Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 13 chapters

Published: 05-10-19

Last update: 17-10-19

 

Comments: 31 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Quand un accident rend l'une des moitiés de City Hunter incapable d'assumer son rôle, que fera l'autre moitié? Comment gérer le handicap?

 

Disclaimer: Les personnages de " Dans les méandres de l'oubli" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Dans les méandres de l'oubli

 

Chapter 4 :: chapitre 4

Published: 08-10-19 - Last update: 08-10-19

Comments: Bonjour, la suite de l'histoire. Eh oui, ça nous change un Ryo sérieux… Qu'est-ce qu'il est craquant quand il est ainsi et qu'il ose avouer à sa belle ses sentiments… Espérons que cela dure. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 4  

 

Kaori dévisagea son partenaire, son cerveau fonctionnant à cent à l’heure. Lui dire la vérité, elle ne voulait même pas y penser. Elle ne se voyait pas lui déballer qu’ils tenaient l’un à l’autre mais n’avaient jamais agi sur leurs sentiments au-delà d’une très chaste étreinte et d’un baiser partagé à travers une vitre, que sa façon de lui manifester ses sentiments consistait à lui balancer une massue sur la tête à chaque fois qu’il draguait une autre fille ou qu’il l’humiliait, que ses mots tendres consistaient la plupart du temps à l’appeler son petit frère… Non, elle ne se voyait définitivement pas lui avouer tout cela.  

 

- Tu as raison, c’est un peu plus complexe que cela. Viens, je vais t’expliquer., dit-elle, le contournant et allant s’asseoir sur le canapé, gagnant quelques secondes de réflexion.  

 

Il la suivit et prit place face à elle, leurs genoux se touchant. Elle posa ses mains sur ses cuisses, ainsi il ne les verrait pas trembler.  

 

- En fait, je suis la petite sœur de ton ami., lui dit-elle.  

- Mon ami ? Pourquoi te laisse-t-il ici avec moi ? Il vit ici aussi ?, demanda Ryo, curieux.  

 

Il vit un flash de tristesse passer dans ses yeux, si rapide qu’il aurait presque pu en douter.  

 

- Non, il ne vit pas ici. Hideyuki est mort il y a sept ans. Tu lui as promis de veiller sur moi., lui apprit-elle.  

 

Elle maudissait cette foutue promesse qui avait conditionné une bonne partie de leurs années ensemble.  

 

- Alors tu vois, on n’est pas frère et sœur mais on est proches. On veille l’un sur l’autre., lui expliqua-t-elle.  

- Mais tu n’as jamais rencontré personne avec qui tu veuilles te marier, avoir une famille ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle le regarda, indécise. Là encore il fallait faire un choix : la vérité qui ne leur amènerait rien de bon à ce moment précis ou un pieu mensonge. Le choix était loin d’être cornélien.  

 

- Non., répondit-elle en baissant les yeux.  

- Et moi ?, l’interrogea-t-il.  

- Toi ? Tu es un dragueur invétéré mais tu n’as pas encore trouvé la femme à qui tu t’attacheras.  

 

Sur ces paroles douloureuses à prononcer, elle se leva et partit en cuisine préparer le repas. Il resta un moment seul dans le salon à réfléchir. Les sentiments qu’il ressentait pour la jeune femme étaient-ils des sentiments que l’on ressentait pour une sœur ? Pouvait-on même désirer sa sœur ? Peut-être mais ce n’était pas le sentiment qu’il avait. Il ressentait bien cette notion d’interdit mais, si Kaori était la petite sœur de son ami défunt, certainement un ami proche pour lui avoir confié sa famille, cet interdit pouvait venir de là… Il ressentit d’autant plus la frustration liée à la perte de mémoire… Sans ce vide, il aurait certainement été plus facile pour lui de répondre à ces questions… Il ricana amèrement : il ne se les serait certainement même pas posées...  

