester le parfum bon marché, la cigarette froide et la sueur mais c’était toujours au retour de virées aux cabarets, pour le bien de ses enquêtes (euh, Kaori, rejoins la réalité, tes pieds, sur terre s’il te plait !!). Elle désapprouvait la Reine. Il était toujours propre sur lui, en privé. Et puis si tel n’avait pas été le cas, elle te l’aurait lavé, désinfecté au carscher. Cependant, elle accordait une concession à la Reine. C’était que ce nigaud ne voulait travailler que pour des clientes, pas n’importe lesquelles non plus, connoîsseur le môssieur, belles, très belles les clientes, autant que faire se peut mais il ne rechignait pas devant l’effort, bien au contraire, il fallait même le stopper. Il était généreux de sa personne, pas de ses sentiments, toujours profondément ancrés au cœur d’un iceberg mais de sa personne, il n’hésitait pas, trop … démonstratif au goût de Kaori, elle voulait se le réserver pour elle toute seule. Les flammes de la jalousie léchèrent son regard. Oui, elle était jalouse de toutes ces femmes à qui il se donnait, à qui il offrait un espoir d’amour comme l’angelot dardant sa flèche droit sur le cœur, avec cette adresse particulière de jouer dans le même temps Eros et l’antipode de l’amoureux transi. Alors elle redoutait ce terrible moment où il se prendrait à son propre jeu.  

 

Devant le regard ahuri de Kaori, la Reine enchaîna,  

 

« Dites-moi, votre corps appelle à l’amour charnel. J’ai du mal à croire que vous vous encombriez de cet homme. … Pourquoi restez-vous avec lui s’il ne vous satisfait pas ? »  

 

Kaori resta muette, sous ce constat accablant de la Reine qui lui parlait d’une voix neutre, sans montrer le moindre intérêt pour son partenaire. Etait-ce donc si flagrant ?! Sa mâchoire semblait fixée à un élastique, en mouvement perpétuel, à la recherche d’une réponse qui refusait de se soumette aux caprices de l’air, un peu comme un poisson pompe l’eau, les yeux glauques.  

 

Elle réalisa avec stupeur que la sentence n’avait toujours pas été prononcée. Le plus maladroitement possible, elle osa détourner le sujet de conversation de sa voix faible, peu assurée.  

 

« Que comptez-vous faire de lui ?  

- Il n’est pas en mon pouvoir de rendre la décision. Le conseil avisera. »  

 

Net et concis mais absolument pas la réponse attendue. Que ce fût l’amputation ou l’emprisonnement, le résultat était le même aux yeux de Kaori, elle voyait, avec horreur, se profiler à l’horizon la dernière des sentences. C’est qu’elle n’avait observé aucune présence masculine dans ce village, à l’exception des estropiés. Vivaient-ils en reclus ? En revanche, la gente féminine était abondamment représentée, les unes plus belles que les autres.  

 

D’une voix timide, elle affirma  

 

« Je reviens sur ma décision si mal est fait à mon partenaire. »  

 

La Reine cligna des yeux, perplexe. La bonté que reflétait ses traits disparut, ce qui inquiéta Kaori dont le cœur commença à s’emballer.  

 

« Partenaire ?  

- L’homme que vous voyez là-bas, avança-t-elle à son corps défendant, est le meilleur garde du corps du pays. Il n’y pas meilleur tireur non plus. »  

 

Cela raviva la gaieté sur le visage de la Reine ainsi qu’un sourire lumineux sur le visage de Ryô, à l’ouïe décidément très très fine. Son village attendait son arrivée comme on attendait l’élue, il ne pouvait se permettre de la perdre. La Reine fut bien soulagée car elle avait craint le chantage, d’autant plus que le spécimen l’accompagnant était prometteur. Elle s’attendait à une recrudescence des naissances d’ici l’année suivante. La Reine et Ryô se mirent à rire de concert, au grand étonnement de Kaori.  

 

Qu’est-ce que j’ai dit de comique ?  

 

« Entendu. Il ne sera rien fait à votre partenaire, puisque vous vous en portez garante. »  

 

Sage femme qui savait pertinemment qu’une faction de son village revendiquait le partage, considérant l’homme comme simple étalon reproducteur. L’herbe n’est-elle pas meilleure dans le champ voisin ? Et Kaori croula sous le poids de cette responsabilité. Tenir Ryô ?!  

