Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 13 chapters

Published: 05-10-19

Last update: 17-10-19

 

Comments: 31 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Quand un accident rend l'une des moitiés de City Hunter incapable d'assumer son rôle, que fera l'autre moitié? Comment gérer le handicap?

 

Disclaimer: Les personnages de " Dans les méandres de l'oubli" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Dans les méandres de l'oubli

 

Chapter 7 :: Chapitre 7

Published: 11-10-19 - Last update: 11-10-19

Comments: Bonjour, la suite de l'histoire… Une amnésie, une cliente…, la panacée en bref ;) Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 7  

 

- Vous devez faire beaucoup de sport pour avoir un tel corps et de tels muscles, Monsieur Saeba… Puis-je vous appeler Ryo, ce serait moins formel…, minauda Saori, pendue au bras du nettoyeur.  

- Pourquoi pas ?, répondit-il en haussant les épaules.  

- Vous n’avez jamais songé à faire mannequin ?, roucoula-t-elle.  

 

Derrière eux, Kaori essayait de faire abstraction de cette… sa cliente draguant son partenaire. C’était un spectacle auquel elle n’arrivait toujours pas à s’habituer. Elle se sentait d’autant plus énervée que lui rentrait dans son jeu depuis tout à l’heure et ça la blessait de le voir s’intéresser à une autre, même pour faire semblant. Elle pensa un court instant qu’elle était de mauvaise foi puisqu’elle repoussait ses avances mais ça ne dura qu’un court instant car elle ne repoussait ses avances que jusqu’à ce moment fatidique où il redeviendrait lui. Elle poussa un long soupir.  

 

Soudain, elle sentit une tension meurtrière les entourer. Son coeur s’accéléra en voyant que Ryo ne semblait pas s’en apercevoir.  

 

- A terre !, hurla-t-elle, courant vers eux.  

 

Elle se jeta sur eux deux et les projeta par terre sans ménagement, alors qu’une rafale de mitraillette résonna et perfora le mur derrière eux. Kaori maintint leurs têtes au sol en attendant de ne plus ressentir la tension mais cela ne dura que quelques secondes, le temps que la voiture qui contenait leurs assaillants s’éloigna sur les chapeaux de roue. Elle souffla, sentant son coeur battre à toute allure. Puis lentement elle se releva, évalua la situation et leur ordonna de se relever et de vite rejoindre l’appartement à deux cents mètres de là.  

 

Lorsqu’elle referma la porte d’entrée derrière eux, elle se rendit compte qu’elle n’avait même pas pensé à sortir son revolver. Ca valait bien le coup d’apprendre à tirer si elle ne pensait pas à s’en servir… Elle s’en voulut puis regarda Ryo et Saori qui l’observaient, ne sachant quoi faire. Soudain, leur cliente se jeta dans les bras du nettoyeur, pleurant toute sa peur. Il ne lui adressa même pas un regard et le plongea dans celui de sa partenaire. Elle y lut son inquiétude, son désarroi face à la situation et sentit son coeur se serrer. Elle avait espéré que son instinct de nettoyeur survivrait au-delà de la mémoire mais, apparemment, ce n’était pas le cas. La situation était plus grave que prévue…  

 

- Ryo, emmène Saori à l’appartement et donne-lui un café ou un remontant. J’ai des choses à faire ici. Je vous rejoins dans cinq minutes., lui demanda-t-elle.  

 

Elle vit à ses yeux qu’il n’avait pas envie de s’éloigner d’elle mais il se résigna et emmena la jeune femme à l’étage. Kaori se tourna et partit à l’armurerie. S’enfermant à clef, elle se dirigea vers l’armoire vitrée et sortit une boîte en bois qu’elle ouvrit précautionneusement. Elle caressa du bout des doigts le métal luisant et saisit l’arme par la crosse. L’arme de Ryo pesait vraiment plus lourd que la sienne, c’était un fait. Elle l’avait rangée là le soir où il s’était réveillé amnésique, après l’avoir nettoyée soigneusement. Elle ouvrit le barillet et inséra six balles. Elle en prit deux de plus qu’elle glissa dans ses oreilles pour atténuer le bruit et partit à la salle de tir.  

