Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 23 capitoli

Pubblicato: 15-11-09

Ultimo aggiornamento: 19-12-10

 

Commenti: 227 reviews

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DrameGeneral

 

Riassunto: Le piège n'est pas toujours là où l'on croit...

 

Disclaimer: Les personnages de "Mission G" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Mission G

 

Capitolo 3 :: Un goût amer

Pubblicato: 12-12-09 - Ultimo aggiornamento: 12-12-09

Commenti: Coucou à tous et à toutes! Vos interrogations et vos encouragements sont d'une grande motivation! Vous vous inquiétez pour City Hunter et vous vous demandez si cela va s'arranger... je vous laisse lire. Un grand MERCI à ma Béta Cris qui même dans l'urgence fait des merveilles! Bon Week-end! Bisouss!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

Kaori était rentrée tard au milieu de la nuit. A pas de velours, elle s’était dirigée directement vers sa chambre, guidée par le sommeil qui la gagnait. Beaucoup de choses tournaient dans sa tête mais elle ne voulait pas y penser. L’heure ne se prêtait n’y à une analyse n’y à une prise de tête sur ce que son partenaire lui avait encore caché. Elle voulait avoir les idées claires pour y songer. Peut-être que Ryô avait réellement une bonne excuse, cette fois-ci. Peut-être n’était ce pas aussi grave que ce qu’elle imaginait. Malgré elle, Kaori lui laissait toujours le bénéfice du doute. A peine changée pour la nuit que déjà elle rejoignait Morphée pour un repos bien mérité.  

 

Dans sa chambre, Ryô plongé dans le noir, scrutait l’obscurité et avait guetté silencieusement le retour de la jeune femme. Il fut soulagé de ressentir à nouveau la présence de sa partenaire en ces lieux. Elle était enfin rentrée. Machinalement il nota l’heure sur le réveil qui affichait quatre heures passées et vu la faible aura que dégageait Kaori, elle passerait une bonne partie de la matinée à dormir. Ryô se dit qu’elle avait bien gagné ce droit au repos étant donné la soirée qu’elle avait enduré avec le sourire.  

Il se sentait responsable de sa fatigue et de sa lassitude qui s’installait entre eux depuis un moment. Il avait cette pénible sensation qu’il la perdait. Elle s’éloignait de lui. Et il savait qu’il l’avait profondément blessée ce soir par son mensonge. C’était LE mensonge de trop. Surtout dans ce contexte dont elle ignorait tout, une mission d’infiltration et avec cette personne pour partenaire : Reika. Ryô avait du mal à l’admettre mais ce mensonge avait le goût amer d’une trahison. Il s’était fait prendre la main dans le sac. Si Ryô avait prêté un minimum d’attention à ce que sa partenaire faisait, si lui-même l’avait informée de ses occupations, il n’en serait pas là à se triturer les méninges. Il avait voulu la préserver… non, il devait être honnête, au moins envers lui-même : c’était lui qu’il avait voulu préserver. Ryô savait depuis longtemps qu’il perdait toute concentration si Kaori l’accompagnait lors d’une mission. Il refusait de lui faire courir le moindre risque, il refusait qu’elle sombre un peu plus chaque jour dans son monde. Plus il voulait protéger sa partenaire et plus il s’y perdait. Il faisait tout de travers.  

Il espérait malgré tout que les choses se tasseraient comme à l’ordinaire ; que Kaori lui pardonnerait encore « ses écarts de jugement » ; qu’ensemble ils redeviendraient le duo qu’il affectionnait tant même s’il ne le reconnaissait pas ouvertement.  

Ryô soupira amèrement. Même avec toute la bonne volonté qu’il aimerait y mettre, il doutait y parvenir. Face à Kaori, il perdait tous ses moyens. Que ce soit professionnellement ou personnellement, la situation était la même : Ryô ne pouvait se résoudre à la lier complètement et irrémédiablement à lui. C’était sur ce bien terne constat que Ryô finit lui aussi par s’assoupir et ses rêves n’étaient pas peuplés de diverses créatures mais seulement d’une femme qu’il n’arrivait plus à garder auprès de lui.  