 

« Je vous embarrasse. Allons, venez, fêtons notre accord. »  

 

Alors que, accompagnée de Kaori, la Reine regagnait sa demeure, elle aperçut Hortense s’éloigner du village.  

 

 

*-*-*-*-*  

 

 

Désespéré de n’avoir rencontré que gueux dans l’âme comme dans l’habit, fatigué d’avoir tant marché depuis l’aube, il arriva aux abords d’un pont fait de planches de bois ajourées, très élimées. Suspendu dans le vide, se balançant au gré du vent, le pont lui semblait d’une solidité précaire. Il regarda de l’autre côté. Il tendit le bras et il l’atteignait. Pourquoi n’était-ce pas si facile ? Ses réserves s’épuisaient. Crotté jusqu’aux chevilles, le pantalon dans un état identique, une barbe naissante qui camouflait la douceur juvénile de ses traits, il ramassa ses dernières forces et franchit cet unique passage qui reliait les deux flancs de montagne. Il avança d’abord un pied qu’il posa avec prudence sur les premières planches. Le pont sembla plus solide qu’il ne paraissait. Les mains sur chacune des lianes, il parcourut la distance, prenant grand soin de ne pas rencontrer du regard les lattes ajourées à travers lesquelles la clarté dansait gaiement, tout comme il se fermait au chant de la rivière qui s’écoulait fraîchement tout en bas.  

 

Sandokana pénétra dans une jungle épaisse, s’égara, titubant presque de fatigue. Soudain il trébucha contre une racine qui poussa un cri à lui percer les tympans. Il recula de surprise. Hortense sauta sur ses pieds, aussitôt en position de combat.  

 

 

*-*-*-*-*  

 

 

Le soleil s’était couché, les amazones allaient bientôt regagner leur futon. Avant cela, et pour célébrer leur accord, la reine convia ses invités spéciaux à un banquet. Elle tendit un verre à Kaori qui analysa d’un œil douteux le liquide transparent que la reine lui présenta comme un millésime. La Reine leva son verre et porta un toast, trinquant à la réussite certaine de leur entraînement. Avant de le porter à ses lèvres, Kaori le remua légèrement afin d’en humer les effluves d’alcool, si alcool il y avait. Ce breuvage sentait bon la poire. Une eau parfumée à la poire, rien que du bio, du 100% naturel. Rassurée, elle en avala une pleine gorgée ; cul-sec, elle vida son verre.  

 

A peine avait-elle bu que son bras s’abaissa très lentement, ses doigts crispés tenaient le verre avec fermeté. Son autre main se transforma en poing qu’elle serra fortement au point de se meurtrir la peau de ses ongles. Des larmes mouillèrent ses yeux et coulèrent le long de ses joues sans qu’elle ne puisse les contenir. La gorge lui brûlait, et elle sentit le feu se répandre dans son corps pourtant ce n’était pas une décoction ni un thé brûlant qu’elle venait de boire. Elle eut soudainement très chaud. Elle suffoquait au point que Ryô fut un instant inquiet des grandes difficultés qu’elle avait à prendre son souffle.  

 

« Alors Kaori, comment trouvez-vous cette eau de vie ? »  

 

Ryô sourit à la mine défaite de Kaori, incapable d’articuler le moindre mot ni même d’émettre le moindre son audible. Puis tout à coup, un chant retentit à ses oreilles, repris par toutes les amazones.  

 

« Elle est des nôtres, elle a bu son verre comme les autres »  

 

Ryô n’en perdit pas une miette. Sa partenaire venait de boire cul-sec un bon verre d’alcool fort, les effets secondaires ne tarderaient pas à se manifester.  

 

« Que la fête commence ! » s’exclamèrent-elles toutes en chœur dans un grand éclat de rire.  

