Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 14 capitoli

Pubblicato: 31-05-19

Ultimo aggiornamento: 13-06-19

 

Commenti: 17 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: Lors d'une mission périlleuse, la relation des City Hunter évolue. Mais comme toujours la route est sinueuse.

 

Disclaimer: Les personnages de "3 anniversaires et 3 moi(s)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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What is NC-17 fanfiction?

 

A NC-17 fanfiction is strictly forbidden to minors (17 years old or less). It can contain violence and graphically explicite sexual scenes. We try to set limits to the content of R fanfictions, but we don't have time to read evrything and trust the authors on knowing the boundaries. So if you read something that doesn't seem correctly rated, pleas ...

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   Fanfiction :: 3 anniversaires et 3 moi(s)

 

Capitolo 3 :: chapitre 3

Pubblicato: 02-06-19 - Ultimo aggiornamento: 02-06-19

Commenti: Bonjour, nouveau chapitre en ligne. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14


 

Chapitre 3  

 

J’ai arrêté de compter depuis combien de semaines tu es partie. Ca fait trois mois aujourd’hui et si je le sais, c’est juste parce que c’est le dernier jour de juin et que tu es partie le dernier jour de mars. Avant je comptais chaque jour en me disant que peut-être tu en aurais marre et tu serais revenue. Je l’espérais sans toutefois vraiment y croire. Ca me donnait une raison de me lever le matin. Puis un matin, je n’y ai pas pensé et la journée est passée. Je m’en suis voulu un moment en pensant que je t’oubliais mais ce n’était pas le cas. La douleur est devenue un peu plus soutenable.  

 

Pendant plusieurs semaines, je n’ai pas mis les pieds au Cat’s. Je n’assumai pas. Je ne voulais pas répondre à leurs questions parce qu’à ce jour ils ne savent toujours pas pourquoi tu es partie, pas exactement. Mick m’a bien coincé en venant me surprendre un jour à l’appartement. Il n’a pas voulu décamper avant de savoir. Alors je lui ai dit une demi-vérité, qu’on s’était disputés une fois de plus, la fois de trop apparemment. Il m’a passé un savon, je pense même qu’il m’en aurait collé une mais s’est retenu en voyant ma tête. Je ne lui ai pas dit qu’avant cela, pendant quelques jours, on avait été un couple, un vrai couple. Ca reste notre secret.  

 

Tes amis tiennent encore à toi, tu leur manques tellement. Quand je suis retourné au Cat’s la première fois après leur avoir annoncé ton départ, Miki s’est jetée sur moi. J’ai eu du mal à y croire. Elle s’est jetée sur moi et m’a pris dans ses bras. Elle m’a demandé comment j’allais. Pour la deuxième fois en moins de cinq minutes, j’ai eu du mal à y croire. Elle m’a demandé comment j’allais moi, le monstre qui t’avais fait fuir. J’ai joué les durs, je lui ai dit que ça allait, que j’avais retrouvé une vraie vie de célibataire, de fêtard noctambule mais je suis persuadé qu’elle n’en a pas cru un mot… et elle aurait vu juste.  

 

Bien sûr, je sors le soir, mon « métier » l’impose. Il faut bien que je me tienne informé et le monde de la nuit est bien plus bavard que celui du jour… Parfois il m’arrive de passer un moment en tête à tête avec une bunny, de me perdre dans ses bras, mais le plaisir est toujours éphémère et, depuis que j’ai pu te serrer dans mes bras, bien moins intense. Je ne me suis pas réfugié dans l’alcool. C’aurait été facile et certainement efficace mais je sais que personne ne me recherchera si je m’égare et bizarrement ça n’a pas le même charme. Et oui mon ange, j’avais apparemment trouvé un énième stratagème pour tester ton affection. Je devrai te décerner la médaille du courage et revêtir le bonnet du benêt. Il n’y a qu’un crétin comme moi pour avoir laissé partir une femme aussi merveilleuse que toi.  

