Capitolo 4 :: Un dîner mouvementé !

Pubblicato: 09-02-03 - Ultimo aggiornamento: 09-02-03

Commenti: Petit à petit mon histoire prend forme et vous allez faire la connaissance d'un autre personnage. Bonne lecture !

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The Sullivan's Café, quartier des affaires,  

Vendredi 8 juin, 19h04,  

D'un geste vif, l'homme interpella le jeune serveur qui semblait perdu dans la contemplation de la jolie blonde qui était assise à trois tables de lui. Gêné d'avoir était surpris ainsi, le garçon s'approcha rapidement des nouveaux clients et, les mains un peu tremblantes, prit leur commande.  

- Une téquila pour moi. Et... un double whisky sec pour mon ami. Je crois qu'il en a bien besoin.  

Une fois le serveur parti, l'homme se mit à ricaner bêtement et s'alluma une cigarette.  

- Je suis sûr que c'est la première fois que tu fais ça, hein Chambers ?  

Le visage crispé et tendu, Dave regardait avec un dégoût non dissimulé l'homme qui était devenu par la force des choses son partenaire de "travail". Ce sourire qu'il affichait en toute circonstance l'exaspéra au plus au point et l'envie irrépressible de lui refaire le portrait lui démangea insidieusement les doigts. Alors pour ne plus à avoir à soutenir ce regard si empreint d'ironie et de vice, Dave détourna la tête et fixa son attention sur la belle blonde qui avait accaparé l'esprit du jeune serveur quelques minutes plus tôt. Un nom se mit à résonnait dans sa tête. Jack Lemon. Tout un programme. Connu aux États-Unis comme étant un tueur sans scrupules et sans aucune pitié, Lemon était surtout reconnu pour être diablement efficace et sérieux dans son travail. On racontait qu'il ne discutait jamais les ordres. Qu'il les exécutait sans broncher et encaissait son du pour mieux disparaître ensuite. Et maintenant, il était au Japon. Pour quelles raisons? Dave n'en avait aucune idée. Et comble de l'ironie, Dave savait pertinemment qu'avec ses beaux yeux bleus mais totalement vide d'expression, ses cheveux noirs peignés en arrière et ce corps athlétique mis en valeur par un costume de prix, son soi-disant partenaire ne passait pas inaperçu et donnait même l'image d'un homme respectable et ayant réussi dans la vie. La jeune femme blonde répondit d'un sourire ravageur au coup d'oeil de Dave. Visiblement, il lui plaisait beaucoup.  

- Hé! T'es pas là pour draguer, Chambers!... Je te préviens tout de suite que si tu ne fais pas ce qu'on t'a dit, ton père comptera ses beaux billets de banque entre quatre planches et loin de son fils chéri.  

Dave serra les poings de rage. Il se sentait complètement impuissant face à un homme tel que Lemon et complètement perdu face à l'homme, caché dans l'ombre, qui tirait les ficelles de toute cette sordide histoire. Il l'avait eu deux ou trois fois au téléphone mais malheureusement, il n'avait toujours aucune idée de son identité et n'avait donc, pour l'instant, aucune opportunité de se sortir de là. Il avait beau chercher, analyser la situation dans tous les sens, il était bel et bien sous la coupe de ces cinglés. Sans s'en rendre compte, Dave se mit à soupirer bruyamment et sursauta quand Jack tapa violemment sur la table pour capter son attention.  

- Tu m'écoutes Chambers?!!!! ... Bien. Je veux que tu places ces caméras miniatures dans son appart. Il y en a quatre: une pour la cuisine, le salon et deux pour les chambres. N'oublies pas d'appuyer sur le bouton d'enregistrement et de me passer un coup de fil quand t'auras fini le boulot... Au fait, chaque disque peut contenir jusqu'à une semaine de données donc on te laissera tranquille tout ce temps là.  

Sur ces mots, Jack posa une petite mallette sur la table dans laquelle se trouvaient les quatre petites caméras. Elle étaient si minuscules que Dave n'aurait aucun problème à les dissimuler dans sa veste. Il en prit une dans ses mains et l'étudia attentivement.  

- Technologie de pointe. Autonomie de plus de 150 heures. Tu ouvres le volet sur la droite et tu y trouveras toute les commandes: lecture, enregistrement, avance rapide... T'inquiète pas, les disques sont déjà installés.  

Lemon regarda sa montre, se leva brusquement en jurant et balança quelques billets sur la table. Il se retourna une dernière fois avant de partir:  

- Et pas de conneries, Chambers! Tu ne voudrais pas causer du chagrin à ta petite maman et à ta petite soeur, n'est-ce pas?  