 

Assises en cercle autour d’un feu, un groupe d’amazones se levèrent puis marchèrent jusqu’en son centre, et tandis que celles qui étaient restées assises entonnaient un chant, elles se mirent à danser au rythme des paroles que les frappements de main accompagnaient. Une voix aérienne s’éleva avant de se fondre avec celles du groupe. Enchantée par ce spectacle, Kaori pétillait de joie. Un rose délicat teintait ses joues, la chaleur du feu aidant, l’alcool commençait à faire effet. Kaori concentra son attention d’abord sur les doigts, puis sur les mains, et enfin sur les bras dont les gestes racontaient une histoire. Ils semblaient même lancer un appel. Par contraste, le buste semblait immobile. Puis ses yeux descendirent, s’arrêtèrent sur l’ondulation de ces hanches, souples, harmonieuses qui ondoyaient avec grâce dans un lent va-et-vient de gauche à droite puis aussitôt de droite à gauche, tandis que les pieds ne bougeaient que de quelques centimètres. Le mouvement hypnotisait Kaori. Tout à coup elle agrippa le genou de Ryô qui sursauta à ce contact inattendu. Lui aussi fixait d’un œil hypnotique ces hanches qui frétillaient, mais pour une tout autre raison.  

 

« L’infini…  

- Quoi ? demanda-t-il en se penchant doucement vers elle, les yeux rivés sur les tuniques en délire.  

 

Pour Kaori, la danse ne racontait pas seulement la vie d’un village, l’appel de la mer, la vie des pêcheurs et le travail des femmes, elle symbolisait aussi l’infini. Vraiment. Pour éviter de paraître idiote, elle se reprit  

 

« Elle danse très bien. Je ne me doutais pas qu’il puisse y avoir un club de danse dans ce un trou perdu. Son professeur doit être excellent. »  

 

Un sourire entendu étira les lèvres de Ryô. L’alcool lui déliait la langue. La Reine esquissa pareillement un sourire avant de s’adresser à Kaori à voix basse, pour ne pas perturber le spectacle.  

 

« C’est une tradition de notre communauté que nous devons toutes perpétrer, ces danses nous sont vitales.  

- Des années de pratique, un entraînement quotidien absolument nécessaire. » renchérit une amazone.  

- Tu veux essayer Kaori ? lança Ryô, très intéressé.  

- Mais non… Le visage de Kaori vira au rouge carmin.  

- C’est une danse très agréable, n’hésitez pas, vous y prendrez goût et ne pourrez plus vous en passer. Toutes acquiescèrent, un sourire complice aux lèvres.  

- C’est que je ne sais pas si je… » Kaori tricotait des doigts.  

 

La minute d’après, elle se retrouva au centre du cercle, entourée des amazones, sous le regard enflammé de Ryô. Elles entamèrent une nouvelle danse.  

 

Alors que ses bras parés d’un fin tissu blanc, voilage dansant au vent en de graciles arabesques, s’élevaient vers les cieux avec une lenteur hypnotique, son visage puis ses épaules basculèrent vers l’arrière. Elle était d’une souplesse que Ryô se plaisait à découvrir. Il ignorait à quel point elle était souple. Lentement son buste s’arqua dans une parfaite courbe. Ses mains dansaient, Kaori charmait le vent, le feu, la lune, Ryô qui ne pouvait plus détacher ses yeux de ce corps qui ondulait lascivement. Dans un jeu de clair-obscur, les flammes semblaient voluter ses jambes, enjôler sa taille, frôler sa poitrine, embraser tout son corps. Kaori s’abandonnait aux larmes du feu qui crépitait de joie. La mâchoire de Ryô se crispa. Ses mains s’enlacèrent comme un battement d’ailes de colombe avant de fondre dans une étreinte sensuelle. A l’invitation d’un doigt enflammé plus étincelant que les autres, elle commença à se redresser. Dès lors, Ryô imagina que ses mains retenaient le corps de Kaori, qu’elles traçaient des sillons remontant le long de ses jambes, de ses cuisses, découvrant la moindre sinuosité, voyageant vers ce passage secret. Alors que Kaori remontait son buste, il imaginait que ses mains le lui enserraient, empruntaient le même chemin imaginaire avec une lenteur voluptueuse, que sous la douce pression de ses doigts fermes, il façonnait ce corps à la peau délicate, qu’elle tournait dans ses mains en parfaite osmose avec ses gestes. Elle se stabilisa et rencontra son regard brûlant. Son bassin oscilla d’une lente ondulation, la pointe de son pied s’avançant souplement sur la terre, aussi léger qu’une plume. Et alors que la jambe levée se fléchissait dans la seconde où elle se rabattait avec vivacité au niveau du genou, comme si ce qu’elle faisait était inné, ses bras étreignirent un vide que Ryô voulut combler à cet instant, avant de s’ouvrir en de petits mouvements serpentant. Il s’efforça à respirer lentement. Elle enchaînait ce mouvement encore et encore, offrant à Ryô une variation d’arabesques aguichantes. De plus en plus vite, elle décrivit une diagonale, partit dans une ronde infernale autour du feu dont les flammes jaillissaient, se raccourcissaient, se reprenaient, vacillaient, elle se mit à tourner sur elle-même, sur un rythme endiablé, les bras levés au ciel, avant de s’arrêter brutalement, les mains ouvertes en coupelle, surprenant tous les regards braqués sur elle dont celui de Ryô, subjugué. Ce n’était plus sa partenaire qu’il avait sous les yeux, mais une prêtresse saluant le soleil de minuit, le sourire resplendissant, offrant son corps aux caresses sensuelles du feu, à son regard brûlant d’un désir sourd.  

