Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG - Prose

 

Author: cecoola

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 14 chapters

Published: 15-03-04

Last update: 24-06-04

 

Comments: 33 reviews

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RomanceAction

 

Summary: Bon, voyons voir. Trois papa, trois mamans... Deux jeunes étudiants et tout plein d'enfants ! Ok, on est bon pour le troisième volume.

 

Disclaimer: Les personnages de "A la vie, à l'amour" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: A la vie, à l'amour.

 

Chapter 11 :: Chapitre 11 : Avant que sonne le début de la fin...

Published: 12-06-04 - Last update: 12-06-04

Comments: Bonsoir tout le monde. Franchement, j'en pouvais plus de tous mes livres, alors, au lieu d'étudier, j'ai écrit ce chapitre. Malgré la période d'exam qui me stress énormément, j'ai trouvé énormément d'inspiration, et pour une fois, je trouve ce chapitre complètement à mon goût. Ce que je voulais y exprimer s'y retrouve et j'espère que vous repèrerer tous les sentiments que j'ai désiré y insérer. Merci pour tous vos commentaires, et bonne lecture !

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

Falcon et Mick ont décidé d’un commun accord silencieux de suivre Ryô là où il déciderait de se rendre ; autant dire que pour l’instant, cet endroit est encor inconnu. Une chose est cependant sûre : ce soir, l’Etalon de Shinjuku il n’ira pas se jeter dans un bar, ni même les jours qui suivront. Les jeunes demoiselles qui aiment tant soutiré de l’argent à ce coureur de jupon devront prendre leur mal en patience car elles ne le reverront pas de si tôt.  

Miki a pris en charge de raccompagner ses amies au Cat’s Eye pour leur offrir un café bien fort ; ce que personne n’a démérité d’ailleurs. Et puis, aucune des femmes ne parviendrait à soutenir la solitude en cette nuit de tristesse. Aucune, et surtout pas Kaori Makimura.  

Sans même savoir pourquoi il se rend là-bas, les deux mercenaires suivent leur collègue vers le cimetière de Tokyo. Voilà déjà une bonne heure qu’ils doivent déambuler d’une rue à une autre, mais aucun mot n’a cependant été prononcé durant ce laps de temps. Ryô n’a pas tenté de les rejeter et encore moins de les semer, si ça tombe, il cherche de la solitude autant qu’il ne la supporte pas non plus. Falcon réfléchit tout en suivant sa trace. Un dieu de la mort qui provoque celle-ci sur les champs de bataille. Ainsi se faisait connaître le grand Ryô Saeba à une époque qui ne lui paraît pas si lointaine qu’elle ne l’est vraiment. Et aujourd’hui, on pourrait transformer la phrase en « Déesse de la mort ». Emeraude a toujours ressemblé son père, même en étant déguisée en jeune mannequin du nom de Natsumi Stars. Ce détail avait toujours frappé Falcon, qui, certainement à cause de sa cécité, ressent les choses plus profondément que les autres. Et habituellement, ces choses se révèlent aussi vraies qu’elles doivent l’être. Alors, est-ce que d’ici trois jours… ?  

Les voilà arrivés au cimetière de Tokyo, et fait inattendu, plutôt que de se diriger vers la tombe de Makimura, comme il le fait à chaque fois qu’il a un problème, Ryô longe le cimetière pour monter au sommet de la petite falaise où quelques cerisiers et un banc en bois permettent aux courageux de contempler la mer. La nuit est déjà tombée depuis longtemps et il n’y a plus rien à contempler à présent. Pourtant, Ryô s’installe sur le banc en bois et invite ses deux amis à l’imiter. Bien qu’ignorant le comment du pourquoi, Mick et Falcon s’exécutent sans mot dire.  

- C’est ici que j’ai réellement rencontré ma fille, explique Ryô à voix basse après un lourd silence. Après le défilé - vous vous souvenez ? - c’est ici qu’elle m’a emmenée et c’est sur ce même banc que nous avons parler pour la première fois comme un père et une fille doivent le faire. Elle avait alors 15 ans. Et maintenant 20 ? Pour moi, c’est comme si c’était une petite gamine qu’on envoie mourir sur le ring pour une quelconque survie de l’humanité. Des foutaises !  

