Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 13 capitoli

Pubblicato: 09-02-18

Ultimo aggiornamento: 20-11-21

 

Commenti: 20 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Trois années ce sont écoulées depuis la disparition de Vlad Lowski. Ryô et Kaori veille à nouveau sur la ville en City Hunter, entre crime de déraison et de passion. Hélène, de son côté, a essayé de tenir sa promesse « vivre comme toutes les jeunes filles civiles ». Y est-elle parvenue ? Est-ce que sa vie continuera sur le chemin de l’intégrité, ou devra-t-elle se contenter du plus sombre de son passé ? Entre présent, avenir et ombres déguisés, tous les dés n’ont pas été jetés.

 

Disclaimer: Les personnages de "Appassionata (suite d'Amour Ultime)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Appassionata (suite d'Amour Ultime)

 

Capitolo 13 :: Chapitre 11 : « L’œil dans le viseur » 2/3

Pubblicato: 20-11-21 - Ultimo aggiornamento: 20-11-21

Commenti: DIDINEBIS : Je ne me lasse pas de lire tes avis, tes commentaires et surtout, tes ressentis sur chacun de mes chapitres ; merci beaucoup. J'avais prit un immense plaisir à écrire le dernier, car j'aime aussi travailler les scènes d'humour si présentes dans le manga. Je m'en veux d'avoir été si longue à faire partager un nouveau chapitre. Le temps et les aléas du quotidien. J'ai lu à nouveau ton dernier commentaire et j'en suis encore toute retournée, tellement tes compliments me font du bien et tellement plaisir. J'espère que cette suite te plaira... Bien à toi!!! JAWRELL : Encore de l'émotion en lisant que tu as lu encore et encore ma première fiction Amour Ultime. C'est toujours le coeur bondissant que je lis ce genre de commentaire. Merci infiniment. J'espère que ce nouveau chapitre te plaira, et il y a un peu de jalousie de Kenji MDR. Bien à toi!!! DELPHINE : Tu sais déjà tout étant donné mon dernier e-mail, merci encore pour tous tes compliments qui quand j'y pense m'ont fait chaud au coeur et m'ont donné l'envie de te faire plaisir et aussi aux autres qui continuent de lire ma fiction et de poursuivre mon chapitre que j'avais déjà commencé. Bonne lecture et très bien à toi !!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


 

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟏 : "𝐿'𝑜𝑒𝑖𝑙 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑣𝑖𝑠𝑒𝑢𝑟" 𝟐/𝟑  

 

 

« ᴄʜᴀᴍʙʀᴇ ᴄɪɴǫᴜᴀɴᴛᴇ-sᴇᴘᴛ ».  

 

Marie se demandait ce qu’elle faisait là, devant cette porte rouge aux moulures dorées. Ses pas l’avaient guidés en ce lieu, encouragé par l’audace de sa petite sœur ; avoir osé glisser dans sa main la carte de visite de Caleb ; Hélène lui ferait décidemment tout faire : partir à l’autre bout du monde par amour sororal, et estomper sa fierté, sa froideur, sa carapace, pour se trouver devant la chambre d’hôtel d’un 𝒉𝒐𝒎𝒎𝒆.  

 

Pourquoi ? Pourquoi était-elle venue jusqu’ici ? Qu’est-ce qu’elle allait lui dire ? « 𝑃𝑎𝑢𝑣𝑟𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑙𝑒 » se disait-elle ; elle avait bien entendu mille choses à lui dire, mais sa peur et sa névrose contrôlaient son état d’esprit. Marie se voilait bien évidemment la face ; elle n’avait jamais cessé de penser à lui depuis son départ il y a trois ans. Mais, sa nature méfiante l’empêchait de faire totalement confiance à Caleb, même si sa petite sœur lui avait confié sa vie ces dernières années.  

 

Marie avait totalement confiance en l’opinion d’Hélène ; elle avait le don de comprendre les autres et de deviner leurs intentions. Caleb n’en restait pas moins une énigme pour Marie, et sa petite sœur restait naïve et utopiste ; elle espérait attraper le meilleur en chacun, et elle avait bien trop foi en l’humanité. Ce côté paradoxal chez sa petite sœur l’étonnera toujours étant donné le « 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒 » dans lequel elle vivait.  

 

- Tu devrais frapper, je crois qu’il t’attend !  

 

Marie sursauta ; elle reprit immédiatement ses esprits, activa son aura meurtrière, pivota sur le côté et dégaina son arme. Une, puis deux poches de nourriture tombèrent à ses pieds, l’homme qui l’avait pris par surprise était armé d’hamburgers et de frites. Un gros point d’interrogation poussa au-dessus de sa tête et elle se décida à affronter le regard de son assaillant : Caleb.  

 

- Tu manges ce genre de chose toi ? se moqua Marie  

- Tu t’attendais à quoi ? À du homard, du caviar ?  

- Du curry !  

- Quel cliché ! ricana Caleb, ouvrant la porte de sa chambre  

 

Marie resta plantée devant la porte pendant que Caleb s’occupait naturellement ; il posa ses sachets de nourriture sur la table, enleva sa veste, alla se laver les mains, et piqua deux, trois frites dans son sachet. Il prit un hamburger qu’il croqua à pleine bouche et empoigna un second dans sa main et se dirigea vers Marie.  

 

- Tu ne vas pas prendre ta décision le ventre vide ?  

- Quelle décision ? rougit Marie  

- Celle de rentrer ou de partir…  

 

Marie salivait à l’odeur de ce hamburger. Elle n’avait pas encore dîné, et puis, ça occuperait l’espace-temps s’ils mangeaient. La nettoyeuse finit par entrer et s’installa à la table ; Caleb s’assit directement sur le bord du lit tout en desserrant sa cravate. Le silence planta un moment le décor, puis Marie se décida à parler ; après-tout, elle n’allait pas faire croire plus longtemps à Caleb qu’elle se sentait mal à l’aise d’être avec lui dans une chambre d’hôtel ; vulgairement parlant.  

 

- Tu as menti tout à l’heure, pas vrai ?  

- À quel propos ? dit-il la bouche pleine  

- Un lieutenant de la Guoanbu qui se la joue perso sur une affaire classée « 𝘀𝗲𝗰𝗿𝗲𝘁 𝗱é𝗳𝗲𝗻𝘀𝗲 » et tu aurais eu seulement une petite tape sur la main ? se moqua Marie  

- …  

- Caleb !  

