Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 15 chapters

Published: 18-11-19

Last update: 03-12-19

 

Comments: 23 reviews

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DrameRomance

 

Summary: City Hunter franchit la ligne rouge. Comment gèrent-ils l'après?

 

Disclaimer: Les personnages de "Only one memory" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What is NC-17 fanfiction?

 

A NC-17 fanfiction is strictly forbidden to minors (17 years old or less). It can contain violence and graphically explicite sexual scenes. We try to set limits to the content of R fanfictions, but we don't have time to read evrything and trust the authors on knowing the boundaries. So if you read something that doesn't seem correctly rated, please contact me.

 

 

   Fanfiction :: Only one memory

 

Chapter 5 :: chapitre 5

Published: 22-11-19 - Last update: 22-11-19

Comments: Bonjour la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15


 

Chapitre 5  

 

Je me lève le coeur au bord des lèvres. Les deux tests de grossesse que tu as achetés hier m’attendent sur ma chevet et je voudrais un moment tout envoyer par la fenêtre en hurlant, me recoucher, planquée sous la couette, et laisser couler le temps, oublier… Je ne peux pas. Je pourrais fermer les yeux et ignorer mais qu’est-ce que ça m’apportera ? Si je me réveille trop tard, je n’aurais plus d’options avant même d’y avoir réfléchi. La fatigue et le stress ont eu raison de moi hier soir et m’ont empêchée de passer une nuit blanche mais, aujourd’hui, je dois affronter la réalité.  

Donc, je me lève et enfile un gros gilet long et large dont la principale qualité n’est pas l’esthétique mais le confort. J’attrape les deux boîtes et me dirige vers les toilettes.  

 

J’en ressors deux minutes après et tu es là, m’attendant dans le couloir. Silencieux, nous nous rendons dans la salle de bains.  

 

- Combien de temps ?, me demandes-tu.  

- Cinq minutes.  

 

Je n’ai pas la force d’attendre debout alors je m’assois par terre, appuyée contre la baignoire, et tu prends place à mes côtés, plaçant les deux tests entre nous. Malgré ma peur, je ne peux m’empêcher de tourner la tête toutes les deux secondes vers les bâtonnets en attendant le résultat et tu finis par poser une serviette dessus pour les cacher. Tu n’imagines pas à quel point je te suis reconnaissante de ce geste et de ta présence aussi. Je ne m’attendais pas à ce que tu te réveilles pour ça. Je pensais devoir affronter cela toute seule et, même si tu ne me touches pas physiquement, tu m’apaises. Je sens le calme revenir progressivement en moi, la peur diminuer. Je lâche un léger soupir et, juste à ce moment-là, l’alarme de ma montre sonne : c’est l’heure. Anxieux, nous prenons chacun un test.  

 

Si un jour on m’avait dit que j’attendrais avec une femme le résultat d’un test de grossesse, j’aurais certainement traité de fou mon interlocuteur, ça ou il se serait pris une sacrée raclée. Je suis peut-être volage mais pas inconscient et c’est bien la première fois que je me retrouve dans une situation à risque. Après tout, il n’y avait certainement que toi pour me faire perdre totalement le contrôle à ce moment-là, au point d’en oublier la plus élémentaire des protections. Je ne sais pas à quoi tu penses mais je sais que tu stresses et il n’était pas imaginable pour moi de te laisser affronter seule quelque chose que nous avons peut-être conçu à deux. Je n’ai pas vraiment de doute sur ce que les tests nous diront, mais je n’ai pas encore pris le temps de réfléchir aux conséquences du résultat. La question pour moi est tranchée depuis longtemps mais tu es l’autre moitié concernée et ton avis compte. Tu pourrais même être la seule à réussir à me faire changer mon fusil d’épaule.  

 

Quand le bip de ta montre sonne, nous prenons machinalement chacun un testeur et c’est sans grande appréhension que je regarde le résultat. Je cligne des yeux et commence à chercher la notice quand je sens tes fins doigts entourer mon poignet et le tourner vers toi. Mes yeux se portent sur ton visage et tu es pâle.  

 

- Je… Je ne comprends pas., dis-je et je suis sure que mon incompréhension se lit sur mon visage.  

- Les tests sont négatifs, Kaori. Tu n’es pas enceinte., vocalises-tu d’une voix posée.  

- Mais les nausées, la fatigue, le retard… je ne les ai pas inventés…, réponds-je sans comprendre.  

