Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 15 chapters

Published: 18-11-19

Last update: 03-12-19

 

Comments: 23 reviews

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DrameRomance

 

Summary: City Hunter franchit la ligne rouge. Comment gèrent-ils l'après?

 

Disclaimer: Les personnages de "Only one memory" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Only one memory

 

Chapter 12 :: Chapitre 12

Published: 30-11-19 - Last update: 30-11-19

Comments: Bonjour, la suite de l'histoire. Merci pour vos reviews qui sont toujours un plaisir à lire. Bonne lecture^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15


 

Chapitre 12  

 

Je me réveille avec un mal de crâne carabiné. Je me tourne pour me protéger des rayons du soleil qui m’éblouissent et je te découvre assis contre le mur, endormi. Je me sens toute retournée de ton attention alors que ça fait des semaines que je fais tout pour t’éviter. Je sens les larmes me monter aux yeux : pourquoi ton amour pour moi ne peut-il être qu’un sentiment partagé ? Pourquoi ne peut-il se traduire dans les gestes de notre vie ? Nous ne sommes pas des saints, Ryo. Nous avons besoin de ce contact pour vivre mieux et avancer mais je ne peux plus supporter que ça se résume à une nuit de temps à autre. Je veux le sexe, les engueulades, les soirées dans le canapé, les baisers tendres et ceux enflammés, les doigts qui se frôlent, les regards échangés…. Je veux tout ce qu’un couple partage même si nous devons être plus discrets.  

 

Je lâche un soupir tremblant en sentant la tension remonter. Tu ne veux pas de tout cela. Peut-être veux-tu encore les nuits d’amour de temps à autre pour maintenir l’attrait mais tu ne veux pas d’une relation de longue durée et c’est là que nous avons un problème. Je sais que nous allons en parler et c’est clair dans ma tête : pour moi, ce sera tout ou rien. Je ne veux plus des soirées torrides si je ne peux avoir ta tendresse la journée. Voilà ce que je sais. Ce que j’ignore en revanche, c’est quelle sera ta réaction et ça me fait peur. Je relève le regard et croise le tien qui me scrute.  

 

- Merci de m’avoir ramenée hier soir.  

 

Je vois l’inquiétude dans tes yeux et j’espère que notre conversation va effacer cela. Je t’observe attentivement et suis légèrement rassuré de te voir un peu plus reposée qu’hier. Tu as repris un peu de couleur aussi, ce qui n’est pas plus mal. Je me lève, m’étirant tel un chat. Je n’ai pas voulu te laisser cette nuit. J’étais inquiet et n’ai pas voulu te quitter. J’ai failli t’emmener dans mon lit pour que je puisse m’allonger à tes côtés mais j’ai craint ta réaction au réveil, alors j’ai choisi la sécurité. Tu te lèves et lisses ta robe, tentant de lui rendre un peu d’allure, mais c’est peine perdue. Je sens ta main me frôler quand tu passes à mes côtés sans t’écarter et la saisis doucement. Ton regard interrogateur se pose sur moi et tu sembles suspendue à mes lèvres.  

 

- Comment tu te sens ?  

- Anxieuse, fatiguée et terrifiée.  

 

Ton honnêteté me fait plaisir : tu fais un pas dans ma direction et je n’en demande pas plus. Un pas à la fois, c’est mieux qu’un bond en arrière. Je ne peux m’empêcher de caresser ta joue du bout des doigts et tu fermes les yeux à cette caresse légère. Il y a toujours quelque chose entre nous, Kaori, et c’est à nous de définir ce que nous voulons en faire.  

 

- Je vais prendre une douche puis j’irais préparer le petit-déjeuner., m’informes-tu.  

- Kaori, nous devons…  

- Je sais, Ryo. Nous devons parler, je ne m’enfuirai pas.  

 

Je vois tes yeux me jauger, cherchant une trace de duplicité mais tu n’en trouveras pas. J’ai besoin d’avancer et, s’il faut t’affronter, je le ferai.  