 

Elle s’immobilisa un moment à l’entrée. Elle le revoyait là s’entraînant, le regard dur, fixé sur l’objectif. Avec un sourire triste, elle se souvint du jour où elle lui avait fait une farce en remplaçant son arme par un jouet factice. Il avait dû se rendre compte de la supercherie, même elle avait détecté la différence de poids à l’époque. Et pourtant, il avait été jusqu’au bout, se dit-elle attendrie. Lentement, elle approcha du stand, attrapa les lunettes de protection et se positionna. Le premier coup de feu lui arracha un cri de douleur. La puissance de feu du magnum était beaucoup plus forte et elle eut du mal à résister au recul de l’arme. Elle ressentit douloureusement la vibration dans ses deux bras jusqu’aux épaules. Déçue, elle s’aperçut qu’elle n’avait même pas touché la cible. Elle s’ajusta et recommença. Les cinq balles suivantes, bien que dispersées, atteignirent la feuille.  

 

Elle aurait dû être extatique mais, au lieu de cela, elle ressentit une profonde détresse. Elle avait eu si peur quand elle ne l’avait pas vu réagir tout à l’heure, si peur de voir sa veste bleue maculée de rouge, de voir la vie lui échapper. Elle avait pensé à les protéger mais pas à les défendre. Elle se souvint des mots qu’il avait eus le jour de son accident : « Tu ne sais rien faire, Kaori. Sans moi, tu es inutile. ». Il avait tellement raison. Quelle utopie de penser qu’elle était capable de tenir son rôle, d’être une partenaire digne de lui. Elle n’avait aucun réflexe de nettoyeur, même pas celui de juste sortir son arme… Sans s’en rendre compte, elle avait reculé jusqu’au mur et se laissa glisser jusqu’à être par terre, les genoux serrés contre sa poitrine, l’arme de Ryo contre son coeur. Elle pleura, évacuant l’angoisse qui la tenaillait.  

 

Au bout d’un long moment, elle se calma et se releva. Elle devait remonter et ne pas les inquiéter. Ils avaient une cliente qui comptait sur eux pour l’aider. City Hunter n’avait jamais échoué et, si vraisemblablement ce devait être leur dernière mission, alors elle veillerait à ce que cela resta le cas. Elle regarda l’arme de Ryo, retourna à l’armurerie et rangea la boîte. Elle glissa le magnum dans la ceinture de son jean et remonta à l’appartement.  

 

Quand il vit arriver Kaori, Ryo la regarda et ressentit son trouble. Il s’approcha d’elle et lui fit face.  

 

- Où est Saori ?, demanda Kaori d’une voix qu’elle tenta de maîtriser.  

- Dans la chambre là-haut, elle se repose., l’informa-t-il.  

 

Elle acquiesça. Ryo se sentait mal. Il n’avait pas du tout su réagir à l’attaque qu’ils avaient essuyée et sentait au fond de lui que ce n’était pas dans ses habitudes. Sans les réflexes de sa partenaire, ils seraient probablement morts, sa cliente et lui. L’amnésie avait ses avantages mais là il venait d’en vivre l’un des principaux inconvénients. Il aurait aussi pu la perdre. Il tendit la main vers Kaori et lui caressa la joue puis, faisant un pas de plus, il l’attira à lui et la serra dans ses bras. Il avait besoin de sa chaleur, il avait besoin d’être là pour elle d’une manière ou d’une autre parce qu’il sentait qu’elle en avait besoin. Il devait aussi lutter contre ce sentiment d’atteinte à sa virilité car, normalement, c’était l’homme qui protégeait la femme et pas le contraire. Il avait failli envers elle, envers la femme qui se laissait aller en toute confiance dans ses bras.  

 

- Je suis désolé, Kaori., murmura-t-il.  

- De quoi ?  

- De n’avoir rien fait, de n’avoir rien senti.  

