Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 14 capitoli

Pubblicato: 31-05-19

Ultimo aggiornamento: 13-06-19

 

Commenti: 17 reviews

» Scrivere una review

 

DrameRomance

 

Riassunto: Lors d'une mission périlleuse, la relation des City Hunter évolue. Mais comme toujours la route est sinueuse.

 

Disclaimer: Les personnages de "3 anniversaires et 3 moi(s)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

The link to ask for access to the NC-17 section sends an email with the wrong email address.

 

That's because you haven't configured Outlook correctly. It uses the default email. In that case, send me an email with the correct email address and put in the subject "NC17-ID:" + your ID. And respect all the other instructions.

 

 

   Fanfiction :: 3 anniversaires et 3 moi(s)

 

Capitolo 7 :: Chapitre 7

Pubblicato: 06-06-19 - Ultimo aggiornamento: 06-06-19

Commenti: Bonjour, je ne vous fais pas languir: la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

Chapitre 7  

 

L’air de folie qui avait agité Tokyo pendant des mois est soudain retombé juste au moment où j’aurais eu le plus besoin de me plonger dans le travail pour t’oublier. J’ai beau être fort et avoir une capacité d’abstraction en général à toute épreuve, je n’arrive pas à me défaire de ton emprise. Je revois la joie illuminer ton regard lorsque je t’ai demandé de revenir vivre avec moi puis la douleur aux mots que je t’ai jetés à la figure. Je n’arrive même pas à croire que dans ce moment où on s’est retrouvés, je ne t’ai pas demandé où tu étais. A quoi bon puisque tu revenais…  

 

Je sais que je dois tracer un trait sur toi. Ca fait trois mois que j’essaie mais je n’y arrive pas. La journée, j’arrive à occulter les pensées avec plus ou moins de facilité mais mes nuits sont hantées par ton image, ton sourire, le son joyeux et léger de ton rire… J’entends résonner dans ma tête ces trois petits mots que tu as prononcés lorsqu’on était emprisonnés dans cette cale de bateau il y a deux ans. Je ne t’ai pas menti ce jour-là : tu es la seule femme que j’ai jamais aimée. C’est pour cela que ta tromperie me fait aussi mal. Je ne peux empêcher mon coeur d’osciller entre rage et amour. Je ne comprends pas comment tu as pu en arriver là. Je me sais en partie responsable mais peut-on changer autant en deux ans…  

 

Je me projette plus de deux ans en arrière. Ta présence m’apaisait comme personne n’y était arrivé. J’avais des sentiments pour toi que je savais réciproques mais sur lesquels je ne me laissais agir jusqu’à ce maudit jour… On vivait une relation incomplète certes, mais stable. J’estimais pour ma part que c’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver dans le monde dans lequel nous vivions. On partageait quelque chose de fort avec quelques moments de laisser aller. Puis nous avons failli mourir dans cette mission. Tu as perdu espoir et, pour la première fois, j’ai vraiment perdu confiance dans ma capacité à nous sortir de là. Tant qu’à vivre nos dernières heures, nous avons jeté nos forces dans cette dernière bataille : grappiller quelques heures de bonheur avant le grand saut final. Mais le grand saut n’a pas eu lieu.  

 

Ces quelques heures se sont transformées en quelques jours et j’ai bien cru te perdre pour de bon. J’ai agi comme je sais si bien le faire : j’ai fait marche arrière en me disant que tout redeviendrait comme avant. C’était sans compter sur mon tact légendaire… Je t’ai jeté à la figure que tu n’avais été qu’une fille de plus à passer entre mes bras… La sentence ne s’est pas faite attendre : tu es partie, me laissant seul comme l’idiot que j’étais. Au final, je suis revenu en arrière mais pas d’une semaine, plutôt d’une décennie, avant de rencontrer Hideyuki… avec tout l’héritage des Makimura en bagages. Je n’étais plus un homme froid et solitaire, sans avenir, sans espoir, ce qui m’aurait facilité les choses… C’est ainsi que j’ai passé deux ans à attendre ton retour en pensant à tout ce qu’on pourrait être… Aujourd’hui, je me bats contre moi-même, essayant d’occulter ces sentiments, ne gardant en vie que cette colère, mais ça ne marche que le jour. La nuit, c’est ton amour et ta détresse qui m’entourent.  