 

La fin de sa prestation fut accueillie par un silence religieux. Les amazones qui avaient accompagnées Kaori au début s’étaient retirées de la scène les unes après les autres, la laissant seule. Peu à peu, les hommes avait rejoint les femmes. La Reine souriait. Le nouvel entraîneur possédait en effet un excellent potentiel. Elle était la première à réussir à capter l’attention de tout le village, hommes et femmes. Peu à peu, les discussions reprirent, répandant une joyeuse atmosphère.  

 

Encore tout étourdie par la danse, elle regagna sa place en titubant. Avant qu’elle n’ait pu la rejoindre, elle trébucha sur une craquelure de la terre. Elle voulut se rattraper mais aussi maladroite qu’elle avait dansé avec grâce, ses bras, devenus de grands moulinets brassant l’air, eurent l’effet contraire, la déséquilibrant un peu plus. D’une rapide estimation, elle aperçut la trouée vers laquelle son corps l’emportait, entre les amazones et Ryô, et elle s’y laissa tomber. Mais elle atterrit malencontreusement sur les genoux de son partenaire qui ne put que la prendre dans ses bras, par réflexe.  

 

« Oups, excuse-moi. »  

 

Elle riait, malgré ses joues cramoisies, ignorant l’effet produit sur la foule. Elle se glissa délicatement sur les genoux de Ryô, bascula sur son côté tout en prenant sa cuisse comme tremplin, lui arrachant une larme de crocodile. Il ne reconnaissait plus sa partenaire.  

 

« J’ai soif… »  

 

Elle jeta un regard intéressé autour d’elle, à la recherche d’eau. Une amazone lui tendit un verre rempli d’un liquide transparent. Elle ne se posa aucune question et ingurgita le contenu d’un seul trait.  

 

« Ah, il faisait soif ! Dites, ‘ya pas seulement que d’la poire ! Ah ah ah ah, je crois que j’ai un peu trop bu moi. »  

 

Elle explosa d’un rire qui coulait sur les nerfs de Ryô comme un courant électrique. Elle se tourna vers lui, une de ses mains essayait d’élargir l’encolure de son chemisier.  

 

« Fffffffff, qu’il fait chaud. T’as pas chaud toi ? » lança-t-elle ingénument.  

 

Ryô eut de très grandes difficultés à déglutir.  

 

 

En aparté,  

- Hep, regarde, chuchota l’une des amazones à sa voisine, elle essaye de lui mettre le grappin dessus.  

- Oui j’ai vu. Elle n’y arrivera pas. C’est un libertin, regarde comme il louche sur Hispahan.  

- Ffffff elle est d’une naïveté déconcertante, c’est même consternant de nos jours. C’est à se demander si elle n’a pas été élevée dans un couvent, rétorqua une troisième.  

- Sous ses airs nunuches, elle doit avoir des atouts, t’as vu comme il la dévorait des yeux ?  

- Nous allons nous occuper de lui. J’ai entendu dire que Curry voulait être la première.  

- Oh, mais on pourrait tirer à la courte paille, qu’en dites-vous ? Ce serait équitable.  

- Ecoutez ça, demandons à Curry d’ajouter le bandeau dans son jeu, comme ça, elle lui bande les yeux, le travaille, puis nous le laisse. Il n’y verra que du feu le gredin. Tu as vu comme il a sauté de jambe en jambe cet après-midi. Un vrai coureur de jupons. »  

 

Et la conversation s’acheva dans un hochement de têtes complice.  

