Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: M.K.

Beta-reader(s): Nodino

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 13 capitoli

Pubblicato: 01-05-10

Ultimo aggiornamento: 31-08-10

 

Commenti: 67 reviews

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General

 

Riassunto: Quand une nouvelle cliente apparait et découvre que les apparences sont parfois révélatrices de bien des changements...

 

Disclaimer: Les personnages de "Une mission à vie" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Une mission à vie

 

Capitolo 8 :: La réconciliation

Pubblicato: 11-07-10 - Ultimo aggiornamento: 11-07-10

Commenti: Coucou! Tout d'abord merci pour vos super gentilles reviews! J'avoue avoir eu un peu peur pour le chapitre 7 que voyant Kaori arriver, vous vous disiez " c'est bon, elle est enfin là " et que vous perdiez l'intérêt de la fic. Effectivement, il reste quelques questions en suspens, et les questions que vous vous posez sont pour la plupart assez juudicieuses hihi. Donc voilà un nouveau chapitre, un très attendu puisque pour une fois vous savez à peu près ce qui va se passer... Euh, attention hein, je dis bien " à peu près " hihi. Bonne lecture et à bientôt, bisous!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13


 

Il avait tout fait pour la dissuader. L'envie de se retrouver seul avec son ancienne partenaire était forte, mais le professionnel ne pouvait s'empêcher de penser au bien de sa mission. Il avait eu beau rassurer Kaori en lui disant que c'était « tranquille », il savait mieux que personne qu'une mission, même ennuyeuse en apparence, pouvait prendre un autre tournant à tout moment. Toute excursion de sa cliente dans le monde extérieur était un risque.  

 

L'autre jour, il avait accepté ce risque parce qu'il sentait qu'elle n'allait pas bien et qu'il fallait trouver un moyen de lui faire relâcher la pression. Mais aujourd'hui, il n'y avait aucune raison particulière pour qu'elle soit présente. Après tout, ce n'était pas comme si Kaori s'attendait à sa venue, ce n'était pas non plus comme si elle était importante dans le cours qu'allait suivre la soirée.  

 

En bref, il avait horreur des risques inutiles, même s'il ne doutait pas un instant de ses capacités à la protéger.  

 

Il n'y avait rien à faire, elle faisait la sourde oreille et s'obstinait à vouloir sortir. Elle avait même ressorti pour cette occasion le vieux déguisement qu'elle avait maudit lors de son unique sortie depuis le début du contrat. Dans sa tête, ce n'était pas qu'elle tenait tant que ça à faire partie d'une soirée où il y aurait de grandes chances qu'elle joue la cinquième roue du carrosse. Ce n'était même pas sa curiosité naturelle qui la poussait à venir, mais c'était là une belle opportunité de sortir de nouveau et de s'aérer la tête. Et puis, tant qu'à faire, pourquoi pas dans ce restaurant dont M. Saeba avait vanté les mérites, peu avant sa soudaine crise partielle d'Alzheimer ?  

 

Il poussa un long soupir, de toute façon, il ne pouvait pas se permettre de perdre davantage de temps avec cette tête de mule. Déguisée et sous sa protection, les risques étaient minimes... mais ce soir il n'avait pas envie d'être « en service » et le faisait bien comprendre à son invitée en étant d'humeur extrêmement grognon. Mais peu lui importait, son enthousiasme était tel qu'elle était capable de tout supporter, même l'infâme déguisement, même l'humeur massacrante de son garde du corps.  

 

Le trajet se fit en voiture dans un silence de mort. Ryo faisait ainsi payer sa cliente pour son choix qu'il considérait comme préjudiciable. Si vraiment elle ne se sentait pas en sécurité avec Miki, il aurait très bien pu faire exceptionnellement appel à Falcon ou Mick. Quoique... à bien y réfléchir, finalement, c'était mieux qu'il n'ait pas fait appel à eux. Miki l'aurait sermonné, Falcon aurait tout raconté à sa femme, quant à Mick, il était sûr et certain qu'il aurait subi un interrogatoire en règle avant même que de pouvoir franchir la porte de son appartement. Et il n'avait pas envie de dire à Mick qui il allait retrouver.  

 

Ses amis avaient toujours eu trop à cœur de s'occuper de ses affaires sentimentales, l'incitant de manière plus ou moins subtile à se déclarer franchement à Kaori et le condamnant quand il y avait un souci entre eux. Il détestait ce genre de comportement, même s'il avait conscience que ce n'était que par amitié qu'ils le faisaient et que ça partait d'un bon sentiment. Mais ça l'enquiquinait plus qu'autre chose, il savait mieux que quiconque qu'il fallait qu'il définisse au mieux ses sentiments pour son ancienne partenaire, mais ce n'était pas aussi aisé qu'ils semblaient le croire. Et puis au final, au moment où il avait eu le plus besoin d'eux, où ils auraient dû l'aider à retenir Kaori, où ils auraient dû prendre sa défense dans ce quiproquo, ils n'avaient rien fait, le laissant seul face au fait accompli.  

