Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 13 capitoli

Pubblicato: 09-02-18

Ultimo aggiornamento: 20-11-21

 

Commenti: 20 reviews

» Ecrire une review

 

ActionRomance

 

Riassunto: Trois années ce sont écoulées depuis la disparition de Vlad Lowski. Ryô et Kaori veille à nouveau sur la ville en City Hunter, entre crime de déraison et de passion. Hélène, de son côté, a essayé de tenir sa promesse « vivre comme toutes les jeunes filles civiles ». Y est-elle parvenue ? Est-ce que sa vie continuera sur le chemin de l’intégrité, ou devra-t-elle se contenter du plus sombre de son passé ? Entre présent, avenir et ombres déguisés, tous les dés n’ont pas été jetés.

 

Disclaimer: Les personnages de "Appassionata (suite d'Amour Ultime)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What is a Beta Reader?

 

A Beta Reader is a person who agrees to read and correct fanfictions of other authors. You just have to choose a beta reader and contact them by email to ask them to prof-read your ...

Read more ...

 

 

   Fanfiction :: Appassionata (suite d'Amour Ultime)

 

Capitolo 11 :: Chapitre 9 : « Les âmes perdues de Golianovo » - partie 2/2

Pubblicato: 16-02-20 - Ultimo aggiornamento: 16-02-20

Commenti: Réponses commentaires : BIBOUCHA67 : J’espère que tu liras ces mots avec toute la sincérité de mes propos, mais tu ne sais pas à quel point je suis émue en lisant ton commentaire. Comme nous tous, City Hunter est un manga important pour chacun d’entre nous, mais cette fiction me tient à cœur car justement, j’ai créé mes propres personnages. Et je prends un plaisir monstre à l’écrire ; donc, merci à travers ta lecture d’embellir mon travail, mon plaisir. Et pour répondre à ta question ; le dénouement est très proche, surtout dans ce chapitre, mais… Haha. Des petites choses restent encore à venir… Je n’arrive pas à me séparer d’eux. Je te souhaite une nouvelle bonne lecture, et te remercie encore mille fois. Et j’oubliais, très belle année à toi aussi et autres lecteurs également. DIDINEBIS : Internet et ses défauts mdrr ; ne t’en fais pas, il n’y a aucun souci, je comprends totalement ce petit souci technique. Que je suis heureuse de mon côté de voir que tu es complètement rentrée dans ce chapitre, et j’ai un peu de pression pour ce nouveau, mais je l’aime bien quand même mdrr. Mais concernant le précédent, je reste émue de voir à quel point vous êtes passionnées par vos lectures et emportées par le « scénario ». J’adore quand vous vous posez des questions mdrr. Encore merci infiniment de cette fidélité. Et j’ai hâte d’avoir aussi ton avis sur le nouveau chapitre. PS : l’imagination est toujours là, mais parfois, je sèche sur la technique, je dois l’avouer, c’est pour ça que parfois je mets du temps à les écrire haha.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


 

Chapitre 9 : « Les âmes perdues de Golianovo» - partie 2/2  

 

 

Nazia, Russie, il y a quinze ans.  

 

- Aïe !  

 

Lena suça son doigt venant d’être sauvagement attaqué pour la dixième fois par cette « satanée » aiguille. Lena râla, tout ça, c’était la faute des « stupides » oreilles de ce lapin qui ne voulaient pas se laisser coudre. Demain matin, le vingt-cinq décembre se lèverait sur Nazia et Ielena devait absolument trouver un cadeau sous le sapin.  

 

Lena s’exaspéra et se laissa quelque peu bercer par la chaise à bascule posée près de la cheminée crépitante. Depuis deux années, la vie était plutôt belle à Nazia. Hua, son amie – fille du capitaine de la Guoanbu – avait trouvé cet endroit retiré dans le nord-ouest de la Russie. Nazia était une ancienne cité ouvrière appartenant aux américains ; pour Hua, c’était la planque idéale, car les terres appartenant au pays de l’oncle Sam, n’autoriseraient jamais ni les russes ni les chinois à y pénétrer – leur relation conflictuelle ne le permettrait pas.  

 

Trois années de galère, à vivre comme des fugitives avec sa fille, sans cesse poursuivi. Lena avait été plusieurs fois blessée en protégeant Ielena ; elle avait vu le plus sombre et le plus cruel chez l’humain à un âge si innocent. À Nazia, ici, c’était presque le paradis, malgré le fait qu’elles vivaient reculées de tout et que leur quotidien était très précaire.  

 

- Lena…  

 

Lena ouvrit les yeux et leva la tête ; elle vit Oxana lui tendre une tasse de chocolat chaud en échange du lapin en peluche.  

 

- Cette pauvre bête à assez souffert… ricana Oxana  

 

Lena grimaça à cette critique, mais oublia rapidement sa réprimande à l’entente de son rire et de ses yeux malicieux, rempli d’amour et de tendresse. Oxana était âgée d’une soixantaine d’année. Elle était une ancienne ouvrière de la cité, reconvertit en pharmacienne après sa fermeture. Veuve, et n’ayant jamais eu d’enfant, Oxana c’était immédiatement prise d’affection pour Lena et sa fille. Elles s’étaient rencontrées une nuit où Ielena avait fait une inquiétante poussée de fièvre : Lena était rentrée par effraction dans sa pharmacie pour voler des médicaments. Oxana ne les avait plus quittées depuis ce soir-là.  

 

Oxana allait au marché et faisait les courses pour elles. Elle préparait les déjeuners et dîners, faisait un peu de ménage et aidait même Ielena pour les devoirs. Lena n’avait pas eu d’éducation autre que savoir tirer avec une arme et tuer un homme à main nue : Oxana était un véritable ange tombé du ciel.  

 

 

Lena rouvrit les yeux ; elle culpabilisait. La vie était certes calme, sereine, mais Lena offrait une vie misérable à sa fille et probablement sans avenir. Elle ne pouvait même pas offrir de cadeau à Ielena pour ses anniversaires et les noëls.  

 

- Je suis pitoyable comme mère… souffla-t-elle, brisée  

- Tu ne vas pas te laisser abattre à cause de deux oreilles mal raccommodées !  