Sa voix le trahit énormément, mais il se fiche complètement de perdre la face devant ses amis. Les poings de Ryô serrent tellement ses genoux que l’on se demande s’ils ne vont pas se briser sous le coup. Falcon le calme en serrant son poignet gauche dans sa grosse main.  

- Qu’auriez-vous fait ?  

- Pas plus que toi… soupire Mick. La décision revenait de droit à Emeraude, et elle l’a prise de son plein gré. Rien ne l’obligeait à exécuter l’ordre.  

- Ah oui ? Alors explique-moi, explique-moi un peu pourquoi elle a décidé de se foutre en l’air… !  

- Parce qu’elle ressemble son père…  

La voix de Falcon est tombée comme une unique pièce dans un pot d’argile. Elle semble raisonner encore en écho tout autour du trio.Mick avait ouvert la bouche mais aucun son n’en est sorti. Ryô regarde Falcon, le regard noir de colère, d’incompréhension, et d’une réclame autoritaire, d’un besoin de réponses.  

- Que veux-tu dire… Umibozu ?  

- Je me souviens d’un certain soldat qui n’attendait qu’un nouveau défi pour voir si ce serait celui-là qui aurait raison de lui. C’était un dieu de la mort qui espérait mourir en pleine gloire, en plein combat…  

- Oui, mais maintenant j’ai Kaori et je…  

- Et tu désires vivre auprès de tes enfants, complète Mick. On sait tout ça, Ryô. On est comme toi maintenant, tu sais…  

- Mais… Elle…elle a Toya, non ? Qu’est-ce qui la pousse alors à mourir là-bas ? S’il suffit d’aimer quelqu’un, alors pourquoi ?  

- Eh ! se fâche l’américain. Je n’ai jamais dit qu’il fallait résumé notre situation, non plus. Emeraude aime Toya, et Toya l’aime. Mais… ils ont leur promesse à tenir.  

- Tu parles de celle de s’aimer, de s’unir une fois tout terminer ? Ce pari, nous l’avons tous entendu. C’est une promesse qui les lie chacun, un contrat.  

- Justement… Emeraude n’est pas le genre de personne a ne pas remplir toutes les conditions d’un contrat.  

- Dis-moi, Mick, comment fait-on pour dénouer un contrat ?  

- Ben… Il faut que le client et le signateur accepte d’un commun accord de le rompre, non ?  

- Exactement !  

- Et alors ? Heu… Tu veux dire que…, murmure Mick de plus en plus bas.  

- Ce soir… Ce contrat ne tiens plus. Ils le dénouent alors que la pleine lune s’émerveille…  

Un moment de silence s’installe, encore un. Tous trois ont la tête relevée vers cette astre opaque qui semble les narguer de sa beauté et de son sourire.  

Ryô se souvient d’une ancienne parole de sa fille : « La lune accompagne toujours les grands amours ; surtout ceux destinés à une fin tragique. Si seulement tu étais un peu plus littéraire, tu découvrirais de très grandes scènes d’amour qui se déroule sous la lumière enivrante de cet astre qui ne fait que refléter la lumière des autres étoiles. Moi, je me suis demandé si c’était la cause du malheur de ces grands amants littéraire. Une pleine lune qui verse ses larmes de lumières, larmes qu’elle ne peut que réfléchir… » Et lui, l’idiot de service, n’avait répondu à cette grande phrase philosophique qu’avec un « Grande scène d’AMOUUUURRR… », un visage déformé par sa libido en marche.  

- Ah, ma belle… souffle-t-il. Mais pourquoi désirer mourir aujourd’hui, alors que nous sommes si bien tous ensemble. Toi, tes frères et ta sœur… J’ai quatre beaux enfants, Emeraude, et tu es celle dont j’ai le plus besoin. Pourquoi veux-tu donc tout briser ?  

- Peut-être qu’elle ne désire pas mourir, ose Falcon sans grande conviction. Je crois que depuis le début, elle cherche quelque chose, mais qu’elle ne l’a pas encore trouvé.  

- Et qu’est-ce que ça pourrait être à ton avis ?  

Falcon hausse les épaules et la conversation prend fin.  

Les trois mercenaires sont restés là durant un très long moment… Si long, que le soleil se lève déjà lorsqu’ils se décident à bouger.  