- Ca compensera avec le fait que je n’ai pas été capable de faire autre chose que vous plaquez à terre…, ironisa-t-elle, les yeux brillant de larmes.  

 

Ryo la regarda sidéré. Comment pouvait-elle se dévaloriser de la sorte ? Ce qu’elle avait fait avait été courageux.  

 

- Tu nous as sauvé la vie, Kaori. Ce n’est pas rien., lui dit-il, lui caressant la joue.  

- Il faut qu’on parle, Ryo. Il faut que je sache ce que tu veux.  

- A quel propos ?  

- De l’avenir.  

 

Il sentit la tension naître entre eux et prit sa main, la menant au divan.  

 

- Je ne sais pas si ça va me plaire mais développe., l’encouragea-t-il.  

- Le métier que nous faisons est dangereux et pesant. Ton amnésie… ton amnésie pourrait être l’occasion pour toi de changer de vie, de retrouver une vie normale, de t’éloigner de ce monde de violence., lui dit-elle.  

 

Elle se rendit soudain compte de la portée de ses paroles et se mit à rire d’un rire sans joie. C’était exactement ce que lui cherchait pour elle depuis des années sans avoir réussi à lui imposer. Ce serait vraiment le comble qu’au final, ce fut lui qui sortit du milieu et non elle…  

 

Ryo l’observa un moment, pensif. Il avait senti le côté cynique de son rire et ne s’en était pas offusqué. Il se doutait que ça devait avoir avec quelque chose lié au passé, à leur passé. Mais sa réflexion l’emmena sur un autre terrain, le seul qu’il connaissait vraiment depuis qu’il s’était réveillé.  

 

- Si je change de vie, tu me suis ?, lui demanda-t-il soudain.  

 

Kaori sentit son coeur manquer plusieurs battements. Elle le regarda sans y croire pendant un long moment puis baissa les yeux, une larme roulant sur sa joue.  

 

- Tu n’imagines même pas le nombre de fois où j’ai rêvé que tu m’acceptes enfin dans ta vie., murmura-t-elle.  

- Je ne sais pas si je serai capable de tout abandonner et partir. Mon frère est enterré ici, mon père aussi. Nos amis sont ici. Si on partait, je devrai faire une croix sur ma sœur, sur notre mission qui aide tellement de gens., lui expliqua-t-elle, son coeur se serrant si fort qu’elle en avait mal.  

 

Deux mains encadrèrent son visage et le relevèrent.  

 

- Kaori, je t’aime. Alors la question est simple : m’aimes-tu en retour ?, lui demanda-t-il, d’une voix sourde.  

 

Elle réprima un sanglot. Ces mots-là, elle ne les espérait plus, plus venant de lui en tout cas. Alors les entendre provoquait en elle une profonde émotion.  

 

- Oui, plus que tout au monde., répondit-elle, ne se sentant pas le coeur de se dérober.  

 

Elle vit une myriade d’étoiles s’allumer dans ses yeux et se noya dans ce regard. Il l’attira à lui et, dans un geste d’une douceur infinie, approcha ses lèvres des siennes. Elle ne put que retenir son souffle quand elle sentit la douce et chaude pression sur sa bouche. Ce baiser, elle l’avait imaginé des centaines de fois, si ce n’était plus, mais aucun de ses rêves n’égalait la réalité. Elle sentit une de ses mains quitter sa joue et descendre dans son dos, la poussant à s’approcher un peu plus de lui, tandis que le pouce de son autre main caressait tendrement sa joue. Elle glissa les bras dans son cou et répondit à son baiser avec ferveur et tendresse. Ce n’était pas un moment de passion débridée mais l’expression la plus pure de la profondeur de leurs sentiments, connus ou enfouis.  

 

Quand ils se séparèrent, ils n’échangèrent aucun mot pendant un long moment, se contemplant uniquement, une douce lueur dansant au fond de leurs yeux.  

 

- Si tu ne quittes pas ce monde, j’y resterai aussi. Quelque chose me dit que j’y suis à ma place, même si ça ne doit pas tous les jours être facile., lui dit-il soudain.  