 

Lena s’amusa de la remarque d’Oxana ; elle savait en permanence la réconforter. Pour autant, ça ne changeait rien à la situation. Ielena allait grandir, elle ne pourrait pas aller au lycée ou à l’université – Lena avait bien trop peur qu’on reconnaisse sa fille – elle n’avait aucun avenir possible alors qu’elle avait toute une vie devant elle.  

 

- Ielena possède ce qu’il y a de plus précieux… sourit Oxana, regardant profondément Lena  

 

Ielena, à cinq ans, était une petite fille très intelligente, gentille, affectueuse, sage, à l’écoute, curieuse, elle avait bon cœur et c’était l’essentiel. Une bonne éducation n’est pas de devenir médecin, ou avocat, ou même comptable, une éducation est riche lorsqu’elle apporte des qualités humaines.  

 

- Tu l’aimes tellement cette enfant qu’elle est elle-même gonflée d’amour…  

- Oxana…  

- C’est ça qui compte…  

 

Lena déversa des larmes d’émotion ; Oxana venait de lui dire les plus beaux mots qu’elle n’avait jamais entendus de toute sa vie. Elle ? Lena ? Linda Lowski ? Être une bonne mère ? Le ciel avait en effet était bien clément avec elle alors que les vingt-cinq premières années de sa vie n’était que criminalité. Lorsqu’elle avait appris qu’elle était enceinte, elle n’y croyait pas – elle avouait que Ielena n’était pas attendue. Elle avait accouché dans un village traditionnel en Chine, seule et avec l’horrible peur de ne jamais avoir le moindre sentiment maternelle en elle.  

 

- Au début, c’était très difficile…  

 

Et puis, une nuit, l’heure du biberon ayant sonnée, elle était en train de mélanger la poudre et l’eau lorsque le bouchon se dévissa. Lena avait le tee-shirt trempée et commença à râler, écrasée par la fatigue, lorsqu’elle entendit les gazouillis de sa fille qui semblait rire de la situation. Elle n’avait jamais entendu un son si beau, si tendre, si rassurant.  

 

- Le premier rire de ma fille a été la plus puissante des armes que j’ai eues pour survivre…  

 

Oxana vit une larme tomber de l’œil brillant de Lena. Elle restait mystérieuse sur sa vie passée, elle n’était pas rentrée dans les détails, elle souhaitait sûrement oublier sa vie antérieure, pour ne pas manquer de respect à la deuxième chance qu’elle avait eu.  

 

Lena monta se coucher sous le conseil d’Oxana ; elle s’occupait des derniers détails pour qu’au réveil d’Ielena, le sapin possède à ses pieds un présent et que la table soit garnie d’un prestigieux petit-déjeuner.  

 

Lena passa devant la chambre de sa fille ; elle dormait à point fermé. Lena ne résista pas à l’envie de la prendre dans ses bras ; elle ôta ses chaussons et s’allongea près de son enfant. Penser qu’elle n’était pas désirée tout à l’heure lui avait brisé le cœur ; elle n’imaginait pas une vie sans sa fille. Et puis, Ielena était une enfant de l’amour, Lena avait profondément aimé Senichi – Serge. Pas un jour ne passait sans qu’elle ne pense à lui, à son père… Même à Shoda – Stéphane – et Ylia.  

 

Lena compressa le corps de sa fille contre son cœur, et caressa sa chevelure – elle laissait pousser ses cheveux pour ressembler à « mama ». Oxana avait raison, Ielena avait une vie différente des autres enfants, mais elle était si fière d’elle, de toutes les qualités que possédait Ielena.  

 

- Ielena, n’oublie jamais que je t’aime… ton père aussi, et ton grand-père…  

 

Oxana poussa la porte de la chambre d’Ielena ; elle était certaine qu’elle trouverait la jeune femme avec sa fille. Oxana posa une couverture sur le corps de Lena – elle l’estimait comme une mère estime son enfant. Elle s’assit près de la fenêtre et continua de coudre les oreilles de ce lapin, avec comme compagnie, la neige qui commença à tomber.  

 

. . . . .  

 

- Maman…  

 

Hélène grimaça ; elle avait mal à la tête. Doucement, elle se releva légèrement, poussant sur ses jambes pour se rassoir confortablement, mais sa tête bourdonnait fortement. La vision trouble, le corps engourdi, elle était encore à moitié dans les vapes lorsqu’elle entendit quelqu’un tambouriner sur la porte. Il semblait qu’elle entendait son prénom être prononcé sans cesse…  

 

Hélène apporta sa main à sa tête : elle saignait, elle s’était cognée contre le coin de la table. Elle s’aida de la chaise positionnée à ses côtés pour se mettre debout. Elle tourna la tête et vit le corps d’Eduardo Flores baigner dans son sang ; on lui avait tiré trois balles dans le corps.  

 

- Hélène !  

 

Hélène n’en croyait pas ses oreilles, elle ne pouvait pas passer à côté du son de la voix de son bien-aimé…  

 

- Kenji !  

 

 

Hélène fit un pas pour s’approcher de la porte, mais elle chuta. Elle tenta à nouveau de se mettre debout à l’aide du mur, mais dès qu’elle essayait de forcer sur ses jambes pour marcher, elle tombait, épuisée et gravement blessée à la tête.  

 

- Hélène !  

- Ça va… Ça va Kenji…  

- Où est Eduardo Flores ?!  

- Il… Il est mort…  

- Tu dois sortir d’ici, le bâtiment va exploser dans trois minutes !  

 

Kenji avait tiré plusieurs fois dans la serrure de la porte, mais elle était blindée et contrôlée par les ordinateurs de la salle des machines ; impossible de l’ouvrir. Le mur était fait en béton cellulaire, il absorbait les chocs et il était impossible de le faire exploser, même pas à l’aide d’un bazooka.  

 

- Tu ne vois pas un conduit où une bouche d’aération autour de toi ? Questionna Kenji, paniqué  

 

Hélène fit le tour avec ses yeux, mais rien ne semblait convenir ; ni bouche d’aération ni trappe ne paraissaient se trouver dans la pièce. La seule issue, c’était la porte. Elle pourrait peut-être l’ouvrir grâce à l’ordinateur, mais elle n’avait pas assez de temps pour ça. Hélène était prise au piège, elle n’avait plus la force de bouger, elle n’arrivait plus à réfléchir, ses idées misent à néant par le choc à sa tête. L’ordinateur de bord annonça deux minutes avant l’explosion ; elle n’allait pas s’en sortir.  