 

La lumière du jour passe à travers les tentures mal teintées de la chambre n°31.  

Emeraude ouvre lentement les yeux, ne quittant pas cette minuscule fenêtre où passe les rayons chauds et doux du soleil.  

Hier…  

Elle n’a pas besoin de passer un bras sur son corps pour sentir la nudité de celui-ci ; elle n’a même pas envie de calmer les pulsations de son cœur encore agité à ressentir le souffle de Toya dans son cou. Il a de la chance : il dort profondément lui.  

Hier…  

Tout doucement, geste après geste en prenant tout son temps, la jeune femme se retourne pour contempler le fin visage de son amant. Dieu, qu’il est beau ! Sa peau habituellement pâle est quelque peu rosie au niveau des joues. Sa respiration est très profonde et le bruit qu’elle laisse à peine retentir raisonne comme une poésie dans cette chambre à moitié vide d’objets.  

Hier…  

Emeraude passe légèrement un doigt sur la bouche pourpre du garçon. Elle ne s’en était jamais rendue compte auparavant, mais pour un homme, Toya possède des lèvres très belles en forme de… on dirait un oiseau qui s’envole, loin à l’horizon. Elle sourit et pose une nouvelle fois ses propres lèvres sur celles du garçon. Combien de fois a-t-elle répété ce même geste ? Tant de fois qu’au bout du compte, on pourrait dire que leurs lèvres ne se sont séparées de la nuit.  

Hier…  

Et le parfum de sa peau : pourquoi donc lui semble-t-il toujours aussi merveilleux alors qu’elle s’en est enivrée toute la nuit ? Ses doigts longe le flanc du garçon, il est très beau. Elle le sait, elle a déjà senti la taille d’un homme, elle a déjà eu l’occasion d’en apprendre les qualités et les imperfections. Même si la veille, elle a réellement découvert ce qu’était un homme, celui qu’on aime et auquel on s’abandonne.  

Hier…  

Elle l’aime et désormais, à jamais et pour toujours, elle est SA femme à lui. Jamais désormais, c’est définitivement officiel, aucun autre homme ne pourra oser songer à l’apercevoir aussi nue que Toya l’a découverte… Certains hommes, quelques soldats, ont déjà pu entrevoir une porte de ce paradis. Mais elle n’était à l’époque qu’une gamine, une petite enfant. Aujourd’hui, son corps est celui d’une femme, son âme est celle d’une femme.  

Hier…  

On parle de danse, la plus vieille du monde, la plus belle du monde. Oui, elle s’en souvient à présent. Aya, sa mère, le lui avait déjà soufflé à mi-mots ; elle lui avait déjà narré la légende de cette nuit merveilleuse durant laquelle un homme et une femme, deux entités différentes, s’unissent pour ne former qu’un seul et unique être. Le plus complet, le plus vrai, le plus beau, le plus amoureux… Et…  

Hier… Hier… Hier…  

 

Avec peine et quelques regrets, elle s’est redressée. Maintenant assise au bord de ce lit, ce matelas et ces draps tachés de leur sang sortant de blessures à présent réouvertes, marqués de leurs gestes et imprégnés de leur amour, son attention se refocalise sur cette petite ouverture vers le monde extérieur. Le soleil doit être à peine levé, elle le sait parfaitement. Et pourtant, la lumière qui illumine cette petite pièce sans joie la beigne d’une sensation intense, partagée entre la douleur la plus lancinante et le bonheur le plus exaltant.  

Ont-ils bien fait ? A-t-elle eu raison d’éveiller en elle et en lui ses instincts primaires de l’homme et de la femme qui s’aiment et se veulent ? Ce n’est pourtant pas le lieu idéal, ni même le moment opportun. Mais, le Ciel lui accordera-t-il jamais une autre occasion ? Dans trois jours, peut-être sera-t-elle morte en ce moment même. Alors non, aucun regret ne viendra étreindre son cœur et perturber cette flamme à jamais allumée et flamboyante.  

Mais voilà que, alors que toujours figée vers cette petite fenêtre carrée, deux bras forts malgré leur fragile apparence entourent l’un son ventre, l’autre sa gorge.  