 

Sakura, quant à elle, vivait avec lui depuis un mois et demi... autant dire qu'elle était bien préparée au silence du conducteur, et cette attitude ne l'offensait en aucune manière. Elle se contentait de regarder le paysage, les lumières de la ville donnant à cette géante inhumaine des airs magiques, même au beau milieu d'un quartier réputé « chaud ». Enfin, plus ils se rapprochaient du point de rendez-vous, plus elle reconnaissait le coin où il l'avait trainée et plus elle était sûre qu'elle n'avait pas confondu ce restaurant avec un autre ; c'était bien devant celui-ci qu'il lui avait fait tout un sketch avec la fameuse carte. Quand il gara la voiture, elle eut même le temps d'apercevoir le SDF- indic sur le trottoir.  

 

Ils se dirigèrent vers l'entrée du restaurant, et il était bien tel que la jeune femme se l'était imaginé : la décoration était simple mais raffinée et il régnait une ambiance douce et chaleureuse. Ce lieu convenait aussi bien à des repas en famille qu'à un repas d'affaires, et toutes les catégories socio-professionnelles pouvaient s'y retrouver sans peine.  

 

Le serveur eut un léger sourire en coin quand Ryo demanda la table réservée par Mlle Makimura, ce qui n'échappa à aucun des deux invités. Il les mena à une grande table ronde qui se trouvait au milieu de la salle. Trois assiettes y étaient posées et les couverts scintillaient sous la lumière des bougies placées au centre de la table. De délicates fleurs roses y étaient également disposées, et la lumière et le parfum donnaient une note romantique à la scène. Sauf qu'ils étaient censés être trois, et cela mit un peu mal à l'aise la jeune femme. Plus elle y pensait et plus elle se disait qu'elle aurait dû rester chez City Hunter ; là, elle avait un peu l'impression de se taper l'incruste.  

 

Kaori n'était pas encore arrivée, malgré l'heure tardive. Ryo ne s'en inquiétait pas trop, après tout elle avait bien prévenu qu'elle était très occupée. Cette pensée le fit sourire. Autour d'eux, les gens commençaient à partir et d'autres entamaient leur dessert ou en étaient au café. Nul doute que d'ici quelques minutes, le restaurant serait laissé à eux seuls. Bah au moins ils n'attendraient pas trois plombes avant d'être servis se dit-il, la faim lui tenaillant l'estomac.  

 

Histoire de passer le temps, il prit la carte et se mit à examiner le menu. Il était original, mélangeant des plats traditionnels et des plats plus sophistiqués. Les prix, quant à eux, étaient raisonnables, mais cela pouvait se deviner assez aisément en regardant le cadre : ce lieu se voulait convivial et familial avant toute chose, et si l'ambiance raffinée attirait des gens qui se trouvaient en haut de l'échelle sociale, tant mieux.  

 

Plusieurs minutes passèrent avant que Kaori ne fasse enfin son apparition. Sakura remarqua le regard de certains clients et serveurs qui se posaient sur la jeune femme alors qu'elle se dirigeait d'un pas assuré vers leur table. Elle était très belle, avec une robe rose pâle à bretelles qui lui arrivait au dessus des genoux, des chaussures à talons assortis, un châle mauve qui recouvrait ses épaules par ce temps encore hivernal et un maquillage très léger et naturel qui rehaussait le tout. Ryo baissa la carte et se mit à dévorer des yeux la nouvelle arrivante. Elle était très à son goût ce soir et si elle avait voulu le faire craquer à cet instant précis, elle y serait parvenue sans le moindre effort. Il se leva et lui prit la main pour lui faire un baise-main délicat. Peu habituée à tant d'égards de la part de son ancien partenaire, elle se mit à rougir.  

 

«  Bon anniversaire... même si je sais que normalement, c'est moi qui aurait dû t'inviter ce soir, c'est plus comme ça que ça se passe d'habitude, non ?  

_ Mais avec toi, tout ce qui est censé être normal ne l'est plus vraiment » dit-elle avec un air légèrement moqueur «  puis il n'a jamais été question de cadeau entre nous, tu sais bien que ta seule présence me suffit ce soir... alors merci !  