 

Je ne suis pas folle tout de même. Tous ces vomissements, ces odeurs que je ne supporte pas, je ne les ai pas inventés… Je me sens fébrile et la tête me tourne. Je ne comprends pas. Les tests ne peuvent pas être négatifs, il y a une erreur. Je n’ai pas simulé. Mon corps me parle. Les tests sont faux. Je ne peux pas me leurrer moi-même… Je… ne… comprends… pas… Je sens les larmes me monter aux yeux et tes bras m’entourer. Je m’accroche à toi. J’ai besoin de toi, de ta force, de ta stabilité.  

 

- Tu n’as rien inventé, Kaori., murmures-tu à mon oreille.  

- C’est peut-être une grossesse nerveuse avec tout le stress qu’on a subi ces derniers temps.  

 

Merci de ne pas me dire que je suis la seule à être stressée. Ca me fait du bien de savoir que la situation ne t’a pas laissé indifférent. Je me laisse aller contre toi et mes pleurs s’apaisent. Au bout de quelques minutes, je m’écarte malgré le bien-être que je ressens car je ne veux pas attiser notre malaise plus général.  

 

- J’ai du mal à croire que j’ai pu me monter la tête à ce point., me dis-tu soudain.  

- Si tu veux être sure, on peut aller voir un médecin. Sinon, attendons quelques jours.  

 

Tu acquiesces, les yeux encore humides. Je vois dans ton regard que tu t’en veux de ce qui arrive mais, moi, je ne t’en veux pas. La situation n’est pas facile à vivre et j’avoue que j’ai aussi du mal à croire que les tests soient négatifs. Je ne sais pas si c’est par égard pour ce que tu as ressenti ou par orgueil masculin mais j’aurais juré que tu étais enceinte et, dans ma tête, j’ai cette petite voix qui me le répète encore et encore en arrière-fond.  

 

- Oui, attendons quelques jours.  

 

Je te regarde et, au fond de moi, je sens cette flamme revenir. Tu n’es qu’à quelques centimètres de moi. Je prends soudain conscience de ton odeur qui m’entoure, de ta proximité. Je sens ma peau se hérisser comme électrisée et j’ai envie de me jeter dans tes bras, de t’embrasser à perdre haleine, de te sentir en moi ici même sur le sol de la salle de bains. Je n’ai jamais eu un instinct sauvage mais rien ne compte plus que ici et maintenant. Rien ne compte plus qu’effacer cette douleur que m’inflige notre accord de rester séparés, combler ce vide qui s’est creusé en moi, oublier. Je veux m’unir à toi, vibrer sous tes mains et tes lèvres, t’entendre murmurer mon prénom et te faire perdre la tête. Perdant tout sens rationnel, j’efface la distance entre nous et prends tes lèvres en un baiser sauvage.  

 

Surpris par le revirement soudain de situation, je te reçois contre moi et n’ai que le temps de t’enlacer dans un mouvement protecteur que je bascule sur le dos. Instinctivement, je réponds à ton baiser, heureux de te retrouver, mais, quand mon cerveau se remet à fonctionner, je me rends compte que ton baiser et tes gestes sont beaucoup plus le symbole de ton désespoir que de la passion. Je ne veux pas de cela : ça nous fera beaucoup plus de mal que de bien. Je te jure que ça me demande un effort considérable de retirer ta main qui caresse sans honte mon meilleur ami, qui lui ne demande qu’à venir jouer avec toi, pour la ramener à un endroit plus inoffensif avant de briser ce baiser qui m’a embrasé.  

 

- Ryo…, gémis-tu, les larmes aux yeux.  

 

Ne m’abandonne pas, pas une deuxième fois. Je te veux. Je ne veux plus être éloignée de toi. Je veux t’aimer, te donner mon coeur, mon corps, tout ce que j’ai de meilleur. Je veux pouvoir me serrer contre toi, t’apaiser quand la vie te joue un mauvais tour, nous donner une chance d’être heureux. Je veux l’intimité dans nos gestes, dans nos rapports, dans nos regards. Je veux pouvoir t’embrasser, te tenir la main, t’appeler mon homme ou mon compagnon, pas simplement mon partenaire. Je veux être à toi.  

 

- Kaori… Je ne peux pas. Je suis désolé. Je ne veux pas profiter une deuxième fois de ta fragilité.  

