Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 13 capitoli

Pubblicato: 09-02-18

Ultimo aggiornamento: 20-11-21

 

Commenti: 20 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Trois années ce sont écoulées depuis la disparition de Vlad Lowski. Ryô et Kaori veille à nouveau sur la ville en City Hunter, entre crime de déraison et de passion. Hélène, de son côté, a essayé de tenir sa promesse « vivre comme toutes les jeunes filles civiles ». Y est-elle parvenue ? Est-ce que sa vie continuera sur le chemin de l’intégrité, ou devra-t-elle se contenter du plus sombre de son passé ? Entre présent, avenir et ombres déguisés, tous les dés n’ont pas été jetés.

 

Disclaimer: Les personnages de "Appassionata (suite d'Amour Ultime)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Appassionata (suite d'Amour Ultime)

 

Capitolo 12 :: Chapitre 10 : « L’œil dans le viseur » 1/3

Pubblicato: 09-07-20 - Ultimo aggiornamento: 14-11-21

Commenti: DIDINEBIS : Coucou à toi!! Je suis toujours heureuse et souriante lorsque je lis tes commentaires. Quel plaisir de voir que tu es à fond dans ma fiction... Je suis contente d'avoir su tenir le suspens pour le sort d'Hélène. Par contre, je te laisse le soin de lire ce nouveau chapitre, car ; petite subtilité concernant le "meurtre" d'Eduardo Florès. Mais effectivement, j'ai voulu terminer sur une note douce... mais est-ce pour longtemps ? haha ! Je te remercie de ce beau compliment. Je trouve les scènes d'action si pointilleuses et si difficiles à écrire, je suis heureuse de savoir que je m'en sors pas mal finalement mdr. Merci à toi de ta fidélité. Et bien (malgré le temps qui me manque, comme d'habitude) j'ai beaucoup de mal a laissé mes personnages ; alors je pense qu'elle va durer encore un peu cette fiction... En tout cas, j'espère que ce chapitre là te plaira aussi. Bien amicalement (en espérant que la santé soit bonne avec les évènements). Bises! ;)

 


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Chapitre 10 : « L’œil dans le viseur » 1/3  

 

 

 

Hélène s’amusait de la patience de Kenji à disposer les composants de son déjeuner dans son bento. Difficile de croire qu’il pouvait tenir une arme à feu dans les mains ou être un ancien yakuza ; avec elle, il était d’une patience et d’une tendresse encore intimidantes. Même si elle avait remarqué que depuis qu’elle était sortie de la clinique du Doc, Kenji semblait avoir toujours une pensée dans le vide, il donnait l’impression de se retenir de lui dire quelque chose. Il avait pourtant insisté pour qu’ils n’aient plus de secret l’un envers l’autre. Peut-être était-ce trop difficile pour lui ? Peut-être qu’à la simple idée de lui annoncer sa pensée ; ça le faisait souffrir ?  

 

- C’est prêt ! Et n’oublie pas de le manger…  

 

Hélène ne pouvait pas résister à la bienveillance de cet homme. Elle agrippa son cou de façon sauvage, un geste farouche qui lui ressemblait peu, et l’embrassa amoureusement. Kenji ne résista pas longtemps à cet acte luxurieux et se pressa de la coincer contre le frigo. Elle jouait un jeu dangereux ; ignorait-elle son appétit pour la chair, sa chair, pour son corps, pour sa nuque, pour son cou – qu’il croqua. Elle allait arriver en retard, très en retard, il avait envie d’elle, jamais rassasié, malgré qu’il n’avait cessé de lui faire l’amour depuis son retour. Ça ne sera jamais éternellement assez.  

 

- Kenji… souffla chaudement Hélène, essayant de se défaire de son étreinte. Je dois y aller…  

- Tu m’allumes et tu oses me dire que tu dois y aller… dit-il, passant sa main sous son tee-shirt, amusé.  

 

Kenji n’avait aucunement envie de la laisser s’en aller. Il voulait la consumer entre le frigo et le placard à vaisselle. La passion ; c’était la définition de leur amour ; plus ils s’échappaient, plus ils s’aimaient en se retrouvant. N’empêche qu’il n’avait pas envie d’attendre ce soir pour unir son corps au sien. Il était certain en plus de ça, qu’elle allait rentrer à une heure tardive, étant donné qu’elle reprenait le travail après des jours d’absences – qu’elle avait justifié par une grippe.  

 

- Tu as une minute pour t’enfuir ! dit-il, entre deux baisers.  

 

Hélène se faufila d’entre ses bras ; avec un grand regret. Elle aurait aimé prolonger ses moments d’intimité qu’ils avaient eu ces derniers temps ; rien que lui et elle. Mais elle mourrait d’envie aussi de retrouver ses patients, et d’accomplir son devoir de médecin en externat.  

 

- À ce soir Kenji…  

 

Kenji observa sa petite-amie par la fenêtre ; elle rejoignait l’arrêt de bus. Ce que le nettoyeur observa surtout, c’était l’environnement qui entourait sa bien-aimée ; plus personne ne semblait la suivre, plus personne ne paraissait veiller sur elle, et ça l’inquiétait un peu… Elle resterait la petite-fille de Vlad Lowski, même si elle s’était empressée de se débarrasser de son héritage. Il y avait tout un cercle mafieux qui depuis sa mort convoité sûrement sa place, où ses anciens contacts, ou même des informations qu’il possédait. Et puis, surtout,  

 

- Est-ce que tu as tué Eduardo Florès… ?  