- Tu as raison…  

 

Caleb se leva et se planta devant la fenêtre ; il était toujours émerveillé de la beauté de la ville de Tokyo.  

 

- Destitution du grade de lieutenant… répondit-il  

 

Le ministre de la défense Nationale de Chine n’avait eu aucune pitié pour l’histoire de Caleb ou les raisons qui l’avaient poussé à agir ; c’était une trahison, point. Et pouvait-on faire confiance à un homme qui pendant trois ans avait joué un double rôle au sein de la Guoanbu ? Aucunement.  

 

- C’est assez ironique étant donné que jouer un double jeu est la base de mon métier ! ricana-t-il  

 

La bonne nouvelle était que grâce à l’intervention de Shen-Yeng, Caleb restait un agent de la Guoanbu.  

 

- Grâce à Shen-Yeng ? Je vais vomir ! Et ses trahisons à lui ? s’agaça Marie, s’approchant de Caleb  

 

Le ministre n’avait en effet pas tenu rigueur à Shen-Yeng de ses propres actions de trahison : à savoir collaboration avec un membre – Stanislas Gomèz – activement recherché par Interpol, il ne s’agissait que d’une vengeance personnelle face à une criminelle.  

 

- Bien sûr ! On félicite Shen-Yeng d’avoir collaboré avec un psychopathe, tout ça parce que ça arrange ces putains de gouvernements ?  

- Je comprends ta colère…  

- Non, tu ne comprends pas ! Tu es un membre actif de ces corrompus du gouvernement !  

- C’est donc l’opinion que tu as de moi ? dit-il, lui faisant face  

 

Marie ne sut que répondre, coincée entre son opinion intraitable sur les gouvernements du monde et « leur » façon de tirer avantage, quelques soient les victimes, la vérité, ou les conséquences, tout ce qui comptait, c’était le « résultat ».  

 

Et ce qu’elle pensait de Caleb ; il avait veillé sur sa petite sœur pendant trois longues années, tournant justement le dos à ces vieux archaïques du gouvernement, contournant les règles, mais après tout, peut-être avait-il un avantage lui aussi ?  

 

- Tu crois que j’ai manipulé Hélène pour mes propres intérêts ? s’injuria Caleb  

- Je te rappelle qu’il y a trois ans, Shen-Yeng t’avait donné l’ordre d’abattre Stanislas Gomèz alors qu’Hélène était son otage !  

- Je ne lui aurais jamais fait de mal Marie… dit-il, très déçu de son opinion  

- Et comment je peux en être certaine ? Tu es un inconnu !  

- Ok !  

 

Caleb attrapa une chaise et s’assit comme un détenu qu’on venait interroger. Il se débarrassa même de son arme, de son insigne et de son portefeuille qu’il déposa sur la table. Il rappela à Marie qu’il y a trois ans, avant son départ, il avait demandé à lui parler et qu’elle avait refusé. Et que si elle se posait toutes ces questions aujourd’hui, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.  

 

- Je rêve ! C’est de ma faute en plus ?  

- Je t’écoute Marie, qu’est-ce que tu veux savoir ?  

- Tu es si arrogant !  

 

Marie croisa ses bras et lui tourna le dos ; elle ne savait véritablement plus quoi penser. Elle ne pouvait pas nier son implication lorsqu’Hélène avait découvert son passé et des évènements qui avaient suivi. Il était resté auprès d’elle, sans la trahir, et même quand elle lui avait échappé, il avait continué à la chercher et à l’aider. Caleb avait en quelque sorte voulu se racheter, mais surtout comprendre le réel fond de cette histoire entre Shen-Yeng et sa petite sœur.  

 

- Tu sais, c’est une bonne chose que je sois à nouveau un simple agent…  

 

Caleb, en étant nommé lieutenant, avait fait passer son orgueil avant l’essentiel ; connaître parfaitement et l’adversaire, et les victimes. Le serment qu’il avait prêté avec passion et intérêt c’était enseveli sous la vanité et la vengeance de Shen-Yeng. Et il le regrettait.  

 

Aujourd’hui, il pourrait à nouveau servir son pays de cœur dans l’intérêt général, et en ne commettant plus les mêmes erreurs. Il serait attentif aux dossiers qu’on lui confirait, en oubliant jamais les valeurs et les principes qu’Hélène lui avait enseignés en n’éprouvant jamais à aucun moment un sentiment de vengeance ou de colère.  

 

- Ma petite sœur est incroyable… sourit Marie, fièrement, se retournant vers Caleb  

- Je sais que tu n’aimes pas lui mentir, mais ne lui dis pas pour ma destitution. Elle culpabiliserait et je ne le veux pas ! dit-il, se levant  

- Bien sûr… Je ne lui dirais rien…  

- Je ne regrette pas de l’avoir aidé tu sais !  

 

Marie resta à nouveau silencieuse ; elle pensait Caleb sincère dans son acte et dans ses mots. Alors pourquoi son cœur pesait encore lourd ?  

 

Marie s’avouait qu’elle avait encore beaucoup d’interrogation, mais une seule égoïstement l’obsédait. Elle avait mal au ventre rien qu’en y pensant, elle mourrait de honte intérieurement et elle ne contrôlait pas ce sentiment qu’elle ressentait pour la première fois ; de l’anxiété à savoir si… « Bon sang » ; elle voulait mourir, là, tout de suite. Et laissa s’échapper des larmes de frustration, elle était perdue, hors de sa zone de confort, terrorisée à l’idée de combattre la réalité. La réalité de ses propres sentiments.  

 

- Tu veux savoir si je me suis servis de toi il y a trois ans ?  

 

Marie se retourna une nouvelle fois ; impossible d’affronter son regard, l’expression de son visage. Caleb, lui, ne fuit pas, et il se rapprocha tellement d’elle, qu’elle pouvait sentir sa respiration venir se cogner contre sa nuque. Elle pouvait même sentir les vibrations du cœur de Caleb cogner contre sa poitrine. Et le sien qui battait sur le même accord, Marie n’avait jamais ressenti ça pour aucun homme ; le manque, l’obsession, la passion ; jamais.  

 

Kenji, c’était son meilleur ami, une partie d’elle, et leurs ébats érotiques passés n’engageaient qu’une soif charnelle. Profiter des plaisirs de la vie avant de mourir peut-être demain… Caleb, c’était différent. Un lâché prise, une sécurité, et puis ces autres choses sans identités, qui n’expliquaient pas pourquoi lui et pas un autre.  