 

- Hélène, tu m’écoutes ?!  

- Vas-t’en Kenji…  

- Hélène !  

- Vas-t’en ! hurla-t-elle  

 

Hélène avait fait une promesse à Quentin, elle avait promis que son père reviendrait à lui quoi qu’il arrive. Est-ce que Kenji voulait la faire mentir ? Elle n’avait pas le droit de priver un fils de son père ; il devait partir, courir, et s’éloigner le plus possible de ce bâtiment qui allait bientôt exploser.  

 

- Je ne veux pas priver mon fils de son père ! souffla Kenji  

- Kenji…  

- Mais je ne veux pas non plus être privé de la femme que j’aime ! dit-il, cognant la porte  

 

Hélène ne s’attendait pas à entendre une telle déclaration. Kenji et sa nature pudique refusaient de donner des mots sur ses sentiments ; bien que les gestes et les actes ne manquaient pas. Hélène n’avait pas le droit d’abandonner, elle ne voulait pas abandonner, elle voulait rentrer chez elle, être dans les bras de Kenji, déjeuner avec sa sœur, papoter avec Kaori, rire avec Amélie, aider Quentin dans ses devoirs, sous les moqueries et taquineries de Mick et Monsieur Saeba. Hélène n’avait jamais convenablement pensé à la douceur de sa vie et combien elle y tenait. Et puis,  

 

Cet incroyable morceau de vie que sa mémoire ne cessait de lui donner sous forme de rêve. Lena, sa mère, c’était battue… Elles avaient combattues ensemble pour avoir une belle vie, Hélène ne pouvait pas tout gâcher par désespoir et parce qu’elle ne parvenait plus à trouver sa place.  

 

- Hélène !  

 

Hélène souffla des cris de douleur, mais elle parvint à se mettre debout et à doucement s’approcher de la porte pour s’y appuyer. Kenji était derrière cette porte, l’homme de sa vie, son grand amour, celui pour qui elle traverserait tous les océans et toutes les mers à la nage – alors même qu’elle ne savait pas nager à cause de sa phobie due au naufrage du bateau où elle avait perdu sa mère – pour le retrouver. Elle l’aimait tellement, et si elle n’avait rien dit, ce n’était pas par manque d’amour ou de confiance, c’était bien parce qu’elle ne voulait pas le perdre qu’elle voulait le préserver.  

 

- Kenji, je te promets que je vais tout faire pour sortir d’ici, mais vas-t-en s’il te plaît !  

- Hélène !  

- Ne discutes pas ! dit-elle, frappant la porte.  

- Je ne partirais pas !  

- Kenji, j’aime Quentin comme si c’était mon propre fils, je m’interdis de le priver de son père tu entends !  

 

Hélène frappa à nouveau contre la porte, elle frappa aussi fort que frappait son cœur de peur dans sa poitrine. Kenji fut anéanti par les mots de sa bien-aimée ; elle n’avait pas le droit d’utiliser ses sentiments pour son fils pour le convaincre de la laisser probablement mourir… D’ailleurs, à Quentin, qu’est-ce qu’il allait lui dire ? Qu’il l’avait abandonné ?  

 

Kenji n’avait jamais entendu Hélène hausser le ton, elle pensait chaque mot de chaque phrase qu’elle criait.  

 

Kenji n’avait ni envie de perdre son fils ni envie de perdre la femme qu’il aimait.  

 

« UNE MINUTE AVANT DÉSTRUCTION AUTOMATIQUE DU BÂTIMENT »  

 

- Kenji, je t’en supplie… Si tu m’aimes pars d’ici !  

 

Kenji frappa sur la porte – il se blessa la main. Odieux fut ce dilemme, mais il était probable, pensable, raisonnable que Kenji reparte vers les siens… Si seulement ils n’avaient pas perdu de temps, s’il avait compris plus tôt la détresse de sa bien-aimée, qu’elle portait en elle une lourde et dangereuse responsabilité. Quand avait-il faibli ? Quand ses sentiments c’étaient retrouvés faibles pour ne pas deviner ce combat qu’elle tentait de mener ?  

 

 

- Je suis désolé…  

- Non, mon amour… C’est moi qui suis désolée…  

 

Kenji glissa une dernière fois à Hélène qu’il l’aimait et se résigna avec déchirement à partir. Il courut rapidement vers l’escalier, où il descendit les marches quatre à quatre. Au loin, il vit Marie retenue par Caleb pour l’empêcher d’aller vers lui. Il voyait la déception et la détresse dans son regard, il revenait sans Hélène : elle craqua.  

 

- Non !  

 

Marie se défit de l’étreinte de Caleb, mais Kenji la réceptionna dans ses bras. Kenji lui annonça qu’elle était encore en vie, Eduardo Flores mort, mais qu’elle était enfermée dans une pièce d’où elle ne pouvait pas s’enfuir. Hélène lui avait ordonné de partir pour ne pas être séparé de Quentin.  

 

Marie ne parvenait pas à y croire, sa petite sœur ne pouvait pas mourir, elle n’allait pas périr dans ce bâtiment, seule, à cause de la haine de plusieurs hommes qui avaient désirés l’apocalypse, la guerre !  

 

Marie hurla le prénom de sa sœur qui déchira le cœur de l’assemblée. Ce prénom raisonna jusqu’à la conscience d’Hélène qui rouvrit les yeux alors que sa tête voulait qu’elle s’évanouisse. « Trente secondes », il ne restait que trente secondes avant que cette pièce ne soit sa tombe. L’âme anéanti, mais préparée à affronter sa destinée, elle tomba le regard sur le corps inerte d’Eduardo Flores ; mourir à ses côtés, quel dégoût.  

 

Hélène balaya son regard de cet homme, lorsqu’elle revint immédiatement vers lui ; une carte dépassée de sa poche : bon sang ! Eduardo Flores avait dans la poche arrière de son pantalon le pass pour ouvrir la porte contre lequel son dos s’appuyait.  

 

« DIX, NEUF, HUIT… »  

 

Hélène se releva trop rapidement ; elle perdait encore du sang à la tête. À plat ventre, elle rampa jusqu’à Eduardo Flores, tendit sa main vers le pass et ce fut les doigts tremblants qu’elle l’attrapa. Rapidement, elle se mit à genoux, s’agrippa à la porte et passa le pass dans la fente : la porte s’ouvrit.  