 

Poussant un long soupir, il se laissa aller sur le fauteuil. Le dossier bougea et il entendit un froissement de papier. Il se tourna et prit le programme télé coincé. Se tournant pour le jeter sur la table, il avisa des rondeurs tout à fait plaisantes ainsi qu’une large portion de peau dénudée. Un magazine pour hommes, pas un programme télé… Il s’entendit ricaner, bêtement cette fois-ci, et se prit à tourner les pages, les yeux exorbités comme un adolescent. Qu’elles étaient belles, toutes ces beautés déshabillées, belles et bronzées, parfaitement mises en valeur, leurs atouts généreux exposés à son regard. Un magnifique coucou fit son apparition, le surprenant dans sa lecture. Honteux, il jeta un regard vers la cuisine priant pour que sa colocataire ne fit pas son apparition à ce moment-là…  

 

- Arrête tes conneries, couché, remballe… On ne se montre pas en public, voyons… Ma grand-mère en maillot de bain…, commença-t-il.  

 

Le problème avec l’amnésie, c’était de perdre aussi toutes les images suggestives et la grand-mère se fit donc attendre…  

 

- Kaori en maillot de bain…, tenta-t-il.  

 

Mauvaise idée, très mauvaise idée, son coucou se dressa encore plus fièrement. Apparemment, là il n’avait pas besoin d’image préenregistrée, le gredin…  

 

- Le Professeur en string !, pensa-t-il, se concentrant fortement pour imaginer le vieillard ainsi paré.  

 

Ecoeuré, le coucou se dégonfla en un clin d’oeil juste au moment où Kaori revint, portant un plat fumant à table.  

 

- Punaise, j’ai eu chaud…, souffla-t-il.  

- Ca va, Ryo ? Tu n’as pas l’air bien. Tu ne fais pas de la fièvre au moins., dit-elle, s’approchant et posant la main sur son front.  

 

Il juxtaposa l’image du Professeur à celle de Kaori, sentant les prémisses d’une nouvelle apparition de son membre central. Il doutait au plus profond de lui-même qu’elle aurait apprécié. Pourtant la sensation de sa main sur son front, son odeur qui l’entourait, la chaleur qui irradiait de son corps, tout cela était loin de le laisser indifférent. Comme elle se tenait debout face à lui assis, il avait les yeux à hauteur de son ventre. Son chemisier se soulevait régulièrement de quelques millimètres quand elle respirait et ce spectacle l’hypnotisait. Il aurait donné n’importe quoi pour voir apparaître juste une petite parcelle de cette peau qu’il imaginait veloutée et couleur nacre. Autant les filles dénudées des magazines lui plaisaient bronzées, autant Kaori l’attirait dans une parure couleur albâtre, comme si elle n’avait jamais été dénudée, comme si elle était intouchée.  

 

- Ryo ? Ryo, tu m’écoutes ?, l’appela-t-elle, inquiète.  

- Quoi ?, se réveilla-t-il.  

- Tu te sens bien ? Le Professeur a dit qu’il fallait appeler au moindre trouble., lui rappela-t-elle, soucieuse.  

- Ne t’inquiète pas, je rêvassais., la rassura-t-il, levant les yeux sur elle.  

 

Encore sous le coup du désir, il croisa son regard un moment, vit le rouge lui monter légèrement aux joues puis elle détourna les yeux. Soudain, elle fronça les sourcils.  

 

- C’est cela que tu appelles rêvasser ?, s’énerva-t-elle, désignant le magazine érotique.  

- Tu n’es pas amnésique pour tout apparemment ! A table !, lança-t-elle furieuse.  