 

 

Kaori souriait. Elle dormait encore paisiblement. Elle se sentait détendue et n’avait aucune envie de quitter son nid douillet. Mais le soleil qui perçait à travers les volets en avait décidé autrement. Kaori se renfrogna et se cacha sous sa couette. Elle ne voulait pas encore se lever. Des brides de la soirée lui revinrent alors en mémoire : le sourire narquois de Reika, la tromperie de Ryô et la gentillesse de Kan. Kaori était perdue dans ses émotions. Pourquoi Ryô avait prétexté une soirée de débauche avec Mick juste pour ne pas avoir à l’accompagner elle à cette soirée ? Pourquoi Ryô lui avait-il menti pour y aller quand même en compagnie de cette vipère de Reika ? Kaori s’était sentie humiliée et insignifiante en apprenant le choix de Ryô de la bouche moqueuse de la détective. Cela ne faisait que renforcer le fait qu’entre Ryô et Kaori plus rien ne marchait. Ce qui les unissait d’ordinaire était en train de céder. La déception, la tristesse et le dégoût envahirent le corps camouflé sous les draps. Un doute perfide et insidieux s’insinua dans son cœur : si Ryô et Reika entretenaient une liaison ? Kaori refusait de croire ce qui se dessinait dans son imagination et pourtant cela lui paraissait si vraisemblable. Comme pour calmer ce cauchemar qui prenait forme, une autre silhouette s’imposa, venant tout bouleversé. Ses yeux noirs et doux, sa voix chaude et rassurante, Kan avait su détourner le malaise de la jeune femme. Elle se faisait des idées. Elle sourit en y repensant que finalement, tout n’était pas bon à jeter dans cette soirée qui lui avait semblée désastreuse par moment.  

Elle repoussa vivement sa couette et s’étira longuement. Son réveil lui indiquait midi pile. Il était bien rare qu’elle se lève aussi tard mais elle ne regrettait pas cette grasse matinée. Elle se sentait pleine d’énergie et le soleil qui inondait la pièce lorsqu’elle ouvrit ses volets la dynamisait encore plus.  

Après une bonne douche, Kaori se prépara un bon café. Elle revint dans le salon avec une tasse fumante entre ses mains et enclencha la chaîne hi-fi : une musique douce et entraînante résonna dans l’appartement.  

 

Pour échapper aux rayons du soleil qui tentaient de parvenir jusqu’à lui, Ryô avait enfoui sa tête dans son oreiller. Il avait encore sommeil et pour rien au monde il se lèverait d’aussi bonne heure. Cependant son ouïe lui indiquait que Kaori s’était levée et s’activait déjà. Il pouvait sentir la bonne odeur du café chaud se répandre dans l’appartement. A la manière qu’avait Kaori de se mouvoir et au rythme de la musique qui se répandait dans l’habitation, Ryô percevait sa bonne humeur qui le gagna lui aussi très vite. Ryô profita pleinement de cette douceur que lui offrait sa partenaire sans même le savoir. Kaori ne se doutait pas de tout ce qu’elle lui procurait comme sensations juste par sa simple présence. La paix et le bien être étaient des choses rares et précieuses pour un homme tel que Ryô et il en savourait chaque instant. Il décida qu’il était temps de la rejoindre.  

 

Ryô s’arrêta en haut des marches pour admirer sa partenaire. Celle-ci s’activait à remettre un peu d’ordre dans le salon en chantonnant. Elle portait un petit top moulant couleur crème et une jupe qui semblait bien courte car elle dévoilait agréablement les magnifiques jambes de Kaori. En fin connaisseur, Ryô posa sur les courbes féminines un regard appréciateur qui le fit se perdre momentanément dans ses pensées. Il se reprit rapidement et fit comme si de rien n’était.  

 

- Bonjour ! Lança-t-il.  

 

- Ryô ? Répondit-t-elle en sursautant. Tu m’as fait peur ! Déjà debout ?..., demanda-t-elle en continuant de remettre les coussins en ordre sur le canapé.  

 

- Si tu chantais moins faux et faisais moins de boucan, tu m’aurais entendu arriver… Lâcha le nettoyeur en se rendant à la cuisine.  

 

Ryô se rabrouait mentalement, c’était plus fort que lui, il fallait qu’il lui balance une vacherie. Il avait été vexé qu’elle ne réponde pas à son bonjour et direct il entamait les représailles. « Chasser le naturel, il revient au galop », pensa-t-il tristement. Cela lui coupa l’appétit et il se servit juste une tasse de café. Il but une longue gorgée avant de rejoindre le salon et d’affronter sa partenaire. Vide. Le salon était vide. Kaori n’était plus là, elle avait déserté les lieux. « Tu as tout gagné Ryô… » Pesta-t-il contre lui-même.  

Sa bonne humeur s’était envolée avec la fuite hâtive de Kaori. Pas de cris, pas de massue mais une totale indifférence, encore. Pourtant elle était toujours là, il le sentait. Suivant son intuition, Ryô localisa sa partenaire et alla la rejoindre. Il ne savait pas encore ce qu’il allait lui dire ni comment il entamerait le sujet mais il tenterait au moins de se faire amender pour la soirée d’hier.  