 

Les autres ont remarqué que quelque chose avait changé mais personne n’ose me poser de questions. J’essaie de faire profil bas lorsque je suis au Cat’s. Miki n’a pas besoin de mon anxiété. Elle a besoin de sérénité pour porter cet enfant que je leur envie. J’essaie d’être là pour elle autant que tu l’aurais fait. Ca lui a fait bizarre au départ de me voir aussi prévenant mais elle s’habitue et Falcon aussi. Je vois de moins en moins la couleur de son bazooka. Il n’y a qu’avec Mick qu’il le sort désormais.  

 

Je n’arrive pas à t’imaginer dans les bras d’un autre, mon ange. Mon esprit ne peut concevoir qu’un autre te touche, t’aime comme je l’ai fait. Pourtant tu es une femme plus que désirable et tu ferais certainement le bonheur de tout homme que tu laisserais t’approcher. Mais l’homme jaloux que je suis, même si je suis en colère contre toi, ne peut concevoir que tu en aimes un autre. Et pourtant, c’est ce qui arrive. Qu’a-t-il de plus ? Te traite-t-il correctement ? Il ne peut que mieux te traiter que moi…  

 

Sous le soleil de plomb de cette fin juin, je marche entre les rangs de containers du port. J’inspecte les emplacements, les nombres de containers empilés pour voir si tout est conforme à mes préconisations. La période des typhons ne va pas tarder et il nous faudra assurer une organisation sans failles pour pallier au retard et embouteillages qui seront causés par les tempêtes successives que nous essuierons. Tout cela repose sur mes épaules et je sais que je suis attendue au tournant. Je m’arrête deux minutes à l’ombre d’un rayonnage et enlève mon casque pour m’essuyer le front et boire un peu d’eau. Cette chaleur est insupportable d’autant plus entre ces boites de métal qui l’emmagasinent et la rejettent. J’ai hâte de me sentir mieux.  

 

Accusant un coup de fatigue, je ferme les yeux quelques secondes appuyée contre une paroi en métal qui n’a pas encore été chauffée par les rayons du soleil. Je repars trois mois en arrière à ces moments magiques puis tragiques qui nous ont rapprochés puis séparés. Mon coeur bat plus vite puis se serre. Je sens à nouveau les larmes me monter aux yeux et les réprime. Ca passera. Je me revois le lendemain à l’arrière de cette voiture, mes deux collègues s’esclaffant sur la soirée de la veille et les jolies femmes qu’ils ont vues. Il faut dire que lâcher deux célibataires dans une telle soirée, c’était comme lâcher un loup dans un poulailler. Apparemment ils s’en sont donnés à coeur joie. Ma seule hâte était de rentrer et retrouver mon petit amour et de passer ma journée à m’occuper de lui et uniquement de lui, ce que j’ai fait avec tout l’amour et la tendresse que j’avais avant de m’effondrer en larmes le soir dans mon lit dès qu’il fut couché.  

 

Les jours ont passé difficilement. Au bout de deux semaines, mon corps a commencé à me trahir et m’en faire voir de toutes les couleurs. J’ai cru revenir deux ans en arrière après notre séparation. Ca a duré deux semaines, jusqu’à ce que je me rende compte que non ce n’était pas le désespoir qui me rendait aussi fragile mais le cadeau d’adieu que tu m’avais laissé. Quel cadeau d’adieu… Je pose une main sur mon ventre qui s’arrondit déjà. Le médecin m’a rassurée en me disant que c’était tout à fait normal, qu’un deuxième enfant se faisait voir plus vite, que je le sentirai plus vite aussi… et il n’avait pas tort. Malgré mes larmes, je souris… Tu m’as chassée de ta vie mais de toi, j’aurais deux beaux enfants. Ce n’est pas mon rêve mais au moins une partie qui s’est réalisée.  

 

Une caisse tombe non loin avec fracas et me tire de ma rêverie. Je m’approche en catimini car je sais qu’aujourd’hui, aucun des containers autour de moi ne doit être retiré. Ils ne partent que demain matin. Je vois alors de loin plusieurs hommes que je ne connais pas décharger le contenu d’un container. Réfrénant mon envie d’agir, je recule et disparais avant de consulter la liste dans mes mains. C’est un container en provenance d’Amérique du Sud contenant du café affrété par la Yamatsi import export corporation. Ce nom titille ma mémoire mais je n’arrive pas à faire remonter l’information exacte.  

