Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG - Prose

 

Author: cecoola

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 14 chapters

Published: 15-03-04

Last update: 24-06-04

 

Comments: 33 reviews

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RomanceAction

 

Summary: Bon, voyons voir. Trois papa, trois mamans... Deux jeunes étudiants et tout plein d'enfants ! Ok, on est bon pour le troisième volume.

 

Disclaimer: Les personnages de "A la vie, à l'amour" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How to put images in a fanfiction?

 

It’s simple. Just send the images to me and tell me where the images should be in the text. I’ll take care of the rest. Please log in to send me these images and use the email you gave me when you signed up.

 

 

   Fanfiction :: A la vie, à l'amour.

 

Chapter 9 :: Chapitre 9 : Résurrection et naissance.

Published: 29-05-04 - Last update: 29-05-04

Comments: Et voilà, je crois que cette fois-ci, nous n'aurons plus beaucoup d'humour avant quelques chapitres (pardon à tous ceux qui en espéraient encore). Comme promis, j'essaye d'assurer du mieux que je peux pour écrire mes deux fanfics, ce qui n'est franchement pas évident. Je vous demande donc de bien vouloir me pardonner les écarts entre les chapitres tant que Juillet ne sera pas arriver. Après celà, je vous promets d'envoyer des fics très régulièrement. Merci infiniment pour tous vos encouragements et surtout, bonne lecture !

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

Tandis que Matt s’applique patiemment à recoudre l’épaule gauche d’Emeraude, celle-ci peste comme un bourrin. Malgré ses assauts de questions, personne n’est en mesure de lui répondre. D’ailleurs, elle a à peine eu le temps d’interroger son père qu’on la transportait déjà de force dans une salle séparée où soigner ses blessures. Mais d’après ce qu’elle a pu entrevoir, lui non plus n’a pas l’air de savoir pourquoi il se trouve en cet endroit.  

Assise sur ce lit d’hôpital, elle ne cesse de soupirer en attendant que Matt termine sa besogne qui lui semble déjà trop longue. Mais le lieutenant a de quoi lui tenir tête, se plaignant tout naturellement que si elle avait fait un peu plus attention, il ne devrait pas user tout son fil pour une entaille longue de dix centimètres.  

- Il faudrait surtout que tu apprennes à ne pas te blesser, murmure-t-il. Je me demande combien de points de suture il m’a déjà fallu coudre sur ta peau depuis que l’on se connaît. Tu fonces trop, capitaine, et tu ne prends pas assez garde à ce qui ce passe en dehors de tes points vitaux.  

- On ne meurt pas d’une épaule cassée tout de même !  

- Peut-être pas. Mais je te signale que tes épaules encaissent hémorragies sur hémorragies. Et ce n’est pas pour dire, mais aucun médecin ne le recommande !  

- Je te l’ai souvent répété Matt : tu as tes méthodes et j’ai les miennes. Point à la ligne ! Tu as bientôt fini ?  

- Presque.  

Le lieutenant sourit. Son capitaine a beau avoir grandi et mûri dans le monde de la société, elle est restée cette adolescente effrontée et déterminée qu’elle était à dix ans. Egale à elle-même, elle présente tant de fierté qu’elle en devient parfois presque ingénue.  

 

Cependant, il avoue sincèrement ne rien savoir à cette nouvelle réunion de la bande. Les ordres étaient de venir au Japon en compagnie du plus grand homme de la légion et il les a exécutés. Il ignore cependant le pourquoi de cette histoire. Il pensait que son capitaine ne le serait plus jamais ; que définitivement, il ne recevrait plus jamais d’ordre de cette fille merveilleuse. Et voilà qu’on lui annonce que le but de cette expédition est de tester son capitaine ainsi que le jeune Toya qui l’accompagne sans cesse comme une ombre suit le corps de sa représentation. Mais, dans le fond, quel est le VRAI but de cette expédition ? Il ne comprend rien à tout ce tapage, vraiment rien.  

- Eh ho ! Lieutenant ? Je crois qu’il n’est pas nécessaire de tailler ma peau au-delà de la blessure. Et tu viendras dire que c’est moi qui use ton fil ?  

D’un geste machinal, Matt a continué son tricotage qui vient tout juste de se terminer.  

- Qu’est-ce qui te préoccupe, mon ami ?  

Ah non, pas ça ! Pas ce capitaine-là ! Par tous les dieux, si Emeraude commence à le questionner après s’être transformée en amie, alors il est pris au piège et ne pourra que lui répondre.  