 

Kaori n’avait pas eu envie de relever la remarque déplacée de son partenaire. Elle ne le laisserait pas gâcher sa bonne humeur par ses phrases insolentes dont lui seul avait le secret. Elle ne voulait pas non plus entamer la conversation sur la soirée d’hier. C’était à lui de s’expliquer. Elle en avait marre de venir à lui. Etrangement, Kaori n’avait pas ressenti le besoin de répliquer quoi que ce soit verbalement ou physiquement. Cela la surprit elle-même mais elle chassa rapidement son partenaire de ses pensées. De toute manière, elle avait mieux à faire. Mettre le linge à sécher n’était pas des plus palpitants mais Kaori appréciait la fraicheur du tissu qui contrastait avec la chaleur du soleil. Là sur le toit, elle se sentait libérée de toute contrainte. Elle comprenait pourquoi son partenaire venait s’y réfugier. Alors qu’elle terminait d’accrocher le dernier drap, Kaori sentit la présence de Ryô dans son dos. Pourquoi était-il là ? Elle pensait que comme à l’accoutumée, il aurait cherché à éviter tout contact direct avec elle. D’ailleurs la remarque qu’il lui avait faite un peu plus tôt montrait bien qu’il ne se reprochait rien, que les choses continuaient leur cours comme si de rien était.  

Elle attrapa sa corbeille posée à terre et entreprit de redescendre.  

Alors qu’elle arrivait à sa hauteur, elle attendit qu’il se décale de lui-même étant donné qu’il lui bloquait l’accès à l’appartement.  

 

Ryô était monté avec une certaine appréhension, cherchant mentalement quoi lui dire. Cela ne ressemblait pas à Kaori de ne pas réagir à ses remarques. Cela faisait un moment d’ailleurs qu’elle ne réagissait plus. Elle se montrait distante et presqu’imperturbable face à ses propos. Ryô savait bien qu’il était le seul responsable de ce comportement chez la jeune femme. Il avait trop tiré sur la corde et maintenant Kaori ne se battait plus. Elle se détournait de lui. Comment réagir quand la personne face à vous reste indifférente à votre présence ? Ryô savait comment répondre quand Kaori s’emportait contre lui, laissant libre court à ses émotions à tort ou à raison, il savait dévier les choses en faisant l’imbécile ou en jouant la carte de l’homme sûr de lui, ce qui ne manquait pas de déstabiliser la jeune femme et de lui faire oublier pourquoi elle le réprimandait. Mais là, Kaori ne lui laissait même pas la possibilité de faire comme à son habitude. Elle ne voulait pas de ses pirouettes verbales, elle voulait des explications et que ce soit lui qui fasse le premier pas.  

 

Arrivé sur le toit, Ryô était resté sur le seuil à l’observer. Elle s’activait dans des tâches qu’elle faisait mécaniquement. Le soleil lui donnait plus d’éclat et le vent faisait virevolter sa jupe. Il n’y avait rien à rajouter ni à enlever pour qu’elle soit belle. Il était troublé par l’image qu’elle lui renvoyait.  

Ce ne fut que quand elle arriva près de lui que Ryô reprit contact avec la réalité. Elle le regardait avec impatience et lassitude. Qu’attendait-elle de lui ? Si elle pouvait lui souffler les mots qui rétabliraient les choses et apaiseraient cette situation, il les lui dirait immédiatement. Sa bouche voulut parler mais il se retint. Ce qui allait en sortir ne serait pas bon ni pour Kaori ni pour lui. Et ces yeux noisettes qui le fixaient sans comprendre ; sans même ne plus chercher à comprendre.  

 

Kaori comprit dans ce silence et cette immobilité que Ryô attendait que ce soit elle qui ouvre le débat. Si elle voulait savoir, à elle de demander. Si elle voulait souffrir, à elle de lui tendre le bâton pour se faire battre. Elle resserra la corbeille contre elle, ils ne pouvaient pas rester sur le toit indéfiniment. Elle capitula et lança sans détour ce qui la perturbait le plus :  

 

- Tu m’as mentie ! Si tu ne voulais pas y aller avec moi, il suffisait de le dire ! Mais non, cela aurait été trop facile ! Autant raconter un bobard et apprécier par la suite ma réaction devant le fait accompli ! C’est bien plus marrant ! Et depuis combien de temps ça dure ton petit manège ? Vous devez bien rire de me savoir dans l’ignorance de votre relation ! Est-ce que tu comptais me le dire qu’avec Reika…  

 

Kaori n’arrivait pas à le formuler. Même si elle avait voulu balayer cette idée, la simple éventualité que Ryô et Reika puissent être plus intimes lui donnait la nausée. Malgré elle ce doute se renforçait. Ses yeux s’embuèrent mais Kaori ne lui donnerait pas cette satisfaction. Il restait là, sans bouger ni même réagir. Kaori souffla son écœurement en pensant qu’il ne valait mieux pas qu’elle en sache plus et lui ordonna de la laisser passer.  