Les yeux remplis de haine, Dave observa, les mains cramponnant sa chaise, le tueur quitter le café non sans avoir avant donner son numéro de téléphone à la jolie blonde de la table d'à côté.  

Immeuble de Ryô Saeba, quartier de Shinjuku,  

Chambre de Kaori Makimura,  

Vendredi 8 juin, 19h26,  

Kaori admira une dernière fois sa jolie silhouette dans le miroir. Ce soir, elle portait une robe longue mauve à bretelles et fendue sur le côté. A la fois féminine et pratique, Kaori en était tombée sous le charme dés qu'elle l'avait vue dans la vitrine du magasin d'Eriko. Satisfaite de son image, Kaori s'apprêtait à descendre à la cuisine lorsqu'elle sentit quelque chose lui gratter au niveau du cou et s'aperçut qu'elle avait oublié de couper l'étiquette. Elle fit une grimace en redécouvrant le prix de sa robe et se dit que si Ryô découvrait sa petite folie, il ne serait pas content du tout. Elle grimaça encore une fois. De toute manière, depuis mercredi soir, c'était à peine si elle avait eu la chance de croiser son chemin et de lui parler. Bien sûr, elle comprenait qu'il travaille dur pour retrouver le meurtrier qui terrorisait Tokyo mais de là à oublier l'existence même de sa partenaire, il y avait des limites quand même! Elle avait l'impression de ne servir qu'à préparer les repas et à tenir propre l'appartement de Monsieur! Kaori se laissa tomber sur son lit en soupirant. Quelle idée avait-t-elle eu d'organiser ce stupide dîner!!! Sourires à tout va, conversation forcée et Dave pendant 3 heures non-stop. Kaori sentit toute son énergie la quitter. Elle supportait plus en plus difficilement ce fils à papa américain. Non pas qu'elle ne le trouvait pas sympathique. Mais sa fâcheuse tendance à lui jouer son numéro de séducteur dès qu'ils étaient ensemble commençait vraiment à l'énerver. Toute flattée qu'elle l'était au début, Kaori trouvait Dave de plus en plus étouffant. Et puis, elle le trouvait bizarre et inquiétant quelquefois. Il la fixait d'une drôle de manière lui faisant vraiment peur mais elle préférait ne rien dire à Ryô. Il allait encore la traiter de petite fille, lui dire qu'elle était assez grande pour se débrouiller toute seule et elle savait au fond qu'il avait raison. Reprenant courage, Kaori se remit debout et se regarda une dernière fois dans le miroir. Elle était une femme maintenant et elle allait s'expliquer avec Dave. Comme une jeune femme indépendante et sûre d'elle? Kaori plaqua alors un joli sourire sur son visage légèrement maquillé et sortit de sa chambre.  

Chambre de Ryô Saeba,  

Vendredi 8 juin, 19h31,  

Ryô regarda avec un sourire de satisfaction l'image que lui renvoyait la glace. Il était comme le bon vin, il se bonifiait avec l'âge. La soirée promettait d'être intéressante et Ryô avait une certaine hâte de se retrouver face à ce Dave Chambers. Depuis mercredi, Kaori avait beaucoup vu son amie Akari et par la même occasion ce cher Chambers. Ryô s'était même surpris à surveiller sa partenaire plusieurs jours de suite. Pour se donner bonne conscience, il préférait garder un oeil sur ses fréquentations car il devait bien avouer que Dave était un bel homme, même s'il n'était pas aussi séduisant que lui bien sûr. Et il ne doutait pas que Kaori puisse être tombée sous le charme. Alors que Ryô regardait la montre que sa partenaire lui avait offerte pour son dernier anniversaire, il entendit une porte se fermer et des bruits de pas se dirigeaient vers le salon. C'était le signe que les invités n'allaient pas tarder à arriver. Un sourire débile se dessina sur son visage. Il se délectait déjà de percer à jour les véritables intentions de Dave. C'est alors que la sonnette résonna dans l'appartement.  

Immeuble de Ryô Saeba, quartier de Shinjuku,  

Vendredi 8 juin, 19h31  

Kaori finissait de dresser la table lorsque la sonnette de la porte retentit. Les bras chargés de plateaux d'amuse-gueule et autres petits fours préparés par ses soins, elle n'eut pas d'autre choix que de demander l'aide de son partenaire.  

- Ryô va ouvrir, s'il te plaît!  