 

Une demie-heure plus tard, tu me rejoins dans la cuisine, lavé, rasé et habillé de manière très habituelle mais, malgré tout, mon coeur rate un battement, peut-être parce que, pour la première fois en six semaines, j’ai entrouvert la porte pour toi, que je ne te considère plus comme une personne contre qui je dois me battre, que je dois éviter à tout prix. Je sais que tu vas m’en vouloir mais je ne peux pas faire autrement.  

 

- Ryo, il va falloir décaler la discussion. Je dois absolument aller faire des courses.  

- Non ! Tu m’as promis, Kaori.  

- Je sais mais les placards sont vides et le magasin est fermé cette après-midi. J’aimerais mettre ça derrière nous avant de parler.  

 

Tes yeux ont flashé de colère et tu te méfies de moi, à juste titre vu mon comportement de ces dernières semaines. Tu es fâché et te retiens de t’énerver. Je sens la tension qui irradie de ton corps.  

 

- Les propriétaires marient leur fille demain. Ils ouvrent jusque midi et après ce sera fermé jusque mardi. Regarde, ils sont vides., dis-je en ouvrant les placards et le frigo.  

- Je n’ai fait que des courses d’appoint en six semaines. Ecoute, si tu as peur que je me défile, viens avec moi. On ira plus vite et j’aurais deux bras musclés pour porter les sacs.  

- Si tu cherches à me flatter pour m’amadouer, c’est raté mais tu as raison, je vais venir avec toi. Ca ira plus vite.  

 

Je vois la surprise se peindre sur ton visage et une lueur de plaisir s’allumer dans ton regard. Je ne t’ai pas habituée à venir avec toi au supermarché mais certaines choses peuvent évoluer, non ? Alors nous nous préparons et je te vois fouiller le placard comme une furie, les sourcils froncés. Certaines choses ne changent pas en revanche.  

 

- Je ne trouve pas mon sac à main. Tu sais où je l’ai mis hier soir en rentrant ?  

- Tu ne l’as pas pris et moi je n’y ai pas pensé. Il doit toujours être au Cat’s. Ecoute, va au magasin. Je vais aller chercher ton sac à main et je te rejoins. Ca t’évitera de devoir répondre aux questions de Miki sur hier soir.  

 

C’est une bonne idée. Après tout, j’ai gâché ma propre fête d’anniversaire et nul doute que ma meilleure amie va me poser un tas de questions sur mon comportement. J’ai trop de choses à éclaircir avec toi pour m’embrouiller l’esprit avec ses remarques ou emportements. Le souvenir de ce qu’elle m’a avoué t’avoir dit à sa fête d’anniversaire est encore douloureux même si je lui ai pardonné. Elle voulait te faire réagir en provoquant ta jalousie. Elle n’a pas pensé que tu baisserais les bras et admettrais que je pus vraiment être amoureuse de Takeshi. D’ailleurs, tes doutes sur mes sentiments me font encore mal aujourd’hui. Je chasse ses idées noires de mon esprit et nous sortons, nous quittant en bas de l’escalier.  

 

Je prends la route du magasin. L’air frais me fait du bien et je me sens d’humeur un peu plus légère, ce qui n’est pas négligeable. Si notre conversation ne tourne pas au vinaigre et ne me met pas le moral dans les chaussettes, peut-être irais-je faire un tour au parc cette après-midi. Les cerisiers sont en fleurs, c’est l’un de mes moments préférés de l’année.  

 

Je sens soudain une présence malsaine autour de moi et je n’ai pas le temps de réagir qu’une voiture s’arrête à mes côtés dans un crissement de pneus, qu’une porte s’ouvre et que quelqu’un derrière moi me pousse dedans. Deux bras m’attrapent et m’immobilisent pendant qu’on me ligote et bâillonne. J’enrage : ce n’est pas le moment…  

 

Je gare la mini devant le café et me dépêche. Je n’ai pas envie de poser et de me retrouver dans une discussion avec Miki.  

 

- Salut Umi. Kaori a oublié son sac à main hier soir.  

 

Il me tend ton sac et je fais demi-tour avec empressement.  

 

- Comment va la petite ?  

- Elle a passé une bonne nuit., réponds-je sans me retourner et je refais un pas.  

- Ryo, je n’ai pas l’habitude de me mêler de ce qui ne me regarde pas mais Kaori est mon amie.  