 

Suffisamment à l’écart, j’alerte la sécurité grâce à mon talkie walkie. Deux minutes après, je les entends fuir et reviens sur mes pas. Le container est resté ouvert mais il est vide. Je vois par terre des grains de café certainement échappés suite à la chute d’un des paquets. Ce qui m’interpelle le plus, c’est la poudre blanche qui les recouvre. Instinctivement, je vide mon paquet de mouchoirs en papier et enferme quelques grains dedans et les remets dans ma poche. Le chef de la sécurité m’alerte par talkie qu’ils n’ont pas réussi à les arrêter avant la sortie du port. Je lui demande de prévenir la police et rentre au bureau remplir un rapport de vol.  

 

En début d’après-midi, le supérieur de mon supérieur, un homme exécrable très imbu de lui-même, pénètre dans mon bureau sans même s’annoncer et commence à me sermonner sur le vol de ce matin. Je l’écoute vaguement sans m’offenser puis, gentiment, enfin en apparence, je le remets à sa place. S’il avait écouté mes avertissements, la sécurité aurait été renforcée de deux personnes supplémentaires, de caméras de surveillance et nous n’aurions pas ce genre de soucis. Il m’annonce ensuite que de la marchandise destinée à l’un de nos plus gros clients va arriver en fin d’après-midi et qu’elle doit être traitée en priorité, que ce client s’est déplacé expressément de Tokyo pour venir la chercher en personne. Je m’oppose à sa décision. Il me houspille et me traite de pimbêche mais je n’en ai que faire. Tout ce qui touche à l’ordre des débarquements, stockage et ordre de départ des marchandises par camion est de mon domaine exclusif, personne sauf le directeur du port ne peut intervenir et il m’a assuré qu’il ne le ferait pas.  

 

Cela fait plusieurs semaines maintenant que ce gros client est arrivé chez nous délocalisant les arrivées de ces marchandises de Tokyo à Nagoya. Depuis que je me suis opposée aux demandes expresses de priorisation, j’ai déjà eu plusieurs petits soucis mécaniques, reçu quelques lettres d’avertissement au bureau… S’il savait à qui il avait à faire… Ce ne sont pas quelques menaces qui vont me faire plier… Je sens un trafic illicite mais n’ai pas encore les preuves suffisantes pour en référer. Peut-être cette preuve se trouve-t-elle dans ma poche…  

 

Lorsqu’il s’aperçoit enfin qu’il n’aura pas gain de cause, mon interlocuteur s’en va outragé. Je peux enfin respirer un peu d’air pur. Lui, il pue la corruption à plein nez. Je me remets à mon travail et me lève pour aller chercher les impressions des calendriers d’arrivées de bateau prévues, des libérations d’espace de stockage qui me permettront d’organiser une bonne partie de la semaine à venir. De la salle de photocopieuse, j’entends l’agitation dans l’open space et jette un œil curieux. Je me sens blêmir…  

 

Assis sur un banc dans le parc, je regarde les enfants courir gaiement en attendant mon inspectrice de coeur. Saeko arrive quelques minutes après et s’assied à mes côtés. Elle se tourne légèrement vers moi et m’examine d’un œil critique.  

 

- Je vais bien, Saeko., lui dis-je avec un petit sourire en coin.  

 

C’est un pieu mensonge mais je ne veux pas qu’elle s’inquiète pour moi. Et puis c’est un mensonge temporaire : un jour, ça ira. Elle acquiesce puis se tourne elle-même vers le parc.  

 

- J’ai besoin de ton aide, Ryo. Mon enquête sur le dragon d’or piétine et j’ai besoin de trouver un nouveau fil d’Ariane à suivre.  

- Et tu as besoin de moi parce que…  

- Parce que je n’ai plus beaucoup de temps. J’ai mes supérieurs sur le dos et ils ne me laissent plus qu’une semaine sinon ils me dessaisissent de l’affaire. Tu as accès à un plus grand réseau de renseignements que moi. Je veux coincer ces salauds qui pourrissent la jeunesse avec leur drogue. Je veux arrêter ces massacres auxquels ils s’adonnent pour étendre leur réseau., me dit-elle avec véhémence.  

- Qu’est-ce que j’y gagne ?, fais-je avec un sourire taquin.  

- Vraiment ? Si tu y tiens, quatre coups ?  

- Va jusque six. Toi et moi savons très bien ce qu’il adviendra., lui réponds-je avec un clin d’oeil.  