 

 

 

Tous ces regards braqués sur sa Kaori, tous ces mâles la dévorant des yeux. La morsure de la jalousie lui donna des frissons.  

 

« Pfffff, aucun goût ! » traduisaient son visage railleur et son regard ravagé, tandis que Kaori, inconsciente de cette mauvaise foi à toute épreuve, sirotait un troisième verre, les joues en feu, tout en discutant avec sa voisine.  

 

Il serra les poings. Il lui fallait un dérivatif, l’alcool arriva à point. Pur et d’un degré nettement supérieur à celui qu’il avait coutume de consommer. Il n’avait même pas à se lever. En tant qu’invité, il était servi. D’ailleurs, il ne voulait pas se trahir.  

 

Un certain nombre de verres plus tard, Ryô se leva, bien décidé à égayer ce repas où l’alcool avait finalement apaisé ses tourments et endormi tout le monde. Pas une ne tenait l’alcool, ce n’était pas le paradis. Il s’éclaircit la voix, déploya grand les bras, la poitrine en avant, prit une grande respiration, un léger mouvement d’épaule et il ouvrit la bouche.  

 

Aie aie aie, ce n’est pas bon signe ! se dit Kaori. Voilà qu’il se prend pour un chanteur d’opérette ! Kaori fronça les sourcils par anticipation. Je ne veux pas entendre ça. Elle se cacha le visage de sa main.  

 

« Quand j’étais petit je n’étais pas grand… »  

 

et bien ça vole haut pensa-t-elle. Effet inattendu, il y eut comme un déclic dans sa mémoire. Les paroles lui rappelèrent tout à coup un air que chantait son père quand elle était petite. Elle avait presque oublié. Elle sourit à ce souvenir mais tout aussitôt, le flot de paroles jaillirent  

 

« Je montrais mon »  

 

D’un bond, elle se jeta sur lui, plaquant ses deux mains sur sa bouche, l’empêchant ainsi de prononcer le dernier mot de ce premier couplet. Elle balayait d’un regard apeuré l’espace autour d’elle et vit les amazones ouvrir de grands yeux interrogateurs. Le geste de Kaori ne fit qu’attiser leur curiosité. Quant à Ryô, il lui était facile de se dégager. D’une main, il décolla celles de Kaori de sa bouche. Il en profita pour les lui rabattre le long de son corps et la maintenir, en quelque sorte, prisonnière de ses bras.  

 

« Ah ah, Kaori, tu connais la chanson. » lui souffla-t-il dans l’oreille, la mine réjouie et le sourire enjôleur, dévoilant une superbe dentition alors qu’il jouait des sourcils à un rythme effréné, chatouillant ainsi délicieusement la peau de Kaori qui devenait de plus en plus sensible.  

 

« Je t’interdis… » lui répondit-elle sur un ton menaçant avant de se débattre comme une diablesse pour se libérer et l’empêcher de commettre une gaffe monumentale. A ce moment précis, une des semelles de Ryô, sournoise, glissa sur l’herbe que la rosée du soir avait décidé d’investir, et Ryô perdit malencontreusement l’équilibre, bascula en arrière, entraînant Kaori dans sa chute. Elle poussa un cri de surprise qui mourut dans sa gorge lorsque le mouvement s’arrêta brusquement. Quand elle réalisa avoir atterri sur le corps chaud de son partenaire, le feu lui monta aux joues instantanément. La brûlure s’intensifia lorsqu’elle se rendit compte qu’ils étaient devenus le pôle d’attraction.  

 

« Kaori ? » commença Ryô encore allongé sur le sol, la tête légèrement surélevée.  

 

Kaori plongea son regard de biche affolé, et embarrassé, dans la profondeur de ses yeux sombres. Elle s’empourpra davantage, une fièvre soudaine asséchait sa bouche alors que dans ses prunelles se mit à brûler un feu ardent.  

 

« Tu veux danser avec moi, c’est ça ? » lui murmura-t-il à l’oreille d’une voix tout aussi chaude. L’alcool annihilait le peu de raison qui restait à sa partenaire, il lui chauffait les sens, au grand bonheur de Ryô.  