_ Mais euh... de rien !  

_ Bon anniversaire Kaori, je suis désolée, votre ami ne m'avait pas avertie.  

_ Merci, et ne vous inquiétez pas, je sais bien comment il est... »  

 

Ryo préféra ne pas relever et replongea le nez dans la carte, apparemment bien indécis quant à son choix, tant tout ce qu'il y avait d'écrit lui faisait envie. S'il osait, il commanderait de tout.  

 

«  Alors donc, c'est la première fois que vous venez tous les deux dans ce restaurant... quelles sont vos premières impressions ? » demanda Kaori, le rouge aux joues.  

 

Sakura la première répondit qu'elle avait fait là un bon choix. Elle se mit à raconter une partie de son passé, notamment le goût que son patron avait pour les bons repas pris à l'extérieur de chez lui, et lui assura que s'il avait été encore vivant, ce restaurant aurait certainement figuré parmi ses lieux de rendez-vous favoris. Enfin bien sûr, il fallait d'abord juger la cuisine qui était servie ici avant de rendre un avis définitif, mais le regard des autres clients laissaient présager que le repas allait être succulent.  

Quant à Ryo, qui se triturait toujours les méninges pour savoir s'il préférait les lasagnes ou le sukiyaki, grand dilemme s'il en était, se contenta d'un «  Ouais, pas trop mal  » à la question de sa voisine de droite. Quand enfin il posa sa carte, il fixa la jeune femme d'un regard inquisiteur.  

 

«  Mais toi, tu as l'air de bien connaître et de bien apprécier ce restaurant, je me trompe ?  

_ Non, non, bonne déduction...  

_ T'es super occupée au point de nous faire manger à pas d'heure, mais tu as le temps d'aller régulièrement au restaurant...  

_ Euh...  

_ Dis-moi au fait, que viens-tu faire au Japon, pour être aussi occupée ? Les dernières nouvelles que j'ai eues de toi avant ta dernière visite ne laissaient pas présager un retour au pays...  

_ Euh... Eh bien... j'avais le mal du pays, les États-Unis sont tellement différents d'ici, j'ai eu du mal à m'adapter malgré toute l'aide et la bonne volonté de Sayuri, qui aurait réellement souhaité que je reste... Elle a d'ailleurs été un peu déçue de ma décision de revenir au Japon... Puis mes amis me manquaient, là-bas les mentalités sont différentes, j'avais du mal à vraiment me lier avec qui que ce soit... Bref, rien à part Sayuri ne me retenait là-bas, alors me voilà de retour de manière définitive au Japon.  

_ Mouais, je comprends alors que si tes amis te manquaient c'est qu'ils sont au courant eux aussi de ton retour, et qu'ils l'ont été avant même ta visite d'il y a cinq jours, donc avant moi...  

_ Ne leur en veux pas, je t'en prie, c'est moi qui leur ai dit de garder le secret...  

_ Tu étais encore fâchée quand tu es revenue ?  

_ Euh, oui, un peu, j'avoue...  

_ Enfin, je ne leur en veux pas, je suis habitué à leurs cachoteries te concernant...  

_ Ryo...  

_ Bref, tout cela est bien mignon, mais ça ne me dit pas ce que tu fais depuis que tu es revenue. Quand es-tu revenue exactement ? Et où vis-tu ? Et quelle est cette étrange occupation qui t'oblige à passer en coup de vent le matin aux aurores et à prendre tes repas à une heure aussi tardive ?  

_ Mais euh, c'est quoi ça, tu enquêtes sur moi ou quoi ?  

_ Hein ?  

_ Arrête avec tes questions, j'y répondrai, mais chaque chose en son temps... »  

 

Sur ce, elle lui adressa son plus beau sourire, en espérant que cela suffise à le faire patienter. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce déluge de questions, elle qui pensait qu'il n'avait pas grand chose à faire de son cas.  

 

«  Oh, puis après tout, je m'en fiche, tu fais ce que tu veux... »  

 

Il avait soudainement pris conscience de ce qu'il venait de faire, et que ce n'était pas très malin de sa part. Il fallait une diversion, comme toujours, se cacher derrière un masque d'indifférence... Et puis, ce n'était pas comme s'il ne connaissait pas les réponses.  

 

Car oui, il savait tout, on n'est pas le n°1 du Japon par hasard, savoir c'est anticiper, même s'il avait eu une énorme surprise de voir Kaori débouler dans son appartement pour son anniversaire. Mais toujours empêtré dans ses faux-semblants, il ne fallait que personne, ou du moins le moins de personnes possible, soient au courant. Et puis surtout, il voulait l'entendre de la bouche de sa partenaire, entendre sa version des faits.  