 

Kenji n’y croyait pas. À sa sortir de clinique, elle avait souhaité rester au calme, se reposer, être auprès de sa famille, de ses amis, et de lui… Elle n’avait aucun signe de perturbation, de post-traumatique après avoir tiré sur un être humain, elle ne faisait pas de cauchemar, et ne semblait aucunement perturbée. Mais elle ne posait pas non plus de question sur ce qu’il s’était passé dans cette pièce, elle ne revenait pas sur les évènements ; elle ne souffrait donc pas d’amnésie bien qu’elle avait eu un gros choc sur la tête.  

 

Kenji avait quand même des difficultés à penser qu’Hélène puisse être aussi insensible après avoir tué un homme ; même s’il s’agissait d’un criminel qui avait mérité sa tombe. En réalité, et bien qu’il lui portait un amour démesuré, il avait fini par se dire que sa léthargie était dans ses gènes, dans son sang ; il n’oubliait pas qui était ses deux parents. Elle avait un goût pour le danger, elle n’avait pas froid aux yeux, elle adorait le quartier de Shinjuku et surtout, elle n’avait pas peur des yakuzas, et ça, bien avant de connaître son passé.  

 

C’était sa nature, sa double nature. Et Kenji connaissait bien sa sensibilité ; Hélène devait être complètement perdue entre sa vie de femme tout à fait normale, douce, généreuse, empathique, et son côté placide, une aura que seul le « milieu » pouvait donner.  

 

Kenji n’avait curieusement pas la force d’aborder le sujet avec elle ; il avait peur de ne pas être objectif. Il espérait que ses amis – leur famille – trouvent le moyen et les mots pour qu’elle dise ce qu’elle ressente vraiment face à son geste…  

 

Le mot « meurtrier » glaçait le sang de Kenji.  

 

. . . . .  

 

Hélène arriva à l’Hôpital, très bien accueilli par ses collègues qui étaient heureuses de la revoir ; surtout que les Urgences ne cessaient de déborder. Elle passa dans le bureau de son responsable, le Docteur Tada, pour quelques formalités liées à son absence et commença sa journée mouvementée d’externe.  

 

- Tu as un patient qui t’attends en salle trois ! indiqua l’une de ses collègues  

- J’y vais !  

 

Hélène avait perdu son sourire de ce matin. Le Docteur Tada s’était montré compréhensif quant à son absence, mais il craignait que cette grippe ne soit le signe des prémices de sa fatigue. Elle forçait, travaillait trop, voulait en faire plus que les autres, et il lui rappela qu’elle n’était encore qu’une externe et que le chemin pour devenir médecin serait encore long et épuisant. Elle se devait par conséquent de faire plus attention à elle, à sa santé, si elle voulait continuer ses études, où il émettrait un véto et en informerait l’université.  

 

Elle faisait décidément tout de travers.  

 

- Et bien Doc’ junior, tu en fais une tête ?!  

 

Hélène pénétra dans la salle de suture et fut heureuse d’apercevoir Mick. Elle se précipita immédiatement vers lui, et demanda des nouvelles de sa main. L’amputation c’était très bien passé, le Doc avait fait de l’excellent travail, c’était le meilleur du milieu. Pour la greffe, il devrait encore attendre, le Doc avait bien des contacts, mais il se demandait s’ils exerçaient encore.  

 

- Et est-ce que ça va…  

 

Mick fut touchée par la douceur de sa question : elle voulait savoir comment est-ce qu’il allait moralement. « Plutôt pas mal ». Difficile pour lui de faire le deuil de sa main. Il perdait avec elle la possibilité d’aider ses amis lors de mission, de protéger à mille pour cent Kazue, il ne pouvait plus faire certaine chose dans le quotidien, mais ce n’était qu’une question de temps et d’habitude.  

 

- Il n’y a pas que ça… dit-elle, s’asseyant pour lui faire un nouveau pansement  

 

Mick s’étonnait constamment de sa maturité, mais après ce qu’elle venait de traverser, comment pouvait-il encore s’en surprendre ? « C’est vrai ». Il n’y avait pas que le fait de ne pas pouvoir porter une arme, ou un carton de livre. C’était surtout son identité de nettoyeur qu’il perdait… Une partie de lui qui s’était envolée le jour où il avait compris que cette main et ce bras, brûlés par une forte décharge électrique, lui ôterait à jamais ses capacités, et donc, ce qu’il était. Ceux pourquoi il était fait.  

 

- Vous pourrez vous en servir d’excuse lorsque Quentin vous battra au basket !  

 

Hélène ironisa devant l’air abattu de Mick ; il sourit instantanément. Et il culpabilisa aussi. Il adorait la présence de sa protégée, mais ce pansement aurait très bien pu être fait par le Doc, ou même sa femme. En vérité, il était venu pour lui parler, pour lui parler de la mort d’Eduardo Florès, et du fait qu’elle… « Non », difficile à croire, difficile de croire que la toute jeune femme qui n’avait pas décroché son sourire depuis qu’elle l’avait aperçu puisse avoir tué un homme de sang-froid sans en ressentir les prémices.  

 

Mick se souviendrait à jamais du premier homme tombé sous le feu de son arme, et personne ne pouvait en ressortir complètement entier. C’était une sensation de puissance, de liberté, mais aussi un sentiment de froideur, comme si rien ne pouvait être plus comme avant. Même si bien évidemment, ce truand Mexicain avait sa place en enfer, même si elle n’avait fait que se défendre face à cet homme abjecte, monstrueux, il connaissait sa sensibilité, sa profonde empathie, Hélène ne pouvait pas ne rien ressentir après cette épreuve ?  

 

Mick ne pouvait qu’en conclure que ce n’était pas elle qui avait tiré sur Eduardo Florès, mais la réalité laisser entendre qu’il n’y avait qu’elle et lui – les informaticiens auraient été incapables de le tuer – dans cette pièce, et qu’il ne s’était pas lui-même donné la mort.  