 

Eh oui, nous nous adonnons encore à ce petit jeu même si cela fait longtemps que je ne tiens plus de carnet avec elle. On perpétue une espèce de tradition, un petit jeu de séduction qui nous rassure sur la permanence de certaines choses.  

 

- Ok pour six.  

- Je croyais que tu tenais une bonne piste ?  

- Celle du port de Tokyo oui. Mais on a été vendus. Notre indic a été tué. Ils ont délocalisé leurs arrivages et nous n’avons pas encore trouvé dans quel port. Même si on trouve, ce sera hors de ma juridiction et donc très compliqué pour moi d’enquêter.  

- Bonne chance, Saeko. Je te préviens dès que j’ai du nouveau.  

 

Nous nous séparons, partant chacun de notre côté. Je file au Cat’s où je sais que je trouverai Mick et Falcon à cette heure. Sur certains sujets, nous sommes intraitables et la drogue en fait partie. Je sais qu’ils m’aideront sans rechigner. Je suis content que cette affaire me tombe dessus, j’aurai enfin de quoi m’occuper l’esprit. Comme prévu, je retrouve mes acolytes au café, chacun d’un côté du bar, l’un entrain d’astiquer une assiette, l’autre d’asticoter la barmaid. Pendant un bref instant, ce n’est pas Miki mais toi que je vois évoluer avec ce ventre arrondi et un tendre sourire s’imprime sur mon visage que je réprime aussi vite, pas assez à en juger par le très léger sourire de Falcon. Je la vois revenir avec un lourd plateau de verres et tasses que je lui enlève des mains à son grand soulagement.  

 

- Eh l’amerloque, plutôt que de l’ennuyer, tu ne pourrais pas te montrer un peu galant ?  

- Je lui ai proposé mais elle a refusé mes conditions., me répond Mick avec un sourire libidineux.  

 

Contre toute attente, ce n’est pas Miki qui lui balance un plateau en pleine figure mais moi. Il me regarde hébété puis, furieux, tente de me mettre une bonne correction. Je ne le laisse pas faire et il se rassoit en boudant sur son siège.  

 

- T’es beaucoup moins drôle depuis que Kaori est partie…, me balance-t-il à la figure sans réfléchir.  

 

Il s’en veut de suite. Mon visage s’est assombri, mon regard durcit et soudain, on entend la porte qui mène à l’arrière claquer.  

 

- Idiot !, fulmine Falcon partant rejoindre Miki qui a fondu en larmes.  

- Eh merde ! Quel crétin !, se morigène-t-il.  

- Tu peux le dire. Surtout devant Miki en ce moment., lui réponds-je.  

- Et toi, alors : tu vas me dire que ça ne te fait rien ? Tu l’as eue dans ton lit l’année dernière mais nous ça fait deux ans qu’on se demande comment elle va !, s’énerve-t-il.  

 

J’évite de lui dire que je t’ai vue il y a trois mois et que j’ai définitivement tué leurs chances de te revoir un jour. Je pense que cette fois, il me flinguerait. Falcon revient, la serviette sur l’épaule.  

 

- Comment va Miki ?, demande Mick d’une petite voix.  

- A ton avis ?, répond-il d’une voix dure.  

 

Sous ses airs de gros dur, Falcon est un tendre et il n’aime pas qu’on fasse du mal à sa femme. Afin de détendre un peu l’atmosphère, enfin d’une certaine manière, je leur parle de l’affaire sur laquelle Saeko m’a demandé de l’aide. Les deux décident sans grande surprise de me prêter main forte. Mick et moi partons de suite interroger nos indics tandis que Falcon reste au café. Il préfère attendre l’arrivée de Kasumi pour ne pas laisser Miki seule, ce que nous comprenons parfaitement. J’en aurai fait de même avec toi, à ton grand désespoir…  

 

Planquée dans la salle d’impression, je mets enfin le doigt sur ce qui me turlupinait tout à l’heure : la Yamatsi import export corporation est la vitrine légale de transport pour l’organisation du dragon d’or. Une appréhension soudaine me saisit et, après avoir vérifié que l’intrus n’était plus en vue, je vais m’enfermer dans mon bureau. Sans perdre de temps, je copie tous mes dossiers sur le disque dur de mon ordinateur, rassemble mes affaires dans un sac à dos que j’avais mis là juste au cas où…, récupère le dossier que j’ai commencé à monter. La copie des dossiers finie, je ferme mon ordinateur et le mets dans mon sac à côté du dossier au moment où mon téléphone sonne. J’hésite puis décroche.  

