Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: bindy5

Beta-reader(s): Tennad

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 15 capitoli

Pubblicato: 13-02-09

Ultimo aggiornamento: 29-10-09

 

Commenti: 189 reviews

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GeneralAction

 

Riassunto: "Mesdames et Messieurs, les jeux sont faits !" Bienvenue dans l'univers des casinos ! Qui aura la meilleure main pour remporter la partie ? Une affaire où la chance peut tourner à chaque instant...

 

Disclaimer: Les personnages de "Quinte Flush Royale pour City Hunter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

Some pieces of advices to authors

 

- Check the grammar and spelling of your stories. - Read your story at least once. - Try to write chapters of at least 2 pages and of a maximum of 6-7 pages. - Try to update your story regularly.

 

 

   Fanfiction :: Quinte Flush Royale pour City Hunter

 

Capitolo 13 :: Mise en Boîte

Pubblicato: 26-05-09 - Ultimo aggiornamento: 26-05-09

Commenti: Bonjour à tous! Oui, je ne me suis pas manifestée depuis un petit moment par manque de temps et malheureusement, je n'en aurais pas davantage à vous consacrer durant le mois de juin. Néanmoins, j'essairai de vous donner plus souvent de mes nouvelles... et de mes majes! Donc voici un des derniers chapitres de Quinte Flush en espérant qu'il vous plaira et en m'excusant pour le retard. Je voudrais adresser des remerciements particuliers à Tennad, ma super bêta qui a toujours un moment pour moi, des grands mercis à Zaza et Didinebis ainsi qu'à toutes celles qui me suivent, et, enfin, un bisou à Kaori86. Bonne lecture et à bientôt! Bindy5

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15


 

4h20, rue de Shinjuku  

 

Garée sous un réverbère éteint le long d’un trottoir dans une rue paisible, une Porsche rouge n’avait pas bougé depuis plus d’une quinzaine de minutes. À l’intérieur, deux femmes : une main sur le volant, l’une écoutant dans un silence respectueux et pensif le récit de la seconde qui triturait un béret miteux. Au fil du témoignage de Kaori, Saeko conciliait les pièces du puzzle et restituait l’ensemble des faits dans leur chronologie.  

Jusqu’à ce que, arrivée à l’épisode du container à bord du Gaviota, Kaori se taise soudain.  

Étonnée par ce brusque tarissement, Saeko observa sa passagère : Kaori avait les poings serrés sur ses genoux, se mordait la lèvre inférieure avant de perdre son regard par la vitre sur la rue plongée dans la pénombre de l’aube timide. Le lieutenant attendit patiemment pour ne pas la brusquer, mais comme la nettoyeuse ne semblait pas se décider, Saeko choisit de l’y pousser un peu avec tact. Elle commença à raconter sa version :  

 

- J’avais engagé Mick sur l’affaire en l’enrôlant sous un faux prétexte ; vu l’envergure du poisson à ferrer, j’estimais que deux nettoyeurs sur le coup n’étaient pas de trop. Mick a fait exactement ce que j’attendais de lui : il vous a suivis et vous offrait un plan de secours en cas de besoin. En revanche, je n’avais pas prévu la présence de Falcon ; cela faisait soudain beaucoup trop de monde et, connaissant ses méthodes, beaucoup trop de bruit. Vois-tu, la version officielle sous-entend que j’étais au parfum de cette transaction grâce à un indic.  

 

Saeko marqua une pause, espérant que Kaori reprenne la suite. Cependant, face à son silence prolongé, elle se résigna à continuer :  

 

- Grâce au contact radio, je patientais un quartier plus loin avec la brigade d’intervention. J’attendais leur signal – ou, plus précisément, j’attendais le signal de Reika. Elle devait m’avertir que la zone était à nous et qu’ils avaient eu le temps de quitter les lieux en tout anonymat.  

