Chapter 4 :: Chapitre 4

Published: 15-07-10 - Last update: 15-07-10

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Chez les Makimura, une autre discussion allait commencer. Saeko venait de partir au boulot et Hideyuki se préparait aussi à partir quand Kaori l’interpella :  

« Frangin ! Tu as une minute à m’accorder ?  

_ Kaori, je dois y aller… Je vais être en retard…  

_ S’il te plaît…  

_ Bon d’accord… »  

Ils s’installèrent sur le divan.  

« Eriko avait rendez-vous hier pour du boulot… Elle va partir en Europe pendant plusieurs mois, pour organiser la nouvelle collection de chez Kenzo, et elle m’a demandé de l’accompagner pour être son mannequin vedette…  

_ Quoi ? Tu plaisantes ?  

_ Non… C’est la vérité… Qu’en penses-tu ?  

_ Je ne crois pas que ce soit une bonne idée… Et tes études de psychologie ? Tu veux les laisser tomber ?  

_ Tu sais bien que je n’aime pas la psychologie… Si j’ai fait ces études, c’est pour te faire plaisir…  

_ Me faire plaisir ? Mais il faut que tu penses à toi, Kaori ! On ne fait pas des études pour faire plaisir à quelqu’un voyons !  

_ Alors, que penses-tu de la proposition d’Eriko ?  

_ Je ne sais pas… Tu me prends de court là… Tu dois donner ta réponse quand ?  

_ Dans un mois maxi…  

_ Bon je te promets d’y réfléchir, et je te donnerai une réponse le jour de ton anniversaire… Cela te convient ?  

_ Oui… Merci Hide… »  

Hideyuki embrassa sa sœur et partit à la gare.  

Alors la jeune femme vaqua à ses occupations.  

***  

Makimura arriva chez Ryô vers 10h30 et fut surpris de le voir déjà debout. Il était installé dans le canapé et semblait somnoler, la tête penchée en arrière, tombant dans le vide.  

« Bonjour Ryô !  

_ S’lut !  

_ Oh c’est pas la forme dis-moi…  

_ Hein ? Si, ça va…  

_ Ben j’ose pas imaginer si ça n’allait pas… Je te prépare du café ?  

_ Ouais… Vas-y… »  

Makimura s’exécuta. Il se dirigea vers le sofa et tendit la tasse fumante à son partenaire. Celui-ci la saisit et en but plusieurs gorgées.  

« On a un client ?  

_ Oui… On a rendez-vous à midi…  

_ Ok… »  

Les deux amis passèrent leur temps à discuter de choses et d’autres, jusqu’à ce que l’heure du rendez-vous approche. Puis ils se rendirent au garage et montèrent dans la Mini.  

La route était encombrée par le trafic. Pour passer le temps, Hideyuki alluma l’autoradio :  

« Cela ne te dérange pas si je mets un peu de musique ?  

_ Non, vas-y… »  

L’homme tourna les boutons pour trouver une station intéressante.  

« Ah, des chansons françaises… Tu aimes, je crois ?  

_ Oui, assez… »  

Le nettoyeur regretta vite le choix de son ami, car la même chanson que ce matin était en train de passer.  

« J'arrive à me glisser  

Juste avant que les portes ne se referment  

Elle me dit "quel étage"  

Et sa voix me fait quitter la terre ferme  

Alors  

Les chiffres dansent  

Tout se mélange  

Je suis en tête-à-tête avec un ange  

En apesanteur  

Pourvu que les secondes soient des heures  

En apesanteur  

Pourvu qu'on soit les seuls  

Dans cet ascenseur… »  

Makimura vit Ryô se plonger dans ses pensées et rouler au ralenti.  

« Eh, Ryô ? Tu es sûr que ça va ?  

_ Hein ? Oui… J’écoutais la chanson…  

_ Et qu’est-ce qu’elle a de particulier pour te faire oublier l’endroit où tu te trouves ?  

_ Ah Maki… Elle raconte exactement ce qui m’est arrivé hier…  

_ Comment cela ?  

_ Tu sais bien… La fille avec qui j’ai pris l’ascenseur…  

_ Ah oui, j’avais oublié… »  

Makimura observait son ami : celui-ci semblait être victime d’une hallucination. Il avait le regard lointain et un léger sourire sur les lèvres. L’ex-flic se mit à rire, ce qui fit réagir Ryô.  