 

Je sens mes épaules s’affaisser. C’est tellement rare que l’Eleph’ se lance dans une conversation sérieuse avec moi que j’ai envie de l’écouter. Je me retourne et scrute le café avec attention.  

 

- Miki n’est pas là.  

 

Je reviens au bar et m’assois, signe que j’accepte de l’écouter. Il me donne une tasse de café et pose son torchon.  

 

- Je sais qu’il s’est passé quelque chose entre vous, quelque chose de sérieux et profond qui vous a déstabilisés. Je ne veux pas savoir de quoi il retourne, ce ne sont pas mes affaires.  

- Merci, Umi… et tu as raison.  

- Il faut que les choses rentrent dans l’ordre, Ryo., me dit-il d’un ton sentencieux.  

- Nous faisons ce qu’il faut pour retrouver notre relation d’avant., lui dis-je, nerveux.  

- Es-tu sûr que c’est le mieux que vous ayez à faire ?  

 

Je tapote le bar avec mon briquet : les propos de mon ami me perturbent. Umi ne parle pas pour rien dire et je me dois de considérer ses paroles même si elles me dérangent.  

 

- Je dois rejoindre Kaori au magasin sinon elle va m’accuser de me défiler.  

- Ryo, tu me rappelles comment tu choisis tes missions ?  

- A coup de massues ?, réponds-je sur le ton de la plaisanterie.  

 

Même si c’est une pensée improbable, je sens son regard sérieux posé sur moi et je me sens mal à l’aise. Je suis dans mes petits souliers et lutte contre l’envie d’éluder la question.  

 

- Je prends les affaires qui font battre mon coeur., finis-je par dire à contre-coeur, me demandant où il veut en venir.  

- Alors pourquoi, dès qu’il s’agit de Kaori, tu penses plus avec ça qu’avec ça ?, me demande-t-il, pointant vers ma tête puis vers mon coeur.  

 

Je ne comprends pas ou peut-être que je ne veux pas comprendre, je ne sais pas… Umi reprend ma tasse, la lave et l’essuie. La conversation est finie. Je tourne les talons et sors du café avant de reprendre la route.  

 

J’arrive au magasin et suis étonné de ne pas te trouver dans les rayons. Je demande au gérant s’il t’a vue et, quand il me dit que non, un sombre pressentiment s’empare de moi. Je ressors et tombe sur un de mes indics qui me cherchait et me relate ce qu’il s’est passé, inquiet. Je sens la colère s’emparer de moi et fonce vers la mini. Je ne tarde pas à trouver ta position grâce à l’émetteur fixé sur ta veste et me dirige vers une partie abandonnée du port de Tokyo.  

 

- Lâchez-moi, bande de brutes ! Bas les pattes !  

 

Je hurle, le bâillon tombant, et me débats. L’un de mes ravisseurs m’assène une violente gifle qui m’envoie à terre. La puissance du coup me coupe le souffle et je me recroqueville en les voyant approcher, un rictus mauvais sur le visage. Je cherche de quoi me défendre et attrape une barre de fer qui traîne par terre. Ce n’est pas évident avec mes deux mains liées devant moi mais je me démène avec l’énergie du désespoir. Je ne nous laisserai pas tomber. Je dois sortir de là et te rejoindre. Ils rigolent de ma vaine tentative mais se fâchent vite quand j’en frappe deux au ventre assez fortement. Le troisième attrape la barre, me la saque des mains et m’envoie un coup de poing dans l’estomac. Je me retrouve à terre, réprimant une forte envie de vomir. La douleur est atroce.  

 

- Tu te tiens tranquille ou je continue à te cogner. On a pour consigne de te garder en vie, pas en bon état., me prévient-il.  

 

Il m’envoie un coup de pied et j’ai à peine le temps de me décaler pour le recevoir sur la hanche. Je serre les dents sous le coup de la douleur. Je me mets en position foetale, les mains autour de de ma tête, pour me protéger, mais, heureusement pour moi, le chef arrive et rabroue ses hommes, m’offrant un répit temporaire. Quand ils partent, je m’assois contre le mur en grimaçant. Le salaud n’y a pas été de main morte. Ca fait un mal de chien et j’avoue avoir un peu peur. Vont-ils revenir me tabasser ou simplement attendre ton arrivée ? Car je suis sure que c’est encore une fois pour t’attirer dans un piège.  