- Alors je dois te rendre ceci et il faudra que tu réapprennes à t’en servir. Mick ou Umibozu t’aideront si besoin., lui conseilla-t-elle en lui tendant son magnum.  

- Une arme ?, s’étonna-t-il  

- Ton arme. Tu ne t’en sépares jamais, même pas pour dormir., lui apprit-elle.  

 

Il prit l’arme de sa main et la soupesa. Le contact du métal, froid, était assez désagréable mais le bois de la crosse avait un contact qui lui semblait familier. Il porta le canon à son nez.  

 

- Il a servi il y a peu.  

- J’ai tiré avec avant de monter., avoua-t-elle, rougissant.  

- Tu as dû te faire mal aux épaules., affirma-t-il sans réfléchir.  

 

Elle leva le regard vers lui, étonnée.  

 

- Comment tu le sais ?, bégaya-t-elle.  

- Je ne sais pas., répondit-il.  

 

Elle acquiesça. Ces petites réflexions la laissaient espérer.  

 

- Pourquoi tu ne m’apprendrais pas à m’en servir de nouveau ?, lui demanda-t-il.  

- Tu… Tu es un pro de la gâchette. Ce serait déplacé que ce soit moi qui t’entraîne…, murmura-t-elle.  

- Moi, j’aimerais bien pourtant et je trouverai une manière très agréable de te remercier., murmura-t-il, approchant de nouveau de ses lèvres.  

 

Kaori se sentit frémir et se languit de ce nouveau contact des plus agréables. Pourtant, elle posa un doigt sur sa bouche et l’empêcha d’aller plus loin. Elle vit son froncement de sourcils et la lueur de frustration dans son regard mais s’en tint à sa résolution.  

 

- Bien que j’en rêve, je n’irai pas plus loin qu’un baiser, Ryo., lui dit-elle, navrée.  

- Kaori…, grogna-t-il.  

- Je le fais pour nous. J’espère qu’un jour, tu comprendras., murmura-t-elle.  

 

Elle se leva et partit en cuisine préparer le repas de midi. Une fois celui-ci pris, ils partirent à trois à l’appartement de leur cliente pour récupérer quelques affaires puis rentrèrent. Saori ne quittait pas Ryo d’un pouce. Elle l’abreuvait de compliments, l’aguichait, lui faisait profiter de ses charmes. L’homme était loin d’être insensible à tout ce spectacle mais il n’aimait pas être la cible d’une femme. Il préférait être celui qui draguait et, en ce moment, il n’avait qu’une femme en tête : Kaori. Kaori qui le faisait tourner en bourrique à le repousser alors qu’elle partageait ses sentiments, qui ne l’accepterait dans sa vie que lorsqu’il retrouverait la mémoire.  

 

- Sauve-moi par pitié., murmura-t-il, passant près d’elle à un moment, Saori sur les talons.  

- Saori, si vous le souhaitez, vous pouvez aller prendre un bain. Cela vous détendra., lui proposa la nettoyeuse.  

- Je ne sais pas., minauda leur cliente.  

- Kaori a raison, Saori. En plus, j’adore l’odeur fraîche du shampooing., mentit Ryo.  

 

Il vit une lueur d’intérêt s’allumer dans ses yeux et elle s’empressa d’accepter. Kaori lui montra la salle de bains et lui fit couler un bain.  

 

- Voilà. Profitez-en bien.  

 

Kaori sortit de là et retrouva Ryo en bas. Il s’approcha d’elle et l’enlaça.  

 

- Merci. Je te le revaudrai., lui dit-il soulagé.  

- De rien, partenaire. Alors à qui vas-tu demander de te réapprendre le tir ?, l’interrogea-t-elle, se dirigeant vers le frigidaire.  

- Mick. Tu me donneras son numéro pour que je l’appelle, s’il te plaît ?  

- Appuie sur la touche deux du téléphone. Le numéro est préprogrammé.  