 

Ryô avait encaissé sans broncher les reproches de Kaori et se rendit compte qu’elle se méprenait. Il ne pouvait pas la laisser croire qu’il était avec Reika à cette soirée pour une autre raison qui ne soit pas professionnelle.  

 

- Tu te trompes… ce n’est pas ce que tu crois, avec elle ce n’est que pour le boulot…  

 

Ryô se sentait responsable de ce malaise entre eux mais il pensait également être dans son droit de choisir qui était le plus apte à l’accompagner lors d’une mission. C’était lui le professionnel, lui seul pouvait juger avec qui et comment mener une enquête à sa réussite. Kaori n’en faisait pas toute une histoire lorsqu’il faisait équipe avec Mick et le fait qu’il travaillait avec Reika ne changeait rien à ses objectifs.  

Ryô guetta la réaction de Kaori, elle devait comprendre qu’elle n’avait pas son mot à dire sur cette situation. Elle devait faire la part des choses comme lui le faisait. Elle ne pouvait pas contredire ses choix professionnels, elle devait les accepter et lui faire confiance. Ryô perçut dans le regard noisette une fêlure dans ce qu’il venait de dire, puis le regard féminin se fit plus dur comme si soudain l’évidence était faite. L’instinct du nettoyeur l’avertit que ces mots avaient fait leur chemin dans l’esprit de Kaori et Ryô se raidit en attendant la sentence.  

 

Une vague de froid envahit Kaori. Cette annonce lui fit l’effet d’un coup porté en plein cœur. Ryô ne l’avait jamais vue et appréciée en tant que femme et Kaori savait que Reika avait nettement plus d’atouts de ce côté. Les imaginer batifolant dans sont dos lui était déjà pénible. Alors elle s’était raccrochée au fait qu’ils étaient au moins à égalité en étant partenaires. Que ça personne ne lui l’enlèverait, pas après tout ce qu’ils avaient partagé et surmonté. Et en quelques mots, Ryô venait de tout balayer : non seulement elle n’était pas une femme selon les critères de cet homme mais elle valait encore moins en tant que partenaire.  

 

- Alors ça c’est la meilleure ! Merci ! Ironisa Kaori alors que Ryô portait sur elle un regard surpris et nerveux. Vu que tu en es rendu à enfin me dire la vérité, si avec Reika c’est « professionnel »… avec moi c’est QUOI ?!!  

 

Rien. Ryô ne répondit rien. Il s’était attendu à une autre réaction de sa part : qu’elle lui rappelle à grand renfort de massue que c’était elle et seulement elle sa partenaire, mais pas à ce qu’elle le toise avec cet éclat d’ironie et de défi dans la voix. Que pouvait-il lui dire qu’elle accepterait d’entendre ? Rien. Il avait eu tort sur toute la ligne. Il s’était persuadé de sa logique et s’attendait à ce qu’elle lui en veuille et qu’elle l’accable de tous ses maux, il l’aurait bien mérité. Mais pas à ce qu’elle le mette au pied du mur et lui demande ce qu’elle représentait pour lui, là comme ça sans prévenir. Cela il ne pouvait le lui avouer. Tout mais pas ça.  

 

- Ton silence en dit long. Il n’y a donc plus de mot pour nous définir…, constata douloureusement Kaori.  

 

Ryô sentit la main de Kaori se poser sur son bras et cela lui fit l’effet d’une décharge électrique. Elle le poussa sans ménagement et quitta le toit en dévalant hâtivement les escaliers. Un bruit sourd lui parvint juste avant que la porte d’entrée ne claque. Comment en étaient-ils arrivés là ? Le peu qu’il disait se retournait irrémédiablement contre lui.  

Le regard vide et la tête prise dans un étau, Ryô descendit à son tour et remarqua la corbeille lâchée là au milieu du salon.  

Il prit sa veste et sortit à son tour. Il ne pouvait pas laisser Kaori déambuler seule dans cet état d’esprit et surtout dans cette tenue. Remontée comme elle l’était après lui, elle ne verrait pas si un danger survenait.  