 

Finalement, ce petit échange avait tout de même était fort instructif, il n'avait jamais compris pourquoi elle était revenue des États-Unis, alors que vivre avec sa sœur avait toujours été un rêve qu'elle n'assouvissait pas, juste pour pouvoir rester avec lui. Ainsi donc, elle était revenue pour ses amis... Le classait-elle lui aussi dans cette catégorie, était-elle également revenue pour lui ? Il l'espérait fortement, mais il savait au fond de lui que la réponse était négative ; si cela avait été le cas, elle serait venue le voir dès son retour.  

 

L'autre question qui le taraudait, et à laquelle il n'avait aucune réponse pour le coup, était de savoir ce qui l'avait fait changer d'avis le concernant. Elle était partie fâchée, elle était revenue fâchée, et un beau matin, sous prétexte qu'on était le 26 mars, la voilà en train de sonner à la porte comme si de rien n'était ? Anniversaire, promesse... d'accord, Kaori pouvait être tellement gentille que cela confinait à de la naïveté infantile, mais quand même, la pilule était un peu trop grosse pour pouvoir passer aussi aisément. Non, il avait dû se passer quelque chose, et de ça il n'était pas au courant, ce qui l'agaçait. Il n'aimait pas ne pas être au courant de quelque chose la concernant.  

 

Sakura, quant à elle, ne savait pas quoi dire. Comme à son habitude, elle avait suivi l'échange entre le-couple-qui-n'en-était-pas-vraiment-un à première vue, et elle ne savait pas quoi faire pour lancer la conversation. Elle aurait voulu poser des questions sur le restaurant ou de type «  Que faites-vous dans la vie ? » mais après le bombardement d'interrogations de la part de l'homme, poser à son tour ces mêmes questions pouvait être mal pris. Elle avait cependant noté que la femme était allée aux États-Unis et feignit de s'intéresser à ce pays pour enfin lancer la discussion. Kaori raconta alors son expérience, suivie attentivement par son interlocutrice, pendant que Ryo semblait ne pas s'y intéresser et avoir toujours à débattre en son for intérieur quant à son repas du soir.  

 

Le choix fut difficile, mais puisqu'il avait la chance d'être l'invité ce soir, et que ce n'étaient pas les bonnes manières qui l'étouffaient, alors il prit les deux plats, devant le regard médusé des deux femmes et des libellules qui passaient par hasard par là. Elles avaient beau savoir que ce type était un goinfre de la pire espèce, elles ne s'y feraient jamais, d'autant que la Nature avait décidé d'être sympa avec lui, il ne semblait pas du tout souffrir de sa boulimie chronique et avait un beau corps athlétique. La vie pouvait parfois être injuste...  

 

Le repas se passa très bien. Kaori et Sakura faisaient connaissance, sous le regard quelque peu irrité de Ryo qui, las, ne pouvait s'empêcher de faire le pitre pour attirer l'attention de sa bien-aimée. Assez étrangement, il fut assez heureux de constater que malgré ses efforts désespérés pour essayer de contrôler sa colère, Kaori avait fini par craquer et laisser exploser son exaspération face à l'attitude de Ryo en lui assénant un énorme coup de massue.  

 

«  Tu vas laisser la serveuse tranquille, oui ?  

_ Hahaha, pardooooooooooooooon !  

_ Pfff, le soir de mon anniversaire...  

_ Hahaha, pardon, vraiment pardon...non, c'est vrai, comme cadeau d'anniversaire je devrais t'offrir d'être sage...  

_ ... »  

 

Kaori, peu convaincue par les boniments de Ryo, jeta un coup d'œil derrière elle en direction de la serveuse sur laquelle il venait juste de se jeter. La femme finissait son service comme si de rien n'était, mais on pouvait voir qu'elle était encore toute tremblante des assauts du pervers.  

 

«  J'espère qu'avec ça il va pas lui prendre l'idée de démissionner...  

_ Mais non, qu'est-ce que tu vas chercher là ? Je ne suis pas un client régulier et puis je sais me tenir...  

_ Sans commentaires...  

_ Et puis, quand bien même, si elle démissionnait, qu'est-ce que ça peut bien te faire ?  

_ Eh ben...  

_ Hm?  

_ Je la connais, c'est tout...  

_ Oh, tu me présentes ta copine mokkori ?  

_ Ryoooooooooo...  

_ Mais non, mais non, je plaisaaaaaaaaaaaaaaaaante ! » dit-il avec un sourire coincé et un air idiot affiché sur la tête, signe très révélateur qu'il venait de mentir. Kaori le connaissait par cœur, il ne pouvait pas lui mentir.  