Ryô ouvrit la porte d'un geste un peu trop brusque pour la circonstance et se retrouva nez à nez avec Akari et Dave, visiblement surpris par cet entrée en matière. Le regard de Ryô se posa d'abord sur Akari, ravissante dans sa robe verte, mais il se rappela, un peu déçu, qu'elle était mariée et qu'elle venait d'avoir une bébé. Bien que sa morale soit peu recommandable, il ne s'attaquait jamais à de jeunes mamans, surtout cette maman était en plus la meilleure amie de sa partenaire. Souriant de satisfaction, Ryô se tourna alors vers un Dave visiblement perplexe. Loin s'en faut, Ryô Saeba était, aujourd'hui, dans toute sa splendeur et dans toute sa force et Dave allait comprendre à qui il avait affaire. La main tendue, le meilleur nettoyeur de Japon attendait que son invité réponde à son geste.  

- J'espère que vous n'avez pas eu du mal à trouver l'immeuble, Chambers.  

Les deux hommes se scrutèrent quelques instants. Ce n'est qu'en entendant Akari toussoter que Ryô s'aperçut qu'elle n'était pas venue seule. Partiellement caché par Dave, il distingua un landau de bébé et plusieurs sacs posés à terre.  

- Je suppose que nous avons affaire au petit Toshi?  

Akari eut un petit sourire et poussa le landau jusqu'au salon. Kaori vint à la rencontre de ses amis, leur fit un signe de la main et se dirigea directement vers le bébé. Elle se mit à faire des grimaces, des bruits bizarres et Ryô se demanda si elle n'était pas tombée sur la tête. Akari se mit à rire doucement.  

- Kaori est dingue de Toshi et je crois que c'est réciproque. Vous savez Ryô, elle ferait une excellente mère.  

Dave s'était installé sur le canapé et regardait Kaori d'un drôle d'air. Il avait été surpris de découvrir que Ryô Saeba pouvait être aussi impressionnant et si charismatique quand il s'en donnait la peine. Mais ce n'était certainement pas Saeba qui allait l'empêcher de mener à bien ses projets et à protéger sa famille. Et Kaori par la même occasion. Ryô arriva sur ces mornes pensées et proposa un verre de whisky à son invité qui accepta naturellement.  

- Vous semblez perdu dans vos pensées, Chambers.  

Dave était mal à l'aise. Il venait de prendre conscience qu'il s'attaquait au plus grand tueur de Japon et, que si jamais ce dernier se doutait de quelque chose, il pourrait dire au revoir à la vie et à celle de son père.  

- Je me demandais comment une fille aussi extraordinaire que Kaori pouvait faire un travail aussi dangereux que le votre... Vous savez, Monsieur Saeba, Kaori n'a pas seulement un physique de rêve mais elle a aussi un coeur en or. Et pour être totalement franc, c'est ce que j'aime le plus chez elle.  

Ryô avala son whisky de travers. Qu'est-ce qui fallait pas entendre? Il avait l'impression d'entendre un des personnages de séries à l'eau de rose que Kaori affectionnait tant. Ryô avait raison de se méfier, c'était un beau parleur.  

- Vous voulez rire ou quoi???... Kaori passe tout son temps à me taper dessus avec ses énormes massues!!!! Elle a un coeur de pierre Chambers, je vous l'assure!!!!  

Comme sorti de nulle part, Ryô reçut un énorme sac sur la tête et, surpris, s'écroula sur le canapé. Il parvint difficilement à articuler:  

- Je vous l'avais bien dit...  

Dave l'observa attentivement. D'habitude très psychologue, il n'arrivait vraiment pas à cerner la personnalité de cet homme et encore moins à le comprendre. Alors il reprit une rasade de whisky et se replongea dans ses sombres pensées.  

L'atmosphère était un peu tendue et Kaori remarqua tout de suite que Ryô et Dave ne s'appréciaient pas. Elle en ressentit un certain soulagement et une certaine satisfaction et se dit que tout n'était peut-être pas perdu pour elle et son partenaire. Comme la sonnette retentit, Kaori traversa d'un pas rapide le salon et ouvrit la porte à Mick, Falcon et Miki. Elle se sentit tout de suite revigorée devant les sourires de ses amis de toujours. Mick était particulièrement élégant dans son costume gris qu'il avait dû louer pour la soirée et Miki était toujours aussi resplendissante lorsqu'elle était au bras de l'homme qu'elle aimait.  

- Ce costume te va très bien, Mick. Je suis ravie que tu sois des nôtres, ce soir.  

Mick offrit un bouquet de roses à Kaori qui se mit instantanément à rougir. Mick Angel était, lui aussi, un séducteur invétéré mais dans un style plus élégant que Ryô.  

- Un simple bouquet de roses pour la plus belle des roses!!!  

Kaori se sentit particulièrement gênée par le geste de Mick mais surtout très flattée. Ils étaient restés très proches malgré Kazue et Ryô et elle le considérait comme son meilleur ami. Elle l'adorait et lui ne ratait jamais une occasion de la séduire.  