 

Mick se sentit lâche. Il n’avait pas le courage d’aborder le sujet avec elle ; il préférait égoïstement garder son sourire pour lui, sa bonne humeur et de repartir avec ses doutes.  

 

. . .  

 

L’heure du déjeuner sonna pour Hélène. Elle décida de ne pas broncher et de laisser l’un de ses camarades s’occuper d’un patient qui venait d’arriver. L’air de cette fin du mois d’avril étant doux, elle décida d’aller s’installer sur l’un des bancs de l’Hôpital à l’extérieur et se hâtait déjà de goûter au repas préparé par Kenji.  

 

- Si c’est pas de l’amour ça !  

 

Hélène ricana à la réflexion moqueuse de sa sœur aînée, et s’empressa de se lever pour l’embrasser affectueusement. Marie l’étreignit, le cœur serré, elle était visiblement heureuse de la voir. Elle s’assit à ses côtés, tout en volant un beignet de crevette dans son bento. Elles papotèrent du quotidien : la reprise du travail pour Hélène, ses retrouvailles avec Kenji, son moral ; elle semblait en pleine forme.  

 

Marie écoutait sa petite-sœur dans le vague, elle ne cessait de penser comme Mick – qui l’avait tenu au courant par message – elle ne pouvait pas avoir tiré sur Eduardo Florès et ne pas désirer même en parler, l’évoquer, dire ce qu’elle avait ressenti. Elle n’avait pas le cœur d’une jeune femme capable de retirer la vie et d’en ressortir indemne.  

 

- Dis Marie, je peux te poser une question ?  

 

Marie observa de la malice dans ses yeux ; elle retrouvait sa nature adorable et friponne. À quoi pouvait-elle bien penser pour arpenter son visage espiègle, cet air roublard.  

 

- Est-ce que tu as pu te rapprocher du lieutenant Singh ?  

 

Marie recracha l’eau qu’elle comptait avaler pour s’hydrater. Elle s’étouffa, honteuse, rougissante, et pas seulement à cause du manque d’oxygène à son cerveau, mais parce qu’elle était très, très intimidée par cette question. Hélène pouffa de rire. Marie et son armure de fer, facilement atteignable lorsqu’il s’agissait d’amour… Elle savait bien que le lieutenant Singh aimait beaucoup sa sœur, et elle se souvenait encore de son visage à l’air déçu et triste lorsque Marie l’avait repoussé il y a trois ans suite à son départ. Les épreuves des derniers jours avaient dû remuer le passé, les lier à nouveau à ce coup de foudre réciproque.  

 

- Quel coup de foudre réciproque ? s’agaça Marie, intimidée  

- Tu es encore amoureuse de Kenji…  

 

Marie fut étonnée d’entendre sa petite-sœur poser cette question : « absolument pas ». Elle rassura immédiatement Hélène ; Kenji était son meilleur ami, et il n’y a rien qu’elle ne ferait pas pour lui. Mais c’était un sentiment fraternel, ce qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre n’avait rien avoir avec le véritable amour.  

 

- Tu es la seule femme qui pouvait le sauver de ce monde des yakuzas… sourit Marie  

- Le véritable amour… répéta Hélène, tendrement  

- C’est ça !  

- Tu as l’air de profondément penser ce que tu dis ! taquina Hélène, posant ses mains sur les jambes de sœur  

- Quoi ? Mais non ! Je parlais de toi et de Kenji !  

- Menteuse !  

 

Cachée derrière un arbre du parc, Kaori observait le tableau sororal qui se présentait à elle. Marie et Hélène se taquinaient, se charriaient – Hélène insistait avec le lieutenant Singh – riaient ; une image improbable il y a à peine quelques années. Et pourtant, aujourd’hui, elles semblaient complètement s’être découvertes et s’aimer éperdument. Elles pouvaient complètement se faire confiance, malgré encore quelques silences inavoués.  

 

Marie avait proposé à Kaori de les rejoindre pour le déjeuner, mais elles semblaient bien trop complices pour briser cet instant entre sœurs. Elle fit demi-tour silencieusement – mais pas assez discrètement pour l’oreille professionnelle de Marie.  

 

Kaori enviait un peu ses deux amies ; elles avaient un lien particulier et fusionnel qui lui rappelait celui qu’elle avait avec son propre frère ; Hideyuki. Les années pouvaient bien passer, mais le pincement à son cœur lorsqu’elle pensait à lui était toujours aussi douloureux.  

 

Les pas de Kaori menèrent la moitié de City Hunter au cimetière. Elle s’accroupit devant la tombe de son frère et la caressa du bout des doigts. La sagesse d’Hideyuki, son flegme, son goût de la justice, sa tendresse, surtout, manquait à Kaori. Parfois, elle aimerait encore poser sa tête sur son épaule et sentir son regard doux se poser sur elle.  

 

Kaori n’avait pas souvent des pensées nostalgiques, surtout depuis qu’elle formait un couple avec Ryô ; il savait très bien repérer de loin ses moments arriver et les désamorcer rapidement ; par une bêtise ou un geste pervers ; un éternel timide. Mais ces derniers temps, Ryô était un peu bizarre, un peu étrange. Elle ne dirait pas distant, mais plutôt insaisissable, comme s’il avait peur d’être pris sur le fait.  

 

Ryô se trompait s’il pensait pouvoir dissimuler à Kaori que quelque chose le tracasser, l’empêcher d’être complètement lui-même. Elle n’était pas en colère ou déçu qu’il lui cache un secret ; elle savait pertinemment qu’il le ferait pour la protéger. Mais ce secret-là paraissait comme l’étouffer… Que pouvait-il bien garder pour lui de si grave…  

 

- Ce n’est pas très prudent d’être sans votre moitié. City Hunter…  

 

Le cœur de Kaori rata un battement ; elle reconnue la voix d’Ecchi. Elle se releva et se retourna vers lui ; il était dans un fauteuil roulant où pendaient des perfusions et le côté de son visage paralysée, entouré dans un foulard. Bien évidemment, il n’était pas seul ; il avait son bras-droit à ses côtés, et d’autres gardes à l’entrée du cimetière.  

