Chapter 3 :: chapitre 3:

Published: 14-06-16 - Last update: 14-06-16

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L’hiver avait fait son apparition emmenant avec lui le mois de février, ce mois tant redouté de la disparition de Ryo, Kaori ne pouvait pas l’oublier. Est-ce à cause de cette ambiance qu’elle passait ces nuits à rêver à des choses très désagréable ? Après son envoi, elle avait espéré que ses amis lui ferait parvenir des nouvelles d’eux ou demanderait plus souvent des siennes, il n’en était rien. Pourtant, ils avaient convenu de ne pas s’écrire tant que cela pouvait mettre en péril soit Ryo soit elle-même. Ryo disparu, Kaori était désormais, en sécurité à vie puisqu’elle ne pourrait plus servir d’appât. Elle s’imagina que ses amis avaient fini par l’oublier, peut-être même lui en voulait il.  

Elle s’était rendue compte qu’intérieurement elle avait espéré qu’un jour, ils se retrouveraient. Elle s’imaginait dans un parc, celui de Shinjuku, se promener avec lui. Il lui souriait, la regardait tendrement. Elle y lisait tout l’amour qu’il avait pour elle, ce qui la faisait rougir. Parfois, un landau tenait compagnie à nos deux protagonistes. Mais voila, son ex-coéquipier était mort. Le retour à la réalité était difficile car dans ce monde rien ne pouvait plus se réaliser. Pour elle, son existence n’avait plus lieu d’être. Le meilleur était passé, le futur inaccessible, elle ne pensait plus pouvoir être aussi heureuse que ces années à avoir été auprès de lui.  

Pour ne pas alarmer ses proches, elle se comportait avec bonne humeur, toujours souriante. Sayuri épiait sa sœur, ce qu’elle voyait l’horrifiait. Sa profonde tristesse la touchait et lorsque son sourire disparaissait, le creux de ses joues prenait place sur son visage émacié. Sayuri, inquiète, avait contacté plusieurs entreprises de livraison de repas à domicile puis avait pris sur elle d’en retenir une. Elle espérait que cela serait suffisant pour qu’elle reprenne un peu forme. Malheureusement, la rouquine jetait pratiquement tous les repas à peine entamés. Elle avait un peu honte quand elle pensait que certains mourraient de faim mais elle ne se voyait pas aller dans la rue proposer ses plats préparés.  

Le seul à lui rendre réellement le sourire était Ari, le fils de Sayuri, qui avec ses fantaisies, l’amusait. Il n’avait pas son pareil pour lui faire oublier les derniers mois qu’elle avait passé. Avec lui, elle avait prise sur la réalité. Le reste du temps, l’écrivaine se sentait hors des préoccupations de ses contemporains, spectatrice de son existence. Elle espérait que tout changerait quand elle aurait un enfant à choyer et pour qui vivre. Quand elle aurait un enfant à elle, Kaori aurait un but dans la vie. Elle se voyait le chouchouter, jouer avec, le câliner et revivre. Quand elle aurait un nouveau-né…..tout serait différent, enfin elle le présumait. Elle soupira, il lui faudrait encore de la patience.  

Une nuit, réveillée en larmes, par ces rêves oppressants elle cru entendre des coups à la porte. Doutant de ce qu’elle avait entendu, elle tendit l’oreille plusieurs minutes. Elle se préparait à se recoucher quand elle entendit frapper à nouveau. Le cœur battant, elle se rendit sans bruit à la porte d’entrée et appuya sur le bouton qui déclenchait la caméra.  

Non impossible !!! Elle appuya de nouveau et scruta l’image. Elle alluma la lumière à l’extérieur, ouvrit la porte et se trouva devant son visiteur nocturne. Elle le regarda sans qu’aucun sentiment ne transparaisse ni dans ses yeux, ni sur son visage.  

Elle l’observa, de petits sillons étaient apparus autour des yeux. Les tempes grisonnaient maintenant. Son corps, son allure, sa silhouette restaient inchangés.  

Quand elle prit conscience, enfin, de qui était devant elle, elle se jeta à son cou. Folle de joie, elle le serra très fort. Des bras l’enserrèrent à leur tour. Tout à sa joie, elle l’embrassa sur la joue puis un peu partout. Le toucher l’électrisait. Elle avait appris de ces derniers mois où elle s’était reproché sa timidité, sa lâcheté. Elle ne ferait plus la même erreur, désormais elle se laisserait vivre.  

L’homme fut surpris mais la laissa faire, trop heureux d’être ainsi accueilli. Kaori continuait à déposer des baisers un peu partout quand elle buta sur le coin de la lèvre. Ce fut comme un électrochoc, ces lèvres l’hypnotisèrent et elle n’eut plus qu’une envie : les découvrir. Elle était incontrôlable et ne cherchait d’ailleurs pas à se contenir. Elle partie avidement à la découverte de cette bouche qui l’avait toujours attirée.  

Il lui avait tellement manqué. Elle s’était sentie abandonnée, vide après cette maudite lettre. L’homme partageait visiblement les mêmes sentiments car loin de la repousser, il l’a plaqua contre le mur et approfondit leur baiser. Il leur fallu néanmoins mettre fin à leur échange car les températures extérieures, en cette saison, ne leur permettaient pas de rester dehors.  

L’homme qui portait toujours kaori entra afin de la mettre au chaud. Toujours blotti contre lui, elle le laissa faire. Ce n’est qu’installé sur le canapé qu’ils commencèrent à parler. Ryo expliqua pourquoi il avait eu recours à cette comédie. Il n’était pas facile de lâcher le milieu en vie. Il ne pouvait rien dire à Umi et Miki qui devaient agir naturellement après sa soi-disant mort.  

- mais pourquoi n’est tu pas venu ici tout de suite ?  

- tu étais surveillée, tu penses bien que c’est le premier endroit ou ils sont venus me chercher. L’absence de mon corps était suspecte. Ils voulaient être sure.  

- Mais et celui contre qui tu t’es battu ?  

- C’est mon remplaçant. Il voulait faire ce métier à ma manière, je l’ai donc formé et quand il a été prêt, je suis parti.  

- Ça ne va pas te manquer ?  

- Non, je me fais vieux, il faut savoir changer à temps de direction et ….  

- Et ?  

- Tu me manquais. J’avais tellement peur que tu m’aies remplacé. Le pire a été d’attendre un an avant de pouvoir te voir. Tu imagines, tu aurais pu rencontrer quelqu’un pendant cette année et j’aurai fait tout ça pour rien !  

- Et tu sure que maintenant je ne suis plus surveillée ?  

- Oui. Le monde de la nuit est un milieu froid et violent et les gens n’y vivent jamais longtemps.  

- Oh Ryo, je suis tellement contente que tu sois là.  

- J’ai cru voir ça, sourit il en coin.  

Kaori s’endormit au milieu d’autres explications que Ryo lui fournissait : son récit apportant toujours des questions.  

Il la porta dans son lit et s’allongea à ses côtés. Le nettoyeur l’observa, lui aussi avait du mal à croire à ce qui venait de se passer. Il s’allongea, hésitant entre rentrer chez lui ou rester prés d’elle. Il ne choisit pas vraiment puisqu’il s’endormit.  

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