 

Il poussa un long soupir. Il venait de découvrir un des petits travers de sa vie antérieure… Il se leva et alla prendre place devant son couvert. Il se régala du plat que sa colocataire avait préparé et ne s’en cacha pas. Kaori le regarda avec des yeux ronds. Les compliments de Ryo lui firent plaisir, cela n’allait pas sans dire, mais c’était tellement rare qu’elle avait du mal à y croire… A la fin du repas, il l’aida même à débarrasser la table. Elle n’en revint pas…  

 

Soudain, Ryo se mit à bâiller ostensiblement. Il tourna la tête dans tous les sens, les yeux plissés, puis la regarda, dépité.  

 

- Ta chambre ?, demanda-t-elle.  

 

Il acquiesça. Elle s’essuya les mains et sortit, lui faisant signe de la suivre. Elle lui désigna en passant les diverses pièces qu’ils croisaient. C’était étrange de faire faire un tour du propriétaire au propriétaire…  

 

- Ma chambre est là si tu as besoin de moi, la tienne se situe ici., dit-elle en poussant la porte.  

 

Ryo regarda à l’intérieur sans oser entrer. Bon, a priori ses petits travers prenaient des dimensions démesurées à en juger les posters aux murs et les magazines planqués sous son lit. Il frotta ses cheveux de la main, gêné.  

 

- C’est une impression ou je suis très porté sur la chose ?, demanda-t-il d’une toute petite voix.  

- Ce… ce n’est pas qu’une impression., répondit-elle.  

 

Elle aurait peut-être mieux fait de décrocher toutes ces horreurs et de faire le vide avant son retour… Ca aurait été un mal pour un bien…  

 

- Et tu persistes à dire qu’on n’a jamais rien fait ensemble ?, s’enquit-il sceptique.  

- Rien, Ryo. Mais pour te le prouver, il faudrait que ça change…, lui expliqua-t-elle, sentant la fatigue lui tomber dessus également.  

 

Avant qu’elle n’eut pu réfléchir à la portée de ses paroles, elle se retrouva coincée contre le mur par Ryo qui avait posé les mains de chaque côté de sa tête. Il posait sur elle un regard lourd de désir retenu.  

 

- Et si ça changeait ?, murmura-t-il.  

 

Kaori sentit son coeur arrêter de battre puis reprendre à toute allure. Il n’était pas en train de lui proposer de… sortir avec lui et plus si affinités ? Non, il ne pouvait pas lui faire cela maintenant. Elle sentit ses joues virer au magenta, ses genoux devenir faibles. Ils restèrent ainsi un long moment à s’observer, les yeux dans les yeux, leurs corps si proches qu’ils entendaient les battements de coeur de l’autre, qu’ils sentaient le souffle de l’autre sur leur corps.  

 

Soudain le téléphone sonna et brisa l’envoûtement. Kaori sortit de sa prison prestement et sortit à reculons, se cognant le coude blessé contre le chambranle de la porte. Elle réprima le hurlement de douleur qui monta. La sonnerie résonnait en bas.  

 

- Repose-toi. On… on se voit tout à l’heure., bafouilla-t-elle rapidement avant de s’enfuir.  

- On n’en a pas fini nous deux, ma belle. Je découvrirai ce qui nous lie réellement., se promit-il.  

 

Déterminé à trouver le fin mot de l’histoire, il s’allongea et se laissa emporter par le sommeil. Après avoir terminé sa conversation téléphonique avec Mick, Kaori remonta et trouva Ryo endormi. Elle l’admira quelques instants par la porte restée ouverte puis le laissa, regagnant sa propre chambre pour grappiller une heure de sommeil.  

 

Lorsqu’il se réveilla deux heures plus tard, Ryo n’entendit que le silence. Curieux, il sortit de sa chambre et inspecta toutes les autres pièces de l’appartement mais Kaori ne s’y trouvait pas. Inquiet, il sortit sur le palier au moment où elle arrivait. Il la détailla, surpris de la voir en transpiration, les joues rougies et les cheveux collant à son front.  

 

- Tout va bien ? Tu me cherchais peut-être ?, demanda-t-elle avec un sourire innocent.  