 

Oui merveilleuse. Je ne te l’ai pas assez, voire jamais ?, dit. J’avais un diamant à mes côtés, un diamant brut, qui ne demandait qu’à être façonné pour briller de tout son éclat. Si je t’avais façonnée de mon amour, sans crainte, sans lâcheté, on serait ensemble et heureux, malgré le danger. Tu n’aurais pas eu à user de tes massues et autres amies vengeresses parce que je me serais tenu à carreau sans même en avoir l’impression. La passion qui s’exprimait dans ta jalousie aurait trouvé un autre mode d’expression et je suis sûr qu’on en aurait profité tous les deux, pensé-je avec un sourire rêveur. Nos trois nuits ont été si merveilleuses. J’imagine qu’avec plus de temps et la confiance installée, elle en auraient été explosives...  

 

Je me suis égaré dans mes pensées, encore. Ca m’arrive souvent quand ça te concerne. Donc, après que Miki m’ait demandé comment j’allais, elle m’a demandé pleine d’espoir si j’avais des nouvelles de toi. Je l’ai regardée, navré. Non, je n’ai pas de nouvelles de toi, lui ai-je répondu. Elle était si déçue...  

 

Je me suis demandé au début si je saurai s’il t’arrivait quelque chose. Tu n’as pas idée du dilemme par lequel je suis passé : j’ai failli rameuter tout mon réseau pour te retrouver et savoir où tu étais. Je me suis repris juste avant de lancer l’offensive. Le Japon n’est pas grand. Si quelqu’un te recherchait, ça commencerait forcément à Tokyo, je le saurai. Donc j’adoptais le credo : pas de nouvelle, bonne nouvelle. Je sais que Mick et Falcon veillent aussi même si je leur ai demandé de ne pas te chercher, de respecter ton choix. A nous trois, il serait difficile de ne pas savoir… La plupart du temps, ça passe ainsi mais certaines nuits, je me réveille en sursaut après avoir fait un de ces cauchemars où tu gis quelque part baignant dans ton sang et je ne peux rien faire. Ces nuits-là sont longues et douloureuses et il n’y a que l’arrivée du matin qui estompe ces sensations…  

 

Depuis que tu es partie, j’ai eu quelques missions. Ca t’aurait horripilée : que des jeunes et jolies femmes. Pourtant, aucune n’a eu à souffrir mon comportement. Je n’ai pas pu m’empêcher de jouer les séducteurs, pour les divertir de leur tracas en grande partie, mais ça s’est arrêté là, pas de visite nocturne. Les filles avec qui je vais plus loin ne mettent pas les pieds ici. Aucune n’a pris ta place dans mon lit, dans l’appartement.  

 

Là encore tu me piquerais une colère noire. Non, l’appartement n’est pas devenu un dépotoir. Il est propre et rangé, presque aussi bien que lorsque tu le faisais. Oui, je sais faire le ménage, Kaori. J’ai toujours su le faire mais, avant toi, c’était la dernière de mes préoccupations et, lorsque tu étais là, je prenais trop de plaisir à te regarder faire, à t’admirer sous toutes les coutures que ç’aurait été un crime de te… non de me priver de ce plaisir-là. Maintenant que tu n’es plus là, je maintiens l’illusion car le garder tel qu’il était de ton temps, c’est comme prolonger ta présence en ces lieux, garder cette sensation de chez nous… Mais ce n’est qu’une sensation car il y manque l’essentiel : ta chaleur, tes rires, les chansons que tu chantais, toutes ces petites choses qui y mettaient de la vie, même nos disputes… J’ai appris à vivre sans toi, mon ange, mais tu me manques. J’espère juste que là où tu es, tu es bien, que tu as refait ta vie…  

 

Je suis épuisée. Je marche dans la rue pour regagner mon studio après mon deuxième boulot, grappiller deux heures de sommeil avant d’enchaîner avec mon troisième travail. C’est dur de trouver un métier décent et de joindre les deux bouts quand son CV est vierge. Je ne pouvais décemment mettre nettoyeuse alors je n’ai rien mis. J’enchaîne toute la journée à partir de cinq heures du matin comme femme de ménage, puis caissière dans une supérette avant de partir faire la plonge dans un restaurant à deux pas de chez moi jusque une heure du matin. Je suis épuisée…  

