Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 15 chapters

Published: 18-11-19

Last update: 03-12-19

 

Comments: 23 reviews

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DrameRomance

 

Summary: City Hunter franchit la ligne rouge. Comment gèrent-ils l'après?

 

Disclaimer: Les personnages de "Only one memory" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Only one memory

 

Chapter 4 :: chapitre 4

Published: 21-11-19 - Last update: 21-11-19

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires, les filles. Il est vrai que l'utilisation de la première personne nous rapproche du personnage. Ce n'est pas ma façon préférée d'écrire mais elle s'impose parfois d'elle-même alors je suis. Voyons maintenant comment s'en sortent nos chouchous. Bonne lecture et merci pour vos reviews.^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15


 

Chapitre 4  

 

Alors que la pluie bat contre la fenêtre, j’entends la porte s’ouvrir et te vois rentrer, trempée. Je t’observe alors que tu défais tes chaussures et ton manteau, essuyant du revers de la main les gouttes d’eau qui coulent sur ton front et tombent sur tes yeux. Quand tu te baisses pou ramasser le sac de courses, ton pull se relève et dévoile un morceau de peau nue. Je ne peux détacher mon regard de cet endroit, me rappelant le velouté de ta peau, et je perds un moment le fil de la conversation.  

 

- Ryo… Ryo, tu m’écoutes ?, me rappelle à l’ordre Saeko, agacée.  

- Oui, je suis là.  

 

Le son de ta voix me fait réaliser ta présence et je relève la tête. Nos regards se croisent un instant et je détourne rapidement les yeux. Cela fait dix jours aujourd’hui, dix longs et pénibles jours. La douleur devient gérable progressivement mais il y a encore certaines choses que je ne peux pas faire et soutenir ton regard en est une. Invariablement, cela me rappelle cette nuit-là, les moments où nous faisions l’amour les yeux dans les yeux, conscients de pouvoir et laisser lire nos sentiments. Comment avons-nous pu être si proches alors qu’aujourd’hui c’est si difficile de se retrouver dans la même pièce ? Je suis soulagée de trouver refuge dans la cuisine où je range les courses.  

 

Ma tâche achevée, je m’assois et me prends la tête entre les mains. Il va falloir que je prenne sur moi dans les jours à venir. Le professionnel prime sur le personnel : c’est un impératif de notre métier, plus que dans beaucoup d’autres. Je prie pour que ce qui nous perturbe depuis cette nuit-là ne nuise pas à notre partenariat. Ce sera l’épreuve ultime en situation réelle. Je pousse un long soupir et relève la tête. Je m’aperçois alors de ta présence et fais un bond sur mon siège. La main sur le coeur, je tente d’en calmer les battements erratiques.  

 

- Je ne voulais pas te faire peur., me murmures-tu.  

- Je… je ne t’ai pas entendu arriver., me réponds-tu.  

 

La situation me pèse. J’en ai assez de te voir affolée dès que je suis dans la même pièce que toi. Je ne te jette pas la pierre parce que je ne suis moi-même pas à l’aise dans cette situation. Te voir, te sentir est une torture, Kaori, parce qu’inlassablement, malgré les jours qui passent, les images restent, les sensations restent… Jamais une femme ne m’a manqué… sauf une mère peut-être mais bon, une mère et une amante, ce n’est légitimement pas comparable, non ? Je m’égare.  

 

- Il y avait un message ce matin au tableau. Le rendez-vous est fixé à quatorze heures au Cat’s., m’informes-tu.  

 

Tu es nerveuse. Tu tritures tes doigts. Il est temps d’avoir une conversation. Je m’approche et m’assois en face de toi. Je ne peux m’empêcher de poser la main sur les tiennes pour en faire cesser les mouvements. Tu essaies de les retirer mais je les retiens. Il va falloir qu’on brise les barrières qui se sont érigées entre nous. Je dois pouvoir te toucher, te regarder, être avec toi sans craindre ta réaction, sans douter de toi… ni de moi. Surtout, il y a un point que j’ai occulté depuis dix jours.  

 

- Très bien. Je viendrai avec toi. Kaori, il faut qu’on parle… de ce qui s’est passé., commencé-je.  