- Oui. Tu étais où ?  

- Dans la salle de gym au sous-sol. Je faisais un peu d’exercices. Je vais prendre une douche et je reviens.  

 

Elle fila, montant les marches quatre à quatre, puis disparut dans la salle de bains. Elle n’eut pas l’occasion de détendre ses muscles endoloris par la séance de combat qu’elle venait d’avoir avec Mick car, seulement cinq minutes plus tard, elle redescendit.  

 

- T’es rapide pour une fille !, s’étonna-t-il.  

 

Elle lui lança un regard suspicieux, ce qui lui valut en retour un regard d’incompréhension…  

 

- Je ne traîne pas de manière générale., répondit-elle après quelques secondes.  

- Il faut que j’aille à la gare voir si nous avons des messages. Tu veux venir avec moi ?, l’interrogea-t-elle.  

- Des messages ? A la gare ? Les personnes ne peuvent pas nous appeler sur cette magnifique invention qu’est le téléphone ?, railla-t-il, pointant le doigt vers l’objet en question.  

- Non, ils ne peuvent pas, pas dans notre travail.  

 

Le regard de l’homme se fit plus sérieux. C’était un point auquel il n’avait pas encore songé, plutôt obnubilé par une certaine demoiselle.  

 

- Quel est-il ce travail qui nous empêche d’utiliser des moyens modernes de télécommunications ?, l’interrogea-t-il.  

- Nous sommes détectives privés et gardes du corps., répondit-elle sans état d’âme pour une fois.  

 

C’était après tout la vérité même si elle était tronquée. Il la regarda les sourcils froncés.  

 

- Nous sommes quoi ?, lui redemanda-t-il.  

- Détectives privés et gardes du corps., répéta-t-elle patiemment.  

 

Il se mit à rire de manière tonitruante, se frappant sur le genou. Elle le regarda, ne comprenant pas ce qui provoquait son hilarité soudaine. Quand il se calma enfin, elle le tança, les poings sur les hanches.  

 

- Je peux savoir ce qui te fait rire ?  

- Tu… tu… Toi, tu ne peux pas être garde du corps. Regarde comment tu es faite. Un coup te briserait en deux., dit-il, moqueur.  

- Ryo…, gronda-t-elle, les yeux lançant des éclairs.  

 

Il frémit, encore plus lorsqu’elle approcha et se posta au dessus de lui, une main de chaque côté de sa tête, son visage proche du sien, si proche. Cherchant à échapper à cette vision qui le troublait, il baissa les yeux et eut une vue directe sur son décolleté et surtout la petite pièce de dentelle blanche qui emprisonnait deux petites, pas si petites d’ailleurs, pensa-t-il avec gourmandise, merveilles. Il sentit son meilleur ami pointer le bout de son nez.  

 

- Je ne t’ai pas expliqué comment tu es arrivé chez le Professeur ?, dit-elle d’une voix dangereusement douce.  

- N… Non., bafouilla-t-il, tentant de sortir de sa contemplation.  

 

C’était si difficile de garder la maîtrise avec ce qu’il avait sous le nez. Pour un bien, il aurait dû relever les yeux mais relever les yeux signifiait faire face à son beau visage et ses lèvres tentatrices. Ses lèvres ? Ses seins ? Quelle était la pire torture ?… Si seulement son odeur ne venait pas en plus l’enivrer…  

 

- Je t’ai porté, idiot. Tu m’écoutes quand je te parle Ryo ?, s’énerva-t-elle.  

- Oui. Tu… tu m’as porté. Mais comment tu as fait ?, s’étonna-t-il, relevant enfin les yeux vers son visage.  

- J’ai passé ton bras autour de mes épaules, soulevé et traîné comme j’ai pu., avoua-t-elle, la colère s’amenuisant alors qu’elle croisait son regard.  