 

Mes économies, je les ai mises dans le loyer et la caution de ce studio. Je pensai pouvoir tenir plus longtemps mais ce n’est pas le cas… Alors je rogne sur tout et surtout la nourriture, ce qui n’est pas un gros problème puisque je n’ai pas faim et que j’ai été habituée avec nos soucis d’argent lorsqu’on était ensemble. Mais là ça fait trois mois que je ne mange pas correctement et je sens que ça va me jouer des tours…  

 

Je suis enfin arrivée chez moi… enfin dans mon studio. De chez moi, ça n’en a que le nom, pas la sensation. Je m’allonge sur le lit et ferme les yeux. Tu reviens me hanter inexorablement. J’ai réussi à t’évincer de mes pensées éveillées mais tu profites de mon état d’inconscience pour occuper mon esprit affaibli. Ton absence a cessé de me faire mal. J’ai même oublié la douleur de tes paroles et de tes actes. Je suis vide.  

 

De la Kaori d’avant, il ne reste qu’une coquille, une coquille amaigrie, étiolée, quasi transparente. La flamme qui m’habitait s’est éteinte, il n’y a plus rien pour l’entretenir. J’ai pensé à la mort, plus d’une fois même. Après tout, à quoi ça sert de vivre dans ces conditions ? Je ne vis plus. Je n’ai de vie que parce que mes fonctions vitales continuent de fonctionner malgré le traitement que j’inflige à mon corps. Alors pourquoi ne pas tout arrêter ? Je ne sais pas ce qui m’empêche de passer à l’acte : le manque de courage ou des cendres d’espoir qui resteraient au fond de moi n’attendant qu’à être rallumées ?  

 

Je me réveille, barbouillée. J’avale un peu de soupe, mon premier repas de la journée, en grimaçant et m’habille pour aller au restaurant. La soirée va être dure. J’attrape mon sac à main et le fais tomber, son contenu se déversant sur le sol. Je râle et me baisse pour ramasser mon portefeuille et mes clefs. Le reste attendra mon retour… Je me dirige chancelante vers la sortie. Ca ne m’a pas fait du bien de me baisser ainsi…  

 

L’air extérieur me revigore et j’arrive en moins de deux minutes à la porte de service. J’enfile mon tablier et me met à nettoyer les plats qui ont servi à cuisiner. Puis j’enchaîne avec tout ce qu’on me ramène et ainsi de suite pendant des heures. Le restaurant a fermé ses portes depuis déjà deux heures, la plupart des serveurs et cuistots sont déjà rentrés lorsque j’ai fini et rangé toute la vaisselle. Je nettoie mon poste de travail et m’essuie les mains lorsque mon patron arrive. C’est un homme gentil. Il sait que j’ai du mal à joindre les deux bouts et me propose souvent d’emmener un peu de restes ou de partager un repas tardif avec lui. Souvent je refuse, par fierté, mais ce soir, j’accepte. Il m’invite à le suivre dans la salle, je fais deux pas et m’effondre.  

 

Lorsque je rouvre les yeux, je suis éblouie par les lumières agressives qui proviennent du plafond. Je pose un bras difficilement sur mes paupières fermées. Je suis complètement désorientée. L’ambiance est calme mais on entend tout de même les va et vient. Où suis-je ? Que s’est-il passé ? Péniblement, la main en visière pour tamiser cette foutue lumière, je rouvre un œil puis l’autre. J’observe les alentours et en déduis que je suis dans un hôpital. Ca me revient : le trou noir. Une infirmière passe et me voit éveillée. Elle vient me voir, tamisant la lumière au passage, ce dont je lui suis gré.  

 

- Comment vous vous sentez ?, me demande-t-elle, avec un doux sourire.  