 

Kaori ne ressentait pas particulièrement de danger, mais elle se demandait bien ce qu’il faisait ici ; cet homme devait rarement sortir, c’était une proie bien trop facile à découvert.  

 

- Je venais me recueillir sur la tombe de votre frère bien sûr… dit-il, un grand sourire  

 

Kaori tiqua un peu ; cet homme était le fils de l’homme qui avait fait assassiner son frère adoré. Il était aussi l’ancien patron de Kenji, qui l’avait missionné pour l’éliminer à son tour. Ecchi cherchait visiblement à l’agacer, pour qu’elle soit moins sur la défensive, mais ça ne prendrait pas.  

 

- Comme vous êtes là, j’en profite pour vous remercier d’avoir sauvé mon amie…  

- Je comprends pourquoi cette femme est ta partenaire Ryô… Finaude et rusée !  

 

Kaori vit son bien-aimé escalader le mur de pierre et venir vers eux ; il était donc là. Son instinct de nettoyeuse n’était pas encore assez développé pour reconnaître son aura ; où plutôt était-elle bien trop dans la mélancolie pour sentir ou deviner ce qu’il se tramait autour d’elle.  

 

- C’est rare de te voir à découvert ! Que fais-tu là, réellement ? questionna Ryô, insidieux  

- Pour être honnête, je voulais discuter un peu plus avec ta partenaire, mais maintenant que tu es là !  

 

Ecchi fit un signe de la main et ordonna à son bras-droit de pousser son fauteuil ; il était temps de partir. Le chef de gang piqua la curiosité de Kaori ; pensait-il qu’il pouvait insinuer une fantasque conversation et partir sans même évoquer le sujet ?  

 

Ryô vit sa partenaire le rattraper sans qu’il ne puisse réagir. Kaori se planta devant lui, le regard perçant, sérieux et contrariée. De quoi voulait-il parler avec elle ? Quel était ce sous-entendu, et puis surtout, pourquoi avoir souhaité ne parler qu’avec elle ? Pourquoi ne pas inclure son bien-aimé ? Elle était maintenant convaincue qu’il allait évoquer ce secret qui pèse sur Ryô.  

 

- Vous savez où me trouver, Makimura ! provoqua Ecchi, snobant Kaori  

 

Ecchi comptait semer le doute ; diviser pour mieux régner ; d’une autre façon, mais puisqu’il était impossible de décoller ce yin et ce yang ; autant semer la zizanie d’une autre manière, plus subtile et encore plus rageante que d’avoir eu des bribes de conversation.  

 

Ryô se rapprocha de sa partenaire et posa une main sur son épaule ; mais ce qu’il redoutait arriva ; elle s’interrogea. Kaori se tourna vivement face à lui, les sourcils froncés, ses pensées dupées par Ecchi ; parfaitement ce que le yakuza espérait d’elle.  

 

- Est-ce que tu es entrain de dire que je suis idiote Ryô ?  

- Non, ce n’est pas ce que je voulais sous-entendre… dit-il, désolée qu’elle pense ça  

 

Kaori abdiqua à l’intonation de la voix douce et calme de son bien-aimé ; il était sincère. Mais elle persistait. Ryô lui cachait quelque chose, un secret qui pesait lourd sur sa conscience ; il était distant, d’humeur constamment ironique ; « ok ». C’était ce qu’était le nettoyeur d’ordinaire, mais elle sentait bien tout au fond de son ventre que l’homme qu’elle aimait n’était pas comme d’habitude.  

 

- Et mon instinct me dit que ça concerne Hélène ! Je vois bien que tu l’as fui…  

 

Ryô écarquilla les yeux ; Kaori ne cesserait donc jamais de l’étonner. Quelle femme ; quelle femme extraordinaire. Son cœur était si pur, si grand ; il n’y a rien qu’il ne puisse lui dissimuler ; l’amour qu’elle lui porte est bien trop imposant pour ça. Et ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance, ce n’était pas non plus un choix de sa part ; Ryô avait promis de garder le secret…  

 

Ryô fit un geste qui étonna Kaori et Ecchi qui était resté pour les observer ; il vola un léger baiser à sa partenaire. Comme ça, ici, à découvert… Ryô savait bien qu’excepté Ecchi, personne dans les environs ne les espionnaient, mais c’était curieux de sa part de prendre un tel risque.  

 

- Tout va bien partenaire ! Ne t’en fais pas pour moi…  

 

Ryô refusa d’affronter encore plus longtemps le regard morose et inquiet de Kaori et décida qu’il était temps de finir cette conversation et de passer prendre un café au Cat’s Eyes. La moitié de City Hunter ne put qu’abdiquer…  

 

* * * * *  

 

Huit heures du soir passées ; le Docteur Tada vint prévenir son élève que l’heure de rentrer avait sonné. La semaine prochaine, elle reprendrait les cours ; il ne voulait donc pas qu’elle s’épuise au travail. Et à son grand étonnement, Hélène ne broncha pas. Elle partit dans les vestiaires se changer et envoya un message à Kenji pour lui demander où il était : « encore au Cat’s Eyes ». Elle s’en réjouissait et prit le chemin du café.  

 

Mais en pénétrant dans le café, elle ne tomba que sur Falcon ; seul au bar en train d’essuyer des verres.  

 

- Bonsoir Falcon…  

- Grr.  

- Où sont les autres ? demanda-t-elle  

- Dans la cours de derrière, ils jouent au basket !  