- Miki, ma douce Miki, que tu es belle dans cette robe!!!  

Ryô s'élança vers Miki avec une telle fougue qu'il emporta avec lui le magnifique bouquet de roses de Mick et le piétina sans ménagement.  

- Ryôoooooo!!! Espèce de vieil obsédé lubrique!!! Je te jure que tu vas la sentir passer celle-là!!!!!!!!!!!!  

Le sang de Kaori ne fit qu'un tour. BANG!!!! Un énorme marteau de 10000t s'abattit sur Ryô faisant un trou béant dans l'entrée de l'appartement. D'un sourire complice, Falcon et Mick prirent un malin plaisir à enfoncer leur ami encore plus dans le sol et, morts de rire, suivirent les demoiselles dans le salon.  

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Le dîner avait été succulent et Kaori avait démontré encore une fois à ses amis ses talents culinaires. Falcon lui demanda gentiment de donner quelques cours de cuisine à Miki alors que Mick essaya à mainte reprise de se faire inviter à tous les repas, Kazue étant absente pendant une semaine. Comme à son habitude, Ryô avait tout dévoré et taquinait de temps en temps sa partenaire. D'ailleurs, Kaori lui avait délicatement enfoncé sa fourchette dans la main droite lorsqu'il avait sorti sa théorie selon laquelle elle cuisinait comme un homme parce qu'elle était un vrai garçon manqué. Bref, tout le monde avait bien ri et sympathisé et même Akari, un peu timide d'habitude, s'était rapidement détendue. Dave, quant à lui, s'était installé à côté de Kaori et n'avait pas beaucoup parler pendant le repas. Ses oreilles et ses yeux étaient grands ouverts. Il ne ratait pas une seule miette de la conversation. Mais il restait sur ses gardes car il avait tout de suite senti le regard pesant et soupçonneux de Ryô dès qu'il avait franchi la porte d'entrée.  

Les invités étaient passés au salon et Ryô avait mis une musique d'ambiance. Alors que Kaori s'affairait à la cuisine, Akari sortit de son sac les photos de vacances qu'elle venait de faire développer. Il y avait dix pochettes de photos et la jeune femme les posa méthodiquement sur la table basse. Kaori rejoignit le groupe un grand plateau dans les mains et servit le café. Elle vit les pochettes sur la table et ne put s'empêcher de rire.  

- Ne me dis pas que tu as fait des doubles de toutes les photos que tu as prises?  

Akari haussa les épaules et tendit les pochettes de photos à Falcon, Miki, Ryô et Mick.  

- J'ai fait la même chose pour Dave alors...  

Kaori la remercia d'un large sourire et prit une gorgée de café. Elle ferma les yeux et écouta les rires, les cris d'exclamation, les cris de ravissement de ses amis. Mick la complimenta sur le choix de son bikini alors que Ryô restait curieusement silencieux. Elle entendit un "Kaori en maillot de bain, ça fait même fuir les requins" et ouvrit les yeux. Son regard plongea directement dans celui de Ryô et fut surprise d'y découvrir de la tendresse et même une pointe d'admiration. Elle sentit le rouge lui monter aux joues et se sentit soudain très mal à l'aise. Au lieu d'être heureuse, Kaori sentit la tristesse envahir peu à peu son coeur et sortit sur la balcon pour se rafraîchir et s'isoler.  

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Pensivement, Kaori regardait les milliers d'étoiles qui étincelaient dans le ciel, en ce soir de juin. Elle se sentait tout à coup d'humeur mélancolique mais elle ne voulait pas que ses amis la voient comme ça. Elle était comme fatiguée de ce jeu incessant et frustrant que Ryô menait depuis près de huit ans maintenant. La lune était immense dans le ciel et Kaori se demanda si son frère pouvait la voir de là où il était.  

- Pourquoi cet air triste ?  

A ces mots, Kaori se retourna et vit Mick Angel sortir de la pénombre. Il avait une cigarette à la main et affichait toujours ce sourire si débordant de gentillesse. Kaori s'appuya de nouveau à la balustrade et Mick l'imita. Ils étaient très proches l'un de l'autre et leurs bras se frôlaient légèrement.  

- Depuis quand espionnes-tu les demoiselles, Mick?  

Kaori constata l'absurdité de la question et, en souriant, fit un geste de la main pour l'empêcher de répondre. Son ton se voulait joyeux et plein d'entrain mais Mick y décela une légère tristesse.  

- C'est un de mes talents cachés... Pourquoi es-tu si triste tout à coup?  

Kaori remit nerveusement une mèche de ses cheveux derrière son oreille.  

- Je ne suis pas triste Mick... J'avais juste besoin de prendre l'air...  