 

Marie ; par une force venant de nulle part ; se retourna pour le regarder dans les yeux ; il souriait. Caleb ne s’était pas servi de Marie à l’époque, il n’avait aucun intérêt à partager une nuit avec elle, leur rencontre était un pur hasard. Il pourrait le définir comme un coup de foudre, comme un amour platonique ; il était attiré par elle comme un aimant et le souvenir des draps humidifiés par leur corps unis ne l’avait jamais quitté.  

 

Caleb savait que son comportement était lâche et égoïste, le problème étant le suivant,  

 

- Je ne suis pas le genre d’homme qui va souvent rentrer à la maison…  

- Ça tombe bien, je ne suis pas le genre de femme qui attend sagement son mari à la maison en ayant préparé le dîner !  

 

Caleb s’amusait du sarcasme de Marie qu’il prit comme un : « embrasse-moi idiot ». Il cessa de réfléchir, passa une main derrière sa nuque et captura ses lèvres ; langoureusement. Marie se sentit emportée par un tourbillon de sentiment ; ça poussait dans son ventre, ça bourdonnait dans sa tête. D’un geste vif, elle lui enleva sa cravate et sa chemise ; il lui ôta sa veste et son tee-shirt. Elle s’attaqua à sa ceinture, et son jean ; il la souleva pour la porter et la poser sur le lit où il fit glisser à son tour son pantalon. Leurs lèvres ne se décollaient pas ; l’intensité de leur baiser les entraîner dans un champ de coton ; c’était doux et torride à la fois. Ils attendaient ce moment depuis trois ans ; ce fut si long…  

 

Caleb enleva les derniers bouts de tissus qui les séparaient de l’extase. Marie ôta curieusement l’élastique qu’elle avait dans les cheveux, elle voulait sentir la main de Caleb glisser dans sa chevelure. Elle le serrait fort, passait ses mains dans tous les endroits de son corps : ses fesses, son dos, ses reins, son torse. Elle ne s’était jamais abandonnée ainsi ; elle avait envie que ce moment ne cesse jamais ; se surprit-elle à penser.  

 

* * * * *  

 

- Mickaël ?  

 

Kenji répéta ce prénom plusieurs fois dans sa tête pour être sûr de l’avoir bien compris : Mickaël. L’espion de la Guoanbu – de son vrai prénom Jacob – et partenaire de Caleb, qui avait infiltré le gang de Serge Dieter – le père d’Hélène – lors de la mission contre Vlad Lowski. Mickaël ? Il s’agissait là d’un fantôme, il avait péri dans l’accident avec Serge, Stéphane et Ylia il y a trois ans, ayant foncés avec leur véhicule dans la voiture piégée qui s’élancée sur sa bien-aimée pour l’éliminer.  

 

- Mickaël ?  

- Je sais, je sais, c’est stupide !  

 

Hélène se leva du canapé et attrapa sa tête ; elle avait mal, elle massa ses tempes. Elle savait que c’était impossible, il était mort, « ils » étaient morts dans l’accident. On avait récupéré leur corps et une stèle pour chacun présentait leur repos auprès de sa mère et de son grand-père au cimetière.  

 

La situation dans le bâtiment était palpable, elle avait peur, très peur, malgré qu’elle avait tenu bon pour garder son sang-froid devant Eduardo Florès. Et puis, elle avait une blessure à la tête, peut-être confondait-elle rêve et réalité, espoir et souvenir.  

 

Kenji vint la prendre dans ses bras, et lui donna un baiser. Il n’avait aucune intention de la juger ou de dire que son impression ? Illusion ? Réalité ? Puisse être stupide. Elle avait les pieds sur terre, elle était parfaitement consciente du monde qui l’entourait et Kenji le savait plus que quiconque. Derrière son calme, son flegme, sa douceur, il avait dans ses bras une femme combative, intuitive et intelligente.  

 

Mais.  

 

- Tu es sûr que ce n’était pas un des hommes d’Ecchi ?  

- Il m’a dit qu’il n’avait pas eu le « plaisir » de l’abattre… Et puis, pourquoi tuer Eduardo Florès et ne pas me sauver en même temps ?  

- C’est d’Ecchi dont on parle ! Je te rappelle qu’il t’a sauvé et balancé de son hélicoptère après !  

 

Hélène ne pouvait pas nier la complexité et le paradoxe d’Ecchi ; même s’il agissait ainsi à son égard uniquement pour dorée sa réputation ; il veillait pourtant constamment sur elle. Il avait mobilisé ses hommes pour la retrouver, prit le risque de quitter le Japon pour se rendre jusqu’en Russie malgré sa santé très fragile.  

 

Kenji rageait un peu ; Ecchi avait pris une place importante dans la vie d’Hélène ; elle était quand même le médecin d’un dangereux yakuza. Le père d’Ecchi – membre de l’union Teope – avait commandité le meurtre d’Hide, et bien qu’il ait toujours eu une santé fragile, il était actif, capable de réunir un maximum d’homme et possédant des informations insoupçonnées sur n’importe qui. Ecchi avait l’un des réseaux les plus imposants et les plus influents du Japon, et ça plaisait moyennement à Kenji qu’Hélène soit son médecin attitré. Il l’avait peut-être sauvé, mais il n’en restait pas moins ce qu’il était ; un truand.  

 

En vérité, c’était aussi l’orgueil de Kenji qui parlait ; frustré que la femme qu’il aimait soit sauvée par ce malfrat, alors que lui, était parti.  