 

Je sens ta tête se poser sur mon torse et tes sanglots agiter ton corps. Je te serre contre moi puisque, apparemment, tu ne me fuis pas ou pas encore. J’ai mal, Kaori. Mal pour toi, pour la douleur dans laquelle je t’ai plongée et que je ne peux pas effacer. J’ai aussi mal pour moi et mon incapacité à oublier le danger qui nous entoure et la peur de te perdre. C’est peut-être incompréhensible pour beaucoup mais c’est ma façon de t’aimer : te garder en vie le plus longtemps possible même s’il faut souffrir de ton absence en ta présence. Je sens un sourire cynique arriver : souffrir de ton absence en ta présence… Je ne me savais pas aussi... philosophe ou métaphoricien peut-être. Une façon très contradictoire pour simplement dire que je voudrais plus de toi mais que je me l’interdis même si j’en souffre… et toi avec.  

 

Je finis par me calmer et me rends compte que je suis toujours dans tes bras. J’ai honte de ce que j’ai fait. J’ai perdu les pédales. J’ai cherché du réconfort dans tes bras, ce qui n’aurait vraisemblablement été qu’éphémère et aurait certainement rendu la suite encore plus douloureuse. Doucement, je me relève. Je n’ose pas croiser ton regard de peur d’y lire ta déception, alors je fuis. Je sors de la salle de bains et descends à la cuisine. J’ai besoin de m’occuper l’esprit et entame la préparation du petit-déjeuner. Je t’entends te doucher puis, quelques minutes après, tu descends. Dès que tu entres dans la cuisine, je ressens le besoin d’en sortir. Ta présence m’oppresse tant j’ai peur du moment où tu vas me rabrouer, me demander de sortir de ta vie puisque je ne suis pas capable de m’en tenir à notre accord, mettant en jeu notre partenariat, nos vies. Je ne peux pas encore t’affronter.  

 

La douche m’a remis les idées en place et permis de faire le vide sur ce qui s’est passé ce matin. Je n’arrive toujours pas à croire à la véracité des tests et cette petite voix continue de me tarabuster mais je me dis que j’ai besoin de temps, que ces quelques jours feront leur effet et les choses rentreront dans l’ordre. Je sais aussi que je vais devoir être fort pour nous deux, trouver les mots, les gestes qui vont t’aider à reprendre le dessus et aller de l’avant et j’avoue que cette partie-là ne me sera pas aisée mais elle est nécessaire. Alors quand je rentre dans la cuisine et que tu tentes de t’enfuir, baissant les yeux, j’attrape ton poignet et t’arrête. Toucher ton menton pour te forcer à me regarder, geste très intime à mon goût, est un supplice pour mes sens mais ton regard brillant me serre le coeur. Tu es morte de trouille. Tu as besoin d’être rassurée.  

 

- Tu es mon étoile, Kaori. J’ai besoin de toi pour me guider. Ne t’éteins pas, s’il te plaît. Jamais.  

 

Je lâche ton poignet et tu mets quelques secondes avant de reprendre ton chemin, quelques secondes pendant lesquelles tu fixes mon regard, certainement cherchant à décrypter le sens intégral de mes paroles. Ca n’a rien de transcendant, tu sais. Tu es mon étoile, celle qui me protège, sur qui je compte, celle qui me connaît le plus, celle qui m’éblouit par sa beauté, mais la seule que je ne peux atteindre. Que je t’ai eue une fois est déjà un miracle en soi, même si c’est un miracle qui nous fait souffrir. Je veux que tu continues à briller, à vivre, à rire et à espérer parce que, si tu t’éteins, je serai perdu. Si tu t’éteins, ce sera de ma faute et je ne suis pas sûr de pouvoir vivre avec ça. Seul, je me tourne vers la table mais je n’ai pas faim. Je prends juste une tasse de café et range le reste avant de vaquer à mes occupations.  

 

Quatre jours passent où je te vois aussi perplexe, subissant encore les revers que ton corps t’inflige. Je ne comprends pas ce qui se passe et l’inquiétude me gagne, d’autant plus ce soir où je t’ai laissée seule après que Mick m’ait invité à faire le tour des cabarets. Plus la soirée avance, plus je sens un malaise me gagner. Mick fait le joli coeur quand je lui dis que je m’en vais.  