Mick n'était pas dupe et savait pertinemment ce que Kaori voulait lui cacher.  

- Tu es comme un livre ouvert, Kaori. On voit tout de suite ce que tu penses sur ton visage. Et là, je te dis que tu es triste.  

Cette psychanalyse de pacotille exaspéra Kaori. Ne pouvait-on pas la laisser un peu seule avec ses idées noires? De toute manière, comme à chaque fois elle arriverait à trouver le force d'y faire face. Alors pourquoi vouloir en parler?  

- Tu parles comme Ryô, Mick!! Ce n'est pas la première fois qu'on me reproche de ne pas savoir cacher mes sentiments !! ... Mais j'en ai marre de tout ça!! .. Je suis comme je suis et si ça déplaît tant que ça à Ryô... eh bien... eh bien... tant pis pour lui... je supporte bien tous les jours ses pitreries, ses moqueries et son attitude déplaisante envers les femmes!!!  

Ouah!!! Kaori était très remontée contre Ryô. Elle semblait sur le point d'exploser et Mick se demanda si ce n'était pas en fin de compte une très bonne chose. Le problème, c'était que Kaori devait exploser devant Ryô et non devant lui.  

- Tu te rends compte Mick que ça fait huit ans qu'on vit ensemble, qu'on mange ensemble, qu'on veille l'un sur l'autre et rien... rien du tout... je suis une femme après tout et lui c'est un homme... est-ce trop demander un peu de tendresse et de chaleur de sa part!!! ... je ne lui demande pas la lune à ce que je sache, je veux juste qu'il fasse un peu plus attention à moi et à mes sentiments!!!  

Kaori était rouge comme une tomate et le ton de sa voix avait monté d'un cran. Mais tout d'un coup, elle prit conscience de ce qu'elle venait de dévoiler à son ami et se sentit encore plus mal. Mick regardait avec douceur et compassion le visage cramoisi de Kaori. Il chercha ses yeux mais le jeune femme détournait volontairement la tête.  

- Je suis désolée Mick... je me suis un peu emportée... je crois que c'est le champagne... dès que je bois un petit peu, je parle à tort et à travers... s'il te plaît, oublies tout ce que je viens de dire... Ryô a raison, je devrais réfléchir un peu plus avant de parler...  

Mick écrasa sa cigarette par terre et posa sa main sur l'épaule de son amie.  

- Je suis sûr qu'il ouvrira les yeux un jour ou l'autre... il faut juste que tu sois un peu plus patiente, Kaori... Tu crois vraiment qu'il ne voit pas la belle jeune femme que tu es devenue, les efforts que tu fais pour lui plaire... je t'assure Kaori, tes efforts seront récompensés et bien au-delà de ce que tu espérais...  

Les paroles de Mick firent un bien énorme à Kaori qui prit une profonde inspiration et sourit à son ami. Mick avait raison et même si ça faisait toujours aussi mal, elle se devait d'attendre que Ryô soit prêt à se livrer et à se donner totalement. Spontanément, elle prit tendrement Mick dans ses bras et le serra fort.  

- Pourquoi je ne suis pas amoureuse de toi Mick? Tout serait si simple alors...  

A ces mots, Mick le séducteur reprit le dessus sur Mick le confident et profita de la situation pour palper le corps si ferme et si parfait de Kaori. BANG!!! Un pot de fleur sur la tête, Mick rigola comme un imbécile et se gratta le cou.  

- Ne te donnes pas la peine de répondre Mick, je connais déjà la réponse...  

Kaori le regardait méchamment, les poings sur les hanches et l'air contrariée, quand soudain elle se mit à éclater de rire. Elle riait tellement que les larmes lui montèrent aux yeux et hoqueta difficilement:  

- Je t'adore Mick!!! Tu arrives toujours à me remonter le moral!!  

Elle essaya de se calmer et y arriva au bout de quelques minutes. Elle se pencha vers son ami, l'embrassa tendrement sur la joue et souffla avant de rentrer dans le salon:  

- Merci.  

Mick resta quelques instants bouche bée, caressa la joue où Kaori avait déposé un baiser et se remit debout. Avant d'entrer dans le salon, il pivota sur sa gauche et déclara:  

- Tu es un sacré veinard Ryô! Si une femme comme Kaori m'avait offert son coeur, je t'assure que je n'aurais pas hésité une seule seconde!  

Une fois seule, Ryô sortit de l'ombre ( c'est une manie chez les tueurs professionnels ou quoi!!!) et regarda une photo de Kaori prenant la pose en maillot de bain sur une des plages d'Hawaï. Il sourit discrètement et la glissa dans sa poche.  