 

- Kenji, il était hors de question que tu sacrifies ta vie pour moi ! rappela Hélène, comprenant ses pensées  

 

Kenji sourit ; trait de visage rare chez lui. La femme qui partageait sa vie était décidément incroyable, elle pouvait deviner la moindre de ses pensées, elle lisait en lui comme personne, et c’était la seule à le comprendre, à le cerner, à pouvoir briser le mur qu’il s’était monté avec les années ; où se cachait régulièrement ce petite garçon apeuré par la vie extérieure…  

 

Kenji devait se l’avouer, il était surtout très jaloux d’Ecchi… Et du lien qu’il partageait avec sa bien-aimée. Et puis, il connaissait bien cette « crapule », c’était son ancien patron, l’homme qui lui avait appris à faire les pires délits et à prendre du plaisir à cette vie de malfaiteur. Car même s’il ne doutait pas qu’Hélène puisse être l’élixir de n’importe quel être empoissonné par cette vie de scélérat, il doutait aussi qu’on puisse changer à ce point dans ce monde, surtout dans le monde d’Ecchi… Elle n’imaginait certainement pas tout ce qu’il – avec Kenji dans une autre vie – avait pu faire, et était encore capable de faire et Kenji avait le cœur brisé d’avance à l’idée qu’Hélène puisse être déçue par Ecchi, ou même pire, trahit…  

 

- Tu es le seul homme de ma vie Kenji… dit-elle, jouant avec son tee-shirt, intimidée  

 

Kenji aimait retrouver le côté timide et effarouchée de sa bien-aimée ; elle faisait inconsciemment enflammer tout son corps lorsqu’elle était intimidée. Il aimait l’idée de dévorer ce petit agneau, lui, le grand méchant loup.  

 

- J’ai rêvé, pas vrai ? dit-elle, à nouveau triste  

- J’imagine que tu devais être dans un état second, dans un état de peur ; tu espérais qu’une personne vienne te sauver, n’importe qui… Même un fantôme…  

- Sans doute, oui…  

- Je pense qu’un homme d’Ecchi a liquidé Eduardo Florès, et qu’il a sûrement ses raisons de ne pas l’ébruiter !  

- Tu as raison…  

 

Kenji releva son menton ; elle était la seule femme de sa vie, elle aussi, son seul et unique amour. Mais il n’était pas assez fort pour lui dire avec des mots, alors, il se contenta de l’attraper sous les fesses pour la soulever, éteindre la lumière et les faire glisser tous les deux dans leur lit, en échangeant des baisers et des caresses sensuelles, douces, chaudes, mais sans franchir le pas du pêché.  

 

Épuisée, Hélène finit par s’endormir dans les bras de Kenji… Il caressait son dos, tendrement. Cette femme méritait toute la douceur du monde, et il s’étonnait chaque nuit d’être disposé à pouvoir lui en donner… Par chance d’être encore ensemble malgré les épreuves, mais surtout parce qu’il n’aurait jamais pensé pouvoir aimer, tomber autant amoureux un jour… Le temps où il était capable d’aimer remonter à si loin avant elle…  

 

Hélène enfoui ses jambes dans les siennes ; elle le provoquait. Elle était si belle, et il avait tant envie d’elle…  

 

- « 𝐽𝑒 𝑑𝑒𝑣𝑖𝑒𝑛𝑠 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑅𝑦ô 𝑚𝑜𝑖 ! », sourit-il, avant de s’endormir.  

 

* * * * *  

 

« 𝘼𝙏𝘾𝙃𝙊𝙐𝙈 ! ».  

 

La pensée de Kenji vint jusqu’aux naseaux de Ryô. L’éternuement du nettoyeur réveilla Kaori, qui posa une main dans son dos en lui demandant si tout allait bien. Il se contenta de ronchonner, et de remettre la couette sur son épaule.  

 

Depuis qu’ils étaient ensembles, c’était bien la première fois que Ryô lui tournait le dos, mais encore « pire » ; qu’ils ne faisaient pas l’amour alors que le couple City Hunter n’avait aucune cliente sous leur toit.  

 

- « 𝘑𝘦 𝘥𝘦𝘷𝘪𝘦𝘯𝘴 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘱𝘦𝘳𝘷𝘦𝘳𝘴𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘶𝘪 ? » se demanda Kaori, rougissante  

 

« 𝘼𝙏𝘾𝙃𝙊𝙐𝙈 ! ».  

 

Ryô éternua à nouveau ; les pensées perverses d’autrui chatouillaient ses narines.  

 

Kaori frotta à nouveau le dos de Ryô ; inquiète cette fois-ci. Lorsqu’elle avait évoqué l’éventualité que Ryô connaisse l’identité de la personne qui avait tiré sur Eduardo Florès pour protéger Hélène ; il s’était levé, avait gratté sa tête, gêné et avait proposé d’aller « au lit ». Il avait fui la conversation ; encore. À contrario, Kaori n’était ni furieuse ni en colère, mais elle trouvait étrange que l’identité d’un seul homme – ou d’une seule femme – suscite autant de mystère ; jusqu’à Ecchi se déplaçant pour la narguer.  

 

Kaori se moquait bien de savoir si cette personne était légitime ou pas, s’il s’agissait d’un criminel ou d’un sage ; il avait, ou elle avait sauvé Hélène, c’était tout ce qui comptait.  

 

- Ryô…  

- Um ?  

- Tu veux bien me regarder ! dit-elle, énervée de faire face à son dos  

- J’ai sommeil ! dit-il, remontant encore davantage la couette sur lui  

 

Kaori n’aimait pas avoir à faire à ce Ryô là ; ce Ryô fuyant, cachotier, et légèrement arrogant. Et s’il ne pouvait pas se retourner, elle lui ferait face ! Kaori passa une première jambe sur la hanche de Ryô – il se demandait ce qu’elle faisait – elle se laissa glisser en s’agrippant à ses fortes épaules et parvenue à se torsader dans ses bras, son regard affrontant enfin le sien.  

 

Ryô glissa sa main dans son dos pour la ramener vers lui ; cette « tête de mule » était trop près du bord, elle voulait tomber et se cogner la tête contre la table de nuit ?  

 

- C’est toi la tête de mule ! bouda Kaori  

 

Kaori et Ryô fronçaient tous les deux sourcils ; agacés du comportement buté de l’autre. Et puis, à force de s’affronter du regard, ils finirent par rire de leur tête respective et de se réconcilier.  

 

Ryô serra davantage Kaori dans ses bras, embrassant sa joue, puis sa tempe. Kaori avait le cœur rétrécit ; elle s’inquiétait vraiment du mutisme de son bien-aimé. Pourquoi ne décrochait-il aucun mot ? Pourquoi fuyait-il ? Qu’est-ce qui pouvait à ce point rendre son cœur meurtri ? Elle ne voulait pas qu’il souffre… Kaori détestait lorsque Ryô était triste. Il pouvait se morfondre seul dans son coin, essayant de lutter avec la solitude dans laquelle il s’engouffrait. Pourquoi est-ce qu’il ne se confiait pas à elle ? Elle voudrait tellement l’aider, soulager sa conscience…  

 

- Excuse-moi…  

- Um ?  

 

Kaori plongea son regard dans le sien.  