- Il n’y a rien à ajouter, je pense. C’est arrivé une fois, ça n’arrivera plus. Ce n’est pas la peine de remuer… de revenir sur le sujet., réponds-je.  

 

Remuer le couteau dans la plaie est une expression plus adéquate me concernant mais elle est beaucoup trop connotée actuellement et je ne veux pas te laisser croire que la situation m’affecte à ce point. Je saigne à l’intérieur, Ryo. Les journées sont dures en elles-mêmes et le pire moment pour moi, c’est le réveil, quand je sors de mes rêves, quand la réalité revient me gifler cruellement, me rappelant ce que nous avons été une nuit et ne serons plus une vie. Je ne pleure plus en m’endormant depuis deux jours même si tes bras me manquent mais mes larmes matinales mettront, je le sais, beaucoup plus de temps à se tarir.  

 

- Si, il le faut. Kaori, nous avons été plutôt… fougueux cette nuit-là.  

 

Je te vois rougir et je suis content de retrouver un trait de ta personnalité antérieure. Ca me laisse un peu d’espoir.  

 

- Je n’ai pas pris mes précautions à chaque fois.  

- Alors je ne m’étais pas trompée… Il y avait bien des fois où les sensations étaient différentes., murmures-tu comme dans un songe.  

- Prends-tu la pilule ou utilises-tu un autre moyen de contraception ?, me demandes-tu soudain, légèrement gêné.  

 

Quelle drôle de question… Tu sais bien qu’avant toi, je n’en ai jamais eu besoin alors pourquoi… Je sens le froid m’envahir et te jette un regard perdu, faisant un rapide calcul. Pas ça… De tous les jours où on aurait pu le faire, il a fallu que ça tombe en plein milieu de mon cycle réglé comme une horloge suisse. Ta main se resserre sur la mienne et c’est comme une bouée qui me permet de ne pas m’effondrer totalement.  

 

- Kaori ?, insisté-je.  

- Non.  

 

Je sens ton anxiété me gagner et j’ai une petite idée de la réponse que tu vas me donner à la question suivante parce qu’à force de passer tous ses mois ensemble, j’ai pris note de certaines routines.  

 

- Tu en étais où de ton cycle ?  

 

Je baisse le regard, gênée, et je sens un fou-rire nerveux me gagner que j’arrive à réprimer tant bien que mal. Ce n’est définitivement pas le genre de conversation que je veux avoir avec toi. Ca l’aurait été si nous étions ensemble depuis mettons deux ou trois ans, envisageant d’avoir un bébé même si cette idée est complètement saugrenue et m’arrache un sourire en même temps que les larmes se mettent à tomber de mes yeux.  

 

- Au quatorzième jour et, avant que tu me le demandes, j’ai un cycle régulier de vingt-huit jours…  

 

Je ne peux pas te regarder. Je ne sais pas ce que j’ai le plus peur de voir dans ton regard : la pitié ou l’inquiétude. Je ne sens pas de tension émaner de toi et j’arrive à reprendre le dessus au bout d’un moment en fixant nos mains toujours liées.  

 

- Donc on a potentiellement une situation à risques…, finis-je par dire.  

 

J’ai mis quelques secondes à taire le sentiment de fatalité qui m’a assailli. Tu pourrais être enceinte. Tu pourrais avoir au creux de ton ventre, confortablement niché au chaud, notre enfant. J’ai mal pour toi parce que, si tu étais enceinte, nous aurions certainement des décisions à prendre et tu serais la principale personne qui en subirait les conséquences. Je ne t’abandonnerai pas mais je ne serai pas celui qui porterait ce bébé. Je dois rester objectif. Je fais le vide dans ma tête et transforme les termes grossesse potentielle en situation à risques. Ca enlève le côté émotionnel de la chose.  

 

- Ton prochain cycle doit arriver dans quatre jours. Essaie de ne pas y penser et on avisera en temps voulu, d’accord ?  

- D’accord.  

- Kaori, quoi qu’il arrive, je serai là. Tu n’auras pas à affronter la situation seule.  