 

Kaori sourit, le souffle lui chatouillait l’oreille, mais des frissons lui traversèrent le corps. Oui. Contre toute attente, elle replongea son regard dans celui surpris et désireux de son partenaire. Qu’allait-elle faire ? Il était rare qu’elle soutienne son regard dans un tel état. Ryô vit alors la scène se dérouler comme dans un rêve. Quelques mèches de cheveux de Kaori vinrent frôler sa joue, jouant sur sa peau avec la douceur d’une colombe. Son visage commença à s’incliner sur le côté, comme pour lui chuchoter un secret dans l’oreille mais une délicate sensation s’empara de ses lèvres. Léger, doux, un contact subtil, éphémère, chaud. Ryô retint sa respiration un millième de seconde. Kaori ?! Mais ce fut plus fort que lui, il ne put s’empêcher de fermer les yeux, de goûter ses lèvres qui s’entrouvraient, timides, ce souffle qu’il accueillait, de répondre à l’appel de cette langue qui avec délicatesse caressait la sienne. Un élan du cœur qu’il savourait enfin, qu’il décida d’écourter mais, ses mains lâchèrent spontanément celles de Kaori pour remonter, dans un lent et doux effleurement, le long de son épine dorsale, avant de terminer leur voluptueuse ascension dans la chaleur de sa chevelure, pour naturellement lui emprisonner le visage. Kaori le releva, le regard perdu.  

 

« Kaori… » murmura-t-il dans un souffle plus léger que la brise.  

 

Tous deux happés par leur regard où l’amour s’alliait au désir, Ryô se reprit le premier. Il ne voulait pas en profiter, elle n’était pas sobre. Non, lui ce qu’il voulait, c’était sa Kaori pleinement consciente de ce qu’elle ferait lorsque enfin, ils annihileraient leur barrière respective et qu’ils le feraient, enfin, l’amour, non L’Amour parce qu’à cet instant précis, la petite phrase lancée en l’air sur les adeptes du Kama-Sutra revint en première ligne. Elle serait son inspiration, sa muse. Ils le réinventeraient ensemble.  

 

Un volcan s’éveillait, craquelant la surface encore vierge de lave, sourdant dans les entrailles de ce corps frémissant au contact d’une roche en mouvement, qu’elle sentait vivre entre ses cuisses. Ryô perçut son trouble ; il ne la désirait qu’un peu plus encore, Kaori promettait des secrets d’alcôves, une alchimie fusionnelle. Fallait-il qu’elle soit ivre d’amour pour se découvrir et retirer son manteau de pudeur ainsi ou ivre tout court.  

 

« Tu ne voudrais pas me violer devant toute cette assemblée ?! » lui souffla-t-il discrètement au creux de l’oreille, un sourire mi-béat mi-badin sur les lèvres.  

 

Soit l’eau de vie était effectivement très forte au point que Kaori en perde toute notion de raisonnement, soit elle avait mis de côté sa timidité maladive. Toujours est-il qu’elle mit un certain temps à percuter, les vapeurs d’alcool lui ayant définitivement bien embrumé le cerveau. Une flamme dansait dans la profondeur de son regard. Oui, danser avec toi. Elle voulait être femme dans les bras de Ryô. La vie était trop courte. La peur qu’elle avait ressentie dans cette caisse volante était d’une nature bien différente. En ville, elle savait que Ryô saurait la retrouver, quoi qu’il advienne et elle savait jouer de son rôle de partenaire à merveille. N’était-elle pas City Hunter ?! Mais là elle avait été plongée dans la plus complète, obscure ignorance et tout ce qui lui importait était Ryô, elle et Ryô, Ryô sans elle. Leur deux prénoms tournoyaient, leur deux corps dansaient dans sa tête au rythme d’une valse folle. Sa pudeur lui pesait. Elle avait l’envie insensée de sortir de sa chrysalide. L’alcool n’était que le cordon qui lui permettrait d’accrocher son cocon pour enfin s’envoler.  

 

Il était cependant évident pour une faction des spectatrices que cette femme et cet homme partageaient une intimité amoureuse telle que le monde environnant ne semblait pas les perturber. Peut-être étaient-ils exhibitionnistes et dans ce cas, la femme n’aurait rien contre un échange ? Certaines amazones se voyaient déjà prendre la place de Kaori. Pour remercier d’un pareil baiser devant toute une audience, dans une telle position, il fallait être sacrément amoureuse. Surtout que cet homme cachait une tendresse naturelle pour avoir su protéger ainsi la jeune femme dans sa chute.  