- Ha… sourit-elle  

 

Falcon mit son torchon sur l’épaule, et déposa devant le nez d’Hélène ; une assiette remplie de petits sandwichs en forme de triangle, un verre de jus d’orange et une belle coupe de fruit ; il lui offrait le dîner. Hélène sourit davantage ; elle posa son manteau sur le dos de la chaise, grimpa et s’installa devant son repas.  

 

- Merci Falcon !  

- Grr… rougit-il  

 

Dissimulées derrière la porte qui menait de la cours de derrière au café, Amélie et Déborah pouffées de rire devant la tête rouge du cou jusqu’aux oreilles de Falcon. Cette masse musculaire dérobée un timide maladif. Les deux jeunes femmes se mirent d’accord ; il ne faudrait pas compter sur cette grosse peluche pour tirer les vers du nez à Hélène. Il n’oserait jamais l’importuner avec ce sujet. En prime, il avait répondu lorsqu’on lui avait demandé ce service : « aucune chance qu’elle l’ait tué ».  

 

- Non pas que je ne sois pas d’accord avec ce gros balourd, mais qui alors ? s’interrogea Amélie  

- Je ne vois pas pourquoi vous essayez de savoir ! Cet homme est mieux là où il est non ? lui répondit Déborah, s’allumant une cigarette  

- Évidemment ! Mais ce n’est pas normal qu’Hélène n’en parle pas !  

- Elle ne s’en souvient peut-être pas…  

- Tu penses à un choc post-traumatique ? Elle ferait de l’amnésie ? conclu Miki  

- Ça ne serait pas impossible… répondit-elle, crachant sa fumée de cigarette  

- Non, je n’y crois pas !  

 

Marie affronta le regard de Déborah ; pour elle, c’était une option même pas envisageable.  

 

- Marie, ta sœur a passé sa vie à faire de l’amnésie post-traumatique ! insista Déborah  

- Et elle avait une bonne raison, sa mère est morte devant elle ! s’emporta Marie  

- Calme-toi… Je ne suis pas en train de la juger… Je dis simplement que ça explique qu’elle n’évoque pas la mort d’Eduardo Florès… tempéra Déborah  

 

Marie ressentit toute la tendresse de Déborah dans ses excuses. Elle avait honte de s’être soudainement emportée contre sa meilleure amie… Et de surcroît, c’est probablement elle qui avait sans doute le dernier mot sur cette énigme ; Hélène faisait encore de l’amnésie post-traumatique. Elle voulait inconsciemment oublier qu’elle avait tiré sur Eduardo Florès, même si ce geste n’était que de l’auto-défense face à un homme pitoyable et impitoyable.  

 

Marie se mit à trembler ; elle était triste. Sa petite-sœur, depuis sa naissance, ne vivait que des moments malsains, dangereux, insécurisant, et c’en était tellement trop pour son bon cœur, que sa tête l’épargner en omettant certains détails morbides de son existence. Et pendant plus de treize ans, Marie n’avait fait qu’accentuer ce sentiment en étant une sœur faible, indigne, orgueilleuse et beaucoup trop de fois méchante et vicieuse.  

 

Marie sentit une main se poser sur son épaule ; elle reconnue immédiatement la chaleur de Kaori. Elle sait ce qu’elle allait lui dire ; « ne soit pas aussi dure avec toi-même, c’est du passé». Seulement, les regrets peuvent devenir coriaces, même avec le temps, même avec le pardon d’Hélène, c’était Marie elle-même qui ne parvenait pas à se pardonner.  

 

Brutalement, la porte de la cour s’ouvrit, le pauvre amas de fer se plia sous l’impatience de Falcon. Il en avait assez de les entendre jacasser pendant qu’il restait seul avec Hélène.  

 

Le bruit attira la curiosité de Mick et Quentin qui jouaient au basket un peu en retrait ; la tête rouge carmin de « monsieur poulpe » était à mourir de rire.  

 

- La ferme l’amerloc, où je te coupe l’autre main ! s’écria Falcon  

- Tu fais dans l’humour noir toi maintenant ! grimaça Mick, appréciant peu sa menace  

- Tu es vraiment un gros balourd ! se moqua Ryô, pensant que même lui, n’aurait pas osé  

- Tu sais ce qu’il te dit le gros balourd ? menaça Falcon, prenant Ryô par le col  

 

Kenji, lui, ne disait rien depuis tout à l’heure. Il avait pourtant attentivement écouté l’échange de Marie et de Déborah et de sa conclusion ; Hélène faisait une amnésie post-traumatique ; c’était plausible… Néanmoins, comme Marie, il émettait quand même un petit doute. Sa bien-aimée avait enfoui une partie de son enfance au fond de sa mémoire suite au choc de la mort de sa mère et du naufrage du bateau… Mais ça remontait à des années ; la mort d’Eduardo Florès, elle, était toute récente et malgré sa blessure à la tête, la mémoire devrait lui être revenue…  

 

- Lieutenant Singh !  

 

Les nettoyeurs entendirent Hélène prononcer le nom de son complice de ces trois dernières années. Elle ne put retenir de venir se serrer contre lui ; amicalement. Il rendit son câlin, fraternellement. Mais il ressentit toute la noirceur de l’aura de Kenji face à ce geste affectif.  

 

Le groupe de mercenaire rejoignit sa protégée. Miki et Falcon, ainsi que Kenji reprirent leur place derrière le bar. Déborah, Amélie, suivie de Marie et Quentin s’installèrent à une table. Ryô et Kaori vinrent s’asseoir près d’Hélène. Quant à Mick, il ébouriffa les cheveux du « doc junior » au passage et prit congé pour rejoindre son épouse qui venait de quitter la clinique.  