 

Elle se sentit rougir quand elle y lut toute une myriade d’émotions qu’elle ne voyait généralement que pour d’autres femmes. Ryo baissa les yeux et contempla ses fines épaules qui l’avaient soutenu. Lentement, il leva les mains et frôla la ligne du bout des doigts. Il la sentit frémir. Il continua et laissa ses doigts errer sur sa nuque, si fine, si fragile, en apparence seulement.  

 

Kaori sentit ses jambes faiblir sous la caresse. Elle ne savait plus comment contrôler sa respiration qui devenait erratique. Ses battements de coeur résonnaient jusque dans ses oreilles. Que lui arrivait-il ? Pourquoi se comportait-il ainsi avec elle aujourd’hui ? Lorsque son pouce glissa de son oreille à la base de son cou, elle sentit ses jambes se dérober sous elle et elle atterrit à califourchon sur lui. Ce qu’elle sentit contre son intimité à ce moment-là la fit rougir comme jamais et un sentiment violent monta en elle.  

 

Lorsqu’elle tomba sur lui, Ryo fut d’abord surpris mais ça ne dura qu’un quart de seconde jusqu’à ce qu’il s’aperçut que ses lèvres étaient à un centimètre des siennes, légèrement entrouvertes. Il glissa la main dans ses cheveux et tenta d’approcher son visage du sien mais elle se dégagea brusquement de lui, se relevant, la colère visible dans ses yeux.  

 

- Je… Je… Non Ryo !, hurla-t-elle, gênée.  

- Tu… On… On n’a pas ce type de relation., se justifia-t-elle.  

- Pourquoi Kaori ?, lui demanda-t-il, se levant pour lui faire face.  

- Parce que tu… parce qu’on n’en était pas là…  

- Et on en était où alors ?, poussa-t-il.  

- Nul part…, admit-elle.  

 

Elle croisa les bras autour d’elle, baissant le regard. Elle avait froid. Elle quémandait ces attentions qu’il venait d’avoir pour elle, ces caresses, ces baisers, ces regards qui l’avaient embrasée comme jamais, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Elle devait penser à l’avenir, l’après, et le fait était que Ryo, celui qu’elle connaissait, n’avait pas montré le moindre signe qu’il voulait voir les choses changer entre eux. Elle ne serait pas celle qui profiterait de sa « faiblesse » momentanée pour avoir ce qu’elle voulait même si ça faisait mal de devoir le repousser. Elle sentit soudain deux doigts soulever son menton et elle croisa le regard de Ryo.  

 

- Et si ça changeait ?, lui demanda-t-il.  

- Garde ça en mémoire jusqu’à ce que tu l’aies recouvrée., lui dit-elle.  

- On y va ? L’heure tourne., coupa-t-elle court.  

- D’accord., soupira-t-il.  

 

Il ne comprenait pas son refus de faire avancer leur relation. Il y avait certainement des choses qui le justifiaient et il n’était pas sûr qu’elle lui en parlerait s’il le lui demandait. Il devait trouver un autre moyen. Arrivés en bas des escaliers, juste avant de sortir, elle l’arrêta.  

 

- Quoiqu’il arrive, ne demande à personne qui il est. Je m’arrangerai pour te le faire savoir., lui dit-elle.  

- Pourquoi ? C’est si important que personne ne sache que je suis amnésique ?  

- Notre réputation tient sur ta force. Le moindre signe de faiblesse peut nous détruire., lui expliqua-t-elle.  

- Et ce serait si dommageable ? On pourrait toujours changer de métier ou tout reconstruire…, lui dit-il.  

- Ce ne serait pas si facile. S’il te plaît, fais ce que je te demande., soupira-t-elle.  

 

Il hésita puis acquiesça. Elle le remercia d’un sourire et ouvrit la porte. Ils prirent la route côte à côte restant quelques minutes en silence.  

 

- Tu disais qu’on était entourés d’amis. Je n’en ai vu aucun pour le moment, même pas un appel. Ils ne doivent pas être si proches que cela., fit-il soudain, d’un ton légèrement acerbe.  