 

- Mademoiselle Makimura ?  

 

C’est la voix de ce sombre crétin. J’entends en arrière plan une personne répéter mon nom incrédule, puis énoncer un « Kaori Makimura ? » auquel mon supérieur répond « oui c’est elle. » avant de me demander de me présenter dans son bureau pour rencontrer le client, client qui est parti d’un rire mauvais. Pas de doute, il sait qui je suis et ça ne m’étonne pas puisque City Hunter avait déjà contrarié ses plans il y a quelques années. J’assure à mon chef que je serais là dans cinq minutes, le temps de finir l’ordre de chargement sur lequel je travaille. Il rouspète un peu mais abdique. Même pas dix secondes après, deux hommes se sont postés devant mon bureau, sans nul doute des sbires du dragon d’or.  

 

- Si vous croyez m’avoir si facilement…  

 

Je prends mon sac à dos et mon sac à main et ouvre la fenêtre. Je suis au premier étage mais, par chance, la gouttière passe juste à côté de ma fenêtre. J’enjambe la fenêtre et m’accroche au métal, me laissant glisser jusqu’en bas avec un peu d’appréhension. Par chance, il m’est beaucoup plus rapide de gagner ma voiture par cette sortie que par la voie normale. Sortant du port, en saluant tranquillement, en apparence, le gardien, je passe devant la crèche de Kei. Je remercie celui qui veille sur nous qu’il soit tombé malade ce matin parce que des hommes en noir pénètrent déjà dans le bâtiment et je n’ai nul doute sur leur appartenance et ce qu’ils sont venus chercher.  

 

Sortie de cette zone, j’accélère et arrive chez Sayaka. Je lui explique rapidement que je dois filer de la ville avec Kei et qu’elle ferait mieux de s’absenter quelques jours de chez elle également avec son mari. Sans me demander plus d’explication, elle rassemble les affaires du bébé et, pendant que je le mets dans la voiture, les pose sur le siège passager. Je l’étreins brièvement et remonte en voiture avant de m’éloigner. Passant au croisement de ma rue, je vois les hommes qui entrent chez moi. Ils n’ont pas perdu de temps…  

 

Sans chercher plus, je prends la direction du Nord, celle qui m’offre le plus de possibilités. C’est l’heure de pointe. Je mets à profit la demie-heure qu’il me faut pour sortir de la ville pour réfléchir à ma destination. Je regarde dans le rétroviseur Kei en train de regarder avec curiosité les alentours. Je sens le bébé en moi bouger. Quelle vie vais-je leur offrir ? Fuir toute notre vie ? Non, ce n’est pas ce qui leur faut. Je vais devoir me battre. Soudain, je repense à ce reportage que j’avais vu il y a quelques semaines et je sais vers qui me tourner.  

 

Après quatre heures de route, j’arrive enfin les nerfs en vrille à cause des pleurs de Kei qui a faim. Je n’ai pas voulu m’arrêter avant d’être quelque part où je pense pouvoir être en sécurité. Je prends mon petit garçon et me dirige vers le bâtiment qui se dresse devant moi. Je n’y ai que rarement mis les pieds. Dans le hall, j’achète une barre de céréales au distributeur et donne un morceau à mon glouton d’enfant qui l’avale avec délices. Ses pleurs cessent. Regardant ma montre, je croise les doigts pour que la personne que je cherche soit encore là. Avisant les deux officiers à l’accueil occupés, je me dirige discrètement vers les ascenseurs et pénètre dans la première cabine qui s’ouvre. Ils ont eu la bonne idée d’indiquer les étages de chaque service et j’appuie sur le bon numéro.  

 

Sortis de là, j’observe les alentours et j’entends sa voix. Je prends Kei par la main et prend la direction. La porte de son bureau est ouverte et elle a une discussion animée au téléphone. Je la regarde un moment, le coeur serré, une émotion intense m’envahissant. Quand elle raccroche, énervée, je toque à la porte. Elle relève vivement la tête, les yeux lançant des éclairs, mais son expression vire à la stupeur quand elle me reconnaît.  

 

- Kaori ?  

- Bonsoir Saeko. Je peux entrer ?  