Leurs yeux se croisent et une fois encore, malgré les années qui se sont écoulées, Matt ressent parfaitement ces frissons qui parcourent le corps de tous ceux qui ont jamais croisé ce regard. Tous, sans exception, sont morts ou sont devenus ses alliés. Autant dire que la seconde possibilité ne s’est pas souvent réalisée… Seulement six fois selon ses calculs exacts.  

- Non, soupire Emeraude. Toi non plus, tu ne peux rien m’apprendre de tout ça, n’est-ce pas ? fait-elle en posant sa main sur la joue moite du soldat. Laisse-moi seule, je vais me laver. Laisse ici la trousse de secours pour que je puisse bander mes blessures. Dis à ton chef que je serais prête dans une demi-heure et qu’il n’aura pas intérêt à me faire attendre davantage.  

- Il n’est pas mon chef. Toi seule l’es.  

- Et qu’as-tu fait durant ces cinq dernières années ?  

Emeraude pose cette question plus par habitude de la conversation polie, bien qu’elle en sache parfaitement la réponse. Le lieutenant se lève, boite de secours en main, et le regarde d’un air vaincu et fatigué.  

- J’ai accompli les actes tout comme tu me les aurais très certainement ordonnés. Avec les années, j’ai eu la chance de bien te connaître.  

- En effet, c’est une chance. Car moi-même, j’ignore parfois qui je suis…  

Matt dépose la boite en fer sur la table de chevet, sort de la pièce pour en revenir rapidement avec un nécessaire de toilette et une nouvelle tenue. Il n’oublie cependant pas de jeter un dernier coup d’œil vers Emeraude. Il la trouvait fortement changée il y a trois ans, lorsque lui et les gars ont participé au réveillon de Noël avec elle et toute la bande de Ryô Saeba. Il avait découvert ce jour-là une jeune fille sacrément effrontée mais riante comme une enfant toujours prise en faute. Aujourd’hui pourtant, alors qu’elle a passé à la maturité aussi bien corporelle que mentale, Matt a l’impression d’avoir retrouvé son capitaine d’il y a huit ans… lorsqu’elle avait ses idées si droites que rien ni personne, pas même un ordre venant d’en haut, ne pouvait faire changer de direction. Est-ce une bonne chose ou une mauvaise ? Pour l’instant, avec le peu de choses qu’il sait de cette affaire, il l’ignore complètement. Mais même s’il ne connaît pas le but de son retour, il ne néglige pas qu’Emeraude aura très certainement besoin de ses qualités autant que ses défauts.  

Qu’importe ce qu’elle devra faire, si elle reste Emeraude Saeba, elle mourra sur le champ. Si elle redevient l’ancien capitaine que personne ne pouvait défier du regard sans le payer par sa vie, il ne fait aucun doute que sa fin ne sera pas victorieuse non plus. Oui, mais est-il vraiment possible de créer un pont entre deux personnalités si différentes ? Se pourrait-il que la présence de ce jeune garçon, Toya, soit ce lien, d’où l’explication de sa présence parmi de soldats de la dernière chance ?  

Tant de question qui n’apporte pourtant aucune réponse.  

 

Apparemment, la légion étrangère est toujours la meilleure. Elle a su évaluer les changements corporels d’Emeraude et cette tenue, toujours les mêmes ailes pour cet ange de la nuit, s’ajuste exactement au corps de la jeune femme. C’est à se demander si ce ne sont pas de véritables obsédés qui ont inventé ce programme de « vieillissement informatique ». Elle sourit, oublieuse qu’elle est ! A l’époque, et il semblerait que ce soit toujours le cas à présent, elle était la seule fille… la seule brebis au milieu d’une horde de loups sauvages. Et comment diable a-t-elle fait pour tous, sans exception, les dominer ?  

Alors qu’elle prend sa douche, elle évalue la situation. Lundi 8h02, elle quitte ses jumeaux avec une impression d’écrasement au plus profond du cœur. Lundi 16h36, un incendie est détecté à l’école maternelle et Natsumi lui confie le message de ses opposants onze minutes plus tard. Lundi 17h23, elle et Toya décident de se lancer à l’attaque. Mardi 0h00, début de la bataille. Mardi 9h42, Emeraude est sous la douche et ignore encore le pourquoi de tous ces changements depuis deux jours.  

- Mardi 0h26, murmure-t-elle en posant ses mains sur ses lèvres.  

