Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 14 capitoli

Pubblicato: 31-05-19

Ultimo aggiornamento: 13-06-19

 

Commenti: 17 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Lors d'une mission périlleuse, la relation des City Hunter évolue. Mais comme toujours la route est sinueuse.

 

Disclaimer: Les personnages de "3 anniversaires et 3 moi(s)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: 3 anniversaires et 3 moi(s)

 

Capitolo 2 :: Chapitre 2

Pubblicato: 01-06-19 - Ultimo aggiornamento: 01-06-19

Commenti: Bonjour, la suite de l'histoire. Le style change. Pour moi, cette déclinaison s'est imposée d'elle-même. Il y aura beaucoup d'introspection dans cette fic. J'espère que vous apprécierez. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

Chapitre 2  

 

Doucement, une main me secoue et je me réveille. Mon esprit est embrouillé et je ne sais plus où je suis. Je sais seulement que je ne suis pas dans mon lit. Soudain, tout me revient en mémoire : Ryo, ses mots, le déchirement, ma fuite... J’ouvre les yeux et croise ceux du contrôleur du train qui me regarde inquiet. Je dois avoir une tête à faire peur. Je suis épuisée, ce qui explique que je me sois endormie sans m’en rendre compte. Si seulement je pouvais me rendormir et oublier à nouveau...  

 

- Mademoiselle, nous sommes arrivés. Il faut descendre du train., me dit-il.  

- Où sommes-nous ?, balbutié-je, reconnaissant à peine ma voix.  

- Nagoya. Ca va aller ?  

 

J’acquiesce et me lève, attrapant mon sac. Je suis l’homme qui m’aide galamment à descendre du train. Je le remercie d’un sourire qui ne doit même pas atteindre mes yeux. Je me sens vide, imperméable à tout sentiment… Enchaînant les pas mécaniquement, je sors de la gare de Nagoya et observe un instant la vue qui s’offre à moi. J’ai quitté Tokyo et ses gratte-ciels pour Nagoya et ses gratte-ciels. Ca ne m’impressionne pas plus que ça. Je suis blasée.  

 

D’un autre côté, je n’ai même pas écouté la destination lorsque j’ai acheté mon billet. Je voulais juste prendre le premier train en partance et celui-là partait deux minutes après. Ainsi j’étais sure de ne pas revenir sur ma décision. Me connaissant, connaissant ma faiblesse quand ça te concerne, j’aurais été capable de te trouver des excuses et de revenir et accepter ce que tu m’imposais. Mais je ne pouvais pas. Dans ce court moment de lucidité, je savais qu’il fallait que je m’en aille, pour ma santé mentale, pour mon intégrité de femme, pour ma survie.  

 

Tu m’as salie, tu m’as utilisée, tu t’es servie des sentiments que j’éprouvais pour toi pour assouvir ta lubricité et tu me faisais croire que c’était différent pour toi aussi, jusqu’à ce matin… Je pensais avoir une place à part dans ta vie, je parvenais à croire que tu avais du respect pour moi malgré tes paroles désobligeantes sur ma personne, ma cuisine, mes compétences... La chute est rude. J’ai certainement mal mais, pour le moment, je suis trop fatiguée pour souffrir, trop fatiguée pour pleurer, trop fatiguée pour tout, peut-être même trop fatiguée pour vivre…  

 

Je ne me suis même pas rendue compte que j’ai marché au hasard des rues. J’aurai pu être attaquée, enlevée, tuée sans même me défendre… Je me rends compte de ma bêtise : je suis à Nagoya, pas à Tokyo. Je ne suis personne ici. Ca tombe bien : je ne suis personne tout simplement. Soupirant, je remarque un petit hôtel dans la rue. J’ai besoin de dormir. Il faut que je soigne ma blessure aussi. Je m’y dirige et suis accueillie par une petite dame déjà âgée qui me donne une chambre un peu à l’écart. A-t-elle noté mon besoin de solitude ou a-t-elle peur que j’effraie la clientèle ? J’étouffe un rire cynique : tu as déteint sur moi. J’en viens à m’auto-vanner. Même loin, tu es là… Je suis pitoyable.  