« Quoi ? Pourquoi tu ris, Makimura ?  

_ Tu verrais ta tête d’idiot, c’est trop drôle ! Si j’étais un ennemi, tu serais déjà mort…  

_ Oh ça va…  

_ Se pourrait-il que le grand Ryô Saeba, le tueur numéro un, soit tombé amoureux pour de vrai ?  

_ Je ne sais pas… Peut-être bien…  

_ Tu plaisantes ? »  

Makimura n’en croyait pas ses oreilles. L’homme aux multiples conquêtes était peut-être amoureux d’une seule femme.  

« Non, ça se peut très bien…  

_ Qu’est-ce qu’elle a de particulier cette fille ?  

_ C’est un ange… Crois-tu qu’un tueur ait le droit d’aimer un ange ?  

_ Pourquoi pas après tout ? Tout le monde a droit à une seconde chance… »  

Oui… Cette fille était peut-être sa seconde chance…  

« Tu vas la revoir ?  

_ Oui, j’ai rendez-vous avec elle à la fin de la semaine…  

_ Et ben, je n’aurai jamais cru ça possible… »  

Ryô sourit à la remarque de son ami et continua sa route.  

Les jours défilèrent rapidement et on arriva bien vite en fin de semaine.  

Mais pour deux personnes, elle annonçait un moment tant attendu.  

Ryô avait rempli plusieurs missions et cela l’arrangeait, car il pouvait inviter sa belle inconnue dans un bon restaurant.  

La journée lui avait semblé interminable.  

Alors quand 18h sonnèrent, il se précipita sous la douche et se prépara afin d’être à l’heure au rendez-vous.  

Kaori, de son côté, avait attendu avec impatience le vendredi.  

Saeko l’accompagna dans les boutiques branchées de Shinjuku pour lui dénicher la tenue parfaite.  

Les deux jeunes femmes rentrèrent vite et Saeko aida Kaori à se préparer.  

L’heure du rendez-vous approchait et la jeune femme devenait de plus en plus nerveuse.  

« Tu vas bien Kaori ?  

_ J’ai peur…  

_ C’est ton premier rendez-vous ?  

_ On peut dire ça…  

_ Détends-toi, ça se passera bien…  

_ Mais s’il n’est pas heureux de me revoir et qu’il ne veut plus qu’on sorte ensemble après ?  

_ C’est que c’est un idiot, c’est tout…  

_ Saeko ?  

_ Oui ?  

_ Comment je saurai s’il me plaît vraiment ?  

_ Dès que tu le verras, tu sauras… Tu veux que je t’accompagne au studio Alta ?  

_ Non, ça ira…  

_ Alors bonne soirée ma chérie…  

_ Merci… »  

La jeune femme allait sortir, quand son frère arriva :  

« Dis-donc Kaori, tu vas faire des ravages avec Eriko ce soir !  

_ Merci…  

_ Ne rentre pas trop tard, ok ?  

_ T’inquiète pas… Bonne soirée ! »  

Kaori courut dans les escaliers et se dépêcha car elle ne voulait pas manquer son inconnu.  

Elle arriva au studio Alta vers 18h50.  

Mais il n’était pas là. Que pouvait-il bien faire ?  

Tout à coup, elle paniqua : et s’il ne voulait plus la voir ? S’il s’était moqué d’elle ?  

Une boule d’angoisse se forma dans son estomac.  

Il était 19h maintenant.  

« C’est sûr… Il ne viendra pas… »  

Soudain, elle le vit arriver. Lorsqu’il l’aperçut et que ses yeux noirs la fixèrent, elle sentit son cœur s’accélérer.  

Ce qu’elle ignorait, c’est que Ryô avait eu peur de la manquer, vu qu’il était légèrement en retard.  

Il avait cru lui aussi qu’elle serait peut-être déjà partie.  

Il fut soulagé de la voir. Quand il posa ses yeux sur elle, un sentiment de bien-être l’enveloppa et son cœur s’emballa.  

Oui, maintenant, il en était certain… Il était amoureux…  

Il arriva enfin à sa hauteur :  

« Désolé pour le retard, bel ange…  

_ J’ai cru que vous m’aviez posé un lapin, monsieur l’inconnu…  

_ Non, ce n’est pas mon genre…  

_ Bon, où allons-nous ?  

_ Si nous allions dîner dans un bon restaurant ?  