 

Je devrais être touchée par ta sollicitude mais une bouffée de colère me prend et je retire brusquement mes mains. Oui, on avisera en temps voulu mais je ne sais pas si je veux compter sur toi pour affronter cette « situation à risques » comme tu le dis si bien. J’attends peut-être ton enfant. Pour qui seras-tu là « quoiqu’il arrive » ? Pour lui, pour moi, pour nous deux ? S’il n’y a pas d’enfant, tout rentrera dans l’ordre et tu me laisseras seule ? Non, je ne veux pas. Je ne veux pas me demander toute ma vie pourquoi tu serais resté : par obligation ou par amour ? Je ne veux pas de cet énième coup du destin qui va guider ma vie et me ballotter sur des rapides dignes du Colorado. Le jour où tu seras à mes côtés, je veux être sure que tu m’auras choisie sans aucun sentiment de responsabilité.  

 

- Merci mais non merci, Ryo. Je suis capable de gérer cela seule., te dis-je sèchement en me levant.  

 

Je lance un regard vers l’horloge et soupire : il n’est pas encore l’heure de partir pour le rendez-vous… Malgré tout, j’ai besoin de sortir de cette pièce, de cette conversation éprouvante qui ravive la douleur et les souvenirs. J’ai besoin de m’éloigner de toi et de ta présence qui brouille mes pensées, parce que, malgré la tension et la colère qui m’habitent, il y a cette pensée qui reste omniprésente : prends-moi dans tes bras, embrasse-moi et fais-moi l’amour. Je pensais avoir passé ce cap et je m’aperçois que ce n’est pas le cas. J’ai envie de hurler, de pleurer, de t’aimer… Je suis perdue. J’ai besoin de prendre l’air et me dirige vers la salle à manger avant de gagner le toit.  

 

- Kaori !  

 

Tu t’immobilises sur le pas de la porte. Ton rejet me fait mal et je suis blessé dans mon orgueil. Malgré tout, je prends sur moi comme je le ferais en situation professionnelle. Tu as une réaction à chaud, je te sens au bord de l’explosion et je ne peux pas laisser mes sentiments immédiats prendre le dessus et ébranler un peu plus l’équilibre plus que fragile qui existe entre nous.  

 

- Je ne t’imposerai rien mais…  

 

Je soupire, nerveux : les prochains mots doivent être soigneusement choisis pour ne pas te braquer un peu plus.  

 

- J’apprécierais que tu me tiennes informé.  

 

J’entends la légère inspiration fébrile que tu prends. Je ne peux pas t’aider pour le moment : tu ne me laisseras pas t’approcher, je le sais, je le sens. Je voudrais te prendre dans mes bras et te dire que tout ira bien mais je ne peux pas.  

 

- D’accord., me réponds-tu dans un murmure avant de disparaître.  

 

Je reste seul dans la cuisine et mes épaules se relâchent enfin de la pression que je ne savais pas ressentir à ce point. Ces quelques minutes où j’ai pu tenir tes mains ont été un petit moment de bonheur malgré la conversation que nous avions. Je sens encore leur chaleur et leur douceur. Tu me manques, Kaori. Nos chamailleries, notre complicité, le soutien que nous nous apportions, tout cela me manque et j’ai l’impression d’avoir gâché des années d’une relation profonde pour quelques heures d’un plaisir superficiel alors que je peux te jurer que je n’avais jamais eu de relations intimes aussi… intimes justement. Je finis par me relever et descends à l’armurerie faire un rapide inventaire. Quand je remonte une heure plus tard, tu es dans la cuisine et prépare le repas.  

 

Adossée à la rambarde, je regarde et écoute la ville vivre. La familiarité des sons, le vent qui souffle dans mes cheveux, le passage des piétons dans la rue m’apaisent au bout d’un long moment. Je repense à notre conversation et m’en veux de m’être emportée. Peu importe que mes pensées soient légitimes ou non, tu voulais juste être là pour moi, pour m’aider. Mon seul problème avec cette assertion, ce sont deux mots : je voudrais que tu sois là avec moi, pour m’aimer. Deux petits mots qui ont pourtant une importance capitale pour moi, surtout depuis dix jours, depuis qu’on a franchi cette limite invisible qui nous tenait séparés malgré notre proximité.  