- Je t’ai réveillé ? souffle-t-elle en s’enfonçant sur le torse du jeune homme.  

- Non.  

- Je t’aime.  

- Je t’aime.  

- Vraiment ?  

- Vraiment. Même si maintenant, j’ai peur, Emeraude.  

- Pourquoi ?  

- « Si jamais on s’en sort, promets-moi de t’unir à moi. » C’est ce que tu m’as dit, mot pour mot, hier matin. Et nous sommes restés vivants…  

- …  

- J’ai peur, Emeraude, murmure-t-il tandis que les larmes coulent sur ses joues et terminent leur course dans le dos de la jeune femme. A présent, que te reste-t-il encore ? Quel est donc ce quelque chose qui te maintiendra en vie maintenant que notre promesse est rompue ?  

- Tu connais bien les soldats, Toya.  

- Je les connais, en effet. Tous ont besoin d’une raison pour survivre, que cette raison soit noble ou vengeresse, elle leur est nécessaire, même vitale. Mais, malgré toutes les expériences que j’ai pu passé auprès de ces guérilléros, jamais je n’ai eu aussi peur pour l’un d’entre eux. Tu vas me laisser, Emeraude. Tu vas m’abandonner, seul sur cette terre.  

- Qu’est-ce qui te permet d’affirmer ce que tu avances ?  

- La réalité, tout simplement, mon ange. Je le sais… Ange de la Nuit, te revoilà Ange de la Mort, celle qui n’attends plus que la mort dans le plus grand de ses honneurs : durant le combat.  

- Je t’aime.  

- Cesse d’être cruelle avec moi. Tu ne cesses d’éluder mes paroles ! Hier soir aussi tu… Avant que nous… Tu ne m’as pas promis !  

Emeraude se retourne pour faire face à ce petit garçon. Les larmes pleins les yeux, il ressemble vraiment à un petit garçon, à un enfant innocent qui ne comprend rien à rien et refuse d’essayer de tout comprendre. Ca lui ferait trop mal. Elle passe sa main chaude sur la joue de Toya, mais celle-ci n’arrête pas de se remouiller par après.  

- Toi et moi, on s’est marié cette nuit, se contente-t-elle de murmurer.  

- Je sais… Je m’en doutais bien. Toi et moi, on est uni à présent. Je…  

- Je suis toi, et tu es moi. Je t’aime et me suis offerte à toi. Toi, tu en as fait autant pour moi. Nous sommes complet, pour l’infini jusqu’à la fin des temps, nous sommes un.  

Ce disant, elle étend lentement le jeune homme sur le matelas, essuyant amoureusement chacune de ses larmes interminables. Elle les fait partir l’une après l’autre, en prenant le temps qu’il faut. Le petit garçon devient un adolescent, l’adolescent un homme mûr et amoureux.  

- Je t’aime. Toi et moi… commence-t-elle avant d’être interrompue par l’index droite de Toya.  

- Viens à moi… Avant de disparaître à tout jamais, viens en moi…  

Leurs yeux se croisent. Elle, de ses yeux émeraudes, verse également une larme qui vient s’écraser sur la joue gauche de l’homme qu’elle aime, se mêlant ainsi à l’humidité salée du jeune homme.  

Et si mourir est pour demain, alors soit ! Mais aujourd’hui… aujourd’hui…  

- Je viens, murmure-t-elle avant de l’embrasser. Je suis à toi, fais-moi toi toute entière…  

 

 

Matt sillonne les couloirs de la base, plus par habitude de faire les cent pas que pour surveiller cet endroit aussi silencieux qu’un cimetière. Midi est passé et un rictus déforme son visage si sérieux. Son capitaine n’est jamais resté au lit aussi longtemps… Pas même avec Abel, le plus sensible de tous…  

En chemin, il croise Julian. Le sourire du latino ne s’accorde pas totalement avec les yeux rouges du mercenaire. Il tend un papier au lieutenant qui le saisit d’un geste alarmé. Et il découvre avec stupéfaction l’orthographe calligraphiée et parfaite du capitaine, lettre rédigée dans un anglais si touchant que les yeux pourtant secs du lieutenant s’embrument également de cette même eau salée qui vient tout juste de laver les pupilles du latino.  