 

Kaori grimaça, une lueur profondément peinée au fond des yeux. Plus pour elle-même, la nettoyeuse échappa dans un murmure :  

 

- Il m’a menti. Il m’a dit que le rôle de Reika prenait fin au Pinson d’Or…  

 

Depuis le début de son témoignage, chaque fois que Kaori avait prononcé le nom de son partenaire, elle l’avait fait avec lassitude, presque avec un détachement anormal et inquiétant. Ce fait, ajouté à sa réaction opposée quand Saeko avait voulu la raccompagner, confirmait les doutes de l’inspectrice : il s’était passé quelque chose de grave au sein de City Hunter. Et quoique ce soit, cela s’était produit dans ce container, dans cette boîte qui avait été leur prison de fer durant près de deux heures… Et Saeko craignait qu’en deux heures, trop de choses n’aient été prononcées à bon ou à mauvais escient…  

 

 

Cargo-conteneur Le Gaviota, 2h00  

 

Les tirs fusaient dans tous les sens sur le pont du porte-container. Les mains sur la tête, Kaori courait à l’aveuglette. Une balle ricocha non loin d’elle et, le cœur tambourinant, elle se précipita dans un container ouvert pour se protéger. Tout se déroulait vite – beaucoup trop vite – pour lui permettre de réfléchir, seulement d’agir à l’instinct. La nettoyeuse eut à peine le temps de se retourner quand une voix lui hurla :  

 

- Kaori, pas par-là !  

 

Une ombre imposante pénétra à son tour dans le caisson et l’attrapa vigoureusement par le poignet. Soudain, les portes du container se fermèrent en un battement de paupières, les privant de lumière et surtout, de liberté. Comprenant le piège dans lequel elle les avait entraînés tous les deux, la jeune femme émit le premier mot qui lui passait par la tête :  

 

- Oups…  

 

Ryô s’était déjà précipité sur les battants et donnait de grands coups d’épaule en vain.  

 

- Je… j’ai fait une bêtise, hein ? Balbutia-t-elle.  

 

Entre ces quatre murs de fer, sa voix se répercuta en écho. Ryô cessa de s’acharner contre les portes pour se retourner, bien qu’ils ne se voient pas :  

 

- Il y a de fortes probabilités, oui, railla-t-il.  

 

Des rires extérieurs leur parvinrent et plusieurs coups moqueurs résonnèrent contre les parois. Puis les bruits de pas s’éloignèrent, estimant – à raison – que leurs prisonniers avaient bien peu de chance de leur fausser compagnie. Effarée par la situation dans laquelle elle les avait précipités, Kaori se mit à chercher une solution à tâtons. Ses mains ne palpaient que les contours ondulés et frais de la taule quand son tibia buta contre une caisse basse. Poussant un juron en se frottant la jambe, elle s’agenouilla et chercha à ouvrir la petite caisse en bois.  

 

- Qu’est-ce que tu fabriques ?  

 

- Il y a une caisse. Je n’arrive pas à l’ouvrir…  

 

- Laisse-moi faire.  

 

Kaori sentit les mains de son partenaire chercher son dos à l’aveuglette avant de la trouver. Ryô s’accroupit tout près d’elle, fouilla dans la poche de sa veste et sortit son briquet. Une faible flamme naquit entre eux. Kaori osa un regard repenti en sa direction. Ils étaient vraiment très près l’un de l’autre, un peu trop à son goût. Ryô ne la regardait pas, préférant examiner le caisson. Il lui confia le briquet le temps d’arracher le couvercle cloué. Kaori leva leur lanterne chétive. Après quelques grincements et craquements récalcitrants, le couvercle céda. Sans attendre son partenaire, Kaori plongea sa main libre dans les brins de raphia et en sortit une bouteille. La flamme révéla l’étiquette :  

 

- Tequila ?!?  

 

Ryô lui prit la bouteille des mains, fit sauter le bouchon et renifla le liquide légèrement ambré avant d’en boire une gorgée.  

 

- Oui, et pas n’importe laquelle, apprécia-t-il. De la tequila vieillie de première qualité ! Que les trafiquants soient bénis… Hé !  

 

Ayant grand besoin d’un remontant, Kaori venait de lui arracher la bouteille pour en avaler deux bonnes gorgées. Elle grimaça sous l’effet de la soudaine chaleur qui descendait le long de son œsophage. Ryô lui reprit la bouteille :  

 

- Ouvre la tienne !  

 

- C’est moi qui ai trouvé la caisse ! Rends-la-moi !  

 

- Tu nous as fichus dans le pétrin alors assume !  