 

Je ne suis pas une gamine de trois ans qui a un jouet en mains et qui veux le même jouet que tient sa petite camarade. Je suis une adulte qui a goûté au paradis et se retrouve refoulée aux portes vitrées, à seulement pouvoir regarder, se languir et rêver. Et maintenant, je dois vivre avec le fait que je suis peut-être enceinte, que j’ai peut-être en moi une preuve tangible de ce qui s’est passé. Je ne veux pas encore penser à ce que je devrais faire. Je n’en ai pas la force. Je dois d’abord digérer cette éventualité et me préparer mentalement pour notre futur travail. Je consulte ma montre et m’aperçois qu’il est presque midi. Glissant mes cheveux derrière mes oreilles dans une tentative futile de maîtrise de moi, je rentre et me dirige vers la cuisine. Peu après, alors que je m’affaire fébrilement, je t’entends rentrer dans l’appartement. Je tourne furtivement le regard vers toi alors que tu passes la tête par la porte et t’éloignes rapidement aussitôt.  

 

- Ryo !  

 

J’inspire nerveuse. Tu ne réponds pas mais reviens dans la cuisine, t’appuyant nonchalamment sur le chambranle, les bras croisés sur ta poitrine, le regard impassible.  

 

- Je suis désolée de m’être emportée tout à l’heure., te dis-je, penaude.  

 

Ton regard s’adoucit et tu décroises les bras.  

 

- Tout va bien. On en reparle dans quelques jours. Prête pour cette après-midi ?  

- Oui.  

 

Satisfait, je retourne dans le salon. Tout n’est pas réglé mais tout n’est pas perdu non plus. Nous arrivons encore à faire un geste vers l’autre. La prochaine étape, c’est notre contrat potentiel. Je m’assieds dans le divan, pose la tête contre le dossier et ferme les yeux. Je dois faire le vide dans ma tête. Depuis dix jours, mon esprit a été focalisé sur toi et je dois le réorienter. Je laisse une dernière fois les images de notre nuit flasher devant mes yeux puis les range précieusement dans le compartiment qui leur est réservé. Je sens ta présence et t’entends mettre la table avant de repartir dans la cuisine. Les souvenirs rangés, temporairement, je me lève et te rejoins à table. Je ne vais pas dire que ta présence m’indiffère mais j’arrive à laisser mes sentiments et les images dans ce petit compartiment et à profiter du moment.  

 

Lorsque nous arrivons au Cat’s un peu avant quatorze heures, je me jette sur Miki et tu m’écrases sans tarder sous une de tes massues. Un court instant, un flash de colère me prend et je me retiens difficilement de t’enguirlander d’utiliser ta massue alors que tu pourrais être enceinte. Je vois Umi relever brusquement la tête et la tourner vers moi, les sourcils froncés. Ce simple geste me remet les idées en place et je muselle mes sentiments juste à temps pour voir débarquer une jeune femme ravissante, tout à fait à mon goût… d’habitude. Je n’en ai pas forcément envie mais je m’approche d’elle et passe un bras autour de sa taille en lui jetant un regard de braise. La jeune femme rougit et, toi, tu vois rouge. Tu m’écartes énergiquement avant de la diriger vers une table pour écouter son cas.  

 

Tu m’énerves. Tu ne m’épargneras donc aucune occasion de faire le mariole. J’ai la massue qui me démange et je me réfrène de ne pas t’écraser par peur de perdre notre cliente. J’ai besoin de cette affaire. Ce n’est pas une question financière mais d’équilibre mental. Ca m’occupera l’esprit pendant ces quelques jours d’attente, donc d’inquiétude, avant de savoir si les conséquences de notre écart sont plus étendues qu’on le pensait. J’ai soudain envie de pleurer et j’ai du mal à reprendre le dessus. Trois tasses sont posées devant nous et, surprise, je vois qu’Umi m’a préparé une infusion de plantes. Je lève la tête vers lui et sens ses pensées : il a senti ma détresse. J’ai relâché ma vigilance un moment, le moment de trop, et je m’en veux. Je me concentre et regagne une certaine neutralité.  

 

- Merci, Umibozu., dis-je simplement.  