 

Ryô avait très vite retrouvé Kaori dans les rues calmes de Shinjuku. Il n’avait pas eu de mal à deviner sa destination : le Cat’s. Cependant il avait gardé une distance respectable avec elle. Il se doutait bien qu’elle n’apprécierait pas sa présence et il ne voulait pas avoir à faire au couple de mercenaires qui n’hésiterait pas à se ranger du côté de la jeune femme. Rassuré de la savoir avec eux dans le café, loin des regards indiscrets, Ryô observa sa partenaire à la dérobée avant de s’éloigner le cœur meurtri par cette situation. Il n’avait aucun argument à opposer à la déduction de la jeune femme.  

La journée s’annonçait moins bonne qu’elle n’avait commencé.  

 

***********************************************************************  

 

Et les jours avaient continué à se passer de la même manière : de la distance, des mots lancés dans le vide, des regards qui s’évitaient, un quotidien qui se noyait dans l’absence de l’autre. Il n’y avait plus ces réveils dynamiques où Ryô faisait semblant de rêver à d’autres femmes pour attirer l’attention de Kaori car la jeune femme ne prenait même plus la peine de venir le sortir du lit. Il n’y avait plus ces coups de massues dès qu’il avait un comportement déplacé puisque Kaori détournait le regard. Ni Ryô ni Kaori n’entamait une quelconque trêve. Ryô qui s’était persuadé que le temps calmerait les choses, ne savait plus comment approcher la jeune femme qui s’enfermait dans un profond mutisme en sa présence. L’appartement était devenu un lieu de non-dits où chacun coexistait avec l’autre sans réellement le voir. Ils vivaient à part l’un de l’autre. Les rares moments où ils s’adressaient encore la parole et donnaient le change, étaient lorsqu’ils se retrouvaient avec leurs amis communs. Ces derniers n’étaient pas dupes face à ce qui se jouait devant eux mais personne n’avait de solution à ce dilemme : City Hunter, le duo de choc était en péril et tous en souffraient.  

 

Ryô avait même tenté de se faire un peu plus conciliant avec Kaori pour essayer de calmer les choses. Il s’était proposé de lui-même pour l’accompagner aux courses, tâche qu’il ne faisait jamais. Kaori s’était montrée suspicieuse à cette proposition et alors qu’elle réfléchissait à la possibilité de lui laisser une chance même infime, elle avait répondu au téléphone dont la sonnerie avait suspendu la grâce éventuelle que Kaori aurait accordé à Ryô. A cet instant, Ryô su que sa chance était passée, Kaori l’avait regardé froidement en lui tendant le combiné :  

 

- Ta partenaire à besoin de toi !  

 

Ryô se doutait de qui elle parlait et prit le téléphone à contrecœur. Lorsqu’il eut finit sa conversation, il se retourna pour constater que Kaori attendait de savoir ce qu’il comptait faire. Elle le fixait sans craintes, les bras croisés sur sa poitrine.  

 

- Je dois m’absenter. On remet ça à plus tard ? Tenta-t-il.  

 

- Oui bien sûr, je vais rester là à attendre que tes disponibilités coïncident avec les miennes… vas donc jouer le compagnon dévoué et charmant auprès de Reika !  

 

- Arrêtes de te faire des films ! Pour info je ne suis que son garde du corps aux yeux de notre cible ! S’emporta Ryô qui n’appréciait pas la désinvolture et les sous-entendus qu’affichait Kaori.  

 

- Alors vas la protéger ! Je sais que dans ce genre de cas tu n’hésites pas à donner de ta personne ! Affirma Kaori en faisant référence à son comportement pervers et entreprenant avec les femmes.  

 

- Non mais tu ne vas pas me faire une crise de jalousie ?! Primo, je ne mélange pas boulot et plaisir dans cette situation et secundo, on n’est pas un couple toi et moi ! On est…  

 

- Rien ! Finit Kaori en le défiant du regard.  

 

Ryô allait répondre quand un coup de klaxon retentit dans la rue. Il savait que c’était Reika qui l’attendait.  

 

- Vas-y, on ne fait pas attendre une femme ! Claqua la voix froide de Kaori alors qu’elle s’éloignait à l’étage.  

 

Ryô serra des poings à s’en faire pâlir les phalanges et porta sa colère contre le mur qui s’effrita quelque peu devant le coup porté avec violence. Il s’efforça de reprendre un minimum de contenance avant de rejoindre Reika qui s’impatientait.  

Cette affaire commençait à sérieusement l’agacer et tant qu’elle durerait, rien ne s’arrangerait avec Kaori qui n’était pas prête à lui pardonner.  