- Non, détrompe-toi. C’est moi qui leur ai demandé de te laisser de l’espace pour que tu ne te sentes pas oppressé., répondit-elle.  

- Vraiment ? Autant pour moi. Quand pourrai-je les rencontrer ?  

- Si tu veux les voir, je sais où les trouver. On ira après être passés à la gare.  

- J’aimerais bien.  

- Ca leur fera plaisir de te voir. Ils étaient inquiets pour toi., lui apprit-elle.  

- Alors ne les faisons plus patienter., dit-il, tout sourire.  

 

Il avait trouvé à qui il poserait ses questions. Restait à les rencontrer et trouver la personne qui lui répondrait.  

 

Ils entrèrent bientôt dans le quartier de Kabuki Cho. Ryo regarda les jeunes femmes fortement dévêtues lui faire signe et essayer de l’accoster. Il s’approcha de Kaori et se colla à elle, repoussant ainsi les demoiselles qui firent la moue.  

 

- Dis, je les connais ?, demanda-t-il, soucieux.  

- Oui., répondit-elle d’une voix glaciale.  

- C’est dans le cadre du travail, c’est cela ?, approfondit-il.  

 

Elle ne put s’empêcher de ricaner au souvenir de toutes ses soirées de « travail » qu’il avait « endurées ».  

 

- Non, pas vraiment. Plus dans le cadre de tes loisirs., l’informa-t-elle, amère.  

- Mais… pourquoi ?, laissa-t-il échapper.  

 

Il dévisagea les bunnies puis Kaori. Certes, les premières étaient mignonnes et peu farouches mais la jeune femme à ses côtés l’attirait beaucoup plus. Comment pouvait-il céder aux sirènes alors qu’il vivait avec une déesse ?  

 

- Ca, je me le demande., murmura Kaori blessée, ne pensant pas être entendue.  

 

Elle continua d’avancer alors qu’il s’était immobilisé, ne sachant comment réagir. La voyant s’éloigner, il se dépêcha de la rejoindre. Il nota au passage les petits signes de tête et sourire que sa partenaire distribua aux commerçants et aux clochards.  

 

- Tu m’expliques qui sont tous ces gens ?, lui murmura-t-il.  

- Des indics… Ils nous fournissent, enfin surtout à toi, des renseignements précieux., lui répondit-elle.  

- D’accord. J’ai comme l’impression qu’on ne se cantonne pas qu’à traquer des maris infidèles…  

- En effet. Tu es doué dans ton métier. On est arrivé au tableau., lui apprit-elle.  

 

Ils s’arrêtèrent devant un grand tableau vert sur lequel des traits blancs étaient tracés, délimitant des colonnes. Il lut divers messages : « de retour vers dix sept heures », « bon anniversaire, Yuiri », « RDV au parc, grouille-toi »…  

 

- Comment reconnaît-on les messages qui nous sont destinés ?, l’interrogea-t-il.  

- Ceux qui veulent nous contacter laissent un code, XYZ, puis un numéro de téléphone ou un lieu et heure de rendez-vous. Je fais en général le premier rendez-vous et vois si on prend le dossier ou non.  

- On travaille beaucoup ?, s’enquit-il.  

 

Kaori lui jeta un rapide coup d’oeil avant de lui faire signe de la suivre. C’était étrange d’avoir une conversation posée avec lui, de marcher à ses côtés sans devoir lui courir après avec une massue, d’avoir enfin l’impression d’exister à ses yeux. La journée avait été de surprise en surprise, de véritables montagnes russes et elle se demandait ce qui allait encore se passer…  

 

- Non… Enfin ça dépend des points de vue. Notre banquier voudrait bien nous voir rentrer plus d’argent…, répondit-elle, préférant taire l’autre point de vue.  