_ Oui, pourquoi pas…  

_ Cela ne vous enchante pas apparemment ?  

_ Je préfère les petits restos de quartier… C’est plus convivial, vous ne trouvez pas ?  

_ Si… Et ça tombe bien… Je voulais vous impressionner avec un bon resto, mais je préfère la simplicité moi aussi… »  

Ils se dirigèrent vers la Mini et prirent la route pour le quartier traditionnel.  

Ryô se gara non loin des allées marchandes et ils continuèrent leur chemin à pied.  

Tandis que les deux jeunes gens marchaient l’un à côté de l’autre, ils en profitèrent pour faire enfin connaissance.  

« Comme c’est notre second rendez-vous, on pourrait enfin se dire nos prénoms ?  

_ Oui, vous avez raison… Moi, c’est Kaori… Et vous ?  

_ Ryô…  

_ Ravie de vous connaître Ryô…  

_ Moi aussi Kaori… »  

Le nettoyeur lui tendit le bras.  

« Ce serait plus sympa si on se donnait le bras, non ? »  

Kaori lui répondit par un sourire et saisit son bras.  

Ils marchèrent tranquillement jusqu’à un petit restaurant qui proposait des nouilles maison.  

Le repas fut agréable. Ils parlèrent de nombreuses choses, et découvrirent qu’ils avaient beaucoup de points communs.  

Mais quand Kaori lui demanda son métier, Ryô se renferma quelque peu :  

« Je suis désolée… J’ai été trop indiscrète… Excusez-moi, Ryô…  

_ Non, c’est à moi de m’excuser… C’est juste que si je vous en parlais, vous me verriez peut-être différemment et vous ne voudriez probablement plus me voir…  

_ Vous êtes quelqu’un de malhonnête ou quoi ?  

_ Non… Mais certaines personnes le pensent probablement… Je ne veux pas trop en parler…  

_ Je comprends… Vous me le direz si vous en avez envie… »  

Elle lui fit un magnifique sourire. Ryô l’en appréciait davantage encore : elle n’était pas curieuse, elle le respectait lui et son jardin secret.  

Après le dessert, Ryô proposa à Kaori d’aller en boîte. Celle-ci accepta volontiers car elle adorait danser.  

Ils reprirent donc la voiture et se dirigèrent vers le centre-ville.  

Ryô l’emmena dans une boîte branchée « Le Domino ». Cette discothèque venait d’ouvrir dans le quartier, et elle était très réputée : depuis son ouverture, elle faisait salles combles tous les soirs, et le week-end, il valait mieux réserver à l’avance !  

Le couple entra sans problèmes et Kaori se dirigea vers une table tranquille, pas trop éloignée de la piste, mais assez loin des haut-parleurs.  

« Regarde Ryô ! Cette table me paraît bien ! »  

Se rendant compte qu’elle l’avait tutoyé, elle rougit, et confuse, lui présenta ses excuses :  

« Excusez-moi Ryô… Je vous ai tutoyé…  

_ C’est toi qui as raison… Maintenant, on se connaît un peu mieux, alors on peut se tutoyer…  

_ D’accord…  

_ Tu veux boire quoi ?  

_ Pas d’alcool… Je ne le tiens pas bien…  

_ Un cocktail sans alcool, ça te tente ?  

_ Oui…  

_ Ok… Je reviens… »  

Ryô se leva et se dirigea vers le bar. Il en revint quelques minutes plus tard, deux verres dans les mains.  

« Tiens…  

_ Merci… Tu as pris quoi ?  

_ Un whisky … »  

Kaori goûta son cocktail : c’était un mélange de jus de fraise et de jus d’orange.  

« C’est bon ?  

_ Oui… C’est délicieux…  

_ Alors, dis-moi, tu vas accepter la proposition de ton amie Eriko ?  

_ Je ne sais pas encore… Je verrai ce que mon frère me dira…  

_ C’est que c’est très long trois mois…  

_ Pourquoi tu dis ça ?  

_ On ne pourra plus se voir si tu pars… »  

Kaori fut surprise et s’étrangla avec son cocktail.  

« Désolée…  

_ C’est moi… Je n’aurai pas dû dire ça…  

_ Au contraire, ça me fait plaisir…  

_ On va danser ?  

_ Je te suis… »  

Ryô se leva et tendit la main à Kaori. Celle-ci la saisit et ils se dirigèrent vers la piste, main dans la main.  