 

Ignorant le séisme qui menaçait de se produire à ses pieds, la reine se leva, refermant le cocon qui venait de s’entrouvrir. Ryô grogna. Bon sang, fallait toujours qu’il soit dérangé au mauvais moment ! et ce malgré sa bonne résolution. Elle demanda à Hispahan d’accueillir les invités.  

 

Que se jouait-il sous ce magnifique crâne ? Ryô n’était pas dupe, il la voyait aux prises avec elle-même. Cependant, devant le manque de réaction manifeste de sa partenaire, ses mains devinrent bouclier, protégeant Kaori du regard intrusif extérieur, il le savait, il la maintenait en sa possession. Ryô commença à se redresser, l’emportant dans le même mouvement. Kaori ne bronchait toujours pas, au prise avec le feu ardent qui lui captivait le regard. Tout à coup, elle se sentit basculer en arrière. Par réflexe, elle ceintura la taille de Ryô de ses bras, se collant davantage contre son corps. Comme ce point d’ancrage ne lui suffisait pas, elle remonta ses avant-bras et ses mains trouvèrent naturellement leur place, enserrant ses épaules. Elle finit blottie tout contre lui, les yeux fermés, les bras crispés, le corps tendu. Ryô se redressa totalement, conscient du mal-aise de Kaori.  

 

« Suivez-moi, je vais vous montrer votre couche. »  

 

Debout, soutenue par son partenaire, encore perdue dans les brumes magmatiques fortement alcoolisées, Kaori entendait des mots étranges. Quelle était donc cette langue qu’on lui parlait ? Elle s’appliquait à se concentrer mais une très forte envie de dormir la submergea tout à coup, l’alcool sans doute. D’abord, ce n’était qu’une suite de sons, incompréhensibles. Ensuite, ça prenait sens, « couche ??? » Son visage tourna dans toutes les directions, elle ne comprenait pas pourquoi sa boîte crânienne tournait plus rapidement que ses yeux, mais il n’y avait pas de bébés parmi les membres de l’assemblée ! Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Elle jeta un regard interrogateur à Ryô, pour constater qu’un rictus bien connu commençait à déformer son visage. Elle sursauta quand une voix suave lui souffla à l’oreille, sur un ton moqueur :  

 

« Ts ts ts Kaori, t’as oublié ta langue ? Le verbe coucher, ça n’te dit rien ? »  

 

Elle ne pouvait pas dire ‘lit’ ou ‘chambres’, ‘appartement’, ‘pieu’, ‘schlof’, ‘piole’, comme tout le monde ? C’est vrai, ça simplifierait la torture des neurones grisés. Tout à coup, Kaori vira au rouge tomate. Confuse. Non pas d’avoir complètement oublié ce sens non, mais d’avoir osé lui en attribuer un tout autre. Les yeux rivés au sol, elle avança docilement, suivi d’un Ryô qui, tout en se dessinant mentalement le plan du village, jubilait de la facilité avec laquelle il avait pouvoir s’éclipser afin d’explorer les secrets de ces demoiselles.  

 