Et un sourire apparaît sur son visage. Ce n’est ni de l’ironie, ni de l’effronterie. Juste de la joie, du bonheur… et, sentiment le plus important, beaucoup d’amour.  

 

Toya sort dégoulinant d’une douche froide. La chaleur n’a jamais été qu’un réconfort pour lui une fois que la mission était terminée. Et ici, même s’il ne sait encore rien de ce qui est sur le point de se produire, il ressent que l’affaire n’est pas close, qu’elle est même très loin de l’être. L’enlèvement des jumeaux n’était qu’une étape pour les faire venir jusqu’ici. Etape et non piège. C’est peut-être stupide de penser cela, mais il a beau fouillé dans son esprit, le mot « piège » refuse d’intervenir dans cette histoire.  

L’essuie placé sur ses hanches, il se dévisage dans l’immense miroir auquel il doit faire face. Jamais, non jamais, il n’a aimé ainsi se mirer. L’image n’est après tout qu’une copie, et mauvaise en plus vu qu’elle reproduit tout à l’envers. Plaçant cependant sa main droite sur la glace froide, il dépose ensuite son front et un défi débute entre ses yeux saphir et ceux du miroir. C’est fichu cette fois, semble sourire l’image. Désormais, ta mère ne pourra plus que s’inquiéter de savoir si on lui annoncera que le dernier homme de maison est mort au combat, tout comme son défunt mari. Mais le jeune homme, se redressant très lentement, se défie lui-même.  

- Pas cette fois-ci, souffle-t-il. Car j’ai une promesse à respecter et je ne mourrais pas avant de l’avoir respectée !  

S’essuyant à la hâte, il remarque qu’on lui a laissé des vêtements de rechange sur le bureau : une tunique militaire. Toya la déplie et la regarde avec des yeux bien vagues. Ce genre d’habit n’a jamais été dans son style, mais il n’a visiblement pas le choix étant donné qu’on a embarqué ses autres vêtements déchirés et ensanglantés. Il n’aurait pas fière allure avec l’unique drap blanc qui cache tout juste sa pudeur.  

C’est une fois habillé qu’il remarque seulement les deux autres objets qui avaient été placés sous la tunique militaire. L’un est un béret tout ce qu’il y a de plus traditionnel chez un soldat, l’autre est une carte…  

 

Toute la bande s’impatiente dans la salle où on les a prié d’attendre il y a déjà quelques heures. La seule chose qui les légèrement distraits fut l’apparition soudaine des deux adolescents. Apparition vivement remplacée par un nouveau silence. Il y a quand même assez d’éléments pour vous rendre fous, ainsi enfermé dans une pénombre quasi omniprésente.  

Falcon reste callé sur sa chaise et semblerait presque endormi, contrairement à Ryô et Mick qui tournent en rond dans la salle, comme des animaux sauvages enfermés dans une cage. Miki, Kazue et Kaori dissimule leur inquiétude en s’occupant des jumeaux qui trouvent ce nouveau jeu plus ou moins à leur goût, mise à part qu’ils n’en comprennent absolument pas le but. Saeko pourrait presque être assimilée à Falcon si elle ne pestait pas sans cesse, jurant surtout contre Robin qui l’avait délaissée pendant trois mois sans nouvelle et la laisse plantée là comme si de rien n’était. Non, mais, vraiment. On ne plante pas ainsi Saeko sur le sol comme un vulgaire panneau de signalisation. Même s’il est contraint d’obéir aux ordres, Robin lui devra bien plus que des explications quand ils se retrouveront en tête à tête. (On en viendrait presque à plaindre ce pauvre Robin… une Saeko en colère, c’est vraiment très dangereux.)  

Tout à coup, Ryô bloque net sa course et Mick, tête en l’air, lui fonce dedans. Ce dernier ronchonne contre son ami mais Ryô ne prête aucune attention à ses plaintes et préfère s’adosser contre un mur, le regard noir et meurtrier. Cette histoire ne lui dit rien qui vaille. Pourquoi donc les a-t-on personnellement contacté pour se donner rendez-vous au Cat’s Eye et ensuite entraîner presque contre leur gré dans une camionnette aussi noir que l’est un corbeau ? Et pour l’amour du ciel, pourquoi fait-on intervenir ses enfants dans cette histoire ? Les trois femmes ont réussi à confier leurs enfants à Eriko, justement libre ce soir. Mais Yume et Tomoyo ont quand même été impliqués dans cette histoire, sans oublier la pauvre Natsumi qui a le bras dans le plâtre à présent. Et tout ça pour une seule et unique chose, il en est persuadé : le retour d’Emeraude et Toya dans l’univers de la pègre, du meurtre, de la guerre… Non, décidément, les choses ne se déroulent absolument pas comme elles devraient le faire. Gare au premier qui osera pointer son nez dans cette salle mal éclairée car il se retrouvera avec un visage sacrément amoché.  