 

- Faut dire que t’es pas de super compagnie ce soir. T’as même pas fini ton verre et tu n’as même pas répondu aux avances des filles., me lance-t-il, un regard sérieux posé sur moi.  

- Il faut croire que je suis fatigué., réponds-je simplement, m’allumant une cigarette pour couper court à la conversation.  

 

Nous faisons le reste du chemin en silence et nous séparons en bas de l’immeuble. Quand je rentre dans l’appartement, je te retrouve allongée sur le divan en larmes. Ta pâleur m’inquiète. Ton regard désespéré et douloureux me bouleverse. Et si j’étais passé à côté de quelque chose de grave ?  

 

- Kaori ?  

- Ryo… J’ai mal…, gémis-tu.  

 

Je me sens fébrile. Me reviennent quelques bribes de reportages médicaux vus à la télé en zappant et je me sens blêmir : tu fais peut-être une grossesse extra-utérine… Il faut faire vite.  

 

- Viens, je t’emmène chez le Professeur., me dis-tu en me prenant dans tes bras.  

- Quoi ?  

 

Ton geste et ton inquiétude me sortent momentanément la douleur de la tête et je ne comprends pas pourquoi tu veux m’emmener à la clinique.  

 

- Tu fais peut-être une grossesse extra-utérine. Je ne prendrai pas de risques., m’expliques-tu patiemment en te dirigeant vers la porte.  

- Non Ryo, repose-moi. J’ai mes règles et c’est plus douloureux que les autres fois.  

 

C’est douloureux physiquement comme jamais mais moralement aussi. Jusqu’à présent, j’avais peur d’être enceinte parce que ça compliquerait les choses entre nous, que ça me rappellerait cette nuit, que j’aurais peut-être des choix difficiles à faire… Malgré les tests négatifs, les signes que mon corps continuait de m’envoyer me poussaient à croire qu’ils étaient faux et, aujourd’hui, quand mon cycle est arrivé, j’ai enfin compris ce que je voulais nier depuis le départ : je voulais ce bébé même si c’était dur, même si ça ravivait les souvenirs, même si je devais l’assumer seule. Je voulais ce bébé parce que c’était ton enfant, notre enfant, et certainement ma seule chance de le porter. Il aurait été le symbole que notre amour avait existé réellement. Peut-être qu’inconsciemment, je me raccrochais aussi à cela pour me dire que ça ferait peut-être changer les choses entre nous, mais je n’en suis même pas sure.  

 

Alors oui, j’ai mal de devoir faire une croix sur tout cela définitivement, sur toutes ces possibilités qui ont existé pendant quelques jours et n’existeront probablement plus, en tout cas pas avec nous deux ensemble. Je me sens vide et inutile comme une coquille sans fruit. J’ai l’impression qu’une partie de moi s’est éteinte. J’ai mal de me dire que, de cette nuit, ne resteront que des souvenirs que j’ai peur d’oublier. Je ne veux pas oublier, Ryo, je ne veux pas oublier les plus belles heures de ma vie.  

 

Je n’ai jamais été suicidaire mais j’avoue que je me suis demandée pendant un moment à quoi bon continuer, quel but poursuivre dans ma vie si je ne peux t’aimer ou aimer notre enfant. Pendant quelques heures ce soir, j’ai qualifié mon existence de vaine et inutile. Pendant ces quelques heures, je me suis enfermée dans une spirale infernale dont je ne me demandais même pas comment sortir. Je voulais juste pleurer… et oublier… et disparaître… et c’est cette douleur morale qui me fait souffrir plus que la douleur physique.  

 

Maintenant, tu es là et ta seule présence a cassé ce cercle vicieux. Tu es inquiet pour moi et, malgré les secondes qui passent, tu ne me reposes pas par terre. Nos regards sont figés l’un sur l’autre et je reprends pied grâce à toi. Tu es mon but, ma raison de vivre. Même si nous ne pouvons être ensemble, tu as besoin de moi et je ne peux pas t’abandonner. Nous sommes comme les deux plateaux d’une balance : seuls nous touchons le fond, à deux, nous avons trouvé notre équilibre. Il est un peu malmené en ce moment mais je veux espérer que les choses retrouveront leurs places. Aide-moi à passer ce cap.  

 

- Je peux faire quelque chose ?, me demandes-tu.  