 

« SEPT, SIX, CINQ… »  

 

Hélène retomba au sol à l’ouverture de la porte ; elle semblait être un paillasson qu’on venait d’étaler par terre. La blessure à sa tête de ne lui accordait aucun répit, elle ne parvenait pas à se relever, même pas une dernière fois pour juste rejoindre les escaliers et sortir de l’antre de cette bombe. Hélène frappa le sol et hurla sa peine, pourquoi, pourquoi la laisser là ?  

 

« QUATRE, TROIS, DEUX… »  

 

Hélène fut soudainement recouverte de bris de glace, on venait de tirer quatre balles dans la baie vitré à sa gauche. Le tireur vêtu d’une veste de motard et d’un jean se balança à l’aide de l’échelle en corde soutenue dans le vide par un hélicoptère et se réceptionna en faisant une roulade. Il se précipita vers Hélène, la fit s’agripper à son cou et l’attacha à lui avec un harnais qu’il serra vivement, quitte à se couper la respiration. Il posa un pied sur le bord de la fenêtre et s’élança de toutes ses forces pour parvenir à agripper à nouveau l’échelle.  

 

« UN »  

 

Une puissante explosion siffla ; les mercenaires se mirent à terre et se couvrirent la tête avec leurs mains. Après le nuage de poussière passée, ils relevèrent la tête et entendirent des sirènes derrière eux : la PSIA arrivaient avec du renfort et des médecins.  

 

Marie se releva hâtivement, elle espérait apercevoir la silhouette d’Hélène, mais les flammes de l’explosion consommaient le bâtiment. Marie se précipita vers la carcasse du radiotélescope, mais les bras de Caleb l’encerclèrent.  

 

- Laisse-moi Caleb !  

 

Marie poussa violemment Caleb, mais sa force l’emporta sur la faiblesse de sa peine, et les coups qu’elle donnait à son torse ne le firent pas lâcher. Marie l’insulta, ne cessa de répéter que tout était de sa faute, qu’il n’avait rien fait pour la protéger ; tout, tout s’écroulait autour d’elle.  

 

Ryô posa une main de réconfort sur l’épaule de Kenji ; son ami ne s’était pas relevé enfouissant sa tête dans l’herbe pour ne pas montrer ses larmes. Il n’osait imaginer ce qu’il ressentait ; en plus de perdre la femme qu’il aimait, il n’avait non seulement pu la sauver, mais il avait surtout dû l’abandonner.  

 

Ryô tiqua, il entendait au loin le bruit d’un flux d’air que faisaient les hélices d’un hélicoptère. À proximité du bâtiment en flamme, le giravion tournoyait, mais il était difficile à cette distance de voir quoi que ce soit : sûrement du renfort de la PSIA.  

 

- Non, ce n’est pas un modèle de notre agence ! S’approcha Jeff.  

 

Dans l’hélicoptère, l’homme décrocha le harnais qui le reliait à Hélène et l’assit dans un siège. Un autre homme fit un signe de la main pour que son médecin regarde et soigne rapidement la blessure qu’elle avait à la tête. Hélène gémit, elle avait très mal, mais sa blessure n’était pas profonde ; l’infirmier de bord – qui n’était autre qu’un homme de main – versa sans délicatesse de l’eau oxygéné et fit un bandage plutôt brouillon.  

 

- Ouvrez les yeux doc ! Un effort !  

 

Hélène se tenait la tête et massa sa tempe pour soulager sa souffrance et se força à ouvrir les yeux ; bien qu’elle avait reconnu la voix qui s’était adressée à elle – surprenant.  

 

- Ecchi…  

 

Hélène dessina un sourire – Ecchi ne sut s’il définissait le soulagement ou la moquerie. Elle semblait pourtant très surprise de le voir. Il était donc partit à sa poursuite lui aussi, malgré sa froideur. Ecchi était décidément un homme curieux, une énigme sans réponse, il n’était ni bon ni mauvais, il s’amusait tel un enfant ébloui à chaque nouveau jouet. Et pourtant, sans lui, sans son homme de main, elle ne s’en serait pas sortie.  

 

- Je croyais que vous ne pourriez rien pour moi… taquina-t-elle  

 

Ecchi eut un rictus, il se doutait bien qu’elle possédait un certain sarcasme derrière ce joli visage de porcelaine. Le mélange de ces cultures la rendait particulière, elle était comme une biche égarée voulant se faire passer pour un lion dans le clan des carnivores, malgré le risque de se faire dévorer.  

 

- Merci… souffla-t-elle, reconnaissante  

- J’ai quoi qu’il en soit une réputation à tenir… affirma Ecchi  

 

Hélène lui donna son plus beau sourire ; elle comprenait. Elle se leva – difficilement, sa tête la cognée – elle s’agrippa aux rambardes située sur le capot et avança doucement. Ecchi ne fut pas si cruel et donna l’ordre de descendre l’hélicoptère au plus près du sol ; quand bien même on le reconnaîtrait.  

 

Hélène avant de sauter se tourna légèrement vers lui et lui posa une question :  

 

- C’est vous qui… qui avez tué Eduardo Florès… ?  

 

Ecchi mit un lapse de temps à répondre, ce qui informa Hélène d’une éventuelle affirmation. Seulement, pourquoi son « ami » n’osait-il pas lui répondre ? Hélène ne savait plus quoi penser, elle était perdue entre rêve et réalité. Bien que, ce cauchemar semblait être terminé.  

 

Hélène mit un pied dans le vide et laissa son corps l’emporter lorsqu’elle entendit Ecchi murmurer :  

 

- Je n’ai pas eu ce plaisir…  

 

Ryô n’en croyait pas ses yeux ; le corps flottant dans les airs était celui d’Hélène ; ce lâche d’Ecchi l’avait jeté par-dessus bord alors qu’il venait de la sauver. Était-elle ? « Non », impassable.  

 

- Falcon ! hurla Ryô  

 

Le cri du nettoyeur fit relever la tête de Kenji ; impossible. Kenji vit Falcon rattraper de justesse dans ses bras un corps féminin - « Hélène » s’écria la voix rauque de Marie. Kenji par une puissance pousser par son cœur se releva instantanément et rattrapa sa meilleure amie dans sa course pour rejoindre Hélène, inanimée dans les bras de Falcon.  