 

Après qu’elle m’ait laissée, je vais dans le petit coin salle de bain et m’asperge le visage d’eau. Je m’observe deux minutes dans le miroir et frémit face à l’image qu’il me renvoie. J’ai le teint brouillé, les traits tirés et ma peau est limite translucide. Je fixe mon regard et il est aussi vide que mon coeur. Haussant les épaules, je me dirige vers mon sac et en sors ce dont j’ai besoin pour mes soins. Je ne savais même pas que je les avais pris… Je retire le pansement, désinfecte la plaie et attache un nouveau pansement. Je laisse un quart de seconde la main sur mon ventre, laissant le souvenir de tes mains posées au même endroit remonter. Une vague chaleur naît au fin fond de moi que j’étouffe de suite. Je jette les compresses rageusement puis me dirige vers le futon. J’enlève mes baskets et me glisse dans les draps. Les yeux rivés au plafond, j’essaie de ne pas penser. Peine perdue, juste avant que mes paupières se ferment, mes pensées voguent vers Tokyo : je me demande ce que tu fais, comment tu vas réagir quand tu comprendras que je suis partie.  

 

Le coeur lourd, je monte les escaliers, marche après marche. Plus je m’approche de l’appartement, plus la culpabilité m’assaille. Ce que je t’ai fait ce matin, c’était ignoble. J’aurais dû simplement te dire que je m’étais trompé, que je ne t’aimais pas comme il le fallait. Qu’est-ce qu’il m’a pris de te faire croire que je t’avais utilisée, que ça n’avait été que sexuel ? Je suis un idiot et la massue que tu m’enverras sur la tête sera amplement méritée. Tu es trop bien pour moi, je l’ai toujours su. Je n’aurais pas dû céder il y a six jours. Notre relation avant cela n’était pas parfaite mais elle était stable. Je faisais le pitre, tu me corrigeais certes, mais on savait pouvoir compter l’un sur l’autre, on savait que, le soir venu, on se retrouverait.  

 

Je m’arrête devant la porte de l’appartement. Ces quatre jours où on a enfin pu être ensemble comme un vrai couple étaient un merveilleux intermède que je garderai au fond de mon coeur comme l’un des plus beaux moments de ma vie. Je sens le sourire qui naît sur mes lèvres. Ca sera difficile de ne plus céder à la tentation de te toucher, de te serrer dans mes bras, de t’embrasser. Je ne sais pas comment je ferai pour venir te voir dormir sans m’allonger à tes côtés et te tenir contre moi, sans te faire l’amour. Je t’ai fait l’amour, ma Kaori. Malgré ce que je t’ai fait croire, je n’ai pas couché avec toi. C’était bien plus profond pour moi. Ce qui était nouveau pour toi l’était aussi pour moi.  

 

Je pousse un profond soupir. Il faut que j’enfouisse tout cela au fond de moi avant de rentrer. Tu lis tellement bien en moi que, si je ne fais pas attention, tu verras que je t’ai menti. C’est ce que j’ai fait, j’en ai honte mais j’ai cru te perdre et ça fait trop mal. Je préfère en rester là avant que tout cela ne nous lie trop et que nous souffrions trop si l’autre disparaît. Si je meurs avant toi, ce qui est fort probable, tu pourras refaire ta vie plus facilement. Tu mérites une belle vie, mon ange.  

 

Il faut que je me bouge. Ca fait cinq minutes déjà que je suis devant la porte et c’est même étonnant qu’elle n’ait pas encore volée en éclats sous le coup d’un kompeito. En faisant attention, je ne perçois aucune once de colère. Tu dois dormir. Je fronce les sourcils. Je suis parti toute la journée. Il est presque six heures et tu dors… Mon inquiétude monte de plusieurs crans d’un coup : je t’ai laissée seule toute la journée alors que tu es blessée... Si ça se trouve, tu as attrapé une infection et tu es brûlante de fièvre. Ou tu as fait un malaise à cause de ta perte de sang. Le Professeur qui te disait sortie d’affaires… Il va m’entendre…  

 

Je rentre dans l’appartement et m’arrête dans le salon. Je me rends soudain compte que ce n’est pas seulement ta colère que je ne ressens pas mais ta présence. L’inquiétude se mue en peur et je monte à l’étage. Ta chambre est nette et rangée comme toujours. Rien n’a bougé. Je fais demi-tour et soudain me fige dans le couloir. Je pénètre à nouveau dans ton antre où ton odeur chatouille mes narines, faisant remonter des souvenirs agréables. Je balaye la pièce des yeux et me sens blêmir. Je m’assois sur ton lit et la fixe… ou plutôt je fixe l’endroit où devrait se trouver la photo de ton frère et toi.  

 

- Merde !, laché-je, dépité.  

