Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 15 chapters

Published: 18-11-19

Last update: 03-12-19

 

Comments: 23 reviews

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DrameRomance

 

Summary: City Hunter franchit la ligne rouge. Comment gèrent-ils l'après?

 

Disclaimer: Les personnages de "Only one memory" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Only one memory

 

Chapter 6 :: chapitre 6

Published: 23-11-19 - Last update: 23-11-19

Comments: Bonjour, la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires qui me font un plaisir énorme. Un excellent samedi et bonne lecture^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15


 

Chapitre 6  

 

Noël est arrivé avec ses flocons de neige et ses bourrasques de vent. Malgré la rigueur des éléments, j’aime me promener dans la rue, regarder les vitrines spécialement décorées pour l’occasion et me laisser bercer par les musiques. Les rires des enfants résonnent étrangement en moi cette année. Ils continuent de m’arracher un sourire comme tous les ans mais en même temps mon coeur se serre. Certaines tensions s’apaisent mais je n’ai toujours pas fait le deuil de cette maternité avortée. Pourtant, les symptômes ont vite disparu mais la douleur reste. Par moment, je m’en veux de souffrir d’un enfant que je n’ai pas porté. A d’autre, je me dis que c’est l’occasion de faire un trait et digérer ce qui n’arrivera jamais. Alors, j’apprends à gérer ce fantôme qui vit en moi car je sais qu’un jour, il disparaîtra.  

 

J’arrive enfin au Cat’s et je te vois approcher de l’autre côté de la rue. Mon coeur bat un peu plus vite comme toujours en ta présence. Je ne guéris pas de toi même si j’ai appris à gérer mes émotions. Après plusieurs semaines, j’arrive à rester dans la même pièce que toi sans avoir l’impression d’étouffer tant ma gorge est serrée. Deux ou trois techniques de relaxation m’ont fortement aidée et tu n’imagines pas le nombre de fois où j’y ai recours par jour. Il y a d’autres choses que je ne gère pas encore très bien mais j’y travaille.  

 

Nous nous retrouvons en même temps devant la porte et plongeons un instant dans le regard de l’autre. Je me sens frissonner car, dans ce court instant, tu ne me caches rien de tes sentiments mais ça ne dure qu’un instant avant que ton regard ne redevienne insondable… Tu ouvres la porte et me laisses passer avant d’entrer à ton tour… respectant tes rituels.  

 

- Ma Miki chérie, viens dans les bras de ton Ryo d’amour !, crie-je d’un coup, volant dans les airs.  

 

Cette petite manie me permet d’oublier un instant les sentiments que j’ai ressentis en te regardant à la porte. L’atmosphère entre nous s’est tiédie. Pour tous, nos rapports n’ont pas changé et ce, grâce aux nombreux efforts que nous avons faits pour maîtriser le tourment qui nous agite. Mais tout cela n’est qu’apparence. Je n’ai pas réussi à oublier ce que j’ai ressenti cette nuit-là ni les conséquences manquées de nos actes. Je ne compte plus les fois où j’ai envie de te prendre dans mes bras, sentir ton odeur m’entourer, toutes ces petites choses qui me manquent. Il n’aura fallu qu’une nuit pour que ça arrive, une nuit pour goûter ces petits plaisirs et ne plus pouvoir m’en passer. J’ai juste réussi à endiguer ces émotions, les garder sous contrôle la plupart du temps.  

 

Ta massue m’écrase contre le mur du fond dans un mouvement de swing parfait. Je suis limite de sourire que mon subterfuge ait doublement marché. Ta colère masquera ta mélancolie aux yeux de nos amis. Me relevant lentement, j’observe ton profil et, comme un mirage, il s’arrondit quelque peu. Je sens le regret poindre en moi et profite du passage d’une jolie fille dans la rue pour m’échapper. Il est hors de question que je me fasse capter par le radar sensoriel d’Umi.  

 

- Oh les jolies fesses mokkori…, laisses-tu échapper en sortant.  

 

Je serre les poings et mon visage se tord de colère. Ce sont presque les seules fois où je n’ai pas besoin de simuler ce que je ressens : je suis jalouse comme je l’ai toujours été. Te voir courir derrière les autres filles comme avant, comme si rien ne s’était passé, ça me rend furieuse. Je voudrais être celle que tu poursuis de tes assiduités, celle que tu qualifies ouvertement de mokkori, celle avec qui tu voudrais coucher… Finalement, je te vois voler dans les airs et retomber les fesses dans une poubelle, ce qui éveille une satisfaction perverse en moi. Je me rassois, dépitée de ne pas savoir juguler ces sentiments néfastes, alors que tu rentres de nouveau dans le café, remettant ta veste en place, un sourire satisfait aux lèvres.  