 

Miki posa son oreille sur son cœur, il battait faiblement, mais elle ne semblait pas être en danger. Marie regarda si elle était touchée, mais excepté des ecchymoses sur le visage, des égratignures et la blessure à sa tête, son état n’était pas critique.  

 

- Hélène… sanglota-t-elle  

- Marie… souffla faiblement Hélène  

- Je suis là ! dit-elle, prenant sa main  

- Prosti…  

 

Hélène prononça « je suis désolée » dans sa langue maternelle, avant de s’évanouir.  

 

Jeff informa aux mercenaires qu’ils pouvaient partir ; la PSIA prendrait le relais. Marie s’offusqua que son père soit si froid après tous les événements, mais il y avait plus urgent à s’occuper que les égos de chacun,  

 

Rentrer à la maison.  

 

. . . . .  

 

« Je dispose d’une somme. Je calcule que pour m’acheter quatre livres il me manque six cent soixante yen. Sachant que chaque livre coûte mille sept cent quarante yen, calculez la somme que j’ai en poche ».  

 

Hélène ouvrit les yeux sous la voix suave et ricain – amerloc dirait Ryô – de Mick. Elle tourna la tête et aperçu Mick allongé dans un lit ; Quentin, assis près de lui, des cahiers et des feuilles sur le drap qui recouvrait le patient.  

 

- C’est vraiment pour les bébés ça oncle Mick ! râla Quentin  

- Tu dis ça parce que tu ne connais pas la réponse ! taquina Mick  

 

Quentin grogna entre ses dents et fit immédiatement ses calculs sur une feuille ; il trouva bien évidement la réponse très facilement. Hélène essouffla un rire ; quelle image agréable. La voix de Quentin réchauffa son cœur et toutes ses douleurs s’envolèrent, même les épreuves des derniers jours se faufilèrent dans la boîte marquée « passé ». Néanmoins, Hélène tiqua, que faisait Mick dans ce lit à la clinique du Doc ?  

 

- Mick, tout va bien ?  

 

Hélène sortit de son lit sans se préoccuper des perfusions plongées dans sa chair et se leva dangereusement en s’approchant de Mick vivement ; elle termina dans ses bras. Hélène se mordit la lèvre sentant une douleur dans sa peau et à sa tête : elle était bien trop faible pour jouer à nouveau les médecins.  

 

- En plus de mon fils, tu veux aussi ma femme…  

 

Hélène entendit son cœur faire une chute dû à l’émotion d’entendre non seulement la voix de Kenji, mais de sentir aussi l’odeur d’une cigarette qu’il avait collée à ses lèvres. Les vibrations se firent plus intense lorsqu’elle sentit deux mains – une dans son dos, une se glisser derrière ses genoux – torsader son corps pour la porter telle une princesse.  

 

Kenji la posa dans son lit, délicatement. Il remit le drap sur ses jambes et l’incita à doucement poser sa tête sur l’oreiller. Hélène en rougissait, elle rougissait comme la première fois qu’il l’avait touché, caressé, embrassé… Le regard qu’il posa fut serein, il ne paraissait pas énervé ou en colère.  

 

- Tu vas bien tante Hélène ? s’approcha Quentin  

- Oui, merci… sourit-elle, émue  

- Tu viens Quentin ! On va aller chercher le doc ! fit Mick d’un clin d’œil  

 

Mick ne s’échapperait pas si facilement, Hélène le retenait, elle voulait absolument savoir s’il allait bien – à la vue de son bandage, elle comprit qu’il avait sauté le pas et c’était fait opérer. Elle voulait savoir surtout comment il se sentait, plutôt que de savoir s’il souffrait.  

 

- I’m fine doc junior !  

 

Mick glissa un charmant sourire, ses yeux bleus pétillants, et quitta la chambre en fermant la porte accompagné de son « neveu » de cœur qui charria son oncle d’avoir rougit à la question de sa tante.  

 

Hélène se retrouva seule avec Kenji ; il tournait le dos. Par où devait-elle commencer ? Le plus simple serait de présenter ses excuses pour son comportement irresponsable. Ensuite ; son regret de n’avoir confié sa détermination à remplir sa mission qu’avait confié – indirectement – Vlad Lowski. De ne s’être confiée qu’à Caleb, de ne pas avoir dévoilé qu’elle se rappelait au fur et à mesure de détail de son enfance la menant vers celui qui voulait absolument la faire disparaître : Shen-Yeng.  

 

- Ken…  

 

Les lèvres d’Hélène furent scellées par un baiser. Kenji l’embrassa, timidement, puis suavement, intensément. Libérant ses lèvres, il déposa un baiser sur son front, pris ses mains dans les siennes et s’assit sur le siège près d’elle.  

 

- Kenji, je suis désolée…  

 

Kenji plongea son regard dans le sien ; déconcerté. Elle n’avait visiblement pas compris le message de ce baiser. Il ne voulait pas d’excuse, ni entendre les raisons de son acte et encore moins les remords qui la rongeaient déjà. Ils allaient tous les deux entrer dans un monologue où chacun resterait sur ses positions, un peu colérique et se dire peut-être des mots qu’ils n’avaient pas vraiment envie de dire.  

 

Kenji avait compris qu’Hélène était écartelée entre sa vie de femme « civile » et « Ielena Lowski ». L’âme de la petite fille russe prenait visiblement le dessus, elle avait peur de se laisser envahir et qu’elle devienne une mauvaise personne, parce qu’elle avait une faiblesse pour ce monde débordant de noirceur. Et bien qu’elle fût élevée avec Jeff et Marie, Lena, sa mère, enracinée dans ce monde des « ténèbres » étaient ses racines et ça ne changerait pas.  

 

- C’est moi qui suis désolé ! Je n’ai voulu voir que ce qui m’arrangeait !  

- Non, Kenji, tu n’as pas à…  

 

Kenji captura à nouveau ses lèvres ; sa bien-aimée n’avait absolument rien à craindre d’elle. Bien qu’il n’aurait jamais cru qu’elle pouvait avoir autant de hargne, de courage, de cran, de sang-froid face aux tortures d’Eduardo Flores. Hélène était juste, elle avait une belle âme, et ça ne changerait jamais.  