 

Je n’avais pas prévu cela, Kaori. Ca fait des années que c’était ce que je me persuadais être la meilleure solution pour toi mais là je ne l’ai pas vu venir. Tu es partie… Je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine, tellement j’ai mal. Moi qui croyais avoir atteint le fond le jour où tu as été blessée, j’ai beaucoup plus mal maintenant parce que quelque chose me dit que ce sera définitif. Je ne suis pas prêt à mettre le mot fin sur ce qui nous lie, quoi que ce soit, amour ou amitié…  

 

Pourtant, je n’arrive pas à croire que tu as perdu tout espoir en ce qui nous concerne. C’est toi qui porte un espoir indéfectible. Non, tu n’as pas pu partir. Tu as fait ton sac, tu as certainement pris le chemin pour partir mais tu auras changé d’avis. Oui, tu as changé d’avis et voulu rentrer mais tu n’as pas pu. Ou alors tu as peut-être eu besoin d’un peu de temps. Soit, si tu as besoin de temps, je te l’accorderai mais j’ai besoin de savoir que tu es en sécurité. Je descends confiant au salon et téléphone d’abord au Cat’s. Quand Miki décroche, je sais que je vais me faire houspiller mais je m’en fiche. Mais elle me répond que tu n’es pas là et me demande ce qui se passe. Je biaise et appelle Mick, puis Eriko, puis le Professeur mais personne ne sait où tu es. Anxieux, j’enfile ma veste et ressors en vitesse. J’interroge mes indics qui t’ont vue partir vers la gare ce matin, à peine plus tard que d’habitude, mais aucun ne t’a vue revenir.  

 

Je traverse Kabuki Cho lorsqu’une de mes lapines préférées me harponne. J’essaie de m’en dépêtrer, je n’ai pas la tête à cela.  

 

- Ben alors mon Ryochou, pas le temps pour un petit plaisir ?, me propose-t-elle, aguicheuse.  

- Non, je dois aller à la gare., dis-je, tentant de sortir de son emprise.  

- Tu vas chercher ta partenaire ? Elle est déjà rentrée ?, l’entends-je dire.  

 

Sidéré, je me tourne vers elle et lui demande des explications. Elle t’a vue ce matin monter dans un train, un sac sur l’épaule, sans pouvoir me dire vers quelle destination, et le train partir juste après. Alors tu es vraiment partie. Je sens le froid m’envahir. Quelque chose s’est brisé en moi. Je sens qu’elle me lâche enfin. J’enfonce mes mains dans mes poches, le regard sombre, et rentre chez moi. Chez moi… il n’y a plus de chez nous. Tu ne m’as même pas laissé un mot d’adieu. Tu n’as dit à personne que tu étais partie. Je vais devoir assumer pour toi. Une colère sourde monte en moi. Je t’en veux.  

 

J’étouffe la petite voix qui me souffle que je me trompe de coupable. Tu es partie comme une voleuse. Tu m’as poussé à te dire ces horreurs et tu es partie comme une voleuse… Bon débarras. Finalement, tu n’auras jamais été quelqu’un sur qui on peut compter. J’ai besoin de me défouler. A peine rentré, je me dirige directement vers la salle de tir et y reste terré pendant des heures, vidant barillet sur barillet. L’odeur de la poudre remplace ton odeur, le bruit des détonations couvre le son rémanent des paroles qu’on a échangées ce matin. Je te hais, je t’aime, je suis soulagé que tu sois enfin partie, tu me manques déjà… Je ne sais plus où j’en suis.  

 

Je finis par monter et, sans passer par l’appartement, j’atterris sur le toit. Le ciel est clair et dégagé comme la nuit où nous nous sommes aimés au beau milieu de l’océan. Nous avions fini par regarder les étoiles avant de nous endormir… Est-ce que tu vois les mêmes étoiles que moi, Kaori, là où tu es ?  

 

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur. Les images de mes rêves dansent encore devant mes yeux. Comment puis-je continuer à voir cette lueur d’amour dans ton regard lorsque tu me touchais ? Je sais que c’était faux, tu me l’as avoué… Et si tu m’avais menti, si tout ce que tu m’avais dit était faux et que tes sentiments étaient réels. Tordu comme tu es, ce serait possible, n’est-ce pas ? Cette pensée soulage mon coeur mais me met également dans une colère noire. Il se pourrait donc que tu m’aimes mais qu’encore une fois tu es fait marche arrière. Le résultat revient au même : tu m’as bafouée une fois de plus, une fois de trop.  