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Kaori avait rejoint ses amis quand Ryô regagna le salon. A vrai dire, il était un peu déçu de l'attitude de Dave. Il s'attendait à voir un beau parleur en action et c'est à peine si ce dernier avait ouvert la bouche. Tout ce que ce jeune financier savait faire, c'était regarder, admirer et coller sa partenaire. Et tout ce cinéma commençait à lui taper sur les nerfs. Pourtant quelque chose d'autre le gênait et cela n'avait rien à voir avec Kaori. Ce type était faux et Ryô voulait découvrir ce qu'il pouvait bien cacher. Pensif, Ryô observa ses invités. Akari, Miki et Kaori étaient en pleine conversation et vu l'expression de leurs visages, la discussion semblait des plus sérieuses. Quant à Mick, il s'évertuait à expliquer ses meilleures techniques de drague à un Dave très intéressé et devant un Falcon au bord de la crise de rire. Ryô hésita entre se joindre au groupe de filles ou au groupe d'hommes mais son esprit pervers fit rapidement pencher la balance. Sur la pointe des pieds, il s'assit silencieusement à côté de Miki et, feignant de vouloir entendre le débat, prit un malin plaisir à enserrer la taille fine de sa voisine pour tendre l'oreille. Miki hurla de surprise et, en moins de temps pour le dire, Falcon prit Ryô par les pieds, fit une dizaine de tours sur lui-même et l'encastra dans le mur de la salle de séjour. Kaori se cacha les yeux d'un air contrarié et entendit les pleurs du petit Toshi qui dormait tranquillement dans sa chambre.  

- C'est malin, Ryô!! A cause des tes singeries, le petit Toshi s'est réveillé!!  

Kaori était une fois de plus en colère contre son partenaire et attrapa le bras Akari qui s'apprêtait à aller consoler son fils.  

- Laisse Akari, je vais m'en occuper! ... Après tout c'est à cause de mon crétin d'associé que ton bébé s'est réveillé!  

Un dernier regard mauvais pour ce pauvre Ryô gisant dans le mur, Kaori se dirigea d'un pas rageur vers sa chambre. Ce qu'elle ne remarqua pas tout de suite, c'était que Dave avait pris le même chemin qu'elle.  

Chambre de Ryô Saeba,  

Vendredi 8 juin, 23h26,  

Après avoir vérifié que Kaori se dirigeait bien vers sa chambre, Dave pénétra silencieusement dans celle de Ryô. Il avait réussi à placer discrètement les caméras dans la cuisine et dans le salon mais ici "le travail" était un peu plus délicat. Impatient d'en terminer, il balaya rapidement la pièce du regard et nota avec une certaine ironie la présence de posters de femmes nues sur plusieurs murs de la chambre. Un peu trop vulgaire à son goût d'ailleurs. Avec rapidité et efficacité, Dave plaça minutieusement une caméra miniature dans la plante posée sur une commode proche du lit. Il vérifia que le disque y était bien inséré et appuya sur le bouton pour enclencher l'enregistrement. Il se dégoûtait lui-même de ce geste et se demanda en sortant de la chambre s'il pourrait un jour se regarder encore dans une glace.  

Chambre de Kaori Makimura,  

Vendredi 8 juin, 23h31,  

Dave attendit patiemment que Kaori sorte de sa chambre pour y pénétrer. Il devait se dépêcher sinon Akari ou même Ryô risquait de se demander où il était passé et ce qu'il pouvait bien fabriquer. Une fois seul dans la pièce, Dave prit un plaisir évident à découvrir l'univers dans lequel Kaori évoluait. Il remarqua sur sa table de nuit une photo d'elle posant avec un homme portant des lunettes, une petite boîte en velours et sur le sol une petite massue en métal. Il ouvrit ensuite une petite armoire et eut la surprise d'y trouver des dizaines de massues. Il se mit à sourire malgré lui. Elle était étonnante. Attachante. Et il l'aimait. Il en était intimement persuadé. Mais il n'était pas là pour penser à ça. Tout en essayant de faire le minimum de bruit pour ne pas réveiller le petit Toshi, il se mit au travail. Cinq minutes plus tard, Dave sentit son portable vibrer et d'un geste agacé prit la communication.  

- Chambers.  

- Pourquoi chuchotez-vous, Dave?  

(Dave comprit tout de suite que ce n'était pas Lemon au bout du fil mais l'autre homme)  

- A cause du petit Toshi naturellement!!!  

- ....  

- C'est pas grave... Je croyais que je devais appeler une fois le travail fini.  

- C'est terminé?  

(Le visage tendu, Dave jeta lança un oeil à l'endroit où il avait caché la caméra)  

- A l'instant... Bon sang, mais dites-moi qui vous êtes à la fin!!!!!  