 

- C’est parce que tu as un grand cœur que j’ai succombé…  

 

Hélène laissa des larmes tomber et s’agrippa au cou de Kenji pour le sentir près d’elle. Elle huma son parfum viril et délicat, elle osa même glisser un baiser papillon dans son cou ; il frissonna. Hélène était heureuse des mots de Kenji, il rendait la situation plus simple, malgré qu’elle savait qu’il avait eu peur et qu’il avait dû être perdu et en colère face à son sentiment d’inutilité.  

 

- Hélène, ne fais plus jamais ça…  

 

Kenji prit le visage en coupe de sa petite-amie, l’air plus sévère, plus sûr ; il voulait qu’ils se fassent une promesse : plus de mensonge. Plus de secret, plus de non-dits, ils devaient avoir le courage de tout se dire, de pouvoir se faire confiance tout le temps, et la peur ne devait pas prendre le dessus.  

 

- Je suis capable de prendre soin de mon fils et de toi !  

 

Kenji ne voulait pas que son statut de père empêche Hélène de le mêler complètement à sa vie. C’était avec elle qu’il voulait vivre pour toujours, il ne voulait pas être « son amour » à moitié. Ils pourraient tout affronter ensemble, ils seraient bien plus forts, rien ne devait les séparer. Le sentiment le plus douloureux pour lui n’avait pas été ses secrets, mais son impression de ne pouvoir rien faire pour elle alors qu’il ferait tout.  

 

Hélène en rougissait, elle savait Kenji sensible, mais pas aussi romantique et honnête avec ses sentiments… Il avait raison ; s’ils avaient été unis et ensembles, sûrement que la tournure des événements auraient été différente. Elle avait si peur, si peur qu’à cause d’elle Kenji ou Quentin ne soient blessés, ou pire… Par sa faute, quatre personnes – sans compter sa mère et son grand-père – étaient mortes à cause d’elle, elle ne voulait pas que le même sort fataliste pour l’homme qu’elle aimait et son fils s’acharne.  

 

- Hélène, promets-le moi…  

 

Kenji avait la voix un peu fébrile ; il souffrait. Même si elle avait peur, cette peur ne devait pas la rendre prisonnière de sa propre vie. Elle devait affronter ses angoisses si elle voulait avancer et justement rompre la fatalité. Elle ne gagnerait pas ! Et à eux deux, elle serait laminée.  

 

- Je te le promets Kenji…  

 

Hélène se rapprocha de son bien-aimé, rougissante, mais s’avança à ses lèvres pour l’embrasser et sceller sa promesse… Kenji passa sa main derrière son dos, revenant sur sa hanche, son ventre – elle sursauta – sa poitrine, il remonta vers son cou pour le serrer ; il la tuerait si elle ose encore l’effrayait autant. Kenji sentit tout son sang bouillir de désir, mais il devait être raisonnable et la laisser se reposer.  

 

Doc entra dans la chambre à ce moment accompagné de Kazue. Hélène semblait être en bonne santé, rien à signaler, excepté surveiller ses blessures et se reposer pendant plusieurs jours ; elle pourrait sortir en fin de journée. Kenji embrassa une dernière fois Hélène ; il avait prévenu Marie par message et elle arriverait d’ici peu – il les laisserait entre sœurs.  

 

Quentin salua timidement Hélène et fit un check à son oncle Mick – il passerait demain comme promis pour regarder le match de basket ensembles.  

 

À peine dix minutes plus tard, Marie arriva en trombe dans la chambre. Elle tomba sur Mick et Kazue en train de manger !  

 

- Où, où est Hélène ? s’affola Marie  

- Calme-toi… Elle est dans le jardin, elle voulait absolument sortir prendre l’air… rassura Kazue – elle voulait surtout laisser de l’intimité à ce couple  

- Merci !  

 

Marie arriva dans le somptueux jardin de la maison du Doc. Hélène était dans une chaise roulante près du petit lac où dansaient des poissons comète. Elle semblait apaisée. Marie piqua une chaise de jardin et partit rejoindre sa petite-sœur.  

 

- Hélène…  

 

Hélène était très heureuse de voir Marie – sa grande sœur adorée – elle tendit ses bras vers elle et Marie vint l’enlacer, tendrement. C’était la seule chaleur maternelle qu’elle possédait désormais, Hélène aimait sentir Marie près d’elle, avec elle, veillant sur elle, combien elle avait dû la décevoir elle aussi…  

 

- Je suis contente que tu ailles bien !  

 

Marie s’assit sur la chaise et caressa son visage, tendrement, comme une mère. Hélène lui avait fait très peur, encore. Décidément, elle ne pouvait pas s’empêcher de jouer avec sa tension. Quelle idée lui était passée par la tête pour décider de traverser cette épreuve, cette sordide épreuve seule ?!  

 

- Je suis vraiment désolée Marie…  

 

« Non » ; elle n’avait que faire de ses excuses.  

 

- Je croyais qu’entre sœur, on pouvait tout se dire ! avoua Marie, tournant son visage et allumant une cigarette  

 

Hélène ne put s’empêcher de sourire à cette déclaration d’amour. Marie était une grande sœur inquiète, possessive, et exclusive aussi parfois – qui l’aurait pensé il y à peine trois années ? Hélène aimait ce lien, et elle n’aurait pris le risque de le rompre ou de le sacrifier pour une faveur demandée irrationnellement par son grand-père…  

 

- Tu es surtout bornée et têtue ! insista Marie  

 

Hélène ricana, c’est vrai, elle ne s’imaginait pas autant d’entêtement, même étriqué. Elle avait tellement vécue seule, à se débrouiller seule, à grandir en se sentant seule, qu’elle s’y était probablement habitué intentionnellement. La confession brisa le cœur de Marie car cette solitude était entièrement de sa faute.  

 

- C’est de famille… souffla Hélène, adressant un sourire solaire à sa grande sœur.  

- Merci…  

 

Marie se demandait vraiment si elle méritait le pardon de sa petite-sœur. Pour Hélène, leur ancienne relation faite de tension et de mésentente n’avait pas d’importance. Aujourd’hui, elles s’aimaient, comme elles avaient appris à s’aimer et c’était ce qui avait de l’importance – Marie ne se souvenait pas avoir eu un jour aussi peur de perdre un être cher qu’à l’instant où elle avait compris qu’Hélène partait affronter seule Eduardo Flores.  

 

- Ne fais plus jamais ça ! implora-t-elle, câlinant sa chevelure  

- Je te le promets, « moya sestra » !  