 

Je ne sais pas combien de temps a passé quand la porte s’ouvre brusquement. Deux malabars m’attrapent par les bras et m’emmènent. Je ne me débats pas. Ca ne vaut pas encore le coup. Quand on arrive dans la zone de stockage, je note le crochet qui pend et je frissonne à la torture qui m’attend. Ils ne traînent pas à passer mes bras au-dessus de ma tête et la corde dans le crochet avant de le remonter jusqu’à ce que je sois obligée de me tenir sur la pointe des pieds. J’ai peur, Ryo : ils m’entourent et je ne pourrai pas me défendre s’ils me frappent.  

 

L’un d’eux avance vers moi et je fais un pas en arrière. Seulement je ne tiens plus et je suis entraînée en avant sans pouvoir rien maîtriser. Instinctivement, je replie les jambes comme sur une balançoire. J’ai mal aux poignets sur lesquels la corde appuie à cause de mon poids. Je n’ai pas calculé mais le mouvement de balancier me propulse vers l’homme qui m’a menacée et je le frappe, l’envoyant valser au loin. Il se relève furieux et fait pour me frapper mais son chef le retient.  

 

- Ca suffit. Il est là. Tu t’occuperas d’elle après., lui dit-il.  

 

Le regard qu’il pose sur moi me fait frémir. Je sens soudain ta présence et je me sens rassurée.  

 

Quand je rentre dans le bâtiment, je te vois tout de suite pendue dans une position inconfortable au milieu de la pièce. Je sens les auras malfaisantes de tes ravisseurs et je dois d’abord m’occuper d’eux avant de venir te délivrer. Un premier coup de feu résonne dans la pièce et je me projette sur le côté, répliquant. D’autres suivent et j’y réponds. Je serre les dents en rechargeant mon magnum : ils font exprès de viser en croisé, te mettant volontairement dans la ligne de mire. Je ne veux pas que tu prennes une balle perdue. Je dois jouer plus finement.  

 

J’ai repéré leurs positions. Je me déplace furtivement et attrape l’un des quatre tireurs que je neutralise. Je tire une balle vers mon ancienne position pour gagner un peu de temps avant de me diriger vers ma deuxième proie que j’assomme du revers de la main. Les coups de feu se raréfient. Ils ont dû se rendre compte de quelque chose.  

 

Je suis là, suspendue, au milieu du champ de tir, priant pour qu’aucune balle ne me touche. J’ai confiance en toi mais pas en eux. J’ai l’estomac noué, mes épaules et mes bras me font mal, mes doigts fourmillent, la circulation sanguine devenant difficile. Bref, j’ai connu mieux. J’essaye d’occulter mes sensations physiques et de me concentrer sur toi et ce que tu fais. On ne sait jamais si je peux t’être utile.  

 

Je devine ton plan initial et je sais que tu réfléchis maintenant à la façon d’éliminer les deux derniers. Quand je vois leur position, je ne suis pas surprise du coup de feu qui part et blesse celui qui est à ma droite. Tu pouvais l’atteindre sans craindre de me toucher. Je sens le quatrième homme approcher de moi, profitant de ma présence comme bouclier. Je me souviens de ma mésaventure un peu plus tôt et avance un peu comme si je voulais fuir le canon de son arme. Tu sors alors de ta cachette et nos regards se croisent.  

 

Ton courage m’épatera toujours, Kaori. Tu es à la merci de cet homme sans aucun moyen de te défendre et tu ne flanches pas. Tu réfléchis vite et tu anticipes ce que je vais faire. Je te vois suspendue à bout de bras sur ce crochet et, quand je te vois te recroqueviller et donc partir en arrière, je bondis en avant. Le mouvement de ton corps agit comme une boule de chantier sur un immeuble. Tu fais tomber l’homme qui te menaçait et je lui saute dessus, attrapant sa main et le forçant à lâcher son arme qui vole deux mètres plus loin. Nous nous battons sauvagement pendant plus d’une minute jusqu’à ce que je prenne le dessus et l’assomme. Je me redresse en me frottant et observe la scène un instant.  