 

Il la laissa et elle l’entendit appeler. De son côté, profitant un peu du calme, elle prépara leur repas du soir. Elle fit mentalement une liste de ce qu’elle avait encore à faire avant d’aller se coucher et fut soulagée de savoir qu’elle était presque au bout de sa journée.  

 

- On a rendez-vous à neuf heures demain matin., l’informa-t-il, revenant dans la cuisine.  

- D’accord.  

 

Elle se dit que le timing serait serré entre la fin de sa séance et celle de Ryo mais c’était jouable. Elle mit cette question de côté et sortit les couverts des armoires. Son partenaire la débarrassa et ils partirent dans la salle à manger, mettant la table ensemble dans un silence confortable. Bientôt Saori descendit et la soirée se termina devant la télé.  

 

Au moment de se coucher, ils eurent droit à un défilé de lingerie de nuit sexy qui laissa de glace le nettoyeur puis Saori les quitta en lui adressant un petit clin d’oeil.  

 

- Tu as une touche apparemment., constata Kaori, les nerfs à vif.  

- Il n’y en a qu’une qui m’intéresse sous ce toit…, murmura-t-il à son oreille avant de déposer un baiser dans son cou.  

 

Elle ressentit une décharge électrique traverser tous ses nerfs et ses joues virer au rouge. Ca allait tourner à la guerre des nerfs, cette histoire, et elle savait avoir en face d’elle un « adversaire » coriace. Qu’importe, elle ferait ce qu’il faudrait pour tenir bon… Entendant la porte de Ryo claquer, elle sortit de sa rêverie et pénétra dans sa chambre. Elle enfila un débardeur sur une simple culotte, ce qui lui ferait gagner du temps lorsqu’elle devrait se lever à trois heures du matin pour s’entraîner en douce, puis se faufila dans les draps et s’endormit rapidement.  

 

De son côté, Ryo se glissa dans son lit après s’être déshabillé et, les mains sous la nuque, fixant le plafond, fit le bilan de sa journée. Souriant, il revécut le moment de leur baiser et sentit son coeur battre un peu plus vite. Il ne comprenait toujours pas son obstination à refuser toute liaison avant sa récupération mais il continuerait à se battre pour eux. Plus sombrement, il repensa aux différentes émotions qu’il avait ressenties, certain d’affronter des réminiscences de son passé, ainsi qu’aux flashs incompréhensibles qu’il avait eus au café. Il aurait aimé en comprendre la signification et trouver le fil d’Ariane qui lui permettrait de remonter le cours de sa vie. Pris dans ses réflexions, il ne sentit pas le sommeil venir et s’endormit profondément.  

 

Il était un peu plus de minuit passé lorsque Kaori fut réveillée par un cri. Les sens en alerte, elle sortit, arme à la main, de sa chambre et entendit un nouveau cri provenant de la chambre de Ryo. Elle se précipita et le vit entrain de se débattre dans son lit. Saori arriva à ses côtés, effrayée.  

 

- Que se passe-t-il ?, demanda-t-elle.  

- Rien. Retournez vous coucher. Je vais gérer la situation. Vous n’avez rien à craindre., dit-elle d’une voix calme malgré le tumulte qui l’agitait.  

 

Leur cliente regarda une dernière fois dans la chambre puis retourna dans la sienne. Doucement Kaori approcha du lit de son partenaire. Elle se souvint des mises en garde que Ryo lui avait faites et l’appela en restant à distance. Au bout de quelques fois, il se calma un peu, ne cessant pourtant pas totalement de se débattre. Elle prit alors le risque d’avancer et de s’asseoir sur le bord du lit. Elle continua à lui parler, cherchant à l’apaiser. Elle passa la main sur son bras, moite de sueur, faisant des aller-retours. Lentement il cessa tout mouvement, seule la crispation de son visage témoignait de l’anxiété qui l’habitait. Ne pouvant le laisser ainsi, elle s’adossa à la tête de lit et amena son visage sur ses cuisses. Instinctivement, il le tourna et le nicha contre son ventre. Elle caressa ses cheveux un long moment avant que ses traits ne se détendirent totalement. Quelques minutes plus tard, il ouvrit les yeux, passablement égaré et surpris de la trouver là.  