- Pour l'instant, il est bien plus sage que vous ne connaissiez pas mon nom.  

(Dave se passa une main fébrile dans les cheveux.  

- Comment va mon père?  

- Votre père? ... Je crois qu'il apprécie moyennement la petite cellule que nous lui avons si gentiment préparée pour son séjour parmi nous. Il est vrai qu'il était habitué au Palace et au luxe. La transition doit être dure.  

(Dave fulminait et serra les poings pour s'empêcher de hurler. Son regard se posa sur la photo de Kaori légèrement éclairée par la veilleuse.)  

- J'ai obéi aux ordres sans rechigner alors je pense que j'ai droit à une petite faveur.  

- Une faveur?  

- Kaori. Elle n'a rien avoir avec City Hunter. Ce n'est ni une meurtrière ni même une professionnelle. Elle ne mérite pas ça.  

- C'est la partenaire de Saeba, non? Partenaire dans tous les sens du terme si j'en crois ce que l'on raconte.  

- Non!!! Il n'y a rien entre eux, je vous l'assure. Elle n'est ni sa petite amie et encore moins sa maîtresse!... Laissez-la tranquille!  

- C'était donc vrai! Vous êtes tombé sous le charme de cette fille... Mais désolé pour vous, Chambers, cette jeune fille est justement le pilier central de mon plan. Je la garde.  

- Je ferai tout ce que vous voudrez mais ne la touchez pas!!  

(Rires)  

- Dois-je vous rappeler que vous n'êtes pas en position de négocier? Allons ressaisissez-vous! Retrouvez-moi demain matin à l'endroit habituel et oubliez cette fille... pour votre propre survie et celle de votre père.  

- Attendez!!! ... Et merde!!!  

Alors qu'il balança d'un geste rageur son portable sur le lit de Kaori, la voix de la jeune femme s'éleva dans la pièce.  

- Dave? Je suis venu chercher Toshi car Akari voudrait rentrer... mais... tu m'as l'air bien énervé. Une mauvaise nouvelle?  

Dave posa son regard torturé sur la jeune femme et décela une pointe d'inquiétude dans ses jolis yeux. Elle s'inquiétait pour lui alors que lui s'apprêtait à la poignarder dans le dos. Comment pouvait-il encore la regarder bien en face? Quel homme était-il donc? Que pouvait-il faire? Le cerveau de Dave avait un peu de mal à fonctionner quand Kaori se trouvait dans la même pièce que lui. Une idée émergea alors dans son esprit embrumé d'une manière soudaine. S'il arrivait à la convaincre de partir avec lui, peut-être pourrait-il encore la sauver?  

- Non, ne t'inquiètes pas, tout va bien... Mais attends un peu Kaori... On a pas eu une minute à nous pour discuter de toute la soirée... Au fait, je ne t'ai pas encore dit à quel point tu es magnifique dans cette tenue.  

Kaori entendit la petite sonnette d'alarme résonnée dans sa tête. Visiblement, Dave avait envie de la séduire et tout ça ne l'enchantait guère. Elle devait trouver un moyen de repousser ses avances sans pour autant le vexer. Et il était peut-être temps qu'elle s'explique sérieusement avec lui.  

- Écoutes Dave, il y a un bébé qui dort ici. Je ne crois pas que ce soit l'endroit idéal pour avoir ce genre de conversation... (elle réfléchit quelques instants)... Suis-moi.  

Chambre de Ryô Saeba,  

Vendredi 8 juin, 23h31,  

Dave ne se fit pas prier et suivit Kaori jusqu'à la chambre de Ryô. Elle laissa passer son ami le premier mais ne ferma pas complètement la porte. Elle n'était pas d'humeur à supporter sa conversation. Il remarqua tout de suite son manque d'enthousiasme et se dit que la partie était loin d'être gagnée.  

- Tu n'as pas l'air très emballée à l'idée de me parler... Aurais-je dit quelque chose de déplaisant?  

Kaori regrettait un peu son comportement car, en fin de compte, si elle avait des reproches à faire, ce n'était certainement pas à Dave et encore moins à Mick de les subir. Elle se força à sourire et attendit la suite.  

- Il faut que je t'avoue, Kaori, que tu me plais énormément... je te trouve merveilleusement belle, intelligente, généreuse, et plus encore et je me disais qu'on pourrais essayer de passer le vitesse supérieure tous les deux? Que penses-tu d'un voyage romantique dans les îles rien que toi et moi?  

Ouah!!!!!!! Kaori resta quelque peu abasourdie par cette déclaration si subite et ne savait pas trop quoi répondre. Ses joues devinrent toutes rouges mais son coeur battait normalement. Dave avait beau être séduisant et plein d'attentions, elle ne l'aimait pas. Enfin pas comme elle aimait Ryô.  