 

Alors que le duo s’engluait à cause et malgré eux, Kaori se préparait pour son déjeuner avec Eriko. Depuis le gala une semaine s’était écoulée et son amie n’avait pu se rendre disponible plus tôt tant elle était prise dans les derniers préparatifs de son voyage pendant lequel elle devrait s’absenter plusieurs semaines. La styliste l’avait appelée plus tôt dans la matinée pour lui dire qu’elle avait de bonnes nouvelles qu’elle voulait lui annoncées de vive voix avant son départ à l’étranger. Kaori essayait de se concentrer sur tout ce qui n’était pas Ryô. Ryô qui était avec Reika et elle se moquait bien de savoir où il était et ce qu’il faisait. L’espace d’un instant, Kaori avait voulu croire que Ryô aurait fait un effort, un geste vers elle, mais elle s’était leurrée. Elle ne faisait pas partie des priorités du nettoyeur. Sa mission passait avant elle. Reika passait avant elle. Il y avait toujours un mur entre eux. Un mur qui se renforçait et Kaori n’était plus certaine de vouloir l’abattre. Leur lieu de vie était encore la seule chose qu’ils avaient en commun. Kaori refusait d’y penser mais la question viendrait à un moment ou un autre : combien de temps encore accepterait-elle cette situation ? Ils n’étaient pas un couple comme Ryô le lui avait galamment dit, ils n’étaient plus des partenaires alors qu’étaient-ils ?  

 

Kaori soupira et secoua la tête en se détaillant dans le miroir. Tout cela n’avait que trop duré mais elle voulait se laisser encore un peu de répit.  

En attendant, toute échappatoire pour ne pas y penser était bonne à prendre. Cela lui ferait le plus grand bien de s’aérer l’esprit en compagnie d’Eriko.  

 

A peine Kaori entra-t-elle dans la boutique, qu’Eriko lui sauta littéralement dessus. La jeune femme était enjouée et rêveuse :  

 

- Je suis sur un petit nuage et ça grâce à toi ! Félicita-t-elle.  

 

- Je suis heureuse pour toi mais tu peux m’expliquer pourquoi ?  

 

- Depuis la soirée de bienfaisance, les demandes affluent mais devines quoi ?  

 

- Je donne ma langue au chat…, se moquait Kaori en voyant son amie sautiller d’impatience.  

 

- C’est la robe que tu portais qui a remporté les enchères !  

 

- Oh… celui qui l’a achetée va faire une heureuse en plus d’une bonne action. Se réjouissait Kaori.  

 

- Tu ne crois pas si bien dire…, fit Eriko en disparaissant dans l’arrière boutique.  

 

Très vite la styliste revint en tenant sur un cintre la fameuse robe que Kaori portait à la soirée.  

 

- Il y a des ajustements à faire ? Demanda Kaori surprise que le vêtement soit ici.  

 

- Non, minauda Eriko.  

 

- Alors quoi ? Vas-y parle, tu en meurs d’envie.  

 

- Elle est pour toi ! Lâcha Eriko avec un sourire radieux.  

 

- Comment ? Mais ce n’est pas possible. Il doit y avoir une erreur. Qui ? Interrogea Kaori complètement submergée que quelqu’un lui fasse un tel présent.  

 

- Les enchères étant secrètes, pour le savoir il faut lire la carte qui a accompagnée la livraison de la robe ce matin. Trépignait Eriko en tendant une petite enveloppe à Kaori.  

 

Kaori prit le pli qu’elle décacheta fébrilement et parcouru les quelques mots griffonnés avec soin.  

 

- Alors ? Qui est-ce ? S’empressa de demander Eriko.  

 

- …  

 

- Kao ? Tu vas parler oui ! S’énervait la styliste tant sa curiosité grandissait avec le silence de son amie.  

 

- Eri, je suis désolée mais on va devoir remettre le repas à une autre fois. J’ai deux mots à dire à cet homme. Lança Kaori en emportant la robe pour quitter le magasin.  

 

Sous le choc de cette réponse à laquelle Eriko ne s’attendait pas, la jeune femme réagit tardivement au départ soudain de son amie :  

 

- Tu devras quand même me dire qui !! Cria-t-elle à l’entrée de la boutique sous le regard interrogateur des passants. Mais j’ai bien l’impression que je vais devoir patienter jusqu’à mon retour de voyage d’affaire…, pleurnicha-t-elle la tête baissée et sa curiosité inassouvie.  

 

Kaori culpabilisait d’avoir quitté son amie de la sorte mais elle ne pouvait accepter cela de la part d’un inconnu. Il n’était pas réellement un inconnu vu qu’elle connaissait son nom mais ce qu’il lui « offrait » n’était pas décent. Même si elle devait lui être reconnaissante pour ce qui s’était passé, il n’avait pas le droit de la traiter ainsi. Pour qui se prenait-il ? Ils ne se connaissaient pas suffisamment pour cela. Elle l’avait même presque oublié depuis le gala de charité. Elle l’avait catalogué comme un homme riche qui se croyait tout permis, malgré son charme évident. Elle n’avait eu aucune intention de le revoir. Ils étaient trop différents : lui appartenant au monde des affaires et elle… elle n’avait pas la même classe que lui.  