 

Je sors du futon et me déshabille pour me glisser sous la douche, tentant de me réchauffer. C’est une sensation étrange de sentir ma peau chaude mais de continuer à avoir froid à l’intérieur. Je me sens déconnectée comme s’il y avait deux moi : un vivant, l’autre mort. Je sors de la douche m’enroulant dans une serviette et retourne chercher le nécessaire pour mes soins. Dans mon sommeil agité, la plaie a saigné. Je désinfecte et dresse un nouveau pansement. Mon regard se pose sur la boite d’anti-douleur dont je me saisis. Hypnotisée, je la serre entre mes doigts. A quoi bon continuer ? Je n’ai plus de raison de vivre si ce n’est ce corps qui continue à tourner comme la bonne petite machine qu’il est. Je me sens déjà morte alors pourquoi ne pas franchir complètement le pas ?  

 

Je croise mon regard dans le miroir et ce que je vois me fait lâcher la boite et me retourner.  

 

- Hide…, murmuré-je, les larmes aux yeux.  

 

Bien évidemment, il n’est pas là et je sais que c’est stupide de m’être retournée mais je l’ai fait. Son regard désapprobateur m’a glacée. Dois-je y voir un signe ? Tu me manques, Hide. J’ai tellement besoin de toi. Machinalement, je m’habille et sors sur la terrasse qui longe le bâtiment. Je m’assieds sur le bord et note la présence d’un petit étang où la lune se reflète sur la surface lisse. Je repense aux moments qu’on a passés à deux, qu’ils soient tristes ou joyeux.  

 

De ma petite enfance, je ne me souviens plus de grand-chose. Je sais seulement que j’étais heureuse et protégée par deux hommes qui m’aimaient plus que tout. Mon premier vrai souvenir, c’est la mort de papa : ça m’a fait mal. J’étais si jeune, j’ai mis quelques jours à comprendre qu’il ne reviendrait jamais et toi stoïque, malgré ta propre douleur, tu te montrais fort et patient avec moi. Tu as toujours été un élément stable dans mon environnement. Ta tempérance était ce qui me stabilisait, moi la jeune fille impétueuse qui en cachait une anxieuse. Tu te doutais que, derrière ce masque de joie à toute épreuve, sourdait une profonde tristesse. Malgré tout, vous avez tous deux réussi à faire de moi quelqu’un qui croit en la vie, en la bonté humaine, en des jours meilleurs, bref quelqu’un qui a de l’espoir…  

 

C’est pour cela le regard désapprobateur, n’est-ce pas ? Si je mets fin à mes jours, je vous trahis. Mais je la sens, Hide, je la sens cette douleur qui monte en moi. Mon coeur, mon cerveau qui tournaient à vide jusqu’à présent se remplissent de cette douleur et je sais que je vais avoir du mal à m’en remettre, si j’y arrive un jour. Ton meilleur ami m’a trahie, l’homme que j’aime m’a trahie. Je ne sais pas comment gérer cela. Depuis que tu nous as quittés, je lui ai tout donné, tout pardonné. Je l’ai entouré de l’affection que je portais en moi comme s’il était toi mais il n’était pas toi, il n’était pas mon frère, il était un homme et mon coeur s’est mis à battre pour lui et mon corps à se languir de lui.  

 

Je lève les yeux vers le ciel étoilé. La douleur monte en moi inexorablement. Je repense à cette nuit passée dans tes bras sur ce canot. C’était fou mais si beau en même temps. Si ce cargo n’était pas arrivé, nous serions probablement morts à l’heure qu’il est, morts mais ensemble, à jamais.  

 

Il pleut. Je fronce les sourcils : il n’y a pas un nuage dans le ciel. Je regarde mes mains et sens de nouvelles gouttes. Ah non, je pleure. Comme un barrage qui se brise, le flot des émotions se déverse en moi d’un coup : ces années du jeu du chat et de la souris, à t’attendre sans t’espérer, ces quelques jours de bonheur intense, ces minutes d’horreur… La douleur est soudain insoutenable et je mets ma main devant ma bouche pour réprimer le hurlement que je sens naître au fond de mes entrailles. D’autres personnes dorment dans cet établissement…  

 

Je ne sais pas comment j’ai fait mais je me retrouve en position foetale dans mon futon et je sens les soubresauts de mon corps secoué de sanglots. Effrayée par la violence des sentiments qui m’agitent, j’attrape la couette et la serre tout contre moi comme si ce tissu pouvait servir de rempart, rempart illusoire s’il en est. Toutefois sans que je m’en aperçoive, je glisse dans les bras de Morphée, pleurant toute la nuit même endormie.  