Et la porte s’entrouvre, l’œil droit de Ryô tique.  

 

Toya ressent une tension énorme se dégager derrière la porte alors qu’il tourne la poignée, mais cette tension s’évanouit assez rapidement lorsque Ryô le reconnaît. Le jeune homme parvient à peine à croire qu’un seul homme peut créer à lui seul une telle pression dans l’atmosphère, mais il ne faut sans doute pas sous-estimer un fils de la guérilla.  

Le reste du groupe le dévisage avec des yeux grands ouverts, excepté Falcon peut-être qui ne peut pas le voir dans son costume militaire. Ce n’est pourtant pas une raison suffisante pour que le mercenaire ne contemple pas la différence si soudainement apparue chez Toya. En fait, Falcon l’a surtout reconnu à sa façon de marcher, à ses habitudes de couper son souffle lorsque tout le monde garde des yeux rivés sur lui. Mais ce n’est certainement pas grâce à la présence du garçon qu’il a su reconnaître à qui il avait à faire. En effet, comme son esprit l’a survolé toute à l’heure, ce n’est pas le jeune homme timide et presque invisible qui est apparu au pas de la porte. Non, on dirait plutôt un soldat franc et obstiné autour duquel flotte cette aura indescriptible qui le rendrait presque innocent de tout acte mauvais. Une telle aura a déjà certainement du trompé un bon nombre d’adversaires… Cela ne suscite aucun doute. Quiconque sous-estime son ennemi est mort avant même le début du combat.  

Un homme frêle et élancé pénètre dans la pièce à la suite de Toya. Lui n’est pas soldat, ni même quoique ce soit. On appelle ce genre d’homme les « larbins du patron ». Façon de désigner un homme qui ne fait rien d’autre que de transmettre les ordres de son chef à ceux qui doivent les recevoir. La guérilla a appris aux guerriers que des hommes faibles et terrorisés étaient très obéissants pour rester dans la bonne du chef. Voilà pourquoi certains anciens soldats assez haut placés gardent encore à leur service des hommes qui n’ont même pas appris à utiliser un simple fusil.  

Le regard glacé que lance Toya au petit homme le fait trembler de la tête aux pieds avant qu’il ne commence à s’adresser à l’assemblée.  

- Le chef arrivera très bientôt, ainsi que votre fille, ajoute-t-il à l’adresse de Ryô. En attendant, capitaine, un ancien collègue a été prié de vous rejoindre.  

- Un ancien collègue ? murmure Toya d’une voix grave que personne ne lui connaît.  

L’homme s’incline et disparaît sans demander son reste.  

- Un ancien collègue ? souffle Saeko. De qui s’agit-il, capitaine Carter ?  

Tout le monde regarde alternativement l’inspectrice et le jeune homme qui s’est à peine avancé dans la pièce.  

- Je l’ignore, mademoiselle Nogami. J’ai toujours travaillé en solo. La seule mission groupée que j’ai accepté fut un véritable carnage… un massacre pour mon groupe.  

- Massacre ?  

- Un de nos soldats avait tout avoué aux adversaires après quelques minutes de tortures à peine. Cette trahison a bien évidemment causé notre perte à tous.  

- Tu en étais le seul survivant ? s’enquiert Mick.  

Toya hoche la tête.  

- Après cet événement, j’ai abandonné mon poste de capitaine et j’ai continué en solo suivant les ordres du Maréchal durant plus d’un an. J’ai ensuite été libéré de mes fonctions et suis redevenu Toya Saïonji. C’était un mois avant le défilé où nous nous sommes rencontrés.  

Et en si peu de temps, il avait réussi à se confondre profondément dans le monde de sa mère ? Cela étonne fortement Ryô. Toya, remarquant son désarroi, lui apprend qu’il n’avait jamais vraiment fait partie de la légion étrangère. Il y avait été enfermé durant six mois pour un entraînement intensif lorsqu’il avait onze ans, puis il était resté auprès de sa mère, exécutant les ordres quand ceux-ci lui parvenaient.  

- Un Section Spy ? interroge une voix en pénétrant dans la pièce.  