Il n’y avait pas d’adresse sur le mot joint à la robe mais Kaori avait gardé la carte qu’il lui avait donnée. C’était son adresse professionnelle et elle avait de grandes chances de l’y trouver.  

Elle se gara devant l’immeuble où étaient situés les bureaux de son « bienfaiteur ». C’était impressionnant : il y avait plus d’une vingtaine d’étages et les vitres ne laissaient rien paraître de ce qui se trouvait à l’intérieur. Kaori entra dans le hall et se dirigea vers l’accueil.  

 

- Bonjour, je souhaiterai voir Monsieur Makito s’il vous plaît. Demanda-t-elle à la standardiste.  

 

- Bonjour. Vous avez rendez-vous ? Demanda l’employée en détaillant ouvertement Kaori.  

 

- … non mais pouvez-vous lui dire que Mademoiselle Kaori Makimura est là ? Continua Kaori sans prêter attention à ce regard examinateur.  

 

- Il est en réunion et ne peut être dérangé. Voulez-vous laisser un message ?  

 

- Non, je vais attendre qu’il ait fini. Lâcha Kaori en allant s’installer dans un des fauteuils mis à disposition dans un coin aménagé pour les visiteurs.  

 

Kaori vit l’hôtesse d’accueil décrocher son téléphone et quelques minutes plus tard un agent de sécurité vint voir de quoi il retournait :  

 

- Mademoiselle, je suis navré mais vous ne pouvez pas rester là. Prenez un rendez-vous ou laisser un message et Monsieur Makito vous appellera dès que son emploi du temps le lui permettra. Lui annonça-t-il sans détour.  

 

Kaori allait répliquer lorsqu’une voix se fit entendre :  

 

- Kaori ! Quelle joie de vous voir ici. Pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu de sa présence ? Demanda l’homme à l’égard de l’hôtesse qui se défendait en rappelant que lui-même avait donné l’ordre de ne pas être dérangé. Peu importe, je peux faire exception pour cette charmante personne, fit-il en congédiant le vigil et en allant s’asseoir aux côtés de Kaori. Que me vaut l’honneur de votre visite ? Lui demanda-t-il.  

 

- Je viens vous rendre votre « cadeau », répondit-elle en lui tendant la robe.  

 

- Elle ne vous plaît pas ? Je pensais que vous seriez heureuse de la porter à nouveau.  

 

- Je ne suis pas le genre de femme qui aime parader en robe de soirée, offrez-la donc à une de vos conquêtes ! Et ce n’est pas parce que vous l’avez achetée à prix d’or que cela vous donne un quelconque droit sur moi ! S’énerva Kaori.  

 

Makito sourit à la jeune femme. Elle était là, devant lui droite et fière, et lui dictait sa conduite sans crainte alors que d’ordinaire, les femmes qu’il rencontrait se flattaient de la moindre de ses attentions sans jamais chercher à le contredire. Mais pas elle.  

 

- Je ne voulais pas vous manquer de respect. Veuillez m’excuser. De toute manière je ne vois pas à qui je pourrai offrir cette robe à part vous. Elle perdrait de son éclat sur une autre femme. Et le prix n’est pas un souci, j’aurai même payé le double s’il avait fallu.  

 

Kaori resta sans voix. Elle ne connaissait pas le montant des enchères pour cette robe mais elle se doutait que ce n’était pas une vulgaire petite somme. Et cet homme affichait sans détour qu’il n’était pas au yen près, dépenser sans compter était une broutille pour lui. Kaori détestait ce genre de personne qui se vantait d’avoir les moyens de satisfaire leur moindre caprice avec excentricité.  

 

- Je ne sais pas à quoi vous vous attendiez en faisant cela mais vous êtes vraiment imbu de vous-même. Vous croyez qu’il suffit de payer pour obtenir les choses mais l’argent n’achète pas tout ! Au moins la somme qu’a rapportée cette robe servira vraiment à quelque chose d’utile mais qui vous dépasse ! Affirma Kaori en se levant pour clore cette conversation.  

 

Elle le salua et tourna des talons en laissant la robe sur le fauteuil. Le monde du strass et des paillettes la dégoûtait. Comment les gens pouvaient être aussi aveugles face à la souffrance de ce monde et faire étalage de leur richesse sans honte.  