 

- Ma pauvre chérie, il n’y a vraiment rien à faire avec lui. C’est désespérant., me plaint Miki.  

 

Si elle savait comme ces mots résonnent étrangement en moi, prenant un tout autre sens…  

 

- Que faites-vous pour le réveillon de Nouvel-An ? Nous avons prévu d’aller à une soirée avec Mick et Kazue. Vous pourriez venir avec nous., nous propose-t-elle.  

- Je… c’est gentil mais je n’ai rien à me mettre., prétextes-tu, mal à l’aise.  

- Je suis certaine qu’Eriko se fera un plaisir de te prêter une robe. Allez, viens, ça me ferait tellement plaisir de fêter la nouvelle année avec toi., insista la barmaid.  

 

J’adore Miki mais, par moments, elle est agaçante. L’année dernière, j’aurais certainement sauté sur l’occasion mais cette année, beaucoup de choses ont changé…  

 

- Ben et moi alors ? Tu n’as pas envie de passer le réveillon avec ton Ryo chou, un homme un vrai., lancé-je pour détourner son attention de toi.  

- Bien sûr que si… puisque tu vas te faire un plaisir d’accompagner Kaori., me répond-elle avec aplomb et un sourire triomphant.  

 

Je ne l’ai pas vue venir celle-là même si, avec Miki, j’aurais dû m’y attendre. Il faut dire qu’avec Mick, ils font la paire dans le genre entremetteurs sauf que leurs deux seuls sujets d’intérêt, c’est toi et moi. Justement en parlant du loup, il fait son apparition et s’envole dans les airs, le regard lubrique, vers toi. Tu dégaines la massue et l’envoies à son tour valser dans le mur et cet idiot affiche un regard béat. Dire qu’au début il les évitait, quelle régression… Il s’approche ensuite de toi et passe un bras autour de ta taille. Le résultat ne se fait pas attendre et sa main se plie à un angle improbable, lui arrachant un cri de douleur et une grimace grotesque.  

 

- Moi qui te croyais si douce, ma Kaori., pleurniche-t-il sur ton épaule.  

 

Il ne croit pas si bien dire : tu es douce et sensuelle et passionnée et… beaucoup d’autres choses encore… même si la brutalité avec laquelle tu l’éjectes n’en est pas une preuve.  

 

- Mick, persuade Ryo d’accompagner Kaori à la soirée du trente et un., lui ordonne Miki.  

- Et si je persuadais Kaori de m’accompagner plutôt ?, propose-t-il, posant un regard de braise sur toi qui te met à rougir.  

- Et Kazue alors ?, répliques-tu en lui frappant la tête d’un coup de maillet, le regard sévère.  

- Je me ferai un plaisir de l’accompagner., suggères-tu, le regard lubrique.  

 

Imagines-tu seulement le mal que tu m’infliges en proposant cela ? Je sais que ça fait partie de nos petites habitudes où tu me dénigres et je te corrige mais, là, je n’en ai pas envie. J’ai juste envie de m’isoler. Maussade, je reprends ma place sur mon tabouret et me concentre sur ma tasse. Je vous entends vous chamailler au sujet de qui accompagnera qui et, si tu t’accordes pour ne pas empiéter sur les platebandes de ton ami, tu ne proposes pas non plus de m’y emmener. Est-ce que tu veux seulement te faire prier ou n’en as-tu vraiment pas envie ? Moi, je rêve de pouvoir sortir avec toi pour une fois, même en simples amis, même si je sais que tu ne finiras pas la soirée avec moi et passeras certainement plus de temps à draguer d’autres femmes ou à boire qu’avec moi. Je réprime les larmes qui me montent aux yeux et porte la tasse à mes lèvres pour masquer mon émoi.  

 

Soudain, je sens ta présence derrière mon dos et ton souffle contre mon oreille. Ta main glisse près de mon bras et attrape un cure-dent sur le bar. La vague de souvenirs qui remontent à ce contact me déstabilise et je lâche ma tasse qui tombe bruyamment sur la soucoupe, renversant son contenu. Je regarde le liquide brûlant se répandre sur ma jupe sans réagir, encore submergée, et tu te dépêches de l’éponger, ce qui m’évite la brûlure. Je sais que ton geste est innocent mais c’est plus que je ne peux supporter et je m’écarte brusquement de toi. Relevant la tête, je croise ton regard où flashe une lueur de tristesse puis je me rends compte de l’air surpris de nos amis. Je me sens pâlir.  