 

«  Bon alors, quand est-ce que tu nous la présentes ?  

_ Pour que tu lui sautes dessus ?  

_ Mais non, promis juré !  

_ Et puis c'est pas vraiment une copine...  

_ Ah oui, c'est qui alors ? »  

 

Il la regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes. Sakura aussi essayait de comprendre. Lorsque la serveuse était venue à leur table, les deux femmes n'avaient pas semblé être proches, et si c'était le cas, elles avaient parfaitement joué leurs rôles de serveuse et de cliente.  

Sentant les regards interrogateurs de ses convives, la jeune femme sentit le rouge lui monter aux joues, ce qui intrigua plus encore les deux autres personnes.  

 

«  Ben alors quoi, désespérée de pas trouver de mecs, tu as décidé de … Eh bé, Kaori, si j'avais su... Enfin ne t'inquiète pas, je ne te juge pas, je n'ai rien contre l'idée de voir deux femmes dans un même lit, bien au contraire... »  

 

Au fur et à mesure de son discours, son visage se changea une fois encore pour se transformer en un visage de pervers. Son ancienne assistante, rouge de honte que l'homme puisse penser des choses pareilles, et vexée de cet air d'abruti fini qu'il arborait une fois de plus, fit apparaître une massue tellement énorme qu'on pouvait se demander d'où elle la sortait et d'où elle tenait cette force herculéenne pour pouvoir la tenir... là où Hercule lui-même se serait lamentablement vautré comme une fillette !  

 

«  Mais ma parole, tu ne penses qu'à ça !? Y a pas que « ça » dans la vie, pervers, et voilà pour mieux te rentrer ça dans le crâne »  

 

BOUM!!!!!  

 

L'Objet Parfaitement Identifié entra en collision avec la tête de Ryo qui se retrouva à examiner le sol de très près, voire même sous des angles jusque là inexplorés... Il s'extirpa non sans peine du cratère formé par le choc, mais alors qu'il s'apprêtait à regagner son siège l'air de rien, ses yeux se posèrent sur Kaori, qui visiblement retenait ses larmes. Il détestait la voir comme ça, surtout quand c'était de sa faute.  

 

A chaque fois qu'il la faisait pleurer, ou tout du moins souffrir, il s'en voulait et se maudissait d'être aussi crétin. Et quand un jour, il était rentré chez lui pour trouver un appartement vide de toute présence, mais également vide de toutes ses affaires à elle, sans un mot d'explication, sans savoir ce qui s'était passé, ni même où elle était, mais devinant les raisons de ce départ qui n'avait rien d'un voyage d'agrément, à en juger par l'absence totale d'objets appartenant à sa partenaire, il s'était dit que oui, il méritait amplement d'être traité de la sorte et que, finalement, c'était bien peu de choses par rapport à tout ce qu'il lui avait fait endurer. Sentiment renforcé quand, plusieurs jours plus tard, il était parvenu à tirer les vers du nez de Miki, qui lui avait révélé la destination de son amie et qui avait confirmé au nettoyeur les raisons de ce départ précipité, en lui répétant mot pour mot ce qu'elle avait dit au moment d'annoncer sa décision à ses amis et ses dernières paroles à l'aéroport...  

 

Il trouvait la sentence juste, voire même un peu trop clémente, et pourtant il se sentait mal. Il était en manque, il se sentait étouffer. Et pour essayer de palier à cette souffrance, il s'était mis à rêver du jour de son retour. Rêver était en fait un bien faible mot, fantasmer était en fait bien plus proche de la réalité. Il arrivait que cette scène, tant de fois vécue en songe, finisse par un moment torride, mais ce n'était pas toujours le cas. Ce qui revenait sans cesse par contre, c'était les plates excuses qu'il lui présenterait et la vérité nue sur ses sentiments, qu'il lui déclarerait enfin.  

 

Mais voilà, c'était la deuxième fois qu'il la voyait et il n'y avait pas eu de déclaration concernant ses sentiments, encore moins d'excuses, et quant à cette danse sensuelle... Et pire que tout, il retombait dans ses travers. Il était odieux, faisait l'imbécile… et la faisait pleurer. A croire que tous ces mois passés à réfléchir n'avaient servi à rien. Il n'arriverait jamais à changer. Il serait toujours le même imbécile. Il allait finir par la perdre de nouveau, et ce jour-là il y aurait encore moins de chance qu'elle revienne que la fois précédente...  