 

Quand je me réveille au petit matin, j’ai l’impression d’être passée sous un train. Mes muscles sont comme tétanisés, mes phalanges blanches à force de serrer la couette contre moi, mon cerveau est dans un brouillard dense et opaque. Je vois vaguement le plateau du petit-déjeuner posé à l’entrée de ma chambre. Assoiffée, je bois quelques gorgées de café qui me laissent un goût amer en bouche mais me réveille un peu et là je regrette : la douleur aussi se réveille. Ne pas penser devient mon mantra. Il faut que je me force à sortir, cela m’occupera, et, pour cela, il faut que je sois un minimum présentable. Je file sous la douche, l’eau chaude délassant un minimum mes muscles contractés, puis m’habille. Je prends mon sac à main puis quitte la chambre. Sur le perron de l’hôtel, je m’arrête un instant et observe autour de moi. Les cerisiers sont en fleurs. La vie continue et, si c’est ainsi, il faut que je m’adapte et surtout je ne peux trahir ma famille. Alors un pas après l’autre, je m’éloigne de l’hôtel quelques heures et découvre cette ville qui va devenir la mienne, cette ville où tu n’es pas…  

 

Pour la première fois depuis des années, il est neuf heures et je suis déjà levé. Tu n’étais pas là pour me tirer du lit ce matin, alors pas besoin de faire semblant que je dors encore. Finis les matins où je peux voir ton beau visage rougir de gêne devant ma nudité, où je peux sentir ton regard s’attarder sur ma personne et me réchauffer le coeur. Finis les petits déjeuners copieux préparés avec amour. Surtout finis les réveils où je te tiens dans mes bras. Ceux-là ont été les plus rares mais ce sont ceux qui me manqueront le plus.  

 

Ma colère est passée, ne me reste que le manque. C’est moi le con dans l’histoire, moi qui t’ai fait partir alors qu’il me suffisait d’ouvrir mon coeur et mes bras pour que tu y restes. Te dire que je suis navré serait trop peu par rapport à ce que je t’ai fait. Te souhaiter le meilleur est ce qu’il me reste de mieux à faire, même si je suis fou de jalousie à l’idée qu’un autre puisse te toucher, t’embrasser ou te faire l’amour…  

 

J’entends le téléphone au loin. Je ne veux pas décrocher car je suis sûr que ce n’est pas toi. Je ne sais pas pourquoi, je le sais, c’est tout. Peu après, j’entends le répondeur se déclencher et la voix de Miki inquiète qui t’appelle. Je vais devoir songer à changer le message mais avant… avant il faut que je les prévienne. Je pousse un long soupir. Je ne sais pas ce que je vais leur dire. Je ne suis pas idiot : quand je vais dire à Miki et Mick voire Eriko que tu es partie, ils demanderont pourquoi. Tout leur raconter ? Je ne sais pas. Il y a des choses qui ne les concernent pas… Peut-être que j’aurai enfin un peu de chance cette semaine et que tu les auras appelés entre temps mais je n’y crois pas. Je pense que tu as coupé les ponts purement et simplement. Tu ne voulais blesser personne, simplement te protéger et tu es partie.  

 

Je repousse les draps et me lève. Après une douche glacée qui me réveille, je m’habille et descends. Je n’ai pas faim. Je vois ton sourire affectueux se transformer en regard inquiet, j’ai la sensation de sentir ta main sur mon front pour voir si je ne suis pas souffrant. Non, je vais bien… enfin presque. Devoir vivre une vie qui a perdu son sens signifie-t-il encore vivre ? J’attraperai presque mal à la tête. Cela va bientôt faire vingt quatre heures que j’ai gardé mon sérieux, un record pour moi…  

 

Machinalement, je lave la tasse et la range. Je vois tes yeux ronds se poser sur moi. Tu serais certainement furieuse de me voir faire quelque chose par moi-même dans cette maison, moi qui te déléguais toutes les tâches ménagères… enfin déléguer est un bien grand mot pour dire que j’en ramais pas une, volontairement qui plus est…  

 

Je sors en claquant la porte après avoir attrapé ma veste que je passe négligemment. Je pars d’un pas vif vers le Cat’s mais finalement bifurque vers la gare. Je dois aller voir le tableau : peut-être qu’un client aura fait une demande… « Trouillard » résonne dans ma tête. Je souris ironiquement. Bien vu, le tableau est une bonne excuse pour repousser le moment fatidique de retrouver nos amis et leur apprendre la nouvelle. Malheureusement, le tableau est vierge de message : il n’est donc plus temps de reculer.  