 

- Dis, je ne voudrais pas te perturber dans ta contemplation du travail achevé mais je commence à avoir la nausée., dis-je alors que je joue encore au balancier.  

 

Tu te retournes en frottant bêtement ta tête et je ne peux m’empêcher de sourire. Tu m’attrapes quand le mouvement de balancier me ramène vers toi et me colle contre toi, me soulevant pour que je puisse dégager la corde du crochet. Je sens ton souffle dans le creux de ma poitrine et je ne peux empêcher un frisson de parcourir tout mon corps. Mes bras ankylosés retombent lourdement et te cognent à la tête, ce qui brise un peu le moment.  

 

- Désolée., dis-je, gênée.  

- Ce n’est pas grave, j’ai la tête dure., me dis-tu, un sourire aux lèvres.  

 

J’entreprends de défaire tes liens sans bouger tes bras. J’aime cette position où tu es collée contre moi, les bras autour de mon cou. Si je le voulais, je n’aurais qu’à me baisser pour prendre tes lèvres mais je me contiens et finis par faire céder le nœud. Tes bras tombent lourdement sur le côté.  

 

- J’ai l’impression de ne plus rien contrôler.  

- Ca reviendra d’ici quelques minutes. Tu vas bien ?  

 

Tu prends mon menton entre tes doigts et bascules mon visage du côté où j’ai été frappée. Je vois ta mâchoire se serrer de colère puis soudain nos corps se tendent. En moins d’un dixième de seconde, tu m’empoignes, me serrant contre toi, et t’élances par terre, faisant de ton corps un bouclier. Le coup de feu éclate et la balle perce la caisse qui était juste derrière nous. Il y avait un cinquième homme…  

 

- Reste là. Ne sors sous aucun prétexte.  

 

J’ai lâché prise un court instant. J’aurais pu te perdre ou y laisser la vie, Kaori. Nous n’aurions pas eu le temps de mettre au clair notre relation et l’un de nous serait resté avec des regrets. Je dois me reprendre.  

 

Je suis l’homme hors du bâtiment. Il s’est planqué derrière des caisses. Il a l’air patient mon gaillard mais moi je ne le suis pas, enfin pas aujourd’hui. J’avise la citerne de carburant derrière lui et la fait exploser d’une balle, le forçant à sortir de sa cachette. Il se met à me canarder pour se protéger le temps de trouver une nouvelle cachette. J’attends, vise et tire. Il s’effondre, le genou en compote. Il me vise à nouveau et, là, c’est son arme qui vole dans les airs, accompagnée d’un cri de douleur. Je m’approche de lui et l’assomme. Je suis sûr qu’avec l’explosion, les flics ne vont pas tarder à rappliquer. Ca veut dire que nous devons nous en aller.  

 

J’entends les coups de feu venir de dehors et attends anxieuse. N’y tenant plus, je m’approche de la sortie. Tu m’as dit de ne pas sortir, pas de ne pas bouger après tout… Le sol est jonché de déchets et éclaboussé par les remous des vagues qui cognent les quais. Ils ont choisi une ancienne conserverie de poissons. Je me repasse les informations que tu m’as fait apprendre pendant toutes ces années. Cela fait bien trente ans que cet entrepôt ne sert plus. Dire qu’avant une cinquantaine de personnes travaillaient ici, débarquant les caisses de poissons sur les quais abrités, les évidant et préparant pour les fumer… Ca me rend triste de voir que tout cela a disparu mais penser à cela m’a au moins permis de juguler ma nervosité.  

 

Regardant dehors, je te vois approcher du cinquième homme et lui asséner un coup de crosse. Quand tu te retournes, je ne peux m’empêcher de sourire, soulagée que nous soyons encore en vie tous les deux. Tu m’as encore sauvée, Ryo. Je ne sais pas si un jour, cela s’arrêtera mais aujourd’hui, tu as encore été là pour moi. Il ne nous reste qu’à rentrer et parler. J’ai vraiment envie qu’on aplanisse la situation et retrouve une cohésion. Nous avons gardé notre connivence dans le travail, nous devrions pouvoir la retrouver dans la sphère privée aussi. Je reprends confiance en l’avenir. Peut-être que tout ne sera pas aussi difficile que je le pensais.  