 

Le rendez-vous se déroule bien, mis à part mes mains baladeuses, et nous décrochons le contrat. La cliente est à la recherche de son frère qui a disparu depuis quelques jours. Il est journaliste et enquête sur un trafic de drogue. Il a envoyé un double de son dossier à sa sœur juste avant de disparaître. Depuis, elle se sent suivie et, effectivement, je ressens une aura malveillante dans les parages. Sur tes gardes, tu croises mon regard et acquiesces. Umi relève la tête et Miki se tend. La suite ne se fait pas attendre : la vitre se fend d’un impact de balle. La demoiselle sursaute mais nous restons stoïques. L’aura est déjà partie : l’assassin a dû être surpris de tomber sur le seul café dont les vitres sont blindées…  

 

Nous rentrons à trois et tu installes la cliente dans la chambre d’amis. Aussitôt, tu fais le tour de tes pièges et les mets en branle. Si je ne tenais pas tant à ce que personne ne se rende compte d’un changement dans notre relation, je te dirais que tu peux tout désamorcer mais, même si toi tu n’en parlerais pas, l’absence d’affolement de notre cliente quant à mon comportement de pervers attirerait la suspicion sur moi et donc peut-être sur nous et nous avons déjà assez à gérer. Alors, je te laisse faire et certainement que, d’ici ce soir, j’aurais eu le droit à quelques kompeitos et massues et je risque fort de dormir dehors, façon sushi en mode balancier.  

 

Lorsque je me réveille le lendemain matin, mon premier geste, dans mon extrême bonté, est de te libérer de ton entrave. Après avoir hurlé à la mort face à ma fenêtre – j’aurais dû mieux calculer la longueur de la corde - , tu as fini par t’endormir malgré la rigueur nocturne. Moi, j’ai eu plus de mal, te sachant si proche de moi. Ma bonté se limite toutefois à te libérer, pas à t’assurer un atterrissage en douceur. Tu remontes donc furieux, vociférant contre moi, je t’assène un coup de maillet pour te remettre les idées en place et notre cliente finit d’arbitrer notre match en éclatant de rire. C’était dur de prétendre mais je dois avouer que ça m’a fait du bien de retrouver ce petit rituel. C’est donc avec un léger sourire aux lèvres que je sers le petit-déjeuner.  

 

Tu souris pour la première fois depuis onze jours. Ce n’est qu’une pâle copie de ce dont tu es capable mais c’est un bon début et je veux y voir un progrès. Nous déjeunons tranquillement en parlant de l’affaire avec notre cliente quand tu bondis soudain de ta chaise et te précipites aux toilettes. Quand tu en ressors quelques minutes plus tard, tu es livide et ton regard inquiet me transperce. Apparemment, toi et moi en arrivons à la même conclusion et je fais un effort monumental pour ne pas t’enlacer quand je m’approche de toi.  

 

- Va te reposer quelques minutes. On partira après. Ca va aller ?, me demandes-tu.  

 

Je hoche la tête, incapable de parler. Je suis angoissée et j’ai peur mais, en quelques minutes, j’arrive à combattre cela et me montrer professionnelle. Commence alors une éprouvante recherche qui dure une dizaine de jours : interrogatoires en tous genres, fouilles de bureaux, filatures. Nous essuyons notre lot d’attaques et de menaces et, personnellement, tu ne m’épargnes aucune vanne, aucune visite nocturne, aucune rebuffade… Toutes les nuits, tu voles par dessus le toit, enroulé dans un futon, à une heure indue alors que je n’ai qu’une envie : dormir. Comme si ce n’était pas assez, tous les matins, je suis malade comme un chien bien que j’ai arrêté le café qui me soulève l’estomac juste à l’odeur. Mais le tout cumulé, je n’ai pas le temps de m’arrêter et penser.  

 

C’est avec soulagement que nous retrouvons finalement le frère de notre cliente. Il est salement amoché mais encore vivant et c’est un soulagement de les voir se serrer l’un contre l’autre en pleurs. Avec toutes les recherches que nous avons faites pour le retrouver en plus de celles qu’il avait déjà effectuées, c’est un article explosif qui sort en une deux jours plus tard alors que Saeko, à qui nous avons transmis le dossier, arrête les mafieux concernés. Je rentre en sifflant après avoir suivi de loin les arrestations, m’assurant qu’aucun d’entre eux ne s’échappe pour mieux revenir les poursuivre ou même nous poursuivre. Le quartier d’où je viens est éloigné de Shinjuku et j’en profite pour faire quelques courses, histoire de te soulager et de te permettre de te reposer jusque demain. Quand je te trouve endormie sur le divan, je me dis que j’ai bien fait et qu’on poussera même le vice jusqu’à commander à manger pour ce soir, ce que je m’empresse de faire, évitant les plats épicés qui ne te réussiront peut-être pas.  