- J'ai encore une affaire à régler au Japon mais tu pourrais partir quelques jours en avance et profiter un peu du soleil... Que dirais-tu de la semaine prochaine?  

Dave était assez satisfait de son plan. Avec son influence et l'aide financière de son entreprise, il pourrait facilement aider Kaori à quitter le pays incognito. C'était assez risqué mais il devait tenter l'affaire. Il resta complètement abasourdi quand Kaori refusa nette sa proposition.  

- Je suis désolée, Dave, si je t'ai donné une fausse impression mais... je... je te considère comme un ami et pas plus.  

La déception et l'incompréhension se lurent successivement sur le visage du jeune homme. Elle ne comprenait pas qu'il voulait la sauver. Il fronça des sourcils et fit de grands gestes des mains. Il ne la lâcherait pas comme ça.  

- Je ne te suis plus Kaori... on s'apprécie, on est bien ensemble et on a passé des vacances inoubliables... ça fait plus d'un mois maintenant qu'on se voit pratiquement tous les jours... et tu espères me faire croire que je ne suis qu'un ami?  

L'alcool, la tension, l'angoisse, la peur... Dave s'énervait de plus en plus et faisait les cents pas dans la chambre de Ryô. Quant à Kaori, elle chercha dans ses souvenirs si son comportement avait été plus ou moins ambigu, ou si elle avait fait ou dit des choses qui laissaient présager qu'il pourrait avoir plus que de l'amitié entre eux. Kaori soupira d'impuissance. Elle n'était vraiment pas douée avec les hommes, c'était certain. Alors le plus discrètement possible, elle se faufila jusqu'à la porte.  

- Hé où vas-tu comme ça ? ... La discussion est loin d'être finie!  

Dave ne parlait plus, il criait. Mais il ne s'en rendait pas compte. Le coeur de Kaori battait à tout rompre et elle commençait elle-aussi à s'énerver.  

- Il n'y a rien à ajouter Dave. Tout ce que je peux t'offrir, c'est mon amitié. Un point c'est tout.  

La voix de Kaori tremblait légèrement mais son visage reflétait toute sa détermination. Dave était très amoureux de cette femme et ne voulait en aucun cas la perdre. Il fallait qu'elle cède. Alors il s'adoucit, sourit généreusement et s'approcha lentement d'elle. Kaori, au contraire, recula pas à pas et se cogna contre le mur de la chambre. Dave en profita pour immobiliser les mains de la jeune femme derrière son dos et lui murmura à l'oreille:  

- Peut-être que ceci te fera changer d'avis.  

Il pencha son visage vers le sien et essaya de l'embrasser quand il se sentit soulever de terre et plaquer contre le mur. Kaori en profita pour se dégager et se posta derrière Ryô. Dave ne mit que quelques secondes à comprendre que le grand Ryô Saeba avait fait son apparition et qu'il était venu au secours de la belle princesse en danger.  

- Alors Chambers, on s'est égaré?  

Ryô lâcha le col de la veste du jeune homme, se tourna vers sa partenaire et lui tapa gentiment sur le bras.  

- Tu sais Kaori, pour ton premier baiser, j'aurai préféré que tu emmènes ton petit ami dans ta chambre et non dans la mienne... Ouh, ouh!! Tu es avec nous ou quoi !  

A première vue, Kaori paraissait très troublée et un peu perdue. Bien évidemment, Ryô ne pouvait pas deviner qu'au contraire, elle bouillait de colère en se remémorant les propos qu'il venait de tenir. Un père n'aurait pas dit mieux. Un frère non plus. Ces simples mots, prononcés avec tant de certitude par Ryô, lui donnait l'impression d'être une pauvre gamine prise en faute après avoir fait une grosse bêtise. Elle se sentait humiliée comme jamais. Alors comme par magie, une massue apparue dans les mains de la jeune femme et s'écrasa de toute sa force sur la pauvre Ryô. BANG!!! Sans un regard pour son partenaire et Dave, Kaori sortit rageusement de la chambre, grommelant tout fort qu'on lui reprendra à deux fois avant d'organiser une nouvelle soirée.  

- Vous voyez Dave, Kaori n'a rien d'une fille douce et généreuse! C'est une violente et rien de plus!  

Dave s'apprêtait à quitter la chambre quand il lança tristement à Ryô:  

- Peut-être, mais promettez-moi de tout faire pour la protéger... Je compte sur vous, Monsieur Saeba.  

De nouveau sur pieds, Ryô vit la porte de sa chambre se refermer et se remémora, perplexe, les paroles de Chambers.  

A suivre...  

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