 

- Je… désolée… La tasse m’a échappé. Je rentre me changer., dis-je précipitamment, attrapant ma veste et mon sac avant de sortir sans un regard en arrière.  

 

Je vois la porte se refermer sur toi et mon coeur se serre. J’ai senti la violence des sentiments qui t’a prise soudainement. Je ne vais pas faire le fier car, pour moi, ça a été pareil. Je me suis revu te tenant dans mes bras, déposant une pluie de baisers sur ta nuque, te sentant frémir contre moi. J’ai revu ce moment-là et ceux qui ont suivi, où mes mains caressaient ton corps, mes lèvres goûtaient les tiennes lentement, sensuellement, celui où tu t’es retournée dans mes bras, me forçant à m’allonger pour prendre le contrôle et me faire perdre la tête. Et je l’ai perdue. Comme je suis entrain de perdre le contrôle devant nos amis… Je lance un regard pénétrant vers l’extérieur et m’élance, les yeux en coeur.  

 

- Une paire de cuisses mokkori !, m’écrie-je en sortant.  

 

Je cours encore un moment, suffisamment pour m’éloigner du Cat’s, et m’engouffre dans le Kabuki. Le soir tombe et les bunnies sortent malgré la rigueur hivernale. J’ai besoin d’oublier un moment cette perte de contrôle et je me laisse entraîner dans l’un des cabarets. Je bois quelques verres, suffisamment pour m’alléger les esprits mais pas assez pour m’enivrer. C’est donc consciemment que je suis l’une des filles quand elle quitte son service, que je sais que je vais te faire mal pour quelque chose dont je n’ai pas plus envie que ça mais qui, je pense, peut m’aider. C’était après tout la façon dont je vivais avant, une fille par soir, et je ne m’en portais pas plus mal.  

 

La demoiselle n’est pas farouche et je la déshabille rapidement. Elle aussi me dépare de mes vêtements, caressant mon magnum comme hypnotisée. Je n’aime pas cela, aussi j’enlève brusquement mon holster posant mon arme sur la chevet à mes côtés. Je ramène la jeune femme à son attention première, moi, et elle baisse mon pantalon, s’empressant de me montrer ce dont elle est capable. Elle ne se perd pas en conjecture et le résultat ne se fait pas attendre. Quand elle relève les yeux vers moi, ce sont les tiens que je vois et une pointe de culpabilité me pique. Je l’occulte en fermant les yeux. Le contact de ses seins sur mon torse me ramène à la réalité et je la regarde. Cette fois, c’est ton visage triste et résigné que je vois. Ca doit s’arrêter : tu ne peux pas guider ma vie, je dois t’oublier. J’hésite un instant à abandonner la donzelle et, finalement, la force à se retourner et poursuit mon affaire, me privant de la vue de son visage. Je ne suis ni doux ni tendre avec elle. Je fais ce que j’ai toujours su faire : donner et prendre du plaisir sans plus. Ca n’a rien à voir avec ce que nous avons partagé.  

 

Une demie heure plus tard, je ressors de là et je ne me sens pas bien. J’ai soulagé une partie de ma tension sexuelle mais le sentiment de culpabilité reste. Comment puis-je avoir le sentiment de te tromper alors que nous ne sommes pas ensemble ? C’est complètement illogique. Nous ne sommes pas ensemble, bon sang ! Pas ensemble… Je vois ton sourire et l’éclat lumineux de tes yeux, ceux que tu avais cette nuit-là, ceux que tu avais dans les bons moments que nous avons partagés avant, ceux que je n’ai pas revus depuis bientôt deux mois maintenant. Ils me manquent tellement. Nous ne sommes pas ensemble, Kaori, et je ne sais même plus si nous sommes encore amis…  

 

J’arrive à l’appartement et me demande si tu es là à m’attendre. J’espère que non : je n’ai pas envie que tu sois témoin de mon forfait. Tu ne mérites pas cela. Tu mérites un homme qui te soit fidèle, capable d’assumer ses sentiments, ses peurs, pas un homme qui prétend en être un. J’appuie sur la poignée et, deux secondes plus tard, je croise ton regard inquiet. Au changement dans tes yeux, je sais que tu as deviné ce qu’il s’est passé.  