 

- Attendez ! Kaori ! S’il vous plaît, montrez-moi. Insista l’homme d’affaire en la rejoignant et en tenant la robe entre ses mains.  

 

- Vous montrer quoi ? Fit Kaori surprise par cette demande.  

 

- « Ce qui me dépasse », je veux comprendre.  

 

Kaori scruta les prunelles sombres de l’homme pour y chercher l’erreur. Un homme tel que lui ne pouvait s’intéresser de la sorte aux propos idéalistes de la jeune femme, pourtant il paraissait sincère dans sa demande.  

 

- Très bien. Suivez-moi. Lâcha-t-elle en quittant l’immeuble.  

 

- Annulez tous mes rendez-vous pour cet après-midi, exigea l’homme d’affaires à l’encontre de la standardiste en disparaissant à l’extérieur.  

 

 

Au dernier étage dans le bureau de Makito, deux personnes attendaient son retour. L’homme d’affaire s’était excusé un moment après avoir jeté un œil sur son moniteur vidéo qu’il avait pris soin d’éteindre en sortant.  

Les clients avaient tout le loisir de détailler les lieux mais rien n’était laissé à la vue indiscrète des visiteurs : les tiroirs étaient fermés à clef, l’ordinateur et l’écran de contrôle verrouillés par un mot de passe. L’homme qui poursuivait sa fouille du se rendre à l’évidence, ce n’était pas ici qu’il trouverait les preuves nécessaires pour clore son enquête.  

 

- Il nous prend pour qui ce demeuré ! Il nous laisse en plan sans prévenir ! Il croit qu’on a que ça à faire, l’attendre ?! S’agaçait Ryô qui voyait déjà cette mission s’étirer en longueur.  

 

Son self-control commençait sérieusement à diminuer. Dès le début de cette mission, tout partait en vrille. Ryô n’appréciait déjà pas ce Makito et le fait qu’il disparaisse ainsi n’allait pas faciliter leur tâche à boucler cette enquête. Kaori qui ne lui adressait même plus la parole ou alors pour seulement lui rappeler quoiqu’il dise il avait tort, était pour beaucoup dans son humeur exécrable. Ryô voulait en finir et vite. Foutre ce « m’as-tu vu » de Makito derrière les barreaux et retrouver sa vie d’avant avec sa vraie partenaire.  

Il retourna s’asseoir auprès de sa compagne qui n’avait cessé de le regarder s’agiter :  

 

- On dirait que tu es pressé d’en finir ? Pourtant tu devrais savoir que dans ce genre d’affaire, la patience et la persévérance sont de rigueur.  

 

Ryô allait répondre lorsqu’il entendit des pas dans le couloir. La porte du bureau s’ouvrit pour laisser entrer une jeune femme :  

 

- Je suis navrée mais Monsieur Makito a eu une urgence. Il ne peut poursuivre votre entretien.  

 

Ryô et Reika comprirent qu’une fois encore leur approche tombait à l’eau. Reika fit savoir qu’elle reprendrait contact plus tard et avec Ryô, elle suivit la jeune femme qui les raccompagnait vers la sortie.  

Reika sentit l’aura de colère émaner de son compagnon et intervint discrètement avant qu’il n’exprime sa bonne humeur devant un témoin :  

 

- Tu vas te calmer ! Ce n’est que partie remise mais il faut faire bonne figure sinon autant tout arrêter ! Pesta-t-elle en lui agrippant le bras.  

 

Ryô se défit brusquement de cette étreinte et concentra sa tension dans ses poings. Il savait que Reika avait raison, il devait se contenir mais au rythme où avançaient les choses, Ryô ne savait pas combien de temps il le pourrait.  

 

Dans le hall de l’immeuble, l’hôtesse d’accueil subissait l’indignation d’un homme. Ryô prêta une oreille attentive à ce qu’il disait :  

 

- Comment ça il est parti ?! Vous n’avez pas jugé bon de me prévenir ?! Quand je vous dis que je dois être averti de ses faits et gestes, vous comprenez quoi ?!...  

 

L’homme cessa momentanément sa colère. Il se sentait épié. Il se retourna pour croiser le regard d’un homme accompagné d’une femme. Il reconnaissait ce couple. Ils étaient à leur table lors de la soirée de bienfaisance. Cela ne lui disait rien qui vaille.  

 

Ryô fit comme si de rien n’était. Il avait reconnu le bras droit de Makito : Luang Ly. De toute évidence lui aussi était surpris de l’absence de son patron. Qu’est-ce qui pouvait bien détourner Makito de ses affaires avec autant d’insouciance ?  

 

 


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