 

Je ne reconnais pas ma voix étranglée. Elle s’approche de moi comme si elle voyait un fantôme puis soudain m’enlace. Je ne m’attendais pas à cela. J’ai toujours vu en elle quelqu’un de fort mais surtout distant. Je me doute que, derrière la carapace, bat un coeur puisque mon frère s’en était épris et elle de lui mais rares avaient été les occasions de le voir.  

 

- Maman ?  

 

La petite voix de Kei nous tire de ce moment. Je le prends à bras et vois les yeux de Saeko s’arrondirent de stupéfaction.  

 

- Oui, mon ange ?  

- Chocolat.  

 

Je ris doucement et, le faisant asseoir, lui redonne un morceau de barre de céréales. Saeko reste fixée sur mon petit bonhomme.  

 

- Il s’appelle Kei. C’est mon fils.  

- C’est le fils de…  

- C’est mon fils., répété-je avec force.  

 

Elle lève enfin le regard vers moi et ce qu’elle y lit doit l’attrister. Je n’ai pu empêcher la tristesse de m’assaillir pendant un court instant avant de voiler mes émotions. Elle l’a vue.  

 

- J’ai besoin de ton aide Saeko et je pense que tu vas apprécier., lui dis-je en m’asseyant.  

 

Je me sens fatiguée, accusant enfin le stress de cette rencontre puis de la route.  

 

- Je t’écoute., me dit-elle, prenant place à mes côtés.  

 

Je sors de mon sac à dos mon ordinateur, mon dossier et de ma poche le sachet avec les grains de café et ce que je pense être de la drogue. Je lui explique tout ce que je sais, ce que j’en pense, ce que j’en déduis. Rapidement, elle envoie le sachet au laboratoire d’analyse. Je sais que ça n’aura aucune valeur légale mais au moins, on saura de quoi il retourne. Elle étudie mon dossier sérieusement et le referme au bout d’une heure.  

 

- Saeko, le chef de l’organisation était là à Nagoya. Ils sont à ma recherche. Ils avaient déjà trouvé ma maison et ils avaient l’intention de kidnapper Kei à la crèche. J’ai réussi à m’enfuir de justesse.  

- Je vais te protéger. Pour l’instant, j’ai besoin de toi pour que tu m’expliques ce que je vais trouver dans ton ordinateur et certains points du dossier. Tu veux bien rester encore un peu ?  

- Je veux qu’on arrête ce trafic. Je sais de toute façon que tant qu’ils ne seront pas arrêtés, nous ne serons pas en sécurité. Je ne veux pas passer ma vie à fuir avec mes enfants…  

 

Elle me regarde sidérée. Je pose la main sur mon ventre.  

 

- Je suis enceinte de trois mois.  

- Le père ? Nous devons le protéger ?  

- Non, cet enfant n’a pas de père non plus.  

 

Soudain, le poids me semble trop lourd à porter et je craque. Je me mets à pleurer et n’arrive pas à m’arrêter. Nos enfants n’auront pas de père parce que tu ne veux plus me voir, je me retrouve pourchassée par une organisation criminelle à cause de notre passé qui m’a retrouvée alors que j’étais partie de Tokyo, je fais subir à mes enfants des risques considérables pour toutes les erreurs que nous avons commises. Ce n’est pas juste, je ne veux plus être toute seule… Saeko m’entoure de ses bras et me réconforte du mieux qu’elle peut. Kei apeuré s’approche de moi et je sens ses mains sur mes genoux. Je l’attrape et le serre contre moi. Je dois me ressaisir. Tant bien que mal, je reprends le dessus et cesse de pleurer.  

 

Saeko passe un appel et, un quart d’heure plus tard, un officier arrive avec des plats déposés par un traiteur à l’accueil. Je sens son regard se poser sur moi mais il ne dit rien puis s’en va. Saeko m’incite à manger et à prendre exemple sur Kei qui s’en met partout. Je suis honteuse mais elle s’en fiche. Elle est heureuse de me retrouver malgré les circonstances. Le temps du repas, elle me demande où j’étais et ce que j’ai fait, histoire de détendre un peu l’atmosphère. La discussion reste légère, je ne m’attarde pas sur les mauvais moments. Elle comme moi, sans nous concerter, évitons de parler de toi. A la fin du repas, Kei, repu, se frotte les yeux allégrement. Je l’emmène se débarbouiller aux toilettes et le mets à dormir dans un coin de la pièce un peu plus sombre.  