 

Kaori lâcha le briquet afin de récupérer son bien, les replongeant dans l’obscurité. Elle chercha à saisir le bras de son partenaire sans succès ; celui-ci s’était déjà éloigné au plus loin que lui permettait le faible espace. Soudain, la jeune femme éternua bruyamment et se mit à frissonner ; sa robe trempée par les embruns se rappelait à son souvenir. Elle se frictionna les bras du mieux qu’elle put avant de soupirer, découragée :  

 

- Ryô, comment allons-nous sortir de là ?  

 

Elle l’entendit prendre une longue goulée d’alcool avant de répondre :  

 

- J’y travaille.  

 

- Comment ? En buvant ? Grinça-t-elle.  

 

- Tu es mal venue pour faire des reproches !  

 

Poussant un petit grognement, Kaori s’assit le long d’une paroi, à l’opposé de son coéquipier. Elle entendit Ryô faire de même, bouteille à la main à en juger par les bruits de clapotis. Un court silence s’installa. Ce fut Ryô qui le rompit :  

 

- Tu claques des dents ?  

 

- J’ai froid, grommela-t-elle.  

 

Une soudaine masse lui atterrit sur la tête, étouffant son exclamation de surprise. Elle enfila le vêtement en resserrant les pans du blouson beaucoup trop grand pour elle autour de son corps glacé. La veste était mouillée elle aussi mais moins que sa robe et cette source de chaleur, si minime soit-elle, était la bienvenue.  

 

- Merci, bredouilla-t-elle.  

 

Ryô se leva et fouilla le sol à tâtons. Trouvant ce qu’il cherchait, il ramassa le briquet et se redressa, flamme levée au-dessus de sa tête. Il tendit la bouteille à Kaori qui ne se fit pas prier pour en avaler une gorgée. Pendant ce temps, il fit méthodiquement le tour de leur prison ; ce qui ne lui prit guère de temps. Dans un silence respectueux, Kaori l’observait sans bouger. Ryô termina son inspection des 14m² par les battants verrouillés. Il n’y avait rien d’autre hormis cette petite caisse de tequila oubliée sur un plancher en bois souillé par des coulures d’huile.  

 

- Manque de chance, ce n’est pas un container ventilé, énonça tout haut Ryô en examinant les parois.  

 

- Pourquoi ne tires-tu pas sur les charnières ?  

 

- Impossible : elles sont protégées par des traverses en acier. Les balles de Magnum ne feraient que perforer la taule ; elles ne sont pas suffisamment puissantes pour autre chose. Et je ne veux pas prendre le risque des ricochets.  

 

Un détail revint en mémoire de la jeune femme :  

 

- Euh… Quand tu dis « container non ventilé », ça signifie quoi exactement ?  

 

- Que j’espère qu’ils n’ont pas l’intention de nous faire visiter le Paraguay.  

 

Kaori avala précipitamment une nouvelle gorgée.  

 

- Mick et Falcon vont nous tirer de là, n’est-ce pas ?  

 

Rageur, Ryô donna du bout de la chaussure un coup de pied dans le couvercle détaché :  

 

- Pourquoi faut-il que tu aies pris la place de Reika ? La situation aurait été mille fois supportab…  

 

Sans comprendre, un énorme choc le faucha. La paroi extérieure du container abordait à présent la forme étrange d’un visage encastré.  

 

 

Quais, 2h10  

 

- Trouvez-le-moi ! Trouvez-les tous ! Allez ! Beuglait Masao, les cheveux ébouriffés et la tenue de travers, en brandissant son fusil à pompe.  

 

Les divers incendies provoqués par les explosions donnaient aux quais des allures de champs de bataille. Les hommes de la Gongorô se dispersèrent entre les containers et les monceaux de tôle à la recherche du tireur au bazooka. L’oyabun donna un furieux coup de pied dans un morceau calciné, vestige du pare-choc de sa voiture.  

 

- Éteignez-moi ces incendies avant de faire rappliquer toute la ville !  

 

Plusieurs de ses sbires se précipitèrent sur les lances-incendie et sur les extincteurs pour étouffer les flammes. Pendant ce temps, Masao se tourna vers le Gaviota qui n’avait toujours pas bougé ; plus aucun bruit ni aucune lumière n’animaient l’imposante carcasse métallique. Inquiet, il détacha un de ses hommes de main pour qu’il s’y rende. Ensuite il invectiva ces fichus renforts qui n’arrivaient toujours pas.  