 

«  Je... je suis sincèrement désolé de mon humour douteux, Kaori... »  

 

Elle leva les yeux dans sa direction. A ce moment-là, elle sut en scrutant son regard noir qu'il était sincère. Elle aurait tellement voulu être plus forte que ça, ne pas céder aussi facilement, mais elle n'y pouvait rien, quand il la regardait comme ça, ses yeux touchaient directement son âme. Elle ne pouvait pas faire autrement que craquer. Le voile de tristesse qui s'était doucement posé sur son visage se leva pour laisser place à un sourire radieux.  

 

«  Ryo, il faut que je te dise quelque chose...  

_ Ah ? »  

 

Il était un peu inquiet quant à la tournure qu'allaient prendre les évènements. Pourquoi cet air si solennel d'un coup ? Le cerveau du grand brun se mit à tourner à toute vitesse quand il essaya d'imaginer ce qui allait encore lui tomber dessus, et toutes ces hypothèses mettaient en scène des scénarios catastrophe : Kaori fiancée, Kaori enceinte, Kaori malade et condamnée...A bien y réfléchir, ceci expliquerait peut-être le revirement de situation d'il y avait cinq jours. C'est parce que quelque chose de grave allait se passer dans sa vie qu'elle lui était revenue. Maîtrisant du mieux qu'il pouvait le flot d'émotions violentes qui bouillonnait en lui, il se contenta de regarder la jeune femme d'un air interrogateur... Cette phrase qu'elle laissait en suspens ressemblait à un supplice digne du bourreau le plus retors de la Terre.  

 

Sakura, elle, continuait d'assister à la scène en tant que simple spectatrice. Elle avait été grandement impressionnée par la massue de Kaori et, même si elle avait déjà vu Saeko en manier, il ne faisait aucun doute possible que la championne toute catégorie du lancer de massue était la femme qui partageait sa table ce soir. Il fallait dire quand même que les propos de l'autre dégénéré avaient été particulièrement immondes, et elle l'en admira d'autant plus d'être capable de se retenir de le tuer. Elle admirait aussi le fait qu'elle ait été capable de le supporter pendant dix ans. Non, vraiment, chapeau bas !  

 

Mais, à présent, elle était comme Ryo, en moins tourmentée bien sûr. Elle attendait de savoir ce qu'était cette grande révélation. Mais soudain, en voyant le regard que s'échangeaient les deux partenaires, elle se dit que peut-être cette déclaration était d'ordre privé et qu'elle dérangeait. D'autant que le sourire éclatant de la jeune femme ne lui avait pas échappé et, à l'inverse de son garde du corps, elle pressentait maintenant que la révélation serait une bonne nouvelle.  

 

«  Excusez-moi, je dois aller aux toilettes, ma perruque me démange terriblement, j'ai besoin de l'enlever quelques instants.  

_ Hm, je n'aime pas trop vous savoir loin de moi pour une raison aussi futile. Je vais vous accompagner jusqu'à la porte...  

_ Euh, non, non, ce n'est pas nécessaire...  

_ On discute pas, de toutes façons je reste à la porte si c'est ça qui vous fait peur.  

_ Non mais vraiment...  

_ Non mais à quoi vous jouez ? Je dois vous rappeler pourquoi vous vivez avec moi depuis presque deux mois ?  

_ Ryo a raison Sakura, il ne faut pas vous éloigner, ça peut être dangereux... »  

 

Elle poussa un long soupir de lassitude. Elle avait fait ça pour les laisser seuls quelques instants, mais cette soirée avait été si agréable qu'elle se serait bien passée des rappels sur ses conditions de vie de ces derniers mois.  

 

«  Laissez tomber, j'arriverai à survivre jusqu'à ce qu'on rentre. »  

 

Elle sentit bien cependant que le nettoyeur n'était pas convaincu et, pire, qu'il pensait certainement qu'elle avait essayé de l'entourlouper à en juger par le regard dur qu'il lui adressait en ce moment-même.  

 

Et effectivement, elle n'était pas loin de la vérité. Loin de comprendre la délicate intention que sa cliente avait eu envers lui, il se demandait si par hasard elle avait pas tenté de lui fausser compagnie pour pouvoir profiter d'un peu de liberté, depuis le temps qu'elle lui réclamait. Bien sûr, il avait placé un émetteur sur elle, mais s'il pouvait éviter de jouer au chasseur le soir de l'anniversaire de Kaori, il préférerait. Décidément, on ne pouvait faire confiance à personne, et surtout pas aux clients...  

 

Mais sa distraction fut de courte durée, il se rappela que Kaori voulait lui dire quelque chose qui lui tenait à cœur et il se tourna de nouveau vers elle, attendant qu'elle se décide enfin à parler.  