Kaori s’amusait comme une petite folle et elle se sentait bien avec cet homme, comme en sécurité… Soudain, la musique se fit plus douce et un slow commença.  

La mélodie de « Without you » envahit la salle.  

Ryô attrapa Kaori par la taille et commença à danser.  

La jeune femme noua timidement ses bras autour du cou de son cavalier.  

Son cœur battait la chamade : Ryô la serra un peu plus contre lui. Elle pouvait sentir son souffle dans ses cheveux.  

Ryô n’en menait pas large non plus : lui, le spécialiste des rendez-vous ne savait pas comment se comporter.  

Il se sentait bien avec elle, et souhaitait qu’elle ressente la même chose que lui.  

Tous deux se laissèrent guider par la musique et se déconnectèrent totalement de la réalité.  

Ils ne regagnèrent la terre ferme que lorsqu’ils entendirent des rires et des applaudissements autour d’eux.  

Ils étaient tellement absorbés l’un par l’autre, qu’ils ne s’étaient même pas rendus compte que la musique s’était arrêtée et qu’ils se retrouvaient seuls au milieu de la piste.  

Ils regagnèrent leur table, quelque peu gênés, en particulier Kaori.  

L’heure de la séparation approchait : il était presque minuit et il fallait vraiment que Kaori rentre.  

« Je vais devoir y aller Ryô…  

_ Ok… Je te raccompagne…  

_ Non, ça ira…  

_ J’insiste Kaori… Les rues ne sont pas sûres à cette heure-ci… Et même si je sens que tu es capable de te défendre seule, je m’en voudrais s’il t’arrivait quelque chose…  

_ Très bien… Merci, Ryô… »  

Le nettoyeur l’aida à enfiler sa veste et lui prit la main pour sortir.  

Quelques minutes plus tard, il se gara au bout de la rue de la jeune femme, car celle-ci ne voulait pas être repérée par son frère.  

« Merci pour cette merveilleuse soirée Ryô…  

_ Je t’en prie… Et je m’excuse pour tout à l’heure…  

_ De quoi tu parles ?  

_ Ben je n’ai pas voulu te révéler mon métier et je comprendrais que tu ne veuilles plus sortir avec moi à l’avenir… Que tu te méfies de moi car j’aurais des choses pas claires à cacher… »  

Elle le stoppa en posant ses doigts sur ses lèvres.  

« Ne dis pas de bêtises… Si tu étais quelqu’un de mauvais, tu ne pourrais pas être aussi gentil avec moi, et tu profiterais de la situation pour… Tu vois…  

_ Je ne suis pas comme ça… Je ne te ferais jamais de mal…  

_ Je sais… C’est pour cela que je veux bien continuer à sortir avec toi…  

_ J’en suis très heureux… On se revoit quand ?  

_ Demain soir si tu veux ?  

_ Ok… On se retrouve au même endroit qu’aujourd’hui…Disons pour 20h… A demain, Kaori… Bonne nuit…  

_ A demain Ryô… »  

Kaori s’apprêtait à sortir de la voiture quand elle se retourna et déposa un tendre baiser sur la joue de son chevalier servant.  

« Bonne nuit, Ryô… »  

La porte claqua et elle courut vers son immeuble.  

Ryô, stupéfait par l’audace de son ange, resta immobile quelques secondes avant de redémarrer et de disparaître dans la nuit.  

En rentrant dans l’appartement, la jeune femme fut accueillie par Saeko. Elles se mirent à parler à voix basse :  

« Alors, tu as passé une bonne soirée ?  

_ Oui, formidable…  

_ Ton opinion sur ton inconnu ?  

_ C’est quelqu’un de charmant et de mystérieux… Et je le revois demain soir…  

_ Déjà ? Et bien il doit être fantastique si tu es accro comme ça… Tu nous le présentes quand ?  

_ Si ça devient plus sérieux, alors j’y penserai… Ne dis rien à Hide, d’accord ?  

_ Oui… Mais comment feras-tu pour demain ?  

_ Tu veux bien dire qu’on sort à deux entre filles ?  

_ Ok pour cette fois, mais que ça ne devienne pas une habitude jeune demoiselle…  

_ Merci Saeko… Bonne nuit…  

_ Bonne nuit, Kaori… »  

Et chacune regagna finalement sa chambre.  

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