 

À l’entente de son charmant surnom prononçait en russe ; Marie se souvenait qu’elle n’était pas revenue seule. Elle se pencha et attrapa son compagnon de route caché dans une poche.  

 

- Tiens…  

 

Marie tendit une peluche lapin à Hélène ; elle s’en saisit immédiatement. Dans ses rêves – ses souvenirs – elle se rappelait que ce lapin avait été fait par sa mère et… Hélène sentit sa tempe cogner ; elle demandait trop d’effort à sa mémoire. Elle se contenta de le serrer contre elle, laissant ses larmes couler sur l’épaule chaude de sa grande-sœur.  

 

- Est-ce qu’on dérange ? s’avança une voix  

 

Hélène vit arriver Amélie et Déborah. Amélie sauta à son cou, contente de la voir en pleine forme. Amélie la sermonna, partit dans un long monologue où elle exposa sa leçon de morale. Déborah, elle, comme à son habitude, resta silencieuse, mais elle avait le regard plus décontracté.  

 

- Je ne sais pas comment vous remercier… avoua Hélène  

 

Amélie s’agenouilla et posa la tête sur les genoux de son amie et caressa ses jambes comme si elle papouillait un chiot. Elle ne voulait pas que son amie la remercie, mais qu’elle lui promette de ne plus rendre aussi inquiet les personnes qu’elles aimaient ; observer la détresse dans le regard de Marie et Kenji avait torturé son cœur ; parce qu’Amélie et Déborah s’étaient senties impuissantes face à leur détresse.  

 

Hélène fut touchée par les paroles d’Amélie ; elle ne pouvait que tenir sa promesse devant tant d’amour…  

 

. . . . .  

 

Kaori chantonnait dans la cuisine ; elle préparait une fournée de biscuit pour les distribuer demain à l’orphelinat. Elle avait promis de passer avec Ryô pour le goûter. La mélodie entraînante soufflée par sa partenaire, arriva aux oreilles du nettoyeur ; agréable. Kaori semblait concentrée sur sa cuisine et ça arrangeait Ryô ; il pouvait lire son magazine de charme tranquillement.  

 

Ryô gardait malgré sa relation avec Kaori ; de « très mauvaise habitudes » comme le soulignait – punissait – sa bien-aimée. Il avouait – secrètement à lui-même – qu’il adorait surtout taquiner sa moitié et la rende irrésistiblement jalouse.  

 

Ryô ricana bêtement lorsqu’il reçut un coup sur la tête : le rouleau à pâtisserie. Ryô se retourna et vit sa partenaire avec son visage des mauvais jours.  

 

- Tu es encore en train de mâter ces vulgaires magazines !  

- Tu te m’éprends Kaori chérie ! Je m’informais sur la prochaine collection automne-hiver !  

- Et la collection automne-hiver propose des monokinis bien sûr ! Tu te moques vraiment de moi !!  

 

Kaori prit appui sur ses pieds, balança sa hanche sur la gauche, élança ses bras pour porter le poids de la massue et ajusta son tir pour viser la tête de son « pervers » de partenaire. Kaori n’était plus qu’à quelques centimètres de sa tête, lorsqu’elle sentit deux mains encercler ses hanches et elle vit la tête de Ryô se faufiler entre ses bras ; le renard colla son front au sien.  

 

- En parlant de monokinis…  

 

Kaori lâcha sa massue ; le « bougre » savait qu’elle ne résistait pas à sa voix grave susurrant à son oreille comme un amant attentif ; Ryô lui enleva son haut, venant caresser la peau de sa chute de rein. L’observer juste dans ce jean avec son sous-vêtement cachant sa poitrine ; elle valait bien toutes les femmes des magazines et celles des rencontres quotidiennes. Il se hâta à voler ses lèvres et la faire basculer par-dessus le canapé pour la coincer dans ses bras.  

 

Ryô glissa sa main du bas de son dos, faisant danser le bout de ses doigts le long de sa colonne vertébrale ; elle frissonnait ; il vibrait. À chaque caresse, à chaque baiser, à chaque nuit où ils s’unissaient avec envie et amour, il regrettait ses années de silence qu’il s’était infligé pour la séparer de lui.  

 

- Kaori… râla Ryô, le cœur près à éclater d’excitation  

 

Kaori n’avait jamais entendu son prénom être prononcé avec tant de chaleur ; d’envie ? Elle était heureuse, épanouie, mais elle n’y croirait jamais. Le ciel – qui avait reçu ses nombreuses confessions – était le seul à savoir combien elle avait attendu cet homme et qu’elle aurait pu l’aimer sans retour jusqu’à son dernier souffle. Observer du désir dans son regard avant qu’il ne ferme les yeux pour l’embrasser relevait encore de la rêverie ; elle l’aimait sans condition, sans limite, et la réalité qui avait fait leur union restait encore mystérieuse et intouchable parfois.  

 

- Ryô…  

 

Un raclement de gorge se fit entendre,  

 

- On vous dérange peut-être ?  

 

Dépourvus – déçus – Ryô et Kaori tournèrent leur tête vers la porte d’entrée et virent Kenji et son fils – les yeux bandés par les mains de son père. Kaori paniqua, elle cacha sa poitrine – malgré le soutien-gorge – s’échappa du canapé pour rapidement ramasser son sweet par terre et parti se réfugier dans la cuisine ; morte de honte.  

 

Ryô ricana assez fort et se gratta le derrière de la tête ; gêné. Quentin était amusé de constater que son oncle Ryô était encore plus timide et pudique que son père. D’ailleurs, il n’avait plus besoin de lui cacher ses yeux maintenant !  

 

- Je venais vous donner des nouvelles d’Hélène…  

 

Kaori ressortit immédiatement de la cuisine à l’entente du prénom de son amie : elle était rassurée qu’elle se soit réveillée rapidement et qu’elle aille bien. Elle passerait la voir demain soir à l’appartement – elle laisserait de l’intimité au couple pour aujourd’hui.  

 

- Ça lui fera très plaisir… répondit simplement Kenji  

 

Kaori avait l’habitude du flegme du nettoyeur, mais il semblait être perturbé en cet instant ; il avait manifestement envie de parler d’une chose qui le tracassait à Ryô…  

 

- Quentin, ça te dit de venir m’aider en cuisine !  