 

Je sens ta détresse, Kaori. Quelque chose me fait penser que ta douleur n’est pas juste physique et, ce quelque chose, c’est la tempête qui m’agite actuellement, celle qui m’empêche de te lâcher parce que j’ai besoin de te sentir près de moi, parce que, pour l’une des rares fois de ma vie, je me sens trembler. Alors je te repose enfin par terre mais te garde contre moi. Je sens tes larmes s’apaiser et je me concentre sur ta respiration pour contrôler la mienne.  

 

Tu n’es pas enceinte… Je devrais être soulagé voire heureux. C’est une bonne nouvelle après tout de ne pas avoir à gérer cet incident de parcours. Enfin, ça devrait l’être… mais ça ne l’est pas. Je sens mon estomac se nouer et te serre un peu plus contre moi. Quelque part en moi, j’aspirais à un autre dénouement. Pour toi d’abord car je suis convaincu que tu serais une mère formidable et que notre enfant ne manquerait jamais d’amour ni de chaleur. Après tout, tu es la seule que j’arrive à imaginer comme mère de mes enfants si je devais un jour en avoir. Pour moi ensuite même si je ne serais pas sûr de pouvoir en assumer la paternité. Depuis que tu m’as amené à côtoyer des enfants et des parents plus ou moins volontairement, j’ai entrevu ce que pouvait être une relation parent-enfant, la manière dont un enfant pouvait changer une vie, la joie et le bonheur qu’il amenait dans une existence. Peut-être même que j’aurais réussi à me lâcher et faire de toi ma compagne. Peut-être que nous aurions pu être une famille, la première famille que j’aurais eue, la seule même.  

 

- Tu es là. Ca compte beaucoup pour moi., me réponds-tu.  

 

Je m’écarte de toi. Tu le sens et relèves la tête. Nos regards se croisent. Nous restons un moment plongés dans le regard de l’autre. Mes mains remontent le long de ton dos et viennent doucement caresser ton visage. Tu me manques, Kaori. Tout est devenu si sérieux, si tendu entre nous dernièrement que j’ai la sensation de t’avoir perdue. Mon amie me manque, ma colocataire me manque. Je veux retrouver la légèreté de nos relations, retrouver ce qui faisait notre particularité, retrouver ce petit jeu du chat et de la souris que nous avions. Bien évidemment, je voudrais retrouver l’amante que j’ai connue cette nuit-là, te serrer dans mes bras comme je n’ai jamais serré aucune autre auparavant mais, tant que je ne serais pas prêt à accepter les risques, je ne tenterai plus le diable par égard pour toi et la douleur dans laquelle tu es plongée depuis.  

 

Tu es si sérieux, Ryo. Je ne sais pas à quoi tu penses mais je vois le trouble dans tes yeux. Pourquoi n’arrivons-nous pas à nous parler même aujourd’hui ? Pourquoi ne pouvons-nous exprimer tout haut ce que nous pensons tout bas ? Peut-être que ça nous ferait du bien… ou pas. Je te regarde et je souffre de te voir aussi tourmenté, de voir cette dureté dans ton regard. Je souffre mais je suis également rassurée. C’est moche, non ? Je me dis que tu n’es pas indifférent. Même si je le savais déjà, j’en ai une nouvelle preuve et, dans mon environnement actuel chaotique, je me raccroche à ce que je peux.  

 

Aujourd’hui, nous savons définitivement que cet épisode de notre vie s’est arrêté ce jour-là. Il n’y aura pas de conséquences visibles à long terme. Il ne nous reste qu’à gérer l’invisible, retrouver notre cohésion antérieure… Bref, il ne nous reste qu’à tourner la page. Quoi de mieux pour cela que de se dire au revoir ? Mon estomac se noue mais je sais que c’est la meilleure chose à faire même si ce n’est pas facile. Fébrile, je pose la tête sur ton épaule un moment puis la relève.  

 

Pourquoi ce regard, Kaori ? J’y lis tellement de choses que ça me chamboule : ton amour, ta tristesse et… de l’espoir. Qu’attends-tu ? Que veux-tu me dire ? Je ne comprends pas. Ta main glisse dans mes cheveux et des signaux d’alerte se mettent en route dans mon cerveau, atténués par les sensations qui se réveillent. Que fais-tu ? La réponse ne tarde pas à venir : tu te mets sur la pointe des pieds et déposent tes lèvres sur les miennes. On ne peut pas…  

 

- Kaori…, te dis-je en m’écartant.  