 

- J’ai l’esprit tellement ailleurs que j’ai oublié de te satisfaire mokkori chéri !  

 

Kaori bouillit intérieurement. Et dire qu’elle s’inquiétait pour lui, de ce qu’il ressentait, de ce qu’il devait traverser tout seul. Elle se sentait mise à l’écart, balancée sur le bord de la route, frustrée qu’il soit tellement préoccupé par ce qui le tracassait qu’il omette de lui faire l’amour, et lui, il s’excusait auprès de son « mokkori » ?  

 

L’instinct de Kenji et Mick se réveilla si brusquement qu’ils réveillèrent leur bien-aimée respective : Kazue et Hélène. Les deux couples se penchèrent à leur fenêtre ; ils étaient persuadés d’avoir entendu un énorme bruit, suivi d’un cri… Et ce cri provenait des cordes vocales de Ryô, que Kaori avait saucissonné dans une couette, puis entouré d’une corde pour le balancer depuis le toit-terrasse.  

 

- Et n’espère pas revenir dans notre lit avant demain matin ! s’écria furieuse Kaori  

- Kaori chérie, je plaisantais !! Où est passé ton sens de l’humour ??  

- Au même endroit que ta délicatesse !  

 

Mick et Kazue pouffèrent de rire, Kenji fit la grimace devant tant de pathétisme, et Hélène priait pour que Monsieur Saeba n’attrape pas froid ; les nuits du mois d’avril étaient encore fraîches. Mick se demandait bien ce qu’avait pu dire ou faire son ami pour mériter ce châtiment qui n’avait pas eu lieu depuis quatre ans maintenant.  

 

- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Quentin, frottant ses yeux  

 

Kenji râla intérieurement ; cet idiot avait même réveillé son fils ; encore une maladresse de sa part envers Kaori ; il ne changerait décidément jamais.  

 

- Pourquoi oncle Ryô fait le pendule ? questionna Quentin, se penchant pour regarder  

 

Hélène ricana à la réflexion de Quentin ; « oncle Ryô » avait sûrement encore fait le pitre, mais était allé trop loin dans sa démarche et avait fait céder la patience de Kaori. Elle se rassurait quand même qu’il garde son humour et sa vivacité. Hélène aimait ces moments cocasses, qui prouvaient que leur quotidien n’avait pas changé. Quentin et elle, firent un signe de la main à Ryô, lui souhaitant « bonne nuit », mais si le nettoyeur fit signe à son neveu de cœur, Hélène eu l’impression qu’il l’ignorait…  

 

Repartant respectivement dans le leur, Hélène ne put s’empêcher de se poser une question ; pourquoi Monsieur Saeba semblait si distant avec elle ? Était-ce à cause de tous les tourments qu’elle avait semés en partant à la poursuite d’Eduardo Florès ? « Non »… Monsieur Saeba n’était pas ce genre d’homme ; il était courageux, et très généreux. Mais pourquoi avait-elle l’impression, la triste et morose sensation qu’il la fuyait un peu ?  

 

* * * * *  

 

Caleb fut réveillé par l’odeur de la cigarette. Marie s’était entourée d’un drap, assise sur une chaise ; elle avait une jambe allongée où reposait son pied sur une autre chaise et son autre jambe remontait vers sa poitrine là où sa chevelure se perdait. Elle était somptueuse avec son regard de braise…  

 

Caleb ne résista pas longtemps avant de se lever pour la rejoindre… Il enfila son boxer, prit une chaise et s’assit à ses côtés en posant sa main sur sa cuise près de ses seins. Ils restèrent un moment ainsi, sans rien se dire ni se regarder.  

 

Les caresses de son amant provoquaient chez Marie des battements de cœur effrénés. Il était si doux, si tendre, mais aussi très passionné. Il avait une manière à la fois suave et sauvage de lui faire l’amour… Tout son corps semblait toucher le ciel à chacun de ses baisers ou de ses mouvements de rein. Marie tourna encore davantage la tête à ses pensées, les souvenirs de cette nuit firent rougir ses joues de honte. Elle n’était décidément pas à l’aise avec les sentiments ou les ressentis. Elle avait passé son temps à les dissimuler sous une bonne couche de béton, prenant soin de les boucler à double tour pour qu’ils n’apparaissent jamais. Et personne avant Caleb n’était parvenu à créer une brèche. Il avait transpercé son cœur, et une légère lumière s’était échappée pour envahir toute l’âme de Marie. Si elle avait aujourd’hui une relation fusionnelle et seine avec sa petite sœur, c’était grâce à lui… Hélène était devenue la personne la plus importante pour elle seulement grâce au regard que portait Caleb sur elle, sur Marie. Elle se demandait bien comment c’était possible ? Une seule personne, une seule, pouvait parvenir à vous changer ? Vraiment ?  

 

Marie se mis à sourire ; évidemment ! Il suffisait de regarder autour d’elle, de penser à toutes les personnes qui l’entouraient pour comprendre qu’une seule âme peut vous faire découvrir la vôtre. Ou même à l’inverse, la détruire.  

 

Marie sentit soudainement un baiser être déposé sur son genou et sa cigarette être ôtée d’entre ses doigts pour que Caleb puisse les agripper au sien. Il ferma ses yeux et captura ses lèvres, passionnément. Puis, elle se sentit être portée comme une princesse et être déposée délicatement sur le lit. Marie se sentait la personne la plus importante du monde en cet instant. Il avait ce don de la toucher et de l’embrasser si passionnément qu’elle se demandait comment la terre ne pouvait pas trembler aux vibrations intenses que faisaient tout son corps et son cœur.  

 

Marie commençait à voir les rayons du soleil transpercer les rideaux de la chambre ; Caleb allait bientôt devoir se préparer et partir… Partir loin d’elle, vers une destination qu’il n’aurait pas le droit de lui dire, pour une mission qui durerait un temps indéfinissable et pour laquelle elle ne saurait s’il risquait sa vie ou pas. Son cœur si chaud et si léger devint subitement lourd et froid ; elle réalisait seulement à quelques heures de son départ qu’elle n’avait pas du tout envie de le voir s’en aller… Voilà bien pourquoi elle s’était refusée à l’amour ; c’était un sentiment si dur et cruel.  