 

- J’espère que tu as passé une bonne soirée., me dis-tu, les lèvres pincées.  

 

Je voudrais ne rien ressentir, me dire que c’est normal que tu couches avec d’autres filles puisque nous nous sommes dits au revoir, que nous ne sommes rien, rien que des amis. Mais ce n’est pas le cas. J’ai mal que tu aies donné à une autre le droit de te toucher alors que je dois rester à distance. Je suis en colère contre toi qui as repris le cours de ta vie comme avant, comme si tout ce qui s’était passé n’avait pas compté. J’ai envie de hurler ma douleur parce qu’ici, c’est le seul endroit où je puisse être et non paraître. Mais j’ai ma fierté, déjà assez malmenée, et je ne veux pas m’effondrer devant toi. Parce que si tu es capable d’aller de l’avant, je dois pouvoir le faire également. Je dois juste me montrer forte.  

 

- J’en ai connu de meilleures.  

 

Ma répartie semble te troubler et je peux le comprendre : c’est rare que je sois honnête sur ce sujet-là. J’ai plutôt l’habitude d’en rajouter des caisses. En ce qui concerne ma conquête d’un soir, la soirée a dû être plus que correcte : les gémissements qu’elle contrôlait habilement au départ sont devenus complètement hystériques à la fin. Mais pour moi, il n’y a pas trente six façons de le dire et je peux au moins être honnête envers moi-même, non ? Elle n’était pas toi. Elle n’avait pas ta sensualité, ni ta douceur. Ses gestes n’étaient pas ceux d’une femme amoureuse, ses regards ne me faisaient pas vibrer. Elle ne m’a pas donné envie de faire durer les choses ni de la traiter autrement que ce qu’elle représentait pour moi : une partenaire sexuelle. Toi, tu étais bien plus que cela. Tu as éveillé tant de choses en moi. Je donnerais tout pour revivre ce moment particulier de ma vie d’homme.  

 

Il y a une ligne que je me suis toujours imposée vis-à-vis de toi et, cette ligne, je ne peux la franchir. Cette ligne invisible, c’est celle qui te permettrait de retourner à une vie normale si tu le souhaitais, celle qui, une fois franchie, te ferait plonger irrémédiablement dans mon monde. C’est celle qui me permet de voir ton sourire éclatant et ton regard lumineux, d’entendre la douce mélodie de ton rire le plus longtemps possible, c’est à dire sans risquer ta vie. J’ignore la petite voix qui résonne au fond de moi, m’accusant de mauvaise foi. Cette petite voix se fait un peu plus forte chaque année qui passe et encore plus dernièrement. Ca fait des semaines que je n’ai pas vu ton sourire ni ton regard lumineux… parce qu’on a franchi la ligne une nuit.  

 

J’approche de toi doucement et m’arrête à une longueur de bras, te tendant la main. Tu es affolée et je voudrais tant voir cette peur disparaître. Je veux retrouver ces quelques rares moments d’intimité que nous partagions sans arrière-pensée avant cette nuit où tout a basculé. J’ai besoin de toi, Kaori. Mon amie me manque, mon amante aussi mais cette femme-là n’a pas sa place dans ma vie. Elle mérite un monde plus lumineux. Je te regarde hésiter et prie pour que tu m’accordes cette faveur.  

 

Tu es là devant moi et m’attends. Je ne peux pas, Ryo. Comment peux-tu me demander de venir dans tes bras quand tu viens d’en serrer une autre ? Je suis furieuse, je suis fâchée contre toi. Tu m’as blessée et tu veux que je t’accorde un moment privilégié comme si rien ne s’était passé ? Je ne peux raisonnablement pas le faire. J’ai une dignité que tu as déjà longuement bafouée.  

 

Pourtant, avant d’avoir compris pourquoi, je suis contre toi et tes bras se referment sur moi. Je m’en veux mais je n’ai pas la force de m’éloigner. J’ai besoin de toi. Pour la première fois depuis des semaines, j’ai l’impression de respirer vraiment, pas de chercher l’air à chaque inspiration. Pour la première fois depuis qu’on s’est séparés ce matin-là, je ne suis pas frigorifiée. Je sens nos coeurs battre l’un contre l’autre, apaisés. Si je ne savais pas que ce moment ne serait qu’éphémère, je me sentirais même… bien.  

 

- Tu me manques, Kaori.  