Masao s’engouffra dans la dernière berline rescapée pour saisir le combiné. De là, il téléphona à leur complice infiltré parmi les gardes-côtes pour qu’il leur assure le terrain et qu’il surveille les radios de police. Chose faite, il composa le numéro du Gaviota.  

 

 

Butte au-dessus des docks, 2h10  

 

- Mick, Falcon !!! Répondez !!! S’époumonait la voix nasillarde d’une radio.  

 

S’asseyant sur le siège passager de la jeep, les jambes à l’extérieur, l’Américain s’empressa de décrocher :  

 

- Bel étalon chargé de satisfaire vos fantasmes j’écoute…  

 

- Mick, qu’est-ce que vous fichez ?!? Hurla Saeko, furibonde. C’est quoi cette fumée au-dessus des docks ?  

 

- Il s’agit du zèle de mon compagnon si peu souriant et si peu bavard mais non moins charmant…  

 

- Dis-lui d’arrêter ça immédiatement ! Vous allez alerter toute la ville ! J’ai beaucoup de mal à retenir ma brigade !  

 

Mick se pencha par la portière pour interpeller le colosse en treillis qui tenait son bazooka sur l’épaule.  

 

- T’as entendu la dame ? Tu es privé de ton jouet !  

 

- Nous sommes repérés, le coupa Falcon sans se départir de son calme habituel. Ils viennent.  

 

Mick abandonna la radio malgré les protestations fulminantes de l’inspectrice pour observer de lui-même ; en effet, les sens du mercenaire ne le trompaient pas : les hommes de la Gongôro se précipitaient dans leur direction, armes au poing. Mick retourna à la voiture pour reprendre la radio :  

 

- Saeko, ça va demander un peu plus de temps que prévu. On reste en contact.  

 

- Mick, je t’interdis de couper avant de m’avoir informé précisément de la situation…  

 

- Sorry my honey.  

 

- MII…  

 

Il raccrocha précipitamment avant de se mettre au volant et d’allumer le moteur.  

 

- Umibozû, qu’est-ce que tu fabriques ? S’écria-t-il en se penchant par la vitre ouverte.  

 

Mais le mercenaire ne l’écoutait pas ; à la place, il desserrait le frein à main de la camionnette capturée par l’Américain avant de pousser sans difficulté le véhicule vers la pente.  

 

- Umi, je ne suis pas sûr qu’il s’agisse d’une bonne idée. Saeko veut qu’on la joue en discrétion…  

 

- J’ai ma méthode, lui répondit le colosse en bandant ses muscles une dernière fois avant de précipiter la camionnette tout droit sur leurs assaillants.  

 

Devant la vision d’une fourgonnette folle qui dévalait la pente à toute vitesse, les yakusas poussèrent des cris de terreurs et s’éparpillèrent au plus vite de sa trajectoire incontrôlée. La malheureuse camionnette termina sa course délirante dans un fracas terrible en défonçant la façade d’un entrepôt.  

Son dessein accompli, Falcon sortit une mitraillette du coffre de sa jeep tandis que Mick restait à contempler, hébété et les mains sur le volant, l’endroit où le mercenaire avait balancé la fourgonnette. Des craquements inquiétants grincèrent avant que l’entrepôt frappé de plein fouet ne s’effondre sur ses fondations. Un épais nuage de poussière masqua les réverbères.  

 

- Bouge de là, l’Amerloque ! Nous avons une diversion à mener pour Ryô et la p’tite !  

 

- Ils n’en ont pas pour des siècles à saboter le cargo ! Grommela Mick en sortant de la voiture.  

 

Il vérifia le chargeur de son Desert Eagle avant de rajuster sa veste et sa cravate. Falcon commençait déjà à prendre le chemin des docks de son côté, armé jusqu’aux dents.  

 

- N’oublie pas ce qu’a dit Saeko ! Lui rappela Mick avant de prendre le côté opposé.  

 

 

Cargo-conteneur Le Gaviota, 2h20  

 

Pendu au téléphone depuis cinq minutes avec Masao, le capitaine du Gaviota négociait ferme, le regard dans les jumelles braquées sur les quais.  