 

Caleb mordit dans son cou ; il se sentait abandonné depuis quelques minutes ; il avait devinait que Marie était seule avec elle-même dans ses pensées moroses. Il colla son front au sien et lui sourit tendrement. Elle ne savait pas à quel point pour la première fois de sa vie, Caleb n’avait aucune envie de partir et que tout son esprit n’était concentré que sur elle… Voilà bien pourquoi une relation intime dans son métier était compliquée à gérer ; il fallait se donner à fond, sans qu’il ne soit « parasité » par quoi que ce soit, ou quiconque. Mais c’était plus fort que lui, Caleb était irrésistiblement attiré par cette femme de feu ! À la fois si forte, mais surtout si terriblement sensible.  

 

Caleb plongea son regard dans le sien ; sentir ainsi son cœur battre contre sa poitrine était pourtant un sentiment bien plus excitant et vivant que de se faufiler dans la peau d’un autre pour combattre le crime. Le ciel seul savait à quel point il était fier de son métier ; mais posséder cette femme dans ses bras, Marie, elle, c’était encore plus intense.  

 

- Marie… murmura-t-il  

 

Un mot, elle n’avait qu’un seul mot à dire pour qu’il reste, pour qu’il ne parte pas. Marie l’avait compris, mais elle ne pouvait pas être égoïste. Il sauvait le monde en quelque sorte, il contribuait à sauver des vies, comme il avait sauvé celle de sa petite sœur et elle se sentirait si égoïste de le garder rien que pour elle, même si elle en avait envie, en mourrait d’envie.  

 

« 𝗩𝗶𝗯𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 ».  

 

- Tu as… ton téléphone sonne…  

 

Caleb entendit effectivement son téléphone vibrer sur la table. Il tourna le regard et s’aperçut que c’était son mobile de fonction qui vibrait ; il devait donc se lever et répondre impérativement. Il se leva, chopa son téléphone, décrocha, et se rassit sur le lit, près de Marie, posant sa main gauche sur sa cuisse ; il avait décidément bien des difficultés à la quitter.  

 

- Lieute… Agent Singh j’écoute !  

 

Marie vit Caleb écarquiller les yeux de surprise ; on lui annonçait visiblement quelque chose d’important au téléphone, mais vu son air, ce n’était pas une bonne nouvelle.  

 

* * * * *  

 

Ryô ne cessait de bailler de manière grossière et bruyante tout en essayant de garder sa concentration au volant de sa Mini-Cooper. Il se dirigeait avec Kaori au café Cat’s Eyes et visiblement, seule sa partenaire se souciait de cet appel de Falcon, sommant City Hunter de se rendre au café en leur signifiant qu’un « client » les attendait.  

 

- Tu ne trouves pas ça curieux Ryô ?  

- C’est déprimant…  

- Comment ça ?  

- Un homme ? Après la nuit que j’ai passé, je méritais une mission confiée par une belle miss mokkori qui m’aurait donné toute la tendresse que je mérite !  

 

Kaori aimait Ryô, elle l’aimait plus que tout en ce monde. C’était un homme merveilleux, et qui la rendait très heureuse… Mais là, maintenant, tout de suite, il lui tapait sur les nerfs ; elle n’avait plus l’habitude d’avoir à faire à ce Ryô « là », turbulent, fuyant, piquant, mais que pouvait-il bien cacher d’aussi effrayant pour se comporter comme le dernier des crétins ? Est-ce qu’il savait qu’au lieu de la divertir, il l’inquiétait encore plus.  

 

Ryô et Kaori pénétrèrent dans le café ; Miki était en train de faire la vaisselle que Falcon essuyait et rangeait. Kenji préparait des sandwichs pour des clientes – très mignonnes pensa Ryô. Falcon leur fit un signe de tête, le client était assis de dos à la dernière table sur la droite.  

 

City Hunter s’avança sans trop de méfiance, leurs amis paraissaient calmes et aucune aura meurtrière n’étouffait l’atmosphère. Sans parler du client qui ne dégageait rien d’hostile. Ryô se positionna devant le client, grimaçant, dégoûté d’avoir affaire à un homme. En réalité, il scanna la beauté et l’élégance de ce jeune trentenaire tassée qui était tout à fait le style de Kaori.  

 

- City Hunter je présume ? Je suis Kyo Zabu…  

 

Le jeune homme se leva et s’inclina devant le couple de nettoyeur. Ryô et Kaori le trouvèrent très poli et propre sur lui. Il portait un costume trois pièces d’une grande marque de vêtement, la peau impeccable, des yeux en amende bienveillants, sans parler de son allure élégante. Bref ! Il ne débordait rien de ce jeune homme, tout le contraire de Ryô, pensa Kaori.  

 

- Bon, qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? demanda Ryô, s’agaçant des rougeurs de Kaori  

- Je souhaiterais que vous retrouviez un homme pour moi !  

 

Kaori sentit le courant d’air du corps de Ryô se levant brusquement. Déjà qu’il n’était pas avenant pour accepter une mission venant d’un homme ; voilà qu’il proposait en plus de rechercher un autre homme ! Kaori aurait pu pouffer de rire, mais elle se contenta de le garder à l’intérieur de sa tête, car Ryô devint subitement très grossier.  

 

- Est-ce que c’est l’amant de votre femme ? questionna Ryô, non chaland  

- Ryô ! Excusez-le…  

- Désolé, je reformule ma question… Est-ce qu’il y a une histoire de femme là-dessous ?  

- On peut dire ça…  

- Écoutez, vous avez l’air blindé de tune, alors divorcez, et laissez là avec son amant, d’accord ! Au revoir !  

- Ryô !  

 

Kaori s’agaçait. Elle pouvait parfaitement observer que son bien-aimé fuyait non pas la mission donné par un homme, mais la mission que souhaitait confier "cet" homme. Mais qui était-il ? Son nom ne disait rien à Kaori… Est-ce ça concernait la pègre ? Des yakuzas ? Qu’est-ce que loupait la partenaire de City Hunter pour que sa moitié soit autant sur la défensive ? À moins que ?  

 

- C’est mon beau-père que je veux retrouver…  

- Et qui est votre beau-père ?  

 

Kaori se leva de toute sa grandeur d’âme en posant « la » question. Parce qu’elle avait une âme imposante, une gentillesse débordante et un cœur rempli d’amour et d’affection. Ryô réalisait qu’il ne pouvait rien lui cacher… Il le savait déjà. Mais il était constamment étonné de sa perspicacité due à son grand cœur. Lui qui avait grandi dans les méandres de la guerre civile ; et même avec une meilleure vie depuis quelques années ; il ne réalisait pas que cette femme si forte et qu’il admirait pour tout ce qu’elle était lui avait confié son cœur.  