 

C’est sorti tout seul. Je n’ai pas pu me contrôler. C’est le sentiment que je ressens en te serrant contre moi. Je sais qu’il suffirait d’un geste, d’un mot de ma part pour effacer ce vide mais je ne peux pas me résoudre à le faire. J’aurais l’impression de te trahir en t’enfermant dans mon monde, j’aurais trop peur de t’y perdre.  

 

J’ai dû rêver. Tu ne peux pas m’avoir dit ces mots-là. J’ai dû mal comprendre ou les imaginer. Pourtant, en les disant, tu as imperceptiblement resserré ton étreinte sur moi, tu as niché ton nez dans mes cheveux… Alors c’était réel… Je me serre un peu plus contre toi, m’engonçant dans ta chaleur.  

 

- Tu me manques aussi.  

 

Ma voix est un murmure. J’ai peur de parler trop fort et de faire éclater ce rêve comme une bulle de savon. Ce moment va-t-il nous permettre de vraiment retrouver notre amitié ? Je ne sais pas mais je veux l’espérer. J’ai besoin de voir la lumière au bout du tunnel, de savoir que nous allons vivre des jours meilleurs. Ton odeur me chatouille les narines. Je sens un léger sourire naître sur mes lèvres : je reconnais l’odeur de ton eau de toilette et celle de la poudre. Une autre odeur me parvient et, doucement, je m’écarte de toi, un pincement au coeur. Ton regard est empli d’incompréhension et je peux le comprendre : nous étions bien. Mais…  

 

- Tu portes son odeur.  

- Je suis désolé.  

 

Je n’avais pas envie de te lâcher mais je ne peux pas t’en demander trop. Tu aurais pu prendre la chose beaucoup plus mal. J’aurais pu me retrouver sous une massue, tu aurais pu partir en pleurant ou hurlant mais tu es restée et m’as même accordé un moment de répit. Tu croises les bras autour de toi. Je vois que tu essaies de lutter mais ton regard est de nouveau douloureux. Nerveux, je passe une main dans mes cheveux, m’en voulant de mon erreur de parcours, mais le mal est fait et je vais devoir vivre avec… et toi aussi.  

 

Tes bras me manquent mais sentir cette odeur me ramène à ce que tu as fait et je ne suis pas encore assez forte, pas encore assez indifférente – si j’arrive un jour à l’être – pour le supporter sans broncher. Je sens la douleur revenir et je me bats pour qu’elle ne me submerge pas. Je dois m’éloigner.  

 

- Je vais aller me coucher., murmures-tu.  

 

J’acquiesce, te regardant t’éloigner. La distance qui se met entre nous ne me plaît pas. J’ai parfois l’impression que nous n’arriverons jamais à la combler et à nous retrouver. Je voudrais trouver des moyens de nous rapprocher, de nous aider à effacer ce fossé qui s’est creusé. C’est comme si tu étais sur l’autre rive d’un fleuve sans aucun moyen pour moi de te rejoindre. J’ai besoin d’un pont. Il me faut un pont.  

 

- Si on allait à cette soirée pour le réveillon ?  

 

Tu t’arrêtes, dos à moi. Je suis beaucoup plus nerveux que je ne veux le laisser paraître. C’est encore une de ces fois où ma bouche a parlé avant que mon cerveau n’ait réfléchi. Il va falloir que j’apprenne à contrôler cette zone de mon anatomie pour qu’elle ne commence pas à agir de son propre chef comme une autre… Si je n’étais pas aussi nerveux, je rirais peut-être à cette pensée. Tu te retournes lentement vers moi et je sens que tu fais un gros effort pour paraître neutre.  

 

- Vraiment ? Tu veux aller avec les autres au réveillon ?  

 

Je ne veux pas m’enthousiasmer outre mesure. Tu es fichu de te rétracter en te rendant compte de l’énormité que tu viens de sortir. Je sais que tu ne l’avais pas prévu. Quand tu veux me proposer une sortie, tu as plutôt tendance à t’arranger pour me laisser penser que c’est une énorme faveur que tu me fais. Alors je me prépare à subir une nouvelle désillusion.  

 

- Oui.  

- Ce n’est pas le genre de soirée que tu affectionnes pourtant.  

 

Tu me connais si bien, Kaori. Je sais que tu guettes la chute, tu t’attends à ce que je fasse machine arrière une nouvelle fois mais je n’en ai pas envie. Cette soirée, c’est peut-être pour nous l’occasion de passer un moment agréable. La présence des autres sera certainement un dérivatif au malaise que nous ressentons lorsque nous sommes seuls. Et je sais que tu apprécies ce genre de sortie alors si je peux te faire plaisir par la même occasion…  

 

- Tu sais, c’est une soirée avec un repas et open bar. Je devrais pouvoir le supporter.  