 

- Je me fiche de vos exigences ! Disait-il. C’est vous qui nous avez fourré dans cette situation alors à vous de la régler ! Si vous ne parvenez pas à venir à bout de deux insurgés, nous ne ferons plus jamais affaire avec les Gongôro !  

 

- Si vous consentiez à nous donner vos prisonniers, nous pourrions avoir les autres !  

 

- Hors de question ! Débrouilliez-vous ! Ces otages sont notre garantie !  

 

- Vous ne savez pas à qui vous avez à faire ! Hurla Masao.  

 

Le capitaine réfléchit. Une idée germa dans sa tête :  

 

- Si ces prisonniers sont si importants, leur valeur marchande vient de tripler.  

 

- Qu… QUOI ?!? Dans ce cas-là, c’est moi qui romps les négociations !  

 

- Faîtes, je trouverai un autre acheteur. Et croyez bien que je raconterai à tout le milieu combien le nouvel oyabun de la Gongôro s’est retrouvé submergé par deux ou trois fauteurs de troubles !  

 

À en juger par les jurons sonores de son interlocuteur, le capitaine venait de toucher la corde sensible. À contrecœur, Masao convint :  

 

- Laissez-moi quelques minutes pour y réfléchir.  

 

Il raccrocha. Fier de lui, le capitaine se frotta les mains avant d’interpeller un de ses hommes :  

 

- Je veux savoir qui nous tenons dans nos filets. Interrogez-les pour que nous puissions estimer à combien nous pouvons les vendre et à qui. Pour mettre la Gongôro dans un tel état de siège, nous n’avons pas à faire à des mercenaires de bas étage. Et si je ne me trompe pas, préparez une liste d’oyabuns et de chasseurs de prime les plus offrants.  

 

 

Container à bord du Cargo-conteneur Le Gaviota, 2h20  

 

- Et pourquoi est-ce si important ? Grommela une voix féminine dans l’obscurité de la caisse en fer.  

 

- Arrête de discuter et fais ce que je te dis !  

 

Échappant un grognement de mécontentement, Kaori plongea les mains à l’aveuglette dans le petit caisson oublié.  

 

- Il reste deux bouteilles de tequila.  

 

- Ne les siffle pas, nous en aurons besoin.  

 

- Eh ! C’est toi qui t’es enfilé l’autre !  

 

- Si j’étais toi, je me ferais toute petite après la calamiteuse soirée que tu me fais subir ! Maintenant, éclaire-moi.  

 

Kaori lui tira la langue avant d’actionner le briquet. À ce rythme, il n’aurait bientôt plus de gaz. Elle le leva au-dessus de sa tête pour offrir davantage de lumière et se positionna derrière son partenaire qui, accroupi, étudiait le plancher près des portes.  

 

- Tu comptes nous creuser un tunnel, railla-t-elle.  

 

- Arrête de parler si c’est pour gaspiller notre oxygène.  

 

- Comme si je ne partageais pas suffisamment ma vie avec toi, il faut aussi que je partage mon air !  

 

Inspirant profondément pour réfréner la colère qui montait en lui, Ryô se redressa et se retourna vers son assistante.  

 

- Je ne le partagerais pas si une certaine personne ne nous avait pas entraînés dans cette situation !  

 

- J’ai froid, je suis trempée, je suis fatiguée et j’ai mal partout ! J’en ai assez, je veux rentrer !  

 

- Ma parole, tu es ivre en plus de cela ! Quelle plaie ! Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un tel sort ? Pourquoi faut-il que tu compliques toujours tout ?  

 

- C’est moi qui complique tout ? C’est la poêle qui se fout du chaudron ! Tout ça c’est de ta faute !  

 

- Ma faute ? Rugit Ryô. Qui s’est permise de venir mettre son grain de sel dans cette histoire et qui a tout fait foirer ?  

 

- Qui a eu le culot de mettre son assistante de côté pour engager Reika ?  

 

- Arrête de retourner la situation !  

 

- Je n’étais pas suffisamment sexy pour jouer le rôle de Reika ? Je n’étais pas suffisamment compétente pour te seconder sur ce job ? Un job qui – soit-dit en passant – est une affaire refilée par Saeko ! Alors s’il y a un fautif ici, il ne s’agit pas de moi !  