Ils ne purent réprimer une expression de surprise quand ils découvrirent la couche et franchirent le seuil principal de ce qui allait leur toit pendant la durée de la mission de Kaori. Pour accéder à la maison, il fallait monter les quelques marches d’un escalier fondu dans le bois. Un couloir extérieur faisait le tour de la maison, ainsi pouvaient-ils s’y promener ou profiter de l’extérieur, protégés de la pluie par la toiture qui en couvrait toute la surface. Les murs étaient de simples panneaux coulissants, ce qui permettait une ouverture maximale les jours de chaleur. Légèrement en retrait des autres maisons, elle se confondait aisément avec la nature environnante. Quand ils arrivèrent, les panneaux étaient fermés. Hispahan les ouvrit tous. Le premier séparait le couloir de la pièce centrale. Il représentait une terre vallonnée parcourue par les ondes sanguines d’un cours d’eau. Au cœur de ses vallées, des bouquets de bambous fièrement dressés. De hautes herbes surmontaient une nappe de brume sur laquelle couraient des branchages verdoyants, bras tendus pour rejoindre les fleurs bleues, les baies rouges, les belles-du-soir blanches ouvertes sur l’écrin de feuilles. Sur la droite, comme penché pour surprendre, caché derrière un mur, la branche rouge d’un cerisier. Quand ils franchirent le seuil, Kaori et Ryô eurent l’impression qu’un feu les avait traversés, d’avoir entré un autre monde. Comme ils traversèrent la pièce principale, ils furent attirés par deux panneaux sombres. Leur hôtesse tenait une bougie dans la main. Son pas lent et gracile ne faisait qu’accentuer l’ondulation de son corps tandis que la flamme incandescente insufflait la vie aux panneaux sous leurs yeux. Eblouis. Etait-ce un croissant de lune, un arc de corps astral, un chemin céleste composé de milliard d’étoiles scintillantes, de soleils, des myriades de fleurs jaunes, qui s’élevait, s’étirait, s’éloignait vers les hauteurs intouchables ? Il semblait s’approcher d’eux, se détacher de la terre verdoyante doucement vallonnée, pour les inviter à le suivre parce que leur regard spontanément en suivait l’élégante courbe qui disparaissait dans la pureté du ciel de nuit. Silencieux, Kaori et Ryô suivaient toujours leur hôtesse. Derrière ce chemin céleste, la chambre. Soudain, un cri strident emplit la maison, effrayant Hispahan ainsi que les oiseaux qui quittèrent leur nid dans un piaillement affolé, et la magie disparut.  

 

« Quoi ! » demanda Ryô aussitôt sur la défensive, alors qu’il venait de dégainer son arme. Mais il avait beau se concentrer, il ne ressentait aucune menace sauf cette nature qui semblait dangereusement l’appeler. Il rangea son arme puis il porta son attention sur Kaori, la dévisageant alors. Qu’avait-elle encore ? On pouvait s’extasier devant ses tableaux mais tout de même, pousser un tel cri !  

 

« Tu n’peux pas utiliser des mots comme tout le monde ?! Il est de plus en plus difficile de te comprendre ! »  

 

Devant le mutisme persistant de sa partenaire, Ryô suivit alors du regard le bras que Kaori venait de tendre devant elle. Les vapeurs d’alcool n’avaient pas suffi à inhiber totalement sa pudeur.  

 

« Il… il n’y a qu’U N lit !!! » finit-elle par dire, la mine paniquée.  

 

Un sourire malicieux éclaira alors le visage mutin de Ryô. Un lit traditionnel. Il ne s’agissait pas d’un lit au sommier épais sur lequel était disposé un matelas tout aussi épais pour lequel il fallait prendre un élan et sauter afin d’y accéder, au risque de rebondir et de se fracasser la tête en atterrissant de l’autre côté. Non. Devant leurs yeux s’étalait un futon couvert d’une couette chaude et moelleuse. Ils pourraient ainsi se laisser emporter, glisser, tomber, rouler par terre s’il le fallait, seules les parois freineraient leur voyage. Cela enchanta beaucoup Ryô.  

 

« Tu m’connais Kaori, je serais sage comme une image ! » susurra-t-il à son oreille, la main sur le cœur, une expression angélique sur le visage.  

 

Hispahan fut décontenancée, elle ne comprenait pas. Ce nouvel entraîneur agissait de surprenante façon.  

 

« C’est normal pour un couple, un lit… N’êtes-vous pas époux ou concubins ? N’est-il pas votre partenaire ?»  

 

Ryô guetta la réponse de Kaori.  

 

« Mais non, nous n’avons pas ce genre de rapports !!! »  

 

Hispahan parut embarrassée.  

 

« Voilà qui est fâcheux. La Reine a levé la sentence parce que vous vous êtes portée garante. A défaut d’être votre mari ou votre amant, cet homme est votre sujet. S’il ne vous satisfait pas, vous pouvez choisir parmi d’autres valeureux mâles.  

- Quoiiiiiii ??????? s’exclama en chœur le couple City Hunter.  

- Quelle harmonie. Vous faites un joli duo. Sourit-elle. Si vous persistez dans la négation, nous nous ferons un plaisir de le conduire dans le quartier des célibataires.  

- Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ?????????????? s’exclama un Ryô au bord de l’asphyxie explosive.  

- Ne vous inquiétez pas pour lui, il ne le restera pas longtemps, il est déjà très convoité. Alors ? »  

 

 

 


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