 

Le soleil est couché depuis longtemps quand tu te réveilles. J’ai profité de ton sommeil pour m’abreuver de ta vue. Tu étais calme et détendue pendant que tu dormais et c’est tellement rare de te voir ainsi dernièrement que j’en ai bassement tiré avantage. Nos regards se croisent un moment soulagés et anxieux.  

 

- On a réussi, Kaori., te dis-je doucement.  

- J’ai eu peur de ne pas y arriver., avoué-je.  

 

On a réussi à occulter nos problèmes personnels pour mener à bien notre mission. Ca a été dur de lutter au départ mais toutes tes imbécilités m’ont trop occupée pour que j’ai le temps de penser à autre chose, cela plus le fait que tu m’as littéralement ensevelie sous le travail de recherches. Je fais les yeux ronds réalisant seulement maintenant que c’était volontaire.  

 

- Tu l’as fait exprès, n’est-ce pas ?, me demandes-tu, incrédule.  

- De quoi ?  

- Tout ce travail plus le fait que tu t’es surpassé à jouer les pervers. Tu l’as fait exprès.  

- Je ne vois pas de quoi tu parles., te réponds-je.  

 

Je pense que le petit sourire que je n’arrive pas à effacer de mes lèvres me trahit mais bon, tu me connais plutôt bien maintenant. Oui, je t’ai volontairement surmenée pour t’ôter toute inquiétude de la tête en attendant le jour fatidique. Ce soir, nous sommes seuls à la maison pour la première fois depuis douze jours et nous avons une conversation à continuer. Tu t’assois dans le divan, repliant tes jambes contre toi, dans un mouvement instinctif de protection. Tu sais comme moi que le moment est venu de terminer cette conversation que nous avons entamée ce matin-là.  

 

- J’ai huit jours de retard., murmures-tu sans oser me regarder.  

- Tu ne supportes toujours pas le café ?  

- Non.  

- Tu es fatiguée, plus que d’habitude et à tout moment de la journée.  

 

Tu acquiesces au bord des larmes.  

 

- Et cela fait dix jours que tu vomis tous les matins., constates-tu mal à l’aise.  

- Oui.  

 

Je me sens mal, Ryo. Je n’ai pas voulu y penser et maintenant je n’ai plus le choix. Tu te lèves, disparais à la cuisine et reviens, me tendant deux boîtes. Je lis les étiquettes et lève un regard surpris vers toi. Tu as osé…  

 

- Des tests de grossesse ?  

 

J’acquiesce, ne sachant quoi répondre. Ca m’a déjà coûté de rentrer dans le magasin et me diriger vers le rayon en question mais tu n’imagines même pas ma tête quand j’ai dû demander conseil parce que je ne comprenais rien entre les tests de grossesse, les tests d’ovulation et tout le toutim. Heureusement que la vendeuse m’a pris en pitié.  

 

- Deux tests ? Un seul aurait suffi., me dis-tu.  

- La vendeuse m’a dit que, malgré leur fiabilité, il pouvait y avoir des erreurs. J’ai préféré assurer nos arrières. Si c’est positif, nous irons chez le Professeur ou tout autre médecin, comme tu voudras.  

 

Si c’est positif… Nous avons eu des rapports non protégés il y a trois semaines, j’ai huit jours de retard, chose qui ne m’était jamais arrivée, je suis fatiguée et j’ai des nausées. Je te regarde et mes doigts se resserrent sur les boites. Tu t’assieds à mes côtés et poses la main sur ma cuisse. J’ai peur, Ryo, parce que, si j’analyse objectivement toutes les données et les résume en une équation, je n’obtiens qu’un seul résultat : je suis enceinte. 

 


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