 

- Tu veux que je te dise, tu n’es qu’une mégère ingrate, impulsive et acariâtre !  

 

- Moi je suis ingrate ? S’étouffa Kaori.  

 

- Parfaitement ! A près tout ce que j’ai fait pour toi, tu…  

 

On toqua énergiquement aux portes du container.  

 

- Une petite minute ! Cria Kaori à l’importun avant de se retourner vers Ryô. Je suis peut-être une mégère impulsive mais certainement pas une ingrate !  

 

- Tu es cinglée ! Je ne vois pas d’autre explication…  

 

- C’est un cafard pétri d’arrogance, de vices et de perversité qui ose me dire ça !  

 

On recommença à taper plus fort contre les portes.  

 

- On vous a dit d’attendre ! Hurla Ryô. J’en ai plus qu’assez de t’avoir toujours sur mon dos quoique je fasse, mademoiselle-j’empêche-le-monde-de-tourner-rond !  

 

- Si je suis une si grande gêne, pourquoi tu ne te débarrasses pas de moi une bonne fois pour toutes ?  

 

- J’y pense sérieusement !  

 

- Parfait !  

 

- Parfait !  

 

On frappait à présent comme un dément contre les portes du container.  

 

- QUOI ? Rugirent en chœur les deux captifs.  

 

L’importun parut déstabilisé par le comportement agressif de ses otages. Enfin, il osa :  

 

- Le boss a quelques questions à vous poser. Mettez-vous dans le fond, mains bien en vue. Je vais ouvrir les portes. À la moindre tentative de fuite, on vous troue la peau, c’est bien compris ?  

 

Ryô attrapa l’épaule de sa compagne et lui dit à voix basse :  

 

- Planque les bouteilles.  

 

- Quoi ? C’est tout ce qui te préoccupe ?  

 

- Fais ce que je te dis.  

 

Il paraissait sérieux. Kaori s’exécuta rapidement, rangeant la bouteille vide dans le caisson qu’elle referma et qu’elle fit glisser jusqu’au fond du container. Elle jeta le blouson de Ryô par-dessus. Ensuite tous deux se mirent côte à côte et levèrent les bras quand les portes s’ouvrirent. Les lampes-torche pointées dans leur direction les aveuglèrent. Il leur fallut plusieurs secondes pour discerner tant bien que mal les nombreuses armes braquées sur eux et les silhouettes de leurs geôliers à l’extérieur de leur prison.  

 

- Qui êtes-vous ? Exigea le capitaine à l’abri derrière sa ligne de marins.  

 

Les yeux à moitié clos à cause de la trop brusque luminosité, Kaori jeta un regard vers son partenaire qui se tenait droit comme un i, le visage fermé. Kaori murmura à son coéquipier :  

 

- Continue à leur faire ton regard qui tue. Impressionne-les.  

 

- Répondez ! S’impatienta le capitaine.  

 

Soudain, l’attitude si ferme et froide du nettoyeur se mua en une expression pleurnicharde :  

 

- Je ne suis qu’un pauvre homme martyrisé par un démon !  

 

- Quoi ? S’exclama le capitaine.  

 

- Quoi ? S’étrangla Kaori.  

 

Le redoutable tueur joignit ses mains devant lui en prière :  

 

- Pitié ! Ne me laissez plus avec elle ! Sortez-moi de là ! Je ne peux plus endurer cette torture ! Si encore j’étais avec vraie femme, mais non !  

 

Ryô se plaça rapidement derrière Kaori et palpa sa poitrine à pleines mains.  

 

- Vous croyez que c’en est une mais en vérité, c’est un travelo !  

 

Folle de rage, Kaori l’attrapa par le cou et commença à l’étrangler :  

 

- JE VAIS TE TUER !!! IMMONDE REBUT !!! ABJECTE AVORTON !!!! INCURABLE POURRITURE !!!  

 

Un des trafiquants se pencha à l’oreille de son patron :  

 

- Peut-être devrions-nous en arrêter-là pour l’interrogatoire…  

 

- Prenez-les en photo. Nous aurons plus de chance de…  

 

- Une photo ? S’écria joyeusement Ryô en se remettant d’un bond sur ses pieds après que Kaori l’ait enfin lâché.  