 

- Je ne m’attendais pas à tous vous voir… s’intimida Caleb  

- Qu’est-ce qui vous amène Lieutenant ? demanda Miki, lui servant un café  

- Je venais poser une question à Hélène…  

 

Caleb ne faisait pas partit du milieu ; mais il pouvait ressentir dans tout son corps la tension de tous les nettoyeurs qui se trouvaient dans cette pièce. Il venait vraisemblablement de mettre le doigt sur une plaie ouverte. Enfin, sa question n’avait rien de bien tragique :  

 

- Je voulais juste savoir comment tu vas ? sourit-il, tendrement  

- Bien lieutenant ! Mais quelle est la vraie raison de votre visite ? dit-elle, malicieuse  

 

Caleb ricana ; elle était décidément toujours aussi forte et surtout maligne. Il s’en voulait de ne pas avoir pris de ses nouvelles avant, mais il avait eu pas mal de travail après l’affaire Eduardo Florès.  

 

- En réalité, je venais te présenter des excuses… Je ne vais pas pouvoir te rendre justice…  

 

Hélène trouvait que le lieutenant Singh avait un air bien sérieux tout à coup. Quelle justice ne pourrait-il pas lui rendre ? Il avait commis le pire pour elle… Elle n’aurait pas assez de sa vie pour toute sa reconnaissance.  

 

- J’en suis honoré… Mais je ne peux pas rendre justice pour ta mère…  

 

À son retour au bureau de la Guoanbu au Japon, il dû rendre des comptes au ministère de la sécurité chinoise par téléconférence. Il dû conter l’histoire de Shen-Yeng, le capitaine de ce service secret chinois. Il dû revenir sur l’affaire « Linda Lowski » et annoncer surtout que l’agent Hua Shen-Yeng n’était pas décédée des mains de Linda, mais de son propre père ; un regrettable accident. Il avait dû aussi retracer toute l’affaire concernant Hélène ; « Ielena Lowski ».  

 

- D’ailleurs, tu n’as plus à t’inquiéter de quoi que ce soit, ton dossier est définitivement classé ! Aucun service secret ne pourra se servir de toi !  

- Merci…  

 

La réunion avait durée des heures, et il ne voulait pas revenir sur tous les points ; il voulait juste qu’elle soit rassurée, mais, concernant Shen-Yeng.  

 

- Cette ordure à l’immunité diplomatique ?  

- Kenji… calma Hélène, prenant sa main  

- Je ne comprends pas ? Shen-Yeng a commis ce crime dans les mers Russe ? s’approcha Marie  

- Justement, il n’y a que le pays représentatif qui peut lever l’immunité ! expliqua Ryô  

- Shen-Yeng est très bien vu du ministère chinois et puis… ajouta Caleb  

- Et puis ma mère était une criminelle recherchée par toutes les autorités ; ça ne compte pas…  

- Je sais qu’elle cherchait à te protéger… Je suis désolé !  

- Shen-Yeng a tué sa fille par accident… Il possède la pire des condamnations… lui répondit Hélène, compatissante.  

 

Marie avait déjà entendu ce sentiment d’empathie quelque part ? « Oui ». C’était exactement les mots qu’avaient prononcé Kaori pour l’empêcher d’achever Shen-Yeng. Marie trouvait sa petite sœur bien trop altruiste et bien trop généreuse pour ne pas insister pour que ce lâche de Shen-Yeng ne soit puni !  

 

- Est-ce que tu as aussi dit que ton « capitaine » avait tenté par deux fois de tuer ma petite sœur !  

- Je n’ai rien omis de cette affaire… promis Caleb  

- Mais Hélène est la fille d’une ancienne criminelle, alors, on s’en fiche ! snoba Marie  

- Marie… Ce n’est rien… De toute façon, je ne veux pas que Monsieur Shen-Yeng soit condamné !  

- Tu plaisantes ? Tu aurais pu mourir plusieurs fois à cause de lui ? s’emporta Marie  

- Et j’ai fait le choix justement de ne pas lui ressembler…  

 

Hélène ne voulait pas tenir de rancune ; où elle aurait à jamais un sentiment de vengeance, se traduisant par un sentiment de pouvoir, et elle deviendrait comme Vlad Lowski, Stanislas Gomèz, ou Eduardo Florès.  

 

- Tu es loin d’être comme eux ! défendit Marie  

- Tu sais aussi bien que moi que dans ce monde, un rien peut te faire chavirer…  

 

Marie fut saisie aux tripes par ces dires si mûres, si vifs, si authentiques, mais ce fut son regard encore davantage qui transperça son cœur ; elle était parfaitement consciente du monde qui l’avait faite, du monde auquel elle appartenait et appartiendrait sûrement toujours, malgré son désir d’être une femme civile. Sa vengeance, c’était ça : devenir médecin. Prendre soin des autres, être une belle personne, quelqu’un de bien qui combat la fatalité. Tout en étant parfaitement consciente que le « milieu » la rattraperait d’une quelconque manière, sans qu’elle ne le souhaite…  

 

Marie n’y tenait plus ; elle était si fière d’elle, de son bon cœur, de sa facilité à pardonner de façon si digne et si forte. Elle la prit vivement dans ses bras en la serrant très fort ; Caleb sourit à cette belle image qui suffisait à sa propre conscience pour être soulagée.  

 

- Et vous lieutenant Singh ? Vous n’avez pas de représailles ? questionna subitement Hélène  

- Non, non, ne t’en fais pas, c’est bon pour moi !  

 

Kenji s’étonnait que Caleb n’ait pas de représailles face à son comportement. Il avait pendant trois ans joué un double-jeu et ce n’était pas le genre de jeu qu’aimaient les services secrets. Il avait alimenté en source la fille d’une criminelle recherchée, de la petite-fille d’un de leur plus grand ennemi : Vlad Lowski. Et il avait surtout volé des dossiers top-secret pour lui en confier le contenu et ainsi émettre des doutes sur l’intégrité du capitaine de la Guoanbu.  