- Je clos le chapitre, Ryo. C’est tout. Je tourne la page., me réponds-tu.  

- Un baiser d’adieu en somme…, murmures-tu, une lueur étrange dans le regard.  

- Oui., soufflé-je.  

 

Tu caresses de nouveau ma joue, réfléchissant un instant, puis te penches sur moi, acceptant implicitement ma proposition. Notre baiser est tendre et, malgré tout, intense, si intense qu’il me décroche quelques larmes. Je ne veux pas te dire au revoir mais je n’ai pas le choix. Alors adieu mon amant d’une nuit, rebonjour mon ami.  

 

Tes larmes glissent le long de tes joues et se perdent à la commissure de mes lèvres, donnant un goût salé à notre baiser. Mon coeur bat lentement comme lorsque je devais accomplir un meurtre avant. Ce n’est qu’un baiser, pourtant, je sens le côté solennel de la chose et, à aucun moment, le désir n’enflamme mes sens. Mes yeux piquent et je lutte pour ne pas verser ces gouttes salées, symbole de fragilité, impensable pour un homme de ma trempe. Lorsque tu t’éloignes au bout de plusieurs secondes, je croise ton regard triste et je me sens chavirer. Je glisse une main derrière ta nuque et t’attire contre moi, te serrant fort contre moi alors que tes mains s’accrochent à mes épaules.  

 

Je ne voulais pas que ce moment s’arrête et j’ai à peine quitté tes lèvres que tu me manques déjà. Aussi je ne lutte pas quand tu m’attires contre toi et profite de ces derniers moments entre tes bras. J’inspire ton odeur, apprécie une dernière fois la manière dont nos corps semblent faits l’un pour l’autre et mémorise le contact doux et fort de tes bras puis lentement je m’éloigne de toi.  

 

- On ferait mieux d’aller dormir., te dis-je.  

- Oui. Vas-y, je vais fumer une cigarette.  

 

Je te regarde monter les escaliers et te suis de peu, continuant mon chemin vers le toit. Je regarde les étoiles un moment et me demande ce qu’Hide aurait pensé de tout cela. M’aurait-il tué pour avoir touché à sa petite sœur adorée ? M’aurait-il encouragé à passer outre mes peurs pour entamer une relation suivie avec elle ? Je ne sais pas. La seule chose dont je suis sûr, c’est qu’il m’aurait dit de reprendre le dessus, qu’on ne fait rien de bon sous pression. Je soupire. Mon ami et sa sagesse me manquent. Malgré tout, au bout de quelques minutes, je redescends un peu plus calme.  

 

Allongée dans mon lit, emmitouflée dans la couette qui forme un cocon autour de moi, je tente de trouver le sommeil, de lutter contre les pensées négatives. Je t’entends monter puis redescendre. Tes pas s’approchent de ma chambre et je retiens mon souffle quand ils s’arrêtent devant ma porte.  

 

- Kaori ?, m’appelles-tu doucement.  

- Entre.  

 

Je ne sais pas ce que tu veux et mon coeur bat un peu plus vite.  

 

Je pénètre dans ta chambre sans réellement savoir pourquoi. J’en avais juste besoin. Je te vois fourrée dans ton lit, seule ta tête dépassant de la couette, et un sourire naît sur mes lèvres.  

 

- Laisse-moi deviner : pyjama jaune ?, me demandes-tu soudain.  

 

Je me sens rougir et acquiesce. Oui, j’ai enfilé cette horrible chose informe dans laquelle je me sens si bien. J’ai besoin de sa chaleur et de sa douceur. Ca te fait rire d’avoir vu juste et, malgré toute la tension qui m’habite encore, ce rire est comme un léger baume sur mon coeur. Tu te calmes cependant rapidement et ton regard se fait plus soucieux.  

 

- Appelle-moi si ça ne va pas, d’accord ?, me dis-tu.  

- Promis. Merci Ryo., me réponds-tu d’une petite voix.  

 

Je te jette un dernier regard puis sors de ta chambre, refermant doucement la porte. Je lutte contre l’envie de m’y adosser et force mes pas vers ma chambre. Je me déshabille machinalement et m’allonge dans mon lit. Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve mais je veux croire que les choses vont s’arranger pour nous. Je ne peux pas croire qu’il puisse y avoir d’autres moments aussi durs que ceux que nous avons vécus ces dernières semaines. 

 


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