 

Le marin se mit en position en leur ordonnant de ne pas bouger, polaroïd en main. Mais la photo qui sortit de l’appareil révéla une Kaori qui se frappait le front devant un Ryô, dos tourné et pantalon baissé sur ses genoux, en train d’exhiber son arrière-train.  

 

- C’est mon meilleur profil ! Lui asura le nettoyeur dans un clin d’œil, toujours en position.  

 

- Qu’est-ce que c’est que ces malades ? Renfermez-moi ça ! S’écria le capitaine, furieux.  

 

Dans un grincement, les battants du container verrouillèrent la sortie une nouvelle fois, replongeant le caisson dans l’obscurité. Kaori sentit la main de son partenaire sur son épaule !  

 

- Héhéhé, ricana le nettoyeur. Allez quoi, c’était marrant !  

 

- Ne me touche pas, infâme tripoteur ! S’écria-t-elle en lui pinçant la main. Et remonte ton pantalon !  

 

Kaori s’exila à l’autre bout du conteneur. Elle l’entendit ragrafer sa braguette puis se diriger vers elle.  

 

- Ils ne devraient plus nous embêter durant un petit moment. Ça nous laisse le temps.  

 

- Tu sais comment nous sortir de là ?  

 

- Heureusement, si toi tu sais comment nous précipiter dans les pires situations, moi je sais les dénouer. Éclaire-moi.  

 

Kaori reprit le briquet… et marqua un temps d’arrêt en le voyant trifouiller sa ceinture :  

 

- Ryô, qu’est-ce que tu fais ?  

 

Le nettoyeur désassembla sa boucle de ceinture, révélant un petit canif.  

 

- Un couteau… Merveilleux, nous sommes sauvés, railla-t-elle.  

 

- Kaori, nous avons un stock limité d’oxygène et j’ai besoin de lumière. Par conséquent, crois-moi qu’entre le briquet et toi, mon choix est vite fait.  

 

Sur ce, Ryô s’accroupit à la base des portes, glissa le couteau entre la traverse d’acier et le début du parquet pour désosser les lames en bois.  

 

- Tout à l’heure, quand je parlais de creuser un tunnel, je plaisantais, Ryô.  

 

- J’en ai pour un petit moment alors laisse-moi travailler en paix !  

 

- Du moment que tu sais ce que tu fais…  

 

- Oui, je l’espère aussi, répondit Ryô entre ses dents.  

 

 

Quais, 2h50  

 

- Il est par ici !  

 

- Non, par-là !  

 

Les hommes de la Gongôro ne savaient plus où donner de la tête. Les renforts espérés se retrouvaient hors d’état de nuire dans la fourgonnette encastrée dans un entrepôt et leurs attaquants, l’Américain blond du Pinson d’Or accompagné d’un colosse aux lunettes noires, causaient des dégâts dans tous les sens sur les docks, apparaissaient et disparaissaient comme des fantômes. Masao ne parvenait plus à faire face à cette opération qui tournait au désastre. Il venait d’appeler des renforts supplémentaires qui ne devaient plus tarder. Quant aux négociations avec Le Gaviota, elles devenaient de plus en plus insupportables. Il sentait que sa courte carrière en tant qu’oyabun n’allait pas tarder à prendre fin.  

 

 

Bien qu’aveugle, Falcon se déplaçait sans gêne aucune, se fiant aux sons et aux odeurs dont il avait développé ses sens. Sa longue carrière de mercenaire jouait en sa faveur et lui dictait instinctivement les pièges à éviter et ceux à tendre. Embusqué dans un entrepôt à compter ses munitions, il braqua soudainement sa mitraillette sur l’entrée.  

 

- Tout doux, Umibozû ! Ce n’est que moi !  

 

- Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu devais faire diversion de l’autre côté, maugréa le géant en abaissant le canon de son arme.  

 

Mick se rapprocha, fondu parmi les ombres.  

 

- Ryô et Kaori mettaient beaucoup trop de temps. J’ai écouté Masao en conversation avec le capitaine du cargo : ils les tiennent. Nous devons élaborer un nouveau plan. Et j’ai une idée…  

 

 


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