Les dés sont jetés…  

« Amis,  

Je vous adresse ici mes dernières paroles de merci et de reconnaissance.  

Navrée de ne pouvoir m’attarder sur chacun de vous, mais j’ai eu droit à tant d’expérience avec chacun d’entre vous qu’il me faudrait facilement trois bibles pour exprimer le centième de ce que je ressens pour vous.  

Mes chers amis, nous nous en allons. Avant qu’il ne soit trop tard, avant que les espions n’aient le temps de réagir convenablement à cette nouvelle, nous nous rendons sur le champ de bataille le plus mortel qu’il nous eut jamais été permis d’entrevoir. .  

Mes adieux sont accompagnés d’un dernier service à vous demander. Je vous en supplie, faites en sorte que l’on nous croie encore dans la chambre 31 aussi longtemps que vous le pourrez. Je déteste le mensonge, je l’admets, mais aujourd’hui, j’en ai vraiment besoin.  

Je vous aime tous, tellement que jamais aucune parole ni aucun geste ne pourra vous exprimer si parfaitement toute ma gratitude.  

Amis Matt, Abel, Julian, Frédéric, Robin et Carl… Adieu.  

Votre dévoué capitaine, Emeraude Saeba. »  

Les phrases sont censées, mais n’ont aucune concordance entre elles. Sans doute a-t-elle écrit ces quelques lignes en hâte, ne voulant pas perdre une seule précieuse minute, mais ne désirant pas s’en aller sans un dernier mot d’adieu pour eux.  

- Lieutenant ! C’est un ordre que de mentir, mais ce mensonge, c’est plus qu’avec plaisir que je l’exécuterai.  

- Moi aussi, Julian. Préviens les autres, discrètement et rapidement.  

- A vos ordres.  

Emeraude a eu raison, autant qu’elle l’a complètement perdue. Oser s’attaquer ainsi à l’ennemi, sans même avoir pu étudier les maigres informations qu’ils possèdent sur la base, il n’y aucun doute qu’elle s’appelle Emeraude Saeba. C’est se jeter dans la gueule du loup, tout autant que c’est là la plus brillante stratégie d’attaque.  

Des espions, évidemment qu’il y en a ! Quand on repense seulement aux deux hommes chargés de l’enlèvement des jumeaux, on sait immédiatement que des espions sont présents dans leur quartier général. L’un d’entre eux a sans nul doute déjà contacté ses supérieurs pour prévenir une puissante attaque des deux plus puissantes « ombres » du monde. Mais si ce message a en effet été reporté, alors ils ne seront prêts que d’ici trois jours, ou du moins attentif à toute agression externe. Et jamais l’idée leur traverserait l’esprit que deux jeunes soldats, reconnus pour leur grande réflexion et leurs nombreux plans infaillibles, envahiront leur base à l’aveuglette, sans préparation aucune.  

- Non de dieu, songe Matt. Tout commence et la fin semble déjà écrite. Je t’en supplie, capitaine, reviens-nous…  

- Lieutenant…  

- Abel. Pour qui est ce plateau ?  

- Le capitaine aura sûrement faim à son réveil… si seulement ils prennent le temps de manger.  

Dans le regard du blond, Matt peut lire une sévérité exceptionnelle pour ce soldat si réservé. Il le regarde et une certaine amertume le bloque dans la gorge. Il se souvient de l’arrivée d’Abel dans la légion étrangère. Il venait d’avoir dix-sept ans, et Emeraude venait de passer au stade de capitaine un mois plus tôt, elle avait alors douze ans. Bien que très réservé et toujours à l’écart, tout le monde savait que la nouvelle recrue souffrait énormément. Les trois nuits qui ont suivi son arrivée faisait résonner ses cris d’angoisse dans la nuit. La quatrième soirée, tout était calme et imperturbable. Abel venait de rencontrer le capitaine aux yeux d’anges. Ah, tiens, encore un autre surnom. La liste s’allonge… Quoiqu’il en soit, Emeraude a gardé ce jeune homme dans sa chambre durant deux bons mois, et elle lui exprima une fois le sentiment qu’il lui donnait. Il était triste et avait besoin de réconfort. Elle était devenue durant deux mois la grande sœur protectrice, bien que plus jeune que lui. Lorsque le capitaine fut démise de ses fonctions pour devenir la pourchasseuse de la Poussière d’Ange, Abel fut l’un des premiers à la suivre, mu par un amour inavoué qu’il a gardé en son cœur depuis.  