Frédéric entre sans cérémonie, naturellement suivi de ses compagnons d’armes.  

- Section Spy ? s’étonne Miki. Ce n’est pas une légende cette section uniquement composée d’hommes « invisibles » ?  

- Invisibles ? Qu’entends-tu par là, Miki.  

- Oh, rien de spécial, Kazue. Invisibles parce que personne ne connaît leur identité. Ils ne sont renseignés sur aucune fiche, n’existe pas de part le monde… De vrais fantômes. J’ai entendu dire que la seule identité qu’il pourrait avoir serait d’être un pauvre gars banal, vivant dans un monde banal, travaillant pour une firme banale, et célibataire depuis la nuit des temps. Mais bon, je pensais que c’était une légende urbaine. De tels hommes sont très dangereux pour nous.  

- En effet, souligne Carl. Leur boulot se résume la plupart du temps à éliminer des grands tueurs du monde qui pourrait gêné la légion.  

- Mais ? Ces hommes « invisibles » n’existent pas, n’est-ce pas ? Pas plus que la fameuse Section Spy ?  

L’inquiétude se lisait dans son regard. Une légende devait rester ce qu’elle était. Si jamais il était vrai que de tels soldats parsemaient en effet le monde, se serait une véritable catastrophe. Le mythe raconterait que même le meilleur professionnel n’est qu’un jouet entre leurs mains, et que lorsqu’ils reçoivent une mission, c’est avec une note maximale et un temps minimal qu’il l’accomplisse.  

- Tu te trompes, Miki. Cette Section Spy existe belle et bien. J’en ai d’ailleurs fait partie, il y a quelques temps…  

La voix de Toya se répercute en écho sourd dans la salle. A présent adossé dans une position tout à fait similaire à celle de Ryô, il cache son visage dans la pénombre, ce qui a pour effet d’alourdir chacune de ses paroles.  

Miki ne peut plus contenir son affolement. Toya… il est alors bien plus puissant que son mari, que Mick ou que Ryô ?  

- Pas étonnant que j’ai pas su l’empêcher de fouiller notre ordi, soupire Robin un peu plus tard pour essayer de détendre l’atmosphère.  

Même si ce n’est pas énorme, l’air lourd semble quand même vouloir s’alléger un peu.  

La porte s’ouvre une fois de plus et lorsque Toya découvre le visage de son « collègue », il se jette littéralement dessus, poignard bien en main.  

 

Tout s’est déroulé à une vitesse folle. Emeraude tournait au coin d’un sempiternel couloir, le dernier d’après ce qu’elle avait compris, et avait découvert Toya étendu sur un homme… ou plutôt sur le cadavre de celui-ci. Dans sa main droite, le jeune homme tenait fermement un poignard au manche en ivoire, baigné du sang du soldat défunt. Toya n’est pas de ceux qui échoue ; même si sa colère a guidé son geste, il était réfléchit et précis. Le cœur était visé et a été touché.  

Toute la bande était médusée par la réaction de ce jeune garçon. Et heureusement, Kaori avait eu la bonne réaction d’empêcher ses enfants de regarder ce qui se passait et de leur boucher les oreilles.  

Tout ce qu’Emeraude a réellement pu voir, ce fut le trouble dans le regard de Toya lorsque ce dernier remarqua seulement la présence de son amie.  

Puis, elle s’était approchée calmement de lui et l’avait bercé tendrement dans ses bras.  

Cet homme… ce soldat mort. Il l’avait hanté tant de nuit. A cause de lui, de sa peur et de son égoïsme, cinquante hommes avaient été massacrés lors d’une soirée étoilée. A cause de ce pauvre type qui n’a pas su supporter quelques tortures, Toya avait vu disparaître ses seuls amis. Et, tout compte fait, mourir d’un seul coup en ayant à peine l’occasion de comprendre ce qui se déroule, c’est une mort bien trop belle pour un être aussi pourri.  

Mais alors qu’il s’en voulait encore de cet acte, alors qu’il était réchauffé par la chaleur des bras d’Emeraude, celle-ci lui conta ce qu’elle venait de faire à l’instant.  

Au loin, on pouvait voir quatre soldats en train de porter deux autres, morts d’une balle en pleine tête. Elle aussi venait de régler ses comptes, maudissant ses hommes infidèles aux ordres de leur supérieur et qui avaient osé blesser Natsumi. Mettre un ange en colère revient à défier de haut le diable lui-même. Et seule la vie peut être un prix assez cher pour payer cet affront.  