 

Je ne suis même pas étonné ni fâché de te voir à l’entrée du bâtiment, m’attendant. Tu as respecté les consignes que je t’ai données. Je ne sais pas si tu t’en es rendue compte, Kaori, mais tu as aussi devancé mes actes pendant cette mission. Tout n’est pas perdu pour nous. Il nous faut juste aller de l’avant et gérer les malentendus entre nous. Oui, nous allons redéfinir les contours de notre relation et tout rentrera dans l’ordre.  

 

Les paroles de Umi me reviennent alors en mémoire. Est-ce que le retour à la normale est ce qu’il nous faut ? Je chasse cette idée de ma tête. Nous n’en sommes pas encore là. Réapprenons d’abord à être amis avant d’envisager autre chose. Après tout ce que nous avons vécu, nous avons besoin de temps pour agir posément.  

 

Sortant de ma réflexion, je me dirige enfin vers toi. Il n’y a qu’une centaine de mètre à faire de là où je suis pour arriver à tes côtés mais cela me paraît loin. Je deviens certainement trop sentimental. Je presse le pas néanmoins.  

 

Je te vois arriver vers moi. J’ai envie de courir vers toi mais ça ne sert à rien. Je sais que tu as garé la mini de l’autre côté, que nous allons devoir retraverser tout le hangar avant de ressortir. Je ne veux pas l’admettre mais je suis fatiguée. Des semaines de diète font cet effet-là, l’insomnie aussi. Alors raisonnablement je t’attends, mon sourire s’élargissant à chaque pas que tu fais. Mon coeur trépigne d’impatience et c’est tellement fort que je me sens légèrement vacillante.  

 

Les tremblements s’accentuent et je te vois t’arrêter, incrédule. J’entends soudain toute la structure du bâtiment qui gémit. Un tremblement de terre… Je suis habituée aux secousses minimes mais je ne me souviens pas avoir vécu un tremblement de terre aussi fort. Je dois sortir du bâtiment qui semble trop vétuste pour tenir le coup et je n’espère même pas qu’il soit construit selon les normes anti-sismiques. J’essaie d’avancer vers la porte, encouragée par toi qui cries mon prénom mais je n’y arrive pas. J’entends un clac au-dessus de moi et vois une poutre tomber. J’ai à peine le temps de m’écarter qu’elle tombe où j’étais. Les secousses s’amplifient et j’ai bien du mal à me tenir debout. Soudain, j’entends le bâtiment craquer de partout et je vois toute la structure s’effondrer. Je suis en dessous…  

 

Je ne peux pas y croire. Alors qu’on pourrait tranquillement faire nos courses dans un magasin plus sécurisé que cet entrepôt, tu te fais enlever et un tremblement de terre survient. Qu’est-ce qu’on a fait aux dieux pour mériter cela ? Est-ce qu’on ne peut pas avoir une journée tranquille, normale ? On devait déjà avoir une conversation sérieuse, ce qui n’était pas une mince affaire pour nous, c’était déjà bien, non ?  

 

Je te vois te débattre sous les mouvements du sol, puis, comme dans un mauvais rêve, j’entends l’acier grincer et craquer de tous côtés. Je t’appelle et je sais que tu m’entends mais tu ne peux pas avancer. Tu dois sortir de là. Ce bâtiment ne résistera jamais à une telle secousse. Sors, Kaori, je t’en prie. J’implore tous les dieux existants, je me sens complètement impuissant. Je suis prêt à affronter tous les méchants de la Terre pour toi mais je ne peux rien faire contre les éléments naturels. Je ne peux pas croire que tu pourrais disparaître pour une cause qui ne serait pas le fruit de notre vie. Ce n’est pas possible.  

 

Comme un pied de nez à mon angoisse, je vois le hangar s’effondrer tel un château de cartes. Le cri que je veux pousser reste coincé dans ma gorge. Je ne peux pas te perdre comme cela. Je ne peux pas te perdre maintenant... 

 


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