 

Elle me fait penser à Kazue et les larmes me montent aux yeux. Vous me manquez tous tellement…  

 

- Je suis fatiguée., réponds-je dans un murmure.  

- C’est normal : vous êtes déshydratée. Vous vous nourrissez correctement ?, poursuit-elle.  

 

Je secoue négativement la tête. A quoi bon mentir ? Ca se voit. Mes vêtements sont beaucoup trop grands pour moi.  

 

- Pouvez-vous vous lever deux minutes qu’on vous pèse ?  

 

Elle me pose la question mais ce n’en est pas une. Je me lève vacillante et elle me soutient jusqu’à la balance. Je ne veux même pas regarder les chiffres, je ne veux pas voir ce que tu m’as poussée à devenir.  

 

- Combien pesiez-vous la dernière fois ?  

 

Je réfléchis. C’était il y a trois mois quand nous sommes rentrés de la mission pour Saeko.  

 

- Quarante sept kilos.  

- Vous avez perdu dix kilos en combien de temps ?  

- Trois mois., soupiré-je, penaude.  

 

Il me semble bien l’avoir ébranlée car elle me regarde avec des yeux effarés. Elle me reconduit à mon lit et repart pour revenir deux minutes après avec un médecin. Il me parle en me faisant des gros yeux, enfin ce qui devraient en être, car, pour avoir affronté ton regard furieux, celui-là me ferait presque rire si je n’étais pas si fatiguée. Je n’ai rien écouté de ce qu’il a dit et, quand il me pose une question, j’acquiesce, signe les formulaires qu’il me tend, tout pour qu’il me laisse tranquille et que je puisse enfin dormir. D’ailleurs il n’a même pas encore quitté la pièce que mes yeux sont déjà fermés.  

 

Lorsque je me réveille à nouveau, le jour est levé. Je suis dans une chambre, deux perfusions branchées à ma main. Je me sens déjà un peu mieux. Je reste un moment le regard fixé au plafond, sans penser à rien. Ca fait du bien de ne pas penser. Je regarde les lignes des dalles, en suit le parcours, imagine des dessins, comme je le faisais avec les nuages quand j’étais enfant. Ma rêverie est brisée par l’arrivée d’une infirmière qui me ramène un plateau pour le petit-déjeuner et s’installe à côté de moi. Elle me dit qu’elle ne bougera pas de là avant que j’ai tout avalé. Elle accepte de me laisser pour me rapporter un thé plutôt qu’un café que j’ai arrêté à cause des brûlures d’estomac que ça m’engendrait.  

 

D’abord autoritaire, elle se radoucit et m’encourage car elle voit bien que je me force pour manger et que ça m’est réellement difficile. J’ai mangé un quart de ce qui m’était proposé et je n’en peux plus. Elle me dit que c’est bien comme on félicite une enfant et reprend le plateau. Je me rallonge et mon regard est attiré par la fenêtre. Je vois les promeneurs et passants arpenter ce qui ressemble à un parc.  

 

Soudain, l’infirmière revient accompagnée d’un médecin. Il s’assied entre moi et la fenêtre, installe son matériel et commence son examen. Le sommeil me réclame et je n’arrive pas à me concentrer sur ce qu’il me dit. Mon regard vogue vaguement vers la fenêtre. Je lutte pour ne pas m’endormir devant lui, pour ne pas être impolie mais c’est peine perdue. Au moment où mes paupières se ferment, mon œil capte ton passage. Tu ne m’as pas vue mais moi oui. Tu n’es pas lui, tu n’es pas Ryo mais, bizarrement, au fond de moi, une petite flamme se rallume. Je ne comprends pas mais, pour le moment, je ne peux plus lutter : j’ai besoin de dormir.  

 

L’été est terminé. Il a été particulièrement orageux cette année et je pense à toi. Tu n’as pas dû beaucoup dormir, toi qui sursautais au moindre coup de tonnerre. Celui qui tonne actuellement est particulièrement violent et la pluie s’abat avec fracas sur les vitres. Mes pensées volent vers toi, où que tu sois. Je suis allongé sur ton lit. Ton odeur s’est dissipée à mon grand regret. J’ai enfin eu le courage de retirer tes draps et les mettre au lavage avant de les ranger la semaine dernière.  