 

Quentin tiqua sur le ton qu’employa Kaori : son père avait envie d’une conversation entre « adulte » avec son oncle Ryô visiblement. Les adultes autour de lui ne pouvaient pas s’empêcher de lui parler et de se comporter comme s’ils n’avaient toujours pas compris que Quentin n’était pas naïf sur la vie de « nettoyeur » de ses parents et sa famille de cœur. Kaori avait des yeux noisettes apaisants et charmants, Quentin ne se sentit pas capable de rétorquer ; il se laissa guider comme un enfant dans la cuisine.  

 

Ryô se rassit confortablement dans le canapé et invita Kenji à le rejoindre autour d’une cigarette. Kenji refusa le bâton de nicotine ; ce qu’il le tracassait devait vraiment être grave.  

 

- Il y a un problème avec Hélène ? demanda Ryô, renonçant à la cigarette lui aussi  

 

Ryô avait vu les ravages des mensonges d’Hélène sur Kenji ; il était devenu fou et une remise en question excessif et radical s’était effectuée. Une remise en question pour lui-même et son couple. Mais à la façon dont Kenji était rentré chez eux avec son fils, il paraissait plutôt apaisé et consolé.  

 

- Non, de ce côté-là, ça va…  

 

Ryô sourit devant la tête baissée et rougissante de Kenji. Il avait mûri et tellement changé au contact d’Hélène – ça lui rappelait un autre homme qui attendait la mort sans conviction du bonheur jusqu’à ce qu’il ressemble à une silhouette lumineuse. Kenji n’avait pas fui, et il croyait suffisamment en l’amour qu’ils se portaient mutuellement pour faire face à cette épreuve. Mais malgré ça, un détail vraiment dérangeant le ronger encore ?  

 

- Je ne sais pas… je l’ai trouvé… comment dire… placide…  

- À quel propos exactement ?  

 

Kenji se leva et alla vers la fenêtre, mettant les mains dans ses poches. En réalité, son inquiétude était remplie de doute et d’incertitude et il n’avait pas osé aborder le sujet. Il ne saurait comment le décrire, mais,  

 

- Pour une femme qui a tué un homme pour la première fois, elle semblait… paisible…  

 

Dans la pièce, il ne se trouvait plus qu’Eduardo Flores et Hélène, si elle avait pu s’en sortir, c’est qu’elle avait dû se défendre et l’éliminer – personne ne regretterait cet homme. Elle n’avait jamais tiré vraiment sur quelqu’un, sauf sur Ryô à l’entraînement, et elle n’avait fait que menacer Erika Rosenberg avec son arme il y a trois ans. Ôter la vie pour la première fois, même devant un ennemi, c’est un sentiment étrange, ni puissant ni suffisant.  

 

- Tu ne me dis pas complètement ton sentiment, n’est-ce pas… sourit Ryô, ému  

- Non… à toi, je peux le dire, je…  

 

Kenji ne pouvait décrire le bonheur de l’avoir retrouvé saine et sauve et encore amoureuse, même sûrement plus amoureuse de lui. Elle avait avoué qu’elle aimait son fils comme si c’était le sien ; c’était la plus belle des preuves qu’elle ne puisse lui confesser ; d’où sa facilité à omettre ses mensonges et le danger dans lequel elle s’est enlisée seule. Mais lorsqu’il avait l’image d’Hélène pointant son arme vers Eduardo Flores et lui tiré dessus pour le « tuer », son corps tout entier se crispait : Kenji aurait souhaité que ce genre d’événement ne se produise jamais.  

 

Ryô comprenait parfaitement ce sentiment ; il avait longtemps confié une arme défectueuse à Kaori pour éviter qu’elle n’ait les mains sales et qu’elle doive vivre avec ce sentiment de sang sur soit toute sa vie. Le rôle que c’était donné Ryô était difficile, mais il s’y tiendrait, c’était l’une de ses nombreuses preuve d’amour. Et s’il venait à savoir qu’il avait failli dans cette mission si ; il en serait anéanti.  

 

- Ça n’aurait jamais dû arriver Ryô… je l’aime, mais je fais tout de travers !  

 

Ryô se leva et s’approcha de son ami ; il posa une main réconfortante sur son épaule. Kenji – Hélène également – ne devaient pas se montrer trop dur envers eux-mêmes, car Ryô pensait justement qu’ils s’aimaient sûrement trop fort pour faire bien. La peur de se perdre mutuellement avait tout simplement prit le dessus… La peur avait fait perdre cinq années d’amour et de bonheur à Ryô et Kaori, il savait pertinemment toutes les erreurs qu’on peut faire par sa faute. Mais, une fois cette peur affronter, car elle ne pourra jamais être plus puissante que l’amour, la vie devient plus facile. Même s’il reste parfois encore un peu des fragments de cette peur, elle ne doit jamais plus prendre le dessus.  

 

- Tu es conseiller conjugal toi maintenant ! s’intimida Kenji  

- Tu es encore un enfant ! Mais un jour, tu auras ma sagesse ! dit-il, bombant le torse  

- Tu crois convaincre qui avec tes magazines de charme cachés sous le canapé !  

 

Ryô grinça des dents ; ce blanc-bec ne pouvait-il pas parler encore plus fort ? Kaori avait l’ouïe fine, l’oreille de la jalousie peut entendre à des kilomètres ! Mais elle prenait tellement plaisir à observer Quentin faire les paquets de biscuits pour les orphelins qu’elle décida de remettre son châtiment à plus tard.  

 

- Ça te va comme ça tante Kaori ?!  

 

Kaori ouvrit non seulement son ouïe, mais aussi sa vue ; surprise que Quentin la nomme ainsi. C’était la première fois qu’il disait « tante » ; il donnait ce surnom à Amélie, Marie et même Kazue, mais avec elle, il ne s’était jamais prononcé. Elle ressentit un sentiment de bien-être ; elle se sentait un peu triste à chaque fois qu’elle échappait à ce diminutif, et ce simple moment de partage la rendit très heureuse.  

 

- Il est parfait ! dit-elle d’un gracieux sourire  

 

Quentin rougit un peu ; Kaori le regardait comme s’il était la personne la plus importante au monde. Décidément, il était vraiment entouré d’une famille de cœur chaleureuse, qu’il n’aurait souhaité échangé pour rien au monde, malgré qu’il gravite parfois autour du mal.  

 

Pour Quentin, ils étaient tout simplement des super-héros.  

 

 

 

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de