 

- Da Shen-Yeng…  

 

Le silence ce fit dans le café, sous les yeux inquiets des clientes. Kyo Zabu était donc le mari de la fille de Da Shen-Yeng ; Hua. L’instinct de Ryô ne l’avait pas trompé ; l’intonation de voix et le regard de Kenji en pénétrant dans le café non plus. Cet homme ne dégageait aucune aura meurtrière, ce n’était pas un assassin et pourtant… Il se dégageait quelque chose de lui de l’ordre du surréaliste, comme si sa colère pouvait prendre forme et se voir, s’observer à l’œil nu.  

 

Ryô dû réfléchir assez rapidement ; il était dans une situation délicate, et il n’aimait pas ce rôle par ailleurs. Malgré sa carapace, tout le monde connaissait son bon cœur. Et il détestait lorsque les sentiments des autres dépendaient de lui. Avoir fait patienter Kaori toutes ces années n’étaient pas sans conséquence sur lui… Il avait passé bons nombres de nuit tout seul, à vouloir être avec elle, à espérer, espérer trouver le moment pour s’unir à elle et être à ses côtés… Ce milieu est si cruel…  

 

- Pourquoi vouloir le retrouver ? Vous devez savoir où il se trouve ? questionna Kaori  

- Vous êtes une véritable professionnelle…  

- Répondez-lui ! s’approcha Kenji  

 

Ryô était certain que Kenji s’en mêlerait. Non seulement parce qu’il affectionnait Kaori et qu’il n’aimait pas qu’on la provoque. Et aussi parce que cette « nouvelle » affaire avec Da Shen-Yeng éveillait forcément son instinct de professionnel ; on évoquait l’homme qui avait ordonné de tirer sur Hélène il y a trois ans…  

 

- Mon beau-père est au soin intensif dans un Hôpital militaire…  

 

Da Shen-Yeng ne pouvait recevoir aucune visite. Ordre donné pour sa sécurité. Et cet ordre fit tilt à Kenji… Shen-Yeng n’avait pas été condamné pour ses faits et de ce fait, personne ne pouvait intenter à sa vie, bien qu’il fût toujours profitable d’éliminer un tout puissant. Mais qui ? Qui voudrait éliminer Da Shen-Yeng ?  

 

Kenji se tourna vers Ryô… Il était bizarre… Il ne disait rien et laissait Kaori faire. D’ailleurs, pour un homme qui fuyait il y a quelques minutes, soudainement, il avait l’air plus concentré et attentif aux propos de Kyo Zabu. Qu’est-ce que cachait Ryô ? Il était aussi mal à l’aise qu’un éléphant essayant de rentrer dans une cabine téléphonique. Qu’est-ce qu’il se tramait à la fin ?  

 

- Soyez plus clair s’il vous plaît… ? insista Kaori  

 

Kenji observa Ryô ; dès lors que sa partenaire était curieuse, il serrait la mâchoire. Il finit par comprendre que plus Kyo en dirait, plus Ryô risquait de craquer… Il cachait bien quelque chose, quelque chose à propos de Shen-Yeng ? Mais quoi ? Et pourquoi ? Ryô devait au moins détestait cet homme autant que lui ! Qu’est-ce qui le poussait à le protéger ?  

 

- Écoute Kaori, je ne veux pas de cette mission où ça pue la testostérone ! râla Ryô  

- Quoi ?  

- Je n’ai pas changé d’optique, je ne veux que des missions miss mokkori !  

 

Ryô prit son air pervers pour tromper son monde, mais ça ne prit pas ; ni pour Kenji, et encore moins pour Kaori qui connaissait par cœur l’homme qu’elle aimait. Cette mission le mettait tant tous ses états ! Pire. Dans l’embarra…  

 

- City Hunter refuse la mission, mais pas moi, j’accepte votre demande ! répliqua Kenji  

- De quoi tu te mêles blanc-bec ? se fâcha Ryô  

- Et toi ? Qu’est-ce que tu fais encore là ? Cette mission de n’intéresse pas que je sache ?  

 

Kenji et Ryô s’affrontèrent du regard quelques secondes. Ils se respectaient et s’appréciaient, mais il y avait clairement une distance entre eux en cet instant. Kenji n’arrêtait pas de jongler entre le fait que Ryô était distant avec Hélène et le fait qu’il refuse de près ou de loin une mission concernant Da Shen-Yeng. Après tout ce qu’ils avaient vécus, ça ne le rendait pas curieux que le chapitre Shen-Yeng ne soit pas encore clos ?  

 

Kenji prit place aux côtés de Kaori ; exprès pour provoquer Ryô ; il prenait en otage la partenaire de City Hunter.  

 

- Précisez votre demande ! demanda Kenji  

 

Hua ; sa fille ; réclamait son grand-père adoptif. Elle voulait le voir, car elle s’inquiétait beaucoup pour lui. Et si Kyo connaissait la situation de son ex-beau-père, il ignorait où se situait cet Hôpital militaire. Il désirait par conséquent savoir où il était exactement et s’entretenir avec lui pour convenir de son état et savoir si Hua pouvait ainsi lui rendre visite.  

 

Kaori pensa à cette petite fille qui mourrait d’envie de voir son grand-père et sûrement de prendre soin de lui comme une adulte alors qu’elle n’était qu’une enfant. Mais si la sensibilité atteignit la partenaire de City Hunter, Kenji et Ryô, eux, ne furent pas dupes. Car bien qu’ils décèlent une vérité concernant le souhait de l’enfant, la priorité de Kyo était sûrement d’avoir une explication avec son ex-beau-père sur le décès de sa défunte femme. Shen-Yeng allait sûrement quitter le pays et ne pas revenir avant un moment, si ce n’est jamais. On lui avait menti sur le décès de sa femme, et il désirait entendre la vérité de la part de l’homme qui l’avait tué – accidentellement. Kenji et Ryô ne purent que le comprendre… Mais pourquoi Ryô semblait si mal à l’aise dans ce cas ?  

 

- J’accepte votre mission… confia Kenji  

- Moi aussi ! insista Kaori  

- Du moment que quelqu’un parvient à retrouver Shen-Yeng !  