 

Je laisse mon regard errer sur ton armoire qui est encore emplie des vêtements que tu as laissés. Ce n’est pas encore maintenant que je vais la vider. Cette croix-là, je ne suis pas encore prêt à la tracer. Les filles m’ont bien proposé de le faire à ma place mais j’ai refusé. C’est moi qui t’aies poussée à partir, c’est à moi de le faire. J’ai retiré tes affaires du placard de l’entrée pour ne plus devoir les affronter jour après jour. Je dois avouer : j’ai piqué ton écharpe. Sous mes airs de dur, je ne suis découvert un côté sentimental nostalgique. J’arrive à supporter ton absence, à ne plus penser à toi tous les jours. Je ne t’ai pas oubliée pour autant mais il y a des jours où ton image ne me hante pas, où ce que je vois ne me ramène pas à toi.  

 

La routine a repris. Se lever, aller au tableau, passer par le Cat’s embêter Miki et Falcon… Mick et moi allons parfois nous amuser le soir quand Kazue travaille mais nous avons tous les deux arrêté de nous mettre minables, mais pas de draguer… Ton départ a fait comprendre à Mick que tout le monde a ses limites, même toi. Il a eu peur d’atteindre celles de Kazue.  

 

J’entends du bruit dans le couloir et me lève. Notre cliente erre dans le noir. Elle est très séduisante dans cette nuisette très courte, trop courte même. Tu n’aurais jamais osé te balader ainsi même lorsqu’il n’y avait que nous deux… Une certaine irritation me gagne. Elle me regarde aguicheuse et je n’aime pas cela. Je n’aime pas être celui qu’on chasse.  

 

- J’ai peur de l’orage, monsieur Saeba., minaude-t-elle devant moi en pressant ses mains entre elles, faisant ressortir sa poitrine.  

- Comptez les moutons, ça vous passera., réponds-je sèchement.  

 

Je n’ai pas envie de la serrer dans mes bras pour la rassurer. Cette place t’est réservée pour cela. Les femmes que je tiens dans mes bras sont celles avec qui je couche. C’est bref et utilitaire. Dis comme ça, c’est très moche aussi, grimacé-je.  

 

- Vous ne voudriez pas dormir avec moi ?, continue-t-elle, une bretelle de sa nuisette tombant, dénudant un de ses seins.  

 

Je m’approche d’elle, ce qui la fait sourire. Elle doit se dire qu’elle a réussi à me séduire. Je tends le bras et remets la bretelle en place puis la pousse vers sa chambre.  

 

- Allez-vous coucher. Je suis votre garde du corps, pas votre doudou., asséné-je durement.  

 

Elle s’offusque et part se réfugier dans sa chambre. J’espère qu’elle aura compris. Même Reika s’y est cassé les dents et a fini par baisser pavillon. Elle a passé l’été à me courir après, tour à tour amicale, charmeuse, séductrice. Elle a même été jusqu’à se mettre nue dans mon lit attendant mon retour. Elle ne devait pas s’attendre à la colère qu’elle a essuyée ni à se retrouver nue sur le palier de l’appartement. Elle ne pouvait savoir que, comme ta chambre, ta place dans mon lit est sacrée. Depuis lors, elle a cessé.  

 

Je ne sais pas ce qui me pousse à faire cela, je veux dire réserver cette place que tu n’occupes plus. Est-ce que je me dis qu’un jour tu vas revenir ? Peut-être, même si ça me paraît illusoire : si tu avais dû revenir, tu l’aurais fait depuis longtemps, non ? Je ne veux pas que quelqu’un te remplace. Personne ne sera jamais à ta hauteur. En tant que partenaire, je pourrais trouver quelqu’un avec beaucoup de compétences mais pas une personne avec qui l’entente pourrait se faire sans un mot. Alors je préfère rester seul et, quand j’ai besoin d’aide, je me tourne vers Mick ou Falcon.  