 

«  Eh bien ce restaurant... »  

 

Un éclair passa dans les yeux de l'homme. Qu'il pouvait être bête ! Bien sûr qu'elle voulait lui parler de cela. Où était-il allé chercher ses idées saugrenues d'une Kaori malade, incurable... Soudainement rassuré, il réprima un sourire quand il vit la timidité qui l'entravait, l'écoutant très attentivement et se préparant à feindre la surprise.  

 

Le cœur de l'ancienne nettoyeuse allait battant à tout rompre. Elle craignait sa réaction quand il allait apprendre ce qu'elle s'apprêtait à lui dire, quand, petit à petit, le puzzle de sa vie se reformerait devant ses yeux, révélant à demi-mots que cela faisait près de trois mois qu'elle était revenue au Japon, que ses amis étaient au courant non seulement de son retour mais de bien plus encore puisque certains l'avaient aidée dans ses projets et que tous sans exception lui avaient caché la vérité.  

 

«  En fait, je n'ai pas choisi ce restaurant par hasard... je le connais bien, et je viens souvent... enfin non, je viens tous les jours ici, je … j'y passe mes journées... je travaille ici, Ryo...  

_ Non, t'es serveuse ? Eh bé, les clients ont pas peur de voir leur assiette tomber sur leurs beaux vêtements...  

_ …  

_ Pardon, pardon, hahaha  

_ Je ne suis pas serveuse ici, Ryo...  

_ …  

_ C'est moi la propriétaire et la chef. »  

 

Ses yeux vinrent à la rencontre du regard ténébreux de l'homme en face d'elle, comme pour essayer de lire en lui ses sentiments avant que ceux-ci ne sortent de sa bouche. Cependant, quelque chose la gênait, elle n'arrivait pas à discerner ce qu'il pensait, comme si un mur se trouvait entre eux. Finalement elle comprit qu'il le faisait exprès. Peu importait ce qu'il en pensait, il s'apprêtait encore à sortir une bêtise. Effectivement, elle n'eut pas à attendre longtemps.  

 

«  Mais tu as fait des progrès en cuisine, Kaori chérie, c'est presque mangeable maintenant !  

_ Oh M. Saeba, arrêtez de dire n'importe quoi, notre repas était excellent...  

_ Merci Sakura, répondit Kaori d'une petite voix  

_ Et puis si c'était si mauvais que ça, comment expliquer que vous ayez presque léché vos assiettes, que vous avez d'ailleurs avalées avec une gloutonnerie sans pareille...  

_ J'avais faim...  

_ M. Saeba, ce que vous dites est blessant pour Kaori !  

_ Laissez Sakura, j'ai l'habitude, c'est une sorte de jeu entre nous... je sais qu'il a adoré son repas, c'est juste que ça lui ferait mal de l'admettre, c'est tout...  

_ Hahaha... n'importe quoi, patate !  

_ Et puis, le nombre de clients qui étaient présents ce soir parle pour lui-même... en tous cas, moi je reviendrai ! »  

 

Kaori remercia son invitée d'un timide sourire, tandis que Ryo tournait la tête dans tous sens afin de mieux observer l'endroit où il se trouvait...  

 

«  Mais dis-donc, ça a dû te coûter une fortune, t'as trouvé une mine d'or en Amérique ou quoi pour pouvoir t'acheter un truc pareil...  

_ Euh, non, répondit-elle, les yeux baissés car elle redoutait un peu le sens dans lequel allaient les questions.  

_ Ben quoi, tu as braqué une banque ? Tu aurais pu m'appeler, on se serait bien amusés...  

_ Idiot !  

_ …  

_ J'ai fait un emprunt à la banque tout simplement.  

_ Avec quelle garantie ?  

_ Eh bien... on s'est porté garant pour moi...  

_ Tu as des amis riches alors...  

_ J'ai des amis fidèles et généreux surtout...  

_ Attends, laisse-moi deviner.... tête de poulpe ?  

_ … et Saeko »  

 

En entendant le dernier nom, Ryo eut l'impression de recevoir un direct du droit dans le ventre. Ah ça lui allait bien à la Saeko d'aider Kaori à ouvrir son restaurant alors que c'était elle qui était à l'origine de son départ... Elle n'avait vraiment honte de rien.  