 

- Bien ! Je vais vous laisser…  

- Vous repartez en Chine ? demanda Hélène  

- Je m’en vais demain matin par le premier avion…  

- Déjà… dit-elle, regardant Marie du coin de l’œil  

 

Marie fuyait complètement le regard de Caleb, elle partit même se rasseoir à la table où étaient ses amies ; à son grand désarroi.  

 

- Vous êtes à quel Hôtel ? questionna spontanément Hélène, souriante  

- Pourquoi ? Tu veux m’y rejoindre… dit-il, un ton séducteur  

 

Un ton séducteur et une allusion perverse qui déplu vivement à Kenji, faisant rouler le chien de son arme cachée sous le comptoir ; ce bruit menaçant le fit descendre de sa chaise et s’éloigner de sa nouvelle protégée. Kenji savait être très persuasif et Caleb était pratiquement certain qu’il n’hésiterait pas à se servir de son arme.  

 

- Et bien… bégaya-t-il, tout pâle  

- Allons Kenji, tu sais bien que le lieutenant Singh préfère l’autre sœur Turner ! taquina Ryô  

 

Le nettoyeur reçu un verre dans le visage, puis fut assommer par un lancer de pichet ; Marie n’apprécia pas ce sous-entendu ; Ryô ne pouvait pas s’empêcher de mettre les pieds dans le plat. Caleb ricana jaune ; il donna quand même sa carte à Hélène, avec le nom de l’Hôtel où il logeait et le numéro de sa chambre.  

 

- Merci pour tout, lieutenant Singh… souffla Hélène, très émue par sa fidélité et son soutien  

- À bientôt… Doc junior !  

 

Caleb ébouriffa ses cheveux également, avec ce surnom très original que lui donnait Mick et qu’elle portait à merveille. Il se demandait quand même encore pourquoi elle s’évertuait à l’appeler « lieutenant Singh » malgré tout ce qu’ils avaient traversé, mais c’était sans doute son côté pudique et surtout… Sa façon à elle d’être insaisissable pour une raison qui lui incombait.  

 

- On rentre nous aussi ! proposa Ryô, se frottant la tête  

- Vous ne saignez pas Monsieur Saeba… ?  

 

Hélène effleura à peine la tête de Ryô qu’il eue un geste de recul. Il ricana fortement, fit sa posture de Hercule ; guerrier sans peur et sans reproche ; salua tout le monde de la main, et entraîna sa partenaire en dehors du café.  

 

- Je crois que tu as détruits les derniers de ses neurones ! se moqua Amélie  

 

Kenji avait surtout remarqué son geste de recul assez brusque ; Kaori avait raison. Pour une raison inconnue, Ryô fuyait Hélène. Qu’est-ce qu’il cachait ? Pourquoi se comporter de la sorte ? Il comprenait que la timidité de son ami l’empêchait d’avouer qu’il avait aussi été très inquiet pour sa « protégée » et qu’il avait tout fait pour la retrouver aussi. Mais de là à la fuir ?  

 

- Maman ! Je peux rentrer avec papa ce soir ? demanda soudainement Quentin  

- Si ton père et Hélène sont d’accord, tu peux ! répondit sa mère  

 

Kenji et Hélène étaient bien évidemment ravis d’accueillir Quentin ce soir. En général, ils l’avaient une semaine sur deux, et c’était le tour de sa mère. Mais ce soir, l’enfant de neuf ans voulait se retrouver avec son père et sa « tante » ; il devait sentir que quelque chose n’allait pas. Et puis leur conversation dans la cour tout à l’heure n’était pas très discrète….  

 

Hélène embrassa sa sœur aînée avant de la quitter et lui glissa un papier dans les mains : la carte de Caleb. Marie grogna, mais sa petite-sœur s’échappa rapidement en prenant le bras de Kenji et attira son bien-aimé et son « fils » de cœur à l’extérieur.  

 

Les filles partirent à leur tour ; le couple de barman allait enfin pouvoir fermer le café, et se réfugier à l’étage dans leur appartement et se détendre dans le canapé avec un bon dîner.  

 

* * * * *  

 

Kaori ne supportait plus le comportement de Ryô. Ils dînaient tous les deux devant la télévision, dans le canapé, mais son bien-aimé ne cessait de rire bêtement devant l’émission de divertissement et son exagération lui tapait sur les nerfs. Il espérait faire diversion avec sa grotesque bonne humeur ; c’en était assez. Kaori prit la télécommande, coupa la télé et se positionna devant son partenaire.  

 

- Ryô Saeba, né le vingt-six mars, âgé de trente-neuf ans…  

- Trente-huit et demi !  

- Trente-huit et demi, j’en ai marre !  

- Tu as envie de monter faire l’amour ma chérie !! ricana-t-il, langue pendante  

- Non, je n’ai pas envie de ce Ryô là ! s’agaça-t-elle, à deux doigts de la syncope  

 

Ryô souffla, il posa son dos contre le dossier du canapé ; un peu fatigué de son propre comportement. Il gratta sa tête, interrogatif. Pouvait-il avoir des secrets pour Kaori ? Du moins, pouvait-il encore supporter « ce » secret seul ? Enfin « seul » ? Ecchi était visiblement lui aussi informé de ce « secret ». D’ailleurs, « comment » ?  

 

- Ryô ! Dis-moi ce qu’il se passe… ?  

 

Kaori vint s’agenouiller près de Ryô ; elle ne supportait pas de le voir aussi morose. Et elle comprenait qu’il faiblissait face à ce qu’il portait seul ; son baiser au cimetière cet après-midi à la vue de tous l’indiquait.  