 

En tant que colocataire, voire plus, toi seule était capable de me comprendre et supporter. En fait, je ne veux de personne d’autre. Je ne veux pas qu’une autre profite de ce que tu as fait de moi : un homme, non plus seulement un tueur. Oui, mon ange, tu as fait de moi un homme avec les bons et mauvais côtés : un homme capable d’aimer et de rire de bon coeur, d’aider son prochain mais aussi un homme capable de jalousie, de blesser celle qu’il aime, un homme avec des peurs, cette foutue peur qui m’a fait t’éloigner de moi. Si tu refais ta vie, maudis-moi parce que je ne veux pas que quelqu’un me remplace, trouve quelqu’un qui soit capable d’assumer ses sentiments.  

 

Je t’ai revu dans cet hôpital. Ma vie a repris un sens même avec la culpabilité que je ressens vis-à-vis de lui. Je voudrais qu’elle me quitte mais elle s’accroche. Je n’aimerai personne comme je l’aime lui mais tu es là. Je te sens bouger en moi et j’y prends plaisir au point que j’en oublie l’orage qui éclate dehors. Je sens tes mouvements en moi et je pose mes mains sur toi, apaisée. Je retiens mon souffle sous le coup de l’émotion. Je te suis reconnaissante d’être là avec moi. Tu as ramené la vie en moi. Je ne pensais plus pouvoir aimer et, même si ce n’est pas aussi intense, c’est beau et ça me suffit.  

 

Que de changements en deux mois. En sortant de l’hôpital, je suis tombée sur une de nos anciennes clientes. Quelle ne fut pas ma surprise ! Pour elle aussi d’ailleurs. On a passé un moment à discuter et elle m’a présenté à son mari. Il m’a trouvé un travail stable et correctement rémunéré au port de Nagoya. Ce n’est pas aussi trépidant que ce que nous faisions mais ça me plaît. J’ai déménagé dans une petite maison dans un quartier plus calme et j’ai retrouvé un rythme de vie normale et la forme. Le médecin m’a dit que j’étais passée par une belle porte et je veux bien le croire. J’ai presque récupéré les kilos que j’avais perdus. Je revois la vie comme avant. J’espère à nouveau, mais plus qu’il fasse partie de ma vie. Je n’y compte plus et cette douleur persistera au fond de moi jusqu’à la fin. Je m’y habitue, ta présence y contribue et parfois je l’oublie.  

 

Les mois passent et Noël est arrivé. Tu es venu emplir cette maison de ta présence. Moi qui avais pensé quand je suis partie de Tokyo passais le reste de mes Noëls seule, je dois dire que, pour une fois, la vie a été clémente avec moi. Ta présence calme et silencieuse, tes gestes sont pour moi autant de baume pour le coeur. Tu sais me montrer quand tu as besoin de moi, quand tu es heureux… Tu ne me caches pas tes sentiments et ça me fait du bien. Je souris : même nos nuits sont agitées et je n’aurais pas cru que ton arrivée transformerait ma vie à ce point. Il était déjà si présent dans ma vie que je ne pensais pas qu’un autre homme me ferait cet effet-là…  

 

Ca me fait drôle de savoir que lorsque je rentre le soir, tu es là, de dormir à tes côtés, contre toi même, de pouvoir te serrer contre moi quand l’envie me prend, de pouvoir te caresser quand je le veux et que tu ne me fuis pas. Tu en redemandes même. Pas de bavardages inutiles entre nous, pas d’insultes ou paroles méprisantes non plus. Tu es peu prolixe mais il ne m’a pas habituée non plus aux grands discours. Ca me convient. Tant que tu es là et que tu m’aimes, ça me suffit. Un jour, tu partiras peut-être mais, pour le moment, profitons de ce que nous avons… Je t’aime, mon coeur rebat, ma vie est à nouveau en couleur et ça me suffit.  