 

«  Aux Etats-Unis, Sayuri m'avait fait rentrer comme stagiaire dans le journal où elle travaille. J'ai fait de mon mieux, vraiment, j'avais même réussi à dompter la photocopieuse. Au début, je trouvais ça passionnant, ça ressemblait un peu à ce que je faisais avant, toutes ces enquêtes, les armes en moins bien sûr... Mais rapidement, ça ne m'a plus intéressée, j'étais la stagiaire juste bonne à faire des photocopies, apporter le café ou encore rédiger les notes prises par des gens qui allaient sur le terrain. Enfin, c'était moins palpitant que ça en avait l'air. Quand je suis arrivée au Japon, je me suis demandé de quoi j'allais vivre. Je ne faisais rien de mes journées du temps où je vivais encore avec Hideyuki, et quand il est mort, j'ai tout de suite travaillé pour toi, donc je ne savais pas faire grand chose d'autre que de poser des pièges et … être une nettoyeuse en fait... Sauf que ce passé était révolu, je suis trop faible pour pouvoir travailler dans le milieu toute seule, et trouver un partenaire ne me faisait pas vraiment envie. Et puis, je me suis rendue compte que j'avais tout faux, que je savais faire quelque chose d'autre, et que ce quelque chose, c'était la cuisine... Seulement, sans diplôme, je ne pouvais me faire engager dans aucun restaurant. C'est alors comme ça que j'ai eu l'idée d'ouvrir mon restaurant. Ça fait trois mois environ. Et je fais salle pleine tous les soirs, si ça continue je vais devoir m'agrandir... »  

 

Elle avait raconté toute son histoire en fixant intensément un point imaginaire sur le sol, craignant une réaction négative de l'homme en face d'elle, ou une interruption idiote comme lui seul en maitrisait l'art. Elle fut presque étonnée de constater qu'elle était parvenue à la fin de son récit sans peine. Alors doucement, elle releva les yeux pour enfin les poser sur son visage. Celui-ci était fendu d'un sourire chaleureux.  

 

«  Eh bien bravo, si Maki était encore là, il serait fier. Je suis vraiment heureux de voir que tout se passe pour le mieux de ton côté... »  

 

Kaori le regarda, les yeux emplis de larmes de joie. Elle ne s'attendait pas à autant de gentillesse de la part de Ryo et, quant à son frère adoré, souvent elle s'était posé la question de savoir ce qu'il penserait de tout ça. Elle était également persuadée qu'il aurait été son plus fervent admirateur.  

 

«  Merci ... » osa-t-elle d'une voix tremblante.  

«  Non, merci à toi pour ce repas, pour avoir pensé à mon anniversaire et pour cette invitation... J'imagine que maintenant, nous sommes de nouveau amis...  

_ Oui, bien sûr... Viens ici quand tu veux, tu seras toujours un invité de marque...  

_ Oh chouette, je vais pouvoir manger tous les jours à l'œil... Non, excuse-moi, je plaisante bien sûr.. Toi non plus, n'hésite pas à passer à l'appartement quand tu en as envie, pas la peine de téléphoner, hein, la porte t'est toujours grande ouverte... »  

 

Amis, mon œil, ne put s'empêcher de penser Sakura qui lisait clair dans leur jeu. L'expression sur leurs visages, leurs regards intenses et cette façon de se fixer comme si le reste du monde n'avait aucune importance, nul n'aurait pu se méprendre sur la véritable nature des relations que ces deux-là entretenaient. Une chose dont elle était sûre à 200%, c'est que ce n'était pas du tout de l'amitié.  

 

Pourtant, c'est sur ces derniers mots que le garde du corps et sa cliente quittèrent le restaurant, après des « au revoir » polis de part et d'autre.  

Dans la voiture régnait un long silence rompu seulement par les bruits de la ville qui s'infiltraient malgré tout dans l'habitacle du véhicule. Mais ce silence n'était pas aussi pesant qu'il l'avait été pour l'aller. Elle sentait qu'il était absorbé par ses pensées, mais de douces pensées, comme s'il rêvait les yeux grands ouverts, et son regard ainsi que le léger sourire sur les lèvres ne laissaient aucun doute possible sur la douceur de ces songes éveillés.  

 

Arrivés à l'immeuble, elle eut la désagréable sensation de ne plus exister. En réalité, cela faisait un moment déjà qu'elle se sentait transparente. Il fila directement dans la cage d'escaliers et une fois dans l'appartement, il monta directement dans sa chambre, où il se déshabilla et se coucha sur le canapé sans lui dire un mot, pas même un bonsoir.  

 

Elle enfila son pyjama dans la salle de bains comme elle le faisait tous les soirs, et surprise du comportement du nettoyeur depuis qu'ils avaient quitté le restaurant, se pencha sur lui. Il semblait s'être déjà endormi, un large sourire accroché aux lèvres. 

 


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