 

Ryô est là, à regarder sa fille verser des larmes dans les cheveux ambrés de Toya.  

Comment donc est-ce qu’en l’espace de quelques heures, tout peut ainsi basculer ? Pourquoi le destin désire-t-il tant la présence d’Emeraude dans ce monde si noir alors qu’elle n’est qu’un petit ange aux ailes si belles et si fragiles ? Et pourquoi l’avoir forcé à tuer tant d’hommes en si peu de temps, comme si elle se devait de rattraper les cinq années passées ?  

Ryô maudit son impuissance face à un tel spectacle.  

Il a compris, il sait désormais pourquoi lui et tous les autres ont été réunis en ce lieu. L’unique but d’un tel tintamarre était de contempler le spectacle de la résurrection DES Anges de la nuit.  

 

On les conduit tous dans une autre salle, bien plus grande et plus complexe avec les centaines d’ordinateurs qui en constituent l’unique décor. Au milieu de tous ces écrans informatiques, ce tient l’homme droit et fier à la tête d’une telle organisation.  

- Je suis ravi de constater que vous êtes tous les deux revenus, adresse-t-il à Emeraude et Toya sans se retourner. Votre résurrection a été encore plus belle que je n’aurais osé l’imaginer.  

- Et pourquoi nous avoir amené ici ? s’enquiert Emeraude.  

- J’ai besoin de vous deux, de votre tandem pour protéger ce pays qui est le vôtre.  

- Comment ?  

- Rien ne presse, je vous rassure. Nous reviendrons à cela plus tard, voulez-vous ?  

- Une minute, papillon ! s’énerve enfin Ryô.  

Depuis les heures qu’il retient sa colère, celle-ci explose enfin et pas très joliment.  

- Qui présumes-tu être pour nous contrôler ainsi ? Tu crois peut-être que je vais t’abandonner ma fille aussi facilement ?  

- A ce que je vois, tu as déjà tout compris, Ryô Saeba. Tu mérites bien d’être le fils de Kaïbara. Mais moi je pense que tu n’es pas en mesure de décider à la place d’Emeraude, même si elle est ta fille.  

Les poings de Ryô tremblent tellement que Kaori craint de les voir soudain exploser. Elle tient chacun de ses fils par la main, et ceux-ci n’osent se plaindre de l’étreinte un peu trop forte que leur mère exerce sur leur petite paume de bébés…  

La voix d’Emeraude retentit soudain, douce et chaleureuse.  

- Papa, écoute. Il est trop tard pour reculer désormais. Je ne veux plus redevenir comme il y a deux jours.  

- Mais pourquoi ?  

- Parce que ce n’est pas tout à fait moi. Je voudrais remplir cette mission et recommencer ma vie d’étudiante, sans pour autant renier qui je suis. Tu le sais toi-même n’est-ce pas ? Et chacun d’entre vous le savez également. Renier son passé, c’est comme confirmer que l’on n’existe pas au présent. Et si tel est le cas, peut-on encore espérer posséder un avenir ? Je sais que je ne cesse de me contredire depuis cinq ans, papa, mais cette fois-ci, je suis certaine de ce que j’avance. Je suis Emeraude Saeba, ancien capitaine de la légion étrangère, prête à revenir sur le champ de bataille pour effrayer une nouvelle fois ceux qui ont la stupide idée de venir me défier.  

- Et je la suivrais, annonce Toya. Même si j’ai promis à ma mère de ne plus jamais y retourner, je me battrais à nouveau demain et les jours qui devront suivre tant que les raisons me sembleront justes. Je suis prêt à me faire haïr de chacun d’entre vous si je sais au fond de moi que c’est nécessaire et utile.  

Les deux jeunes regardent l’homme qui montre toujours son dos carré.  

- Ainsi… Après votre résurrection naît un nouveau duo, le plus puissant de cette époque assurément.  

Et le Maréchal se retourne. Il semble assez vieux et fatigués par ce qui vient de se passer. Et malgré tout ce qu’on pourrait penser, malgré tous les actes qu’il a menés cette nuit dans l’ombre, on lit dans son regard de la peine mélangée à une demande de pardon.  

- Je suis sincèrement désolé, mes enfants, murmure-t-il au bout d’un moment. Vous êtes bien trop jeunes pour que le monde suscite de vous tant de responsabilités. Mais je n’ai d’autre choix que de vous supplier d’accepter cette nouvelle mission…  

 

 


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