 

- Tu as fait un cauchemar., lui dit-elle doucement, sans cesser de caresser ses cheveux.  

- Tu peux m’en parler si tu veux.  

- Non, je ne saurai quoi t’en dire, si ce n’est que c’était violent, très violent même., répondit-il, encore chamboulé.  

 

En effet, il aurait bien été incapable de le décrire. Ce n’était qu’une succession d’images plus atroces et violentes les unes que les autres. Il y avait tellement de sang versé, tellement de morts qu’il en était écoeuré. Il n’aurait su dire si ces images faisaient partie de son passé. Tout allait trop vite, comme un film fait avec une bande à débit lent passé à vitesse rapide. Toutes les images défilaient sans aucun lien apparent entre elles, beaucoup trop rapidement pour qu’il eut le temps d’en mémoriser une.  

 

Et il y avait ce bruit, cette détonation unique qui revenait à chaque fois, pas comme la mitraillette de ce matin. Ryo avisa l’arme qu’il avait posée sur la table de chevet. Etait-ce la détonation de ce revolver qu’il avait entendue ? Si oui, que cela signifiait-il ? Qui était-il réellement ?  

 

Il ne pouvait répondre à aucune de ces questions et pourtant il ne pouvait imaginer qu’une jeune femme comme Kaori fut liée à un être abominable. Ce n’était pas concevable pour lui et cela le réconforta tout autant que les caresses qu’elle lui prodiguait.  

 

- Je t’ai réveillée ?, l’interrogea-t-il.  

- Oui. En fanfare même., plaisanta-t-elle.  

- Je suis navré.  

- Ce n’est pas grave. Je suppose que les cauchemars font partie de la reconstruction ou de l’apprivoisement de la situation. Ca ne doit pas être facile de ne plus se souvenir., dit-elle, compréhensive.  

- Ca dépend des sujets. Toi par exemple, je voudrais comprendre ce qui te pousse à refuser notre histoire. En revanche, avoir oublié que j’étais un dragueur invétéré, ça ne me dérange pas plus que cela., lui expliqua-t-il.  

- Je devrais t’enregistrer. Tu ne me croiras peut-être pas plus tard., ironisa-t-elle.  

- Je ne compte pas redevenir amnésique. Si je dois recouvrer la mémoire, j’espère bien ne pas perdre les moments que nous vivons actuellement, surtout le baiser que nous avons échangé tout à l’heure.  

 

Il la vit rougir grâce à la faible luminosité que procurait le clair de lune.  

 

- Je… Je vais te laisser dormir., bafouilla-t-elle.  

- Tu ne veux pas rester avec moi ?, lui proposa-t-il d’une voix sensuelle.  

 

Elle sentit une boule de chaleur poindre au fond de son ventre et dut se secouer pour fuir de là.  

 

- Non. Je dois me lever tôt demain matin et, toi, tu as besoin de repos., se justifia-t-elle en s’écartant de lui.  

- J’ai surtout besoin de toi., lui dit-il d’une voix langoureuse en attrapant son poignet.  

 

Ils échangèrent un long regard empli d’une multitude d’émotion allant de la séduction au désir puis Ryo déposa un baiser au creux de son poignet, la faisant frémir.  

 

- Je suis là pour toi mais pas comme cela… pas pour le moment, Ryo., murmura-t-elle, tirant sur son bras pour le libérer.  

- Soit, je patienterai mais je te veux. Je nous veux, Kaori., insista-t-il.  

 

Elle soutint son regard un moment avant de partir, l’estomac noué par la profondeur des sentiments qu’elle avait lus dans son regard. Se glissant de nouveau dans ses draps froids, elle pria n’importe quel dieu de lui rendre la mémoire au plus vite sans qu’il n’oublia ce qu’il venait de lui dire. La situation devenait difficile à gérer et cela ne faisait que deux jours…  

 


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