- Le problème est qu’elle a fermé la porte à clef, que dois-je faire ?  

Matt est brutalement ramené à la réalité. Si fortement qu’Abel doit répéter sa question pour en obtenir une réponse.  

- Pose ce plateau devant la porte. S’ils désirent manger, ils sortiront et trouveront le plateau à leurs pieds.  

- Entendu.  

S’exécutant, Abel se retire très rapidement pour une vague occupation qui n’a franchement plus aucune importance vu l’état actuel des choses. « The life goes on. » On le lui a répété combien de fois quand il était jeune, enfant victime de la guerre et de la perte de tous ceux qui lui étaient chers ? Aujourd’hui encore, il se demande comment est-ce que la vie peut continuer aussi irrémédiablement alors qu’elle voit tous les jours des êtres mourir en son sein.  

- A toi de jouer, capitaine, songe-t-il à nouveau. Je ne peux rien faire de plus pour t’aider à présent.  

 

 

Cette nuit, la dernière…  

Le soleil vient de tomber à l’horizon, et même si Falcon était là, il saurait lui aussi que la lumière commence à s’éteindre. En effet, depuis près d’une demi-heure, les postes de garde ont doublé, et les gardes se relayent toutes les heures, plutôt que toutes les deux heures. C’est très ingénieux, il faut l’avouer. Dans la nuit, l’attention de l’homme est diminuée de moitié et les risques sont donc deux fois plus grands. Quoique ici, la garde ne s’est pas contentée d’augmenter en nombre, mais aussi en qualité. Rien qu’à voir certains soldats patrouiller, rien qu’à analyser chacun de leur geste, on ressent immédiatement un professionnalisme plus imposant.  

- Tout compte fait, je me demande si on a bien fait d’attendre que la nuit tombe, murmure Toya, caché à l’ombre des branches touffues de l’arbre où il se tient.  

Sur le conifère de gauche se tient Emeraude, également dissimulée par les feuilles. Couchée sur le dos, elle est tournée en direction opposée à la base, cette fameuse forteresse infranchissable.  

- C’est vrai, avoue-t-elle, je suis vraiment impressionnée : c’est un boulot de main de maître qui s’est fait ici.  

- Tu pourras toujours demandé au chef de te présenter l’architecte si on parvient jusqu’à lui.  

- Hum hum… souligne vaguement la jeune femme. Pour répondre à ta question, attaquer de jour serait revenu au même. En signalant l’alerte, les mercenaires les plus qualifiés se seraient de toute façon rendus sur les ponts supérieurs. Ici, on gagne seulement une qualité que ni toi ni moi ne possède en plein jour.  

- Laquelle ?  

- As-tu déjà tenté une entrée discrète en plein jour ?  

- Personnellement, non.  

- Donc, pourquoi se risquer sur un terrain que l’on ne connaît même pas ? Je crois qu’on aura déjà assez de mal pour passer en travers les mailles du filet sans pour autant en rajouter un autre.  

- N’est-ce pas toi qui recherches toujours le plus d’aventure ?  

- Je crois que mon goût du risque s’est quelque peu refroidi avec l’âge, ironise-t-elle. Quoiqu’il en soit, dans deux heures et dix-huit minutes, on débarque en force.  

- Minuit, donc. L’heure du renouveau, ou de la fin ?  

- Viens près de moi, mon chéri. Nous allons nous reposer un peu pour être en forme d’ici minuit. Je crois qu’on ne s’est franchement pas beaucoup reposés la nuit dernière. Hahaha…  

La plaisanterie ne manque pas de faire rougir Toya à ce sous-entendu qui n’en est pas un. Néanmoins, il saute agilement d’un arbre à l’autre, sans pour autant se faire repérer, et s’installe sur une plus grosse branche, un peu en contrebas de son amie. Celle-ci se glisse telle une panthère tout contre lui. Et l’un près de l’autre, sans mot dire, ils ferment les yeux et ne les rouvriront que d’ici deux bonnes heures.  

 

 

 


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