 

Je regarde la neige tomber en fumant sur le toit. Une dernière bouffée et je descends les escaliers jusqu’au garage. J’ai rendez-vous au Cat’s pour fêter Noël avec nos amis. Mon premier Noël sans toi depuis combien six sept ans ? J’espère que tu n’es pas seule, que tu as trouvé des personnes qui t’entourent. Peut-être as-tu pris un rôle de bénévole auprès d’un orphelinat comme tu l’avais fait ici ? Les enfants étaient tristes de ne pas te voir aujourd’hui. Oui, j’ai été faible. J’y suis passé. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être espérais-je t’y trouver ou tout du moins qu’ils aient de tes nouvelles ? Mais non. Tu leur as bien envoyés une carte mais c’est tout. Tu ne dis rien sur toi. La carte me rassure juste sur le fait que tu es vivante. Je ne sais pas comment tu t’y es prise mais elle porte le cachet de Tokyo et je sais que tu n’y es pas.  

 

Ca m’a fait sourire. Tu restes sur tes gardes. En même temps, ça me rend triste car ça veut aussi dire que tu ne rentres toujours pas… Oui, je m’accroche toujours à ce fol espoir que tu rentreras un jour… J’arrive au Cat’s où Miki m’accueille à bras ouverts. Je ne lui saute pas dessus, ni sur aucune des jeunes femmes présentes pourtant toutes ravissantes. J’ai arrêté de prétendre en leur présence. Il n’y a que dehors que je continue mes sempiternelles séances de drague pour donner le change aux malfrats. Pour eux, le monde n’a pas arrêté de tourner et presque tous les mois, je me retrouve pris dans un duel dont je sors vainqueur à chaque fois et j’espère que ça continuera…  

 

- Elle t’a envoyé une carte ?, me demande Saeko.  

- Non. Elle en a envoyé une à l’orphelinat.  

- D’où provenait-elle ?, m’interroge Mick, curieux, qui s’est approché comme le font tous les autres d’ailleurs.  

- De Tokyo…, réponds-je, provoquant la déception de tous.  

- La petite a de la ressource. Vous ne la retrouverez pas si elle ne le veut pas., nous dit Falcon.  

 

Je sais qu’il a raison. Tu étais bien plus compétente que je te le laissais entendre.  

 

- J’espère qu’elle n’est pas seule. Kaori adore Noël et surtout voir la joie sur les visages de chacun. Alors même si elle n’est pas avec nous, j’espère qu’elle n’est pas seule., déclare Miki, les larmes aux yeux.  

- Ce qu’elle n’accepterait pas, c’est que nous pleurions sur son sort. Il faut garder espoir., leur dis-je.  

 

Ce qui me vaut plusieurs regards étonnés. C’est vrai que ce n’est pas le mot que j’utilise le plus souvent face à eux. Je suis plutôt le stéréotype du mec blasé et réaliste, voire cynique. Mais tu as changé la donne. J’ai même déjà choisi ma bonne résolution pour la nouvelle année. C’est une première pour moi qui n’en ai jamais prise. Si tu rentres, je te dirai enfin tout ce que j’ai sur le coeur et je te laisserai faire partie de ma vie si tu le souhaites encore.  

 

Je regarde par la fenêtre le feu d’artifice qui éclate dans la baie de Nagoya, annonçant le début de cette nouvelle année. Je sens la chaleur de ton corps contre le mien, ta sérénité m’apaise. Je n’ai qu’une seule résolution cette année : profiter de tous les moments heureux que la vie m’offre. Le Bonheur tout comme l’Amour ne sont pas faits pour moi, alors je prendrai ce qui viendra et t’avoir dans ma vie en fait partie. Je rencontre ton regard et il me bouleverse. J’ai l’impression que tu sondes mon esprit. Je suis à toi. Il est loin et tu es là. Je suis à toi. Ne t’inquiète donc de rien. J’ai appris à vivre sans lui, j’apprends à vivre avec toi. 

 


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