 

Ressortant le dossier, Saeko me demande les explications dont elle a besoin puis nous ouvrons l’ordinateur. Au fur et à mesure des découvertes, je vois ses yeux s’illuminer. Je pense qu’elle est satisfaite des informations que je lui apporte. Parmi elles, il y a beaucoup d’adresses sur Tokyo vers lesquelles diriger les recherches. Quand nous nous arrêtons, il est trois heures du matin. Je suis exténuée. Je lui laisse l’ordinateur et le dossier et rassemble mes affaires. Elle met les preuves à l’abri dans un coffre-fort sous mon regard.  

 

- Je dois te mettre sous protection, Kaori.  

- Non, je vais me débrouiller. Je ne veux pas rester à Tokyo. Je suis bien trop connue ici.  

- Mais Kaori…  

- Il n’y a pas de mais. Je te contacterai régulièrement pour voir si tu as besoin de moi. Je serai là s’il faut témoigner au procès. Mais ne me demande pas de rester ici. Quelles sont les chances qu’ils savent déjà où me trouver ? J’ai le temps de m’en aller.  

 

Elle me regarde indécise puis soupire. Elle abdique. Elle sait que je suis têtue.  

 

- Dis-moi juste une chose avant de partir : ce sont ses enfants ?  

 

Elle n’a pas prononcé ton nom mais je sais qu’elle parle de toi. J’ai toujours été jalouse de votre relation même si j’avais fini par comprendre qu’il n’y avait rien de plus qu’une profonde amitié entre vous et ce jeu étrange auquel vous vous livriez. Je suis contente de savoir qu’elle est là pour toi.  

 

- Oui. Malheureusement, il semble que le destin ne veuille pas nous voir ensemble. Ne lui dis rien. Ca le blesserait sûrement plus qu’autre chose.  

- Très bien. Mais Kaori… tu lui manques.  

- Il ne veut plus me voir, Saeko. Plus jamais. Ce sont ses mots.  

 

La douleur m’étreint à nouveau. Je dois m’en aller avant de craquer. Il faut que je nous éloigne et après je pourrai dormir un peu. Ca ira mieux. Je prends Kei à bras, son poids me semble lourd. Saeko semble le remarquer et le prend. Je lui lance un regard reconnaissant. Nous descendons silencieusement.  

 

- Je vais aller chercher ma voiture et la rapprocher. Tu peux le garder encore un peu ?  

 

Elle acquiesce et, d’un pas rapide, je vais à mon véhicule. Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait mais ça m’a certainement sauvé la vie. A la lumière des lampadaires, je remarque que les morceaux de scotch transparents que j’avais accrochés sur mon capot sont décollés. On a touché à ma voiture. Je lâche mes clefs et m’agenouille pour les ramasser, jetant discrètement un œil sous la voiture. Je le vois. Ils ont piégé ma voiture. Si je mets le contact, ça explose. Ils sont donc déjà là et, en effet, je les ressens.  

 

- Saeko, à terre !, hurlé-je.  

 

Je me précipite derrière ma voiture au moment où les coups de feu explosent dans le silence de la nuit. Je vois Saeko se mettre à l’abri, Kei hurlant dans ses bras. Je ne peux pas rester là. Ils pourraient faire exploser la voiture avec leur mitraillage. Evaluant la distance, je m’accroupis et, à un moment où ils doivent certainement changer leur chargeur, cours me réfugier derrière des voitures de police. Plusieurs officiers sortent et répliquent faisant fuir la voiture et ses assaillants. J’entends Kei pleurer mais, malgré tous mes efforts, je suis incapable de bouger. Je n’ai plus la force de me lever, je sens mes jambes trembler. S’étant assurée de la sécurité, Saeko vient vers moi et me donne mon enfant qui se calme instantanément quand je referme les bras sur son petit corps tremblant, culpabilisant.  

 

- Ma voiture est piégée, Saeko. Comment ils ont su que j’étais là ?  

- Je ne sais pas. Mais je ne peux pas te laisser sans protection dans ces conditions. Tu as tes deux enfants, Kaori.  

- Je sais.  

- Kaori, je ne connais qu’une seule personne capable d’assurer ta protection face à cette organisation…  

 

Nos regards se croisent, anxieux : elle que je refuse, moi parce que je vais accepter. Je ne peux que murmurer :  

 

- Je sais... 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de