 

J’arrive en vue du café. Je vois Mick y rentrer en compagnie de Kazue. Ca aurait pu être toi et moi. Ca aurait dû être toi et moi. On dirait que tout le monde s’est donné rendez-vous : mon inspectrice de coeur est arrivée aussi avec sa sœur. J’aurai préféré que Reika ne soit pas là. Ton départ m’est déjà assez douloureux pour que je ne veuille pas en plus souffrir les avances de la détective… Prenant mon courage à demain, je m’avance et pousse la porte. La cloche tinte gaiement comme pour me narguer et je m’avance avant de m’asseoir à un tabouret face à Falcon. Je sens leurs regards posés sur moi, inquisiteurs. Ah ben oui, c’est vrai ! Je n’ai pas fait mon entrée triomphale. Quel manque de lucidité de ma part… Là, j’ai vraiment montré que quelque chose n’allait pas…  

 

- Bonjour Ryo, une tasse de café ?, me demande Miki.  

 

J’acquiesce mais je sens bien qu’elle s’est retenue de me poser de suite la question qui lui brûle les lèvres.  

 

- Où est ma douce Kaori ?, lance Mick qui, lui, ne s’embarrasse pas de préambule.  

 

Douce Kaori… Si tu savais comme tu as raison, Mick. Sa peau et ses lèvres sont si douces, je sens encore leur texture, pourtant ça fait déjà trois jours que je ne l’ai plus touchée. Je me perds dans mes pensées.  

 

- Ryo, Kaori est partie au tableau ? Elle va bientôt arriver?, relance Miki, les sourcils froncés.  

 

J’inspire un grand coup et m’apprête à parler quand la cloche tinte à nouveau. Si ça continue, je vais l’exploser à coup de magnum, cette foutue cloche que tu aimes tant. Tout le monde se tourne sauf moi et un grand bonjour résonne dans la salle. Eriko vient d’arriver. Ne manque que le Professeur…  

 

- Salut Ryo., me dit-elle en m’approchant avec hésitation de peur que je lui saute dessus probablement, comme vient de le faire Mick.  

- Où est Kaori ? J’ai des nouveaux modèles à lui montrer.  

 

Ne plus reculer, il faut leur dire maintenant. Ca ne sert à rien de tergiverser plus longtemps. Tu as fait ton choix, contrainte et forcée, par ma faute. A moi d’assumer mes erreurs.  

 

- Elle est partie., murmuré-je.  

- C’est sûr, je ne la vois pas., plaisante Eriko.  

- Elle sera là dans combien de temps ? Un quart d’heure ? Une heure ?, demande-t-elle avec sa joie exubérante.  

- Elle est partie, Eriko., répété-je un peu plus fort.  

 

Je sens la tension monter dans la salle, les yeux braqués sur mon dos car je refuse de lever les yeux et d’affronter leurs regards, leur tristesse, leur colère…  

 

- Elle est partie voir sa sœur ?, me questionne Miki, la voix tremblante.  

- Non, elle est partie… et elle ne reviendra pas., achevé-je en me levant brusquement.  

- Comment ça : elle ne reviendra pas ?, s’écrie Mick, le regard noir.  

- Elle est partie hier sans un mot. Elle est partie, Mick. On ne reverra plus Kaori. Elle vit enfin sa vie comme elle le devrait !, réponds-je, furieux.  

 

Je ne suis pas furieux contre toi, ni contre eux mais contre moi. Parce qu’en même temps que je dis cela, j’ai envie de hurler ma douleur et que le grand Ryo Saeba ne peut pas le faire. Ryo Saeba est le nettoyeur numéro un du Japon, un homme sans peur et sans faille… Foutaises ! J’avais une seule peur, celle de te perdre, et c’est fait. Aujourd’hui j’ai perdu ma plus grande force.  

 

- Que s’est-il passé ?, me demande Saeko en mettant une main sur mon épaule.  

 

Je croise son regard. Je vois ses pupilles se dilater puis reprendre leur taille normale. Je pense qu’elle a compris que je vis la même chose qu’elle, à la différence qu’Hide est six pieds sous terre et Kaori vivante mais hors de portée. Elle ne me repose pas la question et retient sa sœur qui s’avançait déjà.  

 

Je me sens étouffer. J’ai besoin d’air. Sans plus un mot ni un regard, je m’en vais et déambule dans cette ville, dans ta ville mais tu n’y es plus. Comment vais-je pouvoir vivre sans toi ? 

 


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