- Je t’ai dit non Kaori ! répliqua Ryô, un peu plus sèchement  

- Désolée Ryô, mais je change de partenaire pour cette mission ! Si tu veux bien Kenji ?  

- Être le partenaire de City Hunter sera un privilège…  

 

Kenji affronta à nouveau Ryô du regard ; il savait pertinemment comment le provoquer et le faire basculer. Ce n’était pas personnel, mais à choisir entre résoudre une énigme qui faisait souffrir Hélène ou alourdir le poids de Ryô, son choix était vite fait. Il attrapa son mobile et appela la personne qui lui semblait être la plus à même de pouvoir localiser Shen-Yeng.  

 

* * *  

 

Marie regardait Caleb s’habillait aussi rapidement qu’une étoile filante. Bien sûr, il n’avait rien dit sur l’objet de son appel, mais il semblait très perturbé et surtout, déjà très concentré. Que pouvait-il déjà bien se tramer à la Guoanbu ? Qu’importe… Marie faisait tout pour que la brûlure de son cœur passe inaperçue, mais la vérité fut trop vive ; Caleb lui manquait déjà…  

 

- Tu peux profiter encore de la chambre si tu veux…  

- Ça n’a pas grand intérêt toute seule…  

 

Marie se mis à piquer un phare ! Était-ce bien elle qui venait de dire cette phrase ? À voix haute de surcroît ? C’était bien la première fois qu’elle laissait parler son cœur, ou plutôt qu’elle n’était pas parvenue à le faire taire. Caleb s’approcha d’elle et la coinça entre la table et lui. Elle était encore en sous-vêtement, ses cheveux détachés, elle était si irrésistible… Et ce doux cœur qui venait de pointer le bout de son nez derrière ce bouclier bien forgé.  

 

- Je… Je voulais juste dire…  

 

Marie fut interrompue par la sonnerie de son téléphone. Caleb pointa son regard sur l’émetteur de l’appel ; Kenji. Décidément, il tombait toujours mal celui-là ! Caleb savait qu’ils étaient seulement amis et que l’ancien yakuza aimait Hélène plus que tout au monde. Mais il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir un sentiment de jalousie envers cette parfaite complicité qu’ils possédaient tous les deux. Alors avant que Marie ne décroche et qu’il laisse de l’intimité, il mordit son cou.  

 

- Allô ? dit-elle faiblement, emportée par le bien-être de sa peau au contact des lèvres de Caleb  

- Je suis devant le zoo !  

- Amélie ? Elle doit être à son cours de yoga…  

- Caleb est avec toi encore ?  

- Déborah peut y aller !  

- Ok ! Je veux que tu le suives dès qu’il s’en va…  

- Non, non, pas de problème, je l’emmènerais à l’entraînement de basket !  

- Je te remercie, je t’expliquerais plus tard pourquoi…  

- J’espère bien ! Je fais tout pour être sa « tata » préférée !  

- C’est le cas déjà… Tiens-moi au courant !  

- Oui papa gâteau ! À tout à l’heure !  

 

Kenji raccrocha sous l’incompréhension de tous. Visiblement Marie était encore en compagnie de Caleb, avait-elle été suffisamment discrète ?  

 

- Tu as peut-être la partenaire numéro un, mais moi, j’ai la meilleure !  

 

Lorsqu’ils travaillaient ensembles sur des missions de repérage ou d’infiltrée et qu’ils avaient absolument besoin de s’échanger des informations ou de modifier des ordres alors qu’ils étaient en compagnie de l’ennemi, l’un ou l’autre commençait sa phrase en indiquant qu’il attendait devant un lieu. Ils échangeaient alors une banale conversation et selon l’intonation de voix, ils comprenaient si la réponse était « oui » ou « non ».  

 

Kaori fut admirative. Kenji et Marie avait une parfaite osmose et surtout, c’était de vrais professionnels. Ils savaient improviser, et apprivoiser la situation qu’importent les circonstances. Une confiance aveugle régnait… Et beaucoup d’affection aussi pour atteindre ce niveau de complicité dans le milieu.  

 

Marie raccrocha. Caleb vint la serrer contre lui et déposa un baiser sur son épaule dénudée ; c’était l’heure de partir. La bonne nouvelle, c’est qu’il allait sûrement rester plus longtemps que prévu et qu’ils se reverraient à nouveau avant son départ… Enfin, si elle le voulait bien ?  

 

Marie se tourna vers lui ; soucieuse. Pourquoi Kenji demandait à Marie de suivre Caleb ? Est-ce qu’il se tramait encore une affaire ? Est-ce qu’Hélène était encore et toujours en danger ? Elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter… Et pour sa petite sœur et pour Caleb… Leur relation commençait à peine qu’elle devait déjà lui mentir et en plus le traquer ! Elle essaya de reprendre ses esprits en se disant que Kenji était un homme lucide et qu’il avait de bonne raison et puis… Depuis quand était-elle sentimentale ?  

 

- Je pensais que c’était clair… On ne se promet rien non ?  

- Ce n’est pas une raison pour fuir subitement…  

 

Marie ouvrit grand les yeux ; Caleb la connaissait déjà très bien. Il avait repéré son soudain air froid, elle remontait le pont levis pour protéger son cœur. Caleb savait pertinemment que Marie avait énormément souffert dans sa vie, et qu’elle avait laissé beaucoup d’elle derrière les épreuves. Mais il ne voulait rien de plus que son bonheur, et surtout, être celui qui continuerait de la faire rougir ; il serait donc le plus patient des amants.  

 

Caleb embrassa Marie au coin des lèvres et la laissa avec ses pensées. Il n’omit pas de la provoquer cependant,  

 

- Je t’appelle !  

 

Caleb disparu derrière la porte. Il fallut à Marie quelques secondes pour redescendre de son nuage et enfiler l’armure de nettoyeuse. Elle courut dans la salle de bain se rafraîchir, et se vêtir. Marie regarda son reflet dans le miroir et toucha ses cheveux ; il s’y était accroché l’arôme du parfum de Caleb… Elle cligna des yeux et sortit de la salle de bain pour venir recharger son arme et la glisser dans son holster.  

 

Marie se rendit ensuite dans le parking de l’Hôtel ; s’excusa par avance ; et emprunta – vola – une moto. Il fallait qu’elle rattrape rapidement Caleb et qu’elle puisse également se faire discrète. Sortant du garage privé, elle repéra la voiture de son amant arrêté à un feu rouge.  

 

La traque commença.  

 

 


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