 

- Est-ce qu’Ecchi allait me parler de ce que tu sais ? demanda-t-elle  

- Tu n’es pas ma partenaire pour rien toi ! sourit-il, assez fier, le regard brillant  

- Ryô, je te jure que quel que soit ce que tu sais, je le garderais pour moi…  

- Je le sais… dit-il, caressant sa joue  

 

Ryô avait le cœur lourd, et rien qu’avec son doux regard, Kaori parvenait à le soulager. Mais ça ne suffisait pas, et si son cœur lui faisait autant mal, c’était à cause de l’insistance de Kenji à absolument vouloir savoir si c’était Hélène qui avait tiré sur Eduardo Flores.  

 

- Tu sais qui a protégé Hélène Ryô, pas vrai ?  

- C’est plus compliqué que ça…  

 

* * * * *  

 

Kenji sentit la tête de son fils tomber sur son épaule ; il s’endormait. Ce petit gaillard sommeillait devant un match de basket ; c’était rare. Hélène était à l’autre bout du canapé en train de déjà réviser ses cours pour la semaine prochaine – le basket, ce n’était pas trop son truc pour être très honnête.  

 

Kenji secoua légèrement son épaule pour que son fils se réveille et parte se coucher dans sa chambre, mais ses yeux restèrent fermés et sa respiration lente démontrait qu’il rêvait déjà.  

 

- Tu n’es pas un peu grand pour que je te porte jusqu’au lit !  

 

Kenji ne résista pas pour autant ; il prit son fils dans les bras, lequel s’accrocha à son cou comme lorsqu’il avait cinq ans ; Hélène trouva ce tableau des plus adorable. Kenji borda son fils, ébouriffa ses cheveux et souhaita une bonne nuit à son « champion ».  

 

Kenji retrouva sa bien-aimée dans le salon, en train de ranger ses affaires ; elle aussi voulait aller se mettre au lit. Le nettoyeur pesta en lui-même ; il adorait quand son fils était avec eux, mais sa présence signifiait : abstinence. Ça ne l’empêcha pas de s’approcher d’elle, de serrer ses hanches et d’enfouir sa tête dans son cou pour déposer des baisers.  

 

Hélène ferma les yeux, savourant la sensation des lèvres de Kenji dans son cou ; mais elle ne cessait de penser à cette journée. La visite de Mick, de sa sœur, puis ce tête à tête improbable avec Falcon, la venue du lieutenant Singh ; elle l’avait particulièrement remuée.  

 

- Kenji…  

 

Hélène quitta à regret ses baisers ; elle se retourna pour lui faire face. Elle avait bien compris qu’on essayait de lui faire dire quelque chose d’important tout au long de cette journée ; mais elle avouait ne pas comprendre quoi exactement.  

 

- On s’est promis que nous n’aurions plus aucun secret… pas vrai… dit-elle, tendrement, jouant avec le tee-shirt de son bien-aimé  

 

Kenji ne pouvait qu’être sensible à son honnêteté ; il était heureux de savoir qu’ils pourraient tout se confier, tout se dire, et qu’elle ne se mettrait plus en danger. Le nettoyeur avait besoin de savoir qu’ils se faisaient entièrement confiance et qu’ils traverseraient tout – TOUT – ensemble.  

 

- Ça concerne Eduardo Florès… avoua-t-il  

- Eduardo Florès ?  

 

Bien qu’il venait de s’en convaincre, Kenji ne savait pas comment aborder le sujet, comment lui poser cette question ; tout était si confus. Elle ne faisait pas de l’amnésie, elle semblait parfaitement rétablie et il observait par son comportement, ses mimiques qu’elle s’était remise de cette épreuve ; ils avaient tous, tout fait pour que ce soit le cas.  

 

- Tu te demandes si je l’ai tué…  

- Hélène, écoute, il… essaya de se justifier Kenji  

- Chéri, je ne l’ai pas tué…  

 

Hélène plongea son regard chocolat dans son regard de pomme ; elle lui sourit tendrement. Elle ne lui en voulait pas de se poser la question ; après tout, il n’y avait qu’elle et le truand mexicain dans cette pièce. Et si elle avait dû en venir là, elle l’aurait probablement fait… Mais cette pensée lui serrait trop le cœur pour l’imaginer. Non pas que ce truand méritait sa pitié, mais donner la mort à proprement parler glaçait son sang.  

 

- On en ressort pas indemne, effectivement… appuya Kenji  

- Si je l’avais fait, je t’en aurais parlé…  

- Je sais…  

 

Kenji replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et captura ses lèvres pour un baiser gourmand, enflammé ; cette femme le mettait dans tous ses états depuis leur toute première rencontre… Mais son baiser avec le goût de l’amertume ; elle avait encore un poids sur le cœur ; il devinait pourquoi… Il se questionnait de ce fait ; qui avait tiré sur Eduardo Florès, et surtout, pourquoi un tel mystère ?  

 

Hélène s’écarta brusquement de lui, faisant les cent pas dans le salon, grattant sa tête ; elle avait la poitrine serrée, elle devint pâle et des larmes se formaient sur le bord de ses yeux. Kenji s’approcha immédiatement d’elle, plongeant à nouveau son regard dans le sien ; elle avait peur on dirait ? Mais de quoi ? De qui ?  

 

- De moi… J’ai peur d’être devenue folle Kenji…  

- Chérie, hé… Tu n’es pas folle ! Dis-moi ce qu’il y a ?  

- Si… Si je n’en t’ai pas parlé, c’est parce que, je ne suis pas certaine de ce que j’ai vue, c’est impossible que ce soit lui !  

- Dis-moi… Dis-moi qui tu as vu ? Qui t’as sauvé d’Eduardo Florès ?  

 

Un fantôme ; Hélène avait vu le fantôme de Mickaël…  

 

 


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