- On bosse si peu que ça ? Pourquoi on s’entête alors ?, s’étonna-t-il.  

 

Kaori baissa la tête et continua d’avancer, se murant dans un silence obstiné. Ryo fronça les sourcils et, voyant son manège, se sentit frustré. Il n’aimait pas les cachotteries même si c’était pour le ménager. Il la rattrapa et l’arrêta.  

 

- Parle-moi, Kaori. C’est déjà suffisamment énervant de ne se souvenir de rien. Si en plus tu refuses de me parler alors que j’ai confiance en toi, que me restera-t-il ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle releva les yeux et vit dans son regard son appel à l’aide. Elle imagina son désarroi à se retrouver face à une page blanche, de se souvenir d’objet commun comme le téléphone mais pas de ce qui composait son passé.  

 

- Je peux encaisser même si certaines choses sont désagréables à entendre., la rassura-t-il.  

- Tu es sûr ?, lui demanda-t-elle.  

- Oui. Tant que tu es franche avec moi, je peux encaisser., lui confirma-t-il.  

- Le boulot ne court pas les rues mais, en général, ça paye correctement, suffisamment pour nous permettre de tenir quelques semaines. Le problème, c’est que tu dépenses la majeure partie de notre rémunération dans les bars et cabarets à te saouler et draguer les bunnies., lui avoua-t-elle.  

- Et tu refuses de travailler pour des hommes en général sauf si une jolie fille est la cible., ajouta-t-elle.  

 

Il se tut un moment, réfléchissant aux paroles de sa partenaire. Ce qu’elle venait de lui apprendre ne faisait pas de lui un homme très honorable. Il avait surtout l’impression d’être un égoïste, un épicurien qui se foutait bien du lendemain et surtout de la personne qui partageait sa vie. De ce qu’il comprenait, ils ne partageaient pas qu’un appartement mais aussi un compte en banque. Bon sang, elle supportait tous les inconvénients d’un couple sans les avantages. Quel homme pouvait-il bien être pour accepter une telle situation, pour l’avoir même créée ?  

 

- Tu viens ? Le café est juste là-bas., l’informa-t-elle.  

- Pourquoi tu acceptes tout cela, Kaori ?  

- De quoi tu parles ?, demanda-t-elle, sans comprendre.  

- Pourquoi tu acceptes mon comportement ? Pourquoi tu n’es pas partie avec quelqu’un qui te mérite et qui ne dépense pas tout le fruit de ton labeur ? Pourquoi tu me regardes draguer les autres femmes alors que je ne semble pas m’intéresser à toi qui le mérite amplement ?, expliqua-t-il.  

 

Elle s’arrêta, ne sachant comment lui répondre. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et mordit sa lèvre pour l’empêcher de trembler. Parce que je t’aime, aurait-elle pu lui dire, mais elle ne voulait pas l’entraîner dans une relation qu’il rejetterait quand il redeviendrait lui-même. Cela les mettrait dans une situation périlleuse pour leur travail, dans leur vies personnelles également et cela lui ferait beaucoup trop mal.  

 

- Il faut croire que je suis transparente., plaisanta-t-elle avant de reprendre la route.  

 

Elle s’éloigna rapidement, ne lui laissant pas l’opportunité de répondre. Ryo sentit son coeur se serrer à la douleur qui avait émané d’elle. Plus que jamais, il avait besoin de savoir ce qui s’était passé entre eux au cours de ces sept années et il allait rencontrer des personnes qui pourraient certainement le renseigner. Il vit Kaori s’arrêter devant la porte du Cat’s Eye, drôle de nom pour un café se dit-il, et s’empressa de la rejoindre. Arrivé à sa hauteur, il leva machinalement la main et replaça une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, ses joues rosissant au toucher.  

 

- J’ai les yeux bien ouverts maintenant et la vision que j’ai me plaît énormément., murmura-t-il d’une voix chaude. 

 


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