 

J’esquisse un léger sourire amusé : tu refuses de me donner une réponse franche et honnête, ce qui signifie que tes raisons sont plus profondes. J’ai envie de penser que tu le fais pour moi, pour me faire plaisir. J’écarte les autres raisons : l’alcool à volonté, les jolies filles, la culpabilité. Je sens à ton regard que ce n’est pas ça qui te motive.  

 

- Alors, tu veux bien m’accompagner ?  

- Oui, avec plaisir.  

 

J’acquiesce, un léger sourire aux lèvres, ce qui n’est en rien comparable à la satisfaction que je ressens. Tu as accepté après tout ce que je t’ai fait. Je n’arrive pas à y croire. Nous restons un moment immobiles à nous observer puis je ne peux m’empêcher de sortir une bêtise pour masquer ma nervosité.  

 

- Il faudrait que tu t’entraînes avec des hauts talons pour gommer ta démarche de camionneur.  

 

Je te vois darder un regard craintif sur ma main droite et me demande un instant si je vais te donner raison ou non. Finalement, je laisse juste échapper un « Idiot ! » amusé en secouant légèrement la tête. Tu te détends et ton regard pétille. J’adore tes yeux quand ils ont cette lueur. Je sens les papillons se réveiller au fond de mon estomac, ça et autre chose de plus intense. Je sais que, si je laisse cela prendre de l’ampleur, je vais avoir du mal à dormir cette nuit, que je vais la passer à en revivre une autre. Je vais mieux mais pas à ce point-là.  

 

- Je… Je vais aller me coucher. Il se fait tard.  

- Je te suis.  

 

Accompagne-moi, hurle une voix en moi. Je la fais taire violemment. Je me retourne et monte les escaliers fébrilement. Tout était si détendu jusqu’à maintenant. Pourquoi faut-il que je me laisse submerger ainsi ? Je suis une adulte, pas une gamine qui découvre l’amour… enfin… peut-être un peu quand même. Mon expérience en la matière est plutôt limitée et très récente et l’amour que je te porte intense. C’est donc plutôt difficile de gérer le tout.  

 

Je te suis dans les escaliers. J’ai tout le loisir de détailler ta silhouette, de m’en abreuver. Je sens ton parfum dans ton sillage, plus précisément celui de ton gel douche, léger et frais. Tu ne t’asperges pas de ces produits capiteux comme les filles du Kabuki. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé pouvoir trouver du réconfort auprès d’une bunny, c’était illusoire et fade comme le seront tous mes rapports intimes avec d’autres femmes dorénavant. Je ne retrouverai jamais l’intensité que nous avons atteint cette nuit-là, ni la profondeur, ni le plaisir… Nous arrivons à ta chambre et nous arrêtons devant ta porte. Tu te tournes vers moi et me lances un regard que je décrypte très bien et que je dois ignorer pour nous.  

 

- Bonne nuit, Kaori., te dis-je, déposant un baiser sur ton front.  

- Bonne nuit, Ryo.  

 

Tes lèvres sur mon front sont comme une douce torture. J’ai envie de plus et tu l’as vu. Je sais que je ne devrais pas, pas après ce que tu as fait ce soir, mais c’est plus fort que moi. Je ne supporte pas de me séparer de toi. A chaque fois, je me demande si on se retrouvera et comment. Et je sais que je dormirais si bien dans tes bras… Je baisse les yeux et rentre dans ma chambre, refermant doucement la porte derrière moi. Mon coeur se serre douloureusement et les larmes me montent aux yeux. Je les essuie rageusement et me prépare pour me coucher.  

 

Je ne sais combien de temps je reste à observer ta porte mais ça dure jusqu’à ce que la lumière sous ta porte s’éteigne. J’ai envie de te rejoindre et te serrer contre moi pendant que nous dormons. Je n’ai même pas besoin de me fondre en toi, je veux juste sentir ta chaleur contre moi. Je sais que je ne peux pas et finis par tourner les talons et regagner ma chambre. Après m’être déshabillé, je me jette sur mon lit, une main derrière la tête. C’est tellement dur de dormir loin de toi alors que tu es à peine à quelques mètres de moi. Lentement, je laisse la porte de ma mémoire s’ouvrir et ta présence envahir ma chambre. Je m’endors en sentant tes lèvres sur les miennes… 

 


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